Au sommet du Humboldt
Samedi 28 et dimanche 29 décembre 2013, c'est l'ascension du Mont Humboldt, le 2e sommet le plus élevé de Nouvelle-Calédonie à 1618 mètres, juste 10 mètres en dessous du Mont Panié le point culminant de la Calédonie. On aurait dû faire l'ascension au début du mois de décembre, mais les conditions météorologiques nous ont obligé à reporter la balade. Aujourd'hui il fait un temps magnifique et ça va durer tout le week-end.
Départ matinal de Nouméa jusqu'à la Tontouta. Puis une vingtaine de kilomètres le long de la vallée de la Tontouta, sur la route de la mine, et départ du sentier vers 7h du matin vers 480 mètres d'altitude environ. C'est parti pour 2 jours de marche !
Premier piège : le panneau au départ du sentier, indiquant les distances et horaires, a été déplacé, mais son contenu est resté inchangé... Il faut rajouter au moins une heure pour traverser désormais la forêt des kaoris (et même 2h pour nous car on va faire pas mal de pauses/poses photos...).
Le début est facile, même si les litres et les litres d'eau sur le dos pèsent un peu.
C'est la saison des Eriaxis rigida. Pas besoin de venir jusque là juste pour voir ces fleurs, mais c'est quand même joli ! Mais bon, on n'est pas venu pour ça, on passe.
Puis beaucoup de Calanthe triplicata dans la forêt de kaoris, dans laquelle on rentre une demi-heure environ après le départ, mais ils ne sont pas encore en fleurs et on n'est pas venu pour ça non plus.
De jolis Malaxis taurina rouges, mais c'est banal et on n'est toujours pas venu pour ça non plus.
Quand on sort enfin de la forêt, cela fait déjà plus de 2 heures que l'on marche et que l'on effectue un peu trop d'arrêts photos prolongés... On se trouve alors à 800 mètres d'altitude envion.
Bon, quand on voit la distance au sommet au loin, on se dit qu'on n'est pas arrivé...
Des Bulbophyllum neocaledonicum, qu'on ne trouve pas plus fleuris ici qu'ailleurs, mais bon, on s'en moque un peu, vu qu'on n'est pas venu pour ça...
Le sentier paraît très long (on ne savait pas à ce moment-là que le panneau du départ avait été déplacé...), mais au moins, il ne grimpe pas beaucoup sur cette partie.
On arrive enfin au 1er refuge, le refuge du Vulcain à 960 mètres. Pause repas, car il est midi. Et donc, on a mis près de 5h là où aurait dû mettre seulement 3h. Il va falloir un peu accélerer si on veut arriver en haut avant la nuit !
C'est reparti vers le sommet, en attaquant une partie de montagnes russes, ce qui est très désagréable pour les jambes.
Les vallées commencent à nous sembler bien basses.
On se rapproche de la réserve botanique et on trouve des espèces d'orchidées intéressantes, comme des Liparis chalendei,
et des Glomera macdonaldii, en grande quantité, un épiphyte qu'on trouve seulement en altitude, portant des petites fleurs blanches.
A 1140 mètres d'altitude, on pénètre dans la réserve botanique du Mont Humboldt. Il est 15h30, il ne faut pas traîner, mais ce n'est pas la partie la plus facile pour progresser.
C'est une longue ascension dans la forêt de mousses. Encore un endroit où l'on rêve de bières fraîches quand on parle de mousse...
Ca grimpe vraiment très sec au milieu des racines et des arbres. Heureusement que des petits rubans en couleur montrent le chemin, car il serait assez facile de se perdre dans la végétation très dense.
En fin d'après-midi, vers 17h30, vers 1450 mètres d'altitude, on sort enfin de la forêt de mousses. Et Isabelle qui était épuisée jusque là, file en courant à la première fleur qu'elle voit. Oui, parce que là, on est vraiment venu pour ça ! Il aurait été dommage qu'elles ne soient pas fleuries. Mais c'est parfait, il y en a des dizaines et des dizaines.
Ce sont des Megastylis paradoxa, une orchidée endémique qui ne pousse qu'ici (et dans le massif du Kouakoué à côté) près du sommet, à partir de 1350 mètres. Si elles sont communes là-haut, inutile d'espérer les voir plus bas. Et à choisir, autant y aller à la bonne saison pour les admirer en fleurs !
Mais on n'est pas encore arrivé... Il reste une demi-heure pour passer un dernier col et descendre dans les rochers pour atteindre le refuge du Humboldt à 1343 mètres.
Le refuge est assez spartiate mais il est relativement propre et ses murs en pierres bien isolants. On trouve des citernes d'eau remplies avec la pluie, ce qui va nous permettre de se ravitailler un peu.
La nuit est fraîche à cette altitude, même si elle n'est pas aussi froide qu'on aurait pu le craindre, le "lit" un peu dur, les rongeurs (rats ? mulots ?) sur le toit sont bruyants, bref la nuit est moyennement confortable et au lever du soleil, Philippe est debout pour attaquer la dernière partie vers le sommet, pendant qu'Isabelle va explorer les abords du refuge.
Petit-déjeuner frugal, comme le repas du soir. Les bouteilles à l'arrière plan ne sont pas à nous...
Un peu moins de 300 mètres de dénivelé, mais la plus grande partie se déroule dans les rochers de péridotites... Ce n'est pas de l'escalade, mais ce n'est plus vraiment un chemin de randonnée... Quand on le fait seul, il vaut mieux être prudent pour éviter les mauvaises chutes.
La vue est de plus en plus spectaculaire avec cette météo parfaite. Au premier plan, le Pic des Routiers, au bas duquel on aperçoit le refuge du Humboldt (le petit point plus clair en plein centre de la photo ci-dessous). Au fond, la côte Ouest.
Un petit peu plus haut, avec une Megastylis paradoxa au premier plan.
Le sommet se rapproche.
Ces rochers sont très sympas en photos, mais c'est une galère pour marcher dedans, dessus, à côté...
Arrivent enfin les derniers mètres, où l'on retrouve un sentier digne de ce nom.
Et tout au long de la montée, de magnifiques Megastylis paradoxa au lever du jour !
La côte Ouest au fond.
Le sommet, enfin ! Il est 7h30. Deux bonnes heures depuis le refuge. Même si on peut le faire sûrement en moitié moins de temps sans s'arrêter pour les photos.
Vue vers l'Ouest depuis le sommet.
Descente plus rapide, retour en une heure environ au refuge.
Isabelle a trouvé près du refuge des Dendrobium pectinatum, une épiphyte endémique avec des petites fleurs jaunes.
Il y aurait sûrement beaucoup de zones à explorer, mais vers 10h on décide d'entamer la descente car il y a du chemin...
La forêt de mousses en descente n'est pas beaucoup plus rapide à faire qu'en montée...
Joli pour les yeux, mais bien pénible pour la marche !
Sortie de la forêt de mousse, direction le refuge du Vulcain, toujours sous le soleil !
On atteint le refuge du Vulcain un peu avant 15h.
Il reste encore près de 3h de descente avant de rejoindre la voiture qui va nous ramener à l'entrée de la mine.
Voilà, c'est fait. Isabelle a dit qu'on ne l'y reprendrait plus et Philippe rajoute un 2e Humboldt dans ses ascensions (après celui du Venezuela). Les photos de M. paradoxa sont faites, objectif rempli !