Vitesse de régénération d’une forêt classée
195
Sciences & Nature Vol.7 N°2 : 195 - 206 (2010)
Article original
Biodiversité végétale et vitesse de la régénération de la forêt classée de
Sanaimbo (Côte d’Ivoire)
N’Dja J. KASSI*, Emma AKE-ASSI & Marie Solange TIEBRE
Laboratoire de Botanique, UFR Biosciences, Université de Cocody-Abidjan 22 BP 582 Abidjan 22 (Côte d’Ivoire)
*
Auteur pour les correspondances (E-mail : kassindja@yahoo.fr)
Reçu le 18-02-2010, accepté le 24-06-2010
Résumé
Nous analysons l’impact de l’agriculture traditionnelle sur la diversité végétale dans une forêt semi-décidue
afrotropicale non soumise à des perturbations naturelles majeures. Les assemblages d’espèces et les attributs
structurels de la diversité sont décrits le long d’une chronoséquence sur 30 ans de champs abandonnés,
comparativement aux communautés de forêts « primaires » et de forêts coupées sélectivement. Seulement 6,3%
des espèces inventoriées dans les forêts anciennes n’ont pas été observées dans les jachères, alors que 12,3%
des espèces sont propres aux jachères. Lorsque la forêt ancienne sur sol ferrallitique est prise comme référence,
les analyses de régression linéaire montrent que cette forêt peut recouvrer la structure et la fonction au cours de
la quatrième décennie de recolonisation, et la composition spécifique une décennie plus tard. L’invasion précoce des
champs par Chromolaena odorata (L.) R. King & H. Robinson. ne semble pas altérer durablement la succession
secondaire. Les espèces s’assemblent en communautés végétales discrètes le long du gradient successionnel, en
fonction de leurs exigences en lumière, suggérant une partition des niches écologiques.
Mots clés : Biodiversité végétale, successions secondaires, indices de diversité
Abstract
Plant biodiversity and dynamics of regeneration in a selective-logged forest (Sanaimbo, Ivory Coast)
This study aims at testing whether shifting cultivation contribute to plant diversity in an African semi-deciduous
tropical forest lacking large-scale natural disturbance. For this purpose, I surveyed species assemblages and
structural attributes of diversity along a 30 year-chronosequence of abandoned fields, comparatively to old-growth
and selectively logged forest stands. Results show that only 6.3% of the species recorded in the old-growth forest
are lacking in secondary stands, while 12.3% are restricted to fallows. When the old-growth forest on ferralitic soils
is taken as the reference, regression analyses indicate that the old-growth forest may recover structure and function
during the fourth decade of regrowth, and species composition only one decade later. Early colonization by the
invasive Chromolaena odorata (L.) R. King & H. Robinson does not appear to alter secondary succession. Species
assembled themselves into discrete plant communities along the successional gradient with respect to their light
requirements, suggesting niche partitioning.
Key-words: Plant biodiversity, secondary successions, indices of diversity
Sci. Nat. Vol.7 N°2 : 195 - 206 (2010)
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N’Dja J. KASSI et al.
1. Introduction
Les forêts tropicales humides de l’Afrique de
l’Ouest constituent l’un des écosystèmes les
plus diversifiés de la planète, avec un taux
d’endémisme élevé (Myers et al., 2000). Elles
font partie des forêts les plus menacées (Archard
et al., 2002). Les forêts tropicales humides de
l’Afrique de l’Ouest sont classées parmi les 25
« points chauds» de la biodiversité mondiale
(c’est-à-dire, les écosystèmes les plus riches et
les plus diversifiés de la planète) et constituent
une priorité en matière de conservation (Myers et
al., 2000 ; Puig, 2001). Les chablis et la théorie
des perturbations intermédiaires permettent
d’expliquer la haute biodiversité de ces forêts
(Hubbell, 2001). Contrairement aux forêts indomalaises, les forêts africaines ne sont pas
soumises à des perturbations à grande échelle
(cyclones, grands incendies, éruptions
volcaniques) (Jans et al., 1993). En Afrique
tropicale, la croissance de la population et
l’exploitation des terres agricoles qui en résulte
est la principale cause de la destruction des
forêts. Les forêts anciennes présentent une
extraordinaire capacité de résilience puisqu’elles
sont capables de retrouver une structure
architecturale très proche de la forêt primaire
quelques années seulement après l’abandon
des terres agricoles, même si elle ne retrouve ni
sa richesse spécifique ni sa composition
floristique initiale (Chinea, 2002). L’impact des
perturbations anthropiques dans les forêts
tropicales a été mis en évidence récemment
(Wright, 2005). Ces activités humaines ont des
impacts locaux sur le milieu (tassement du sol,
défrichements, faible enrichissement en
matières organiques, ce qui modifie durablement
la végétation en place). Des données récentes
ont suggéré un rôle non négligeable des activités
humaines du passé sur la biodiversité actuelle
des forêts tropicales (van Gemerden, 2003).
C’est le mythe de la forêt « vierge » qui s’émiette
au fur et à mesure de l’accumulation des
connaissances archéologiques dans les pays
des régions tropicales (Willis et al., 2004). Il est
désormais admis que nombre d’entre elles ont
été le siège d’une activité humaine relativement
intense ne modifiant pas la structure ou la
diversité spécifique, mais influençant la
composition spécifique (Guariguata & Ostertag,
2001). Les forêts primaires doivent être
distinguées des forêts anciennes, qui sont de
« vieilles » forêts secondaires (Denevan, 1992 ;
Kassi & Decocq, 2008) et serait, en fait, le produit
de plusieurs siècles de succession secondaire
suite à l’abandon des terres agricoles (Bush &
Colinvaux, 1994).
L’objectif de ce travail est de comprendre la
distribution des espèces et leur assemblage en
communautés végétales le long d’une
chronoséquence de 30 ans, de jachères incluses
dans une matrice de forêt semi-décidue. Il s’agit
également de vérifier que la forêt classée de
Sanaimbo, considérée comme primaire, est
capable de se régénérer après un épisode
cultural. Plus spécifiquement, nous allons tenter
de répondre à deux questions.
-
Est-ce que les espèces s’assemblent en
communautés pendant la succession
secondaire ?
-
Comment l’organisation fonctionnelle des
communautés évolue-t-elle le long de la
chronoséquence ?
2. materiel et methode
2.1. Site d’étude
L’étude s’est déroulée dans la forêt classée de
Sanaimbo. Cette forêt, d’une superficie de 4 322
ha, est située au Centre-Est de la Côte d’Ivoire
(6°20’ - 6°26’ N, 4°33’- 4°37 O; altitude moyenne :
120 m). Il s’agit d’une forêt dense semi-décidue,
appartenant au secteur mésophile (Guillaumet
& Adjanohoun, 1971). La végétation climacique
est la forêt dense humide semi-décidue (White,
1986).
2.2. Méthode
Nous
avons
suivi
la
méthodologie
phytosociologique sous son approche synusiale
« intégrée » (Gillet et al., 1991). Un seul relevé a
été effectué pour chaque jachère ou parcelle de
forêt. A l’intérieur de chaque placette, nous avons
réalisé un relevé phytosociologique sur une surface
échantillon de 1 500 m2. Une telle surface permet
de prendre en compte les aires minimales des
jachères de différents âges et les forêts (Senterre,
2005).
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Vitesse de régénération d’une forêt classée
Le plan d’échantillonnage a été conçu de manière
à inclure des reliquats de forêt primaire non
exploitée, des forêts villageoises uniquement
exploitées pour leur bois d’œuvre et des jachères
de différents âges, qui correspondent à des stades
plus ou moins matures de la succession
secondaire post-culturale ( forêt primaire non
exploitée : n (nombre de relevé)=10 ; forêts
villageoises uniquement exploitées pour leur bois
d’œuvre : n=6 ; jachères de 3-4 ans : n=6, jachères
de 5- 9 ans : n=11, jachères de 10-14 ans : n=9,
jachères de 15- 19 ans : n=15, jachères de 20-24
ans : n=14, jachères de 25-30 ans : n=9). La
succession secondaire post-culturale a été étudiée
le long d’une chronoséquence de 64 jachères et
comparée à 16 relevés de forêts soit un total de 80
relevés. L’âge des jachères a été obtenu après
enquête auprès des agriculteurs qui ont cultivé
les champs concernés. La nomenclature des
espèces suit Lebrun et Stork (1991-1997). La
détermination des hauteurs des strates découle
d’une analyse architecturale sur le terrain et des
résultats d’auteurs précédents (Kassi & Decocq,
2007) pour les strates arborescentes (A1 : arbres
> 25 m et A2 : arbres de 15-25 m); S1 : arbustes de
10 à 15 m et S2 : arbustes de 5 à 10 m ; S3 : arbustes
< 5 m et H : herbacées.
2.2.1. Analyse des données
2.2.1.1. Assemblages d’espèces
Nous avons construit une matrice floristique
contenant les 80 relevés. Afin de rechercher si
les espèces s’assemblaient en communautés
discrètes le long de la chronoséquence, nous
avons d’abord soumis cette matrice à une
classification hiérarchique ascendante (CHA) en
utilisant la méthode de Ward et les distances
euclidiennes relatives comme mesure de
distance. Une analyse des espèces indicatrices
(ISA ; Dufrêne & Legendre, 1997) nous a permis
de couper le dendrogramme et de choisir le
nombre optimal de groupes. La significativité de
chaque valeur indicatrice a été testée par
l’approche de Monte Carlo (Dufour, 2006).
197
linéaire en fonction du temps, pour les 64 relevés
de jachères : richesse spécifique (S), indice de
diversité de Simpson (D), indice de diversité de
Shannon (H’), indice d’équitabilité de Pielou ou
‘evenness’. La similarité intra-groupe désignée
par 1 permet de mesurer la variabilité de la
composition spécifique à chaque stade de la
succession. Considérant la forêt sur sol
ferrallitique comme état de référence (Kassi &
Decocq, 2007), nous avons calculé la similarité
entre chaque groupe d’espèces de la
chronoséquence et le groupe de forêts primaires
( 2). Ces deux coefficients de similarité ont été
calculés en utilisant l’indice de Sørensen.
L’évaluation de ces différents paramètres permet
de voir si la succession secondaire converge vers
la forêt « primaire ».
2.2.2. Organisation fonctionnelle
Nous avons choisi un ensemble de traits de vie
qui étaient déjà disponibles dans la littérature ou
qui pouvaient être facilement mesurés sur le
terrain (Tableau 1). Nous avons également inclus
le type de phytochorie (sensu White, 1986) dans
nos analyses, comme mesure de la
spécialisation. Les proportions relatives de
chaque trait de vie et de chaque phytochorie ont
été calculées pour chaque groupe issu de la
CHA. Pour les 64 relevés de jachères, ces
proportions ont été introduites dans des
régressions linéaires contre le temps. Les
proportions obtenues pour le groupe des
jachères les plus âgées et pour les relevés de
forêt primaire sur sol ferrallitique ont été
comparées à l’aide du test non paramétrique U
de Mann et Whitney (1947).
Toutes les analyses ont été effectuées à l’aide
du logiciel PC-Ord® v.5 (McCune & Mefford, 2001)
pour les analyses multidimensionnelles (CHA
et ISA) et du logiciel Statview® (Abacus, 1996)
pour les tests statistiques univariés.
3. Résultats
2.2.1.2. Régressions linéaires
3.1. Assemblages d’espèces
Nous avons étudié l’évolution des attributs
structurels de diversités (S, J’, H’, D, b1 et b2)
auxquels nous ajoutons la phytochorie et le type
biologique. Ces différents paramètres ont été
introduits dans des analyses de régression
Les 80 relevés comptaient 365 plantes
vasculaires parmi lesquelles 115 (31,5%) étaient
présentes dans moins de 10% des relevés. A
ces espèces, on peut en ajouter 6 autres
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198
198
N’Dja J. KASSI et al.
espèces cultivées mais souvent présentes dans
les vieilles jachères (Theobroma cacao L., Coffea
arabica L.) ou seulement dans les plus jeunes
jachères (< 15 ans) : Musa sapientum L., Dioscorea
alata L. et Manihot esculenta Crantz. Nous avons
inventorié dans l’ensemble des jachères 340
espèces (93,1%), parmi lesquelles 42 (12,3%)
n’ont pas été observées dans les relevés de forêts
(exemples, Rauvolfia vomitaria Afzel. et Trema
orientalis (L.) Blume). Dans les dix relevés de forêts
anciennes, 287 espèces (78,6%) ont été
inventoriées, parmi lesquelles 18 (6,3%) n’ont pas
été observées dans les jachères (Didymosalpinx
abbeokutae (Hiern) Keay et Amorphophallus
johnsonii N. E. Br.).
La classification hiérarchique des 80 relevés, suivie
de l’analyse des espèces indicatrices, ont permis
de retenir 14 groupes en coupant le
dendrogramme à une distance euclidienne relative
de 12,0 (Fig. 1). Ces groupes coïncident
parfaitement avec les 11 classes d’âges des
jachères (I à XI) et les 3 types forestiers (XII : forêt
villageoise exploitée ; XIII : forêt ancienne sur sol
ferrallitique et XIV : forêt ancienne sur sol
hydromorphe). L’âge de la jachère est le principal
déterminant des groupes (H = 78,1 ; p < 0,0001),
avec une séparation nette entre les jeunes jachères
(< 22 ans) des autres jachères. Ces jeunes stades
sont surtout des broussailles peu structurées,
caractérisées par des espèces de la strate sousarbustive (S3). Ils sont largement dominés par une
espèce invasive, Chromolaena odorata (L.) R. King
& H. Robinson, qui occupe à elle seule plus de
75% de la couverture végétale. Les quatre premiers
groupes (I à IV) sont floristiquement semblables
et riches en espèces héliophiles pionnières
(exemples, Paullinia pinnata L. et Lantana camara
L.). Les groupes V et VI sont caractérisés par
l’apparition des espèces arbustives (exemples,
Lannea welwitschii (Hiern) Engl. et Musanga
cecropiodes R. Br.), qui mettent en place la strate
arbustive basse (S2) et la strate arbustive haute
(S1), entre la 10ème et la 15ème années après
l’abandon des champs. De même, les groupes
VII et VIII, qui englobent les jachères de 16-22 ans,
sont caractérisées par de petits arbres héliophiles
pionniers (Ficus exasperata Vahl et Trichilia
monadelpha (Thonn.) De Wilde), des lianes
(Salacia baumanii Loes.) et les premières
espèces herbacées (Tragia vogelii Keay). La
deuxième branche du cluster est surtout
caractérisée par des espèces de la strate
arborescente dominée (A2), exemples, Albizia
adianthifolia (Schum.) W. F. Wright et A. zygia (DC.)
J. F. Macbr. Les deux groupes de forêts
secondaires (X et XI, 23-30 ans) sont clairement
séparés des trois groupes de forêts anciennes
(groupes XII, XIII et XIV). La composition floristique
de ces vieilles jachères est caractérisée par des
espèces cicatricielles longévives à croissance
rapide (exemples, Albizia adianthifolia (Schum.)
W. F. Wright et Ceiba pentandra (L.) Gaertn.) et de
nombreuses lianes (Cissus aralioides (Welw. ex
Bak.) Planch.). Les groupes de forêts anciennes
possèdent le plus grand nombre d’espèces
indicatrices. Elles sont caractérisées par les
grands arbres (A1), exemples, Celtis zenkeri Engl.
et Nesogordonia papaverifera (A. Chev.) Cap. de
grandes lianes, exemple, Calycobolus africanus
(G. Don) Heine et par des espèces sciaphiles de
la strate sous-arbustive (S3), exemples, Turraea
heterophylla J. Sm. et Diospyros monbuttensis
Gürke.
Sci. Nat. Vol.7 N°2 : 195 - 206 (2010)
Figure 1: Dendrogramme de la classification hiérarchique ascendante des 80 relevés avec les espèces indicatrices de chaque groupe.
1 (4%)
1.1 (20%)
1.1.1 (55%)
1.1.1.1 (63%)
Paullinia pinnata S3
Spondias mombin S3
Chromolaena odorataS3
Periploca nigrescens S3
Rauvolfia vomitoria S3
Newbouldia laevis S33
1.1.1.2 (63%)
Centrosema pubescens S3
Periploca nigrescens S3
Lannea nigritana S3
Salacia erecta S 3
Ficus exasperata A2
Mezoneuron benthamianum A2
2.1 (37%)
Adenopodia sclerataA2
Casearia barteri A2
Stereospermum
2.2 (37%)
I
(3‐4 ans)
n=6
II
(6‐7 ans)
n=7
1.1.1.1
1.1.1
III
(8‐9 ans)
n=4
1.1
1.1.1.2
IV
(10 ans)
n=3
V
(14 ans)
n=4
VI
(11‐15 ans)
n = 12
1.2.1
1
1.2.1
VII
(16‐18 ans)
n=4
VIII
(19‐22 ans)
n = 13
1.2
1.2.2
IX
(26‐28 ans)
n=3
2.1
A2
Triplochiton scleroxylon A2,,S2
Drypetes gilgiana S3
Hypselodelphys violaceaS3
Albizia zygia A 2
Albizia adianthifolia A2
2.2.1 (50%)
Tapura fischeri S2
Ceiba pentandra A2
Clausena anisata S3
Ricinodendron heudelotiiA2
Celtis zenkeri S1
Cola caricaefolia S2
Campylostemon warnerckeanum
2.2.2 (50%)
Antiaris africana A1
Ceiba pentandra A1
Trichilia prieureana S1
Dialium guineense S1
Artabotrys insignis S3
2.2.1.1 (71%)
Ficus variifolia S1
Millicia excelsa S2
Cissus aralioides A2
2.2.1.2 (71%)
Ficus vogeliana S1
Funtumia elastica S2
Phaulopsis ciliata H
2.2.2.1 (58%)
Cola gigantea A2
Tapura fischerii S1
Aganope lucida S2
2.2.2.2 (58%)
2.2.2.2.1 (63%)
Cola gigantea S1
Antrocaryon micraster A1
Mansonia altissima A1
Celtis philippensis A2
Nesogordonia papaverifera A1
Diospyros monbuttensis S3
Dichapetalum madagascarienseS1 Morus mesozygia A1
Connarus africanus S3
2.2.2.2.2 (63%)
Ctenitis protensa H
Cynometra megalophylla A2
Lasiodiscus mildbraedii A2
Crotonogyne chevalieri S3
Gardenia nitida S3
Milicia excelsa A1
X
(23‐26 ans)
n=3
XI
(25‐30 ans)
n=5
2
2.2.1
2.2
XII
(forêts exploitées)
n=6
XIII
(forêts anciennes
sur sol ferrallitique)
n=7
XIV
(forêts anciennes
sur sol
n=3
Vitesse de régénération d’une forêt classée
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1.1.2 (55%)
Clerodendrum formicarum S3
Lannea welwitschii S2
Pergularia daemia S1
1.2.1 (55%)
1.2.1.1 (71%)
Tragia vogelii H
Cordia senegalensis S1
Landolphia landophioides S2
Paspalum conjugatum H
Musanga cecropioidesS1
Neuropeltis velutinaS3
1.2.1.2 (71%)
Neuropeltis prevosteoidesS2 Salacia baumanii A2
Dalbergia afzeliana S3
Trichilia monadelpha S1
1.2.2 (37%)
Loeseneriella ectypetala S3
Psydrax parviflora S2
Christiana africana S3
1.2 (20%)
2 (4%)
1.1.1.1.1 (75%)
Combretum zenkeri S3
Mucuna pruriens S3
Pueraria phaseoloides S3
1.1.1.1.1 (75%)
Lantana camara S3
Urera oblongifolia S3
Entada gigas S3
1.1.1.1.1 (71%)
Gouania longipetala S3
Loeseneriella rowlandii S2
Blighia sapida S2
1.1.1.2.2 (71%)
Clerodendrum formicarum S3
Lannea welwitschii S2
Pergularia daemia S1
2.2.2.1
2.2.2
2.2.2.2
199
Les chiffres arabes indiquent le niveau du cluster dans le dendrogamme. Les pourcentages entre parenthèses indiquent la quantité d’information restante à ce niveau. De la gauche vers la
droite sont reportés les groupes successifs issus de l’agglomération, avec leurs espèces d’indicatrices (p < 0,05). Les noms d’espèces sont suivis de la strate de végétation où ils ont été
relevés (H : strate herbacée, S3 : strate sous-arbustive, S2 : strate arbustive basse, S1 : strate arbustive haute, A2 : strate arborescente dominée, A1 : strate arborescente haute). Les chiffres
romains correspondent aux 14 groupes finalement retenus. La classe d’âge pour les jachères (groupes I à XI) ou le type de forêt (groupes XII à XIV) est indiquée entre parenthèses. n indique
le nombre de relevés dans chaque groupe.
200
200
N’Dja J. KASSI et al.
3.2. Attributs structurels de la diversité
1,0
Tous les paramètres de diversité sont fortement
corrélés avec l’âge de la jachère (Fig. 2). La
richesse spécifique augmente régulièrement
avec l’âge le long de la chronoséquence,
atteignant 141 espèces dans les jachères de 30
ans. Mais cette valeur
0,4
0
10
15
20
25
30
y = 0,017x + 0,2; R = 0,889****
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
5
10
15
Age (années)
20
25
30
Figure 2 : Diagramme de régression linéaire des
similarités floristiques intra-relevé ( 1) et
inter-relevés ( 2) en fonction de l’âge des
jachères (n = 64).
1
y = 4,048x + 27,6; R = 0,935****
0,99
120
100
S 80
D
y = 0.0013x + 0,96; R = 0,862****
0,98
0,97
60
40
0,96
20
0
5
10
15
20
25
30
6
H’
5
0,8
160
0,95
0
5
10
15
20
25
30
25
30
0,98
y = 0,054x + 3,4; R = 0,907*****
5
0,7
0,5
L’indice d’équitabilité de Piélou augmente
régulièrement jusqu’à l’âge de 20-25 ans, où il
atteint un pic autour de 0,98 avant de diminuer
légèrement à 0,96. Cette dernière valeur est
proche de celle observée en forêt ancienne.
0
0,8
0,6
reste inférieure à celle observée en forêt ancienne
(Tableau 1). D’après l’équation de la droite de
régression linéaire de la richesse spécifique en
fonction du temps, les jachères atteindraient la
richesse spécifique des forêts anciennes 32 ans
seulement après l’abandon des cultures. Les
indices de Simpson (D) et de Shannon (H’)
augmentent régulièrement avec l’âge des
jachères, puis atteignent une asymptote
respectivement autour de 0,99 et de 4,7 vers l’âge
de 15 ans (Fig. 3). Néanmoins, ils restent toujours
inférieurs aux valeurs recensées dans les relevés
de forêts anciennes non perturbées (Tableau 1).
140
y = 0,006x + 0,8; R = 0,475****
0,9
y = 0.001x + 0,9; R = 0,829****
0,97
4
J’
3
0,96
2
0,95
1
0
0
5
10
15
Age (ann ées)
20
25
30
0,94
0
5
10
15
20
Age (ann ées)
Figure 3 : Diagrammes des régressions linéaires des attributs structurels en fonction de l’âge des jachères (n =
64). S : richesse spécifique, D : indice de diversité de Simpson, H’: indice de diversité de Shannon, J’ :
indice d’équitabilité de Piélou.
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Vitesse de régénération d’une forêt classée
3.3. Phytochories et type biologique
On remarque qu’il y a une nette tendance à la
spécialisation de la flore le long de la
chonoséquence (Fig. 4). En début de succession,
on note une proportion élevée des espèces à
larges distributions (exemples, PA, Pan, Aam), qui
diminue ensuite avec l’âge. Il n’y a pas de
différence significative entre le spectre des
phytochories des jachères matures et celui des
forêts anciennes (Tableau 1). Les endémiques
guinéo-congolaises (exemples, GC, GCW )
s’accumulent rapidement le long du gradient
successionnel, à mesure que la richesse
spécifique augmente, passant de moins de 40%
dans les jeunes jachères à 60% dans les vieilles
jachères. Les proportions des autres
phytochories varient peu (AM, Pal, GC-S) ou pas
(AT) le long de ce même gradient. La régression
du type biologique en fonction de l’âge des
jachères met en évidence qu’il n’y a pas de
changement majeur du spectre des types
biologiques le long de la chronoséquence, toutes
les communautés végétales étant quantita-
201
tivement dominées par les micro-phanérophytes,
même si leur proportion diminue au cours du
temps (Fig. 5). Les proportions de chaméphytes,
de nano-, méso- et mégaphanérophytes varient
peu le long de la chronoséquence. Les géophytes,
les hémicryptophytes et les épiphytes, qui restent
des types marginaux, n’apparaissent seulement
qu’après 10, 10 et 23 ans respectivement. Les
thérophytes ne sont principalement présentes que
dans les très jeunes jachères. Le spectre
biologique des vieilles jachères est semblable à
celui des forêts anciennes, avec toutefois une plus
faible proportion de microphanérophytes et
d’hémicryptophytes et une plus forte proportion de
thérophytes, de chaméphytes et de
mésophanérophytes (Tableau 1). Dans les jeunes
jachères, jusqu’à 50% des espèces sont des
lianes. Ce pourcentage a tendance à s’infléchir au
cours du temps pour approcher celui des forêts
anciennes (ca. 30%). La proportion des espèces
épineuses ne varie pas le long de la
chronoséquence, environ 10% (Fig. 5), mais reste
plus élevée que celle observée en forêt ancienne
(7,5% en moyenne).
Tableau 1: Comparaison des attributs entre vieilles jachères (n= 5) et forêts anciennes sur sol ferrallitique (n = 7)
Attributs structurels de diversité
S
D
H’
J’
Phytochories
GC
GCW
GC-S
AM
AT
PA
Pal
Aam
Pan
Type biologique
Chaméphytes
Géophytes
Hémicryptophytes
Nanophanérophytes
Microphanerophytes
Mésophanérophytes
Mégaphanérophytes
Thérophytes
Épiphytes
Lianes
Vieilles jachères
Forêts anciennes
U
132,0
0,99
4,7
0,96
156
0,99
4,8
0,96
*
ns
ns
ns
48,9
7,9
9,5
0,9
17,9
7,1
1,2
1,4
9,5
49,5
9,8
8,2
1,1
16,9
6,6
1,1
1,5
5,4
ns
ns
ns
**
ns
ns
ns
ns
ns
3,3
3,8
2
12,7
23,4
15,1
6,7
0,8
0,8
31,8
2,7
3,7
3,3
12,5
25
13,0
7,1
0,0
1,4
31,2
**
ns
**
ns
**
**
ns
**
**
ns
Les valeurs moyennes ainsi que les résultats du test de Mann & Whitney (U) sont indiqués (ns: p e» 0,05, *: p < 0,05, **: p < 0,01). S :
richesse spécifique, D : indice de Simpson, H’ : indice de diversité de Shannon, J’ : indice d’équitabilité de Pielou, GC : Guinéo-congolaises,
GCW : Guinéo-Congolaises endémiques ouest-africaines, GC-S : zone de transition entre les secteurs Guinéo-congolais et Soudaniennes,
AM : Afro-Malgaches, AT : Afrotropicales, PA : Pluri-régionales africaines, Pal : Paléotropicales, Aam : Afro-américaines, Pan : Pantropicales.
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12
55
y = 0,526x + 35,2; R = 0,754****
y = 0,164x + 4,4; R = 0,815****
10
GCW
50
GC
45
40
8
6
4
35
2
30
0
0
5
14
10
15
20
25
0
30
y = -0,057x + 11,3; R = -0,268*
10
15
20
25
30
y = -0,024x + 18,2; R = -0,114ns
12
20
AT
10
GC-S
5
25
8
15
6
4
0
5
15
10
15
20
25
30
10
0
10
15
20
25
30
25
30
2,5
y = -0,216x + 12,6; R = -0,900****
2,0
y = -0,028x + 1,3; R = -0,370**
PA
Pal
10
5
1,5
1,0
5
0,5
0
0
5
10
15
20
25
0,0
0
30
5
10
15
20
14
5
y = -0,091x + 3,2; R = -0,520****
4
y = -0,265x + 12,5; R = -0,818****
12
Pan
Aam
10
3
8
6
2
4
1
2
0
0
0
5
10
15
Age (années)
20
25
30
0
5
10
15
Age (années)
20
25
30
Figure 4: Diagrammes des régressions linéaires de la proportion des différentes phytochories en fonction de l’âge
des jachères (n = 64). GC: Guinéo-congolaises, GCW : Guinéo-congolaises endémiques ouest-africaines,
GC-S : zone de transition entre les régions Guinéo-Congolaises et Soudaniennes, AT : afrotropicales, PA
: plurirégionales africaines, Pal : Paléotropicales, Aam: Afro-américaines, Pan : Pantropicales.
Sci. Nat. Vol.7 N°2 : 195 - 206 (2010)
Vitesse de régénération d’une forêt classée
3
4
y = -0,026x + 0,6; R = -0,322*
y = 0,091x – 0,5; R = 0,674****
3
2
H
Th
2
1
0
203
1
0
5
6
5
4
G3
2
1
0
10
15
20
25
0
30
0
5
10
15
20
25
30
20
25
30
4
y = 0,197x – 0,9; R=0,815****
Ch
y = 0,05x + 1; R = 0,377**
3
2
1
0
25
10
15
20
25
0
30
mph
10
10
15
y = -0,374x + 66,8; R = -0,536****
60
50
40
5
0
25
30
30
15
0
5
10
15
20
25
30
y = -0,02x + 6,4; R = -0,115ns
Mph
0
5
10
15
20
20 y = -0,022x + 12,9; R = -0,045ns
15
MPh
10
10
5
5
3
5
70
15
0
0
80
y = 0,095x + 13,5; R = 0,282*
Nph
20
5
0
5
10
15
20
25
30
y = 0,037x – 0,4; R = 0,627****
0
0
60
5
10
15
20
25
30
y = -0,452x + 41,3; R = -0,584****
50
2
Ept
L 40
30
1
20
0
0
12
5
10
15
20
25
30
10
0
5
y = 0,007x + 7,7; R = 0,008ns
10
15
Age (années)
20
25
30
Épines
10
8
6
4
2
0
0
5
10
15
20
25
30
Age (années)
Figure 5 : Diagrammes des régressions linéaires des types biologiques en enfonction de l’âge des jachères (n = 64).
Th : thérophytes, H : Hémicryptophytes, G : géophytes, Ch : Chaméphytes, Nph : nanophanérophytes, mph
: microphanérophytes, Mph : mésophanérophytes, MPh : mégaphanérophytes, Eph : épiphytes, L: Lianes.
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204
N’Dja J. KASSI et al.
4. Discussion
La forêt classée de Sanaimbo consiste en une
mosaïque de forêts secondaires d’âge varié
incluses dans une matrice de forêt ancienne. Nos
résultats montrent clairement que l’âge de la
jachère est le principal facteur expliquant la
structuration des espèces en communautés
végétales. Il en explique également les
organisations structurelle et fonctionnelle. Cela
suggère que le processus d’assemblage des
espèces est déterministe (Hubbell, 2001). Par
conséquent, la composition floristique des
communautés végétales post-culturales serait
prédictible une fois le réservoir local d’espèces
et l’âge des jachères connus, conformément aux
règles de coexistence des espèces de la théorie
des niches (Chinea, 2002 ; Guariguata & Ostertag,
2001). Les végétations secondaires différant par
leur âge offrent des conditions d’habitat et de
ressources variées, en particulier en ce qui
concerne la disponibilité en lumière dans le sousbois, de telle sorte que les niches écologiques
et, donc, les assemblages d’espèces se
différencient le long de la chronoséquence,
permettant la coexistence de nombreuses
espèces à l’échelle de cette dernière dans son
ensemble (Kassi & Decocq, 2008). Nous notons
comme Rivera et al. (2000) une grande variabilité
dans la composition floristique des jachères les
plus jeunes par rapport aux jachères plus âgées,
comme l’indiquent d’ailleurs les résultats de la
CHA et les valeurs élevées de b1.
En accord avec les données qui s’accumulent
dans la littérature traitant des successions
secondaires en région tropicale et les
généralisations de plus en plus robustes qui en
découlent (Finegan, 1996 ; Rivera et al., 2000 ;
Guarigata & Ostertag, 2001), nos résultats
montrent bien qu’une fois qu’une clairière
culturale est abandonnée, le développement
d’une forêt secondaire est très rapide (environ
30 ans). Les équations des droites de régression
obtenues suggèrent que la richesse spécifique
et les attributs structurels de la diversité devraient
égaler ceux des forêts anciennes dès la
quatrième décennie de recolonisation. De même,
les différentes proportions des types biologiques
et de phytochorie approchent celles observées
en forêt ancienne. L’ensemble de ces résultats
suggère que l’organisation fonctionnelle et la
structure de la forêt tropicale semi-décidue se
rétablissent dans un délai de 30 à 40 ans après
un épisode cultural (Kassi & Decocq, 2008). La
capacité de régénération de la forêt tropicale
dense semi-décidue en Afrique occidentale est
importante si les sources de propagules sont
nombreuses et proches, et que les sites n’ont
subi qu’une courte période de mise en culture.
Dans ces conditions, la forêt ne mettrait seulement
que quelques décennies pour se régénérer. Le
système agricole traditionnel de cultures
itinérantes pourrait apparaître comme un mode
d’exploitation durable des terres si les champs
sont de petites tailles, inclus dans une matrice
forestière, que l’agriculture n’a duré que quelques
années et qu’une mise au repos de plusieurs
années sépare deux épisodes de mise en culture.
D’une façon générale, ces résultats suggèrent une
très bonne résilience de la forêt dense semidécidue après un épisode cultural. Ils viennent
donc nuancer des études antérieures (Turner et
al., 997) qui suggéraient que la reconstitution postculturale des forêts tropicales n’était pas
constante. Elle dépend, d’une part, de la nature et
de l’intensité des pratiques agricoles antérieures,
et, d’autre part, de l’environnement immédiat dans
lequel se produit la succession (Chinea, 2002 ;
Kassi & Decocq, 2007). Les attributs structurels,
comme la richesse spécifique, mettent jusqu’à 80
années après l’abandon des cultures pour
retrouver leur valeur initiale (Guarigata & Ostertag,
2001), mais la plupart des études n’ont pas permis
d’objectiver une restauration des communautés
végétales de la forêt « primaire » (Aubréville, 1947 ;
Namur & Guillaumet, 1978 ; Moutsamboté, 1985 ;
Finegan, 1996).
5. Conclusion
Nous concluons que l’assemblage des espèces
dans les jachères est conforme aux règles de la
théorie des niches, qui prédisent un assemblage
déterministe des espèces en communautés
végétales le long du gradient successionnel, en
particulier en fonction de leur exigence en
lumière. Toutefois, le hasard peut jouer un rôle
non négligeable dans les jeunes stades en
raison des différences dans les capacités
individuelles des espèces pionnières à se
disperser et à persister. Ceci contribue à la
biodiversité élevée de la forêt classée de
Sanaimbo dans son ensemble, puisque 93,1%
des espèces du réservoir local ont été retrouvées
Sci. Nat. Vol.7 N°2 : 195 - 206 (2010)
Vitesse de régénération d’une forêt classée
205
dans l’ensemble des jachères et 12,3% des
espèces leur étaient propres parce que non
observées dans les relevés de forêt ancienne
considérée comme « primaire ».
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phytosociologie synusiale intégrée : objet et
concepts. Candollea 46: 315-340.
Nous remercions le Prof. Laurent AKE ASSI pour
son aide à l’identification des échantillons
d’herbier et à la vérification de toutes nos
déterminations ainsi que Feu le Dr. Georges
AMAN KADIO qui nous a aidé à mener à bien les
travaux de terrain.
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Anderson A.B., 1978. The names and uses
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