Bulletin de la Société entomologique de France, 103 (5), 1998 : 415-442.

Premiers états et plantes-hôtes de huit espèces & Euptera du Cameroun (Lepidoptera, Nymphalidae)

Longtemps resté un des plus mal connus parmi les Liménitines africains, le genre Euptera Staudinger, 1891, a fait récemment l'objet de révisions qui ont porté d'une dizaine à 29 le nombre des espèces (Amiet, Chovet & Libert, 1993, Libert, Chovet, Collins & Amiet, 1995, Amiet, Chovet, Collins & Libert, 1998). A l'exception d'une seule, E. kinugnana (Afrique de l'Est), toutes ces espèces se localisent dans la ceinture forestière qui, de façon plus ou moins continue, s'étend de l'ouest de l'Ouganda et du Kenya jusqu'à la Sierra Leone et au sud du Sénégal.

La relative rareté des imagos -certaines espèces sont connues par moins d'une demi-douzaine de spécimens -permet de comprendre que les premiers états soient restés pratiquement ignorés jusqu'ici : seul VAN Someren (1939) a décrit la larve et la nymphe d'une Euptera, identifiée comme E. elabontas, mais qui pourrait être aussi E. pluto primitiva car il confondait les femelles de ces deux espèces (Libert et al ., 1995).

Les huit espèces camerounaises que j'ai élevées représentent moins de la moitié des espèces répertoriées sur le territoire (19), mais elles appartiennent à 6 des 8 groupes d'espèces reconnus dans le genre (Amiet et al., 1998). La comparaison de leurs stades pré-imaginaux permettra donc de dégager des caractéristiques communes à tout le genre, point de départ nécessaire pour montrer ses relations phylogénétiques avec les autres genres de Liménitines. Par ailleurs, la découverte de leurs plantes nourricières met en évidence une relation proba¬ blement exclusive avec la famille des Sapotacées. Ce fait sera largement développé, car il permet de mieux comprendre la distribution des espèces d 'Euptera, aussi bien à l'échelle des habitats qu'à celle de l'ensemble de la zone forestière équatoriale. Enfin, une place sera faite ici aux premiers états des Pseudathyma : une espèce camerounaise a pu être élevée, et les données ontogénétiques ainsi obtenues éclairent les relations entre les deux genres.