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"Pagus et civitas Siviritani". Une nouvelle "commune double" dans la "pertica" de Carthage Author(s): Samir Aounallah and Louis Maurin Source: Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, Bd. 167 (2008), pp. 227-250 Published by: Dr. Rudolf Habelt GmbH Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20476582 Accessed: 23-06-2016 22:21 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Dr. Rudolf Habelt GmbH is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 227 PAGUS ET CIVITAS SIVIRITANI Une nouvelle "commune double" dans la pertica de Carthage La publication recente de deux inscriptions latines provenant de Hr Smadih par les soins de Mohamed Ben Jeddoul est venue enrichir le dossier de ce qu'on a pris coutume d'appeler les "communes doubles". En nous facilitant une nouvelle etude de ces textes, M. Ben Jeddou nous a en outre amicalement confie la publication d'un autre fragment d'un grand interet provenant du meme site; notre gratitude est donc grande 'a son egard. Ces trois inscriptions ont ete mis au jour il y a une dizaine d'annees, lors des travaux d'amenagement d'une source sur laquelle nous reviendrons. Sur les deux premiers figure le nom du site, Siviri, localite jusqu'ici inconnue, recouverte aujourd'hui par le village moderne de Smadih2, a environ 25 km au nord-est de Beja, l'antique Vaga et, suivant la meme direction, 'a environ 17 km d'Hr el-Faouar, l'antique cite des Belalitani Maiores. Nous revenons d'abord sur l'etablissement des textes des deux inscriptions deja publiees, avant de reveler le contenu de la troisieme. Les textes 1 et 2: dedicaces 'a Caelestis et 'a Neptune Dedicace a' Caelestis La pierre a ete transportee depuis la source et elle est actuellement remployee 'a l'entree d'une maison moderne du site. C'est un autel en calcaire orne d'un rang de denticules 'a la base de la corniche; le sommet a ete abattu. Dimensions: 83/53/50 cm. Le champ epigraphique (49/39 cm) est borde de moulures sommaires soulignees par deux traits incises. L'ecriture, qui est une application monumentale de l'ecriture "actuaire", se rencontre frequemment, avec de nombreuses variantes, en Afrique3. Avec des lettres au trace tr6s souple (hauteur 3,5 'a 4 cm), l'ecriture a une certaine elegance et donne une impression de regularite, malgre de nombreuses variantes dans le dessin des lettres et celui des signes de separation. Les abreviations sont rares. Mise en page: centree pour les 1. 1-2 et 6; tassement general 'a droite; l'ecriture a ete reglee par des lignes de guidage dont les traces se voient surtout vers la fin du texte. Particularites: barre du A absente ou, le plus souvent, en forme d'accent appuye sur l'oblique de droite; la forme du G est particuliere, avec l'extremite inferieure dessinant une pointe 'a droite (fig. 1). CAELESTI * AVG SACR PAGVS * ET CIVITAS 4 SIVIRITANI SVA * PE CVNIA SOLO * PVBLICO POSVERVNT CVRATORIBVS - C * LVRIO 8 SATVRNINO * ET NAEVIO 1 Ben Jeddou 2007,1,42^13; II, fig. 6 et 7. 2 Infra, Hr = Henchir. Hr Smadih est le toponyme retenu par Ben Jeddou 2007; nous le conservons, car il est attest? sous cette forme d?s le haut Moyen Age (infra, n. 69). Depuis le XIXe si?cle, on trouve couramment Smadah dans l'usage local, les cartes topographiques (Hr Smada sur AAT, feuille au 1/50 000 n? 18, B?j?, site n? 46), les ?tudes (Peyras 1991). Le site se trouve ? 25 km au nord-est de B?j? et ? 17 km ? l'est du pagus Thunigabensis (AAT, B?ja, n? 12-13). Nous avons visit? le site en mars, puis en ao?t 2008. Nous avons pu constamment nous appuyer non seulement sur les travaux de Mohamed Ben Jeddou, mais aussi sur ceux de Jean Peyras, qui conna?t intimement cette r?gion ? laquelle il a consacr? une importante ?tude (Peyras 1991). Il a bien voulu relire le manuscrit et nous faire part de ses remarques. 3 Exemples dans Cagnat 1914,501 et pi. X, 2 et 3; cf. Khanoussi - Maurin 2002 (= MAD), 63, ? Dougga. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 228 S. Aounallah - L. Maurin FELICE MAG ET C *MEM MIO * ET L PILADIS SVFETIB Caelesti Aug(ustae) sacr(um), pagus et ciuitas Siviritana suapecunia solo publico posuerunt, curatoribus: G(aio) Lurio Saturnino et Naevio Felice mag(istris) et G(aio) Memmio et L(ucio Piladis, sufetib(us). Consacre a Caelestis Auguste, le pagus et la ciuitas siviritains ont erige (ce monument) 'a leur frais sur un terrain public. Curateurs: Gaius Lurius Satuminus et Naevius Felix, magistri, et Gaius Memmius et Lucius, fils de Pilades, sufetes. Datation: epoque antonine probable, plutOt le milieu ou la seconde moitie du Ile siecle, d'apres des criteres intemes sur lesquels nous reviendrons. Dedicace a' Neptune Transporte depuis la source et actuellement remploye au meme endroit que l'inscription precedente, le monument a, en haut 'a droite, un manque important qui n'entrave en rien la lecture; de meme, le sommet a ete abattu (fig. 2). C'est encore un autel en calcaire local, ome du meme rang de denticules 'a la base de la corniche que le precedent. Les dimensions sont voisines (86/60/47 cm). Une mouluration semblable, plus soignee ici, enferme un champ epigraphique carre (47/47 cm). L'ecriture a un effet d'ensemble compara ble, mais le dessin des lettres est plus irregulier que dans l'autre inscription, et il presente des diff6rences de detail notables: la traverse du A est complete; le G est arrondi en bas; la boucle du P est fermee, 'a une exception pres (1. 3); les signes de separation sont en forme de crochet pointu 'a gauche. Mise en page: traces d'une ligne de guidage irreguliere, 1. 7. Abreviations un peu plus nombreuses (1. 5). Datation: la meme annee que la dedicace a Caelestis, d'apres les noms des curateurs. Avec la meme architecture, des dimensions voisines, le meme decor, le meme libelle des textes, la meme date, il est evident que les deux autels appartenaient au meme ensemble. NEPTVNO [.] SAC PAGVS * ET CIVI 4 TAS SIVIRITANA SVA- PEC* S P P PCVR ATORIBVS * C LVRIO SATVRNINO * ET NAE 8 VIO * FELICE MAGX ET C * MEMMIO * SVFETE Neptuno [Aug(usto)] sac(rum), pagus et ciuitas Siviritana sua pec(unia) s(olo) p(ublico) p(osuerunt), curatoribus: G(aio) Lurio Saturnino et Naevio Felice mag(istris) et C(aio) Memmio sufete. Consacre 'a Neptune Auguste, le pagus et la ciuitas siviritane ont erige (ce monument) 'a leur frais sur un terrain public. Curateurs: Caius Lurius Saturninus et Naevius Felix, magistri et Caius Memmius, sufete. Ces deux inscriptions enrichissent la liste de ce que nous avons pris coutume d'appeler les "communes doubles", otu sont juxtaposes un pagus et une ciuitas associes dans un meme ensemble territorial; ce sont ici le pagus et la ciuitas SiviritanilSiviritana4. On pretera attention au pluriel collectif Siviritani employe dans le premier texte: il assure que l'ethnique s'appliquait 'a chacune des deux communautes. Le pagus, toujours nomme le premier, est administre par deux magistri, la ciuitas par deux sufetes, comme c'est le cas general dans ce type de communes. Ils eleverent ensemble, sans doute dans la meme annee, comme 4 Jean Peyras a visit? le site peu apr?s 1970. Il a bien not? que ?les inscriptions et l'?tendue des ruines rendent probable l'existence en ce lieu d'une cit? autonome?, et tir? de rares t?moignages la ferme conclusion qu'elle avait accueilli des immi grants italiens (Peyras 1991,59; 243; 256; 265; 487), ce que les d?couvertes r?centes de Mohamed Ben Jeddou ont pleinement confirm?. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 229 nous l'avons dit, les deux autels. Cette contemporaneite est revelee par l'identite des curateurs, magistri et sufetes, qui interviennent pour veiller 'a l'erection des monuments. D'un cote, les deux magistri du pagus, Caius Lurius Satuminus et Naevius Felix qui interviennent dans les deux inscriptions. De l'autre, un des deux sufetes de la ciuitas, Caius Memmius, est present dans les deux dedicaces; le second est absent sur celle de Neptune: on peut emettre l'hypothese qu'il est decede entre les deux dedicaces, et qu'ainsi C. Memmius est reste sans collegue pendant le reste de son mandat. La civitas Siviritana et ses sufetes Mentionnant des sufetes, les autels de Siviri permettent de completer la carte des civitates peregrines qui, a l'epoque imperiale, possedaient des institutions de type punique (fig. 3). Elle a ete dressee en dernier lieu par Thouraya Belkahia et Ginette Di Vita pour illustrer l'etude qu'elles ont presentee de ces institutions5. Comme cela ressort de l'analyse d'une inscription de Vina (Hr Lassoued)6, elles admettent l'equivalence entre les sufetes et d'autres dignitaires peregrins que les inscriptions abregent en MAG et que l'on doit sans doute developper mag(istri), comme pour les responsables des pagi, plutot que mag(istratus)7. On souligne seulement ici l'interet particulier que presente la denomination de ces dirigeants de la civitas, C. Memmius et L. Piladis. Au premier abord, on pourrait penser que ce sont deux citoyens romains sans cognomen, suivant une pratique qui persistait encore dans la premiere moitie du ler siecle apres J.-C., et qui serait donc archaique 'a l'epoque oiu fut grave l'autel de Siviri, vers le milieu du Ile siecle ou dans les decennies suivantes (nous y reviendrons). I1 faudrait alors admettre qu'en raison du manque de place dans la 1. 10 de la dedicace 'a Caelestis, Piladis est l'abrevation d'un gentilice 'a l'ablatif, Piladis(io), forge sur le grec Pylades, et qui n'est atteste nulle part. En realite, il faut lire ici C(aius) Memmius et L(ucius) Piladis (filius). Ce couple pourrait etre forme d'un citoyen romain, nomme le premier, et d'un peregrin, comme on en connait un exemple pour des magistrats de la civitas Sivalitana8, P. Cornelius Viator et Iust(us) Bithies f(ilius). Mais 'a l'epoque ou nous sommes, on ne peut admettre qu'un citoyen romain ne porte pas de cognomen: par suite, C. Memmius doit etre, comme son collegue, un peregrin. Qu'un citoyen soit dote des seuls praenomen et nomen, sans surnom, ne laisse pas d'etre embarrassant 'a partir du debut du Ile siecle, comme l'a souligne Olli Salomies9. Au-dela du regne de Claude, qui a fixe les regles, ce savant admet que, sous la dynastie flavienne, on peut rencontrer quelques cas residuels, mais que les exemples posterieurs qu'il a releves sous les dynasties antonine et severienne, et dont la moitie sont africains1o, 5 Belkahia et Di Vita-?vrard 1995,271; au tableau des pages 257-260 s'ajoutent, 1: civitas Se[?] (AE 1993,1715, sufe tes) et 2: Sivali (AE 1996,1706, magistr?), deux sites proches de Limisa qu'a fait conna?tre Z. Ben Abdallah (signal?s par Belk ahia et Di Vita-?vrard 1995, 273). 3: Sululos (cit? suf?tale signal?e [sans citation du texte] par Beschaouch, BAC 24, 1997b, p. 249-250). 4: Thabbora (Id., ibid). 5: Taphrura (Id., ibid). 6: Tapphugaba (Id., ibid., texte: AE 1995,1663; site report? sur la carte de Belkahia et Di Vita-?vrard). 7: Nous croyons tr?s plausible qu'il y ait eu ? Thibursicu bure trois suf?tes, comme l'a suppos? M.-H. Fantar en analysant une inscription n?opunique d'?poque imp?riale qui mentionne trois personnages ?ponymes (1974, n? 17, 401-403 et n. 1; 426); l'hypoth?se s'appuie aussi sur l'exemple de Dougga qui fut peut-?tre dirig?e par trois suf?tes (Belkahia et Di Vita 1995,263 et n. 22-24); en effet, Dougga et T?boursouk semblent avoir eu le m?me destin politique d'un bout ? l'autre de l'Empire. La localisation de Themetra (CIL V 4919 = ILS 6100) ? Souani el Adari ou Chatt Meriem (AE 1946, 234, L. Poinssot) est souvent admise, mais ce n'est qu'une hypoth?se. La localisation de Thimiliga (CIL V 4920) reste inconnue. Thibicaae est pr?f?rable ? Thibica (Beschaouch 1997a). 6 AE 1992,1803, cf. Aounallah 2001,185-195. 7 Belkahia et Di Vita 1995, 268. Ces magistrats sont attest?s dans une douzaine de cit?s sur la fig. 3. On d?veloppera MAG en mag(istratus) lorsque cette abr?viation se rencontre dans les chefs-lieux de cit?s o? elle d?signe, selon le statut de ces cit?s, des suf?tes, des muhazim, correspondants des ?diles en milieu p?r?grin, des questeurs, des ?diles, des duumviri dans les municipes et les colonies; mentionnant ainsi une fonction, le mot magistratus appara?t parfois en toutes lettres, par exemple dans CIL VIII14751, ? Furnos Minus; AE 1992,1803, ? Vina). *AE 1996,1706. 9 Salomies 1987,347-353. 10 Les exemples sont peu nombreux, au demeurant. Salomies 1987,353 n. 35, retient: CIL VIII 3398 (M. Antonius, p?re et fils); 8826 (en 247, L. Aemilius, nomm? en m?me temps qu'un Sex(tus ? -tius ?) Victor); 16163 (Sextus Pomponius); 23305 (Quintus Considius); AE 1981,942 (L. Domitius). This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 230 S. Aounallah - L. Maurin n'ont pas encore trouve d'explication; en tout etat de cause, ils ne peuvent plus alors etre consideres comme des resurgences de l'ancienne denomination romaine avec les seuls prenom et gentilice. En ce qui concerne les sufetes de Siviri, on doit rechercher 1'explication de leur denomination dans leurs racines africaines. Prenons d'abord le cas le plus simple, celui de L. Piladis. Avec la dedicace 'a Caelestis, le nom (Pylades au nominatif) apparaet pour la premiere fois dans l'epigraphie africaine. A Siviri, le nom n'a aucun rapport avec la condition servile, mais il appartient 'a coup sur au repertoire traditionnel africain qui a ete fortement marque, a l'epoque des rois numides, par l'hellenisation et les emprunts 'a l'onomastique grecque. C'est ainsi que nous avons releve a Dougga une soixantaine de noms grecs portes par d'authentiques Thuggenses II. La lecture L(ucio) Piladis (filio) nous semble des lors s'im poser. Certes, dans le tableau des sufetes dresse par Th. Belkahia et G. Di Vita-Evrard, l'onomastique et la denomination puniques ne manquent pas et l'on y trouve d'autre part d'assez nombreux exemples de magistrats dotes des tria nomina parfaitement reglementaires qui denoncent sans aucun doute la citoyen nete romaine de leurs porteurs. Mais on note aussi, 'a Tepelte, en 130 p.C., un L(ucius) Luciscif(ilius)12 dont la denomination est evidemment proche de celle du L(ucius) Piladis (filius) d'Hr Smadih. Cette lecture nous semble verifiee par une inscription votive 'a Saturne, provenant de la civitas Chul, dans le Cap Bon; elle est datee sufet[atus] C. Lepthini et Mani[---] Senti: les noms du premier sufete doivent etre lus C(aius) Lepthini (filius)13. Le cas de C. Memmius conforte cette lecture. Reprenons, 'a titre d'exemple, la dizaine de steles voti ves 'a inscriptions neopuniques de Teboursouk auxquelles nous avons deja fait appelI4, en acceptant les transcriptions proposees par Mhamed-Hassine Fantar. La date de ces inscriptions est incertaine avant la creation du municipe en 205, mais le fait qu'elles soient de l'epoque imperiale est assure. Cinq d'entre elles ont ete erigees par Felix Memmius (n? 19), Victorius, fils de Lurius (n? 20), Cassius (n? 21), Rogata, fille de Felix Babar (n? 22), Gaius, fils de Titus (n? 24)15. Les donnees croisees de ces textes, foumissent les ref6rences necessaires et suffisantes (notamment dans le premier et le dernier) pour assurer la deno mination peregrine de C. Memmius, de Siviri. On ne donnera pas de signification particuliere au choix du gentilice Memmius, courant en Afrique, et des une haute epoque16. I1 semble ainsi que la population peregrine de l'ancien domaine de Carthage n'ait pas hesite 'a introduire, 'a l'occasion, dans son repertoire onomastique, outre des surnoms latins, des prenoms et des noms gentilices romains, sans se soucier des regles de la denomination romaine, ou plutot en ayant le souci de ne point paraltre usurper la citoyennete romaine. L'habitude etant prise, ils font figurer ces noms dans les textes officiels comme le sont, a Hr Smadih, les dedicaces 'a Caelestis et 'a Neptune. Apparemment, cette pratique ne rencontrait pas d'obsta cle, comme si elle constituait en quelque sorte un premier pas vers la citoyennete romaine. Le pagus Siviritanus et ses magistri Le pagus Siviritanus etait, quant 'a lui, gouverne par deux magistri, ce qui est generalement le cas dans les autres pagi; ce sont, dans l'ordre, C. Lurius Satuminus, porteur des tria nomina, et Naevius Felix qui, 'a la difference de son collegue, n'affiche pas de praenomen. Cette distinction pourrait traduire une regle protocolaire propre au college des magistri et reveler une hierarchie 'a l'interieur de ce meme college. En realite, il est difficile de se prononcer sur le sens reel de la presence ou de l'absence du prenom dans un cas 11 Maurin 2002,709-710. 12 CIL VIII12248. 13 Amandry 1988, 266-268, voit dans Lepthinus un gentilice (AE 1992, 1805); cette interpr?tation (un pr?nom + un gentilice, sans surnom) ne convient pas ? la date vraisemblable (vers le milieu du IIe si?cle ?) de cette inscription et d'une autre st?le ? Saturne, trouv?e sur le m?me, site, dat?e pr?cis?ment de la m?me d?cennie, sur laquelle les deux suf?tes portent les tria nomina (AE 1992,1806). Le texte des deux inscriptions est donn? infra, n. 125. 14 Supra, n. 4. 15 Des exemples dans ce sens relev?s par Benabou 1976,516, ? Lepcis Magna: Annobal Tatapius Rufus, Iddibal Caphada Aemilius, Caius Anno, Caius Phelyssam. Voir aussi CIL VIII 23902 (Aulus Ammicaris) ? Hr Tambra. 16 Corbier 1984,744. M.-H. Fantar (1974,406 et n. 2) note, ? propos de la st?le n? 19, que le nom Memmius "est attest? en punique ? Carthage sous la forme MM'". This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 231 de ce genre. Prenons l'exemple de Thugga, otu coexistent pagus et civitas: sous le regne de Marc Aurele, deux curateurs ont ete designes pour veiller 'a la realisation de la statue elevee 'a Sextus Pullaienus Florus Caecilianus, otu sont impliques lepagus et la civitas; ce sont L. Gallius Optatus et Sallustius Datus17, et l'on peut croire que le premier represente le pagus, l'autre la civitas, car le pagus a toujours dans les textes la preseance sur la seconde ; meme chose, comme nous l'avons releve ailleurs 8, pour les quatre curateurs deux pour lepagus, deux pour la civitas - des statues des Marcii: les deux premiers (pour lepagus) portent les tria nomina, les deux derniers (pour la civitas) n'affichent pas de prenom. En revanche, nous n'avons pu expliquer pourquoi, dans la dedicace du temple de Minerve offert au pagus et 'a la civitas, les deux curateurs sont, dans l'ordre, Asicius Adiutor (en principe, pour le pagus) et M. Terentius Gell[---] (pour la civitas)19. Ces exemples de Dougga montrent qu'il est difficile d'interpreter la denomination limitee au gentilice et au cognomen de Naevius Felix. Comme son collegue, Lurius Saturninus porte un gentilice assez largement repandu en Afrique20, des le debut de l'Empire2l; la famille devait etre bien implantee 'a Siviri puisque l'on en connait sur place un autre membre, Lurius Castus22. A considerer les surnoms des curateurs, Saturninus et Felix, on est porte a croire que tous deux etaient d'origine africaine. Curateurs et magistrats: Siviri et Thugga Dans les exemples cites, les textes de Dougga ne mentionnent pas les titres institutionnels des curateurs, 'a la diff6rence des deux dedicaces de Seviri 'a Caelestis et 'a Neptune, otu le pagus et la ciuitas sont represen tes par leurs responsables qui interviennent comme curateurs23. G. Di Vita-Evrard a suggere qu'"a Dougga "vraisemblablement les curatores, representants d'une communaute, ne sont autres que ses magistrats"24. Cette equation est assuree 'a Siviri, puisque les curateurs indiquent bien qu'ils sont aussi les magistri (pagi) pour les premiers et les sufetes (ciuitatis) pour les seconds. En revanche, la question n'est pas tranchee de savoir pourquoi, 'a Dougga, les titres des magistrats n'apparaissent pas25, puisque la situation devait etre la meme qu'a Siviri; cela doit venir de pratiques institutionnelles particulieres: il est patent qu'a Dougga les roles de premier plan dans les institutions et la vie politique etaient tenus d'une part par des personnages qui n'etaient pas des magistrats, les patrons et les flamines du culte imperial26, de l'autre par les organes 17 CIL VIII 26615: Sex(to) Pullaieno, Sex(d)fiilio), Arn(ensi), Floro Caeciliano, praefecto iur(e) dicun(do), sac(erdod) Cer(erum) anni CLXX, II viro,flam(ini)perp(etuo) c(oloniae) C(oncordiae) I(uliae) K(arthaginis),pagus et ciuitas Thug(gensis), patrono d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) p(ublica), curatoribus L(ucio) Gallio Optato, Sallustio Dato. 18 Khanoussi - Maurin dir. 2000 (= DFH), n? 81-83 = CIL VIII26604,26605,26609; dans 26605, le dernier des curateurs pr?cise, en marge du texte, que son p?re portait un pr?nom: Sallustio Iuliano Q.f. 19 CIL VIII 26525 = ILAfr 522 compl?t?e par S. Saint-Amans, 2004, 342 (lecture modifi?e): Pro s[alute] Imp(eratoris) Caes(aris) [T(id)]Aeli Hadr[iani] Antonini [Aug(usd) PU], liberorumq(ue) eius, Iulia Paula Laenadana, ob honorem flamina tus sui perpletui ?], templum Minervae solo privato [? extructujm pago et ciui[tad ?, et ob dedicationem ? decujrionibus sportulas et [universis ? (cf. CIL VIII 26527 = ILTun 1404) ?] gimnasium et epulum d?dit, curatoribus Asicio Adiutore et M(arco) Terendo Gell]?]. 20 Peyras 1991,243; AE 1993,1756. 21 Lass?re 1977,157 n. 134 (? Uchi Maius). 22 Peyras 1988-89, 19, n? 4 et fig. 7 (AE, 1990, 1033c): D(is) M(anibus) s(acrum), Lurius Castus vixit annis n(umero) LXVII, m(ensibus) VIII, dies [sic] VIII. Grav?e sur une ara, l'inscription est probablement d'?poque antonine ou s?v?rienne. 23 Pratiques analogues ? Dougga dans les s?ries d'inscriptions concernant les Gabinii et les Mardi. Cf. CIL VIII15520 = 26467 = 26469 = DFH, 69-71 n? 27; CIL VIII 26609 = DFH, 207-209 n? 83. 24 Di Vita-?vrard 1997,75-76. 2^ Le fait ne souffre que deux exceptions, l'une pour la civitas: une des plus c?l?bres inscriptions de Dougga (CIL VIII 26517 = DFH, n? 46), cite, en 48, un suf?te iterum et deux personnages rev?tus des ornamenta sufeds; l'autre, sous Commode, pour le pagus: CIL VIII 2737'4 corrig?e et comment?e par Gascou 1997: [Diuo CJommodo fratr[i] [imp. Caes. L. SJepdmi Seueri PU, Per[dnacis, Augusti, Ajrabici, Adiabenici, Par[thici numini eius] sacrad decurione[s] [signum consejruatoris pagi Thugg[ens(is) quod uoueranjt magistro Q. Mora]sio H]osp[italis]f. Cassiano expollicitadone suafecerunt, d(e)d(icauerunt). Il en sera de m?me au temps du municipe: seules les d?dicaces du cirque, en 225, mentionnent les magistrats de la nouvelle communaut? (CIL VIII26548; 26549; 26550, cf. DFH, 39-42 n? 15). 2^ On s'en rend bien compte, dans la deuxi?me moiti? du IIe si?cle, ? l'annonce des sommes d?pens?es ? l'occasion du flaminat, g?n?ralement 100 000 sesterces (DFH, p. 190), et au fait qu'un notable qualifie d'honneur le patronat qui lui a ?t? conf?r?: honorem patronatus civitatis suae Thugg(ensis) (AE 1997,1656; DFH, 144-145 n? 49). This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 232 S. Aounallah - L. Maurin collectifs que sont les ordines de chaque communaute. Entre les deux, les magistrats ont un role tres efface, d'apres les textes. I1 ne devait pas en aller de meme 'a Siviri. On ne peut guere explorer davantage cette question, le detail de la vie institutionnelle n'etant guere connu qu'a Dougga, parmi les "communes doubles". Siviri, les pagi et les "communes doubles" au nord de l'Afrique proconsulaire Ces "communes doubles" sont un element majeur d'une vaste question, celle du territoire de Carthage romaine, que l'un de nous (S. Aounallah) etudie en detail dans un ouvrage qui sera publie prochainement27. Nous nous limitons ici au cas de Siviri et 'a un bref commentaire de la carte (fig. 4) qui illustre la place de ces communautes dans le nord de la Proconsulaire, la future Zeugitane du Bas-Empire. On constate que, dans l'etat actuel des connaissances, leur nombre est assez reduit en face de la constellation dense des cites qui ne sont pas associees 'a un pagus28. Comme on sait, ces "communes doubles" etaient rattachees 'a une colonie, le pagus representant, dans chaque cas, une parcelle du territoire, c'est-'a-dire de la pertica de cette colonie, les membres du pagus etant donc, sauf exception, citoyens de la colonie a laquelle appartenait ce pagus. Reste 'a savoir de quelle colonie le pagus de Siviri etait partie integrante. Dans la region comprise entre l'oued Siliana 'a l'est, l'oued Tessa 'a l'ouest et le Bagrada au nord, on constate une forte concentration de pagi relevant de la pertica de Carthage: ce sont ceux d'Agbia29, Assali30, Avensa31, Numluli32, Suttua33, Thac(... ?)34, Thibaris35, Thibursicu Bure36, Thigibba Bure (?)37, Thugga38, Uchi Maius39, Uchi Minus (?)40. Cette pertica s'arrete au sud au niveau du territoire du munici pium Julium Aurelium Mustitanum4l au-dela duquel, dans la direction de l'ouest et du sud-ouest, commen cent la pertica des Siccenses, avec, au nord, ses premiers pagilcastella, Nebber42 et Ucubis43 . De longue 27 Pagus, Castellum et ciuitas, Recherches d'?pigraphie et d'histoire sur le passage du "village" ? la ville en Proconsu laire august?enne, publication du m?moire d'habilitation ? diriger les recherches, Universit? de Bordeaux 3, mars 2008 (cit? infra: Aounallah, ? para?tre). 28 La fig. 4 peut donner une id?e du nombre des villes et des secteurs o? elles sont particuli?rement denses. N'y figurent cependant qu'une partie des villes connues; en particulier, on a ?limin? toutes celles dont le nom antique n'est pas attest?. 29 CIL VIII1548 = 15550 = ILS 6827: pagus et ciuitas. 30 ILAfr 501: pagus Assalitanus. 31 CIL VIII 26157: pagus et ciuitas Avensesis. 32 CIL VIII 26121: pagus et ciuitas Numlulitana. 33 CIL VIII 26418: pag. Suttuensis. 34 CIL VIII 27416: pagus Thac [?]. 35 CIL VIII 26180: pag. Thibaritanus; 26179: pag. Thib.; 26185: pag. Thibaut. 3^ Il faut corriger CIL VIII15260: ? (lettres incompr?hensibles) [?] ara diui Aug(usti) pago (et non FAC. C. d'apr?s le CIL) [?] [?]ut idemque ded. [?]. La photo, tr?s claire, la relecture aussi, sont donn?es par Lassad Habaiel dans son m?moire de DEA (Dipl?me d'?tudes approfondies) sur l'occupation du sol dans le pays de T?boursouk, soutenu ? Bordeaux sous la direction de L. Maurin; L. Habaiel poursuit une th?se sur T?boursouk antique et il nous a aimablement autoris?s ? faire ?tat de la r?vision qu'il a op?r?e de ce texte. Il se trouvait dans l'antiquarium de T?boursouk en 2002. Thibursicu Bure pourrait donc bien ?tre une commune double du type de Dougga, comme on devrait le d?duire de l'?volution de son histoire municipale rigoureusement calqu?e sur celle de cette ville (supra, n. 5). Comme Thugga, Thibursicu Bure est devenu municipe septimien liberum. 37 Hypoth?se ?mise par Beschaouch 1999,1042-1045. 38 Nombreux textes attestant un pagus et une ciuitas: ILAfr 569 = DFF, n? 77; ILTun 1512 = DFH, n? 76; CIL VIII26471 = DFH, n? 29 ... 39 Plusieurs inscriptions mentionnent ce pagus: CIL VIII 26252; AE 1911, 1666 ...; ce n'?tait pas une commune double comme le prouvent les mentions neutres de la collectivit? avant sa promotion au rang de colonie par S?v?re Alexandre: cf. en 140, les Uchitani Maiores sur AE 1991,1665; sous Commode, la respublica Uchitanorum Maiorum sur CIL VIII 26253 ... 40 Sur cette commune qu'il convient sans doute de ranger dans la cat?gorie despagi, cf. Aounallah 2006,27-33. 41 Sur ce municipe cf. Beschaouch 1967-1968,142-152. 42 Cf. CIL VIII 1615 = 15721; 1616 = 15722. 43 CIL VIII15669 = ILTun 1580 = ILS 6807. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 233 date, il a ete admis que les pagi de la region de Dougga - pour faire simple - relevaient de Carthage44 et se trouvaient 'a l'ouest de la Fossa Regia dont on precisait par la meme le trace, fort problematique en dehors de certains secteurs tres limites, comme aux approches de Teboursouk et de Dougga45. La carte (fig. 4) donne schematiquement les traces proposes pour la Fossa dans la region de Beja. La question qui reste encore sans reponse definitive et assuree se pose aujourd'hui de savoir si cette pertica des Cartha ginois s'etendait en dehors de cette zone de concentration, soit 'a l'est de la Fossa, otu nous trouvons en particulier les "pagus et ciuitas Vallitana46", et au nord de la Mejerda (le Bagrada) , dans la region de Beja ou se trouvent justement le pagus et la ciuitas Siviritana. Sur la carte, nous faisons la distinction entre les pagi 'a epithete toponymique, comme le pagus Siviritanus, et d'autres pagi qui semblent avoir une origine diff6rente: ce sont les pagi 'a epithete religieuse qui etaient des communautes de veterans; une inscription a montre qu'ils avaient des institutions tres particulieres, et l'on ignore 'a quelle colonie ils etaient ratta ches, si meme ils n'etaient pas independants: il s'agit des pagi Fortunalis et Mercurialis47 et d'un pagus Minervius dont la localisation est tres incertaine48; il faut tres probablement leur associer, en raison d'une inscription qui nomme ses magistri, un pagus au nom antique encore inconnu, qui occupait des ruines proches de Sidi Abd En Nour, dans le Jebel Mansour49. Generalement, on recourt 'a deux criteres pour determiner jusqu'otu pouvait s'etendre le territoire Carthaginois. Le premier est la diffusion de la tribu de Carthage, l'Arnensis, en particulier 'a l'ouest de lafossa regia, la otu la majorite des colonies, notamment les plus anciennes, furent rangees dans la tribu Quirina. Dans cette partie de la province, Carthage doit etre la principale exportatrice de la tribu Arnensis et les titulaires de cette tribu sont en principe citoyens de Carthage. Le second critere, beaucoup plus fiable que le premier, est l'intervention officielle, en vertu du regime de l'adtributio, des magistrats carthaginois dans les affaires des communautes localisees dans ces contrees relativement eloignees de son oppidum et de son territoire direct 'a proprement parler50. Cette emprise de Carthage est desormais assuree au nord du Bagrada grace au temoignage d'une troisieme inscription decouverte au chef-lieu du pagus et de la ciuitas Siviritana. Le texte 3. Dedicace 'a une divinite indeterminee Fragment d'inscription sur un troisieme autel Fragment d'un bloc qui devait constituer la base d'un autel en calcaire local, semblable, d'apres la partie qui subsiste, aux deux autels precedents; c'est pourquoi il a du' porter une dedicace 'a une divinite, comme le confirme d'ailleurs ce qui reste du texte. Le bloc a ete decouvert lui aussi en bas de la colline d'Hr Smadih, au captage de la source oiu il se trouve encore (aouit 2008). I1 manque la moitie superieure du monument. Dimensions: 51/40/61 cm. L'ecriture est irreguliere et malhabile, la mise en page mal reglee, les lettres 44 Parmi l'abondante litt?rature sur le sujet, Gascou 1982. 4^ Voir notamment Di Vita-?vrard 1985, qui dresse un bref bilan de cette question et s'int?resse particuli?rement au cas de Thibursicu Bure, ? l'ouest de la fossa, et de Vaga: contrairement ? l'opinion la plus courante, elle sugg?re que cette ville et le vaste territoire environnant se trouvaient ? l'est de la fossa ; en g?n?ral, Ferchiou 1997. 46 L'existence d'un pagus et d'une ciuitas Vallitana repose sur la mention de Yuterque ordo qui se lit sur CIL, 25827 ? [?] Aureli Antonini [?] [?] Aug. filio [?] utriusque ordinis [?] ? Cf. Pflaum 1970,78, qui fait remarquer, ? propos du municipe de Valus, que son inscription "dans la tribu P api?a ... et la situation de la ville en de?? de la fossa regia nous inter disent sauf plus ample inform? de consid?rer que le pagus faisait partie du territoire de Carthage". 47 Maurin 1995; sur les institutions, ibid., en part. 98-104: un texte dat? de 193 (AE 1995, 1657) atteste les institutions suivantes: deux magistri, des flamines, des d?curies, une assembl?e despagani. 48 Tess?re de Bronze trouv?e dans le chenal de Bizerte: CIL, 25423, cf. BAC, 1894, 238, n? 22 = CMA (Catalogue du Mus?e Alaoui), 90 n? 414 et 116 n? 1 (avec photo): TesserapagiMinervi, M. Grattius M(arci)fiilius) Pap(iria) mag(ister)pagi, d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit). 49 Ferchiou 1977 (AE 1911,855): Dis Caesarum sacrum C. Firmius Heracla C. Iulius Tertius, mag(istri) pa[g]i, publica impensa fecerunt, c'est cette inscription, d?di?e aux Dis Caesarum, qui fait pencher plut?t pour un pagus de v?t?rans, comme le pense N. Ferchiou. Sur la localisation (approximative), Ferchiou, 11 n. 5. 50 Ces aspects sont ?tudi?s dans l'ouvrage annonc? supra de S. Aounallah supra n. 29. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 234 S. Aounallah - L. Maurin de corps variable, entre 4 et 5,5 cm. Les points separatifs sont de simples trous de trepan. Le texte est incomplet et use en haut, mais la lecture de la partie subsistante est certaine (fig. 5). [---1 L F BVCCONE' II VIR C SOSSIVS 4 BACCHICVS MAG PAGI D S P F Datation: Par un heureux hasard, il est possible de dater avec precision cette inscription. Le texte ne four nit que la filiation et le cognomen du magistrat: [---] L(ucii)f(ilio), Buccone. Or nous connaissons, grace a une inscription de Dougga, un magistrat de Carthage, L. Manilius, L. f., Arn., Bucco, duumvir5 , qui se deplace en l'annee 36/37 pour inaugurer des amenagements apportes a la ville aux frais d'un patron du pagus. A Siviri, malgre l' absence de l'Arnensis, la magistrature, la filiation, la rarete du cognomen Bucco52 se conjuguent pour assurer que c'est bien le meme homme qui est intervenu la meme annee, celle de son duumvirat carthaginois, dans les deuxpagi, Thuggensis et Siviritanus, de la pertica de Carthage. Cette date precoce explique sans doute le style fruste de l'ecriture, la forme des points, les maladresses de la mise en page, dans ce canton sans doute encore peu au fait de l'art des lapicides. Le nouveau texte du pagus et de la ciuitas Siviritana doit etre etabli ainsi: [--- dedicante L(ucio) Manilio] I L(ucii)f(ilio) Buccone, IIvir(o), C(aius) Sossius Bacchicus, mag(ister) pagi d(e) s(ua) p(ecunia) f(ecit). Ligne 1: sur le modele de l'inscription de Dougga, DFH n? 23, citee n. 49, dedicante s'impose puisque, dans les deux cas, en executant la dedicace, le magistrat de Carthage est venu affirmer la suprematie de sa colonie. La suprematie de Carthage au per siecle Les trois nouvelles inscriptions de Siviri eclairent deux moments de la vie de cette nouvelle collectivite. Ici, comme a Thugga, localite qui, en raison de son extreme richesse en epigraphes, doit nous servir de modele, c'est un jeune pagus qui, des sa constitution, est totalement dependant de la colonie de Carthage. Une telle suprematie de la colonie est assuree 'a Thugga au moins jusqu'au milieu du premier siecle de notre ere53. Cette dependance n'interdit pas le fait que le pagus ait dispose tres tot de ses institutions propres, comme 51 ILAfr 558, DFH, n? 23, 60-62 - Imp(eratori) Ti(berio) Caesari, divi Aug(usd)fiilio), Aug(usto), pondfiici) m?ximo, tribunicia) potest(ate) XXXVIII, co(n)s(uli) V. L(ucius) Manilius, L(ucii)fiilius), Arn(ensi), Buceo, Hvir, dedicavit. L(ucius) Postumius, C(aii) fiilius), Arn(ensi), Chius, patron(us) pag(i), nomine suo et Firmi et Rufi filiorum, forum et aream ante templum Caesaris stratuit, aramAug(usd), aedem Saturn(i), arcum, d(e) s(ua) p(ecunia) fiaciundum) c(uravit). ^2 II est attest? 14 fois sous l'Empire, selon Kajanto 1965, 268. En Afrique, pour quatre individus: le duumvir qui inter vient ? Dougga se retrouverait ? Carthage (CIL VIII24542, cf. ILTun 962 et 1498); les trois autres se trouvent sur des ?pitaphes ?'Ammaedara (C. Valerius Buceo, ILAfr 163), d'Hadrum?te (Q. Pescennius Fuscus Buceo, CIL VIII 22922), de L?mbese (Tuccius Buceo, CIL VIII4099); Buco: C. Iulius Buco sur une ?pitaphe de Bulla Regia (CIL VIII 25572 = 1LPB, 505). 53 Un ordo du pagus appara?t peu apr?s le milieu du Ier si?cle: CIL VIII 15529 = AE 1969/70, 653 (cf. AE 1969/70, 652 dat?e de 54); Cl. Poinssot, a pr?sum? (1969,236-237) que CIL VIII15529 datait du IIe si?cle, proposition qui a ?t? reprise par Christol 2005, 202 n. 91, mais qui ne para?t pas fond?e. Sur les relations an pagus Thuggensis avec la colonie de Carthage au d?but du Ier si?cle, cf. Christol, 2005, et Aounallah, ? para?tre. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 235 c'est le cas ici avec C. Sossius Bacchicus, magister pagi54. Son gentilice est assez rare en Afrique55, et l'on ignore le canal par lequel il a ete introduit dans la province. On ne connait, semble-t-il, aucun autre titulaire du cognomen Bacchicus. Le texte laisse supposer qu'a cette haute epoque il n'y avait 'a la tete du pagus qu'un seul magister, et non deux comme dans les dedicaces precedentes, plus tardives. Comme a Dougga, la ciuitas ne participe pas a la dedicace, et l'on note l'absence d'un ordo du pagus ou encore celle du tresor public; surtout, et cela est plus determinant, c'est un magistrat de Carthage qui execute la dedicace du monument et date l'inscription commemorative. Ces details sur les institutions et leur fonctionnement manifestent la totale dependance du pagus naissant a l'egard de Carthage, representee ici par un magistrat dont le nom precede celui du magister, signe indeniable de sa preseance. L'autonomie des deux communautes au IIe siecle A Siviri, les deux communautes, pourtant distinctes par leur statut, collaborent pour orner leur ville, par l'intermediaire de leurs responsables. Si, comme on est fonde ta le faire, on se refere 'a l'evolution de Dougga, on adoptera, pour les deux dedicaces, une datation qui ne peut etre anterieure au second siecle. A Dougga, c'est seulement depuis Hadrien, avec des textes qui concernent notamment la famille des Gabinii, que l'emprise de Carthage commence a s'affaiblir et que, parallelement, le pagus et la ciuitas de Thugga se rapprochent pour embellir de concert leur ville56. Le laconisme des textes de Siviri ne permet pas de mesurer l'ampleur de cette collaboration. Vint le moment, 'a Dougga, oiu bien des decisions furent prises par l'uterque ordo, c'est-a-dire qu'ensemble, les deux conseils du pagus et de la civitas gouvernaient la ville57. Cette expression se rencontre du regne de Commode a 205, date otu fut fonde le municipe. La coha bitation des deux communautes necessitait entre elles une concorde sur laquelle les inscriptions publiques mettent l'accent58. Siviri atteignit-il un tel developpement institutionnel ? On ne saurait le dire mais - nous y reviendrons - il est probable que la ville conserva un train de vie politique de peu d'ampleur, 'a la mesure de sa taille modeste ou tres modeste. Au bout du compte, l'aboutissement dut etre le meme, en raison de la meme evolution que connurent des villes aux structures politiques identiques: Dougga devint municipe en 205 et l'on peut imaginer qu'il en fut de meme de Siviri59, comme de nombre de "communes doubles". Solum publicum La mention d'un solum publicum ne peut que nous conforter dans l'idee de la collaboration de plus en plus etroite entre le pagus et la civitas. Cette expression est extremement rare ailleurs qu'a Siviri, car elle n'est 54 C'est peut-?tre aussi le cas de [. Licinius PJriscillus attest? lui aussi par l'une des plus anciennes inscriptions jusqu'ici connues de Dougga CIL VIII 26519, ILAfr 519, DFH, 65-67', n? 25 - Imp(eratori) Ti(berio)Caesari A[ugusto sacrjum cura tore L(ucio) Vergilio P(ublii) fiilio) Arn(ensi) Ru[fo ?]+g., dato Viriael P(ublii) fiiliae) Rusticae auiae M(arci) Licini [Rufi, flam(inis) perp(etui) Aug(usd) C(oloniae) C(oncordiae)] I(uliae) K(arthaginis), M(arcus) Licinius M(arci) l(ibertus) Tyranus, patronus pa[gi condgnadones ? ign]e consumptas restituit aedem et statu [a]s corruptas exornauit opus intestinu[m ? refecit, cur atore -vel magistro- ? ? ? Licinio P Jriscillo fiilio). La restitution cur atore n'est pas la seule ? envisager; on pourrait penser aussi ? une datation par le magister du pagus. Nous pensons que c'est la plus ancienne inscription de Thugga; cette anciennet? est sugg?r?e par le fait que le patronat du pagus est d?tenu par un affranchi, particularit? que nous ne rencontrons plus jamais ? Dougga. Elle est ?tudi?e dans Aounallah, ? para?tre. 55 CIL VIII indices, p. 64 (une trentaine d'attestations, ? peu pr?s ?galement r?parties entre les formes Sossius et Sosius). 56 Ces entreprises communes portent, comme ? Siviri, la mention g?n?rale pagus et civitas Thuggensis fecerunt (CIL VIII 27357 etc.); cf. DFH, 149-154, et la liste dress?e par Saint-Amans 2004,160-161. 57 CIL VIII 26482 (DFH, 93-98 n? 34); 26597 (DFH, 149-150 n? 52); 26590 (en 205); 26622 (DFH, 154-156 n? 56, en 205/206); 26591+ILTun 1427 (DFH, 188-192 n? 73, en 205/206); voir ? ce sujet les remarques pertinentes de Saint-Amans 2004,161. 58 CIL VIII 26466 (DFH, 153-154 n? 55): [Con]cordiae Aug(ustae) sacrum, [p]agus et civitas Thu]gg(a)] p(ecunia) p(ublica); ? Dougga, V?nus-Concorde fut une des principales divinit?s poliades (Saint-Amans 2004,155-158; 317). 59 J. Peyras a envisag? ? Hr Smadih un municipe s?v?rien (Peyras 1991,487). L'auteur met en vedette le r?gne commun de Septime S?v?re et de Caracalla, durant lequel des communaut?s proches (voir la fig. 6) Aulodes, Medd, Sidi Abd el Basset, Thuccabori sont devenus des municipes. ?C'est alors que des villes du sud-ouest, tels Thunigaba, Smadah, Negachia, ont acc?d? au m?me statut?. Voir le fragment d'inscription infra, n. 76. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 236 S. Aounallah - L. Maurin bien assuree qu'a Hr Sidi Naoui60, en 196, et a Musti, sur la dedicace de deux monuments publics eleves au Ille siecle, un temple de Mercure sous le bref regne de Macrin6l, un arc sous celui de Gordien 11162. C'etaient des communes non divisees, oiu la question du sol public ne se posait qu'en opposition avec le sol prive; on se demande alors quelle circonstance locale a pu exiger cette precision. Dans les "communes doubles", le probleme devait etre singulierement plus complexe, comme nous le voyons 'a Dougga dont la richesse epigraphique fait un modele pour les autres communes du meme statut. Les textes y revelent l'existence d'une separation stricte, sans doute etablie des la constitution du pagus, d'une partie du territoire urbain entre les deux communautes. On la constate surtout dans le quartier du forum otu la mainmise du pagus est indeniable sur le sol (qui etait donc le sol public du pagus) oiu furent construits les monuments publics 'a l'exception sans doute du capitole63. Toutefois, la ciuitas est bien presente 'a proximite immediate, dans le marche et dans ses environs: elle offre un terrain lui appartenant pour l'embellissement du temple de Mercure par des pagani; elle avait donc elle aussi son propre so164. Pourtant, un solum publicum, un territoire commun, a bien du' se constituer au cours du temps, a mesure que la cite se rapprochait du pagus par la romanisation de ses institutions, et que le pagus, en se detachant progressivement de Carthage, acquerait la gestion de son propre domaine: ainsi, il faut bien considerer depuis le milieu du Ile siecle comme solum publicum la colline sur laquelle le theatre fut construit et offert par le donateurpatriae suae, c'est-'a-dire 'a l'ensemble des Thuggenses, pagus et ciuitas reunis65, comme cela fut le cas pour le temple du capitole de Numluli, edifie patriae suae pago et ciuitati Numlulitanae66, soit "pour sa patrie, le pagus et la ciuitas de Numluli", selon nous67. I1 ne fait aucun doute, qu'a Thugga, comme 'a Siviri et dans les autres pagi et ciuitates, un espace relevant de l'une et de l'autre communaute fut reserve, "a terme, pour abriter des monuments dont l'usage devait etre destine 'a tous. Les inscriptions de Siviri en apporteraient le temoignage, s'il faut interpreter ici, comme nous le pensons, le solum publicum comme un espace relevant des deux communautes. La source de Siviri, domaine des divinites tutelaires de la ville Nous avons defini la nature, identifie les acteurs des inscriptions de Siviri. Arretons-nous 'a leur contexte local et regional tel que les vestiges archeologiques permettent de l'entrevoir. Ainsi pourrons-nous preciser l'image que l'on peut actuellement conserver de cette double communaute. Le toponyme antique, Siviri, se revele sans aucun rapport avec le toponyme modeme, Hr Smadih ou Hr Smadah, ce que Jean Peyras a releve pour nombre de sites de ce secteur occidental du Tell Nord-Est tunisien, alors que l'on sait, note-t-il, combien les noms geographiques sont, en general, durables68. Fathi Bahri a bien voulu faire pour nous la recherche sur l'histoire de ce toponyme: il est reperable des le haut Moyen Age, aux Vllle et IXe siecles, "a travers les membres d'une famille qui porte le nom al-Sumadiht, 60 CIL VIII 23107: ? simulacro auro reculto solo publico ?, en 196. 61 AE 1968,591 : ... opus quod solo [p]ub(lico) promiser at... ^2 CIL VIII 1577, cf. 15572 adn. - C. Cornelius [?] statuis solo publico coepit. Un autre exemple a ?t? avanc? pour la d?dicace de l'arc quadrifrons d'Oea en 163, mais il repose sur une restitution qui est seulement possible, non absolument assur?e: CIL VIII 24 = IRT, 232 - C. Calpurnius Celsus ... arcum pecunia sua [solo publjico etfund[avit et] marmore solido fecit. Dans les cit?s qui ne regroupaient qu'une seule communaut?, l'expression peut n'avoir qu'un sens g?n?ral; il est parfois pr?cis?, par exemple, ? Musti encore, o? un texte mentionne l'?rection d'une statue lov[i Victojri in foro (AE 1968,588). ^3 Le portique du forum a ?t? construit pago patriae (CIL VIII 25525; DFH, 73-80 n? 29), de m?me que le temple de Mercure (CIL VIII26482; DFH, 93-98 n? 34). 64 CIL, 26478: Mercurio Aug. sacr., loco a ciuitate dato, cella[m] exornau[it et] Mercuri signum [?]. Cf. DFH, 97 n. 102. La civitas se voit, en retour, ? l'occasion de la construction du temple de Mercure, de la place de la Rose des Vents et du portique, dot?e d'un capital de 25 000 sesterces pour qu'avec les int?r?ts annuels de ce capital, des sportules soient distribu?es ? ses propres d?curions. 65 CIL VIII 26606 = ILS 9364 = ILTun 134 = DFH, 90-92 n? 33. 66 CIL VIII 26121. 67 Et non "au pagus, sa patrie, et ? la cit? de NumlulF, traduction propos?e par Gascou 1972,161. 68 Peyras 1991,231 n. 167. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 237 en quoi il faut voir une origine geographique ou ethnique en rapport evident avec notre site, Smadih"69. Mais le toponyme antique est peut-etre encore atteste plus tard, aux XIIe et XIIIe siecles: "La lecon la plus proche du toponyme antique, Siviri, provient sans doute des sources orientales dans lequelles on trouve un Abou Ja'afar Musa ibn Mu'awiya al-Subarihi al-Ifriqi, c'est-'a-dire originaire du village de Subarih en Ifriqiyya". I1 est tentant, note encore F. Bahri, "de rapprocher ce Subarih de Siviri, le passage du v au b etant par ailleurs bien atteste dans la region, en particulier dans Beja/Baja, l'antique Vaga"70. Le contexte regional Situe dans la partie orientale de la zone des plis calcaires des Hedil, le site s'insere dans une region qui a ete, dans l'Antiquite, malgre les reliefs, l'importance des affleurements du calcaire et la fertilite relative des sols, l'objet d'une occupation dense, avec de nombreuses agglomerations (fig. 6) qui restent encore, pour une part, anonymes, implantees dans des teffoirs cerealiers et, plus rarement, oleicoles oiu etaient disperses de nombreux etablissements ruraux71. Dans son etude du Tell Nord-Est, Jean Peyras a menage une large place 'a ces agglomerations dont il a montre la concentration d'une part dans le bassin de l'oued Bou Dissa, d'autre part dans celui de l'oued Tine, alors qu'elles sont inexistantes a l'ouest et au nord des Hedil. La ville de l'henchir Smadih est donc loin d'etre isolee, comme le ferait croire la carte des agglo merations dont le toponyme antique est connu; au contraire, elle s'insere dans le dense tissu urbain de ces deux secteurs geographiques. Dans le detail, les cinq cites du bassin de l'oued Bou Dissa se partageaient environ 70 kM2, soit en moyenne 1400 ha par localite, ce qui laisse supposer 'a la fois l'activite de la vie municipale et un faible developpement monumental72. Pourquoi Siviri, l'une de ces localites de l'oued Bou Dissa, est-elle devenue sous l'Empire naissant, une "commune double", la seule en l'etat actuel de nos connaissances ? C'est qu'a coup sur des terres ont pu y etre mises 'a la disposition de colons italiens suffisamment nombreux pour constituer une communaute, unpagus de Carthage, a cote de la communaute peregrine; l'origine de ce partage des terres nous echappe, mais on ne peut exclure que celles qui furent devolues aux colons du pagus provenaient d'un domaine public - royal, puis romain - qui aurait ete loti. En effet, de tels domaines pouvaient parfois s'inserer dans les finages des cites, ainsi celui dont les importants vestiges subsistent 'a Ksar Mezouar, au sud de Hr Smadih73. Ces agglomerations urbaines ont souvent une origine preromaine, comme en temoignent les sufetes dans les nouveaux textes de Siviri74. Sous l'Empire, elles jalonnaient les voies de communication. Les deux routes principales suivaient l'orientation sud-ouest/nord-est des reliefs. L'une, a l'ouest, joignait Vaga (Beja) 'a Hippo Diarrhytus (Bizerte) ou Matar (Mateur) par Thunigaba (Ain el-Abed) et Rucuma (Rkob). L'autre empruntait la vallee de l'oued Bou Dissa continuee par celle de l'oued Joumine; elle reliait Vaga 'a Matar par Belalis Maior (Hr el-Faouar) et Siviri75. Ces grandes voies ouvraient ces petites 69 Citation de la note de F. Bahri. Ces personnages sont: Abu Jaafar Musa ibn Mu'? wiya al-Sumadih?, juriste et tradition niste malikite, n? en 160/776-777 et mort en 225-226/840. Le second Abu Awn Mu'? wiya ibn al-Fadhl al-Sumadih?, juriste et traditionniste, mort en 199/814-815. Enfin, Fadl al-Sumadih?, un riche propri?taire terrien attest? au ler-2e si?cles/7e-8e si?cles). L'information est tir?e des ouvrages de biographies, de g?n?alogies et de g?ographies suivants: Abu 1-Arab (d?but 4e s ./d?but 10e s.), Tabaqat, Tunis, 1968, p. 190-194, Al-Maliki (fin du 5e s./fin du 11e s.), Al-Riyadh, Beyrouth, 1983,1, p. 231-232 et 376-384 et enfin Iyadh (7713es.), Tarajim aghlabiyya, Tunis 1968, p. 141-145. 70 Note de F. Bahri, avec les r?f?rences suivantes: Al-Sam'?ni, Al-Ans?b (6712e s.), Beyrouth, 1988, III, p. 520. Sub?rih est ?galement mentionn? dans le dictionnaire g?ographique de Y?q?t (7713e s.), Mu'djam al-buld?n, Beyrouth, 1990, III, p. 444, notice n? 7456). 7* Sur le territoire qui s'?tend entre B?ja et Hr Smadih, remarques g?n?rales de Ben Jeddou 2007,116-118. 72 Peyras 1991,184, qui note que le territoire des cit?s de la vall?e de l'oued et Tine voisine ?tait sensiblement plus ?tendu (2300 ha en moyenne pour chacune des quatorze villes). 73 CIL VIII 14428; Kolendo 1976, 68-70 (en 181). Trois inscriptions du Bas-Empire laissent croire que Ksar Mezouar ?tait, ? cette ?poque, une cit? d'apr?s Lepelley 1981,255; c'est ce que pense aussi Ben Jeddou 2007,118. 74 Plus g?n?ralement, nombreuses remarques de Peyras, par exemple sur la ?civilisation des haouanet?, et l'ancien net? d'une intense vie de relations dans la r?gion, en particulier p. 193. Sur les haouanet de Hr Smadih, Peyras 1991, 206 et 222-223. Sur les agglom?rations contemporaines de la domination de Carthage punique, Peyras 1991,229. 75 Peyras 1991,31; 61; 67; 192-193; Ben Jeddou, 134. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 238 S. Aounallah - L. Maurin villes 'a la vie de relation et au commerce aussi bien vers la vallee de la Mejerda que vers les pays c6tiers; il va sans dire que, sur le plan local, agglomerations et sites ruraux etaient relies par de nombreuses routes secondaires. Le site de Siviri La ville de Siviri s'etendait au bas d'une colline qui culmine 'a environ 350 m d'altitude, ceme'e au sud par l'oued Bou Dissa, au nord, par un de ses affluents (fig. 7). I1 y a ici actuellement un village, expose 'a l'est et au sud, dont les habitations ont largement remploye les materiaux extraits des ruines romaines dans ce que Mohamed Ben Jeddou designe comme le centre de l'agglomeration, car il regroupe les ruines les plus denses. Toutes les constructions antiques y sont arasees; les restes de murs en blocage ou en opus Africanum sont nombreux, sans que l'on puisse, dans l'etat actuel, discerner le plan d'un immeuble ou l'organisation d'un quartier. Les blocs errants en grand appareil, vestiges de monuments publics et fune raires, parsement le site, de meme que des elements d'huilerie qui peuvent indiquer qu'a basse epoque l'agglomeration urbaine a ete investie par des etablissements agricoles. Jean Peyras a releve dans une habitation un fragment d'une grande dedicace gravee en l'honneur des Severes (ou des derniers Antonins) sur la frise d'un important monument76. A un kilometre environ au nord-ouest de ces ruines s'ouvre une vaste caffiere antique entaillee dans le flanc de la colline calcaire (fig. 8): elle temoigne de l'activite des constructeurs de l'Antiquite. Pres de la a ete construit un vaste batiment d'exploitation agricole que Peyras suppose implante au sein d'une necropole romaine, car il avait releve au voisinage les epitaphes d'une [F]abbiata lan[u]aria77 et d'un anonyme, et non loin de la celle d'un Lurius Castus que nous avons deja rencontre78 (fig. 9). Le sanctuaire On est ici en marge de l'agglomeration proprement dite , a la jonction de l'agglomeration urbaine et de la campagne; c'est au sud-est de ce batiment qu'avait ete construit le sanctuaire oiu se dressaient sous l'Empire les trois autels inscrits qui font l'objet de la presente etude (fig. 10). Son anciennete est assuree par la dedicace executee en 37 par L. Manilius Bucco. I1 etait lie a une source importante dont le captage est antique, et qui alimente encore les habitants du lieu; on l'a dit, ce sont les travaux d'amenagement de cette source qui ont provoque la mise au jour des trois autels parmi des blocs de grand appareil et d'autres fragments de maconnerie. Le solum publicum sur lequel furent eriges ces autels se trouvait donc 'a coup sur aux environs de cette source qui, avec son captage antique et les monuments religieux signales par les inscriptions, etait un lieu de rencontre essentiel pour tous, celui oiu les deux communautes s'alimentaient en eau. La mise en serie des trois textes suggere l'evolution suivante: au depart (au plus tard en 37), le sol de Siviri a ete divise entre le pagus et la communaute indigene (un castellum ?) qui devint peut-etre alors une civitas. La mainmise du pagus sur la source et sur sa gestion ressort de la presence du seul magister pagi lors de la ceremonie presidee par le duovir de Carthage. Au cours du Ile siecle, chacune des deux parties acquiert progressivement une certaine autonomie, suivant un processus bien connu 'a Dougga. Leur rapproche ment aboutit 'a une veritable mise en commun de ce site majeur pour l'existence de chacune: ce terrain sacre devient un jour solum publicum; la gravure sur les pierres de cette expression si peu usitee ailleurs n'a sans doute pas d'autre raison que de saluer cet evenement qui rendait aux Siviritains autochtones la maRtrise de leur source, desormais partagee avec les descendants des colons italiens. Des lors, il est permis de croire que ce fut aussi l'occasion pour le pagus et la civitas de s' associer en faisant, comme le disent 76 Peyras 1988-1989,16, n? 4, et fig. 3: [?] todusq(ue) d[omus divinae ?]\ lettres de 15 cm de hauteur. 77 Peyras 1988-1989, 17, n? 5 (AE, 1990, 1033a): [FJabbatia Ian[u]aria pia vixit ]a]nnis LXII. O(ssa) t(ibi) b(ene) q(uiescant) et <t>(erra) l(evis) s(it); l'?pitaphe, sans formule initiale, est grav?e sur un caisson qu'il croirait volontiers h?rit?, ici, des bazinas nombreuses dans la r?gion (Peyras 1991,236). 78 Supra, n. 22. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 239 les textes, caisse commune, pour proceder sur le site 'a un reamenagement dont temoignent aujourd'hui les deux autels 'a Caelestis et a Neptune. La presence de la source explique la situation excentrique du sanctuaire, et le patronage de Neptune; on s'etonne un peu de constater que le culte de cette divinite etait inconnu jusqu'ici dans le Haut Tell, malgre l'abondance des sources, et des sources captees, notamment dans les Hedil79. En revanche, si Caelestis est attestee pour la premiere fois 'a Siviri, elle possedait, sous les noms de Iuno-Caelestis, un modeste sanctuaire dans le voisinage, a Hr Negachia80. Une idee developpee par G. H. Halsberghe est qu'a l'epoque imperiale le nom de la deesse a evolue: protectrice de la Carthage gracchienne sous le nom de Junon, puis de Junon-Caelestis pour marquer l'identite reelle de la divinite et son africanite, elle prit peu a peu, dans une evolution que l'on suit depuis le milieu du Iie siecle et qui s'acheva au debut du Ille, le seul nom de Caelestis81; par suite, on trouverait dans la dedicace de Siviri un nouvel indice pour une datation au milieu ou dans la seconde moitie du Ile siecle. L'association inedite de Caelestis et de Neptune se concoit dans la relation de chacune de ces divinites avec Saturne: d'une part il y a une parente etroite entre les attributions de Saturne et celles de Caelestis, si bien que Caelestis appara^it parfois clairement, a l'image de Saturne, comme une divinite des eaux82; d'autre part Neptune, dieux des eaux libres, fait partie du cortege de Saturne83. Conclusion Avec les trois epitaphes et un court fragment d'une inscription monumentale, les deux dedicaces 'a Caelestis et 'a Neptune de la source de Siviri appartiennent vraisemblablement 'a une courte periode - un demi-siecle environ - pendant laquelle la petite cite de la vallee de l'oued Bou Dissa connut un bref eclat. La ville a dfu vegeter ensuite assez rapidement puisqu'elle n'a pas donne naissance "a un evech 84. Un apport notable des decouvertes epigraphiques faites 'a Hr Smadih est sans doute d'enrichir sans conteste nos connaissances sur la geographie de la pertica de Carthage. Avec Sicca et surtout Cirta plus 'a l'Ouest, Carthage a ete dotee d'une bonne partie de la nouvelle province creee par Auguste85. On voit 'a present oiu l'on doit encore chercher 'a completer la liste des 83 castella dans lesquels M. Caelius Phileros fut charge d'affermer les vectigalia au profit de la colonie de Carthage dont il fut edile puis prefet pour dire le droit86: au nord du Bagrada, et probablement sans interruption jusqu'a la mer (fig. 4). Annexe: autres pagi situes au nord du Bagrada L'emprise de Carthage etant, de notre point de vue, assuree dans cette partie de l'Afrique situee au nord du Bagrada, il est desormais possible de lui rattacher d'autres localites. Ici, on trouve trois autres pagi 79 Peyras 1991, en part. 412-413. Par sa situation, le sanctuaire de Siviri ?voque celui de Thignica (Ain Tounga) qui a ?t? publi? r?cemment par H. Ben Hassen (2006,76-90); situation aussi excentr?e de Neptune ? Dougga, ? l'ombre du temple de Saturne (Saint-Amans 2004,153-154). 80 AAT, B?ja, 18. Fragment d'inscription d?couvert par J. Peyras sur un bloc de 21/47 cm; hauteur des lettres 4,5 cm. Peyras 1988-1989,14-15, n? 1 et fig. 2 (AE 1990,1032c): [?] aede Iunoni Caeles[d-jiuccei Respectus ?. Les dimen sions semblent indiquer un sanctuaire modeste, de m?me que le terme aedes (au lieu de templum). Sur l'extension du culte, Bullo 1994,1602 fig. 2. 81 Halsberghe 1984,2209. 82 Benabou 1976,368-369. 83 Leglay 1966,215-220 et Benabou 1976,366 (Saturne et Caelestis); Leglay 1966,237 (Saturne et Neptune). 84 J. Peyras (1991,60) a relev? un fragment de pierre calcaire sculpt? d'une rosace ? huit p?tales, de 20 cm de diam?tre, au d?cor biseaut?, qui pourrait avoir appartenu ? un d?cor chr?tien. 85 Cf. les justes remarques de Beschaouch 1981, 122, sur cette question qui a trait ? l'organisation administrative de l'Afrique: "Le bornage de laperdca Carthaginensium, celui du territoire de Sicca et de ce que nous savons de l'?tendue de Vager Cirtensis montrent que, pendant les deux premiers si?cles, ? tout le moins, le nord de la Proconsulaire (Africa v?tus et Numidie) ?tait r?parti, en gros, entre les territoires de trois grandes colonies juliennes: Carthago, Sicca Veneria et Cirta". 86 CIL X 6104 = ILS 1945. Sur cette inscription, cf. Gascou 1984; Fishwick 1996, en particulier, 33-34 et plus r?cemment Aounallah 2006. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 240 S. Aounallah - L. Maurin auxquels il convient peut-etre d'ajouter Vaga avant la promotion de celle-ci au rang de colonie par Septime Severe. Chiniava, si l'on suit H.-G. Pflaum87 et plus recemment A. Beschaouch88, etait peut-etre une commune double du type pagus et ciuitas, mais son cas ne saurait etre resolu en I'absence de documents plus explicites89. 1 Le pagus Thunigabensis - I1 se trouve 'a environ 25 km 'a l'ouest de Siviri ; un fragment d'inscription le localise au lieu dit Mn el Abed90. Nous ignorons si une ciuitas Thunigabensis existe a cote. I1 est represente 'a la Conference de Carthage de 411 par son eveque catholique, Niventius Thunugabensis91. 2- Le pagus Trisipensis - A l'ouest du pagus Thunigabensis, ce pagus est signale par deux inscriptions decouvertes dans deux endroits differents. La premiere92, incomplete, est gravee sur une base en calcaire trouvee au lieu-dit Kef Terjba, a environ 45 km au sud-est de Thabraca93. L'autre, presque complete et identique 'a la premiere par le contenu du texte, mais gravee sur une colonne, provient d'Ain el-Hammam, a environ 24 km au nord-ouest de Kef Terjba94. Pour Pierre Quoniam c'est 'a Kef Terjba qu'il faut situer le centre de ce pagus et non pas 'a Mn el-Hammam oiu les ruines sont celles de thermes antiques; il s'appuie surtout sur le fait que le toponyme Terjba, "qui ne signifie rien en arabe, semble bien etre la deformation de Trisipa"95. On ne sait, pour le moment, expliquer ce double hommage96 rendu 'a Caracalla. S'agit-il d'un pagus qui n'etait pas d'un seul tenant, comme le suggerent P. Quoniam et J. Gascou97, ce qui laisse penser que differentes copies de l'hommage etaient affichees dans ses principaux centres ? I1 est possible aussi que l'inscription de AMn el-Hammam ait ete transportee a partir de Henchir Terjba, car la distance de 24 km entre les deux inscriptions, si elles ont ete reellement trouvees in situ, convient mieux a un pagus de stipendiaires regroupant plusieurs localites98, qu'a un pagus, district d'une colonie. Nous ignorons si une ciuitas du meme nom existe a proximite. Ce pagus est represente a la conference de Carthage en 41199 et en 646100. 3 Belalis Maior - Au sud-ouest du pagus et de la ciuitas Siviritana, Belalis Maior est localisee par l'epigra phie dans les ruines de Henchir el-Faouar, a environ huit kilometres au nord-est de Beja, l'antique Vagal'l. 87 Pflaum 1970, 83. 88 Beschaouch 1999,106. 89 ?tat de la question dans S. Aounallah, ? para?tre. 90 AAT, fe. 18 (B?ja), site n? 13. Cf. CIL VIII14445 et ILPB, 164 : ? [Aujgustae s[acrum], [p]agus Thunigabensis. 9* Mesnage 1912,100; Mandouze 1982,782: episcopus Thunugabensis. 92 AE 1955,127, d'apr?s Quoniam 1953,150-151. 93 AAT, 19, Zaouiet Medien, n? 110. 94 AAT, 19, Zaouiet Medien, n? 3; description du site par R. Cagnat, BAC, 1901,111: "ruines de m?diocre ?tendue, grou p?es aupr?s d'une source ti?de l?g?rement sulfureuse"; CIL VIII 25485 - Imp(eratori) Ca[es(ari)] M(arco) Aurelio Ant[onino Aug(usto)] pontifici m[aximo pjrincipi Iuven[tutis], Imp(eratoris) Caes(aris) L(ucii) Septimfi Seuejri PU Pertina[cis] Aug(usti) Parthici A[ra]bici Adiabeni[ci] pontifiicis) Maxim[i fiilio] pagus Trisipen[sis] d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) [p(ublica)]. 9^ Avec anticipation de la voyelle d'appui de la liquide *r comme dans Thabraca > Tabarca (nous dit J. Desanges). 9^ On doit toutefois noter que l'inscription de Henchir Terjba n'est visible qu'? partir du nom de Septime S?v?re et que la restitution fiilius) apr?s Maximi n'est pas la seule hypoth?se ? envisager: ? L. Sepftimi] S[everi] PU ... Perti[nacis] A[u]g(usti), Parthici, A[rabi]ci, Adiaben[ici] pontif. maxi [mi f. ?] pagus Trisipe[nsis] d. d. [p]. Rien n'indique donc que Cara calla soit vis? par le pr?sent hommage. 97 Quoniam 1953,150-151: "ce document fournit un second renseignement, non moins pr?cieux: il montre que les terres d'un pagus ... pouvaient, dans certains cas, ?tre dispers?es et s?par?es les unes des autres par de grandes distances. Il est peu probable, en effet, que, dans une r?gion qui passe pour avoir ?t? en majeure partie domaine imp?rial (saltus Burunitanus), le substratum territorial ... des dues romani de Tripasa ait ?t? d'un seul tenant"; voir aussi Gascou 1972,175. 98 Sur les pagi stipendiariorum contenant plusieurs communaut?s, voire des cit?s, cf. Aounallah, 2001,32-36. 99 Mesnage 1912, 80; Mandouze 1982, 403 (Victor, episcopus plebis Trisipensis) et 1166 (Felicianus episcopus Trisi pensis). 100 Repr?sent? peut-?tre par Felix Trisipellis, selon Mesnage 1912, 80. 101 AAT, B?ja, n? 131. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 241 C'etait, selon A. Mahjoubi, une commune double du type pagus et ciuitas102. Si l'on accepte la restitution d'une inscription decouverte par lui, on doit conclure que Belalis Maior etait certainement un pagus103 qui apparaIt pour la premiere fois sous Antonin. Mais il y a lieu de rejeter l'existence d'une ciuitas en ce lieu: en effet, trois dedicaces, sans doute, contemporaines, datables de 166, concernent Marc Aurele104 et sa famille: Annius VerusI05, Lucille106 et Sabine107; elles portent la meme signature neutre d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) p(ublica), ce qui montre que nous sommes en face d'une seule commune. Une autre inscription dediee en 221 'a Elagabal, dont le nom a ete martele, est aussi signee de facon neutre par les Belalitani Maiores d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) p(ublica)108. Si l'on accepte le schema propose par A. Mahjoubi, il faudrait conclure que sous Marc Aurele Belalis etait dej"a un municipe ou une colonie, ce qui parait peu probable. La meilleure solution est de considerer qu'il n'y avait a Belalis qu'une seule communaute, un pagus. Nous n'avons aucune mention d'un municipe; Belalis est attestee comme colonie entre 326 et 331109. Son cas serait donc proche de celui d' Uchi Maius, un pagus exclusifl0. Plusieurs indices, comme la mention de l'Arnensisl l et la presence d'un personnage qui avait ete decurion et flamine de Carthagel"2, autorisent 'a ranger ce pagus dans les dependances de la colonie carthaginoise. 4. Vaga - I1 reste enfin le cas de l'oppidum ciuium Romanorum Vagensel3, situe a environ 8 km au sud-ouest de Belalis Maior, qui, 'a defaut d'etre resolu, merite d'etre discute. Plusieurs inscriptions nomment Vaga colonia Septimia114. Elle est colonie sur une inscription"15 de l'annee 197 ce qui doit signifier que Septime Severe l'a elevee 'a ce rang a une date comprise entre 193 et 197 au plus tard. Une autre inscription de 209 fait etat d'une deduction (colonia deducta)116. Son cas est tres proche de celui d' Uchi Maius, un oppidum ciuium Romanorum, transforme, lui aussi, au moyen d'une deduction, en colonie par Severe Alexandre: colonia Mariana Augusta Alexandriana Uchitanorum Maiorum117. Son statut anterieur est inconnu, mais, 102 Mahjoubi 1978,104 (suivi par Gascou 1982,212-213): "La pr?sence d'un pagus ? Beialis, o? la ciuitas existe, nous semble-t-il, m?me si elle n'est pas mentionn?e explicitement en tant que telle, par l'?pigraphie,...". 103 Mahjoubi 1978,100, AE 1978,855: [Iou]i Iunoni [Mineruae,pro salute Im]p(eratoris) Caesaris T(id)Aeli ]H]adrian]i Antonini Aug(usd) Pi]i pa[tris] patriae diui Hadriani Au]g(usd) fil(ii) [diui Traiani Parthici n(epods ?] Ianua[rius?I ? [ob honore]m m(agisterii) p(agi) templum c[apitolii ? ex ?s]esterd(um) ampliata a [se pecunia ?]. Voir aussi AE 854: ? ]?]ius, L. Sc[andus ??] lanuarius [?] ob honorem ma[gisterii]. 104 CIL VIII 14435: Imp(eratori) Caes(ari) M(arco) Aurelio Antonin[o] Aug(usto) Armeni/aco p(ondfici) m(aximo) tr(ibunicia) p(otestate) XVIIII imp(eratori) III co(n)s(uli) III d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) p(ublica). 105 AE 1978, 839, en 166. 106 AE 1978,840. 107 AE 1978, 841. 108 AE 1978,842. 109 CIL VIII14436. Cf. Gascou 1982,212-213. 110 On peut m?me se demander si les Belalitani Minores ne sont pas dans le voisinage, comme le sont les Uchitani Mino res qui se trouvent au voisinage des Uchitani Maiores, cf. Aounallah 2006. 111 AE 1978, 849, 850, 851. 112 AE 1978, 853, partie sup?rieure d'une base: Thermestino Crescend Caeciliano, decurioni CCIK,fl.pe[?] ?. 113 Pline l'Ancien, HN., 5.29; Salluste, Jug., XVLII, 1, nous apprend que de nombreux marchands italiens y r?sidaient ? une ?poque ant?rieure au r?gne de Jugurtha. Cf. Desanges 1980, 298-299. Sur Vaga, et sa probable appartenance ? Y Africa v?tus, cf. Di Vita-Evrard 1985, 38-45. 114 CIL VIII14395 = 1217; 1222; 21995. 115 C/L VIII14394= 10569. 116 CIL VIII 1217 = 14395, cf. aussi AE 2002, 1679. Sur cette inscription cf. le juste commentaire de Gascou 1972, 168-172. 117 Nombreuses inscriptions: cf. CIL VIII, 15447 = Uchi Maius 2,59-62, n? 3 (ciuitas Bencennensis:... quod indulgencia] Augusti nostri colonia Alexan[d]riana Augusta Uchi Maius lata honor ataque sit...); CIL VIII, 26262 = AE 2001,2086 = Uchi Maius 2, 147-153, n? 44 ([colonia Alexandriajna Aug(usta) Uchi Ma[i]us sub eius nomine auspicioqu[e] deduc?a ...); CIL VIII, 15450 = Uchi Maius 2,166-169, n? 52 (respublica col. Marianae Aug. Alexandrianae) etc. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 242 S. Aounallah - L. Maurin s'agissant d'un oppidum ciuium romanorum, on peut hesiter entre le statut de pagus et le statut de municipe romain, comme c'est le cas du pagus d'Uchi Maius et du municipe julien d'Utique118. Une inscription gravee en l'annee 2 avant notre ere nomme un tribule de l'Arnensis qui construit 'a ses frais une aedes de Tellus19; la mention de l'Arnensis est importante puisqu'elle suggere un lien evident avec Carthage. Un fragment epigraphique signale Carthage apres la constitution de la colonia Septimia VagaI20. Enfin, un demier document merite d'etre verse 'a ce debat. C'est un hommage 'a M. Julius Maxi mus qui a gere une carriere municipale complete 'a Vaga: adlecte parmi les decurions, il fut edile et pretre de l'annee 14, prefet pour dire le droit, duumvir, duumvir quinquennal puis enfin flamine121. Evidemment c'est l'annee 14 qu'il convient d'expliquer. L'ere des Cereres nous renvoie 'a une date tres precoce et impossible 'a proposer pour ce document; il ne peut s'agir non plus de la pretrise provinciale, inauguree par les Flaviens, qui ne convient pas 'a un magistrat en debut de carriere municipaleI22. I1 y a lieu donc de se toumer vers une datation locale, en ce cas celle d'une pretrise nee 'a la suite d'un evenement concernant la commune, comme l'a ete la pretrise des Cereres en rapport evident avec la fondation de la colonia Iulia de Carthage. L'annee 14 peut donc rappeler la naissance de la colonie entre 193 et 197, ce qui nous situerait entre 207 et 21 1, ou encore la deduction de 209 qui s'en est suivieI23, ce qui nous placerait en 223. Cette datation locale se rencontre sur deux ex-voto a Saturne decouverts dans les environs de Beja et graves en l'annee 15 et 65124 ainsi que sur deux autres bases 'a Saturne trouvees 'a Chul, dans le Sud du Cap Bon, et dont il a deja ete question; elles sont datees par un comput temporel dans une ere locale dont nous ignorons l'annee d'origine, la premiere en 91 au moins et 94 au plus tard, la seconde en l'annee 99125. Cette datation par le suf6tat annuel dans une ere se retrouve aussi 'a l'epoque du municipe, otu se rencontre une datation dans l'ere cumulee avec le duumvirat annuel126. On peut supposer que l'origine de l'ere marque le passage de Chul au rang de civitas, promotion qui s'est accompagnee par la naissance des institutions conformes 'a son nouveau rang, dans ce cas le suf6tat. A Chul, I'annus primus est donc le jour anniversaire de la ciuitas autonome par opposition 'a son ancien rang de bourgade attribuee, sans doute un ancien castellum. Le cas doit etre identique 'a Vaga, un pagus augusteen ( ?) qui est devenu colonie comme Uchi Maius; mais, d'emblee, il faut ecarter une ere qui commencerait sous Auguste avec un hypothetique municipe augusteen; certes, rien n'interdit qu'un municipe ait ete cree 'a Vaga plus tard, sous les Flaviens ou plutot sous les Antonins, mais l'inscription que nous venons de citer semble mieux convenir pour le debut du Ille siecle. La titulature coloniale de Vaga, toujours colonia Septimia, est un argument qui renforce cette 118 La ville est d?sign?e par Pline, 5.24, comme oppidum ciuium Romanorum; selon Dion Cassius, 49.16.1, huit ans apr?s la mort de C?sar, Octave "fit des Utic?ens citoyens". L'?pigraphie et les ?missions mon?taires la nomment [municipium] Iulium (cf. Desanges 1980,214-216). 119 CIL VIII 14392 = ILPB, 184: Imp(eratore) Caesare{m} Aug(usto) X[II]I M(arco) Plautio Silvano co(n)s(ulibus) M(arcus) Titurnius M(arci) fiilius) Arn(ensi) Africanus aede(m) Telluris refec(it) HNC. Pour les trois derni?res lettres, nous proposons le d?veloppement H(eredes) n(epotes) c(urauerunt). 120 CIL VIII 1220 = ILTun 1225: [?] nobilissimi C[aes(ari) ?] [? col(oniae) Conjc(ordiae) Iul(iae) Aurel(iae) Ant(oninianae) Karthaginis [?]. 12* CIL VIII 1224 = 14388: M(arco) Iul(io) M(arci) fil(io) tr?b(u) Fab(ia) Maximo, decurioni adlecto, aed[ili ac] sac(erdoti) anni XIIII, praefiecto) iur(e) dic(undo), Ilvir(o), Ilvir(o) q(uin)q(uennali) fl(amini) p(er)p(etuo), cui cum ordo splendidissimus ob m?rita eius statuam p(ecunia) p(ublica) fieri decrevisset, Q(uintus) Agrius Iulius Maximus Felix avonculo suo magno pro pietate sua dato sibi ab ordine loco s(ua) p(ecunia) fecit d(ecreto) d(ecurionum). 122 "Cette pr?trise est g?n?ralement confi?e ? un personnage en vue ..., qui a accompli le cursus des magistratures, a souvent exerc? le flaminat municipal et peut appartenir d?j? ? l'ordre ?questre" (Lass?re 2005,628). 123 C'est aussi le point de vue de Z. Ben Abdallah 2000,1508. *24 AE2000,1739: Saturno Aug(usto) sac(rum), Caecilius Salus sacerdos uotum sol(uit) lib(ens) ani(mo), Ann(o)XV; AE 2000,1740: Saturno Aug(usto) sac(rum), L. Cornelius Verna, uotum soluit lib(ens) animo. Ann(o) LVI. ^5 AE 1992,1805: Saturno Aug(usto) sacr(um); civitas Chul, sufet[atus] C(ai) Lepthini et Mani[-] Senti, anni LXXXXI [?]', AE, 1992,1806: Saturno Aug(usto) sacr(um), civitas Chul, sufetatus T(iti) Trebelli Saturnini etM(arci) Cornell Honorati Iuliani, anni LXXXXVIIII. Sur ces deux inscriptions cf. aussi Aounallah 2001,293-294. 12^ Renseignement oral de A. Beschaouch (d'apr?s une inscription encore in?dite). Ainsi, l'ann?e du duumvirat est addi tionn?e ? la premi?re ann?e du suf?tat. This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 243 solution puisqu'elle ne signale aucun bienfait imperial anterieur comme le feraient, par exemple, les titres de Iulia Septimia ou Aelia Septimia etc. Enfin la deduction de 209, qui signifie bien un accroissement de la population civile et citoyenne, soit par le biais d'une deduction effective, soit plus logiquement par un agrandissement du territoirel27, ce qui revient au meme, cadre parfaitement avec notre raisonnement et avec la definition que donne Isidore de Seville128: "vici, castella et pagi ne sont en rien pourvus de la dignite de cite, mais sont habites par un simple groupement d'hommes et, 'a cause de leur petite taille, ils sont attribues 'a des cites plus grandes". On comprend peut-etre mieux pourquoi certains oppida de citoyens romains apparaissent comme des colonies (comme Simitthu, Assuras ...) et des municipes (comme Utique), d'autres, au contraire, seulement comme des pagi: les premiers devaient avoir une population citoyenne nettement plus nombreuse que les seconds. C'est, 'a notre avis, une raison qui explique le net retard dans l'affranchissement de certains oppida ciuium Romanorum et plus generalement des pagi, ainsi que la necessite, parfois, de recourir 'a une deductio lors de la promotion, comme cela a ete justement le cas 'a Vaga et 'a Uchi Maius. Bibliographie AAT = Babelon E., R. Cagnat et S. Reinach, Atlas arch?ologique de la Tunisie, premi?re s?rie au 1/50.000% 15 livraisons, Paris, 1892-1913. Amandry, M. (1988): Une d?dicace ? Saturne de la civitas Chul, BSAF. Aounallah, S. (1992): Une nouvelle inscription de Vina, in: U Africa romana, 9, Sassari, 299-318. Aounallah, S. (2001): Le Cap Bon, jardin de Carthage. 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HrAotiine na, *0 Hr Kodia/l Burc, <5igli aLrs (irta Mascuiltill T rhugga * Limisaeo 0Sivali * Volubilis Maco 00Vazi * Cisitas Se... aiSarra SJUani el Ad/slzri (iadsautfal *S1 *Themetrfa) Mactarls Althibujros HAI)RUMETIM ihesnetra {'apsa, S (*po Gor Taphrura o T'huburbo Maius Sululos SO0 Biracsacar * Avitta Bibba . 0 Tepelte Thabbora Apisa Minus * Lsesei Aradi S Thibicaae Thaca * Csits sofris * Sucubi SRbca * 0 Cisc a snagi.ssri Thapphugaba Apisa Maius A Cis aiprisLes Ma *Gales Oe * Sabratha Abbir 0 10 20 km " 50 ) k ( ? Germaniciana L _ _ _ Fig. 3. Les magistratures autochtones dans les cites per6grines d'Afrique proconsulaire (fond de plan Th. Belkahia et G. Di Vita-Evrard) Mli s Pagus e cirita t'riiiabni Pagus SiVE,, iChinia1;-va/. rt a-oo 1I" 0 1"t' l , : , 0 ?iv, P zsi;vf excinsif 0 /~~~~~~ "T IhsipgnibbsuZe*??',;," ' "1"" / O, gr / - "PXj X *agiss de sdteansl/ ; oo - ><f1 1IL,,t4 /- _ _ _*,/1 . . . . . . o........" '7~~~~~~~~~~~~~~~t O'li /? -\ 'I, a / 0re bei-51 - P"--/l 0 -; ' 'I, 0 ica o 0 /~~~~~~~~~ / El/0Ogba/ O O~~~~Uciiu 0 Llh ,iait- _3 OTraafi/ possibles0 a/ lgl' I 0 5 1 0100k municipaux dans 1'Afrique poosua reaui d Fig.il 4. Les pagi ,~~~~~~~E ' Fig.4. er pag huiiaux daslArqepooslieaxdu rmesselspC This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 248 S. Aounallah - L. Maurin I~~~~~~~~ / Fig. 5. Siviri. Dedicace a une divinite inconnue (37 p.C.) Cap Sefrat 0~~ 0 Garetcheu ,har el num58 Gunb 0 felBiate HrelHara Hr Ureu S'~a-ber SI Bk e Thngb _, f SIVIRI Ouao(ciBllset 0 F 5(l~~~4 * 477 ''- / H BirBozf El Fa r CElhKera Behaia \6halrbel /Fa?,s JwA3 558 Guennbab 0l 5l 10 kmMembrelaa 60Mei ouovh 8 575~~~~~~~~~~~~6 Ouraos,Me el Bau set Belalis Major z aBilt ' V / ~~~~~~~~~~o t/ Vaa atiue Fi.6 (iiidn l Nrd-Estde aTis / WJ !~~~~~ Uccula K.sar 698 This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Pagus et civitas Siviritani 249 Gfe,61 H -.533 EDIL jl,el - ' BEJA '7 s HEDtL BJ carri~m~captage antique 348 '~Hr Smadih 341 39% Source,-I tig y8 Habitat moderne, cimeti,e. fnarabout A Ruines ro2naines Route, piste 0 I2 km -~~~~~~~~~~~~~3 Source Fig. 7. Topographic du site d'Hr Smadih (fond: Carte topographique au 1/50 000e, complit/e en 1932, feuilles des Hedil, au nord, et de B6ja, au sud) | I | S. lg 11_ 1~~~~~~~~317 This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 250 S. Aounallah - L. Maurin _~~~~~~~~~_~~P capiage Fig. 9. Vue d'ensemble de la zone situ6e au nord-ouest de 1 agglomeration antique, At droite, 1'emplacement du captage *~~~~~~famn incrt 3=__ La g constucto r'etngumlae det leasi do e sitee to de nor eauesot de s l aglmernagementsiruent Figi. 10. Le captage, vu du nord. Maconnerie et blocs antiques eDpars parmi lesquels se trouve encore le This content downloaded from 157.89.65.129 on Thu, 23 Jun 2016 22:21:45 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms