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LE MONDE DES PLANTES

REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

ORGANE DE L'ACADEMIE INTERNATIONALE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE


« J'ai vu Dieu, j'ai vu son passage et ses
€ traces, etje suis demeuré saisi et moet d'admi-
« ration. Gloire, honneur, louange infinie I
« Celui dont l'invisible bras balance l'univers et
« en perpétue tons les êtres. » LINNL.

Lt MONDE DAS PLANTAS

REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

ORGANE DE L'ACADÉMIE INTERNATIONALE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE

DIRIGÉE PAR

M. H. LÉ VEILLÉ

TOME II

LE MANS

IMPRIMERIE EDMOND MONNOYER

12, PLACE DES JACOBINS, 12

1893
2e AxvgE. No 13 ter OCTOBRE 1892.

LE MONDE DES PLANTES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

Nous rappelons à nos abonnés qu'avec le présent


numéro commence Ia seconde année du Monde des
Plantes et qu'en conséquence ils doivent renouveler
leur abonnement. Nous les prions de le faire dans le
plus bref délai possible pour éviter des frais toejours
coi teux de recouvrement.

Ce qui constitue un botaniste.


Peut-être vous êtes-nous demandé souvent, chers lecteurs, ce
qui constituait un botaniste, en d'autres termes, a quelles condi-
tions ron pouvait s'airoger ce titre. Vous vous êtes peut-être dit
qu'il fallait connaltre a fond tous les secrets de la structure et de
la vie des plantes, qu'il fallait approfondir les lois de la nomencla-
ture et de la classification, ou qu'ondevait tout au moins connaltre
les noms des diverses fleurs. Oui it faut un peu de tout cela. Mais
ii faut avant tout et par dessus tout deux qualités. Ces deux quali-
tés qui sont de l'essence même du botaniste sont : le feu sacré et
le coup d'ceil.
J'appelle feu sacré cette passion qui non seulement pousse le
botaniste a étudier, a herboriser, mais qui le conglutine pour ainsi
dire a la botanique, qui fait de cette science la compagne insépara-
ble de celui qui s'y est adonné.
J'appelle coup d'ceil cette faculté qu'a le botaniste de se rendre
compte de l'étendue et des limites de sa science favorite, lont ii
embrasse le domcine d'un coup d'ceil. J'appelle également ainsi la
qualité qu'a le botaniste herborisant de juger e la fore d'une
région et d'en découvrir les espèces rares.
Si, maintenant, a ces qualités s'ajoute un ;travail assidu et quel-
ques voyages, le tout accompagn6 d'une raison puissante qui se,,
T. II. I
-2
plait dans la recherche éminemment scientifique des causes, ons a
le savant. Tels furent des botanistes comme de Jussieu, de Can-
dolle, Tournefort, Cosson, etc. '
Si, en outre, Dieu a départi à un homme le génie qui comprend la
hardiesse des conceptions et ce que j'appellerai la science de la
synthèse secondée par une initiative hardie, et que cet homme
s'adonne a l'étude des fleurs, on a des botanistes comme tinné
dont toute la vie ne fut qu'une longue étude de ce règne
végétal qu'il a classé et dans la science duquel it est demeuré le
Maitre.
H. LÉEILLÉ.
,^:

BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE.

La culture et le commerce des fleurs dans les


Alpes-Maritimes (Suite).
Les plantes à fleurs sont cultivées sous des bathes constituées
par deschássis vitrés de 1 mètre 55 de long sur 1 mètre 35 de
large et couvrant deux mètres carrés ; d'autres foie eiles sont sim-
plement recouvertes de paillassons maintenus par des montants
extérieurs a la hauteur des plantations. Suivant l'exposition des
terrains et les espèces cultivées, les deux modes sont emp ^yés, à
moins que la culture ne se fasse en plein air sans le secours d'aucun
abri. Le nombre de chassis a fleurs qui se sont élevés dans l'espace
de quelques années est considérable. 11 y a, par exemple, actuel=
lement, dans les environs de Nice, un chiffre appromatif de
160,000 chassis ou panneaux de báche, couvrant 320,060 mètres
carrés de surface cultivée; on en compte, a Antibes, environ
50,000 couvrant 100,000 mètres carrés. Ce dernier canton en a
proportionnellement beaucoup, mais i1 est vrai de dire que c'est
celui de la région qui emploie le plus de verre pour ses cultures
florales. Cannes, qui en a relativement peu, a encore 200,000 mè-
tres carrés soils verre. La situation exceptionnelle qae cette der-
— 3 --
nière région présente, permet aux cultivateurs de compter sur de
bons résultats en n'utilisant que les seuls paillassons. En mettant
25,000 chassis au golfe Mau, on volt que ces quatre centres seu-
lement utilisent déjà un total approximatif de 335,000 chassis
vitrés couvrant une surface de 670,000 mètres carrés.
Ces fleurs de choix sont généralement cultivées sous verre; ce
sont la rose et l'ceillet. Les fleurs ordinaires, le réséda, la giroflée
blanche et quelques plantes bulbeuses sont laissées en plein
champ, a ciel ouvert, et garantis la nuit, seulement si la nécessité
s'en fait sentir, par des séries de paillassons. Mais, même de cette
facon, la rose et l'oeillet fleurissent partout en décembre, donnant
évidemment de moms beaux produits -- a conditions égales —
que les plantes couvertes et soumises a une température plus
élevée et moms sujettes a variation. Beaucoup de cultivateurs qui
ne penvent faire face a des dépenses considérables pour l'établis-
sement de báches verrées ont ainsi leurs roseraies et leurs champs
d'oeillets dont les fleurs sont un peu plus tardives et moms belles
quand les conditions climatériques ne sont pas exceptionnelles.
Il faut tenir compte que les frais d'installation de ces chassis
reviennent a une moyenne d'environ 8 francs le mètre carré, et
que tel cultivateur qui veut employer a ses cultures 2000 chassis,
— ce qui n'est pas rare -- couvrant 4,000 mètres de terrain, a
déja a faire de ce chef une dépense de plus de trente mille francs.
Nous prendrons, comme exemple d'installation d'une plantation,
celle d'un des principaux cultivateurs -- exportateurs d'Antibes,
qui a également a Cannes, une succursale pour l'exportation et la
verste, mais qui est devancé, a Cannes et a Nice par des spécia-
listes plus importants.
M. Carriat emploie à ses cultures, sur le chemin qui mène au
Cap, 2,400 chassis répartis en des báches de 6 mètres sur 3 mè-
tres de large. Les roseraies de Mare'chal-Niel se dressent sous une
quadruple série de báches de 50 mètres de longueur sur 24 mè-
tres de Iargeur. D'aulre part, l'ensemble des chassis à oeillets
couvre une surface de 4,300 mètres carrés, soit cinq séries de
báches ayant 42 mètres de long sur 31 de large. On peut dire que
les deux groupes ne constituent qu'une seule et même serre de
2,500 mètres carrés, car les séries de báchescommuniquent toures
entre elles sur une même surface, sans interruption. Les plans
vitrés opposés se rencontrent intérieurement a 50 oir b0 centimètres
de terre pour établir des passages extérieurs destinés aux travaux
de la pose des paillassons et des réparations, s'il y a lieu. Disons
en passant qu'ici et là les montants de l'édifice sont utilisés -- ce
qui a lieu partout — a supporter des plants de tomates et quelques
autres primeurs.
Tout ce système de chassis est démontable et portatif. Les
báches sons ouvertes, le matin, a la pantie inférieure, ou demeu-
rent fermées suivant le temps et la température, car it est évident
que, tout en tenant compte des conditions atmosphériques, on y
doit gander le plus de chaleur possible. Comme règle, le thermo-
mètre ne doit pas descendre, la nuit, au-dessous de + 2°. Il y avail,
au momentoir nous la visitions, le ter janvier, les chassis étant tous
ouverts, 24°centig.Quandla température de nuit menace de descen-
dre au-dessous de -F 2 0, on chauffe a la fumée au moyen d'un four-
neau alimenté extérieurement au bois et communiquant à la prise de
chaleur, avec 2 mètres de tuyau de fonte, continués par 23 mètres
de larges tuyaux en terre réfractaire qui s'ouvrent environ à mi-
chemin de la roseraie.
Le soir, les chassis se recouvrent de paillassons, soit pour les
faire sécher, quelquefois, soit pour empêcher, autant que possible,
la déperdition de calorique.
Enfin, comme utilisation des baches inoccupées, on fait la (raise.
Les grandes serres a ceillets sont chauffées au thermo-siphon,
système Drovet. La chaudière, composée de 400 mètres de tuyaux
de fonte de 0 m 10 de diamètre est établie extérieurement,chauffée
a la houille et envoie l'eau chaude circuler, sous les serres, dans
une double rangée de tuyaux de fonte jumeaux qui les parcourt
dans toute leur longueur. L'eau arrivant par une rangée qui se
divise pour atteindre les extrémités opposées, retourne ensuite,
refroidie, a la chaudière, également par deux branches op-
posées.
_5_

Les multiplications se font en Belles vitrées très basses ou sous


des chassis ordinaires. Les ceillets, par exemple, soit pour le ser-
vice de la plantation, soit pour la vente, sons divisés en planches
de chacune 1,000 pieds.
(A suivre). ÉMILE DESCHAMPS.

MÉDECINE
Les plaates curieuses, utiles et médicinales
de 1'Inde (Suite).

JEgle Marmelos Con..


Les fleurs de cette Aurantiacée donnent un parfum exquis. Les
graines mêlées au ciment donnent une grande solidité aux cons-
tructions.
L'écorce est donnée en décoction dans les palpitations de coeur
et les feuilles dans l'asthme.

Ficus bengalensis L.
Cette magnifique Urticacée est non seulement un arbre d'orne-
ment mais encore un arbre d'une utilité incontestable. Le buis,
contrairement a ce que nous anions cru jusqu'à présent, est em-
ployé dans les constructions. Les fruits et les feuilles sont comes-
tibles. Cet arbre, mains toutefois que le Ficus religiosa L., donne
la gomme laque qui résulte, on le sait, de la piqure d'un insecte
bémiptère, le Coccus lacca. Le suc des nouvelles feuilles et des
bourgeons calmeles maux de dents.

Anisomeles malabarica Br.


L'infusion aromatique des feuilles de cette Labiée est employée
pour combattre les catarrhes et les fièvres intermittentes. L'huile
qui résulte de la distillation de la planre sert contre les rhumatis-
mes. Il suffit de se frictionner avec eetre huile. Les feuilles, ton-
jours en infusion, sont ordonnées dans les coliques, les indigestions
des enfants et dans les fièvres qui sont la suite de la dentition.
--6—
Ipomaea pes-caprae Sweet.
Cette Convolvulacée qui est toute mucilagineuse est employée
contre les rhumatismes et contre les douleurs d'entrailles.

Aloe littoralis Ken.


Cette Liliacée est réfrigérante. La pulpe bigin lavée et saupou-
drée de sucre est comestible. Les fibres que fournit cette plante
servent a faire des cordes, des nattes, et même des tissus.

Borassus flabelliformis L.
Il y aurait beaucoup a dire sur ce Palmier auquel un poème ta
Nous-moulatriben èscoidérablepts.
nous bornerons h quelques-unes. Le suc qui s'écoule des cicatrices
des spadices donne la boisson nommée Toddy. L'albumen du
fruit demi -mur est comestible. Les feuilles servent a faire des li
sur lesquels on écrit comme autrefois on écrivait sur les-vres
papyrus. J'ai vu dans l'Inde des bibliothèques entières en feuille de
Palmier. On fait aassi avec les feuilles, des éventails, des nattes,
des Paniers, des parasols. Les fibres des pétioles et des feuilles
servent a fabriquer des cordages.
Le stipe sert a construire des cases et les feuilles
I à les couvrir.
La pulpe du fruit sert contre les maladies de hi peau. On prend
le liquide renfermé dans le fruit non encore mur pour arrêter le
hoquet.
Mimosa rubicaulis L.
Si l'on boit le suc de cette plante pendant une quarantaine de
jours, it guérit les mouvements de bile et remédie a l'appauvrisse-
ment du sang. Appliqué sur les plaies ce même suc les guérit au
bout d'une semaine.

Azadirachta indica Juss.


Cette Méliacée est très employée dans 1'Inde. Le cataplasme de
feuilles tendres préparées dans l'huile de sésame guérit les clous et
les furoncles. Les feuilles bouillies dans l'eau servent a laver les
ulcères et a combattre la gale.
Les cendres résultant de la combustion de l'écorcesont employées,
après lavage, contre zoute espèce de fièvres. Cette plante semble,
par sa seule présence, empêcher certaines maladies de se déclarer.

Solarium xanthocarpum Schan.


Cette plante s'emploie de la facon suivante contre les maux de
dents : on fait bailer les grafnes et on recoit la fumée dansla bouche.

Pandanus odoratissimus L.
On fait infuser les fleurs dans l'huile de sésame et on emploie ce
liquide en frictions dans la gale et autres maladies de peau. On
prend aussi contre ces mêmes maladies une tisane des racines avec
un peu de sucre.
(A suivre.). H. LÉVEILLÉ.

Melia Azadirach. L. (Suite).

La taille élevée de l'Azadirach de l'Inde, les nuances agréables


et variées de ses fleurs, l'odeur suave qu'elles exhalent, l'avantage
qu'elles ont de s'épanouir durant la majeure partie de l'année, la
persistance de ses feuilles toejours vertes, les belles suspensions
des grappes de ses fruits verts et jaunes, en un mot, l'élégance de
son port assignent une place de choix au Melia dans les parts des
pays chauds et montagneux.

III. -- DE LA CLASSIFICATION.
La classification et la généalogie du Melia Azadirach sont les
mêmes que celles du Melia Azadirachta (1).

IV. — GÉOGRAPHIE.
Cet arbrisseau ou plutót ce grand et bel arbre originaire des
Indes prospère dans toes les pays chauds et montagneux, tels que
l'Espagne, le Portugal et même dans les provinces méridionales de
la France. Il réussit en Amérique comme dans son pays natal ; mais,

(I) Cf. n° 8, p. 134.


_g._.

en Europe, dans les pays froids, la plante ne donne aucune idée


de ce qu'elle est dans les pays chauds ou elle jouit de tous les avan-
tages que le Créateur lui a départis.

V. — USAGES ORDINAIRES.

Moins solide que l'Azadirachta, l'Azadirach est fréquemment


planté le long des allées, des promenades et des routes. Ses noyaux
servent en Italie, en Espagne et en Portugal, a faire des chapelets.
Dans certaines parties de l'Inde, on en fait des colliers montés en
or ou en argent. Les religieux païens les portent simplement au
con ou a la tête, a défaut de colliers ou de chapelets en bois de
Santal (Santalum album L.), dans un but de préservation. Its
préfèrent toutefois les graines d'Eheocarpus, en tamoul : Ouroutira-
ethamany, qui vent dire : l'ceil d'Ouroutirane, dien destructeur
chez les Indous.l'Elaeocarpus, en tamoul Ouroutiratcha, est ainsi
nommé a cause de sa propriété de détruire les mauvaises humeurs
du corps de l'homme et de le conserver en bonne santé.
Nous avons extrait des fruits de l'Azadirach une huile bonne a
killer et qui ne répand pas de mauvaise odeur comme celle de l'A-
zadirachta.
Cette même huile nous a servi a préparer un médicament.
Nous croyons que l'on pourrait aussi extraire des fruits du Melia
Azadirach une eire propre a faire des bougies qui pourraient Bonner
beaucoup de lumière.
Il serait done important de cultiver le Margousier dans toutes
les régions plus ou moins chaudes ou it pourrait devenir une nou-
velle source de commerce.
On place dans les armoires et les bibliothèques des feuilles, de
l'écorce ou des ravines de Melia pour en écarter les insectes.
Cette plante est cultivée pour l'agrément et la bonne odeur de
ses fleurs; les habitants des Carolines ainsi que les Persans aiment
a en entourer leurs maisons.
Dans l'Inde on propage l'Azadirach par graines et par rejetons ;
mais on n'est jamais aussi sur de réussir que dans le semis naturel
opéré par les oiseaux. Dans les pays froids on le multiplie presque
.-9_

exclusivement par le semis, le mancottage et le bouturage ne don-


nant ordinairement que de mauvais résultats.
On sème les graines d'Azadirach aux moil d'aotit et de septem-
bre dans des vases remplis de terre légère mais substantielle. On
les enterre dans une couche a chassis et on les arrose fréquemment
quoique légèrement. On les place nécessairement tantót au soleil
tantót a l'air libre.
Bien que l'on prétende que les fruits de cet arbre renferment
du poison, en Amérique, les enfants en mangent sans danger ainsi
que dans divers autres pays plus on moins chauds.
Le tro p e du Margousier est employé dans les charpentes; it est
d'une grande beauté. Le bois est inattaquable par les insectes. On
fait aussi avec ce bois les cercueils des riches. Son odeur, dans les
vieux arbres, rappelle un peu celle du Santal. On le brule d'ail-
leurs comme bois de senteur dans les cérémonies religieuses de
certains Indous.
(A suivre.) A. SADA.

ÉCONOMIE

Les Palmiers (suite).


Uu des palmiers les plus répandus dans le Sud de l'Inde, c'est
assurément le Rondier, ainsi nommé sans doute a cause de son
stipe régulier et cylindrique et aussi à cause de son fruit qui
affecte la forme ronde.
Le Rondier porte aussi le nom de Palmier. C'est, en effet, pour
certains Indiens le palmier par excellence. Il existe mëme dans
le sud de l'Inde une caste qui, pour ainsi dire, s'identifie avec cet
arbre. En botanique, eet élégant monocotylédone porie le nom de
Borassus flabelliforme, nom qui le dépeint bien.
On trouve souvent des bols entièrement composés de cette espèce
éminemment prolifique.
De temps à autre on rencontre des Rondiers polycéphales ou
polyclades.
Nous en figurons un ici :
T. II. 1*
— 40

Le Borassus peut suffire aux besoins de l'homme. Ne trouve-t-il


pas, dans le suc qui s'écoule des spadices de cet arbre, une bois-
son, dans son albumen, une nourriture, dans les fibres de ses

^6 !;

^.^
'

r ^ ^,^I^^^
ry ^ , oq
^ ` 7 •-y
` V
c , t ^
.
_

BORASSUS FLABELLIFORMIS POLYCÉPHALE


(Gravure extraite du Naluralzste.)

feuilles des cordes et des fels qui, tissés, lui procureront de quoi se
vétir, dans son stipe les matériaux de sa case, dans ses feuilles de
quoi se fabriquer des paniers, des parasols et des naties pour coa-
cher. Bien plus it peut encore y trouver de quoi écrire, car les
— 11 —
segments des feuilles lui fourniront autant de feuillets qu'il pourra
réunir en volume.
Avec la noix de ce palmier il se fabriquera des vases et Fun de
ces vases lui permettra de fabriquer une petite lampe avec laquelle
il pourra s'éclairer durant la nuit.
Une simple feuille de Rondier fournira un éventail peu coilteux,
que l'on pourra enrichir de dessins et qui rendra plus de services
que les éventails les plus magnifiques qui sont le plus souvent
plus luxueux qu'utiles.
(A suivrel. H. LÉVEILLÉ.

BOTANIQUE PURE

GÉOGRAPHIE

Flore des Nilgiris (Suite),


ORCHIDÉES (suite).
Liparis Walkeri2 Graham. Cirrhopetalum nilgherrense
-- biloba Wight. Wight.
--- longipes Lindl. --- Gamblei Hook.
— viridiflora Lindl. -- Thomsoni Rook.
-- resupinata Ridley. — acutiflorum A. Rich.
Dendrobium Macrxi Lindl. Eria reticosa Wight.
— microbulbon A. Rich. — nanaA. Rich.
— chlorops Lindl. — polystachya A. Rich.
— Jerdonianum Wight. -- pubescens Wight.
-- aqueum Lindl. — pauciflora Wight.
Bulbophyllum albidum Hook. Josephia lanceolate Wight.
— fusco-purpureum Wight. — latifolia Wight.
— nilgherrense Wight.
-- tremulum Wight.
suivre). H. LÉVEILLÉ
— 42 -

ESSAI D'UN CATALOGUE CRITIQUE


Des espèces végétales qui ceoissent dans les établissements de l'Inde Française

OU CONTRIBUTIONS A LA FLORE DE LINDE FRRKAISE (Suite).

Le botaniste explorateur devrait accomplir lui-même certaines


cueillettes, surveiller ses hoormes afin qu'ils notent exactement les lo-
calités et les principales circonstances de leurs herborisations, réunir
le produit des diverses excursions, les centraliser entre ses mains et
se réserver le controle de tout le travail exécuté sous ses ordres.
Ce mode d'opération est-il possible? Nous le verrons tout á
!'heure en parcourant rapidement les obstacles moraux. Ces obs-
tacles peuvent se répartir en obstacles généraux que tout explora-
teur indépendant rencontrera et en obstacles particuliers que l'au-
teur a spécialement rencontrés.
Le premier obstacle général est l'apathie du caractère Hindou.
Les Indiens sont généralement indolents. Toute leur science en
botanique se réduit à l'étude des simples et à leurs applications. A
part quelques-uns, la masse ne sent pas le besoin des sciences
naturelles. Aussi, it y a une année à peine, un projet d'établir à
Pondichéry une Société botanique a-t-il échoué. Au bout de quel-
ques mois le fondateur de la Société eut été laissé seul et encore
eut-il du, dès les premiers temps, faire tout seul les frais des séances.
Les créoles ne sont pas moins volages que les Hindous et, en
général, ils ont peu de disposition pour les sciences. Its appren-
nent vaille que vaille les sciences naturelles parse qu'elles sont
requises pour les examens. Tant qu'aux sciences mathématiques
qui réclament la réflexion, l'abstraction, la généralisation, elles
semblent incompatibles avec l'organisation cérébrale du plus
grand nombre. Cela tient au climat et à !'influence du milieu.
Les Indiens, toutefois, ne sons pas ,aussi réfractaires à la science
des figures et des nombres.
L'absence d'auxiliaires uziles, voilà le grand écueil contre lequel
viendra se briser celui qui voudra herboriser en grand dans nos
colonies de l'Inde, surtout s'il ignore (et comment pourrait-il les
posséder foutes) les langces en usage dans nos établissements,
c'est-à-dire le Tamoul, le Maleyalam, le Canara et le Bengali.
— 13 —
A mon arrivée dans l'Inde, j'étais seul a m'occuper activement
de botanique dans toute l'Inde Francaise. Tout d'abord enflammé
d'un beau zèle, je crus pouvoir mener à bonne fin l'ceuvre de
l'herborisation a Pondichéry et je m'étais même plus ou moins
engagé a cet égard vis-à-vis du Muséum de Paris. Je comptais
sans le--s difficultés et les épreuves. Elles ne m'ont point fait défaut.
Finalement, après de longues incertitudes, voyant d'ailleurs que,
livré à moi-même et de plus surchargé d'occupations, je n'arrive-
rais a rien, je me demandais quel panti prendre. La Providence
vint a mon aide et me lira d'embarras. Jefs la connaissance d'un
homme intelligent qui, bi gin qu'avancé en Age, avait le désir d'ap-
prendre et fond la botanique. Je lui donnai des lesons. Aujourd'hui
it peut travailler par lui-même et il livre déjà au public le résultat
de ses recherches. C'est grace a lui, grace a sa sagacité et aux
indigènes qu'il a formés que j'ai pu publier ce travail. Je ne puis
moins faire que d'adresser ici publiquement mes remerciements à
1VI. Sada pour sa précieuse collaboration.
Ainsi done aujourd'hui, si l'on avail des ressources, des herbo-
risations complètes et en grand seraient possibles a Pondichéry.
Malheureusement, dans les quatre dépendances a Karikal, Mahé,
Chandernagor et Yanaon, tout est encore a créer,
II reste a toucher quelques mots des obstacles qu'a particulière-
ment rencontrés l'auteur. Ces obstacles lui sont venus du cóté ou il
pouvait le moins s'y attendre et se soul traduits au dehors par
mille tracasseries de détails. C'est ainsi qu'on a délourné de leur
but des espèces rares qu'il expédiait en Europe ; on lui a même
occasionné des peetes graves de Bommes par lui consacrées aux
études des sciences naturelles. C'est surtout à cause de cet obstacle
sans cesse renaissant que l'auteur n'a pu composer, comme il s'y
était d'abord presque engagd, l'herbier des espèces de la colonie.
Mais it vaat mieux taire ces mille petites misères qui seraient
mieux a leur place dans un livre intitulé : « les Mésaventurss d'un
Naturaliste. » Car it est préférable dans la vie de prendre les doses
par leur cóté plaisant.
Quelques mots maintenant sur les caractères généraux de la
14_
Flore de nos cinq établi,ssements et sur les régions que l'on peut y
distinguer.
La Flore que nous donnons ici est plus particulièrement celle de
Pondichéry. Nous avions déjà, sans nom d'auteur et sans indication
aucune, dressé un catalogue des espèces de l'Inde Francaise. Nous
reconnaissons l'avoir fait trop prématurément. D'ailleurs it n'a pas
été livré a la publicité.
La Flore de Karikal a de nombreux rapports avec celle de Pon-
dichéry et est a peu près semblable. Toutefois la Flore de Karikal
renferme plus d'espèces aquatiques. Celle de Pondichéry en diffère
par les plantes silicicoles des grès de Goudelour. Les Flores de
Pondichéry et de Karikal appartiennent a la Flore du Carnatic.
La Flore de Mahé qui appartient a la Flore du Malabar, ren-
ferme de nombreuses espèces aquatiques, un bon nombre d'espèces
forestières, et quelques plantes des montagnes dont la présence est
due au voisinage des Ghattes. C'est la plus riche et la plus mal
connue des Flores de nos colonies de l'Inde (1).
La Flore de Chandernagor qui est comprise dans la Flore du
Bengale diffère notablement de Celle de Pondichéry. C'est celle
dont je connais le moins les espèces Bien que j'aie pu y jeter un
coup d'ceil malheureusement trop rapide.
La Flore de Yanaon semble être intermédiaire entre celle de
Pondichéry et celle de Chandernagor.
On peut répartir les plantes de Pondichéry de la facon suivante :
1° Plantes des rizières; 6° Plantes des champs ;
2° » des lieux boisés ; 7° » des sables (bords de
3° ^, des endroits arides ; la nier) ;
40 » des places et rues; 8° » des étangs et riviè-
5° » des murs; res.
Il faut y ajouter quelques espèces parasites ou épiphytes. A
Mahé, outre ces divisions on rencontre les deux suivantes :
9° Plantes des forks ; 10° Plantes des montagees;

(1) Quelques centaines de plantes du territoire de Mahé ont été récemment


recueillies et expédiées par M. E. Deschamps au Muséum de Paris.
— 15 —
A Chandernagor on trouve seulement les divisions 2, 3, 4, 5, 6,
8. Le meilleur procédé h suivre pour se rendre compte de la Flore
de Pondichéry est de diviser le territoire francais qui entoure la
ville en trois parties : le nord, extrêmement restreint; l'ouest, le
plus important, le plus long et le plus difficile a explorer ; le sud,
d'une importance moyenne. ll reste ensuite a explorer la ville elle-
même, places et rues. Ce n'est pas là la partie la moins intéres-
sante. C'est pourtant la moins étudiée. Nous publierons plus lard
sur ce sujet un petit travail sous forme d'adjonctions au présent
catalogue.
Il ne nous reste plus maintenant qu'à commencer l'énumération
des espèces. Nous avons, pour la classification, suivi le plus souvent
la Flore de Hooker comme étant la plus complète et la plus
récen te .
(A suivre.) H. LÉVEILLÉ.

Note sur le Gingembre chinois.


M. C. Ford, directeur du jardin botanique de Hong-Kong, et
intendant des Eaux et Forêts de la colonie, vient de publier (Daily
Press du '10 juin 1892) son rapport annuel pour la partie qui le
concerne.
J'en extrais la note suivante qui tranche une question jusqu'alors
sub lite parmi les botanistes, a savoir si le Gingembre de Chine
est le produit du Zingiber officinale. Linn. ou de l'Alpinia Galanga.
Willd.
« Depuis 4887 j'ai appelé plusieurs fois dans mes rapports
annuels l'attention sur cette plante, parcequ'il y avait certains
douses en Angleterre sur l'identité de la plante qui produit le Gin-
gembre chinois.
Dans mon rapport pour 4890 je me suis efforcé de démontrer que
leGingembre dont on se sert pour faire des confitures, etc., à Can-
ton et Hong-Kong, est le produit du vrai Zingiber officinale. Linn.
et non de l'Alpinia Galanga. Willd. comme on l'avait cru par
erreur.
-16--
Le Kew Bulletin de janvier 1892 contient a ce sujet des lettres
du Professeur Percy Groom et de moi-méme qui mettent la ques-
tion au Clair. Cette controverse peut done être désormais considé-
rée comme terminée et it n'y a plus maintenant de doute que le
vrai Zingiber officinale. Linn. ne soit la source du Gingembre dont
les Chinois se servent ici pour conserves, confitures, etc. »
C. ,FORD,
E M ILE BODINIER,
provzcaire apostolique du Kouy-Tchéou.

BOTANIQUE RÉCRÉATIVE

Quelques usages pratiques de plaates de 1'Inde,

Le Hura crepitans L. est un bel arbre souventplanté dans le


jardins et parfois le long des avenues. J'ai vu a Seringapatam, dans
les états du maharadjah de Mysore plusieurs de ces arbres situés
dans l'allée qui conduit au palais de Tippoo-Sahib le héros indien.
Its auraient même, dit-on, été plantés de sa main ou de Celle de son
4
père Hyder-Ali.
Le Hura crepitans appartient a la famille des Euphorbiacées. I1
porte en francais le nom de Sablier. C'est qu'en effet son fruit a
grosses cotes et composé de plusieurs carpelles remplit avec avan-
tage l'office de l'instrument de ce nom. En fermant le grand orifice
du fruit it ne reste du cóté opposé que de gracieux petits trous qui
laissent échapper sur le papier noirci par l'écriture, la poussière ou
le sable préalablement introduit dans ce fruit de la plus grande
élégance.
Le Thespesia populnea Lam. est aussi un arbre que l'on Plante
ordinairement dans lescours, les jardins et le long des allées. Son
bois est très employé it faire des rouleaux. Le Thespesia ou Por-
ther appartient a la familie des Malvacées.
Son fruit forme une sorts de Bisque légèrement bordé. II est aisé
de le transformer en toupie. Ii suffis pour cela de faire passer par
— 17 ._

le centre du disque une Iégère tige de bois. Aussi les collégiens de


l'Inde ne manquent-ils point de se procurer ce jouet agréable et
des moins couteux.
H. LÉVEILLÉ.

Informations.
Une société qui poursuit le reboisement du sol s'est fondée a Nice sous
le titre de : Les amis des arbres. Le Dr JEANNEL a été élu président de la
nouvelle société a laquelle nous adressons nos meilleurs encouragements.

On vient de découvrir sur les bords de la mer Caspienne, dans la Russie


d'Asie, une nouvelle plante textile. Cette plante, appelée Kana f f, mesure
10 pieds de hauteur.

Deux botanistes, l'un Russe, M. TSHIHATCHEFF, l'autre Norvégien, M. SCIIU-


viennent d'être arrachés par la mort a leurs études.
BELER,

Varia.
Un arbre merveilleux.
Un correspondant du district de Dhurbunga envoie le récit suivant a
l'Indian Daily News, au sujet d'un arbre extraordinaire de ce district :
Un arbre nim, situé au village d'Arai, a quelques milles de distance du
quartier général, excite une grande émotion parmi les habitants du village
et est l'objet du culte et de la vénération d'un grand nombre. Une foule
asset nombreuse vient de villages éloignés et même du district de Mozu f-
ferpore, dans le but d'obtenir l'eau qui tombe a grosses gouttes de l'arbre
a toute heure. L'eau est pure et regardée comme un spécifique contre la
gale, les maladies de peau et les maladies intérieures. Aussi, suivant cette
opinion, on en prend journellement. La foule entoure l'arbre constamment
avec des vases. La croyance générale est que cet arbre est rare et que son
eau peut être utilisée de diverses manières. Cet arbre existe depuis long-
temps, mais ce n'est que depuis quelque temps qu'on lui connait cette
propriété. Il n'y a, en effet, que quelques jours que l'arbre donne une telle
quantité d'eau. Un témoin oculaire rapporte qu'a la partie inférieure de
l'arbre se trouve une étroite cavité située un peu au-dessus de Ia racine et
que l'eau s'écoule de la cavité en formant des espèces de sources et de
ruisseaux, tant elle est abondance. Le possesseur du sol, une femme, a placé
un gardien qui, a toute heure, veille sur l'arbre pour éviter sa destruction,
a raison du concours quotidien des visiteurs. Chacun peut prendre libre-
ment de l'eau.
— 48 _

Les Indiens pensent que le phénomène est du a quelque divinité cachéd


au-dessous de l'arbre qu'ils adorent comme une chose sacrée, ou comme
l'expression d'un pouvoir Bivin; et IL ne serail pas étonnant que les crédu-
les Ilindous en vinssent a bref délai a consacrer set arbre comme leur dieu
ou un temple du dien. Les musulmans ignorants regardent aassi l'arbre
comme le réceptacle ou le lieu de dépót de quelque saint enterré dessous.
Toutefois les hommes éclairés de ces deux classes y voient un phénomène
du aux lois de la nature et rien de plus. Cet arbre merveilleux fait l'objet
de toules les conversations dans les milieux indigénes. (Straits Chronicle-
Malacca.)
On le voit, it s'agit ici d'un Arbre et pluie, et ce qui en est rapporté ne
fait que confirmer l'explication qu'en donnait dans notre numéro de juillet
notre éminent collaborateur, M. POSADA-ARANGO. L'arbre en question est
peut-être un Sponia ou un Eugenia.

Contre l'insomnie. — Un des meilleurs remèdes est de prendre un bol


de lait sucré dans lequel on a mis, pour lui Bonner de l'arome, une noix
muscade fraichement grillée. (Indo-Europcean Correspondence.)

La population de l'Inde. — D'après le recensement de 1891, opéré dans


une seule nuit, la population de l'Inde est de 287 millions. L'augmentation
depuis 1881 est d'un peu plus de 33 millions et un tiers. Sur les 287 mil-
lions, 246 millions et demi so p t illettrés ; on compte 126.000 lépreux,
458.000 aveugles, 196.000 sourds-muets et 76.000 fous.

Formules pour obtenir un métal imitant l'argent.


lre Formule. 3e Formule.
Etain pur 5 roupies de poids. Mercure 1 roupie de poids
Mercure 1/2 Zinc t --
Jus de citron 1/4 Arsenic blanc 1 —
Jus des feuilles Etain 1 —
de coton a Arsenic jaune 1 --
fl eurs 'rouges 1/4
2e Formule. 4e Formule,
Lait d'Asclepias gigantea, 1 r. de p. Etain pur 10 roupies de poids
Cuivre rouge I — Arsenic blanc 1
Mercure 1 — Jus de citron I
Pour les quatre formules ad libitum, déposez les matières dans un
creuset. Faites-les fondre comme a l'ordinaire. Le métal obtenu est
malléable.
M. BAULEZ.
-- 19 --

Bibliographie.
Jardin botanique du Missouri. Troisième rapport annuel. 1892.
—Cevolumestd plusintéreas.I1renfmtoud'abr13planches
dont la plupart représentent des espèces du genre Yucca. Vient ensuite la
savante Revision des espèces américaines de Rumex qui se rencontrent
au nord de Mexico. Cette Revision a pour auteur le docte professeur.
WILLIAM TRELEASE . Elle est accompagnée de 33 planches.
Suit un travail de M. C.-V. RILEY sur le papillon du Yucca et la fécon-
dation du Yucca. Cette étude originale est du plus haut intérêt. 11 en
ressort que ce sont les Pronuba qui fécondent les Yucca, et qu'en particu-
lier le Pronuba yuccasella est l'agent de la fécondation chez le Yucca
f lamentosa..
Une étude sur les Prodoxus est rattachée a ce mémoire. Vingt-quatre
planches éclaircissent merveilleusement le texte : vingt et une sont consa-
crées tant au Pronuba qu'au Yucca ; deux a l'Agave Engelmanni, et une
au Parmelia molliuscula.

Michigan Flora par W.-J. BEAL et C.-F. WHECLER. Agricultural College,


Michigan, 1892. -- La Fiore du Michigan est précédée d'une carte du
Michigan. Dans 1'Introduction sont compris la bibliographie, une étude
topographique de la région, des notes sur le climat et la distribution des
espèces, une espèce comparative des arbres et arbrisseaux du Michigan
avec ceux du reste du globe, la réponse a cette question : pourquoi le
Michigan a-t-il tant d'arbres et la Grande-Bretagne en compte-t-elle si peu?
enfin, des listes de plantes particulières a des stations spéciales, suivies de
listes de plantes distribuées selon la culture et les usages divers, et, pour
terminer, une sorte de calendrier de flore avec des notions sur certaines
plantes et sur leurs propriétés.
Alors vient l'énumération des plantes indigènes, des espèces introduites,
de celles qui sont rares, qui sont en voie de disparition, des plantes natu-
ralisées, des végétaux parasites, des plantes vénéneuses, des espèces
médicinales.
Nous trouvons le catalogue proprement dit des plantes du Michigan par
ordre de families. 11 comprend 104 pages, 114 families et 1.746 espèces. Il
est suivi d'un Index qui cloture cet ouvrage particulièrement remar-
quable.
La Yuyucha par M. G. DE LAGERHEIM. Les Indiens de la République de
l'Équateur donnent ce nom au Nostoc communeVauch dont ils se nourris-
sent.

Zur Kenntniss der Tovariaceen von G. DE LAGERHEIM. Berlin, 1892.


sou* ce titre le savant professeur de Quito traite du genre Tovaria et en
particulier du Tovaria pendula Ruiz et Pay:
— 20 —

Revues.
Cosmos (3 septembre) . — La Morille A. ACLOQUE.

Le Naturaliste (t er septembre). La carline. P. IlARIOT. - Le platane,


Henri JORET. - Suites a la Flore de France de GRENIER et GODRON (suite) .
— Aristolochia pallida Wildenow. G. RoUY.

Revue des sciences naturelles appliquées (5 septembre). — Sur 1'Arau-


caria Brasiliensis, son rendement et son acclimatation en Europe et en Al-
gérie. EDOUARD HECKEL.

Revue scienti fique du Bourbonnais (aout). — Principes de topographie


botanique (suite). S. E. LASSIMONNE. -- Les Hyménomycètes des environs
de Moulins (suite). Abbé H. BOURDOT. - Les bois de sapin F. PÉROT. —
L'Elodea canadensis. G. DE ROCQUIGNY-ADANSON.

Journal de Botanique (I er et 16 aout). — Contribution a 1'étude de la


Flore du Tonkin. Liste des plantes de la famille des Rutacées recueillies au
Tonkin par M. Balansa en 4885-89. DRAKE DEL CASTILLO. - Sur tine nou-
velle Algue perforante d'eau douce. J. HUBER et F. JADIN. - Sur les sels de
l'Angiopteris evecta, et en particulier le malate neutre de calcium. E. BEL-
ZUNG et G. POIRAULT. - Les Lichens de Canisy (Manche) et des environs
(suite). Abbé HUE.

Bulletin mensuel de la Société Limeenne de Paris (juillet). — Observa-


tions sur les bulbes du Stellaster. F. HEIM. - Les paléoles du Diss.
H. BAILLON. - Sur des fleurs monstrueuses de Garotte. F. HEIM. - Sur
les faisceaux staminaux des Citrus. F. HEIM. - Le réceptacle des Fritil-
laires. F. HEIM. - Le bulbe de l'Allium ursinum. F. HEIM.
Revue generale de botanique (45 juillet). — Etudes morphologiques sur
le genre Anemone L. (fin). ED. DE JANCZEWSKI. - Recherches physiologiques
sur les Lichens (fin). H. JUMELLE. - Recherches sur la respiration et l'assi-
milation des plantes grasses. E. AUBERT. - Revue des travaux d'anatomie
végétale parus de juillet 4890 a décembre 4894 (suite). A. PRUNET .

Feuille des jeunes naturalistes (o er septembre). — Sur quelques fleurs


de monocotylédones liliiflores tétramères. CAMILLE BRUNOTTE.- Les Helmin-
thocécidies de Lorraine. Abbé J. J. KIEFFER.

La Notarisia (30 Giugno). — Complément a la flore algologique de la


Terre de Feu P. HARIOT. - Enumeratio algarum ad insulam Maltam collec-
tarum. M. MóBIUs.

Le Botaniste (20 aout). Les Maladies du pommier et du poirier. P. A.


DANGEARD.
- 21 .--
Sociétés savantes.
Académie des Sciences.
Séance du 46 aozct. — M. B. RENAULT décrit un genre nouveau de
plantes de l'époque permo-carbonifère, le Retinodendron Rigolloti. Ce
genre qui se rattache aux Gymnospermes et qui faisait pantie d'une famille
aujourd'hui éteinte est particulièrement intéressant, a cause de la gomme
et de la résine qu'il sécrétait alors en grande quantité. Selon M. Renault,
l'époque permo-carbonifère a été l'époque par excellence des végétaux sé-
créteurs de la gomme, de la résine, etc., et ces derniers produits sont en-
core reconnaissables dans les substances jaunes ou brunes que l'on rencon-
tre dans les schistes bitumineux, la houille et le cannel-coal.
Séance du 22 aout. — M. FERRAN a remarqué que le bacille du choléra,
mis en présence du lactose, produit par fermentation de l'acide paralactique
dans lequel it ne peut vivre. II en conclut que l'acide lactique pourrait ser-
vir au traitement rationnel du choléra.
Note de M. MARONNE sur une nouvelle méthode pour préserver la vigne
contre l'action des cryptogames, du peronospora, du phylloxera, etc.
Séance du 29 aout. — Etude sur l'assimilation comparée des plantes de
même espèce, développées au soleil ou a l'ombre. Il résulte de l'étude de
M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE que les feuilles d'une espèce développées au
soleil, toutes les autres conditions étant égales d'ailleurs, décomposent l'a-
cide carbonique de l'air, plus énergiquement que les feuilles développées a
l'ombre.
Séance da 3 septembre. -- M. D. CLos donne la description d'une variété
de Chélidoine a feuille de Fumeterre. Cette variété, observée it y a environ
deux siècles par MoRISSON et TOURNEFORT, n'avait pas été retrouvée depuis.
On en doft la découverte a M. P. BARTHÈS, professeur au collège de
Soréze.
Société botanique de France.
Séance du 14 mars. — Sur un nouveau genre de Diptérocarpées : Vale-
riopsis. HEIN. — Sur le Mentha Amblardii Deb. nouvelle menthe hybride.
DEBEAUX. -- Sur la conservation des herbiers. A. CHABERT.

Séance du 25 mars. -- Plantes intéressantes ou nouvelles pour la fore


des environs de Montpellier. MANDON. - Le parasite du seigle enivrant.
PRILLIEUX.

Séance du 8 avril. — Excursion bryologique a la tourbière de la Fon-


taine du Four (forêt de Montmorency). FERNAND CAMUS. - Revue critique
de quelques Polygala d'Europe. CHODAT.
Séance du 27 mai. -- Sur les canaux résineux de la feuille du sapin.
GODFRIN. - Anomalies florales du Fritillaria imperialis. D r GILLOT. —
La durée des plantes comme caractère distinctif. CLOS.
-- 22 --

Correspondanco.
Hong-Kong, 8 aoul 489,2.

Bien cher compatriote et ami,


Je ne connaissais pas encore Hong-Kong, si ce n'est pour y avoir passé en
courant lorsque je me rendais a Pékin. Mais je vous avoue que je suis dans
une jubilation continuelle depuis que j'ai sous la main et sous les jambes
la belle végétation de cette ile. Avec vela que j'ai trouvé ici un petit chef-
d'ceuvre de Flore de Hong-Kong, publié en anglais par M. Bentham. Ce
Cher livre, qui est fort complet et possède une clef analytique me rend
service et avec lui rien ne me passe inconnu de ce que je trouve dans la
montagne. J'ai déjà fait ainsi connaissance avec au moms 300 plantes nou-
veIles pour moi et dont plusieurs m'ont été de vraies révélations. Le temps
me manque cependant pour faire un herbier, mais je prends beaucoup de
notes dans Ie genre de celles de votre voyage dans les Nilgiris.
J'ai toutefois un herbier d'un milliex de plantes recueillies dans Ia plaine
de Pékin, et surtout dans les montagnes a trois jours de cette ville, autour
du monastère des PP. Trappistes. Il y a aussi un certain nombre de plan-
tes recueillies a Cháng-Hay ; mais ce pays plat n'est guère riche.
Vous me Bites que vous désireriez beaucoup un herbier de la Chine. Je
suppose que vous auriez écrit de la Chine et dig Japon si vous y aviez
pensé. Pour ce dernier pays, je pourrais vous indiquer une vraie mine de
richesses en fait d'herbier. C'est un de mes confrères, le P. Faurie mission-
naire au Yéso, dans le nouvel évêché d'Hakodaté. C'est un botaniste émé-
rite, de Ia force certainement du P. Delavay, et depuis longtemps déjà il
fait des envois réguliers a M. Franchet du Muséum de Paris ; on lui fait
une allocation annuelle ad hoc.
II a exploré toute l'ile de Yéso, et dernièrement toutes les Kouriles, un
pays vertes fort intéressant, oil it est arrivé bon premier. M. Franchet lui a
écrit que les plantes qu'il a envoyées contiennent un nombre considérable
de nouveautés, par exemple : plus de 80 Carex nouveaux et une trentaine
de Chrysosplenium. a M. Franchet, m'écrivait dernièrement le P. Faurie,
promet toujours de s'occuper de déterminer et de publier mes plantes,mais
il n'en fait rien, occupé qu'il est, dit-on, avec la ;fooce du P. Delavay. En
attendant, d'autres lui coupent I'herbe sous les pieds. »
Naturellement le P. Faurie a gardé des exemplaires de toutes les plantes
qu'il a envoyées au Muséum (plus de 3.000 espèces).
E. B.

Bruxelles,
Je pars au mois de juin prochain pour l'Afrique centrale ; je m'y rends a
l'effet d'étudier la flore congolaise, et je me ferai un vrai plaisir de vous
envoyer un petit résumé des découvertes botaniques que je pourrai y
faire.
P. D.
-23--

Académie Internationale de Géographie botanique,


Messieurs et chers Collègues, it a plu a la Providence que l'Aca-
démie, récemment fondée, atteignit en peu de temps le hombre
fixé de membres qui sont appelés a 1'honneur d'en faire partie.
Dans un mois son organisation sera complète. Il ne reste plus
qu'à se procurer des ressources soit en s'adressant aux gouverne-
ments, soit en fondant une association, une sorte de comité de
patronage des explorations scientifiques, qui en même temps don-
nerait chaque année une somme déterminée pour subvenir a la
publication de l'Atlas de géographic botanique avec texte. D'ail-
leurs, nous avons d'autres moyens de nous procurer des ressources,
et avec du temps et de la persévérance nous résoudrons ce pro-
blème comme nous avons résolu les autres.
Il me reste maintenant, Messieurs, a voos faire connaitre le
résultat des votes parvenus à la Direction, touchant les questions
soumises à vos suffrages, ainsi que les décisions prises récemment.
Je prierai Messieurs les Académiciens, spe'cialement ceux re'si-
dant en France, de bien voeloir me faire connaltre leurs avis dans
le plus bref délai possible.
RÉSULTAT DES VOTES.
M. E. DESCHAMPS naturaliste-explorateur, étranger 4 la Sociécé,
est nommé explorateur de l'Académie. M. E. DESCHAMPS a pour
objectif l'Asie et spécialement l'Inde pour le présent.
La réunion annuelle de l'Académie se tiendra a Paris durant
l'année 4 893 a une date qui sera ultérieurement fixée par le Direc-
teur de l'Académie.
Quelques votes nous sont déjà parvenus touchant le nomination
du Secrétaire perpétuel. Nous rappelons a MM. les Académiciens
que leurs votes touchant cet objet doivent nous parvenir dans le
courant de ce mois conformément a la décision du 19 juillet 1892.
DECISIONS
Par décision en date du 16 septembre 1892
L'Académie accordera le titre d'associé libre a tout botaniste
qui offrira a l'Académie son concours ou sa collaboration.
— 24 —
Le nombre des Associés libres est fixé à vingt. C'est parmi les
Associés libres que l'Académie choisira ses membres correspondants.
Toutefois un Associé libre pourra demeurer tel toute sa vie s'il se
refuse a faire pantie effectivement de l'Académie.
Les membres titulaires seront choisis parmi les membres corres-
pondants.
Les membres d'honneur seront pris soit parmi les membres
titulaires, soit parmi les botanistes e'minents jusque-là étrangers à
la Société.
Les associés libres seront nommés par simple décision du Direc-
teur sur leur demande ou sur la présentation de l'un des Académi-
ciens.
Par décision en date du 17 septembre 1892 :
Sont nommés associés libres de l'Académie Internationale de
Géographie botanique : MM. W J. BEAL et C. F. WHEELER, pro-
fesseurs au College d'Agriculture du Michigan (Etals-Unis) et
MM. 0. DEBEAUX de Toulouse et E. GADECEAU de Nantes.
Par décision en date du 18 septembre 1892, et conformément à
l'article X du Règlement, l'Académie est invitée a hommer M. Paul
DuPUIS botaniste-explorateur, étranger a la Société, explorateur de

l'Académie. M. Paul DUPUIS a, pour objectif de ses explorations,


l'Afrique. Le Directeur, H. LÉVEILLÉ.

Offres et Demandes.
M. A. SADA de Pondichéry demande des graines d'Aristolochia d'Améri-
que. Les adresser au Jardin Colonial de Pondichéry.

Petite correspondance.
M. A. T.,. et Bordeaux. — Nous publierons prochainement, sous forme de
Causerie botanique, un petit traité de botanique abordable pour tous. II
s'adressera plus particulièrement aux Bens du Monde et aux débutants.
Nous publierons aussi, dans la partie récréative, des récits de voyages
dans l'Inde qui pourraient s'intituler : Guide des botanistes aux Indes.
Enfin nous donnerons une Etude sur les arbres fruitiers de cette région.

Le Gérant du « Monde des Plantes », A. SADA.


,..._.__..,,.

Le Mans. — Typographie Edmond Monnoyer.


2e ANNÉE. Na 14 ter NOVEMBRE 1892.

LE MONDE DES PLATES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQIIE

BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE.

La culture et le commerce des fleurs dans les


Alpes-Maritimes (Suite).
Pour le lilas et le muguet on emploie des serres surchauffées
dans les environs de 30 0 au thereto-siphon. C'est au moyen d'un
registre à écran, abaissé ou relevé a volonté, que la chaleur est
maintenue a un certain point qui varie peu. Mais, à ce sujet, les
cultivateurs ne sont pas d'accord, les uns pensant qu'une chaleur
fixe et invariable est avantageuse pour la plante, les autres — en
biera petit nombre -- estimant qu'il faut donner artificiellement au
végétal un milieu se rapprochant le plus de l'état naturel atmos-
phérique qui est de varier, même en été, dans une proportion assez
sensible. Cette dernière opinion parait assez rationnelle; mais la
solution définitive de cette question sortira de la pratique, non
une pratique générale pour tous les genres de plantes susceptibles
d'être ainsi forcés, mais pour chaque espèce en particulier qui
jouit certainement de propriétés vitales propres.
En 18 jours on obtient ainsi le lilas, le muguet, en pleine flo-
raison, aussi beaux que s'ils étaient venus en plein air pendant la
saison, les cultures se faisant a l'obscurité, on obtient, évidemment
pour le lilas, des fleurs blanches. Ceux auxquels on désire donner
la couleur naturelle sont portés, avec la motte de terre adhérente,
sop s les báches a ceillets, en pleine exposition solaire, au moment
de la floraison . Its y viennent très beaux.
On fait aussi, comme lilas, de petits arbrisseaux qui donnent
leurs fleurs a peine hauls de 0 m 40 à 0 m 60, qui font, un effet
charmant.
T. II. 2
-- 26 —
Les plantes forcées, qui ont perdu leurs qualités florificatrices-
si Von peut ainsi dire -- pour deux ou trois années, sont ensuite
abandonnées en plein air et vendues ou reprises au bout de ce laps
de temps.
C'est le muguet d'Allemagne qui se cultive surtout en báches.
Comme moyen artificial j'ai également vu aux environs d'Antibes
employer directement la napeur d'eau, en lieu eios, pour le mimosa
et quelques autres fleurs d'une constitution pen sensible. Ce
système a parfaitement réussi, mais ce n'a pas été sans de longs
tátonnements pour le mimosa, sans, aussi, de nombreux change-
ments dans le tuyautage employé. Il n'est pas généralisé, le culti-
vateur qui est l'auteur ayant refusé -- avec raison pour ce qui le
concerne -- de divulguer son procédé.
Revenant a la plantation prise comme exemple, voici quel était
l'état de ses cultures au moment ou nous Panons visitée, c'est-à-
dire peu de temps après son installation ; la liste numérique de
toutes les plantes entreprises ne manquant pas de signification,
nous la donnons entière :
Pieds. Wires carrés.

OEillets . . 35.000
Rosiers 26.000
Narcisses . 200.000
Jacinthes romaines 50.000
Anémones 30.000
Freesias 45.000
lxias, glaïeuls, renoncules et jonquilles f00.000
Giroflées blanches de Nice 5.000
Réséda . 800
Lilas . 2.000
Sauvageons de rosiers pour la greffe et lavente. 10.000
Boutures d'oeillets et muguets. 70.000
Fraises forcées. . . . 1.000

Soit un total de .... 558.000


pieds de plantes 'a fleurs et . 1.800
mètres carrés de traises et de réséda.
_27_
Les principaux rosiéristes de la C6te d'Azur -- ainsi qu'on a
appelé justemenL aassi ce littoral, -- MM. Nabonnand, ont toutes
leurs roseraies en plein air et leurs plus belles plantations sont
celles d'Antibes. Nous avons déjà dit qu'ils y avaient plus de
400,000 pieds, en outre des autres cultures, de plantes de serre
chaude et tempérée qui n'ont pas moins d'importance. En songeant
que ces seuls producteurs expédient au dehors, bon an mal an,
une moyenne de 18,000 douzaines de roses coupées, dans tons les
pays de l'Europe septentrionale, on peut prévoir quel personnel
important est nécessaire a l'entretien, la coupe et l'expédition des
produits de ces plantations.
Ceux que nous venous de citer ont par exemple,tout lelong del'an-
née, une moyenne de cinquante ouvriers employés sur leurs terrains.
On peut dire, d'unefacon générale, que les fleurs s'exportent au-
jourd'hui, du Midi et principalement de la région qui nous occupe,
dans toute l'Europe septentrionale. Par rang d'irnportance, après
la France, viennent l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, la
Suisse, 1'Autriche, la Suède et la Norwège. Berlin, de son cóté,
fournit directement la Russie de nos propres produits, une minime
quantité y étant, cependant, expédiée directement. Si l'on repré-
sente par I l'importance relative de la Suède, qui vient en dernier
lieu dans cette exportation, les autres pourraient être figurés par :
1'Autriche, 4 ; la Suisse, 16 ; la Belgique, 16 ; l'Angleterre, 24 ;
1'Allemagne, 32, et enfin la France par 64. C'est-à-dire que si
l'on tient compte de la grande consommation qu'absorbent les fêtes
annuelles de Nice et de Cannes, de la vente courante et locale de
ces deux seules villes ainsi que des autres stations hivernales du
Midi, la France absorbe, a elle seule, presque autant de fleurs que
tons les autres pays d'Europe réunis. Après la France vient l'Alle-
magne ; on peut dire que toutes les principales villes de ce pays
recoivent de nos fleurs du Midi ; on s'6tait même énnu, it y a pen
de temps, de cette importation d'un nouveau genre et une propo-
sition await été émise au Reichstag tendant a taxer tous les coils
postaux de fleurs de 3 kilos, d'un droit d'entrée. de 3 fr; 75'. Ndus
ne savons le sort qu'elle a eu.
— 28 _

Le commerce avec la Russie a une entrave : ce sont les dépréda-


lions commises a la frontière par les Bens de douane qui ne respec-
tent méme pas les envois destinés a la famille impériale. Certains
exportateurs de Nice et de Cannes, qui ont des relations directes
avec ce pays, sont obligés d'avoir, à Ia frontière, un correspondant
spécial qui recoit personnellement les envois et va leur faire con-
tinuer leur chemin, de l'autre cété de la ligne douanière, en les
transportart ou les faisant transporter lui-méme.
Ii faut noter que 1'Angleterre produit déjà beaucoup elle-méme
dans la partie méridionale oil le climat, plutót humide que froid,
ne s'oppose pas à la culture de certaines espèces. Mais it va sans
dire que les fleurs n'ont ni le coloris, ni la beauté des nótres,
exposées a''influence d'un soleil exceptionnel.
On expédie, en Angleterre et en Allemagne, jusqu'à la fin du
mois de mai; a Paris, suivant le retard de la saison, on peut expé-
dier jusqu'au 10 on 15 du même mois. L'anthemis jaune, la fleur
préférée en Angleterre, a cause de sa couleur, est celle qui s'expé-
die la dernière, jusqu'au 45 juin en Angleterre, et au 25 juin en
Allemagne. C'est l'extrême limite pour l'expédition des fleurs.
Sauf Paris et Berlin, dont les commissionnaires envoient les
fleurs aux halles, les exportateurs du Midi passent, dans les autres
villes, par l'intermédiaire des fleuristes de profession . Et les flori-
culteurs prétendent que le système d'envoyer aux halles a porté un
grand préjudice a la culture ; leur raisonnement ne manque pas de
justesse. On n'expédiait jadis qu'aux fleuristes spécialistes qui se
montraient difficiles sur les produits resus et les producteurs sur-
veillaient d'autant plus leers cultures. « Depuis que les halles,
nous disalt l'un d'eux, absorbent la plus grande partie des fleurs
qui se recoivent dans les villes importartes, tous les produits, bons
et mauvais, s'acceptent,. les prix baissent et la culture se néglige.»
Et un autre « Les halfes tueront le commerce des fleurs pour
l'exportation si les cultivateurs n'y prennent garde » . Ce sera là,
une question plus difficile à résoudre que celle du chauffage en
serres chaudes, parce qu'elle est du domaine de la lutte matérielle.
Nous oserons prévoir, pour le plus grand préjudice des perfection-
--- 29 --

nements qui pourraient être introduits et étendus a toutes les


espèces, que force restera aux balles, le plus grand nombre de
producteurs, sans les capitaux nécessaires pour soutenir une con-
currence onéreuse, ayant besoin de se débarrasser d'une facon ou
d'une autre de leurs produits.
Disons encore qu'à partir de fin octobre, on peut avoir toutes
les fleurs plus ou moms tót, en bathes ou en plein air, suivant l'état
de la saison, la taille, -- pour les rosiers, par exemple — et les
conditions climatériques locales.

(A suivre) EMILE DESCHAMPS.

ECONOMIE

Les Palmiers (suite).

Un des Palmiers les plus élégants est sans contredit l'Aréquier.


Ce beau Monocotylédone est rigoureusement droit. Son stipe
est lisse et luisant, au moms a sa partie supérieure.
Le fruit de l'Aréquier connu sous le nom de noix d'arec ou de
noix de bétel est ovoïde.
Ce fruit renferme une graine dont le périsperme entre dans la
composition du bétel. Le bétel ou masticatoire des Indiens est en
effet composé d'une feuille de bétel (Piper betle, L), que l'on beurre
d'un peu de chaux et dans laquelle on renferme de la noix d'arec.
L'Aréquier, auquel on donne en botanique le nom de Areca
catechu L . , peut atteindre jusqu'à une quinzaine de mètres de
hauteur. Le nom spécifique de catechu lui vient de ce que Linné
pensait que cette espèce fournissait le véritable cachou. Cette der-
nière matière est produite, on le sait, par l' Acacia catechu Willd.
L'Aréquier est cultivé dans les régions chaudes et humides de
l'Asie et del'archipel malais.
Le polycéphalie est plus rare encore chez ce palmier que chez les
--- 30 —
autres espèces de cette famille. Pourtant nous aeons vu á Pondi-
chéry méme l'Aréquier polycéphale que nous reproduisons

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ARECA CATECHU L. POLYCÉPHALE. (Gravure extraite du Naturalism.)

Le genre Areca est représenté dans l'Inde par quatre espèces.


l 'Areca concinna Thw. habite C3ylan. L' Areca triandra Roxb.
se rencontre à Chittagong, Martaban, Tenasserim et dans les lies
Andamans. 11 croft aussi dans la presqu'lle de Malacca. Quant á
1'.1reca nagensis, on le trouve dans l'Assam, sur les monts Nagas.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.
-- 31 --

MÉDECINE
Les plantas curieuses, utiles et médicinales
de 1'Inde (Suite).
Sanseviera roxburghiana Sch.
On emploie le suc de cette Liliacée contre les maux d'oreilles.
On verse dans l'oreille deux ou trois gouttes du sue de la
plante.

Crescentia cujete Pl.


On réduit en cendres les feuilles du Calebassier. On administre
cette poudre en petite quantité contre les maladies des nerfs, l'hy-
pocondrie, les maux de tête, les convulsions et les fièvres accom-
pagnées de douleurs dans tout le corps.

Leucas angularis L.
Cette Labiée est usitée contre la morsure des serpents. On donne
à celui qui a été piqué une poignée de feuilles á manger. Cette plante
inspire une grande répulsion aux serpents capels.

Calophyllum inophyllum L.
Cette Clusiacée est utilisée dans la médecine indigène. Ses
graines donnent une huile employée avec succès en frictions dans
les rhumatismes.

Cocos nucifera L.
Ce palmier, le plus common des Palmiers dans 1'Inde est d'une
extrême utilité à l'Indien auquel it donne dans son fruit un ali-
ment, une boisson, une huile et un ustensile de cuisine. Ses spa-
dices lui fournissent une boisson rafra€chissante, une liqueur
(l'arrack), du vinaigre et du levain. Le stipe sert à construire des
paillottes, les feuilles à les couvrir. Les fibres de cocotier servent à
faire des cordages; le duvet tomenteux qui se rencontre á la base
des feuilles sert á arrêter les hémorragies. En un mot l'Indien
trouve tout dans son palmier hormis l'ombre car, excepté pour le
-32--
Talipot (Coryplia umbraculifera), l'ombre des palmiers n'est qu'une
métaphore que peuvent seuls se permettre ceux qui n'ont jamais
foulé de leurs pieds la terre des tropiques.
J'arrête ici cette énumération. Je n'ai point voulu faire un traité
des Plantes médicinales mais simplement retracer dans ces quel-
ques pages les usages et propriétés les plus curieux ou plus sai1-
lants des plantes de l'Inde. Ceux qui voudront de plus amples ren-
seignements n'auront qu'à consulter les Recueils de plantes médi-
cinales publiés dans l'Inde.
Je me suis borné dans cute étucle, au moms le plus souvent, aux
faits inédits, aux propriétés peu connues ou au contraire très re-
marquables. Pour aucune plante, je ne prétends avoir signalé
toutes les propriétés. Quant au nombre de plantes citées ici, it est
très restreint, car presque toutes les plantes de l'Inde jouissent de
quelque propriété, et la végétation de l'Inde, grace a un soleil de
feu, n'est has moms admirable par ses merveilleuses vertus que
par son exubérance et sa verdure perpétuelle.
H. LÉVEILLÉ.

Melia Azadirach. L. (Suite.)

VI. --- PROPRIÉTÉS ET USAGES MÉDICAUX.

II y a divergence au sujet des propriétés du Melia Azadirach.


Les uns prétendent que la pulpe de son fruit est mortelle pour les
hommeset les chiens. Cette opinion, du moms quant aux chiens, sem-
bleappuyée sur,l'observation. Les autres, avec M. Turpin, soutiennent
le contraire. Ce dernier a en effet préparé avec cette pulpe des pa-
tées copieuses que les chiens ont avalées sans répugnance et sans
qu'il en soit résulté d'accident. M. Biett affirme qu'aux Carolines
les enfants mangent les fruits de l'Azadirach pour expulser les vers
dont leurs intestins sont infestés et cela sans danger. Les femmes
du sud de l'Inde usent également de ces fruits qui ne portent
point préjudice a leur santé.
Quant aux chiens, on prétend que les fruits du Mélia mélés a du
33 ---

saindoux les rondent enragés. On les guérit alors en les jetant


dans l'eau courante.
Quoi qu'il en soit de cette croyance, les petits aliens de deux ou
trois mois succombent s'ils avalent les fruits de l'arbre à chapelets
mêlés a de la graisse de pore. La même chose, croyons-nous,
arriverait à des enfants d'un an ou deux.
Somme toute,l'Azadirach est-il aussi vénéneux qu'on le prétend?
Non. L'action des diverses parties de eet arbre et spécialement de
ses fruits sur l'organisme est extrêmement difficile'a déterminer
avec précision. Car de même que la plane dolt ses propriétés a la
nature du climat et du sol ou elle croft, ainsi l'organisme de l'homme
Upend de I'a r qu'il respire et de la nourriture 'a laquelle it est
habitué.
Les animaux des pays froids sons moins venimeux que ceux des
pays cbauds; de même, ce qui convient dans les pays chauds serait
déplacé dans les climats froids et réciproquement. Chaque plante
a son pays, chaque animal son climat et chaque homme son ré-
gime. Aussi n'est-il pas étonnant que les auteurs soient en
désaccord touchant les propriétés de l'Azadirach et des autres
plantes. L'habitude est, dit-on, une seconde nature. En voici une
preuve expérimentale : Nous avons vu une fois parmi les sannyos-
sis qui viennent de temps à autre, chez nous, un pénitent manger
les feuilles, fruits et graines du Strychnos nux-vornica L., plante
Ia plus amère de 1'Inde, boire du mercure et vider d'un seul trait
une bouteille entiére d'absinthe. Nous n'avons, chose incroyable,
observé chez lui aucun dérangement.
Il s'était accoutumé ainsi graduellement dès sa jeunesse à ce
genre de nourriture en prenant de petites doses puis en les aug-
mentant dans la suite.
Ces sortes depénitents s'insensibilisent, parait-il, grace à ce régi-
me;ils vivent longtemps; ils ne ressentent l'impression ni du chaud,
ni du froid ; nul insecte, nulle maladie ne les touche. Suivant les
croyances indoues, ils disparaftraient a certaines heures pour aller
se joindre au groupe des cittares.
Les pénitents del'Inde vivent la plupart du temps dans les mon-
T. II. 2*
— 34 —
tagnes et les foréts. Habitués àvivre de plantes amères, de soufre,
de mercure, ces anachorètes paraisseut très rarement dans les
villes. Au mogen de simples et de métaux ils obtiennent des métaux
imitant parfaitement l'or et I'argent. lls guérissent des maladies
souvent réputées incurables, telles que la paralysie, la lèpre, etc.
Le peuple prétend qu'ils ne viennent dans les villes que pour
guérir les malades et enrichir certaines personnes, obéissant en
vela a l'inspiration de leur divinité.
Le vrai est on le ooit mêlé au faux. Il faut distinguer les faits
des croyances populaires et des légendes.
Ce qui est certain c'est qu'ils possèdent des secrets et que ces
secrets ils les conservent sans qu'on les leur puisse arracher.
Autre fait curieux : ils prennent avec leurs mains les serpents a
lunettes et s'en laissent mordre a plusieurs reprises. Leur genre de
vie les préserve du danger qui résulte de ces morsures. lis se
serpent de ces serpents pour remplacer par leurs morsures l'o-
pium, le grin alcoolisé, etc. Le serpent tombe mort après les mor-
sures. Comme nous l'avons dit déjà, nous aeons été, une fois, té-
moan de ce fait prodigieux.
Ainsi done rien dans le monde ne serait absolument vénéneux ou
capable de Bonner la mort ; parmi les animaux ou les plantes,
s'entend. Tout dépendrait de l'habitude, de la conservation, de la
proportion des choses par rapport au tempérament ou au degré
de force acquis.
L'Azadirach jouit de propriétés très actives qui ne sant pas con-
nuesde tous. Elles sop t analogues a celles du Melia Azadirachta L.
L'écorce de sa racine, amère, nauséeuse, est, à l'état frais, cathar-
tique, vermifuge, vomitive, narcotique. Elle s'emploie comme
telle dans diverser contrées, notamment dans l'Inde méridionale.
Elle est très efficace dans les fièvres intermittentes. On l'admi-
nistre avec succès dans les dysenteries et les fiévres épidémiques
graves. En un mot, l'écorce de la racine de Mélia est substituée,
dans l'Inde, au quinquina, dans presque toutes les fièvres des
pays chauds. A doses élevées, la décoction des ravines peut deve-
nit dangereuse. Elle provoque Ia diarrhée et les vomissements- ;
— 35 —

elle occasionne un sentiment de pesanteur dans l'estomac ; elle


peut même amener une syncope. Ces sortent d'accidents peuvent
toutefois être prévenus en associant, aux racines deMélia, l'écorce de
Terminalia couiacea W. et A. ou la platste Vernonia cinerea DC.,
ou l'écorce du Chickrassia tabularis Juss.
La racine de l'Azadirach est employée de préférence aux autres
plantes amères dans les fièvres putrides, dans le scorbut et la gan-
grène. On peut lui doener la préférence dans le traitement des
affections locales, fongueuses et atoniques, dans le reláchement et
le prolapsus de certaines membranes muqueuses et dans les écou-
lements blancs et atoniques qui réclament la médication tonique
avec astriction.
Les feuilles de cet arbre so pt employées en décoction contre l'hys-
térie. Cette décoction est astringente et stomachique. Les feuilles
vertes servent a dbarrasser les animaux de leurs parasites. On les
emploie avec succès dans le traitement des coliques des chevaux.
Les fleurs passent pour apéritives, dessiccatives, soit qu'on les
prenne en infusion, soit qu'on en prépare des décoctions.
Fleurs, feuilles, écorce même seraientapéritives et emménagogues
calmantes et douées du pouvoir de tuer les poux et de faire crottre
les cheveux.
Ces dernières propriétés nous sembleraient plutót devoir être
attribuées aux fruits dont la pulpe forme effectivement la base
d'un onguent dont les Persans se servent pour guérir, dit-on, la
teigne et la gale. Les graines fournissent une huile amère propre à
oindre le corps et a le mettre a l'abri de la piqure des insectes.
Les jeunes religieux indous s'habituent a l'amertume de la
plante en mangeant d abord les fleurs, puis les feuilles, ensuite
l'écorce, enfin la racine verte. lls s'habituent a se coucher sur 'un
lit fait avec du bois de ce végétal.
PLANTES DONT ON SE SERI CONTRE LES FIÈVRES DANS L'INDE :
NOMS BOTANIQUES. NOMS TAMOULS.

Evolvulus alisinoides L. Vichenougandy,


Altex negundo L. Notchy.
Anona muricata L. Moulloucitta.
-- 36 --

NOMS BOTANIOUES NOMS ULS

Feronia elephantum Corr. Villam.


fEgle marmelos Corr. Vilevame.
Mimusops elengi L. Maguijame.
Morinda citrifolia L. Nouna.
Cadaba indica Lam. Vijidy.
Citrus aurantium L. Nártane.
Eucalyptus globulus Labil. Nirsouroutty.
Boehmeria irrusta ? Védoupadaky.
Zingiber officinale Roxb. Indji.
Tinospora cordifolia Miers. Sindil.
Ocimum sanctum L. Toulacy.
Hydrocotile asiatica L. Valldray.
Solanum xanthocarpum Schr.et W. Kandancattiry.
Tribulus lanuginossus L. Nerindjy.
Jasminum Perrottetianum DC. Oussimalligay.
Solanum trilobatum L. ToudouvilamP.
Leucas aspera Spreng. Toumbay.
Monetia barlerioides L'Iler. Sangane.
Clerodendron inerme Br. Sangancoupi.
Abutilon indicum Don. Toutty.
Gynandropsis pentaphylla DC. Nallavélay.
Polanisia icosandra W. et 4. Naivélay.
Andrographis paniculata Nees. Nitavembou.
Clypea burmanni Miers. Mourousoutay.
Erythrina indica Lam. Mouroukou.
Exacum pedunculatun L. Kanapoundou.
Erigeron oblicum L. Karanday. ^.
Ptychotis ajowan DC. Omame.
Curcuma longa Roxb. Mandjalle.
Lavandula carnosa L. Karpouravally.
Oligolepis amarantoides Wight. Sivalkandy.
Pavonia odorata Willd. Péramoutty.
Trichosanthes colubrina L. Pittapoudal.
— cucumerina L. Peïpoudal.
Bauhinia acuminata L. Vella3 mandaray.
--- purpurea L. Sémandaray,
Chrysanthemum Roxburghii Desf. Samandy.
1Vlemecylon ramiflorum Lam. Kassáne.
A. SADA
— 37 -

BOTANIQUE PURE
GLOGRAPHIE

QUELQUES MOTS
SUR LA

FLORE D'AUVERGNE
Par le Frère HÉRIBAUD Joseph
Professeur au Pensionnat de Clermont-Ferrand.

« L'Auvergne est la Terre promise


e des naturalistes. »
Eugène NHL.

N ous n'avons point la prétention d'offrir ici le bilan végétal


exact de 1'Auvergne, bien que sa fore ait été déjà de notre part
l'objet d'une étude assidue pendant une trentaine d'années.
Dans ce modeste travail, nous nous bornerons aujourd'hui a
exposer sommairement les rapports et les ressemblances qui
existent entre les plantes vasculaires de nos deux départements et
d'en assigner les causes, nous réservant de revenir plus Lard sur
cette question complexe, en lui donnant sous les développements
qu'elle comporte.
Si nous comparions la végétation du Puy-de-Dàme et du Cantal
avec celle des autres départements francais, on verrait que l'Au-
vergne n'a point a se plaindre de ja part que lui a fait l'Auteur de
la nature, et qu'on a eu quelque raison de 1'appeler « un superbe
cabinet d'histoire naturelle (1). »
Bien que l'Auvergne, en effet, appartienne presque au centre de
la France, les richesses de son tapfis végétal, a ;surface égale, le
cèdent peu même aux départements méditerranéens, que leur climat
privilégié a doté de si nombreuses espèces.
En supposant, avec M. Ardoïno (2), que la moyenne des plantes

(1) Préface de la Fiore de Delarbre,p. v.


(2) Fiore des Alpes- Maritimes, p. 7.
— 38 —
vasculaires d'un département francais soit comprise entre 1000 et
1300 espèces, le Puy-de-Dome et le Cantal dépassent natablement
vette moyenne, puisque notre Flore d'Auvergne, avec son supplé-
mont, récemment publié, en compte près de 1800 pour chacun
d'eux. II està voter, d'ailleurs, que nous atteignons ce nombre,
sans avoir encombré notre Flore locale des nouvelles créations de
l'Ecole multiplicatrice, qui semblent n'être trop souvent, comme
l'a dit Kirschleger, dans sa Flore d'Alsace, que « des amusements
stériles de la part de leurs auteurs. »
N'ayant point à comparer le nombre des planfes d'Auvergne à
celui d'autres fibres locales, rien ne nous oblige, par suite, à exposer
longcement noire manière d'envisager les espèces. On nous permet-
tra néanmoins de dire le peu de gout que nous éprouvons pour le
morcellement indéfini des types linnéens, tel que le pratiquent
aujourd'hui quelques disciples de l'Ecole jordanienne. Nous sommes
loin, en effet, de tenir pour de véritables espèces, inde'pendantes
les unes des autres depuis le jour de leur création, toutes les
formes qu'on nous présente comme des nouveautés, et dont la plu-
part sop t réunies à bon droit, sous une même dénomination spéci-
fique, dans des Flores qui ont toute notre prédilection.
• La réaction qui se produit contre l'erreur dont nous parIons ne
tardera pas, croyons-nous, à porter d'heureux fruits, et à décou-
rager les imitateurs inexpérimentés d'un éminent botaniste, qui
sait du moins, lui, rendre spécieuses, pour ainsi dire, par un ta-
lent de discrimination que nous admirons, des idées excessives qui
ne seront jamais pour nous l'expression de la vérité. Nous estimons,
au contraire, avec M. Cogniaux, « qu'il y a plus d'avantage pour
la science 'a démontrer qu'une mauvaise espèce doit être supprimée
qu'à en créer deux nouvelles (1). »
Mais laissons aux hotanistes autorisés lesoin de discuter les di-
verses opinions émises à propos de la distinction spéci fique, et
reprenons la suite de notre question.
Ainsi qu'on vient de Ie voir, si nous cherchions à comparer les

(I) Bull. Soc. bot. de Belgique, %II, p. 438.


-- 39 --.
fibres respectives de nos deux départements avec celle de chaque
département francais, après avoir ramené toutes ces fibres locales a
une délimitation uniforme et rationnelle de l'espèce, on trouverait
que le nombre de nos plantes dépasse de plusieurs centaines celui
de presque toes les départements qui se trouvent en dehors de
la chaude région de l'Olivier. Mais nous ne voulous pas sortir ici
de notre province, et pour nous renfermer dans les limites étroites
de notre titre, nous devons nous contenter d'établir le rapport
différentiel qui existe entre les fibres respectives des deux départe-
ments formés par l'ancienne Auvergne.
Commencons par doener sans interruption les listes des plantes
que renferme, a l'exclusion Fun de l'autre, chacun de ces deux dé-
partements, et nous exprimerons ensuite les réflexions que nous
aura suggérées ce rapprochement.

Plantes du département du Puy-de-Dome qu'on n'a point trou-


vées encore dans celui du Cantal.
Thalictrum silvaticum Koch. — Puy Long, près de Clermont.
-- flavuin L. — Bords de 1'Allier, a Maringues.
Ceratocephalusfalcatus Pers. — Champs cultivés, a . Riom, Saint-
Bonnet.
Ranunculus sceleratus L. w-- Fossés de la Limagne,
Eranthis hyemalis Salisb. — Mont-Dore.
Papaver hybridum L. — Coteaux calcaires de la Limagne.
Glaucium corniculatum Curt. -- Puy Crouel; puy Long.
Eruca saliva Lamk. — Meaux de la Limagne.
Diplotaxis viminea DC. — Vignes, sous Mirefleurs.
— muralis DC. — Talus et prairies de la Limagne.
Sisymbrium lrio L. -- Bords des chemins de la Limagne.
Arabis auriculata var. puberula Koch, -- La Roche-Noire.
Alyssum campestre L. -- Bords des chemins et talus de la Li-
magne.
Myagrum perfoliatum L. — Moissons de la Limagne.
Calepina Corvini Desv. — Cultures de la plaine.
Isatis tinctoria L. — Coteaux et talus de la Limagne.
— 40 —
Hutchinsia petrxa R. Br. -- Coteaux de la Limagne.
Lepidium Draba L. -- Bords des cllemins et cultures de la Li-
magne.
Lepidium Smithii Hook. -- ChAteauneuf ; Menat ; etc.
Viola biflora L. —• Mont-Dore.
Helianthemum salicifolium Pers. -- Coteaux de la Limagne.
Silene conica L. -- Clermont; sables de l'Allier.
Saponaria Vaccaria L. -- Cultures de la Limagne.
Spergularia marginata Bor. — Voisinage des sources minérales.
-- salina Presl. -- Pelouses arrosées par les eaux mi-
nérales de Gimeaux.
Alsine mucronata L. --- Billom ; Nonette ; Coudes.
Cerastium aquaticum L. -- Bords des ruisseaux ; fossés.
Linum limanense Lamotte. — Coteaux de la Limagne.
Althea cannabina L. -- Haies de la Limagne,
Erodium ciconium Willd. --Talus de la Limagne.
Genista ,qerrnanica L. — Bois de Lezoux.
Lupinus reticulatus Desv. --- St-Agoulin, près d'Aigueperse.
Melilotus parviflora Desf. — Plateau du Saladi ; St-Alyre.
Tr folium glomeraturn L. -- Pelouses de la Limagne.
--- scabrum L. -- 1Vlême station.
--- maritimum Huds. — Voisinage des sources minérales,
--- fil'forine L. -- Pente nord de la vallée de Villars, près
de Clermont.
Tetragonolobus siliquosus Roth. — Bords des fossés de laLináagne.
Astragalus »ionspessulanus L. --- Coteaux de la Limagne.
-- hamosus L. -- Même station.
Vicia serrat folia Koch. -- Bords des fossés de la Limagne.
— purpurascens IIC. — Moissons de la Limagne.
— gracilis Lois. — Moissons de la Limagne.
-- villosa Roth. --- Chanturgues, près de Clermont.
1'otentilla supina L. -- Malintrat ; puy de Corent.
'- micrantha — Ceyrat ; Royat.
-- collina Wib. --- Montaigut-le-Blanc.
Fragaria elatior Ehrh. -- Pente nord de Gergovia.
i- 41 —
Rubus et Rosa (1).
Sorbus hybrida L. — Thiers ; Pierre-sur-Haute.
Epilobium angustissimum Webb. — Sables de l'Allier.
4Enothera muricata L. -- Sables de l'Allier, sous Gondolle.
Hippuris vulgaris L. — Effiat ; fossés de lit Limagne.
Scleranthus annuus var. verticillatus Tausch. -- Rochers Saint-
Jacques, près de Clermont.
Tillxa muscosa L. -- Bois de Lezoux.
Cicuta virosa L. — Bords vaseux des lacs de la Godivelle, de
Chambedaze, etc.
Apium graveolens L. -- Voisinage des eaux minérales.
Petroselinum segetu7n Koch. -- Moissons a St-Agoulin.
ilelosciadium inundatum Koch. -- Etang de Giat ; St-Avit.
Sison Amomum L. --- Haies des environs de Riom.
Sium angustifolium L. -- Fossés de la Limagne.
— latifilium L. --- Bords du lac Chambon.
0Enanthe Lachenalii Gmel. — Bords des fossés de la Limagne.
— Phellandrium Lamk. -- Etangs des bois de Lezoux.
— fistulosa L. -- Fossés de la Limagne.
Bupleurum tenuissimum L. — Voisinage des sources minérales.
Seseli annuurn L. -- Bois de Lezoux ; Royat.
Peucedanum gallicum Latour. — Bois de Randan.
Gaucalis leptophylla L. -- Moissons, à Gergovia.
Galium rotundifolium L. -- Bois des environs d'Ambert,
-- anisoph yllum Vill. — Mont-Dore.
Lynosyris vulgaris L. -- Coteaux de la Limagne.
Inula bifrons L. -- Mème station.
— salicina L. --- Bois de Bussière et de Randan.
-- britannica L. — Bords des fossés de la Limagne.
-- squarrosa L. — Puy St-Romain.
Gnaphalium supinum L. --Mont-Dore.

(t) Les genres Rubus et Rosa n'étant pas encore suffisamment connus, au
point de vue de la distinction spécifique, nous nous abstiendrons de rechercher
les formes qui pourraient être attribuées respectivement à chacun de nos
deux départements.
— 42 —
Carlina Cynara Pourr. (4) — Base ouest du Puy de Gene.
Tragopogon crocifolius L. — Coteaux de la Limagne.
Taraxacum leptocephalum Rchb. -- Voisinage des sources miné-
rales.
Crepis setosa Hall. — Cultures de la Limagne.
Hieracium glanduliferum Hopp. — Mont-Dore.
-- cerinthoides L. -- Même habitat.
Xanthium strumarium L. — Pont-du-Château.
-- macrocarpum DC. — Bords de l'Allier.
Jasione humilis Pers. -- Mont-Dore.
Campanula cervicaria L. — Bois de Lezoux ; Pontgibaud
rapunculoïdes L. --- Eftiat ; Aigueperse.
Erica ,pagans L. — Bois de Lezoux.
Hottonia palustris L. --- Étangs de Lezoux ; bords de la Dore.
Samolus Valerandi L. — Voisinage des sources minérales.
Glaux maritima L. — Même station.
Androsace maxima L. — Champs de la Limagne.
Convolvulus lineatus L. -- Puy Long.
Cuscuta Epilinum Weihe, -- Champs de lin, a Besse.
Linaria arvensis Desf. — Vallée de Villars ; sables de l'Allier.
— Pelliceriana DC. — Neyronde ; sables de l'Allier, a
Brassac.
Linaria Heribaudi Camus. — Environs de Clermont.
Veronica acini f ólia L. — St-Agoulin, près d'Aigueperse.
— saxatilis Jacq. — Mont-Dore.
Limosella aquatica L. — Bords de FAllier, a Gondolle ; étang de
Chancelade.
Orobanche arenaria Borkh. — Royat; sur Achillea Millef olium.
— Artemisia Gaud. — St-Nectaire, sur Artemisia cam-
pestris .

(ij Malgré l'autorité de Grenier et Godron, qui ne veulent voir dans cette
Composée qu'une modeste forme du Canine acanthijolia All., nous la considé-
rons, a l'exemple de plusieurs botanistes, comme une véritable espèce, car
une seule écaille involucrale sufut pour qu'on la discerne toejours facilement:
(Bull. Soc. hot. Fr. t. XVI, p. 28.)
-- 43 ---
Orobanche minor Sutt. -- Çh et lá, sur Trifolium sativum.
Teucrium montanum L. — Puy St-Romain.
— Scordium L. -- Bords des fossés de la Limagne.
Salvia .Jthiopis L. -- Bords des chemins de la Limagne.
Stachys Heraclea All. -- Puy d'Anzelle, près de Clermont.
Mentha palustris Moench. — Bords du lac d'Aydat.
Leonurus Marrubiastrum L. — Sommet du puy de Corent.
Plantago carinata Schrad. — Bords de l'Allier, sous Corent.
Beta vulgaris L. — Pont-du-Château.
Chenopodium opulifolium Schrad. — Bords des chemins de la
Limagne.
Polygon= viviparum L. -- Mont-Dore.
- Bellardi All. -- Moissons de la Limagne.
Salix herbacea L. -- Mont-Dore.
Populus canescens Smith. — Vallée de Villars, près de Clermont.
Rinus uncinata Ram. -- Tourbières de Vassivière.
Sagittaria sagittfolia L. -- Etangs des Bois de Lezoux.
Butomus umbellatus L. -- Fossés de la Limagne.
Triglochin maritimum L. -- St-Nectaire-les-Bains.
— palustre L. Voisinage des sources minérales.
Tulipa silvestris L. -- Thiers ; Riom.
Allium flavum L. — Puy Long.
Gladiolus illyricus Koch. -- Bois de Lezoux.
Orchis palustris Jacq. --- Marais de Marmillat.
-- odoratissima L. -- Base du Puy de Come.
— alata Fleury. — Thiers.
Ophrys muscifera Huds. -- Bois de Bussière, près d'Aigueperse.
Goodyera repens R. Br. --r Ceyrat ; Randan ; Ambert ; etc.
Corallorrhiza innata R. Br. — Pontgibaud.
Lemna arrhiza L. --- Etang de Ligonnes, près de Lezoux.
Potamogeton pectinatus L. — Fossés de la Limagne.
— rufescens Schrad. — Lacs du Mont-Dore.
Zannichellïa palustris L. -- Fossés de la Limagne.
Juncus p ygmxus Thuill. — Les Gravanches, Biollet.
Cyperus longus L. — Fossés de la Limagne.
44 --

Carex ohordorrhiza Ehrh. -- Narse d'Espinasse.


-- pauciflora Lightf. --r Mont-Dore; Pierre-sur-Haute.
— Pseudo-Cyperus L. -- Fossés de la Limagne.
— pilosa Scop. — Bois des monts dómes.
-- vaginata Tausch. — Mont-Dore.
— curvula All. -- Puy Ferrand, au Mont-Dore.
-- hordeistichos Viil. — Bords des chemins de la Limagne.
Chamagrostis minima Borkh. — Pelouses des bords de l'Allier.
Phleum viride All. — Champs et viltnes de la Limagne.
Alopecurus arundinaceusPoir. -- Bords des fossés de la Limagne.
Traps racemosus All. — Sables de l'Allier.
Agrostis rupestris var. /lavescens F. Hérib. — Val d'Enfer, au
Mont-Dore.
Polypogon monspeliense Desf. — Pont-du-Chateau.
Glyceria disfans Wahl. -- Voisinage des sources minérales.
— spectabilis Mert. et K. -- Fossés de la Limagne.
— loliacea Godr. St-Anthème.
Poa dura Scop. — Bords des chemins de la Limagne.
.._ supina Schred. -- Mont-Dore.
Eragrostis minor Host. -- Clermont ; les Martres ; Coudes, etc.
Lolium perenne var. Jurcatum Billot. — Clermont.
Pilularia globulifera L. — Bords des étangs de Lezoux.
Marsilia quadri foliata L. — Mêmes stations.
Isoetes lacustris L. — Lacs de Guéry, de Servière, etc.
— echinospora Dur. — Mêmes stations.
Selaginella spinulosa A. Br. — Pente du Capuciu, au Mont-Dore.
(A suivre.)

Les Onagrariées Belges


lxelles, 18 Septembre 1892.
Monsieur,
Voici quelques renseignements concernant la dispersion géogra-
pllique des Onagrariées beiges.
Les Onagrariées sont représentées en Belgique par les genres
-- 4;
OEnothera, L. ; Epilobium, L. ; Isnardia, L., comprenant les
cspèces suivantes
OEnothera biennis, L. introduit en 1614 de Virginie en Eu-
rope. Cette espèce s'est répandue peu a peu le long des voies
ferrées, et aujourd'hui elle se rencontre dans toute la Belgique,
parfois par pieds isolés, généralement groupée sur un espace res-
treint. J'en ai vu près d'Anvers de superbes exemplaires, attei-
gnant environ 1 m. 30 de hauteur.
OEnothera muricata L. Cette Plante s'acclimate également un
peu partout dans le pays ; beaucoup plus rare que la précédente,
elle est répandue assez irrégulièrement dans le pays. Aucun des
deux EEnothera n'est indigène.
Isnardia palustris L. Ne se rencontre guère que dans les
marécages et les tourbières du Limbourg et de la province
d'Anvers.
Epilobiun spicatum Lmk. (E. angustifolium, L. Cham enerion
angustifolium. Scop.).
Assez commune au sud des Flandres, de la province d'Anvers.
et du Limbourg, elle est plus rare dans ces provinces et n'est
pas signalée dans la zone s'étendant le long des cotes.
E. hirsutum L. (E. grandidorum. Web.). Assez commune,
sauf dans les Flandres, la province d'Anvers, le Limbourg et le
Luxembourg, ou elle est rare.
E. parvi f lorum Retz. (E. malle, Lmk. ; E. hirsutum var. b,
L.). Commune partout.
E. lanceolatum Seb. et Maur. (E. sparsifolium, Dmbr.). Ne se
rencontre qu'au sud des Flandres, dans le Hainaut, lea province
de Namur et le Luxembourg. Elle y est assez rare.
E. montanum L. Se rencontre communément dans le pays,
sauf da p s les Flandres, la province d'Anvers et le Limbourg ou
elle est rare, et près des cotes ou elle manque. Sa variété colli
(E. collinum, Gmel.)se rencontre dans les Ardennes ; cello-num
a feuilles verticillées (E. verticillatum, Kock.) n'a pas encore
été trouvée dans le pays, je crois.
E. roseum Retz. Plus ou moms commune partout.
— 46 —
E. tetragonum L. (E. adnatum, Griseb.) assez commune dans
les provinces de Liège, de Namur et du Hainaut. Rare au hord
de cette zone, et manque dans le Luxembourg sauf a la partie de
pays s'étendant aux environs d'Arlon.
E. obscurum Rchb. (E. virgatum et chordorrhizum, Fr.). Assez
rare, mais se rencontrant partout sauf près des cotes. Plus com-
mune dans les Ardennes.
E. palustre L. Se rencontre également dans toute la contrée,
mais peu communément.
J'ai cherché en vain l'OEnothera Braunii, Doll. (0. biennis X 0.
muricata).
J'espère, Monsieur le Directeur, que ces renseignements pour-
ront vous être utiles. Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments
distingués. PAUL DUPUIS.

En France, dans son catalogue des plantes vasculaires de


Noirmoutier,M. -le D r Viaud-Grand-Marais cite les 3 espèces sui-
vantes d'Onagrariées : Epilobium hirsutum L., E. parvi f lorum
With., E. tetragonum L. Ce dernier Epilobium habite le bois
de la Chaise.

L'Osmunda regalis en Vendée.


Nantes, 21 Septembre 1892.
Je ne sais en effet pourquoi mon vénéré maitre, M. Lloyd, n'a
pas signalé 1'Osmunda regalis en Vendée. Sans doute nous ne la
lui auroras pas indiquée M. Gobert et moi.
Il y a plus de 40 ans que je 1'ai recueillie au Landas et au
bois du Breuil (Challans), soit dans le méme quartier que la villa
aux roses. Piet l'avait signalde en 1806 a Grande-Lande, Noir-
moutier. Cette belle fougère doft se trouwer ailleurs en Vendée.
Elle est commune dans les boires de l'Erdre près Nantes:
VIAUD-GRAND-MARAIS.

M. LLOYD, flore de l'Ouest, page 432, n'indique pas de loca-

lités de l'Osmonde en Vendée et en Loire-Inférieure, ayant, après


la Charente-Inférieure, écrit : AC. au delá.; V. G. M.
— 47 —

Flore des Nilgiris (Suite).


ORCHIDÉES (suite).
Ccelogyne breviscapa Lindl. Pogonia biflora Wight.
— odoratissima Lindl. Epipogum nutans Reichb.
-- corrugate Wight. Habenaria Richardiana Wight.
— glandulosa Lindl. — cephalotes Lindl.
Eulophia macrostachya Lindl. — polyodon Hook.
Luisia teretifolia Gaud. — longicornu Lindl.
— tenuifolia Blume. — longicalcarata A. Rich.
Sarcochilus Wightii Hook. — Heyneana Lindl.
IErides maculosum Lindl. — ovalifolia Wigth.
-- crispum Lindl. -- crassifolia A. Rich.
— radicosum A. Rich. — bicornuta Hook.
Saccolabium filiforme Lindl. -- malabarica Hook.
- nilagiricum Hook, -- torta book.
Sarcanthus peninsularis Dalz. — robustior Hook.
Cleisostoma tenerum Hook. — goodyeroides Don.
Diplocentrum recurvum Lindl. — jantha Benth.
Corymbis veratrifolia Blume. Perrottetiana A. Rich.
Anoectochilus elatior Lindl. Satyric m nepalense Don.
Spiranthes australis Lindl. Disperis zeylanica Trimen.
Cheirostylis flabellata Wight. -- neilgherrensis Wight.
Goodyera procera Hook.
14 suivre). H. LÉVEILLÉ

ESSAI D'UN CATALOGUE CRITIQUE


Des espèces végétales qui croissent dans les établissemenls de linde Française

OU CONTRIBUTIONS A LA FLORE DE LINDE FRANDISE (Suite).


maimmolUISI

Explication des abréuiations


. cit. P. Indique que cette espèce indigène dans l'lnde est cultivée
á Pondichéry.
— 48 _.

Cit. I. Indique. que l'espèce ea le plus généralement cultivée dans


l'Inde, qu'elle y soit ou non indigène.
Clt. E. Indique que l'espèce cultivée à Pondichéry est exogène.
4t( Indique que l'espèce est spéciale à Pondichéry.
-E- Indique que l'espèce est commune à la Fiore de l'Inde
Française et à la Flore de France.
M. Signifie Nahé.
Y. Yanaon.
K. Karikal.
CH. — Chandernagor.
B. Indique que l ? espèce est rare.

Enumération des Families et des Espe'ces :


I. - DILLÉNIACÉES. Brassica juncea Hook. et Th.
Dillenia indica L. + Nasturtium palustre D C.
II. — ANONACÉES. Clt. P.
Anona muricata L. Clt. I. -^- Raphanus sativus L. Clt. I.
— reticulata L. Cit. I. VII. -- CAPPARIDACÉES.
-- squamosa L. Clt. I. Cadaba indica La m .
Artabotl'ys odoratissimus Br. CIt.I. Capparis zeylanica L.
Polyalthia longifolia Benth et H. --- sepiaria L.
III. — lYI ÉNISPERMACÉES • Cleome monophylla L.
Cissampelos pareira L. -- aspera Koën.
Tinospora cordifolia Miers. — Burmanni W. et A.
I v. NYMPHÉACÉES. viscosa
^ L.
Nelumbium speciosum Willd. Crataeva religiosa Forst.
Nymphxa stellata. Wilid. Gynandropsis pentaphylla D C.
— Lotus L. VIII. — VIOLACÉES.
V. --- PAPAVÉ RACÉES. lonidium suffruticosum Ging.
Argemone mexicana L. lx. -- BIXAC'ES

VI. — CRUCIFÈRES. Bixa Orellana L. Clt. I,


-^ Brassica oleracea L. Clt. E. Flacourtia Ramonlchi L'Her.
-^- -- campestris L.
(A suivre.) H, LÉVEILLÉ,
-- 49 .--

BOTANIQUE RECREATIVE
Quelques usages pratiques de plantes de 1'Inde (Suite).
Bien qu'il ne soit pas indigène du pays, l'Arbre des Voyageurs
existe aux Indes. Cette espèce, qui porte en botanique le nom de
Ravenala Madegascariensis Sonnerat, fournit une boisson fraïche
et pure au voyageur altéré. 11 suffit de Bonner un coup de canif à
la base des feuilles de cet élégant végétal dont la foliation est dis-
posh en éventail. L'incision opérée, un jet liquide s'échappe aus-
sit&t de la blessure et désaltère l'opérateur.
Vous promenez-vous dans les plaines de 1'Inde ou de quelque
région tropicale, vous trouverez peut-être une gracieuse Crassula-
cée, de moyenne stature, pour une plante herbacée. C'est le Bryo-.
phyllum calycinum Salisb. Cette plante que l'on présume origi-
naire de l'Afrique, et qui est très commune dans le Bas-Bengale,
vous fournira un miel exquis. ' Il vous suffit de server fortement
avec le doigt les calices de ses fleurs. Chacun d'eux vous fournira
une goutte d'un liquide sucré dont vous aimerez la saveur. Autre
expérience à réaliser avec cette intéressante plante. Prenez tine
feuille et suspendez-la a quelque clou dans votre demeure. Bientát
des bourgeons se développeront dans les crénelures de la feuille
et vous pourrez obtenir ainsi de nouvelles plantes. Le Br yophyl
lam calycinum a son inflorescence en forme de panicule terminale
d'un pourpre verdatre. C'est du Jardin de Calcutta, ott elle fut intro-
duite en f799, que cette plante s'estrépandue dans tout le Bengale.
Le soir, ou mieux le matin, it fait bon boire l'eau de Coco. On
sait en effet que les fruits du Cocotier renferment une eau qui
n'est autre que la sève : elle est pure et saine, On peut également
manger la pulpe qui se trouve à l'intérieur de la noix. Le meil-
leur moment pour obtenir une boisson fraiche est de cueillir les
cocos avant qu'ils ne soient échauffés par les rayons du soleil.
Le soir cependant cette boisson n'est pas à dédaigner après une
longue promenade sur les routes poussiéreuses.
H. LÉVEILLÉ.
Informations.
Le Gui (Viscum album L) est, on le sait, asset rare sur le chêne. II se
rencontre sur un chêne d'Amérique au Vieux Moulin a 3 kilomètres envi-
ron de Jublains (Mayenne).

D'après Ia statistique la plus récente it existe actuellement dans le monde


83,000 Revues ou journaux.

En Angleterre, le professeur de botanique de l'Université d'Edimbourg


touche par an 55,000 francs. A quand en France?

II existed Athènes un Olivier vieux de plus de deux mille ans.

Varia,
Le Cuivre dans les fruits et les végétaux. — D'analyses données dans
un rapport du ministère de l'agriculture de Washington, it résulte que le
raisin qui n'a jamais été traité par le cuivre contient normalement 2 milli-
grammes de cuivre par kilogramme. Il résulte de ce dernier chiffre que la
quantité de cuivre qui existe normalement dans le blé exporté d'Amérique
en Europe est de 23,495 livres. Le foie du mouton contient 35 a 41 milli-
grammes de cuivre par kilogramme, le foie de bceuf en contient 56 a 58 et
le chocolat 125 milligrammes par kilogramme (Cosmos).

La flore des Iles des Cocos. -- Dans l'espace d'une centaine de pages
du Journal de la Société Asiatique du Bengale, M. D. PRAIN a donné un
intéressant resumé des résultats obtenus par les diverses expéditions bota-
niques faites aux lies des Cocos depuis un petit nombre d'années. Sur 358
espèces qu'il a observées, 232 soit 65 °/ 0 se rencontrent également dans
l'Inde, en Chine, en Malaisie et dans les Iles Andamans, 40 se trouvent
en Malaisie et aux Andamans, 22 croissent dans l'Indo-Chine, mais
non en Malaisie, 40 habitent exclusivement les Andamans, 8 habitent a la
fois les lies Iles Cocos et Tenasserim, 13 enfin sont propres au groupe des
Iles des Cocos. II est intéressant de noter que sur les 40 espèces qui crois-
sent en Malaisie et aux Andamans 8 s'étendent jusqu'á Tenasserim, mais
ne se retrouvent point en Birmanie, ni dans le royaume de Siam. Si loin
que s'étendent les recherches de M. 1PRAIN, elles tendent a faire voir qu'au
point de vue de la géographie botanique, aussi bien qu'au point de vue de
la biologie générale, le groupe des Iles des Cocos fait partie intégrale des
Andamans. Des éléments qui semblent prédominer dans la flore, les élé-
ments de I'Indo-Chine apparaissent, somme toute, légèrement plus faibles,
méme dans cette partie des Andamans rapprochée de la Birmanie, que les
éléments qui indiquent i'influence de Tenasserim et de la Malaisie. Cela
est quelque peu remarquable, surtout si l'on considère que cette partie des
Andamans est très proche de la Birmanie et Landis qu'elle est séparée de
Tenasserim par une mer profonde, ii existe une ligne de bas-fonds exhaussés
quelquefois parmi les lies tout le long de cette ligne, entre les lies des
Cocos et le territoire birman. -- Rangoon Gazette.

Bibliographie,
The Flora of British India by Sir J. D. HOOKER, Part. XVIII. — Cette
dix-huitième partie de l'importante Fiore de l'Inde comprend 223 pages et
renterme la fin des Scitaminées ainsi que les Hémodoracées, Iridées,
Amaryllidées, Taccacées, Dioscoréacées, Roxburghiacées, Liliacées,
Pontédériacées, Philydracées, Xyridées, Commélinacées, Flagellariées,
Joncacées, et les deux tiers des Palmiers, soit en tout : 45 families. La
flore touche a sa fin.
Catalogue des Plantes Vasculaires de Noirmoutier par le Docteur
VIAUD-GRAND-MARAIS. Ce travail qui est eitrait du Bulletin de la Société des
Sciences Naturelles de I'Ouest est des plus intéressants au point de vue
de la distribution des espèces et se recommande par l'exactitude et la
sureté des indications, non moins que par la science de l'auteur. Le Monde
des Plantes ne peut qu'applaudir A la devise qu'a choisie le savant bota-
niste : Florete fibres.,, et frondete in gratia... et benedicite Dorninum.
LE THÉ. Botanique et culture, falsifications et richesse en ea /Vine des
di f férentes espèces, par Antoine BIí TRIx, pharmacien de première classe.
Cet ouvrage fait partie de la petite bibliothèque Inédicale, à 2 fr. le volume,
publiée par MM. J.-B. BAILLIÈRE, a Paris.
L'auteur, après un court avant-propos, dans lequel it expose le but de
son Iivre, qui est de nous faire connaitre le thé théoriquement et aussi pra-
tiquement, nous donne dans son premier chapitre, une étude sur le thé au
point de vue botanique. Le chapitre second traite de la culture du thé.
L'auteur passe ensuite aux préparations des thés verts et des thés noirs
(chap. III) ; it nous donne (ch. IV) la meilleure méthode de préparation
du thé. Nous recommandons tout spécialement ce chapitre aux amateurs.
Vient ensuite (ch. V) une étude sur l'action physiologique et médicale du
thé. Dans la seconde partie, M. BIÉTRIX nous donne l'étude microscopique
de la feuille du thé (ch. I), puis l'étude des principales falsifications. De
nombreuses coupes de feuilles servent a élucider le texte de ce second cha-
pitre qui est très étendu. La troisième partie comprend des notions chimiques
sur le thé (ch. I) ; des notions chimiques sur la ca féine (ch. II) ; la des-
.... 52 _
cription des appareils employés pour le dosage (ch. III) ; les méthodes du
codex et de Loche (ch. IV). La méthode Paul et Cownley (ch. V) ; la mé-
thode Cazeneuve (ch. VI). La quatrième et dernière partie traite du dosage
de la caféirae des échantillons. Ceux-ci sont divisés en thés verts (ch. I) et
thés noirs (ch. II). Enfin ('auteur se resume et formule ses conclusions.
On le volt, eet ouvrage, accompagné de 27 figures est, malgré son petit
format, un véritable traité sur la matière. Nous espérons que l'auteur, qui
se dit au début de sa carrière, nous donnera à l'avenir, des - volumes aussi
utiles et aussi intéressants.
Rappelons, á propos de eet ouvrage, que la culture du thé, dans l'Inde, va
sans cesse en grandissant.

Revues.

Cosmos (24 Septembre). Le Porcher. H. LÉVEILL^.

(8 Octobre). Tiges souterraines. A. ACLOQUE.

Revue scientifique (I er Octobre). La fertilisation des plantes. M. RILEY.


Le Regne végétal (15 Septembre). Quelques documents pour l'histoire
de la pomme de terre (suite). D r CLOS. — Famille des characées (suite).
SOULAT-RIBETTE.

Le Naturaliste (15 Septembre). Quelques aliments de fantaisie. P. HARIOT.


-- Suites à la Flore de France de Grenier et Godron (suite). Euphorbia
insularis Boissier; Euphorbia variabilis Cesati. G. RoUY.

(ier Octobre). Renonculacées comestibles. P. hIARIOT. - Microbes. —


Suites à la Flore de France de Grenier et Godron (suite). Ephedra Helve-
tica C. A. Meyer. G. ROUY.
Revue Scientifque du Bourbonnais (Septembre). Les Hyménomycètes
des environs de Moulins (suite). Abbé H. BOURDOT. -- Les bois de sapin.
S. E. LASSIMONNE. -- La Potentilla fagineicola Lam. (P. brevistipula
D-D.) ERNEST OLIVIER.
Feuille des Jeunes Naturalistes (ier Octobre). Anatomie de la feuille
de Trigonella cwrulea Seringe. C. BRUNOTTE. - Contribution á la flore
tessinoise PASQUALE CONTI.
Journal de botanique (i cr et 46 Septembre). Les Lis de la Chine et du
Thibet dans l'herbier du Muséum de Paris. A. FRANCHET. - Observations
sur la valeur morphologique et histologique des poils et des soies dans les
Ch ae tophorées. J. HUBER. - Les Lichens de Canisy (Manche) et des envi-
rons (suite). ABBÉ HUE.
-- 53 --

Revue générale de botanique (15 Aoat). Recherches sur la respiration


et l'assimilation des plantes grasses (suite). E. AUBERT.
s-
— Revue des tra-
vaux d'anatomie végétale parus de juillet 1890 à décembre 4891 (fin).
A. PRUNET.
Boletim da Sociedade Broteriana. IX. Subsidias para o estudo da Flora
portugueza . Compositie. JOAQUIM DE MARIZ.
Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris (432). Notes orga-
nogéniques sur la fleur des Triuris. H. BAILLON. -- Sur la direction des
ovules des Alisma. H. BAILLON. •— Anomalies dans l'épi femelle du Maïs.
G. DUTAILLY. -- Sur la nomenclature générique. H. BAILLON, — Les Spar-
tina francais, H. BAILLON. — Observations sur le CIadoraphis. A. FRAN-
CHET. -- La fécondation chez les Ceratophy llum, E. DUTAILLY.

Bulletin de la Société d' Horticulture de la Sarthe (3). Etudes de la fer-


mentation du Cidre et des moyensde 1'obtenir d'une facon régulière et certaine.
ANDOUARD. — Quelques observations au sujet de la chaleur en 1892.
RAGOT.

Nuovo Giornale botanico italiano (I er Ottobre). Elementi statistici della


flora siciliana (Continuazione). L. NICOTaA.
Bullettino della Societa botanica italiana (na 7). Una gita in Maremma
(seguito). S. SOMMIER. — Seconda communicazione sulla colturadelle Diato-
mee. L. MACCHIATI. — Relazione sul libro di A. Zimmermann : Die Botanische
Mikrotechnik. E. TANFANI. -- Ancora pei Programmi nelle scuole secondarie
P. SEVERING. — Sul genere Maillea. T. CARUEL. Rapporti biologici fra le
piante e le lumache. Seconda nota. L. PlccloLl. — Altre notitie sulla coltura
del Cynomorium coccineum. G. ARCANGELI. -- Seconda gita a Capalbio.
S. SOMMIER. — Sul Ranunculus lacerus Bell. in Piemonte e it Cyperus
difformis Lin Toscana. E. LEVIER. — Gita sul !Morale toscano fra Follonica
ed Ortebello. U. MARTELLI. — Contributo alla flora dell'Elba. P. BOLZON.
Erborizzazioni estive ed autunnali attraverso ai monte Lessini veronesi,
A. GOIRAN. — Lichenes pedemontani a cl. prof. Arcangeli in monte Cini-
sio et monte Rosa annis 1876 ac 18801ecti E. BARON!. -- Frammenti epatico-
lichenographifici. C. ROSSETTI e E. BARON!. -- La Peltigera rufescens.
lloftm. var innovans. A. JATTA -- Sopra alcune piante rare o critiche della
flora romana. Manipolo primo : Ranunculaceie (continuaz..) -- Manipolo
secondo : Crocifere. E. CHIOVENDA.

Sociétés savantes.

Académie des Sciences.

Séance du 12 septembre. — Ii résulte d'une note de M. A. CHATIN, sur les


prairies dans l'été sec de 1892, que les espèces fourragères,qui ont le mieux
-- 54 --
résisté a la sécheresse, sont les suivantes : avoine jaunátre, timothée,
brome des prés, houlque, raygrass, crételle, poa commun, Kceleria cris
tata, lotiers, trèfle hybride, trèfle filiforme, jacée, millefeuille, Galium
Mollugo, Galium glaucum, pimprenelle.
M. Griffiths a isolé une ptomaïne vénéneuse des cultures du micrococcus
tetragenus.
Séance du 49 septembre. -- M. Gaston BONNIER a recherché queue était
l'influence de la lumière électrique continue et discontinue sur la structure
des arbres. II résulte de ses expériences que :
g,, Un éclairage électrique continu amène des modifications considérables
de structure dans les feuilles et les jeunes tiges des arbres.
2° On peut créer un milieu dans lequel la Plante respirera, assimilera
et transpirera jour et nuit d'une facon invariable, Cette continuité d'exer-
cice des fonctions végétatives procurera a Ia plante une structure plus
simple.
30 L'éclairage électrique discontinu (12 heures d 'obscurité sur 24), a pour
résultat de doter les organes d'une structure qui se rapproche plus de la
stucture normale que celle due à l'action de la lumière électrique ininters
rompue.

Correspondance.
Ixelles, le 5 octobre 4892.

Monsieur,
Pardonnez-moi de répondre si Lard a votre charmante carte. Je viens de
la trouver chez moi en rentrant de voyage. Je serai dans l'Afrique centrale
dans la première moitié de I'année prochaine, et j'espère remercier alors la
Société de l'honneur qu'elle m'aura fait, par des faits plutut que par des
paroles. Soyez assuré que je travaillerai de toutes mes forces a la réalisation
du but intéressant que vent atteindre la Société.
Votre bien dévoué,
PAUL DUPUIS.

Aeadémie I nternationale de Géographie botanique.


RÉSULTAT DES E LECTIONS.
Le baron von MUELLER, botaniste du Gouvernement a Melbourne
(Australie), est élu Directeur de l'Académie pour l'année 1893. Il
entrera en fonctions le I er Janvier prochain. M. H. LÉVEILLÉ ac-
tuellement Directeur de 1'Académie en est élu secrétaire perpétuel.
Il entrera en fonctions a la même date.
........ 55 _
Dans le cours de la prochaine année, Le Monde des Plantes don-
nera les portraits de l'ancien et du nouveau Directeur.
M. Paul Dupuis botaniste-explorateur, dtranger et la société, est
nommé explorateur (le l'Académie.
DECISIONS

Par décision en date du S er octobre 1892 :


Le secrétaire perpétuel de 1'Académie est chargé de la Direction
et de la Rédaction du Monde des Plantes, organe de 1'Académie.
Par décision en date du 5 octobre 1892 :
M. David PRAIN est nommé associé libre de l'Académie.

Messieurs et chers collègues, l'Académie, aujourd'hui fortement


constituée, peut poursuivre le but qu'elle s'est proposé. Déjà plu-
sieurs d'entre nous ont commencé l'étude de la répartition des
Onagrariées. Je prie tous les Académiciens de se mettre au travail
avec ardeur et de vouloir bien transmettre le résultat de leers
études soit a MM. GONOD D ' ARTEMARE et Jh. HÉRIBAUD spécialement
chargés de la réunion des matériaux de travail, soit a la Direction
de la Revue dans laquelle it en sera rendu compte.
Je prie aussi MM. les Académiciens de procurer á la Revue les tra-
vaux les plus divers sur toutesles branches de la botanique,et puisque
récemment encore jeleur parlais des ressources i créer, je leur deman-
derai de bien vouloir user de leur influence pour rechercher des
annonces et des souscriptions, et j'ai l'espoir qu'un jour de généreux
donateurs nous permettront de doter chaque Académicien d'un
traitement annuel.
Le Directeur, H. LÉVEILLÉ.

Ouvrages parvenus à la Direction de la Revue

TITRES : DONATEURS :

Agriculture, its needs and opportunities. Address


by William J. Beal ... , .... . MM. J. BEAL.
Michigan Flora. W. J. Beal and C. F. Wheeler.
-- 56 —

TITRES : DONATEURS :

Zur Biologie der lochroma macrocalyx Benth.


G. de Lagerhelm., G. DE LAGERHEIM.
Zur Kenntniss der Tovariaceen. G. de Lagerheim
Revision des Ustilaginées et des Urédinées conte-
nues dans l'herbier de Welwitsch. G. de La-
gerheim
La Yuyucha G. de Lagerheim
Missouri botanical Garden.Third annual Report. W. TRELEASE.

Catalogue des plantes vasculaires de Noirmoutier


D r Viaud-Grand-Marais Dr VIAUD-GRAND-MARAIS.

Offres et Demandes.

A vendre : échantillons riches de minerai d'or, 3 fr., 5 fr. et 10 fr. l'é-


chantillon. Adresser les demandes a la Direction de la Revue.

Petite correspondance.

M. L. GABORIT. Challans. -- Votre Bromus parait être le Bronrus iner-


mis Leyss., qui serait accidentel ou peut-être subspontané dans la localité.
A signaler.
S. R. Paris. — Merci de vos renseignements.
T. M. Lyon. -- Nous ne pouvons accepter pour le moment cette propo-
sition.
A. de G. New-York, — La Revue s'adresse à tous ; dans le prochain
numéro, nous publierons l'Introduction du Guide du Botaniste aux Indee .

Le Gérant du tc Monde des Plantes », A. SARA.

Le Mans. -- Typographic Edmond Monnoycr.


2e ANNE, No 15 ter DÉCEMBRE 1892.

LE MO\DE DES PLk\TES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

Un Ordre Scientifique
Idée hardie que Celle-là. Oui certes, raison de plus pour qu'elle
réussisse. De nos jours les gouvernements souls penvent disposer de
certaines faveurs, de certaines récompenses, de certaines distinc-
tions qui sont accordées au mérite souvent, et souvent, plus sou-
vent, même dans certains pays,uniquement a la faveur.
De plus it n'existe point d'ordre vraiment international; biera
moins encore - existe–t–il d'ordre exclusivement réservé aux homines
qui se consacrent a la science.
Nous croyons qu'il y a là une lacune a combler.
Pourquoi n'existerait-il pas par exemple un Ordre, l'Ordre de
la Rose, supposons. Cet Ordre serait exclusivement affecté aux
hommes de science ou a ceux qui leur prêteraient un concours
efficace. Cet Ordre serait international et aurait a peu près les
Statuts suivants :
4° Un Ordre international de la Rose est fondé.
2° Cet Ordre est exclusivement réservé aux savants des deux
Mondes.
3° Il se compose de 5 grand'croix, de 10 commandeurs, de
40 officiers et de 400 chevaliers. Ce nombre ne, pourra être
dépassé.
4° Les insignes de Grand'Croix sont la rose d'or sur croix d'or
avec rosette blanche ; ceux de Commandeur, la rose d'or sur croix
d'argent avec rosette jaune ; ceux d'Officier, la rose d'argent sur
croix d'argent avec ruban blanc ; ceux de Chevalier, la rose d'ar-
gent sur croix de bronze avec ruban rose-Blanc.
5° Le siège de l'Ordre se trouve là ou est le Directeur de l'Aca-
démie internationale de géographie botanique, seal dispensateur
de ces distinctions et Grand'Maitre de l'Ordre.
T. ii. 3
58 _

Tout vela est encore pure hypothèse, hypothèse d'une hardiesse


extrême, nous le répétons, hypothèse qui sera bien diversement
jugée, sévèrement ou'favorablement, peu nous importe, mais hypo-
thèse pleine de grandeur et d'initiative, on en conviendra.
Nous la soumettons aux méditations de tous et nous attentions le
verdict réfléchi des lecteurs.
Peut-être un jour vette hypothèse deviendra-t-elle une réalité.
Dieu seul le sait.
H. LÉVEILLÉ,

BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE.
La culture et le commerce des fleurs dans les
Alpes-Maritimes (Suite) .
Les expéditions se font en paniers de roseau ou en holies de car-
ton de 3 ou i kilog., les fleurs étant emballées, tantót avec de la
ouate, comme les camélias et les roses, tantót avec du papier de
soie, ou méme les deux ensemble; soit par units pour les espèces
de valour, soit par demi - douzaines pour les espèces communes et
de prix inférieur. Pour les expéditions un peu lointaines, ce sont
les paniers qui sont préférés, car la bofte de carton garde trop
l'humidité, et toutes les fleurs sont ouatées. D'autres fleurs, d'une
nature moins sensible, celles qui reprennent toute leur fraicheur
dans Peau, peuvent s'expédier sans emballage, comme les nar-
cisses et les anémones, retenues par des branches fleuries de mimosa
qui fait aussi partie de l'expédition. Pendant les hivers rigoureux,
cependant, toutes les fleurs, pour arriver a bon port, doivent être
emballées séparément. Les ateliers ou s'exécutent ces travaux,
emballage des fleurs destinées à l'exportation, confection de bou-
quets, de corbeilles, de guirlandes dans toutes les dispositions
artistiques imaginables, pour la verste locale, sont de véritables
usines a fleurs a la réputation desquelles président les doigts sou-
ples et agiles des jeunes paysannes.
— 59 —
Les prix sont extrêmement variables sur les lieux de production,
ou ils sont faits, comme a une véritable bourse, par les principaux
exportateurs, et sur les lieux de consommation, suivant le mouve-
ment de certaines fêtes, les fluctuations de la température et les
mille causes susceptibles d'influencer la mode. La place de Berlin
était jadis la meilleure, comme prix, mais aujourd'hui ceux-ci se
sont, entre tons les marchés, a peu près uniformisés. La rose
ordinaire varie,'a Cannes, de 0 fr. 20, minimum, a I fr. la dou-
zaine ; la rose d'élite, de 4 a 8 fr. ; I'oeillet peut varier de 0 fr. 10 a
3 fr ; les fleurs d'orchidées, a Cannes, se payent 2, 3 et 4 francs le
brie ; enfin it n'est pas rare, ainsi qu'il se passe, d'ailleurs, pour
bien d'autres marchandisestrès demandées, de voir payer lesfleurs,
a Nice, un prix plus élevé que sur les marchés de Paris et de Berlin.
Comme on Ie voit, ces prix paraissent encore rémunérateurs.
Les premiers cultivateurs sérieux qui ont entrepris cette culture y
ont réalisé d'importants bénéfices. « Je faisais, a l'époque, enten-
dais-je dire à l'un des plus anciens du canton d'Antibes, quatre ou
cinq expéditions par mois, de trois ou quatre Paniers, et chacune
me rapportait un bénéfice net de 200 francs. La concurrence, la
connaissance qu'a le paysan, aujourd'hui, de la valeur de son pro-
duit, ont complètement modifié les choses.
Le plus ou moms de faveur en laquelle est tenue chaque espèce
est évidemment aussi une grande cause de variation des prix. Ainsi
les narcisses qui valaient I fr. 50 l'année dernière, a l'époque cor-
respondante, ne valaient, cette année, que 0 fr. 10 la douzaine. La
mode, qui fait sentir son action sur toes les objets de luxe, a son
influence très marquée sur le mouvement du commerce des fleurs,
et par cola même, sur Ie mouvement de la culture. Telle fleur qui,
une année, a une grande valeur, n'en a plus, 1'année suivante,
qu'une très miniroe. Tantót ce sont les fl eurs blanches qui sont

demandées, puis ce sont les jaunes, en attendant le tour des rouges;


tantót on ne veut que des fleurs simples et ce sont, ensuite, les dou-
bles qui font prime. I1 y a huit ou dix ans, en Angleterre, on ne you-
lait, à aucun prix, de narcisses blancs ; ce sont des fleurs qui, depuis

quelques années, y sont très demandées. Al'époque du boulangisme,


-- 60 --
c'étaient les ceillets rouges, dont la quantité produite ne put pas
suffire a alimenter le marché parisien ; en automne dernier, on ne
pouvait plus les vendre dans la capitale. Une année, c'est la gerbe
qui est recherchée, une autre, c'est le bouquet artistique ; et
aujourd'hui c'est la fleur détachée, sans apparente de préparation,
aver un port qui la rapproche le plus de celui qu'elle a sur la
plante. Le bouquet de Nice qui, autrefois, était serré et plat,
faconné et réparti suivant des lignes mathématiques, a presque
entièrement disparu : it réapparaitra un jour peut-être. Depuis
deux ans cependant, la mode n'a pas trop varié : des roses, on aime
celles aux couleurs pales; des ceillets, on préfère les blancs qui
s'exportent en très grandes quantités, puis viennent ceux de con-
leur chair, les jaune et rouge et les ceillets fonds. Ainsi, a la
mode, a la faveur du public pour telle ou telle forme, telle ou telle
couleur de fleur, se doivent les efforts que tentent les cultivateurs
pour l'amélioration des espèces, la création de variétés nouvelles
et les résultats qui constituent le grand progrès auquel nous assis-
tons dans l'art de la culture florale.
(A suivre) EMILE DESCHAMPS.

ECONOMIE

Les Palmiers (Suite).


Le Cocotier des Seychelles (Lodoicea Sechellarum) est un des plus
beaux représentants de la famille des Palmiers. Cet arbre vraiment
magnifique, qui fut découvert en 1759, peut atteindre tine hauteur
de 35 mètres.
Les pétioles longs de plusieurs mètres sont terminés par un
limbe qui n'a pas moins de 5 a ? mètres de long sur 3 a 4 metres
de large.
Son stipe sect a faire des charpentes de pressoir, des palissades
et des conduites d'eau. Le revétement laineux des jeunes feuilles
est utilisé pour les oreillers et les matelas. Les feuilles elles-mêmes
servent 4 fabriquer des chapeaux et á couvrir les habitations ; on
utilise leurs nervures pour faire des balais.
— 61 —

LODOICEA SECHELLARUM Voir page 60. (Gravure extraite du Naturaliste.)


_ 02 —
Le fruit autrefois rare et d'un grand prix est comestible. 11 met,
dit-on, sept a buit ans a milrir. La coque de la noix sert, comme
cello du Cocos nuci era L., à faire des vases, et les fragments de
cette même noix fournissent un précieux combustible.
Avec les fibres du Lodoicea, les habitants des Maldives font des
travaux délicats de vannerie et de sparterie.
Le Lodoicea Sechellarum serait susceptible d'être cultivé en
serre chaude. Ce serait une culture intéressante. Toutefois, produi-
rait-il son fruit, ce fruit qui est le plus volumineux des fruits de
palmiers? c'est là tine question quel'expérience seule peut résoudre.
Le fruit du Cocotier des Séchelles porte le nom de Coco de-mer
ou de Coco des Maldives.11 est de couleur olive et pèse jusqu'à
25 kilogrammes.
Le Lodoïcée dont on mange le bourgeon terminal comme thou
palmiste habite les Iles Praslin, dans l'Archipel des Maldives, ou it
parait confiné.
Si le fruit du Lodoicea est le plus gros des fruits de palmiers,
it n'en est pas de même de celui des Geonoma ; les fruits de ce
genre passent en effet pour les plus petits des fruits de cette inté-
ressante familie.
Parmi les Geonoma, l'un des plus remarquables est sans contre,
dit le Geonoma corallifera Brongn. Cette jolie Borassinée a tige
de roseau ne dépasse guère f m 50 de hauteur. Elle croft dans
l'Amérique centrale et peut à raison de sa taille être cultivée facile-
ment en serre chaude.
Puisque nous sommes en Amérique, restons-y et descendons au
Sud. Là nous trouverons dans le Chili un palmier intéressant : c'est
le Jubaa spectabilis.
Le Jubaea spectabilis est non seulement la seule espèce du genre,
mais c'est encore le seul palmier qui croisse au Chili. De plus,
c'est une des espèces qui s'écarte le plus des tropiques. On trouve
en effet ce palmier a l'état isolé entre le 32 e et le 35e degré de lati.
tude sud, à i ,200 mètres environ d'altitude et sur le versant
occidental de la Cordillère des Andes dans les terrains granitiques
de la région maritime.
JUB2EA SPECTABILIS II. B. I{, Voir p. 62, (Grav u re extraite du Naturaliste.)
-63+--

Cet élégant monocotyledone atteint une hauteur de vingt mètres


et un diamètre de près d'un mètre.
Ses fruits sont ovoïdes, de la grosseer d'une prune. La saveur de
]'albumen rappelle celle de la noix de coco. Le péricarpe est fibreux
et l'endocarpe est très dur. Aussi ce palmier se reproduit-il avec
grande difficulté.
De ses fruits, qui sont d'ailleurs comestibles, on extrait de
l'huile.
D'ailleurs it en est du Jubaea comme de la plupart des palmiers
dont nous avons parlé précédemment. Toutes ses parties sont utili-
sables.
Le bourgeon terminal est aussi comestible ; le bourgeon enlevé,
on recueille la sève qui coule et donne le mie] de Palma. L'extrac-
tion de la sève d'un seul tronc réclame plusieurs mois et fournit
environ 400 litres de sève.
Les faisceaux fibro–vasculaires avec le parenchyme permettent
d'obtenir des fibres textiles ou de fabriquer du papier. Avec les
fibres textiles on fait de gros cordages qui résistent fort bien à
Faction de lean.
Le tronc lui-même peut être utilisé, s'il demeure intact, comme
conduite d'eau.
Les feuilles sont utilisées pour couvrir les maisons ; leurs ,fibres
donnent des cordes et leur pétiole fournit un báton. On peut aussi
avec ces feuilles faconner des Paniers, des naties, etc.
Avec les folioles on fait des chapeaux de paille. Bractées, spathes
et régimes procurent encore d'autres fibres et permettent d'en firer
des objets pleins de délicatesse, tels que des dentelles, des
fleurs, etc,
Nous n'en finirions pas si nous voulions passer en revue toutes
les espèces de palmiers. Les Palmiers ne comptent pas moins de
130 genres représentés par 1,100 espèces environ. Presque tous
habitent les tropiques ; nous avons signalé presque toes ceux qui
s'en écartent le plus.
Rien que dans l'Inde, six tribus sont représentées par
34 genres.
-6
Sur ces 34 genres, les plus remarquables so p t les suivants :
Areca, Arenga, Caryota, Phoenix, Corypha, Calamus, Borassus,
Cocos.
Nous avons déjà parlé des Areca, des Borassus et des Cocos.
Quelques mots sur les autres genres ne seront pas déplacés ici.
Le plus précieux des Arenga est 1Arenga sacchari fera
Labill.
Ce palmier habite 1'Assam, la Cochinchine, la Birmanie, la
presqu'ile de Malacca et le sud du Japbn. On le trouve aussi en
Malaisie.
L'Arenga saccharifère atteint une hauteur de 12 mètres, Les
fibres des pétioles de ses feuilles servent à fabriquer des cordages.
Comme son nom l'indique, sa sève produit du sucre et on peut
avec ses jeunes noix faire des confitures. Ce palmier périt aussitát
qu'il a donné son fruit ; son sty pe se creuse, ce qui perniet de
l'utiliser comme tuyau. L'Arenga sacchar fera pourrait être natu-
ralisé dans des pays généralement chauds.
Citons pour mémoire 1 Arenga TVightii Griff., que nous avons
vu aux Nilgiris et à Coïmbatore.
Le Caryota urens L., est un arbre curieux. II habite les contrées
chaudes de l'Inde et la Malaisie. On le trouve dans 1'Asie tropicale.
Son aspect est triste, presque lugubre. On dirait un arbre mort.
De même que 1' Arenga, dont nous venons de parler, it est plus
robuste que le Cocotier. Il s'élève dans l'Himalaya jusqu'h
1,500 mètres et pourrait même y vivre à 2,000 mètres. Il fleurit
á un age avancé, puls, quand it a produit successivement un grand
nombre de fleurs, it meurt. Nous en avons vu un au Jardin d'Accli-
matation de Pondichéry sur lequel croissait un Ficus bengalensis L.
On retire de son tronc une sorte de sagou qui ressemble à
l'amidon.
Avec ses fibres on pent faire des Cordes, des paniers, des brasses
et des balais. Il tient lieu aux Indiens, d'amadou.
Le bols extérieur de son stipe est utilisé par les tourneurs.
Le Phcenix dactylif era L. , ou Daffier, a été introduit dans le Sindh
et le nord-ouest de l'Inde. Nous n'insisterons pas. Chacun connait
PII(ENIX DACTYLIFERA L. DATTIER, Voir page 64. (Gravure extraite du Naturaliste)
-- 65 .
de quel usage est le Daltier à l'Arabe. Huit espèces de Phenix sont
indigènes dans 1'Inde. Signalons toutefois le Phoenix sylvestris
Roxb., qui présente parfois des cas de polycéphalie.
Le Corypha umbraculifera L., ainsi que son nom l'indique,
donne de l'ombre, chose rare parmi les palmiers, 11 habite Ceylan
et la cote malabare, oh nous l'avons vu. C'est une belle espèce.
Le Talipot (nom francais du Corypha), s'élève souvent jusqu'à
30 mètres.
Ses feuilles qui ont jusqu'à 10 mètres de circonférence présen-
tent jusqu'à 100 lobes. Elles forment tine immense et superbe
time.
Le spadice du Talipot mesure souvent tine dizaine de mètres et
donne un grand hombre de fleurs. Ces fleurs douées d'une odeur
pénétrante sont de couleur jatine. Ses fruits sphériques fournissent
de l'huile. On prétend que le Corypha peut Bonner jusqu'à
20,000 fruits. Avec les noyaux de ces fruits on fait des colliers,
tandis que des spathes s'écoule par incision une liqueur fort en
vogue dans la médecine de l'Inde. Le Talipot aime les sols pier-
reux.
Le genre Calamus renferme de nombreuses espèces. Citons seu-
lement le Calamus Botany L., qui habite Ceylan et le Décan, et le
Calamus viminalis Willd qui est l'osier de l'Inde. On sail que
plusieurs Calamus servent à faire des cannel connues sous le nom
de joncs de l'lnde et des cravaches. C'est également un Calamus
qui fournit une des gommes résineuses nomrnées sang-dragon.
De l'étude que nous venous de faire it résulte que Dieu a placé
dans les diverses régions du globe des arbres éminemment précieux
pour les peuples qui habitent ces contrées, étant donné surtout que
dans les régions tropicales les hommes eivent de peu et n'ont point
à satisfaire toes les besoins factices que nous vaut une civilisation
qui a ses excès aassi bien que ses avantages. Dans vette répartition
des plantes corrélative aux besoins de l'être humain, le savant voit
une fois de plus la manifestation d'une Providence toujours atten-
tive et prévoyante.
H. LÉVEILLÉ.
T. II. 3*
— 66 —

BOTANIQUE PURE

GÉ4GRAPHIE

QLJELQUES MOTS
SUR LA

FLORE D'AUVERGNE
Par le Frère HÉRIBAUD Joseph
Pro f esseur au Pensionnat de Clermont-Ferrand.
(' L'Auvergne est la Terre promise
des naturalistes,
Eugène NIEL.

Plantes du département du Cantal qui n'ont point été trouvées


encore dans celui du Puy-de-Dome.
Anemone vernalis L. (I) -- Pente du Plomb du Cantal,
Ranunculus Lenormandi Schultz. — Environs de Pleaux.
A rabis cebennensis DC. -- Ravins des bols du Lioran.
Brassica montana DC. -- Sommet du Plomb.
Dentaria digitata I,amk. — St-Urcize.
Erysimum virgatum Roth. — Même localitê.
Sisymbrium asperum L. -- Environs de Massiac.
Draba aizoides L. — Puy d'Enfloquet, près du Falghoux.
Cistas salvi foliucs L. — Vallée du Don, sous Lachourlie.
Drosera longi olia Hayne. — Lieutadès.
Polygala calcarea Schultz. -- St- Santin; Courbelimagne.
Dianthus graniticus Jord. — Rochers des bords de la Truyère.
-- Barbatus var. Girardini Lamotte, -- Pierrefort.
Silene Saxifraga L. -- Salers; rocs de Vassivière.
— gallica L. -- Maurs; Boisset.
-- ciliata Pourr. -- Pente nord du Plomb.
Lychnis coronaria Lamk. -- Rochers des bords du Lot, à Vieil-
levie, etc.
(i) C'est par erreur que les auteurs de la Fiore franc aise indiquent cette
plante au Mont-Dore.
---- 67—
Sagina sub ulata Wi mm. — St-Paul ; Pleaux.
Linum gallicurn L. -- Montmurat ; Maurs.
— strictu-m Huds. — Montmurat.
Androsxmum officinale All. — Boisset ; St-Constans.
Oxalis corniculata L. — Le Trioulou ; Maurs.
Rhamnus alpina L. — Ste-Anastasie ; Lieutadès.
Genista prostrata Lamk. -- Sommet du Plomb.
Adenocarpus complicatus Gay. — Maui's; Boisset; Laroquebrou.
Ononis Natrix L. -- Garenne de St-Santin.
Trifolium montanum L. -- St-Flour; Marcenat ; Condat, etc.
-- patens Schreb. — Arpajon ; Tivoli.
Vicia varia Host. — St-Flour; Ruines.
Orobus vernus L. --- St-Urcize.
Coronilla Emerus L. --- Rochers des bords du Lot, a Vieillevie.
Lathyrus neglectus Puel. — Garenne de St-Santin.
Lythrum Hyssopfolia L. -- Maurs ; Lieutadès.
Sedum anopetalu yn DC. — Montmurat.
Saxif iaga hierac folia Waldst. — Rochers du Pas-de-Roland.
T- opposit folia L, -- Même habitat.
— androsacea L. — ld.
-- Aizoon Jug. var canlalica Gillot. — Sommet du Plomb.
Bupleccrum junceum L. — Montmurat.
Peucedanum carvi oliurn Vill. — Pierrefort.
Ileracleum Lecokii G. G. — Le Lioran ; Salers, etc.
OEnanthe pimpinelloides L. — Maurs ; St-Conslans.
Centranthus Calcitrapa Dufr. -- Monimurat.
Valerianella coronata DC. — Maurs.
Cornus mas L. — Causse de Gratacap.
Inula graveolens L. -- Boisset; Maurs; St-Constans.
Leucanthemum palmatum Lamk. — Rochers à Vieillevie.
Carduncellus mitissi^nus DC. — Garenne de St-Santin.
Leuzea conifera DC. -- Coteau calcaire, sous Montmurat.
Carduus vivariensis Jord. -- Montmurat ; St-Santin.
Crepis lampsanoides Froel. — Ravins des bois du Lioran.
1'terotheca Sancta Loret. -, Garenne de St-Santin.
-- 68 --
Hieraciurn piliferum Hoppe. -- Puy Mary.
-- cymosum L. — Rochers, près de Neussargues.
Lobelia urens L. -- Montmurat; le Trioulou.
Phyteuma betonici olium Vill. — Base du puy Mary.
Primula vulgaris Huds. — Pleaux ; Mazic.
Chlora perfoliata L. -- Montmurat ; St-Santin.
Gentiana ciliata L. — St-Santin ; Courbelimagne, etc.
Cicendia fihiformis Delarb. — Environs d'Aurillac.
Veronica urtic folia L. -- Rochers humides des montagnes.
-- prostrala L. — St-Flour.
— Anagallis L. var. anagallidiformis Franchet. — Fossés
près de Fraisse, entre Murat et Laveissière.
Odontites lutea Rchb. --1Vlontmurat; St-Santin.
Bartsia alpina L. -- Pentes des hautes montagnes.
Tozzia alpina L. -- Rochers du Pas-de-Roland.
Pedicularis verticillata L. -- Rochers humides des montagees.
Orobanche cruenta Bert. — Maurs.
— Picridis Schultz. — Aurillac; Courbelimagne.
Mentha cantalica F. Hcrib. -- La Gravière, près de Dienne.
— arvensis var. deflexa Dumort. --- Base du Plomb.
Galeopsis longiflora Marois et Timbal. — Bois du Lioran ; puy
de Bataillouze ; etc.
Globularia vulgaris L. — St-Santin ; Montmurat ; Aurillac.
Atriplex patula var. macrocarpa F. Hérib. — La Vigerie, près de
Dienne.
Azarum europxum L. — Le Lioran; la Capelle-Barrez.
Salix incana Schr. — Bords du Lot, a Vieillevie.
— daphnoides Vill. — Haies, près d'Aurillac.
Pinus Abies L. — Forêts du Lioran.
Fritillaria Meleagris L. — St-Urcize.
Allium paniculatum L. -- St-Santin.
•-- Schcenoprasum L. -- St-Flour.
Anthericum ramosum L. -- Montmurat.
Sirnethis bicolor Kunth. — Ytrac; Montsalvy.
Lirnodoru-rn abortivum Sw. -- Courbelimagne; Maurs.
— 69 —

Orchis globosa L. --- Puy Mary ; rocs de Vassivière.


-- pyramidalis L. --- Raulhac ; environs d'Aurillac.
Ophrys Scolopax Cay . — Garenne de St-Santin.
-- pseudo-speculum DC. — Mème habitat.
Hydrocharis Morsus-rani L. -- Étang de Fleurac.
Potamogeton obtus folius M. K. --- Wine habitat.
polygonifolius Pourr. -- Pleaux.
Arum italicum Mill. — Montmurat ; St-Santin, etc.
Eriophorum alpinum L. (t) — Prat-de-Bout; Malbo.
Scirpus pauci f torus Lightf. Fork d'Ytrac.
Rhynchosporafusca Roem. et Schuit. -- Pleaux.
Carex nigra All. — Rochers du Pas-de-Roland ; puy Griou.
Briza minor L. -- Montmurat.
Koeleria cristata var. vestita F. Hérib. — Rocs de Vassivière.
llrachypodium distachyon P. Beauv. -- St-Santin.
Lolium linicola Sond. — Champs de Lin, près de Murat.
Nardurus unilateralis Bois. — Garenne de St-Santin.
Osmunda regalis L. — Bords du Célé, à St-Constans.
Woodsia hyperboren R. Br. -- Puy Violent.
Grammitis leptophylla Sw. — Rochers des bords du Gaul vers son
point de jonction avec la Truyère; Paulhenc.
Polystichuin Thelipteris Roth. — Lac de Madic.
-- spinulosum var. Heribaudi R. du Buysson. — Bois
du Lioran.
Asplenium virile Huds. — Rochers du Pas-de-Roland.
lanceolatum Huds.— Rochers des bords du Lot, à Vieillevie.
— Adiantum-nigrum var. Lamotteanum F. Hérib. —
Rochers, près de St-Flour.
Allosurus crispus Bernh. — Puy Mary ; puy Brunet.
Adiantum Capillus-Veneris L. — Fontaine de Montmurat.
Ce qui frappe d'abord, après la lecture de nos deux catalogues,
c'est que la liste des plantes du département du Puy-de-Dome,
manquant au Cantal, dépasse de cinquante-deux celle des plantes du

(1) Les auteurs de la Fiore francaise signalent cette Cypéracée au Mont


Dore, mais par erreur.
— 0 --
Cantal qui manquent au Puy-de-Dome. Quelle cause assigner à cette
différence? Ce fait parait tenir, non, comme on pourrait le croire,
a la superficie plus étendue du département du Puy-de-Dome, mais à
ce qu'il a été jusqu'à présent beaucoup mieux exploré que son voisin.
Nous aurions Fair peut-être d'émettre un paradoxe, si nous
disions que le Cantal est en réalité plus riche que le Puy-de-Dome;
c'est notre opinion néanmoins, et nous sommes persuadé qu'on en
aura la preuve plus tard. En effet, it existait, it y a une vingtaine
d'années, en faveur du Puy-de-Dome, une différence numérique
d'environ 200 espèces, et cette différence, grace aux recherches de
nos correspondants et aux nótres, s'est abaissée à 52 ; de plus, au
lieu d'une vingtaine de plantes étrangères au Puy-de-Dome que
possédait le Cantal vers cette nlême époque, it en compte aujour-
d'hui plus de 100 ! ... Il est facile de prévoir, par suite, que l'équi-
libre s'établira plus tard, et sera même dépassé en sens inverse
lorsque les districts de Mauriac et de Saint-Flour, avec la partie
méridionale de celui d'Aurillac, seront mieux connus. Bien que
cette dernière contrée nous ait offert déjà un grand nombre de
nouveautés pour l'Auvergne, nous avons tout lieu de croire, néan-
moins, qu'elle ménage encore d'agréables surprises aux botanistes
qui l'exploreront sérieusement.
Les environs de Saint-Urcize, les cantons de Laroquebrou, de
Saint-Mamet, de Maurs et de Montsalvy, méritent surtoutl'attention
des herborisateurs.
En comparant deux pays limitrophes et peu étendus, nous ne
pouvons révéler des faits de géographie botanique bien tranchés;
mais si les botanistes étudient avec soin nos deux départements,
nous sommes persuadé que nos listes différentielles de plantes ne
seront point dépourvues d'intérêt pour eux. Pour qu'on apprécie ces
listes, nous devons commencer par envisager les lieux sous certains
aspects propres à doener une juste idée de la végétation d'un pays.
L'Auvergne a été savamment étudiée déjà, sous le rapport géolo-
gique et au point . de vue topographique, par MM. Lecoq, Bouillet,
A. Julien, Gonnard et. Rames, et nous ne pouvons mieux faire que
de renvoyer à leurs importants travaux ; toutefois, l'age des terrains
— 71 —

étant ici sans effet, c'est moans la géologie proprement dite que la
nature minéralogique du sol qui nous intéresse : là se trouve, en
effet, un des éléments principaux de la dispersion des espèces, tant
pour ceux qui se placent au point de vue de l'influence chimique
des terrains que pour ceux qui accordent a la constitution physique
de ces terrains une action prépondérante.
Les différences qui existent sous ce rapport, entre nos deux
départements, ne sont pas, it faut l'avouer, biera accentuées ; l'un
et l'autre, en effet, offrent, dans la majeure partie de leur étendue,
des terrains granitiques, des basaltes, des trachytes et des laves
dues a leurs nombreux volvans, et quant aux terrains calcaires,
recherchés par un grand nombre d'espèces végétales, si le Puy-de-
Dóme en contient une quantité plus considérable, d'un autre cóté,
ceux du Cantal sont situés sous -une latitude plus néridionale.
Les altitudes extrêmes de nos deux départements présentent
aussi peu de différences, car le Plomb du Cantal, qui s'élève a
1858 mètres, ne le cède que de 26 mètres au Pic de Sancy, qui
est la plus haute time de la France centrale. D'autre part, le point
le plus bas du Puy-de-Dome est de 268 mètres, là oil la rivière de
l'Allier abandonne ce département, et la moindre altitude du Cantal
est de 21 0 mètres,vers le sud, au point oil le Lot franchit nos limites.
Autre observation importante au point de vue qui nous occupe :
la superfacie du Puy-de-Dome est de 795 000 hectares, tandis que
cello du Cantal n'en a que 574 000. Le Puy-de-Dome compte
149 000 hectares de landes, et le Cantal 76 000 seulement ; mais,
par compensation, ce dernier département possède 226 000 hec-
tares de prairies humides et en partie marécageuses, tandis que
son voisin en a a peine 87 000.
Maintenant que le théátre de nos investigations est connu, étu-
dions nos deux listes telles que l'état actuel de noire botanique
locale nous a permis de les dresser, et táchons de discerner les prin-
cipeles causes des différences qu'on y remarque.
Nous avons dit déjà pourquoi le Puy-de-Dome, mieux exploré
que le Cantal, paraat jusqu'à présent privilégié pour le nombre des
espèces. On peut voir également que les espèces hydrophiles s'y
présentent en plus grande proportion que dans le Cantal, grace aux
incessantes herborisations dont l'humide bassin de l'Allier a été le
théátre ; mais, ici encore, et relativement á vette catégorie de
plances, l'équilibre s'établira sans doute plus tard, car on connaït
peu les landes marécageuses situées entre le Claux et Cheylade,
celles de Saint-Paul et de Parlan, les forêts humides d'Ytrac et du
Laurent, les manais tourbeux du Cézallier, de Saint-Urcize et de
Saint-Mamet ; les prairies fraiches de Marcolès, de Leynhac et de
Cayrols ; aussi sommes-nous persuadé qu'une abondante moisson
est réservée aux botanistes qui étudieront soigneusement ces inté-
ressantes localités. (A suivre.)

Flore des Nilgiris (suite).


SCITAMINÉES.

Curcuma neilgherrensis Wight. Canna indica L.


Hedychium venustum Wight. Musa superba Roxb.
Amomum cannxcarpum Benth. -- sapientium L.
Elettaria cardamomum Maton.
HÉMODORACÉES.

Peliosanthes neilgherriensis Ophiopogon intermedius Don.


Wight.
AMARYLLIDÉES.

Hypoxis aurea Lour. Curculigo orchioides Gcertn.


LILIACÉES.
Smilax aspera L. Asparagus capitatus Baker.
- zeylanica L. Chlorophytum Heyneanum Wall.
-- Wightii DC. — attenuatum Baker.
Asparagus subulatus Steudel. Lilium neilgherrense Wight.
lxvissimus Steudel. DisporumLeschenaultianum Don.
XYRIDÉES.

Xyris schoenoides Mart.


COMMÉLINACÉES.

Commelina hirsuta Clarke. Commelina obliqua Ham.


-- clavata Clarke. — Kurzii Clarke.
Le Monde des Plantes Tome 11.1899-1893. Pi.I

Abbé II.Bourdot dehn.

BAT TARREA PHALLO IT DE S Pers.


—73--

Aneilema ovalifolium Book. Cyanotis arachnoidea Clarke.


...... lineolatum Kunth. -- pilosa Schult.
- lanuginosum Wall. — villosa Schult.
-- montanum Wight. --- nilagi rica Hassle.
Cyanotis Wightii Clarke.
Jo`CAGÉES.

Juncus glaucus Ehrh. Luzula campestris DC.


— prismatocarpus Br.
PALMIERS.

Pinanga Dicksonii Blume. Phoenix humilis Bo y le.


Arenga Wightii Grá f.
H. LÉVEILLÉ .

Un champignon nouveau pour la France


(Battarrea phalloïdes Pers.)
Planche I
Le Battarrea phalloïdes (Merit par Persoon est un champignon
gastromycète curieux et intéressant. II est signalé d'Asie et d'Amé-
rique ; mais en Europe, it n'a été signalé qu'aux environs de Naples
et en Angleterre. Sa présence en France n'avait jusqu'à ce jour
jamais été constatée. Or, je vieras de le découvrir aux environs de
Moulins (Allier), dans ma propriété des Ramillons. Le 22 septembre
dernier, j'en ai récolté eind exemplaires sous en parfait état de
fructification : ils végétaient sur une épaisse couche de débris
d'écorce et de bois décomposé dans l'intérieur d'un chêne creux oil
ni la pluie, ni l'humidité extérieure ne pouvaient pénétrer.
Ce champignon sort d'une volve qui persiste a la base du stipe
en forme d'urne ; le stipe est ligneux, creux dans toute sa longueur,
de 14 a 18 centimètres, et est couronné d'un petit chapeau de 3 a
4 centimètres de diamètre, couvert .A sa pantie supérieure de spores
nombreuses, sphériques, pointillées verruqueuses, d'un jaune bru-
nátre, de six millièmes de millimètre. Extérleurement le stipe est
garni de longues écailles lin*aires qui deviennent déhiscentes dans
sa portion supérieure.
Le genre Battarrea dédié par Persoon au botaniste Battarra, ne
— 74 --
comprend que deux espèces : le phalloïdes Pers. et le Tepperiana
d'Australie, décrit et figuré par le Dr Ludwig dans le Bulletin de
la Société mycologique de France (T. V,4889, p. XXX1V, pl. V).
Cette dernière, d'après.sa description et sa figure, ne diffère des
échantillons que nous avons recueillis et que nous rapportons au
phalloïdes que par le caractère du peut-être a l'áge, et en sous cas,
peu important des écailles ou fibrilles du stipe moms déchiquetées.
Il n'y aurait done dans ce genre qu'une seule espèce remarqua-
blement ubiquiste, puisqu'elle se rencontrerait en Europe, en
Asie, en Australie et en Amérique.
C'est un fait de géographie botanique digne d'être signalé.
ERNEST OLIVIER.

Quelques conséquences de la Répartition


des Espèces
Je veux réunir sous ce titre les quelques résultats de l'étude
comparative des flores de France et de 1'Inde, étude dont j'ai publié
les diverses parties dans un certain Hombre de recueils scientifiques.
11 résulte de cette étude que : les plantes communes a la France
et et linde se retrouvent genéralement dans cette dernière contrée
sur les montagnes, notamment dans l' Himalaya ; — les plantes
de nos montagnes de France qui sont communes aux deux flores,
habitent la région alpine de l' Himalaya ; — les plantes aqua-
agues ou des lieux humides sont plus facilement cosmopolites et
peuvent habiter dans les plaines de linde, au moms dans le nord
de cette contrée.
De cette étude comparative, notamment de ia distribution géo-
graphique du Lloydia serotina Reichb., de la disparition momen-
tande de l'Atropa belladona et d'autres faits semblables, it résulte
que comme je l'ai déjà proclamé : it n'existe pas de centres de
création, mais chaque espèce croït lit ou elle trouve le climat qui
lui convient.
Il en résulte aussi que seuls le climat, le milieu peuvent modifier
la plante. Dès fors si une plante vit dans un milieu différent, s'y
._..75_
acclimate et ne subit pas de modification essentielle, it n'y a point
de transformation ; d'ou it suit que la doctrine qui veut que l'es-
pèce évolue est fausse scientifiquement, car elle doit être vraie pour
les plantes comme pour les animaux. Toutefois elle rend service á
la science, car else conduit les naturalistes à regarder l'innom-
brable quantité d'espèces, dont la plupart ne reposent que sur des
caractères de pee de valeer, variables et accidentels, comme des
variétés dont par conséquent la variation ne saurait être une preuve
de la vérité du transformisme.
En un mot, les espèces, reconnues aujourd'hui comme telles, ne
sons pas toutes des espèces, car ces espèces ont été créées par
l'homme. Or la Oche du savant est de discerner les ve'ritables
espèces les unes des autres et non pas d'en créer de factices.
H. LÉVEILLÉ.

BOTANIQUE RECREATIVE
Guide du Botaniste aug Indes
INTRODUCTION (4).
Nous allons entreprendre un long voyage. L'intérêt, les paysages
variés que nous contemplerons et les scènes typiques auxquelles
nous assisterons, en abrégeront la durée. Permettez-nous, lecteurs,
d'être volre cicérone dans vette promenade gigantesque que nous
allons entreprendre au pays des Radjahs. Ce qui caractérisera notie
Guide ce seront les détails historiques et géographiques, et bota-
niques, Bien entendu, que nous donnerons sur les lieux que nous
aurons occasion de visiter et sur les pays que nous aurons à traverser.
Nous vous montrerons,chemin faisant,les merveilles de l'Inde en
faisant un choix attentif de tout ce que cette région possède de plus
curieux, de plus intéressant et de plus instructif, et en faisant passer
soils vos yeux tous les sujets qui composent ce choix unique en son
genre.

(t) Le travail que nous commencons aujourd'hui sera en publication durant


une dizaine d'années et sera illustré de nombreuses gravures.
-- 76 --
Nous vous demandons en retour de convier vos asnis à nous
accompagner et a nous faire nombreux cortège dans cette excursion
lointaine et pittoresque, qu'avec le temps nous mènerons a bien.
Ne nous attardons plus a de vains discours. Le temps fait, ne le
laissons pas échapper; et, pour fuir les rigueurs de l'hiver, si nous
habitons un pays froid, ou pour chercher de la distraction, si nous
vivons sous un ciel plus clément, hátons-nous de nous diriger vers
le pays du soleil.
Entraïnons d'abord a notre suite les hótes des régions tempérées,
préparons-nous et partons. II. LÉVEILLÉ.

Causerie Botanique
INTRODUCTION (1).
Dans les pages qui vont suivre, nous nous proposons d'initier a
l'aimable Science des fleurs ceux de nos lecteurs qui jusque-la
n'ont été qu'amateurs et notre but est de les transformer insensible-
ment en botanistes.
Les botanistes, au milieu des études modernes si superficielles,
deviennent de plus en plus races. Nous espérons que ces lignes
donneront le gout de la botanique a quelques esprits, amis des
sciences.
Ceux qui ont déjà une connaissance profonde des plantes nous
pardonneront en faveur de notre intention, du but que nous pour-
suivons et puis aussi parce que cola leur rappellera leurs jeunes
années et leurs premiers pas dans l'étude de leur science
favorite.
D'ailleurs nous promettons d'être discrots et de ne point empiéter
trop sur le domcine scientifique des savants.
Nons irons doucement et le temps y aidant nous serons tout lieu-
reux si nous atteignons aux résultats que nous nous sommes pro-
posés comme objectif de nos efforts. H. LÉVEILLÉ.

(1) Ce travail qui nous a été demandé par quelques lecteurs ne comprendra
en moyenne, jusqu'à nouvel ordre, qu'une page par numéro de la Revue et
durera ainsi plusieurs années.
— 77 —

Informations.
Si l'on en croit certains agriculteurs, l'Europe jouirait cette proehaine
année d'un hiver clément. Le CALLUNA VULGARIS Salisb. ne serait, en effet,
garni de fleurs que jusqu'à la moitié de la tige, ce qui serait un signe pré-
curseur d'un hiver doux. A vérifier.

M, DUTREUIL DE RHINS, chef d'une mission scientifique francaise, est arrivé


le 20 octobre a Leh, dans le Cachemir, après avoir hiverné dans le Khotan. Il
est sans doute reparti aujourd'hui pour ce dernier pays d'ou it pourrait
atteindre le nord-est du Thibet. II est accompagné de M. GRENARD et de
12 suivants.

Nous apprenons la mort de M. CARSTENSEN, superintendant du Jardin


botanique de Bombay (lede anglaise). M. Carstensen a publié divers tra-
vaux botaniques sur les jardins dont il était directeur, sur les plantes échap-
pëes de jardin, et sur certaines plantes anomales, dans le Journal de la
Société d'histoire naturelle de Bombay.

Le Règne vegetal, dirigé avec tant de compétence par notre distingué


collègue M. CII. LE GENDRE, président de la Société botanique du Limousin,
deviendra au I er janvier prochain la « Revue Scientifique du Limousin »
et l'organe de toutes les sociétés savantes qui ont leur siège a Limoges.
Tout en élargissant son cadre et en renfermant les faits et les lois qui
sont du domaine des diverses sciences, la nouvelle Revue n'en continuera
pas moins de Bonner une large place a toutes les questions se rattachant a
la botanique. Nos meilleurs souhaits de réussite a la Revue scientifique du
Limousin a l'occasion de cette année 1893 doublement nouvelle.

L'Epilobium rosmarinifolium dans la Cote-d'Or, — D'après ROYER


(Flore de Ia Cote d'Or, t. I, 1881, p. 182), I'E. rosmarini f olium n'a pas
été retrouvé a Chassagne, rouvray et Epoisses, ou it est sigtlalé par LOREY,
mais a été indiqué a Dijon par WEBER, dans les talus de la partie du che-
min de fer de Langres voisine du canal de Bourgogne. D'autre part, MM . A.
VIALLANES et J. D 'ARBAUMONT (Flore de la Cote d'Or, 4889, p. 139) eitent
seulement pour cette espèce les localités suivantes : Chassagne, Rouvray,
Epoisses, talus du chemin de fer entre Plombières et Dijon. J'ai done pensé
qu'il ne serait pas sans intérêt de signaler la présence de cette belle plante,
rare pour la flore bourguignonne, dans la combe de Gevrey, ou je l'ai
recueillie it y a quelques années, ainsi que dans la combe de la Sérée près
de Nuits, ou je l'ai retrouvée au mois d'aout dernier. L. MOROT. (Journal
de Botanique).
_ 78 _
Bibliographie
Les Lichens, etude sur l'anatomie, la physiologic et la morphologie de
l'organisme lichénique. A. ACLOQUE, Paris, 4893, J. B. BAILLIÈRE.
Bibliogra fia de la Rosa par M. MARIANO VERGARA. Madrid, 4892. — Sous
ce titre M. VERGARA, le distingué rosiériste espagnol, publie une énuméra-
tion presque complète de tous les ouvrages et brochures, de toutes les notes
publiées dans les divers recueils scientifiques, et de tous les opuscules
parus jusqu'á ce jour qui, a n'importe quel point de vue, de près ou de
loin, ont trait aux roses. Ce consciencieux travail sera bien accueilli par les
spécialistes. M . VERGARA a eu soin de laisser, en regard des citations, la page
blanche, pour que le lecteur puisse y ajouter ses observations ; de même, a
la fin de l'ouvrage, des pages en blanc ont été laissées en vue d'additions
futures.
M. VERGARA n'a pu signaler les ouvrages suivants de M. Francois CRÉPIN,
ces travaux ayant paru postérieurement a la publication de son livre.
Les Roses de file de Thaws et du mont Athos. — La distribution
géographique du Rosa phcenicia Boissier. -- Tableau analytique des roses
européennes. — La distribution géographique du Rosa stylosa Desv. --
II. — Les Roses Valaisannes.
Les quatre premiers opuscules sont extraits des comptes renlus des
séances de la Société royale de botanique de Belgique, 1892. Dans le cin-
quième et dernier opuscule, M. CRÉPIN annonce l'apparition de Mes excur-
sions rhodologiques dans les Alpes en 1891.
Malgré ces quelques omissions forcées, le travail de M. VERGARA n'en
demeure pas moins un résumé sérieux et bien compris des travaux passés
sur les Roses et sera sans contredit un guide sur et indispensable pour
tous les rosiéristes.
A. E. BREIaM. - Merveilles de la Nature. La terre, les mens et les con-
tinents, géographie physique, géologie et minéralogie par FERNAND PRIEM.
Librairie J. B. Baillière et fels. Paris.
L'ouvrage actuellement en publication et qui comprendra 720 pages et
700 figures, paraissant en 22 séries a 50 centimes, est avant tout une oeuvre
de vulgarisation. C'est aussi,à raison des nombreuses figures qu'il renferme,
un ouvrage de luxe des plus instructifs. Jusqu'ici la collection des Mer-
veilles de la nature ne comprenait que l'Homme et les Animaux. Le pré-
sent travail étudie la Terre et les Mers. Il sera suivi d'autres ouvrages
qui traiteront du Monde avant l'apparition de l'homme et du Règne végé-
tal. Le livre en cours de publication se terminera par une esquisse des
faunen et des fibres actuellement existantes. Sans souscrire aux opinions de
l'auteur,qui nous montre l'évolution graduelle des formes animales comme
une idée aujourd'hui acceptée de tous depuis Darwin, nous souhaitons à
cet ouvrage,qui renferme une véritable profusion de gravures des plus inté-
ressantes et qui fait le plus grand honneur a l'éditeur qui en a provoqué et
procuré l'apparition, le succès qu'il mérite.
_. i9 —

Varia
Nouveau mode d'éclairage des objets sous le microscope
MLI. KOCH et Wou de Bonn ont imaginé le dispositif suivant : un baton
de verre est courbé en S de facon a se terminer au-dessous du microscope
ou it émet une lumière, diffuse : it recoit a l'autre extrémité les rayons d'une
source lumineuse qui est une lampe a pétrole ordinaire recouverte d'une
douille cylindrique de métal qui empéche la lumière de se répandre et de
s'éparpiller : la douille est munie d'une perforation dans laquelle le baton
de verre est inséré.
Le principe appliqué est le suivant : si l'une des extrémités d'un baton de
verre recoit de la lumière dans la direction de sa ligne axiale, les rayons
sont totalement réfléchis par la paroi et ne ressortent du baton qu'à l'au-
tre extrémité. La réflexion totale a lieu non seulement dans le cas d'un
baton de verre droit, mais aussi quand le baton est courbé. (Extrait du
Cosmos.)

Un arbre monstre
II existe dans la Charente-Inférieure, a Saint-Sauveur, un orme qui pré-
sente a 1 mètre du sol, 6 m 50 de circonférence. Le tronc est nu jusqu'à
une hauteur de 12 mètres et c'est de ce point seulement que partent hori-
zontalement trois énormes branches. Le tronc s'élève de nouveau sans
ramifications a une hauteur de 7 mètres, L'arbre mesure au total 35 mètres
et il recouvre de sa ramure l'habitation près de laquelle il a été planté.
(Naturaliste.)

Etablissements botaniques en Malaisie


Le D r directeur du jardin royal de botanique de Ceylan, fait dans
TRIMEN,
son rapport administratif les remarques suivantes sur les deux principaux
établissements botaniques de la Malaisie qu'il a récemment visités :
I1 y a peu de choses a dire du jardin de Singapore, qui est situé près de
la ville et qui est a la fois un part public et un jardin scientifique. II rem-
plit ces deux destinations; it est en effet plus orné que celui de Ceylan, le
gazon est Bien entretenu et les plates-bandes sont très élégantes pour un
climat tropical. II y a la une riche et abondante collection de plantes de la
Malaisie. La pantie réservée a la culture expérimentale des plantes écono-
miques est a quelque distance du jardin lui-même. Cette disposition est
heureuse. Le Directeur a sous ses ordres un chef de culture européen,
assisté de deux ou trois jardiniers indigènes, et a aussi la charge de deux
autres jardins confiés chacun a un jardinier anglais et situés run a Penang,
l'autre a Malacca. L'herbier et la bibliothèque ont pris un grand développe-
ment et une rapide extension.
L'établissement botanique hollandais de Buitenzorg présente un carac-
tère tout différent non seulement de celui de Singapore, mais de tous les
_-.. 80 _.
établissements anglais de même espèce, Kew non excepté. II repose entière-
ment sur une base scientifique. Le Directeur a le controle des six sections
que comprend cette institution et qui sont les suivantes : 1 0 l'herbier, la
bibliothèque et le Muséum ; 2° le laboratoire botanique ; 3° le jardin d'ex-
périences et le laboratoire de chimie agricole ; 4° le laboratoire pharmaceuti-
que ; 50 les jardins botaniques ; 6° l'Institut photographique. Chacu ne de ces
sections a pour chef immédiat un savant hollandais ou un homme du
métier secondé le plus souvent par un assistant. Le personnel européen est
done nombreux. Les laboratoires et la bibliothèque sont au complet et au
courant des progrès de la science et tout est combiné pour que l'on puisse
faire des recherches et des travaux originaux sur toutes les branches de la
botanique. Un bon nombre d'étudiants viennent d'Europe attirés par cette
organisation et les laboratoires sont outillés pour recevoir de nombreux tra-
vailleurs. Une publication périodique intitulée : « Annales du Jard, Buiten-
zorg,) est consacrée a Ia botanique savante et une autre « Teijsmannia »
comprend la partie économique et horticole.
Les jardins botaniques occupent a Buitenzorg de 24 a 28 hectares et sont
situés a 2-40 mètres environ d'altitude. Le sol en est fertile et l'eau y est
abondante. Its sont protégés par une haute grille en fer armée de pointes.
Its sont presque entièrement occupés par un arboretum classifié. Chaque
famille est isolée au moyen d'une route ou d'un sentier. La collection est
extrêmement riche et chaque espèce est étiquetée patiemment avec des éti-
quettes droites, faites du bois très dur d'Eusideroxylon,qui sont a l'abri de
1'attaque des termites. Tout le jardin est beaucoup trop encombré, ce qui
lui enlève de sa beauté ; mais it est extrêmement bien disposé pour les étu-
des scientifiques. Tout près de Buitenzorg est le petit « Jardin de la mon-
tagne » a Tijbodas. Situé a 4400 mètres environ d'altitude it a a sa tête un
superintendant européen et possède aassi une maison pour le Directeur et
un laboratoire avec logement pour quatre étudiants.
Le jardin d'expériences (Cultuur-tuin) est a environ deux mules du jar-
din principal. Il a une étendue de plus de 80 hectares mais n'est pas actuel-
lement tout occupé. 11 est disposé en carrés ; chacun de ces carrés est
consacré a un produit ; de larges écriteaux placés a chaque angle donnent le
nom, la date de 1'ensemencement ou de la plantation et les autres rensei-
gnements. 11 y a la des plantes d'un grand intérêt. Cependant une grande
quantité de graines ou de plantes est distribuée aux planteurs et aux ama-
teurs. Cette distribution est gratuite pour tous. Je fus surtout rempli de
surprise et d'étonnement en voyant que lien ne manquait a Buitenzorg
comme centre d'études botaniques. Le seul cóté faible m'a semblé être
('herbier qui n'est nullement en rapport avec les autres moyens d'étude. »
Les jardins de Buitzenborg qui, avec celui de Calcutta, sont réputés les
plus beaux du monde ont pour directeur M. TREUB, membre d'honneur de
1'Académie internationale de Géographie botanique et membre correspondant
de l'Institut de France.
— 81 --

Revues
Bulletin de le Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France
(30 Septembre). -- Note sur les Parmelia et les Physcia de l'Ouest. A. VIAUD-
GRAND-MARAIS. - Catalogue des plantes vasculaires de file de Noirmoutier,
avec une carte. A VIAUD-GRAND-MARAIS.
Cosmos (15 Octobre). — Les Orobanches. G. DE DUBOR. - Un If antique.
H. LÉVEILLÉ. -- Une dicotylédone du crétacé.
(5 Novembre). — La bactériologie du choléra. L. MENARD.
Le Naturaliste (15 Octobre). — Suites a la Flore de France de Grenier et
Godron (suite). Damasonium polyspermum Coss., Colchicum Neapoli-
tanum Tenore, Merendera fili folic Cambess. G. RouY.
(Ier Novembre). -- Deux salades indigénes. P. IIARIOT.
Journal de Botanique (I er Octobre). -- Monographie des Orchidées de
France (suite). G. CAMUS. - La Brunissure et la Maladie de Californie,
P. VIALA et C. SAUVAGEAU. - Propriétés et réaction des composés pectiques
(suite). L. MANGIN.
(16 Octobre). — La tribu des Clusiées, résultats généraux d'une monogra-
phie morphologique et anatomique de ces plantes (suite). J. VESQUE. - La
Brunissure et la Maladie de Californie (fin). P. VIALA et C. SAUVAGEAU.
Le Règne végétal (15 Octobre). — Quelques documents pour l'histoire de
Ia pomme de terre (suite et fin). D r CLos. -- Famille des Characées (suite).
SOULAT-RIBETTE.

Annales des Sciences naturelles. Botanique. (7° série T. XV nus 5 et 6.)


-- Monographie des Oscillariées (Nostocacées homocystées). M. COMONT.--
Deuxième addition aux recherches sur la structure et les aftinités des Méla-
stomacées. PH. VAN TIEGHEM.
(T.XVI. n o 4.) — Recherches sur la turgescence et la transpiration des
plantes grasses. E. AUBERT.
Revue générale de botanique (15 septembre).— Description d'une Liliacée
exotique peu connue, le Cohnia flabelliformis. JACOB DE CORDEMOY. —
Recherches sur la respiration et l'assimilation des plantes grasses (suite).
A. AUBERT. - Revue des travaux sur la classification et la géographie botani-
que des plantes vasculaires de la France publiés en 1888 et 1889 (suite).
A MASCLEF.
Rivista italiana di Scienze naturali (1 Luglio).— Sopra un caso di ata-
visms in una spiga femminea di Zea Mays. Prof. G. B. CACCIAMALI.- Ripro-
duzione animale e vegetale (continuazione). Prof. D r A. NEVIANI.

Sociétés savantes
Académie des Sciences
Séance du 3 Octobre. M. GASTON BONNIER continue d'exposer le résul-
at de ses expériences sur l'influence de la lurnière électrique sur la struc-
— 82 —

ture des plantes herbacées. I1 présente les conclusions suivantes : 1 0 lors_


que la lumière électrique continue, sous verres, amène chez une plante
herbacée un développement considérable, accompagné d'un verdissement
intense, la structure des organes est d'abord très di f férenciée ; si la
lumière électrique est intense et si son action se prolonge pendant des
mois, sans arrêt, ni atténuation, les nouveaux organes formés par les plantes
qui penvent s'adapter A cet éclairement présentent de remarquables modi-
fications de structure dans leurs divers tissus et ils sont moins di f férenciés
tout en étant toujours riches en chlorophylle ; 2° la lumière électrique
directe est nuisible, par ses rayons ultra-violets, au développement normal
des tissus, même si les lampes sont a une distance de plus de 3 mètres.
Séance du 10 Octobre. -- Note DE M. L. GÉNEAU DE LAMARLIBRE sur la
respiration, la transpiration et le poids sec des feuilles développées au
soleil et A l'ombre. L'auteur tire ces conclusions d'ailleurs faciles a prévoir :
1° a surface égale et toutes conditions identiques d'ailleurs, les feuilles de
même espèce développées au soleil ont une respiration plus intense que
celles qui se sont développées a l'ombre ; 2° la quantité d'eau respirée
par une même surface et dans les mêmes conditions est plus grande pour
les premières que pour les secondes ; 3 0 le rapport du poids sec au poids
frais des feuilles développées au soleil est supérieur a celui des feuilles
développées A l'ombre.
Note de M. WILLIAM RUSSEL sur la structure du tissu assimilateur des
tiges chez les plantes méditerranéennes. 11 résulte des recherches consi-
gnées dans cette note que les plantes des garrigues de la région méditer-
ranéenne présentent fréquemment, dans leurs tiges, un tissu assimilateur
chlorophyllien bien différencié dans lequel ou peut reconnaïtre trois types
fondamentaux de structure. Ces plantes se rapprochent ainsi des plantes
des déserts tropicaux.
M. A. OGER prouve que Pon peut, au moyen de l'humidité du sol, obtenir
dans une espèce donnée des modifications de structure de même ordre,
quoique moins accusées, que celles qui servent a caractériser les espèces
voisines, adaptées les unes au sol humide et les autres au sol sec.
M. A. MAGNIN présente les résultats d'une exploration botanique des lacs
des monts Jura.
Séance du 24 Octobre• -- Note de M. MIQUEL sur le rétablissement de
la forme Bite sporangiale chez les Diatomacées.

Correspondance
Antibes, 14 Octobre 1892.
Mon cher Directeur,
Le numéro 13 du Monde des Plantes m'apporte la nouvelle de ma
nomination définitive, a la suite du vote, d'explorateur-naturaliste de l'Aca-
démie. Personnellementje vous remercie ; je remercie également messieurs
--83—
les membres qui ont bien voulu porter leurs suffrages sur moi ; je m'effor-
cerai, lorsque le moment sera venu, de consacrer toutes mes facultPs au
bénéfice de la cause que vous soutenez si éminemment. Je vous ai soumis,
it y a quelque temps, le projet d'un voyage dans les parties les moms
connues, les moms explorées de l'Inde ; it pourra revenir sur votre bureau,
en temps opportun, pour être soumis a l'examen de la commission chargée
de ce travail.
Puisque vous me donnez ainsi l'occasion et le plaisir de vous écrire,
permettez-moi de revenir, un peu tard peut-être, sur le n° 9 du Monde
et spécialement sur l'intéressant chapitre de l'arbre qui brine. Un de vos
correspondants nous signale, au dernier nuniéro, le Laportea crenulata
comme étant ce désagréable végétal. — Rien ne peut, en effet, ressembler
plus a une brulure que la blessure qui résulte du simple attouchement de
ce Laportea. Je me reporte a la page 331, note 12, de mon livre sur Cey-
Ian, au Pays des Veddas, óu je dis : « Je me souviendrai longtemps
d'un jour que je m'obstinai a vouloir prendre une fleur de Ma-Oussa (et
non Mausa) (1) (Laportea crenulata), un arbre assez abondant dans cer-
taines régions. Je gardai deux semaines les douleurs de ses urticaires au
poignet : douleurs, accompagnées de mouvements spasmodiques dans tout
le bras et jusqu'à l'épaule, qui se faisaient encore sentir alors qu'on ne
percevait plus, depuis longtemps, les petites taches blanches aux endroits
blessés. »
Je me souviens encore aujourd'hui combien la souffrance était avivée a
la suite d'une immersion dans l'eau, mais je crois l'avoir beaucoup dimi-
nude par de nombreuses frictions a l'alcool camphré fort.
EMILE DESCHAMPS.

Ouvrages parvenus a la Direction de la Revue


TITRES : DONATEURS :

Le thé. Botanique et culture. Falsifications. MM. J. B. BAILLItRE.


par Antoine Biétrix.
Bibliografia de la Rosa. Mariano Vergara. MAR. VERGARA,

Académie Internationale de Géographie botanique


Messieurs et chers Collègues,
Permettez-moi, avant de quitter la Direction de cette Académie
qui nous est chère, de mesurer d'un coup d'oeil le chemin parcouru.
Il y a juste une année que nous avons fondé cette Société appelée
a étudier la répartition des espèces végétales, a provoquer de nou-
(1) Ma-Oussa et Mausa sont synonymes vraisembiablement; le premier
paralt être la prononciation du second. (Note de la rédaction.)
— 84 —

velles découvertes et a (Werner un jour des récompenses aux bota•


nistes méritants.
L'Académie s'est rapidement complétée elle-même et aujourd'hui
elle va poursuivre ses travaux déjà commencés et accomplir sa
tache. Sa tache, messieurs, elle est immense ; et pour la remplir
tout entière, ii faudra de nombreuses années.
Mais quand les premiers Académiciens auront disparu, d'autres
viendront les remplacer, car, chers oollègues, it faut que nous
assurions la perpétuité,si je puis m'exprimer ainsi,de cette institution
qui peut rendre a la science de signalés services.
Comment ferons -nous pour atteindre ce but ?
L'Académie a d'abord a soutenir cette Revue qui est la sienne.
II faut que cette Revue grandisse et que les travaux de l'Académie
puissent y trouver place.
L'Académie doit ensuite subvenir aux dépenses des missions
qu'elle accordera aux explorateurs soucieux d'agrandir le domaine
de la science dont elle s'occupe.
L'Académie doit enfin assurer l'indépendance et la facilité de
travail de ses membres en leur attribuant chaque année au moins
tine modeste subvention.
Ou prendrons -nous les ressources nécessaires pour parer a cette
triple éventualité ?
Messieurs et chers collègues, dans le courant de la prochaine
année, des démarches vont être faites auprès des divers gouverne-
ments pour obtenir une subvention annuelle. Cette subvention sera
consacrée a l'entretien de la Revue.
Nous allons ensuite fonder un Comité international de patronage
des explorations scientifiques. Ainsi que 1'indique le titre de cette
institution, les fonds qui en proviendront seront affectés unique-
ment aux diverses missions scientifiques confiées par l'Académie
a des explorateurs d'élite.
Enfin nous espérons que de généreux donateurs, comprenant
l'utilité de p otre oeuvre et jaloux de laisser après eux une trace
durable de leur passage, nous permettrt nt de pourvoir au traite -
ment annuel des Académiciens.
LI', PROhESSEUR H. LÉVEILLÉ, ANCIEN MISSIONNAIRE
FONDATL+'UR ET PREMIER I)IR E CT EIIR DE L ' ACADÉMIE iNTERNA'1'IOVAL E
DE GI.OGHAPIIIE BOTANIQUE
I;CHITAIRF PUHPI{',`l'LIEG DE LA M1^!]ME ACADÉMIE
ET DIRECTEUR DU 1110)1(h drS Plrrll,ll',5'
— 85 —
Peut-être enfin nous sera-t-il donné de récompenser un jour le
mérite par des prix et des insignes dont l'Académie restera la dis•
pensatrice.
Voilà, messieurs, le plan tout entier. A vous, messieurs, de nous
aider a le réaliser. Il est vaste, it est beau, it est possible, car tout
est possible a l'homme qui veut.
D'ailleurs comme gage de réussite, nous allons avoir a notre tête,
durant la prochaine année, un savant éminent, universellement
connu et apprécié des botanistes.
Avant de lui céder la place, place dont j'ai toujours été bies
indigne, je suis heureux de lui témoigner ici toute mon admi-
ration.
Je me permettrai aassi, messieurs, d'unir ma faible voix a celle
de tous les savants illustres, a tous les maitres de la botanique pour
rendre, au nom de l'Académie et au mien, gloire et actions de
graces a Celui auquel nous devons le succès, au Dieu éternel,
1'Auteur des Mondes et le Maitre des Sciences.
H. LÉVEILLÉ.
Directeur de 1'Acadêmie.

TRAVAUX DU DIRECTEUR SORTANT


BOTANIQUE
Les palmiers monstres de 1'Inde NATURALISTE

Les Banians dans l'Inde —


La Flore de I'Inde dans ses rapports avec la Flore de France
Les palmiers polycéphales
Les Cactées dans 1'Inde Cosmos
Le genre OEnothera dans 1'Inde —
Les palmiers polycéphales —
Kallou, Arrack et Toddy
tine mangue anomale
La Féve.
Acajou a pommes et pommes de Singe
Plantes a mácher le verre et a mácher le sable
Le Porcher ....... .......
Un If antique
Plantes a acclimater en France LE RFGNE VÉGÉTAL

Voyage d'un botaniste aux Indes


— 86 —
Observation physiologique sur un . CEnothera des Nil-
giris., .... , ...
• BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE
Action de l'eau sur les mouvements de la DE FRANCE
Sensitive... ... . ..... . ..... . ---
Note sur. l'Enothera tetraptera...... --- --^

Les palmiers a branches dans l'Inde.. -- --


Curieux phénomène présenté par le Mangi-
feraindica,,..,..,..., — —
Sur la présence du Taraxacum officinale aux Nil-
giris.... JOURNAL DE BOTANIQUE
Le Turnera ulmifolia a Pondichéry ..... ..........
Apercu sur la Flore du Midi de l'Inde BULLETIN DE LA SOCIÉTE D'AGRICULTURE,
SCIENCES ET ARTS DE LA SARTRE
Note sur une OEnothéracée des Nilgiris -- —
Note sur la différence des Phyllodes
d'Eucalyptus globulus et d'Acacia
melanoxylon • , -- —
Espèces végétales communes a la
France et à 1'Inde' , —
Concerning the presence of the Taraxacum JOURNAL OF THE BOMBAY NATURAL
officinale in the Nilgiris. HISTORY SOCIETY
Contributions a la Flore de l'Inde francaise..... LE MONDE DES PLANTES
Flore des Nilgiris „ _
Herborisations dans les montagnes de l'Inde. Nil-
giris
Les Epilobiums en France et en Amérique. ..... _.._
Les limites de la variabilité des espèces
Les Palmiers —
Les plantes curieuses,utiles etmédicinales de I'Inde —
Une variété de 1' Enothera tetraptera. —
Nombreuses notes diverses dans : le Monde des
Plantes, le Cosmos, le 1lraturaliste, la Revue
scienti fique, le Petit Bengali etc,
ETHNOGRAPHIE
Une visite chez les Todas NATURALISTE
Les Races de I'Inde

GEOLOGIE
Note sur les montagnes de I'Inde ....... . . . NATURALISTE
Le delta du Gange Cosmos
Géologie de l'Inde francaise, . BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Note sur les mines de Colar
(Inde) --
Les terrains d'alluvion a Pon-
dichéry — w
— 87 —
Adjonctions is la Géologie de
1'Inde francaise. Principaux
fossiles du terrain crétacé. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Les grès du détroit de Palk
Géologie de Chandernagor simples obs. —
L'époque glaciaire a-t-elle existé dans 1'Inde?

OEUVRES DIVERSES
Les Monstres humains NATURALISTE

L'espêce et la doctrine de 1'Évolution . Cosmos


Le Tour du Manguier --
Poésies, BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE,
SCIENCES ET ARTS DE LA SARTHE

Constance Chlore.... , .....


Le dernier des Rabodanges
Voix d'Outre-Mer
Articles divers....

Tous ces travaux ont paru d'Octobre 1889 a octobre 1892.

Aug délégués aux expéditions scientifiques

Messieurs les délégués aux expéditions scientifiques voudront


bien statuer sur l'expédition que M. Émile Deschamps, voyageur
de l'Académie, se propose de faire aux Indes, M. Deschamps se
propose d'explorer le Travancore et le Tinnivelly, seules régions de
l'Inde, nous écrivait récemment noire éminent collègue M. King,
ou it y ait encore chance de faire assez abondante récolte d'espèces
intéressantes ou nouvelles. M. Deschamps poursuit personnel-
lement des recherches anthropologiques. Après avoir étudié et
recueilli des spécimens de la faune et de la fore Travancoréenne,
it parcourra rapidement les Nilgiris, le Wynaad, le Coorg, les
Vindhyas et le Rajmahal.
MM. les délégués voudront bien envoyer au secrétariat de l'Aca-
démie, dans le plus bref délai, leurs observations et leur manière
de voir, touchant l'expédition projetée par le distingué voyageur de
l'Académie.
H. LËVLILLÉ.
Directeur de l'Académie.
_ 88 _

Le Monde des Plantes étant tout entier l'organe de l'Académie,


organe dans lequel paraissent les travaux des Académiciens ou ceux
qui sont présentés a l'Académie, désormais la division relative à
l'Académie sera supprimée.Les travaux sur les Onagrariées se trouve-
ront dans la partie intitulée Botanique pure a l'article Géographie.
Pour éviter des recherches, les décisions seules paraitront en têtede
chaque numéro.
Si l'Académie accepte des travaux élémentaires ou étrangers a
son but, c'est en attendant que les travaux de ses membres lui per•
mettent de remplir son bulletin et aussi pour se conformer à l'esprit
de l'article XI de sons règlement, car l'Académie doit s'adresser a
tous ; elle ne doit pas être une société fermée et elle doit répandre
autour d'elle le gout de la botanique.

DÉCISION

Par décision en date du 23 octobre 1892:


M. Ernest Olivier, Directeur de la Revue Scientifique du Bour-
bonnais et du centre de la France, est nommé associé libre de l'Aca-
démie.
Le Directeur, H. LÉVEILLÉ.

Offres et Demander
On Bemande des timbres des divers états de 1'Inde et des timbres nou-
veaux 0892) d'Amérique. On offre en échange des timbres actuels de
France, neufs.

Petite correspondance
A. L. a Paris. — Oui ; nos sabliers peuvent parfaitement être ouvragés,
ce qui en augmente la valeer.
E. G. a Paris. — Nous ne céderons plus désormais de numéros isolés des
six premiers mois de la Revue.

Le Gérant du « Monde des Plantes », A. SADA.

Lc Mans. -- Typographic Edmond Monnoyer.


BARON FEI{DI`AAD VO N MUELLER

DIRECTEUR DE L ' ACADÉMIE INTERNATIONALE DE GÉOGRAPIIII? BO'I'ANIQUE


POliR. 1893
Iti.C,M.G., M D. PII.D, F.R.S.
2e ANNft. No 16 ter JANVIER 1893.

LE MO\DE DES PLATES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQIIE

Une quittance AUGMENTÉE DES FRAIS DE RECOU-


VREMENT sera présentée à nos abonnés. Ceux auquels
ce mode de paiement ne conviendrait pas sont priés de
vouloir bien adresser le montant de leur abonnement
pour 1892-1893, en mandat ou en timbres-poste frangais,
à M. Edm. Monnoyer, éditeur, 12, place des Jacobins,
Le Mans (Sarthe) .

Etat de 1'Aoadémie Internationale de Géographie


botanique
ECU. 1 er Janvier 1 $93

Directeur
Baron von MUELLER.

Secretaire perpétuel
H. LÉVEILLÉ.

Trésorier
Ch. LE GENDRE.

Membres d'honneur :
MM. P. Duchartre, de l'Institut, 84, rue de Grenelle, Paris.
France.
G. King, botaniste du Gouvernement, Royal botanic Garden,
Shibpur-Calcutta. Inde.
G. Rouy, 66, rue Condorcet, Paris. France.
Treub, 'sLands Plantentuin, Buitenzorg, Java. Malaisie.
Membres titulaires :
MM. Luigi Bordi, R° Istituto, Aquila. Abruzzo. Ilalie .
T. II. 4
— 90 —
E. Gonod d'Artemare, 8, avenue Charras, Clermont-Fer-
rand. France.
J. A. Henriques, directeur du Jardin botanique de l'Univer-
sité de Coïmbre. Portugal.
Jh. Héribaud, pensionnat des Frères, Clermont-Ferrand.
France.
Baron Ed. Hisinger, Fagervik, Karis, Finlande . Russie.
G. de Lagerheien, Université de Quito. Equateur.
Ch. Le Gendre, 3, place des Carmes, Limoges. France.
H. Léveillé, 104, rue de Flore. Le Mans. France.
Ed. Marais, 19, rue Ninau, Toulouse. France.
Baron Ferd. von Mueller, botaniste du Gouvernement. Mel-
bourne. Australie.
A. Posada-Arango, Université de Medellin. Colombie.
Ferd. Renauld, Aalais du Prince de Monaco.

Memnbres correspondants :
MM. Ch. Gray, Gray hotel, Coonor, Nilgiris, Madras Presidency.
Inde.
H. Lisboa, Grant medical college, Bombay. Inde.
A. Sada, Pares coloniaux, Pondichéry. Inde Francaise.
W. Trelease, Missouri botanical Gardens, Saint-Louis-Mis-
souri. États-Unis.
Associés libres.
MM. W. J. Beal, Michigan Agricultural college, Ingham Co. Mi-
chigan. États-Unis.
C. F. Wheeler, Michigan Agricultural College. Ingham Co.
Etats-Unis .
0. Debeaux, 28, rue Saint-Lazare, Toulouse. France.
E. Gadeceau, 11, rue des Hauts-Pavés, Nantes. France.
David Prain, Shibpur-Calcutta, royal botanic Garden. Inde.
Ern. Olivier, Les Ramillons, près Moulins. France.
Explorateurs :
MM. Em. Deschamps, 8, rue James Close, Antibes. France.
P. Dupuis, 40, rue Vauthier, Ixelles-Bruxelles. Belgique.
— 94 —
Délégués :
MM. E. Gonodd'Artemare. , .
, Reunion des matériaux de travail.
J. Heribaud.
Luigi Bordi.
Sociétés savantes.
E . Marois.
G. King.
Consultation des lierbiers.
G. Rouy.
A. Posada-Arango.
Explorations.
A. Sada.
Décisions :
Par décisions en date du 25 décembre 1892 :
M. Ch. Le Gendre est nommé Trésorier de l'Académie pour dix
ans, conformément a l'article V du règlement.
M. Luigi Bordi est nommé délégué auprès des Sociétés savantes
en remplacement de M. Ch. Le Gendre, appelé au poste de Tré-
sorier.
M. H. Léveillé est nommé Gérant du Monde des Plantes.
MM. Ph. Heinsberger, Eug. Autran Conservateur de l'lierbier
Boissier sont nommés associés libres de l'Académie.
Baron Ferd. von MUELLER,
Directeur de l'Académie.
H. LÉVEILLÉ,

Secrétaire perpétuel.
Me'lhode d'études :
La meilleure marche a suivre pour parvenir á fixer rapidement
la distribution des Onagrariées nous parait être celle-ci : chaque
membre de l'Académie doit étudier la répartition des Onagrariées,
dans le pays qu'il habite, d'une facon plus spéciale. Il doit a vette
fin se mettre en rapport avec les Sociétés savantes et les botanistes
de son pays. Il est autorisé a se présenter et a agir dans ce cas au
nom de l'Académie doet it est membre, Quant aux sources oil it
doit puiser pour arriver a pointer sur la carte les localités occupées
par les espèces actellement à l'étude, eiles sont au nombre de trois :
les herborisations (la meilleure source a cause de la vérification
qu'elle comporte), les herbiers et les fibres.
-- 92 --
Quant aux cartes, les plus détaillées so p t les meilleures. Toute-
fois nous n'en précisons aucune. Nous verrons á fixer notre choix
quand it s'agira de la carte définitive. Pleine liberté également
dans les procédés à employer pour délimiter les espèces. Au mo-
ment de l'adoption d'une carte définitive, nous emploierons pour
cette délimitation des aires des espèces, des lignes de couleurs va-
riées pointillées ou continues, nous réservant d'indiquer la fré-
quence ou la rareté par des signes particuliers. Hàtons-nous lente-
ment, c'est la première condition d'un travail parfait.
Le Monde des Plantes étant tout entier l'organe de l'Académie,
les travaux des Académiciens y figureront sous la rubrique qui
leur convient. C'est ainsi que tout ce qui concerne la dispersion
des Onagrariées se trouvera dans la section de Géographie bota-
nique.
Michigan Agricultural College
Department o f Botany and Forestry.
24 octobre 1892.

Au Professeur H. Léveillé, Directeur,


Et aux Membres de l'Académie de Géographie botanique,

Honorés Messieurs,
Nous vous offrons tous nos remerciements en retour de la noti-
fication qui nous a été faite de notre élection a votre Société.
Nous apprécions cet honneur et nous ferons avec plaisir tout ce
qui sera en notre pouvoir pour vous cider.
Si vous désirez des spécimens de nos plantel, soit vivantes, soit
de noire herbier, ouquelques données concernent leur distribution,
veuillez vous adresser a nous à ce sujet.
Respectueusement vótres,

J. BEAL, M. S., Ph. D,


Professor of Botany and Forestry.
Consulting Botanist, Experiment station,
C. F. WHEELER, B. S.
-- 93 --

Nouvel An
Nos meilleurs voeux a tous nos abonnés a l'occasion de la nou-
velle année. Qu'ils veuillent bien nous seconder dans nos efforts et
pour nous aussi l'année sera excellente, dans ce sens que nous
pourrons améliorer de plus en plus notre publication en y insé-
rant des gravures originales et en augmentant le nombre de pages
de chaque livraison . On nous a conseillé d'agrandir notre format,
mais nous préférons rester, a ce point de vue, ce que nous sommes.
Nous trouvons en effet notre format actuel plus commode pour tine
revue d'études et de recherches comme la nótre.
Il y a a peine quinze mois que nous existons et nous sommes
aliés sans cesse en - perfectionnant et en donnant a cette Revue
le cachet d'universalité qui en fait le prix. Nous nous sommes
attachés aussi, on l'a pu voir, a la géographie des plaates.
Journal de science avant tout, à cause de l'Académie dont nous
sommes l'organe, nous voelons être, en même temps, une feuille
de vulgarisation et de publicité scientifique, embrassant dans un
cadre immense, le règne végétal tout entier et zoutes les fibres de
l'univers.
La Rédaction.

Une Réponse
Comme nous l'avions prévu, notre note sur un Ordre scienti-
hque a causé tin certain émoi. Nous nous y attendions. Nous di-
rans même qu'elle a été mieux accueillie que nous ne pensions et
que nous avons recu des encouragements nombreux et autorisés.
Nous avons toutefois h répondre a l'objection que voici : le but
poursuivi West pas désintéressé, car ii est évident que si le directeur
de I'Académie de botanique jouit du droit de conférer les distinc-
tions sur lesquelles repose le nouvel Ordre, it ne pourra faire moms
que de décorer ses collègues.
Eh bien ! non. D'abord nombre d'Académicienssont assez favo-
risés de distinctions pour ne pas en ambitionner une de plus. En
— 94 —
second lieu, Tien de plus facile que d'insérer dans les statuts une
clause qui interdirait de décerner une décoration à un membre de
l'Académie avant qu'il n'ait fait dans l'Académie un stage de cinq
ans.
D'ailleurs 1'Ordre en question est loin d'être établi .
Ne faut-il pas premièrement assurer ce qui existe. Un nouveau
mode de procurer a l'Académie les ressources dont elle a besoin
est de donner des conférences a son profit ; it y aurait encore ce
que l'on pourrait appeler le sou des botanistes. Chaque membre
de l'Académie demanderait a ceux avec lesquels it est en relation
la modique somme d'un sou par an . L'Académie se ferait de
ce chef un revenu de près de 2,000 francs. Resterait à récompenser
les souscripteurs.
Il y aura lieu d'établir aussi une Association des voyageurs et
des explorateurs scientifiques. Cette association dépendrait, au
point de vue financier, du Comité de patronage des explorations
' actuellement à l'étude. Au point de vue scientifique elle dépendrait
de l'Académie internationale de Géographie botanique. Elle aurait
son ' organe mensuel qui paraitrait le 15 de chaque mois en supplé-
ment au Monde des Plantes et contiendrait exclusivement des
récits de voyages faits au point de vue de l'étude des sciences na-
turelles et principalement de la botanique. H. LÉVEILLÉ.

BOTANIQUE PURE
GÉOGRAPHIE
QLTELQUES MOTS
SUR LA

FLORE JJ'AUVERGNE
Par le Frère HÉRIBAUD Joseph
Professeur au Pensionnat de Clermont-Ferrand.
L'Auvergne est la Terre promise
e des naturalistes, » Eugène NIEL.

Les botanistes remarqueront aussi, en lisant nos deux catalogues,


que le Cantal offre un plus grand nombre d'espèces méridionales
-95--
et occidentales que son voisin. Ce fait pourrait surprendre, lorsqu'on
sait que ce département, grace a l'élévation et a l'étendue de ses
plateaux, a une altitude bien supérieure a l'altitude moyenne du
Puy-de-Dome ; mais ii se présence it cet égard d'importantes con-
sidérations qui nous semblent propres à faire comprendre le fait
botanique que nous veeons de mentionner. Qu'on examine le
massif central des montagnes de 1'Auvergne : noire Chaïne des
puys, le groupe du Mont-Dore, le Plomb du Cantal et les mon-
tagnes qui lui sont subordonnées, et l'on eerra que la situation
de ces géants du Plateau central donne lieu a l'extrême inclinaison
du département du Puy-de•Dóme vers le nord et le bassin de la
Loire, et a l'extrême inclinaison du département du Cantal vers le
sud et le bassin de la Gironde. Si l'on remarque, en outre, que le
Cantal n'est séparé de la Méditerranée que par l'Aveyron et 1'Hé-
rault, tandis que le Puy-de•Dóme en est séparé par trois départe-
ments, on aura, croyons-nous, l'explication du phénomène botanique
dont nous avons parlé.
I1 est a noten aussi que le Cantal, qui n'a vers sa partie extrême,'
du cóté du sud, que 210 mètres d'altitude, est ouvert, sur ce
point, aux espèces méridionales qui remontent facilement de la
région des Oliviers, et qui trouvent, dans les cantons de Maurs et
de Montsalvy, avec un réservoir d'air chaud, le calcaire que la
plupart d'entre olies affectionnent. Ces mêmes plantes, au contraire,
rencontrent dans les hauts plateaux et les montagnes du Centre
une barrière infranchissable, qui leur interdit, de ce cóté, l'accès
du bassin de l'Allier ; it suit de là que les quelques espèces méri-
dionales que nous observons aux chaudes expositions de notre belle
Limagne, ne peuvent guère nous arriver que du cóté de la Lozère,
après un très long trajet, en suivant probablement les vallées de
l'Allier et du Gardon .
C'est ici le lieu de signaler la présence, sur les montagnes du
Cantal, de trois espèces pyrénéennes : Cochlearia pyrenaica, Si-
lene ciliata et Crepis lampsanoides, plantes communes et autoch•
tones dans les Pyrénées, peu abondantes, au contraire, chez nous,
et qui ont du, plus ou moins anciennement, nous arriver d'un trait
ou en faisant étape sur les plus hauts sommets des Cévennes.
— 96 —
L'existence du Saxi raga hieracifolia sur les corniches ba-
saltiques du Pas-de-Roland, est aussi très remarquable au point
de vue général de la Géographie botanique. Ce rarissime représen-
tant de la fore arctique nous serait-il arrivé des régions boréales
pendant l'époque glacière, en cétoyant de proche en proche .le
réseau et les labyrinthes que formaient alors les glaciers ? ou bien
cette espèce du Groënland et du Spitzberg, serait-elle autocthone sur
nos hautes montagnes du Cantal ? Nous laissons aux géologues le
soin d'étudier l'origine de ce dernier témoin de l'époque gla-
cière.
Nous possédons encore, sur les hauteurs du Cantal, quelques
autres espèces boréales, telles que : Gnaphalium norvegicum,
Salix lapponurn, Woodsia hyperborea, Bryum arcticum et cirra-
turn, Zygodon lapponicus, Leptotrichum glaucescens, etc., dont
la présence au centre de la France donnerait lieu à des considéra-
tions de géographie botanique fort intéressantes ; mais le cadre
restraint de cette note ne nous permet pas de les développer
ici
On connait la tendance des plantes à remonter les cours d'eau et
les grandes voles de communication qui, dans les montagnes,
longent toujours les vallées ; aussi n'y a-t-il point lieu d'être sur-
pris si l'on rencontre dans le Cantal plusieurs espèces occidentales,
puisque ce département déverse les quatre cinquièmes de ses eaux
dans le bassin de la Gironde.
Le Puy-de-Dome, au contraire, dont les eaux vont, en très ma-
jeure pantie, dans le vaste bassin de la Loire, offre, outre les
plantes dont sa rapide inclinaison vers le hord explique l'origine,
beaucoup d'espèces dont les principaux centres de dispersion en
France semblent se rencontrer dans les vallées parcourues par les
nombreux affluents de la Loire.
On a du remarquer, parmi les plantes du Puy-de-Dime, une di-
zaine d'espèces qui croissent toujours, chez nous, dans les terrains
salés et non loin de nos eaux minérales ; la population de cette
curieuse colonic, fort restreinte à la vérité, mais qui n'en présence
pas moms un cachet frappant d'originalité, se compose des espèces
— 97 —
suivantes : Spergularia marginata et salina, Trifolium mariti-
fora, Apium graveolens ; Taraxacum lep-
mum, Melilotus parviflora,
tocephalum, Glaux maritima, Triglochin, maritimum, Juncus
Gerardi, Polypogon monspeliense, Glyceria distans et Chara
crinita Wallr. var. brevispina Braun (1), Charade non comprise
dans la liste des plantes du Puy-de-Dome.
Quelques-unes de ces plantes qui affectionnent spécialement
l'iode et le chlorure de sodium, doivent se trouwer dans le Cantal,
qui possède, comme le Puy-de-Dome, un très grand nombre de
sources minérales, mais on les y a peu recherchées, ou du moms
l'on n'a pas su jusqu'à présent les y découvrir.
Quoique le nombre des partisans de l'influence chimique pres-
que exclusive du sol sur la dispersion des végétaux ait notablement
diminué, depuis le savant Traité de Géographie botanique de
M. Alphonse de Candolle, personae, néanmoins, ne peut contester
vette influence sur les plantes des terrains salés ; Faction chimique
est évidente ici, du moms pour les plantes qui ne se rencontrent
jamais en dehors de ces terrains. De ce nombre sont la plupart des
espèces que nous venous de nommer ; cependant, l' Apium gra-
veolens croit parfois assez loin de la mer, dans un sol dépourvu
de sel, et it en est de même du Melilotus parviflora et du Poly-
pogon monspeliense, dans le Midi. Le Tri olium maritimum, qui
mérite à peine son nom, remonte assez haut les vallées de la Loire
et de la Garonne ; nous l'avons trouvé stir les limites de 1'Hérault
et de l'Aveyron, à plus de vingt Reties de la mer ; ii existe aassi
très common dans une prairie dépourvue de tout élément salin, si-
tuée entre Lempdes et la gare d'Arvant (Haute-Loire). On pour-
rait en dire autant du Juncus Gerardi des marais salés de la Li-
magne, qui, dans le midi, préfère le voisinage de la mer, mais
s'en éloigne assez souvent.

(1) Ce Chara, des eaux minérales de Saint-Nectaire et de Sainte-Marguerite,


a figuré jusqu'à présent dans les herbiers sous la fausse dénomination de Chara
ondensata Walim., dont le caractère le plus saillant est d'avoir les sporanges
globuleux, tandis qu'ils sont oblongs-allongés dans la plante d'Auvergne, la-
quelle correspond bien a la forme appelée brevispina par Braun, car les acicules
de la tige y sont relativement courtes, parfois réduites a des papilles.
-Tioutefois, si ces dernières espèces ne sont pas exclusivement
spéciales aux terrains salés, on peut au moms les classer dans la
catégorie de celles que nous avons désignées, dans notre Florule
des terrains arrosés par les eaux minérales de l' Auvergne (4878),
sous le nom d'espèces pr férentes.
Nous n'avons pu considérer encore comme nótres certair,es
plantes dont on n'a rencontré que quelques pieds accidentelle.
ment, espèces évidemment adventices aujourd'hui, mais dont quel-
ques-unes finiront par conquérir chez nous droit de cité; à l'exem-
ple de Lepidium Draba, Diplotaxis tenui olia, Sinapis incana,
Crepis setosa, Chenopodium Botrys, Eragrostis minor, etc.
Ces espèces que nous nommons ici, afin qu'on puisse facilement
constater plus tard leur degré d'affection pour notre province, sont,
dans le département du Puy-de-Dome : Nigella danzascena L.;
Glaucium luteum Scop . ; Corydalis lutea DC.; Senebiera pinna-
ti f da DC.; Sisymbrium austriacurn Jacq, et S. Columnce Jacq.;
Erisymum cheiranthoides L.; Rapistrum rugosum All. et R.
Linnwanum Boiss . ; Erucastrum obtusangulum Rchb . ; Cochlea-
ria pyrenaica DC. ; Bertorea incana DC. ; Lepidium sativum L.;
Lunaria biennis Wench.; Reseda Phyteuma L.; Ruta graveo-
lens L.; Spartium junceum L.; Melilotus infesta Guss. et M.
messanensis Desf.. ; Trifolium resupinatum L. et T. Bocconi
Savi ; Vicia peregrina L.; Colutea arborescens L.; Ecballium
Elaterium Rich . ; Paronychia pol ygonifilia DC.; Sempervivum
Funkii Br.; Ammi majus L.; Anetum graveolens L.; Coriandruni
sativum L.; Bupleurum fruticosum L. ; Centranthus ruber DC.:
Valerianella eriocarpa Desv.; Petasites fragrans Presl.; Solidago
gigantea Ait,; Aster Novi- Belgii L.; Cota tinctoria Gay ; Tana-
cetum vulgare L.; Centaurea solstitialis L., C. leucopha'a Jord.
et C. aspera L.; Scolymus hispanicus L.; Helminthia echioides
Gaertn.; Collomia coccinea Lehm.; Borrago offCcinalis L.; An-
chusa italica Retz. ; Cynoglossum montanum Lamk. ; Cerinthe
aspera Roth. ; Antirrhinum majus us L. ; Mentha crispa L., M.
Piperita L. et M. citrata Ehrh.; Hyssopus officinalis L.; Satureia
hortensis L.; Salvia verticillata L.; Sideritis romana L.; Phyto-
-- 99 --
latcca decandra L. ; Amarantus deflexus L. ; Chenopodium . ru-
brum L. et C. ambrosioides L.; Euphorbia Lathyris L.; Iris
germanica L. 'et I. , fxtidissima L.; Acorus Calamus la .; Phalaris
canariensis L. et P. minor Betz.; Panicum capillare L. et P.
miliaceum L.; Agrostis interrupta L.; Cynosurus echinatus L.;
Vulpia ciliata Link I 'romus maxinius Desf. et B. rnadritensis
L.; Hordeum maritimum L.; lEgilops triaristata Willd .etAzolla
fihiculoides DC.
Presque toutes ces plances ont été trouvées dans la Limagne, et,
en particulier, dans les environs immédiats de Clermont.
Les espèces adventices dans le Cantal sont ; Tanacetum Balsa-
inita L.; Amarantus albus L.; Euphorbia chamxsyce L.; Rumex
bucephalophorus L. et 1Egilops ovata L.
Les planles adventices communes aux deux départements sont :
Sisymbriurn Colu-rnnx; Tanacetum vulgare ; Solidago gigantea;
Centaurea solsticialis ; Coll omia coccinea ; Mentha piperita ;
Hyssopus officinalis ; Chenopodiurn ambrosioides, Euphorbia
Lathyris et Iris germanica.
Nous aurions pu, avec un peu de sévérité, exclure de noire liste
du Puy-de-Dome, les quatre espèces suivantes : Thalictrum fla-
vum ; Arabis auriculata ; Spergularia salina et Orchis palus-
Iris, qui n'ayant chez nous qu'une seule Localité, et n'y étant
représentées que par un très petit nombre d'individus. ne rem-
plissent pas suffisamment les conditions de naturalisation si bien
exposespar M. Alph. de Candolle dans son Traité de Géographie
botanique.
Nous aimons a nous inspirer des idées mises a ce sujet par
M. Loret, dans son intéressante Introduction á la Fiore de Mont-
pellier. En bannissant les intrus, comme l'a fait ce savant bota-
n.iste, nous croyons pouvoir aussi, b la vue ds nos richesses végé-
tales, emprunter une de ses pensées et dire avec lui que, « si la
vraie beauté n'a nul besoin de fard, la flore d' Auvergne ne pent
que gagner a se montrer telle que le Créateur l'a faite. »
Les hybrides trouvées en Auvergne, dont les principales sont
Dianthus silvaticus X monspessulanus G. G. ; Gem rivale X
--
-- 400
montanum Gillot et G. montanurn X rirale Rchb ; Semper
Loret.; Cirsium palustre X-viumarensXchoidum
Erisithales Naeg. Carduus nutans X crispus Gren.; Primula
vulgaris X elatior Loret et P. officinalis X elatior Muret ; Ver
X Lychnitis Schiède et V. Thapsiforme X Blatta--bascumnigr
ria G. G.; Digitalis purpurea X lutea Mey.; Mentha silvestris
X rotundfolia Wirtg.; Stachys palustris X silvatica Schiède ;
Salix cinerea X purpurea Wimm. et S. caprea X cinerea Wimm
Asplenium septentrionale X Trichomanes Loret, etc, ont du être
retranchées de nos deux listes.
Les hybrides, en effet, ne sont, comme on sait, que des torenes
passagères qui ne doivent point figurer au rang des espèces; aussi,
regrettons-nous quequelques botanisten leur donnent encore parfois
des noms d'espèces légitimes. Ces dénominations peuvent, selon
nous, favoriser une confusion que l'ingénieuse nomenclature de
Schiède rend impossible, en associant les deux noms des parents
en un nom comp* qui révèle immédiatement l'origine de ces pro-
créations accidentelles.
11 nous paraït utile de dire maintenant quelles sont les espèces
attribuées par nous à un seul département, qu'on pourra rechercher
avec succés dans le département voisin.
Les espèces Diu Puy-de-Dome, dont la découverte ultérieure dans
le Cantal offre le plus de probabilité, nous paraissent être les sui-
vantes :
Ranunculus sceleratus ; Papaver hybridum ; Diplotaxis mura-
lis; Sisymbrium Irio ; Calepina Corvini ; Hutchinsia, petrxa ;
Saponaria Vaccaria ; Cerastium aquaticum ; Trifolium glomera.
turn et T. scabrum ; Astragalus monspessulanus ; Vicia gracilis ;
Galium anisophyllum ; Linosyris vulgaris ; Crepis setosa ;
Linaria arvensis ; Chenopodium opuli otium ; Goodyera repens;
Zannichelia palustris ; Chumagrostis minima ; Isoetes lacustris et
I. echinospora.
Les espèces du Cantal qu'on pourra rechercher dans le Puy-de-
Dóme, avec quelque espoir de les rencontrei, sont surtout :
Ranunculus Lenormnndi ; Sagina subulata ; Trifolium mon-S
-- 101 —
tanum ; Hieracium piliferurn ; Veronica prostrata; Mentha ar
var. de flexa; Potamogeton polygon folios; Scirpus pauci--vensi
florus et Polystichum Thelipteris.
Nous croyons devoir signaler encore aux botanisten une quin-
zaine de plantes figurant par erreur dans la Flore de France de
Grenier et Godron, comme appartenant à 1'Auvergne, et qui pour-
raient provoquer longtemps d'infructueuses recherches ; ce sons les
espèces suivantes :
Anemone silvestris L.; Fumaria parviflora Lamk.; Diplotaxis
saxatilis DC.; Cardamine alpina Willd.; Dentaria bulbfera L.;
Alyssum montanum L.; Kerneria saxatilis Rchb.; Thlaspi mon-
tanum L.; Rhamnus pumila L.; Saxi fraga muscoides Wulf. ;
Campanula pusilla L.; Linaria origanifolia DC.; Daphne alpina
L. et Cladiurn mariscus R. Br.
En revanche, nous pourrions nommer une centaine d'espèces
rares qui ne figurent point comme nótres dans la même fore et
qui habitent néanmoins 1'Auvergne ; mais nous craindrions de
tomber dans le grave défaut de ceux qui ne savent se bonier et
nous ne voulons fatiguer personne.
La Botanique, d'ailleurs, qui donne pour ainsi dire des alles a
l'áme en l'élevant vers Dieu, nous a procuré et nous procure en-
core des jouissances trop douses pour que nous oubliions de lui
payer a bref délai un nouveau tribut de reconnaissance.

Le genre Battarrea Pers.


Dans le dernier numéro du Monde des Plantes, en annoncant
la découverte dans le département de 1'Allier du Battarrea phal-
loides, champignon qui, jusqu'à ce jour, n'avait jamais été signalé
en France, je disais que le genre Battarrea renfermait seulement
deux espèces. C'est une inexactitude que je tiens à rectifier. Le
genre Battarrea a été créé par Persoon pour le Lycoperdon phal-
loïdes de Dickson qui s'éloignait des autres Lycoperdons par la
forme de son péridium et la longueur du stipe qui le porte. D'après
Saccardo (Syllog. fung.), ce genre comprend actuellement six
--402—
espèces : B. phalloïdes, ubiquiste, se rencontrant par toute la
terre sauf l'Afrique ; B. Guieciardiana d'Italie ; B. Steveni de
Sibérie ; B. Gaudichaudi du Pérou ; B. tlluellerti et Tepperiana,,
ces deux dernières d'Australie.
ERNEST OLIVIER.

BOTANIQUE APPLIQUÉE
MÉDECINE
Tinospora cordifolia Miers.
1. — Du Nom
ESPÈCE : FAMILLE :

Tinospora cordifolia Miers. Jussieu.


Ménispermacées
Menispermum cordifolium Willd. Ménispermoidées Veutena .
— glabrum Klein. Menispermacea DC.
Cocculus convolvulaceus DC.
— verrucosus Wall.
— cordifolius DC.
Chasmanthera cordifolia DC.
Au premier abord la synonymie de cette plante semble assez
compliquée. Klein l'a considérée comme un Menispermum ; de
Candolle et d'autres en font unCocculus; enfin, Miers, Hooker et
Thompson ont adopté le nom de .Tinospora cordifolia.
La complication n'est qu'apparente. Les noms de Menispermum,
Cocculus et Chasmanthera viennent de la morphologie et de la
physiologic végétale, le nom de Tinospora est emprunté a la Géo-
graphic botanique.
Les différents auteurs des synonymes • de cette plante ont toes
remarqué la ressemblance de ses fruits avec le croissant de la lone
et ils en ont tiré panti pour la dénomination de la plante.
Menispermum, genre de plances, type de la famille des Méai-
spermacées tire son nom de la morphologic. Le mot Menispermum
se compose de deux éléments grecs : Mcne, croissant et Sperma,
--103—
graine , par allusion aux grafnes de cette plante. Ce mot gres
Mène — lune, pour Mênné ou Memos — mois, de Men — mois
ou lune, pour Mens correspondant au sanscrit : Mdsa, mois, --
Mansa, temps — Mensis en latin. Tout désigne ici le mois de
mars premier mois de l'année chez les Anciens et mëme chez les
indiens d'aujourd'hui. Car, ce mot, Mansa, indique également
l'époque de la floraison de notre plante.
Cocculus, diminutif de Coccus, signifie aussi graine. Ce nom est
donné a ce genre de plantes a cause de la graine qui ressemble
au croissant de la lune.
Tinospora, dénomination tirée également du fruit. Spora, en
grec, signifie graine. Cette dénomination vient toutefois plus spé-
cialement de la Géographie botanique. On peut l'établir de la ma-
nière suivante : Tino et Sporades : Iles de l'Archipel. Sporas
signifie aussi, en grec, dispeisé. L'auteur du nom de Tinospora
a voulu indiquer par là que la plupart des espèces de ce genre
se sont répandues de Tino, Ile originaire de la plante Tinospora
cordifolia, aux autres lies de l'Archipel et de là a toutes les régions
chaudes et tempérées.
Chasmanthera. Ce nom vient a la plante de ses caractères
physiologiques et morphologiques. Chasma, en grec : ouverture
— Antheras : anthères. Ce qui vent dire : genre renformant des
espèces de fleurs a anthères ouvertes. Chasma signifiant abime et
Antheras prospérer, etc., cette plante est bien dénommée car ses
racines adventives, qui tombent du haut de l'arbre, s'enroulent et
s'enfoncent jusqu'aux dernières limites de la terre végétale. Là
elfes prospèrent et donnent des tubercules analogues aux tubercules
de pommes de terre et qui sont employés dans la matière médicale
des médecins indous.
Les noms génériques et spécifiques de la plante viennent aussi
de ce que les premiers pieds vus en Europe y ont été importés de
l'Archipel en Grèce et en Italie par Alexandrie, et dans l'lnde par.
l'Asie-Mineure.
Nous donnerons ici, pour faire oeuvre de vulgarisation, l'expli-
cation des synonymes spécifiques.
-- 9 04 --
Menispermum cordifolium. Feuilles en forme de coeur.
-- glabrum. Feuilles glabres.
Cocculus convolvulaceus. Tiges flexibles et propres à s'en-
rouler.
-- verrucosus. Tiges pleines de verrues.

Noms dans les différentes langues avec leurs


significations :
Hindoustani : Gurcha — Miel.
Bengali : Guluncha -- Nectar.
Sanscrit : Gudarcha ou Amirda -- Ambroisie.
Telinga : Tipatinga -- Type du croissant de la lune.
Maleyalam : Sittamirda --Nourriture des Cittares ou demi-
.
leux.
Tamoul: Sindil -- Spore.
-- Sivasindamany — Perle de la vie.
-- Amirdavally -- Puissant remède.
-- Sivandy (Sivame-andy) — Remède des derniers mo-
ments,
-- Sivany — Plante immortelle.
— Sagámouly -- Plante a la vie.
-- Sidame — (Astre frais) la lune, (Menispermum).
-- Sidangame (Sidame-angame) — Contre maladies
spasmodiques et sporadiques.
— Sidátry (Sidame attry).— Montagne froide (synonyme
de 1'Himalaya) plante de 1'Himalaya.
— Sandjivi (Sarne-djivie) — Plante à sainte vie, à
bonnes meeurs ; qui procure une longue vie ; qui
dissipe évanouissement et léthargie.
-- Amigedame (de Amigedale). Plante a couler a fond
(Chasmanthera).
(A suivre) A. SADA.
—0 V—
BOTANIQUE RECREATIVE

TOUTE L'INDE
OU

GUIDE DU BOTANISTE AUX INDES

PREFACE.

Enormes seraient les volumes que l'on pourrait faire en réunis-


sant tout ce qui a été jusqu'à ce jour publié sur l'Inde. Mais tout
autre est noire but. Nous voulons faire connaltre mieux encore un
pays qui mérite de l'être de plus en plus.
Ce que nous offrons ici aux lecteurs, c'est le résumé fidèle de
nos impressions personnelles. Ce qui distinguera nettement notre
oeuvre de celles de nos devanciers, ce seront les renseignements
pratiques que nous donnerons.
Détails historiques, géographiques, botaniques (ces derniers
abordables pour tous) tels seront les caractères distinctifs de cet
ouvrage.
Quand on voyage, on aime a savoir quel cours d'eau on traverse,
queue montagne s'offre a la vue, quels sont les souvenirs histo-
riques qui se rattachent aux pays que l'on traverse. Malheureuse-
ment cares, pour les régions lointaines, sont les livres qui rensei-
gnent a ce sujet.

Notre premier projet était de faire dans I'Inde un voyage unique en conden.
sant en un seul nos diflérents voyages. Mais outre la jouissance de pouvoir
revivre par la pensée dans un pays, jadis parcouru en tons sens, nous avons
pensé que notre narration serait plus fidèle si nous racontions aux lecteurs les
voyages successivement, de fa4on que chacun d'eux forme un tout distinct.
L'ouvrage sera done divisé en dix voyages ou livres ; chaque voyage se sub-
divisera en chapitres. tine carte permettra de nous suivre facilement. Le tra-
vail sera complet en 8 a 900 pages environ et 200 gravures originates d'après
photographies. Nous donnerons dorénavant 8 pages en moyenne par numéro
et 2 gravures. C'est un premier pas, on le voit, vers le supplément dont it a
été question.
T. II. 4*
-- 1 00 --
En conduisant, dans cette excursion grandiose, ceux qui vou-
dront Bien nous accompagner, nous ferons déhler devant leurs
yeux tout ce que la terre des Aryas renferme d'intéressant et d'in-
structif. Des gravures reproduites d'après des photographies origi-
nales et semées à profusion dans le texte, évoqueront pour eux le
souvenir ineffacable des monuments, des paysages qu'ils auront
visités et contemplés, des scènes diverses et pittoresques auxquelles
ils auront assisté, des types si divers au milieu desquels its seront
passés, en un mot de toutes les curiosités et de toutes les merveil-
les qu'ils auront longuement étudiées et admirées.

LA TRAVERSÉE
La Méditerranée. -- Le canal de Suez. — La Met . Rouge. ---
Aden.

La Méditerranée. — Après avoir recu la malle de Chine


et du Japon légèrement en retard, un peu après dix heures, le
Sindh, commandant Macé, quittait la terre de France et s'avancait
majestueusement dans le port de Marseille, tandis que des centai-
nes de parents ou d'amis des passagers, grossis de nombreux
curieux, s'entassaient sur la jetée et agitaient des mouchoirs en
signe d'adieu. On était alors au diinanche 20 novembre 1887.
Parmi les passagers qu'emportait le courrier de Chine on
comptait des Missionnaires de la Société des Missions étrangères
qui, au nombre de 9, se dirigeaient vers linde et la Cochinchine,
un prêtre de la Société de Marie et deux Frères coadjuteurs, des
Sceurs de St-Joseph de Cluny, des fonctionnaires, des négociants,
quelques families anglaises. Un major général de l'armée anglaise
avec sa dame, tons deux avancés en Age se rendant à Calcutta ; un
médecin de la marine avec sa femme et ses deux enfants à destina-
tion de Pondichéry, quelques dames seules, quelques représentants
de commerce complétaient la grande famille des voyageurs. Je
dis famille car on a vice fait connaissance à bord. Il est vrai que
ces relations cessent aussi facilement qu'elles se contractent . Une
-1o7—
fois rendu a destination, chacun s'en va de son cóté sans plus son-
ger a ses compagnons de route.
Notre-Dame de la Garde, le château d'If s'effacent bientét dans
le lointain. La cloche sonne pour annoncer le déjeuner. Malheu-
reusement la p oule est assez forte et c'est d'un pas chancelant, sans
grand appétit, que je me dirige vers le salon.
Le déjeuner à peine terminé je remonte sur le pont et, tout en
conversant avec quelques passagers dont je viens de faire connais-
sance, je regarde flair la cote de France. Dans la soirée La Ciotat,
Toulon, les lies d'Hyères sont successivement .dépassés; puls on ne
ooit plus rien de la France.
J'avais fait a Marseille l'acquisition d'une de ces chaises pliantes
et légères d'ailleurs assez incommodes. Le soir après un souper
rapide, et rendu pénible par les oscillations du navire, je m'y
installai demon mieux, enroulé dans ma couverture pour passer la
nuit sur le pont, habitude que je gardai durant toute la traversée.
Je préférais en effet rester au grand air plutót que de reposer dans
la cabine ou la chaleur rend le sommeil lourd et agité. D'ailleurs
nous nous dirigions vers des régions qui allaient me rendre les
nuits sur le pont de plus en plus agréables.
II est vrai que, le matin vers 5 heures, le lavage du pont me for-
pit a évacuer la place ou a me réfugier sur les bancs ou hien
encore sur l'arrière du vaisseau . L'heure du lavage est à ce point
de vue extrêmement désagréable ; heureusement que ce travail est
rapidement exécuté. Je dois dire en outre qu'il est nécessaire pour
la propreté du bord et que sous les climats chauds, it donne une
certaine fraicheur qui fait plaisir.
Lundi 21 novembre, au matin, nous franchissons le détroit de
Bonifacio ; toejours de la poule. Asses sur ma chaise longue, chose
étrange, je pense aux fleurs. Pas une seule de ces aimables créa-
tures en vue. II y en a bien quelques-unes a bord, mais je les
connais. Ma pensée va des fleurs aux monstres marins. Qui connait
les animaux qui se meuvent dans ces eaux qui nous supportent et
qui sont pleines de vie. II n'est pas douteux qu'il existe au fond
des eters des animaux bizarres et gigantesques que l'ceil de l'hom-
-- 108 --
me n'a jamais vus. Le fameux serpent de mer dont on s'est tant
moqué et qui a été signalé à plusieurs reprises dans ces derniers
temps ne serait-il point une réalité?
La journée s'écoule monotone. Le lendemain matin, mardi 22,
nous passons au travers des Iles Lipari. Sur les 7 heures, nous som-
mes dans le détroit de Messine. Un splendide panorama se déroule
sous nos yeux et la mer subitement devenue calme, nous permet
d'en jouir à loisir.
Sur notre droite, Messine avec ses gracieuses maisons qui s'éta-
gent sur les flancs des collines ; en avant son port dont un petit
vapeur franchit l'entrée ; au delà, majestueux et étincelant, l'Etna
couvert de neige d'ob s'échappe une légère fumée.
A l'opposé, sur notre gauche, la cote italienne avec les monta-
gnes abruptes et sauvages de la Calabre aux flancs desquels sopt
suspendus de charmants villages. Un train de chemin de fer latte
de vitesse avec nous et s'engouffre bientót dans un tunnel. Autour
de nous, comme d'énormes oiseaux, quelques embarcations sillonnent
les flots. Le.ciel est pur ; c'est le ciel de l'Italie tant vanté . Le ciel
de l'Inde vers laquelle je me dirigeais allait cependant me paraitre
plus beau. Désormais, jusqu'à Colombo, nous auroras une mer
calme, souvent même, ce qu'on appelle une mer d'huile : expres-
sion heureuse qui point bien l'état des eaux. Celles-ci en effet pren-
nent une teinte huileuse et se laissent fendre par le navire sans
même que le remous produise de l'écume. C'est à peine si de temps
à autre une teinte plus blanche qui tranche sur la masse des eaux
indique l'existence d'un courant. C'est tout récemment que le
probléme des courants marins vient d'être résolu. Le savant évêque
de Pamiers, Mgr Rougerie, a démontré que les courants marins
étaient dus à la rotation de la terre et á la conformation des cotes.
Il est arrivé à fabriquer un appareil ingénieux qui démontre sa
théorie en reproduisant Presque tous les courants connus. Les cou-
rants aériens seraient aussi explicables par la rotation du globe et
les aspérités des continents. C'en serait fait de la fameuse théorie
des vents alizés. Sic transit gloria mundi.
Mercredi maan 23 novembre, les cotes dentelées de file de
— 109 —
Crète se laissent eetrevoir. Le désir de fouler la terre du pied,
malgré l'agrément d'une navigation charmante, s'empare de beau-
coup. Des navires en vue ou des poissons volants qui passent suffi-
sent a interrompre pour quelques instants la monotonie de l'exis-
tence a bord. Les officiers et les matelots ont leurs occupations,
mais les passagers en sont réduits a lire, à jouer aux palets ou it
faire quelques parties d'écliecs, de dominos, de cartes ou de tric-
trac.
Nous marchons avec une bonne vitesse. Notre vitesse durant
le cours de la traversée a varié de 270 milles à 315 milles par
24 heures.
La journée du jeudi 24 se passe à causer de chases et autres ou h
regarder la mer et les races poissons qui se montrent. Pour mol,
assis sur ma chaise, je lis quelques pages de la vie de Garcia Mo-
reno qui m'a été offerte avant mon ddpart par un ami.

Alexandrie. — Nous voici en vue d'Alexandrie. Nous som-


mes au vendredi matin 25. Nous prenons une barque, après
maints pourparlers, car it est toujours bon quand on vent aller à
terre de débattre les prix. Bien qu'il y ait un tarif fixé, les gens du
pays ne se Orient pas pour vous demander plus que de droit.
Nous allons visiter la vine. Nous nous rendons a la Cathé-
drale ou l'on célèbre justement ce jour-là la fête de Ste Cathe-
rine d'Alexandrie et ou les sermons se succèdent, préchés en
plusieurs langues.
Nous visitons le quartier européen et nous pouvons voir les rui-
nes accumulées par le bombardement encore récent. Un coup d'ceil
au bazar toujours intéressant. Nous rencontrons des Egyptiennes
montées sur des ánes et dont un double voile, retenu par une sorte
d'étui en cuivre on en fer, cache en grande partie le visage.
Nous visitons le collège des P.P. Jésuites encore en construction
et qui promet d'enrichir la vine d'un superbe monument de plus.
Nous apercevons de la terrasse la colonne de Pompée près de
laquelle des fouilles pratiquées depuis notre retour en France, ont
amené la découverte de sarcophages et d'anciennes maisons chré-
— 110 --

tiennes. On volt aussi de là diverses églises appartenant a différents


rites, le vieux et le nouveau port, les lagunes et de nombreux Dat-
tiers. Du Naut de potre Observatoire improvisé nous jouissons d'une
vue splendide sur toute la ville.
Notre qualité de Francais nous a valu un accueil sympathique.
Toutefois nous aeons eu la malheureuse idée d'aller déjeuner dans
tin hótel francais chez un cher compatriote qui, pour un maigre
diner, nous fit payer par tête la modique somme de 11 francs. Une
vraie bagatelle ! Encore fumes nous plus heureux que deux de nos
compagnons qui, arrivés en retard, payèrent 2 francs de plus
l'avantage de manger nos restes. Ne faut-il pas bien vivre et
puis, après tout, les hótes ne sont pas nombreux ; quand it s'en
trouve on les plume. Le monde est plein de gens qui plument et
de malheureux qui sont plumés.
Un dernier adieu a la grande place oil tróne la statue de Méhémet-
Ali et nous rembarquons.
Des indigènes, installés sur le pont, nous offrent des curiosités du
pays dont nous n'avons garde de nous charger. Toutefois, it y a peu
d'offres. Ce sont surtout les voyageurs qui rentrent en Europe
qu'on assiège.
Le soir on lève l'ancre et nous nous dirigeons doucement par tine
belle nuit d'orient vers Port-Said. Nous passons successivement
levant Aboukir, Rosette, Damanhour et Damiette.

Port-Said. — De bon matin, nous jetons l'ancre a Port-Said.


II, fait nuit. D'énormes bateaux chargés de charbon nous attendent
et nous accostent. Tout aussitót, de nombreux noirs, brandissant
des torches, s'agitent, se démènent, tourent ch et là, en parlant
bruyamment une langue que nous ne comprenons pas. On dirait de
vrais diables. C'est une image de l'enfer. L'effet est des plus saisis-
sants. Sitót que le jour le permet, nous descendons a terre. A la poste,
nous apprenons la nomination de M. Carnot comme Président de
la République. Grand bien lui fasse ! A chaque escale on a ainsi
les dépêches qui vous tiennent au courant des principaux événe-
ments qui agitent la vieille Europe, voice méme des cours de la
Bourse. Les dépéches sont ensuite affichées au salon des premières
oh chacun pent en prendre connaissance et les commenter a son
gré.
Nous faisons à Port-Said une visite courte mais suffisante et nous
nous promenons sur le rivage de la Méditerranée que nous allons
hientót quitter.
Port-Said, fondée en 1859, est située entre la mer, le lac Menzaleh
et la rive africaine du canal de Suez. Elle se divise en deux parties :
ville européenne, ville arabe, la première dont les rues sont tirées
au cordeau, la seconde remarquable par les types variés qui y four-
millent.
Nous rentrans a bord ou la poussière de charbon a pénétré
partout : le navire réclame un bon lavage. On vient nous offrir
des photographies de Port-Said. Nous faisons l'acquisition de
quelques-unes comme nous l'avons fait précédemment a Alexan-
drie.
Si nous n'insistons pas sur ces deux villes, c'est qu'aujourd'hui
elles sont presque classiques. On y va presque aussi couramment
qu'on va de Paris a Alger ou a Londres.
L'opération de l'embarquement du charbon est terminée ; elle se
renouvellera a Aden et a Colombo, mais nous n'assisterons pas a
cette dernière.

Canal de Suez. — Nous levons l'ancre à 10 heures du


matin, et après avoir passé devant la maison hollandaise, nous en-
Irons dans le canal. On s'apercoit alors qu'une des femmes du bord
manque. Celle-ci apparait bientót emportée par une barque rapide
que dirigent de vigoureux rameurs et qu'elle a lauds à sesfrais pour
nous rejoindre. Elle en est quitte pour une légère réprimande, le
commandant la jugeant, avec raison, assez punie par la perte des
cinquante francs qu'elle a du verseraux rameurs qui l'ont reconduite
a bord.
Ce qui leur a permis de nous .rejoindre, c'est la grande modéra-
lion de p otre allure. Nous ne filons plus en effet que 5 ou 6 noeuds
a l'heure tout au plus. L'état des berges du canal nécessite cette
--- 112 --
lenteur sans laquelle le remous briserait infailliblement ces derniè-
res, que l'on commence a recouvrir en certains endroits du canal
d'un parement de pierces.
Nous aeons a p otre droite le lac Menzaleh. Une simple langue
de terre nous en sépare. Ce lac a environ 50 lieues de circonférence,
mais ii a une faible profondeur. La partie du lac qui se trouwe
stir la rive asiatique est aujourd'hui desséchée. On peut observer (le
temps à autre de curieux effets de mirage. Nous voilà done dans
l e fameux canal percé par celui qui était alors le grand Francazs et
dont la réputation s'est éclipsée dans le Panama. Vanité des gloires
liumaines! L'entretien du canal Bemande beaucoup de soin. Si la
main de l'homme l'abandonnait, it ne tarderait pas a disparaitre.
Le canal a 164 kiloinètres de longueur. Si nous marchions la
nuit nous franchirions cette distance en 18 heures.
Nous croisons a la première gare l'Anadyr. Je ne me doutais
guère alors gull dut disparaitre un jour dans la rade d'Aden.
Nous croisons aassi un navire de guerre russe. Nulle démonstra-
tion. Cronstadt n'avait pas encore vu l'union Iles deur peoples.
Je profite de la stabilité du navire pour l'arpenter de l'avant à
l'arrière et pour aller visster la passerelle. Rien de plus agréable
que cette navigation facile.
Nous rencontrons de temps 'a autre quelques dragees qui main-
tiennent la profondeur du canal. Cette dernière doft être con-
stante et uniforme, car des navires d'un fort tirant d'eau s'enga-
gent dans le canal et risqueraient sans les dragages fréquents de s'y
ensabler.
L'Arrnand Béhic, le dernier navire construit et lancé par les
Messageries maritimes, que j'ai ' isité à Marseille, tors de mon retour
de l'Inde, a un tirant d'eau de 7 m 50. Or le canal ne dépasse pas
8 mètres de profondeur en moyenne. Aussi, les navires qui calent
plus de 8 mètres, par exemple certains navires de guerre, sont-ils
oblig és de placer leurs lourds canons sur des espèces de pontons
qu'ils remorquent à leur suite.
Les droits que l'on paie a la Compagnie pour le passage sont
des plus élevés. Nous payámes une quarantaine de mille francs. Le
Canal de Suez. — Gare cTEl-Ferdane.
— 114 —

tarif est, si je ne me trompe, de 10 fr. par tonne et par personne.


Et Ia somme doit être versée en beI et bon argent, séance tenante,
sous peine de se voir refuser le passage. Ce n'est pas étonnant que
Ies actions de Suez soient montées si haut ; la compagnie du canal
est riche. Elle entretient pour le service un certain nombre de
petits bateaux.
Dans la soirée du samedi 26 novembre, après en avoir fini avec
le Menzaleh et avoir traversé Ies lacs Ballah, nous sommes surpris
par la nuit a El-Ferdane. N'ayant point a bord l'électricité, et ne
voulant point louer des machines a Ia compagnie du canal, nous
nous gasons au delà de la gave d'El-Ferdane. Le soir Ie comman-
mandant nous permet de descendre a terre sur la cóte asiatique
d'Arabie en nous recommandant de ne pas nous carter et en nous
racontant des aventures peu agréables arrivées à certains voya-
geurs imprudents qui s'étaient trop enfoncés dans le pays et en
étaient revenus pourchassés dans un costume absolument primitif.
Chacun aussitót de prendre 'terre et de se livrei a de joyeux
ébats. Sur les 10 heures, on réintègre le navire, l'échelle fut relevée
et bientót, a bord, tous ceux qui en eurent le loisir furent plongés
dans un sommeil profond.
Suivant ma costume, je dormis sur le pont, oil je fus réveillé par
les deux gros jets lumineux d'un navire pourvu d'un fanal électri-
que qui passa a roos cótés. Je ne pus reconnaitre sa nationalité.
Mais nous vimes le lendemain que c'était un paquebot du Lloyd
autrichien. Bien qu'il nous eut dépassé a grand frais de lumière
électrique, it ne devait pas être plus en avance que nous.
A suivre) H . LÉVEILLÉ.

Informations.
Le roi des radis. — Ce radis a poussé, a Neung-sur-Beuvron (Loir-et-
Cher). Ses feuilles ont 70 centimètres de long ; it pose 4 kilos tout net ; sa
circonférence est de 52 centimètres ; it a 40 centimètres de hauteur. Pas
le moindre creux a l'intérieur. Comme consistance, gout et saveur, i1 est
en tout semblable aux petits radis roses du printemps (Croix).
-- 115 —
Citrouille monstre. — Un propriétaire de Fougères (France) a cueilli
dans son jardin une citrouille pesant 140 livres et mesurant 2 m. 10 de
circonférence (Croix).

On sait que par un temps humide, l'ivoire se charge d'une assez grande
quantité d'eau. D'ou it suit que les éléphants ont dans leurs défenses
un hygromètre assez sur pour connaitre les changements de tempéra-
ture.

Riz. — Il a été exporté dans l'Inde, dans le seul Bengale, durant une
année pour plus de 5 millions de francs de Riz.

M. SADA vient d'envoyer a la nouvelle Revue Scientifique du Limousin


une note extrêmement curieuse sur l'huile des 300 plantes. Cette note dont
nous annoncons ici l'apparition, pour prendre date, sera dans le courant
de cette année offerte a taus nos abonnés sous forme de supplément.

L'un des membres les plus distingués de l'Académie Internationale de


Géographie botanique, M. G. DE LAGERHEIM, professeur de Botanique a
l'Université de Quito , a été nommé Conservateur du Muséum de
Tromso.

Le Bulletin de l'herbier Boissier, nouvelle publication botanique, parait


en ce moment. Ce Bulletin, publié sous la direction de M. Eug. AUTRAN,
Conservateur de l'Herbier, renferme des travaux originaux, des notes de
botanique systématique générale. II formera chaque année un fort vol. in-8
avec planches. Nos lecteurs trouveront ici ultérieurement le compte rendu
de ce bulletin, car dorénavant nous rendrons compte chaque mois des
travaux importants parus dans les diverses publications botaniques.
Le prix de l'abonnement au Bulletin de l'Herbier Boissier est de 12
francs par an. On s'abonne á l'Herbier Boissier, a Chambésy, près Genève
(Suisse) .

Légumes morstres, — A Contrévon (Cotes-du-Nord) existent deux bette-


raves remarquables ; l'une pèse 16 kilogs et l'autre 17.

Vente aux enchéres publiques des collections d'Ethnographie, de Ptéro-


podes, de coquilles marines, terrestres et fleuviatiles et de Livres de feu
M. EMILE EUDEL, les 23, 24, 25 et 26 janvier 1893 a deux heures précises a
l'hótel des Commissaires-priseurs salle n° 8, á Paris. Exposition le 22 jan-
vier de 2 a 5 heures. •
Demander le catalogue 46, rue du Bac, Paris, à M. EMILE DEYROLLE qui
se chargera d'exécuter les ordres des acheteurs absents, dans les meilleures
— 116 —
conditions. Les collections ethnographiques sont particulièrement intéres-
santes et comprennent un grand hombre de curiosités indiennes. Plus riche
encore est la collection de Ptéropodes qui est la plus complète connue.
M. EUDEL a passé toute sa vie sur mer et dans les pays intertropicaux. Il
resta de 1879 a 1883 en qualité de chef de service a Chandernagor ; it passa
de la a Karikal oil il séjourna de 1883 a 1886 et devint ensuite Rrésident
au Cambodge. Bien qu'il n'ait Tien publié, it laisse après lui de nombreux
et précieux matériaux de travail. En tète du catalogue se trouve une notice
biographique sur EMILE EUDEL, par M. ED . BUREAU, professeur au Muséum.

Pour dresser des cartes de répartition de toutes les espèces végétales


phanérogames actuellement connues, it ne faudrait guère moins d'un demi-
million de francs.

Nos abonnés des colonies sont prévenus que le décret du 21 Aoiit 1892,
autorise les bureaux de poste des colonies a recewir des abonnements aux
publications périodiques qui paraissent en France.

Un de nos distingués collègues de l'Académie, le Dr Luigi Bordi professeur


a l'Institut royal de Foggia a été, par un décret de septembre dernier, trans-
féré a celui d'Aquila, dans les Abruzzes.

Chronique générale
Un nouveau laboratoire pour l'étude de l'histoire naturelle
Le professeur DoRxs, de la Station zoologique de Naples, a cony, it y a
déjà assez longtemps, un projet que favorisait l'empereur Frédéric, alors
qu'il était prince impérial, et qui consiste dans la construction d'un vaste
steamer installé comme laboratoire flottant pour l'étude de l'Histoire naturelle
sur l'Océan même. Le professeur Dona a fait, it n'y a pas longtemps, une
série de conférences :en Allemagne, dans le but de recueillir des fonds, mais
il n'a pu encore mettre son projetà exécution. a Je n'ai pas le moindre doute,
dit-il, qu'un laboratoire de ce genre sera construit un jour et qu'il aidera
au développement de l'union entre les marines des différents gouverne-
ments.) (Naturaliste).

Deux corbeaux blancs.


Il existe au chateau de Hénencourt (Somme), un corbeau élevé en cage
et entièrement blanc. Ce phénomène est d'autant plus digne de remarque,
que 1'oiseau en question n'a aucune tache ; il est. d'une blancheur imma-
culée, non seulement comme plumage, mais il a aussi les pattes et le bec
entièrement blancs. Ce corbeau, capturé dans le pare du chateau d'Hénen-
-- 117 .r.

court, a été gris dans un nid ou se trouvaient cinq jeunes, dont les quatre
autres étaient absolument noirs. (Naturaliste.)
Ces cas d'albinisme ne sont pas aussi cares qu'on le croit communément;
nous avons vu, dans les mêmes conditions, a Bangalore, dans 1'Inde, un
corbeau absolument blanc. Seul son chant déparait son plumage immaculé.
Ses yeux étaient affectés de cette teinte rose qui caractérise les albinos. On
nous a affirmé que l'on rencontract également de temps a autre des cas
d'albinisme chez les merles indiens.

Puits artésien a Chandernagor.


Le forage du puits artésien de Chandernagor a atteint et dépassé 34
mètres de profondeur. A 9 m. 84, on a constaté la présence d'un filon de
tourbe de 2 m. 36 d'épaisseur, puis on a trouvé des dép6ts ferrugineux.
On n'a pas encore rencontré de nappe d'eau. Ce forage présente une cer-
taine importance au point de vue de l'étude géologique de Ia région.

Varia
De la transpiration des plantes tropicales.
M. le professeur Dr G. HABERLANDT, de Graz, a communiqué a l'Académie
Iles Sciences de Vienne, dans sa séance du 43 octobre 4892, les résultats
de recherches sur la transpiration des plantes tropicales, envisagée au
point de vue anatomo-physiologique, faites au jardin botanique de Buiten-
zorg, á Java. Il en ressort que, sous le climat chaud et humide des tropi-
ques, la transpiration des plantes est deux a trois fois moindre que dans le
centre de l'Europe. Etant donnée l'exubérance de la végétation des contrées
tropicales, on volt donc qu'il est inexact de l'expliquer, comme on le fait
trop généralement, par l'action du courant transpiratoire, servant de
véhicule aux matières qui concourent a la nutrition des plantes vertes
terrestres.
L'auteur insiste sur ce fait surprenant, que les plantes des regions tres
humides des tropiques sont aussi tres souvent pourvues de moyens directs
et indirects de protection contre une trop forte transpiration, notamment de
tissus hydrophyles. Cette constatation, qui fait ressortir comment it n'est
pas permis de tirer de la constitution anatomique de l'appareil foliacé
des conclusions sur les conditions naturelles locales, a conduit le Dr HABER-
LANDT a établir une comparaison avec les grandes variations de la transpira-

tion diurne. (Chem. Zeit.) M. (Cosmos.)


Les conclusions du professeur HABERLANDT ne sont pas pour nous sur-
prendre ; des expériences faites dans l'Inde dans un autre but nous avaient
amend a les prévoir. Nous avons même observé chez quelques espèces, à
l'occasion de ces mêmes expériences, an ralentissement sensible de la fonc-
tion respiratoire. H. L.
— 118 --
Les propriétés toxiques de 1'If.
Le Cosmos, dans un article du a la plume du Dr Menard, disait, it y a
deux ans, les propriétés de l'if. Connues depuis les temps les plus reculés,
eiles n'ont été vérifiées qu'à noire époque par les expérimentateurs moder-
nes, qui ont reconnu cependant, qu'elles n'ont pas le caractère général
que leur donnait la tradition, et qu'elles varient dans de nombreuses
ci rconstances.
M. STUART WORTLEY, continuant ces études, arrive a conclure de ses
expériences que la plante male seule est dangereuse, tandis que la plante
femelle est dépourvue de toute toxicité. Ce résultat est d'accord, ce qui ne
nous étonne nullement, avec la tradition populaire. Mais la question n'est
pas encore bien éclairée pourtant, car l'if femelle porte quelquefois, on le
sait, des fleurs males. (Cosmos.)

Migration des Espèces.


Les plantations de Cocotiers de la cote Sud de la Floride ont, d'après
Mechan's Monthly, une curieuse origine. Un navire chargé de noix de coco
lit naufrage au large des cotes, et les noix furent jetées a terre par les
vagues. On s'en empara et on les sema dans le sable. Elles germèrent fort
bien, et maantenant les plantations sont lucratives. Mais les arbres restent
petits : on peut cueillir lefruitsans même se servir d'une échelle, alors qu'en
Polynésie et ailleurs le cocotier atteint une grande hauteur.

L'arbre Nim.
Dans le n° d'octobre du Monde des Plantes, au chapitre Varia, vous
parlez de l'arbre Nim. Quel est eet arbre ? N'est-ce pas l'arbre Nim syno-
nyme du Melia Azadirachta L. que je viens de traiter dans ma Fiore ?
I1 est vrai que je n'ai pas parlé spécialement de la sécrétion de l'arbre.
Outre que cela ne rentrait pas dans mon plan, it s'agit la d'uti cas non
ordinaire. On rencontre cependant dans l'Inde, de temps a autre, des
arbres a pluie appartenant et cette espèce. C'est la troisième fois que j'en
entends parler. II y a sept ans, on me signala un Melia Azadirachta L. à
une distance de 27 milles au dela de Madras, dans la cour d'un pagodin,
appelé Cakilamalle Cdvil, Vers 1885 eet arbre présenta une fente légère
au bas du tronc, un peu au-dessus du sol. Par cette fente un liquide de
couleur blanche, légérement sucré et analogue pour le gout au lalt de
vache, se mit a couler. Ce liquide passait alors pour guérir d'un grand
nombre de maladies. Le liquide ne coula que quelques mois. A la suite de
ce phénomène, l'arbre demeura stérile pendant quelques années. Je tens
ce aait d'un témoin oculaire. L'arbre en question était presque séculaire.
A peu près a la même époque, dans le district de Tiruvalur, près de
Kumbakonam, on vit deux cas pareils. On attribuait, comme dans le cas
précédent, a la pluie torrentielle, la sécrétion extraordinaire de l'arbre. On
-- 9 9 9 --

disait que l'arbre gorgé des sucs puisés dans le sol le rendait a ce dernier
par la fente qui se produit toujours au pied de l'arbre.
A. SADA.
L'arbre Nim dont nous avons parlé est en effet un Melia Azadirachta
L. Quant a l'explication du phénomène, M. A. POSADA-ARANGO l'a donnée
page 190 de la I re année de cette Revue. La pluie n'est pas une sécrétion
de l'arbre ; elle est due à des insectes du groupe des cicadaires, qui
jettent de l'urine en abondance pendant certaines saisons de l'année.

Premières vignes plantées dans le Morbihan.


L'honneur en revient a un député du département, M. De LAMARZELLE, . .
II ne faut pas oublier que la fore du département du Morbihan rappelle,
par certains détails, celle du littoral méditerranéen....., on y rencontre
des arbres délicats comme le grenadier, le chêne-liège et d'autres essences
non moins frileuses. C'est ce qu'a compris M. de LAMARZELLE, qui, sursa terre
de Keralier, a Sarzeau, a été le premier a avoir confiance dans la culture
de la vigne. Il vient de présenter, , , . . . 30 hectares de vignes, dont il a su
tirer un parti très avantageux en les livrant a la fabrification de l'eau-de-
vie. (Naturaliste.)

Culture de la banane.
Un de nos correspondants de l'Inde nous envoie la note suivante, extraite
de l'Horticultural Times :
Chez nous, la Banane est regardée comme un article de luxe, bien que
dans quelques contrées elle soit une nourriture commune, en attendant de
le devenir dans d'autres. Durant plusieurs années, on a fait des essais pour
en étendre la culture. La Grande-Bretagne cherche it développer la crois-
sance de la Banane dans ses colonies tropicales et l'Allemagne « voit dans
la Banane une très nourrissante saucisse (sic) pour alimenter ses
soldats » et qui sera a meilleur marché que le maïs dont elle a usé récem-

ment pour les rations de l'armée. La Banane est un curieux et important


article : on peut l'appeler « un fruit » comme plus haut, mais on pourrait,
avec autant de raisons, l'appeler « un legume. n Sa puissance productrice
est quarante-quatre fois celle de la pomme de terre, et selon HUMBOLDT,133
hommes peuvent être nourris avec les bananes productes dans une surface
de terrain qui donnerait du blé à peine pour un homme. En supposant que
cela s'applique a une récolte moyenne d'un peu moins de 30 boisseaux de
blé a l'acre, la culture des Bananes pourrait nourrir une population de
presque un demi-million d'individus par mille carré. La Banane peut être
moulue ; elle se conserve aussi bien que la farine ; même, sa pate est pro-
clamée plus nourrissante que la viande et peut aussi être employée avec
avantage dans la fabrication de la bière.
Puis la peau de la Banane contient une fibre avec laquelle on peut fabri-
quer un tissu durable et fin. Le jus de la peau forme une encre indélébile
— 120 —
et, fermenté, donne un bon vinaigre. Il n'est pas impossible que la connais-
sance de ces faits, en se répandant, ne contribue a développer la culture
de la Banane dans les colonies. La chose en vaut la peine ; elle offre un
champ plein d'espérances pour une industrie qui promet tant a ceux qui
s'y engagent, en même temps qu'elle mettra a même beaucoup de per-
sonnes d'obtenir une abondance de nourriture a meilleur marché que celle
qu'ils ont eue jusqu'à présent. Il semblerait que ce projet soit déjà en
pleine exécution, puisqu'on rapporte que de vastes étendues de terrain ont
été achetées dans l'intention d'y cultiver la Banane pour la production
alimentaire et les tissus (4).

Une nouvelle variété de la canne a sucre.


Nous recevons du même correspondant la note suivante :
La nouvellevariétédecanne a sucre du Haut-Niger est d'une taille gigantes-
que et très riche en sucre. De plus, elle diffère de la canne à sucre ordinaire, en
ce qu'elle possède des graines d'ou l'on peut tirer la plante. Sa découverte
confirme la supposition des botanistes, a savoir que la canne a sucre ordi-
naire, sans graines, et que l'on cultive de boutures, descend d'une canne
a sucre fleurissant a l'état sauvage et portant des graines (Madras
Times.)

Colonies d'Algues sur les Caliges de la Truite de mer.


On donne le nom de Caliges a des crustacés parasites qui se rencontrent
sur les requins, les saumons, les merlans, les truites, etc.
M. A. Giard nous envoie deux communications faites par lui, l'une a
l'Académie des Sciences, l'autre a la Société de Biologie ; on y trouve les
lignes suivantes :
« Les Caliges recueillis en avril portent souvent, en divers points de
leur carapace et surtout dans le voisinage de l'insertion des sacs ovigères,
des touffes d'une petite algue Phreosporêe. J'ai soumis ces algues a M. le
professeur Reinke, de Kiel, et a M. Bornet ; toes deux on t reconnu de très
jeunes Laminaria.
« M. Bornet incline a les considérer comme appartenant a L. saccharina,
et cela me parait en effet très probable ; car la L. saccharina toejours
commune a Wimereux, a été particulièrement abondante ces dernières an-
nées dans la zone immédiatement supérieure a celle de L. digitata et plus
près du rivage. D'après M. Bornet, it y a peu de do nate a avoir sur rage des
Laminaires portées par les Caliges : eiles ont de quatre a cinq mois et pro-
viennent des spores émises en novembre. Or les Caliges étaient adultes au
moment oil ils ont recu ces spores et ils n'ont pas mud depuis. »
« Le Calige de la truite sect de support, comme je l'ai dit, a toute une

(I) Des Bananiers cultivés dans la Charente-Inférieure y ont produit et muri


leurs fruits.
-- 1 2 1 --
petite fore d"algues et de diatomées dont l'étude m'a permis de préciser la
durée du séjour de la truite dans l'eau de mer. Cette florule se compose,
aux mois de mars-avril, des espèces suivantes :
1° Laminaria saccharina L. (jeunes frondes de quatre a cinq mois), trés
commune.
2° Ceramium rubrum (Huds) Ag., assez rare.
30 Bangia fuscopurpurea (Di11W) Lyngb., assez rare.
4° Chantransia secundata (Lyngb.) Thuret, commune avec fructifica-
tions.
5° Enteromorpha compressa L., assez commune, petites touffes de 4 a
5 centimètres de long.
6° Ectocarpus sp., avec fructifications.
70 Podosphenia anglica, Kiitzing, très commune.
8° Schizonema helmintosum, Chauv., t. c.
9° Diatoma minimum, t. c.
100 Mastogloia, sp., c.
Toutes ces algues sont littorales, et quelques formes (Bangia, Entero-
morpha, Podosphenia), se rencontrent même dans les eaux saumátres, ce
qui semble démontrer que la truite de mer ne s'éloigne jamais beaucoup du
rivage et doit mener une vie paresseuse dans des abris le long de la cote
(peut-ètre, á Wimereux, dans les récifs de Hermelles). »
A . GIARD.

Bibliographie
Manuel pratique des cultures tropicales et des planta-
tions des Pays chauds par P. SAGOT. Ouvrage publié après sa mort,
complété et mis a jour par E. RAOUL. Préface de M. MAXIME CORNU.
Beau volume compact de 734 pages, l'ceuvre de M. SAGOT est avant tout
un ouvrage de botanique appliquée. L'agriculture, le commerce et l'indus-
trie y pourront puiser d'utiles renseignements.
Le chapitre des végétaux fournissant du sucre dit de canne n'occupe pas
moms de 440 pages. C'est un véritable traité sur la matière, traité d'une
grande valeur, mais qui est un peu trop long, croyons-nous, par rapport a
l'ensemble, si l'on considère que certaines espèces ne sont pour ainsi dire
que citées. Il ne pouvait guère en être autrement, étant données les cir-
constances de la publication de cette oeuvre qui n'en demeure pas moms
un travail important et nouveau sur des matières malheureusement trop
peu connues.
Nous avons lu avec plaisir la préface de M. CORNU, remarquable par
l'abondance et la lucidité des vues émises par le savant professeur.
Nous pouvons d'autant mieux juger ce travail que nous publions dans
cette Revue des notes de même nature.
Sauf done la légère critique que nous venons de formuler et certaines
omissions d'ailleurs peu considérables auxquelles suppléeront certainement
les deux volumes annoncés de M. RAOUL, nous ne pouvons que recom-
T. II 4**
--- 9 22 —

mander !'oeuvre de MM. SAGOT et RAOUL a tous ceux qui s'occupent des
questions coloniales et des plantes intertropicales. Nous voudrions avoir
a enregistrer plus souvent des travaux de cette nature, nous surtout qui
aimons passionément tout ce qui concerne la fore des tropiques et c'est
avec la plus vive impatience, en male temps qu'avec la plus légitime
confiance que nous attentions les deux volumes promis de M. RAOUL sur les
Cultures tropicales.
Nous recommandons plus vivement encore aux habitants de la zone tro-
picale ce livre intéressant que l'analyse serait impuissante a faire connaitre.
Disons seulement que les auteurs, après des généralités sur le climat inter-
tropical et ses cultures en général (Ch. I,II), traitent des plantes alimen-
taires (Ch. III,Iv), des céréales (Ch. v), des légumes (Ch. vi), des fruits
(Ch. vii, viii), dont ils donnent la nomenclature (Ch. Ix), puffs-des.végétaux
a sucre (Ch. x), des plantes fourragères (Ch. xi), des animaux des pays
chauds (Ch. xii-xviil), et terminent enfin par des considérations économi-
ques générales (Ch. xix). H. L.
lnventaire général des Plantes vasculaires de la Sarthe
indigènes ou naturalisées et se reproduisant spontanément,
par AMBR. GENTIL, professeur de sciences physiques et naturelles au lycée
du Mans, ier fascicule.
Le distingué Président de la société d'Agriculture, sciences et arts de la
Sarthe nous donne sous ce titre le relevé exact de toutes les plantes signa-
lées jusqu'ici dans la Sarthe. 11 élimine en même temps celles qui ont dis-
paru ou qui ont été jusqu'ici considérées a tort comme faisant partie de la
fore de ce département. Le premier fascicule renferme les Polypétales.
Trois autres fascicules paraïtront ultérieurement.
Ce travail est le compendium de tout ce qui a paru jusqu'ici sur Ia Flore
Sarthoise. C'est en même temps le complément de la Petite Fiore Mancelle
de l'auteur et la base solide d'une Flore complète de l'un de nos départe-
ments les plus intéressants au point de vue botanique.
Instructions pour la récolte des échantillons d'herbier de
M. le docteur HANS SCHINZ, a Zurich, 1892.
Ces instructions reproduites avec la machine a écrire Remington, sont
Claires et précises, deux qualités précieuses d'un travail de ce genre. Elles
sont accompagnées d'un questionnaire détaillé et qui facilite la tache du
collecteur de plantes, en lui permettant de donner des indications utiles et
intéressantes au point de vue de la Géographie botanique.
La Terre, les Mers et les Continents. Géographie physique
géologie et minéralogie par FERNAND PRIEM. Séries 3, 4, 5, 6, 7, 8.
L'intéressante publication de M. FERNAND PRIEM continue a paraitre cha
que semaine. Nous y remarquons toujours la même profusion de gravures
des micux réussies et le même charme d'exposition des faits scientifiques
qui font de eet ouvra;e une oeuvre de vulgarisation des plus remarquables
qui trouvera nous l'espérons de nombreux souscripteurs. (Voir aux Annon-
ces) .
-- 1 23 —
Sul Gargano, Excursione scientifica LUIGI BORDI, 4892. Sous ce titre se
cache l'intéressant récit d'une excursion scientifique de 4 jours (14-17 juin
1892) au cours de laquelle l'auteur a rencontré diverses espèces végétales,
entre autres : Convolvulus cantabrica, Erica arborea, Capparis rupes-
tris.

Revues
Cosmos (12 novembre 1892). Quelques mots sur les Eucalyptus. G. DE
DUBOR.

(19 novembre). Des inégalités dans la récolle des arbres fruitiers. M. —


Les Orchidées en France et dans l'Inde. H. LÉVEILLÉ. -- L'adoxe et sa mul-
tiplication agame. A. ACLOQUE.
(26 novembre). Du chaulage des grains. M.
(3 décembre) . Un dernier mot sur l'arbre a pluie. H. LÉVEILLÉ, -- Un
jardin botanique sous les tropiques. H. LÉVEILLÉ.
Journal de Botanique (I er novembre 189e). Polygonatum et Aulisco-
nema gen. nov. de la Chine. HENRI HUA. -- La tribu des Clusiées, résul-
tats généraux d'une monographie morphologique et anatomique de ces
plantes (suite). J. VESQUE. - Monographie des Orchidées de France (suite).
G. CAMUS. - Un nouveau champignon lumineux de Tahiti. P. HARLOT.
(16 novembre). Monographie des Orchidées de France (suite). G. CAMUS.
--- Polygonatum et Aulisconema, gen. nov. de la Chine (suite). HENRI
IIUA. -- Lichens de Canisy (Manche) et des environs (suite). ABBÉ HUE.

Naturaliste (15 novembre). La pipengaille. P. HARLOT. - Le Talipot


de Ceylan.
(i er décembre), — La rose soyeuse (Rosa sericea L), P. HARLOT.
Notarisia (Agosto). Le diverse ipotesi sul fenomeno del Mare sporco
nell'Adriatico. D. LEVI-MORENOS. -- Osservazioni sulle alghe. DEL TORRE
FRANCESCO. -- Notes algologiques. E. DE WILDEMANN.
Boletim da Sociedade Broteriana (IX fase. iv). Subsidias para o estudo
da Flora portugueza. Compositie. JOAQUIM DE MARIZ. - Daveana Willk.
novum Chrysanthemearum genus. M. WILLKOMM. -- Flora lusitanica exsic-
cata. — Nota as Juncaceas de Portugal. A. X. PEREIRA COUTINHO.
Refine végétal (15 novembre). Les Bananiers. H. LÉVEILLÉ. — La Revue
Scientifique du Limousin. CH. LE GENDRE. - Famille des Characées (suite
et fin). SOULAT-RIBETTE.
Revue générale de Botanique (Octobre 1892). Recherches sur la móle,
maladie du Champignon de couche. J. COSTANTIN et L. DUFOUR. - L'atro-
pine est-elle un engrais végétal ? H. DE VARIGNY. - Recherches sur ia
respiration et l'assimilation des plantes grasses. E. AUBERT. - Revue des
travaux sur la classification et la géographie botanique des plantes vascu-
laires de la France, publiés en 1888 et 1889 (suite). A. MASCLEF.
Revue Scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France (Octo-
bre-Novembre 1892). Un champignon nouveau pour la France (Battarrea
-- 124 --
»halloides Pers. ERNEST OLIVIER. -- Les Liliacées en France et dans
1'Inde. H. LÉVEILLÉ.

Sociétés savantes
Académie des Sciences.
Séance du 31 octobre 1892. — Note de MM. SCHLOESING Ells et E. LAURENT
sur la fixation de l'azote libre par les plantes. « Les sols absolument nus
ne portant aucune végétation apparente, quoique pourvus des êtres micros-
copiques variés contenus dans de bonnes terres, n'ont point fixé d'azote
libre. »
Séance du 7 novembre. -- Etude de M. Th. Schlaesing sur le mode de
répartition de l'engrais immobilisé par le pouvoir absorbant du sol.
Des travaux de MM. SCHLOESING ills et EM. LAURENT, it résulte que l'azote
gazeux est fixé dans le sol par des algues microscopiques situées a la sur-
face du sol.
Des recherches de M. PRUNET sur le mécanisme de la dissolution de
l'amidon dans la pomme de terre, it résulte que, cllez les êtres vivants, la
digestion des matières nulritives s'effectue, non par l'action directe du
protoplasma, mais par l'intermédiaire des diastases résultant de son
activité.
Séance du 14 novembre. -- II résulte des communications de M. SCHLcE-
SING que l'engrais semé en lignes est plus intimement mêlé au sol.
Il résulte des recherches de MM. G. BERTRAND et G. POIRAULT que la
carotine C26 H38 qui donne la couleur aux carottes et qui se trouve a cóté
de la chlorophylle dans les organes verts de tous les végétaux est aussi la
matière colorante des pollens jaunes ou orangés. La carotine est rassem-
blée dans l'huile épaisse, souvent réunie en gouttelettes, qui recouvre Ia
surface de ces grains.
Le role physiologique de la carotine n'est pas connu jusqu'á présent.
L'enduit oléagineux qui recouvre les grains aide au transport du pollen par
les insectes. Ceux-ci attirés par l'odeur du produit d'oxydation spontanée
de la carotine contribuant directement a la fécondation.
Séance du 21 novembre. -- Note de M. SCHLOESIN'G fils sur les échanges
d'acide carbonique et d'oxygène entre les plantes et l'atmosphère. L'auteur
de la note a recherché queue est pour une Plante entière et pour toute son
existence, la résultante des échanges d'acide carbonique et d'oxygène
qu'elle effectue avec l'air ambiant ; et combien else dégage d'oxygène pour
un volume donné d'acide carbonique qu'elle fait disparaitre.
II a trouvé, pour le Nasturtium latifolium, Bouv.
Acide carbonique disparu 1171,3
Oxygène apparu 1563,4
et pour le Holcus lanatus L. ;
Acide carbonique disparu.. . 1501,0
Oxygène apparu 1,836,0
- 1 25 -_
Recherches de M. E. MESNARD sur le mode de production du parfum des
fleurs. Voici ses conclusions
4° L'huile essentielle est en général localisée dans les cellules épidermi-
ques de la face supérieure des pétales ou des sépales. Elle peut se trouver
aussi sur Ia face inférieure, principalement, lorsque les pièces florales sont
totalement renfermées dans le bouton. La face inférieure contient ordinaire-
ment du tannin ou des pigments dérivés de celui-ci.
2° Dans tous les cas, la chlorophylle parait Bonner naissance a l'huile
essentielle. Cette transformation de la chlorophylle en composés tannoïdes
persistants ou en huiles essentielles semble confirmer la théorie qui re-
garde les enveloppes florales comme des feuilles modifiées.
30 Le dégagement du parfum de la fleur n'a lieu que lorsque l'huile es-
sentielle s'est dégagée d'une manière suffisante des produits intermédiaires
qui lui ont donné naissance. II est en raison inverse de la production du
tannin et des pigments dans Ia fleur.
Cela expliquerait pourquoi les fleurs a pétales verts n'ont pas d'odeur ;
pourquoi les fleurs blanches ou roses, sont, ordinairement odoriférantes;
pourquoi les Composées, riches en tannin, ont l'odeur désagréable ; pour-
quoi le lilas blanc artificiel et les roses forcées prennent un parfum plus fin.
Étude de M. GAIN sur l'influence de l'humidité sur la végétation.
Découverte par M. PAUL VUILLEMIN d'un appareil conidien chez une Uré-
dinée. Cette découverte permet d'étendre a tous les ordres de champignons,
pourvus d'un mycélium cloisonné, l 'existence d'appareils conidiens et con-
firme l'affinité des Urédinées et des Protobasidiomycètes.

Correspondance
Correspondance spéciale du Bureau Américain du
Monde des Plantes.
Congrès de l'Association Américaine pour l'avancement dss Sciences.
Le Congrès s'est tenu du 23 au 30 aout 1892 dans la ville de Rochester
(État de New-York). La population a reçu les congressistes avec enthou-
siasme. Jusqu'aujourd'hui, dans l'Association Américaine pour l'avance-
ment des Sciences qui est divisée en plusieurs sections, la Botanique faisait
pantie de la Section F (Biologie). Le comité exécutif de l'Association a pris,
sur notre Bemande, la résolution d'attribuer a la Botanique une section
distincte. La section de Botanique répond désormais a la lettre G. Les
botanistes ont, au nombre de 57, tenu une réunion ; on s'y est occupé de
questions botaniques. Citons les travaux suivants : A travers le Paraguay
et flore du Paraguay. Plusieurs variétés du Polypodium vulgare. L. nou-
velles pour Ia flore d'Amérique. Projet d'un congrès international de bota-
nistes a l'occasion de l'exposition universelle de Chicago en 1893 et nomi-
nation d'un comité spécial. — Notes sur la flore cryptogamique de Libéria
(Afrique). — Note sur la Flore des montagnes de I'état d'Alabama !États-
Unis). — Note sur la distribution des plantes dans la Floride (Etats-Unis.)
— 126
Les Cactées américaines. -- Note sur I'Amélanchier du Nord de l'Amé-
rique. -- Observation et Nomenclature des Orchidées de l'Amérique du-
Nord. -- Projet de jardin botanique dans la ville de New-York. Fiore de
la Virginie occidentale. -- Observations sur l'Epigea repens.
Les botanistes ont, on le voit, occupé une place importante dans Ie
congrès, place d'autant plus importante qu'ils ont obtenu la création d'une
section spéciale et indépendante. C'est un gage sérieux d'espérance pour
I'avenir.
Pu. HEINSBERGER,
hédactevr américain du Monde des Plantes.

Permettez-moi de vous remercier de grand coeur de tous les éloges que


vous voulez bien Bonner a mes modestes travaux et de vous remercier
aussi de I'honneur que vous me faites en m'associant a votre compagnie de
géographie botanique qui compte tant de savants éminents dans son sein.
Comme associé libre, it me sera facile de prendre connaissance des efforts
nombreux qu'il faudra produire pour arriver a des résultats certains et je
serais heureux de vous apporter mon contingent bien réduit, it est vrai,
mais qui pourra aussi avoir sa valeur.
Et puisque j'ai accepté la Oche d'être votre collaborateur au Monde des
Plantes, j'ai pris mes dispositions pour vous envoyer, le plus tót que je
pourrai, une notice sur les plantes de I'Europe centrale et méridionale que
j'ai observées moi-même dans les régions 'Morales de la Chine : Hong-
Kong, Shang-Hai, presqu'ïle de Tché-Fou, dans le Chan-Tong et Tien-Tsin.
Mon travail ne sera pas descriptif, mais j'aurai soin d'indiquer les stations
exactes, mon appréciation a leur égard, etc.
Vous devez bien penser que j'ai lu dans le dernier numéro du Monde •
des Plantes la lettre publiée par votre correspondant de Hong-Kong sur la
végétation de cette admirable contrée. J'ai herborisé pendant trois semaines
dans toute file de Hong-Kong, sur les montagnes du centre de file, ainsi
que sur le continent chinois qui fait face a Hong-Kong, et j'ai été émer-
veillé de la richesse de cette Fiore qui contraste singulièrement avec celle
de Shang-Hai oil j'ai résidé près d'une année. O. DEBEAUX.
S'il plait a Dieu je tácherai d'entreprendre une étude générale de la
distribution géographique des Mousses dans l'Amérique du Nord. Ce sujet
rentrant dans ceux qui s'accordent avec le but de votre Revue, nous
verrons plus tard s'il sera possible de le faire figurer dans cette publica-
tion a laquelle je vois avec plaisir que vous donnez un cachet un peu
exotique. Cela inspirera peut-être le gout de s'occuper de la flore phanéro-
gámique et cryptogamique de nos colonies oil it y a tant a faire, tandis que
les botanistes francais qui se limitent a leur petit canton sont obligés de
piétiner sur un terrain déjà bien épuisé.
Je serais très heureux que M. DUPUis, dans ses voyages futurs au Congo,
puisse récolter des Mousses qui sont bien les végétaux les plus faciles a
collecten et a expédier, n'exigeant aucune préparation. Le Gabon francais
- 427 -
(Ogooué) couvert de forks et a peu près inexploré sous le rapport des
Mousses doit être extrêmement riche sous ce rapport, et les récoltes de
cette provenance auraient pour moi un immense intérët, tant a cause des
espèces nouvelles qu'on y découvrirait que pour établir les rapports avec
la végétation des iles Malgaches. Déjà on salt que les Mousses de Saint-
Thomé, a l'embouchure du Gabon, ont une grande analogie avec celles des
Mascareignes et de Madagascar. II serait bien plus essentiel encore de
savoir si la végétation du continent littoral (Gabon) présente la même
concordance. F. RENAULD.
Je vous remercie du concours que vous voulez bien me Bonner. De mon
cóté, je feral mon possible pour vous venir en aide. Je puls, par exemple,
vous faire, pour le Monde des Plantes, un petit catalogue des stations des
Onagrariées qui croissent en Limousin, c'est-à-dire dans les arrondisse-
ments de Confolens et de Nontron et dans les départements de la Haute-
Vienne, de la Creuse et de la Corrèze. Cu. LE GENDRE.

QUELQUES TRAVAUX DU NOUVEAU DIRECTEUR


De 1'Académie
Second Systematic Census of Australian Plants with Chronologie, Lite-
rary and Geographic Annotations.1889.
Select Extra-tropical Plants readily eligible for industrial Culture and
Naturalisation with indications of their native countries and some of their
uses. 1891.
Khe to the System of Victorian Plants. 1887-1891.
Select Plants eligible for industrial Culture in Victoria. 1876.
On the Development of Rural Industries.
Maintenance, Creation and Enrichment of Forests.
Phytographic Expressions and Arrangements. 1888.
Plants of North-Western Australia. 1881.
General Information respecting the Present Condition of the Forests and
Timber Trade of the S. part of Western Australia. 1882.
Report of the Forest Resources of Western Australia. 1879.
Iconography of Australian Species of Acacia and Cognate Genera. 1887.
Iconography of Australian Salsolaceous Plants. 1889.
Description of Fossil Plants from the Upper Tertiary Auriferous Drifts of
New South Wales. 1876.
Introduction to Botanic Teachings through references to Leading Native
Plants. 1877.
Flora Australiensis (en collaboration avec BENTHAM) 4863-1873.
Musci Australici prcesertim Brisbanici novi (en collaboration avec HAMPE).
1872.
Plants indigenous to the colony of Victoria. 1860-1865.
Fragmenta phytographica Australia. 1863-1864.
Ces ouvrages ont été édités a Melbourne. Certains d'entre eux ont eu
plusieurs éditions.
— 128 --

Offres et Demandes
M. Debeaux, 28, rue St-Lazare, Toulouse (Haute-Garonne) Bemande des
coquilles de Chine et du Japon, spécialement celles du genre Hélix (escar-
got).
M. Ernest Olivier, Les Ramillons, près Moulins (Allier) recevrait avec
reconnaissance des spécimens d'espèces du genre Luciola, de 1'Asie.

Petite correspondance
M. R. Paris. La Flore indigène des jardins, présentant un caractère trop
strictement local, nous avons, étant donnée son étendue, renoncé a la
publier ici.
T. N. Notre Revue est publiée au Mans et non a Paris et nous le préfé-
rons, car nous concourons ainsi a l'ceuvre si désirable de la décentrali-
sation.
R. T. Inde Francaise. Le travail du D r Guilloteau publié dans les Archi-
ves de Médecine navale et coloniale ne peut être utilisé pour la Flore de
Chandernagor.
MM. Vergara. Madrid. Nous avons recu votre brochure. Merci. Notre
Revue vous tiendra au courant des travaux sur les Roses.
M. l'Abbé L... Foulletourte. Merci de votre brochure.
F. R. Monaco. Recu votre travail. Remerciements.
Notre collégue, M. P. Duchartre a été élu le 23 décemble, président de
la Société botanique de France, pour l'année 1893.

Ouvrages parvenus à la Direction de la Revue


TITRES : DONATEURS :

El Corrimiento de las Uvas. C. Baltet traducido por


M. Vergara. M. VERGARA
Manuel pratique des Cultures tropicales et des planta-
tions des pays chauds, par P. SAGOT, mis a jour et
publié par E. RAOUL. E. RAOUL.
Flore médicale, 4e fascicule, par A. SADA. A. SADA.
Inventaire général des plantes vasculaires de la Sarthe.
AMBR. GENT! L. A. GENTIL.
Récolte et conservation des plantes pour collections bota-
niques, principalement dans les contrées tropicales.
D r SCHWEINFURTH, traduit par E. AUTRAN. E. AUTRAN.
Hommage rendu a la mémoire de Pierre-Edmond Bois-
sier. D r CHRIST.

Le Directeur-Gérant du « Monde des Plances », H. LÉVEILLÉ.


Le Mans. — Typographic Edmond Monnoyer.
2e ANNE. No 17 ter F'ÉVRIER 1893.

LE MO\DE DES PLA\ TES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

Melbourne, 3 décembre 182.

CHER PROFESSEUR ET HONORÉ CONFRÈRE,

Cela m'a causé la plus agréable surprise d'apprendre, par


votre lettre du 29 octobre, que l'Acadéniie internationale de Géo-
graphie botanique a daigné in/Wire Directeur. Lette marque signi-
ficative de con fiance qui m'a été témoignée par voos et vos corn-
patriotes distingués aussi bier que par les Représentants des
autres nations, je la regarderai toejours comnie ?In des plus
grands actes de gén&osité dont l'on m'ait grati fré dans ma car-
rière scienti fique . Le f ait que vous, mon honoré arni, vous vous
'dies (Minis de cette haute position en ma faveur, vous donne droit
et ma gratitude particulière. En acceptant cette distinction, je

suis plus à mon aise au regard des devoirs et des obligations


qu'elle m'impose en sachant que vous vous êtes chargé des fonc-
lions de Secrétaire permanent. 11 n'est pas ne'cessaire de vous
assurer que je suis charme' que le digni fie' M. Le Gendre ait
accepté le poste de Trésorier.
Ayez la bontéd'exprimer mes remerciements d tous les savants
des dif férents pays pour la haute distinction dont its m'ont honor,
distinction tout inattendue de ma part, et permettez-moid'ajouter
que, quoique travaillant et une si grande distance de vous, je feral
de mon mieux pour airier et atteindre le but important que
poursuit l'Acade'mie.
Agréez, cher Professeur, l'assurance de maplus haute estime et
considération .
FERDINAIVD DE MUELLER.

Ci- joint, j'ai l'honneur de vous remettre u1,7e lettre de change de


T. II. J5
— 130 —
125 francs comme contribution aux fonds de l'Académle. Je con-
tribuerai de temps en temps aussi á i'riuelzir.
F. DE M.
Le généreux don du baron von Mueller sera employé à la publication des
travaux sur les Onagrariées que MM. les Académiciens voudront bien adres -
ser à la Revue.

Si d'importantes d'marches que nous tentons en ce moment


réussissent, la Botanique récréative et ia Chronique générale
formeront un supplément a part que recevront sans augmenta-
tion de prix tous nos abonnés. Ce supplément porterait le nom
de « LE MONDE DES VOYAGES. »
Avec le numéro prochain de la Revue commencera la publica-
tion des travaux sur les Onagrariées.

Que ferons - nous ?


De divers cótés, nous recevons des encouragements pour potre
idée d'un Ordre purement scientif que. On nous pousse à aller de
l'avant.
D'autre part, on nous a fait observer que les titulaires du nouvel
Ordre auraient a payer un droit de chancelleries Ce n'est pas
un obstacle. On nous écrit aussi qu'il existe déjà au Brésil un Ordre
politique de la Rose et qu'il serait bon qu'il n'y eut pas double
emploi. Mais, ajouterons-nous, avec le même correspondant, ii ne
sera pas difficile de trouver une autre appellation pour l'Ordre
projeté. Nous promettons d'étudier la question. Une création de
vette nature demande deux choses : du temps et de l'étude.
H. L.

BOTANIQUE PURE

ESSAI D'UN CATALOGUE CRITIQUE


Des espèces régétales qui croissent dans les ctablissements de linde Française

UU CONTRIBUTIONS A LA FLORE DE LINDE FRANDISE (Suite).


',I.••••■ ••••.i

X. POLYGALACÉES. XI. CARYOPHYLLACÉES.


Polygala chinensis. L. Polycarpon Loeflingix. Benth, et
Book.
-- 131 --
XII. P oRTULACACÉES. Sida carpinifolia. L.
+ Portulaca oleracea L. r-- spinosa. L.
--- cluadrifida. L. - cordifolia. L.
XIII. TAMARISCINACÉES. - humllls. Willd.
+ Tamarix gallica. L. — rhombifolia. L.
XIV. CLUSIACÉES. - mysorensis. W. et A.
Cab o p h y l l u m i n o p h y ll u m. Thespesia populnea. Lam.
L. Cit. P. Urena lobata. L.
Garciniamangostana L. Cit.E. R. — sinuata. L..
Mesua ferrea. L. Bombax malabaricum. D.C.Cit.P.
XV. TERNSTROEbIIACÉES. AdanSonladlgltata. G. Clt. E.- R .
Cochlospermum gossypium. D. C. Eriodendron anfractuosum. D. C.
XVI. M ALVACÉES. Cullenia excelsa. Wight.- M.
Abutilon indicum. G. Don. XVII. STERCULIACÉES.
— muticum. G. Don.Cit. P.Helicteres Isora. L. Clt. P.
r--- crispum. G. Don. Sterculia guttata. Roxb.- R.
--- graveolens. W. et A. -- foetida. L.
Clt. P. -- Balanghas . L.
Gossypiumherbaceum. L.Cit.I. — populifolia. Roxb.
-- arboreum. L. -- villosa. Iioxb.
— barbadense. L. Cit. E. * Pterospermum suberifolium .
Hibiscus esculentus, L. Clt. I. Lam.
ficulneus. L. -- rublglnosum.
Abelmoschus. L. Heyne.-11'.Ï.
cannabinus. L. Cit. I. Waltheria indica. L.
Trionum. L. Clt. P. Guazuma tomentosa. Ewalt.
surattensis. L. Clt. P.
Rosa-sinensis. L. Clt.l. Melochia corchorifolia. L.
tiliaceus. L. XVIII. TILIACÉES.
panduraeformis. Burm. Berrya ammomylla. lioxb. Cit. P.
angulosus. Mast.-M. Corcliorus olitorius. L.
micranthus. L. — acutangulus. Lam.
— vitifolius. L.-R. — capsularïs. L.
--- mutabilis. L. Cit. E. Grewia asiatica. L. Clt. I.
4- syriacus. L. Cit. I. * — carpinifolia. Juss.
-- collinus. Roxb. Triumfetta pilosa. Roth.
— hirtus. L. Clt. P. -- rhomboidea. Jacq.
— sabdariffa, L. Cit. I. XIX. MALPIGHIACÉES.
-- Solandra. L'Her. Galphimia glauca. Cav. Clt. E.
-- furcatus. Roxb. Hiptage madablota. Gxrtn.
Pavonia odorata. Wald. Cit. P. Malpighia punicifolia. L. Cit. E.
-- zeylanica. Cav. Clt. P.

(A suivre). H. LÉVEILLÉ.
-932 -
BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE

La culture et le commerce des fleurs dans les


Alper maritimes.
Suite (4).
Culture estivale.
Nous avons déjà entende, comme culture estivale, celle des
plantes a fleurs destinées a la parfumerie et a l'obtention de la
graine. II n'est personne qui n'ait ouï parler des distilleries de
Grasse et de Nice, dont la réputation est universelle et dont l'im-
portance s'accroit de jour en jour. Ces deux villes possèdent de
nombreuses fabriques, qui font surtout la matière première eipor-
tée en France et à l'étranger aux parfumeurs, aux fabricants de
liqueurs et même à ceux de confitures. Cannes et Vallaurie pos-
sèdent aussi quelques usines de moindre importance et it n'y a à
signaler, pour la première de ces deux villes, qu'un essai fait au
moyen du sulfure de carbone pour la fixation du parfum, en rem-
placement de la graisse.
Il y a deux moyens employés pour fixer le parfum des fleurs,
suivant leur plus ou moms de facilité a se décomposer, leur fixité
plus ou moms grande.
Nous les indiquerons a grands traits.
La graisse de pore ou de boeuf, ou mieux, les deux ensemble,
sont les deux véhicules employés, soit a chaud, soit a froid.
Dans le procédé a chaud, après que la graisse a été épurée et
raffinée jusqu'à avoir une blancheur éclatante, on la mélange,
dans une cuve, avec le quart de son poids de fleurs. On chauffe le
tout doucement, uniformément, on remue et on laisse macérer
quelques heures ; pais on recommence jusqu'à complète satura-
tion du corps gras. Entre chaque opération, la graisse est tamisée

(1) Voir les n°° 11, 13, 14, 15.


— 133 --

a travers une large passoire recouverte d'un tissu léger qui s'adapte
a une autre cove. Le résidu est ensuite épuisé a la presse.
La graisse ainsi parfumée constitue la pommade qui est, soit
conservée telle quelleaprès purification pour être mélangéeensuite,
par les parfumeurs, a d'autre graisse pour faire la véritable pom-
made du commerce, dans diverges proportions suivant le degré de
saturation (1 kilogramme pouvant faire 2, 3, 10,17 et 30 kilo-

g rammes de pommade), soit reprise, en mélange avec de l'alcool


qui, a son tour, lui enlève tout son parfum pour constituer les
extraits alcooliques,
Pour cette opération, la graisse parfumée se met dans des bat-
teuses moes par la vapeur, avec un poids égal d'alcool a 95°, soit
40 °/° de pommade pour 60 c70 d'alcool, et ou s'opère ce que l'on
nomme le lavage de la pommade. Ces batteuses sont de grands
cylindres métalliques pouvant contenir 100 litres de mélange, au
milieu desquels se meur une tige supportant a l'extrémité, a peu de
distance l'une de l'autre, deux petites branches d'hélice, longues et
minces. La tige est terminée en haut par un plateau circulaire
entrainé au moyen d'un excentrique vertical qui lui communique, a
la fois, un mouvement rotatif et de bas en haut. Le mélange est
ainsi intimement agité. Deux lavages successifs sont nécessaires
pour épuiser entièrement la graisse et faire passer le parfum pres-
que tout entier dans l'alcool qui est, lui -même, ensuite, remanié
pour obtenir les extraits définitifs.
Toutes les fleurs, sauf la tubéreuse, le jasmin, la cassie, la vio-
lette et la jonquille, qui ne renferment point d'essence, sont trai-
tées à chaud par ce procédé. Le réséda se traite soit a chaud, soit
a froid, par le moyen suivant.
C'est encore la graisse et l'huile d'olive qui sont les véhicules
employés.
Sur des chassis vitrés, peu profonds, on étend une mince couche
de graisse sur laquelle les fleurs sont posées en Tangs serrés, Chi-
que jour, les fleurs de la veille sont enlevées et les provisions
renouvelées, pendant un temps plus ou moil's long suivant le
degré de saturation que l'on veut Bonner au corps gras. L'opéra-
-- 134 —

lion peut durer jusqu'à trois mais. Chaque chassis se superpose


au suivant et ainsi de suite jusqu'au dernier, formant une pile
parfaitement close de toures parts. Cette graisse, ainsi saturée
constitue aussi la pommade.
Pour l'emploi de Thuile d'olive, les cadres sont en hl de fer
recouverts d'un épais canevas de coton préalablement trempé dans
l'huile qui est, comme par le procédé précédent, reconvert, chaque
jour, d'une couche de fleurs. Au bout d'un certain temps qui peut
s'étendre jusqu'à trois mais, l'huile est parfumée, à peu près telle
qu'elle nous arrive dans le commerce.
La graisse employée vient d'Italie, de Bologne principalement ;
l'alcool est celui de riz ou de maïs.
Un troisième traitement, celui des fleurs à essence est la distil-
lation, de beaucoup la plus importante des opérations de ces fabri-
ques. Elle s'opère dans des alambics ordinaires de grandes dimen-
sions aver 2/3 d'eau habituellement. A la surface des eaux de dis-
tillation ou au fond, suivant que l'essence est plus dense ou moins
dense que Feat', se recueillent les huiles essentielles, dans de
grandes éprouvettes de verre ingénieusement disposées. On distille
ainsi la fleur d'oranger, dont l'essence constitue le néroli du com-
merce et dont les feuilles donnent le petit grain, la rose, le géra-
nium, le lauriercerise, l'eucalyptus, etc., puis les plántes sauva-
ges aromatiques, la sauge, le romarin, le thym, le serpolet, la
lavande, l'hysope, etc., pais enfin, divers produits exotiques qui ne
sont pas des moins importants : le carvi (kuurel), l'anis, les feuilles
de patchouli qui viennent de l'Inde, le bois de rose de Cayenne, le
Bois de cèdre, les clous de girofle, les amandes amères préalable-
ment concassées, puis distillées et don( on eitrait aussi l'huile, la
racine d'iris de Florence (il en vient aussi du Maroc, mais de qua-
lité inférieure), le gingembre, les grafnes de coriandre chères aux
Hindous, enfin le vétivert qui vient aussi de l'Inde.

(A suivre). E. DESCHAMPS.
— 135 --

NiÉDECINE

Tinospora cordifolia Miers (Suite).


II. -- DE LA PLANTE.

Le Tinospora cordifolia est une plante vivace a tige volubile, a


écorce subéreuse un peu tuberculeuse. GrAce à sa propriété de
s'enrouler, it s'élève au-dessus des arbres les plus élevés. II végète
bien en plein air dans des climats très différents. Sa croissance
rapide et sa végétation vigoureuse doivent le faire écarter des
arbustes et des arbrisseaux qu'il pourrait étouffer. De son sommet
descendent des racines adventives, semblables a de longs cordons.
De ses tiges depouillées de feuilles partent aussi des rameaux qui
viennent gagner le sol ott eiles pénètrent, grace au développement
de nombreuses radicelles qui s'enfoncent bientát jusqu'à la dernière
limite de la terre végétale.
Ces racines adventives sont, aussi bien que les tiges de la plante,
parfaitement cylindriques et d'égale grosseur sur toute leur Ion-
gueur. Ce Tinospora se reconnait a son port élégant, a ses feuilles
cordées et 'a ses racines adventives d'un jaune vert comme les liges.
Cultivée en serres pour l'ornementation, cette espèce se multiplie
très facilement par graines, drageons et boutures. Elle renferme
un principe amer. On peut la cultiver aussi en Europe; mais comme
elle est sensible aux gelées, on doft choisir une bonne exposition.
Elle réclame un terrain substantiel et consistant et fleurit en janvier
et février.
Les tiges axillaires sont rarement terminales ou solitaires ; elles
portent les cicatrices des feuilles tombées. Son écorce plus ou moms
épaisse et rugueuse, suivant l'áge de la plante, est d'un bran ver
odeur légèrement aromatique est plutUt désagréable : sa-dátre;son
saveur est amère. Le Bois de la tige présente un mode de crois-
sance essentiellement exogène et ne présente pas de couches con-
centriques annuelles. Les couches ligneuses sont toejours simples
et ne se déchirent point longitudinalement comme dans d'autres
dicotylédones ; eiles augmentent chaque année par la formation
— 136 --
d'une nouvelle couche ligneuse en dehors de la première et a l'in-
téricur du liber, tandis que dans d'autres espèces de ce genre,
n'ayant aucun vaisseau spiralé au liber, elles se montrent a la fois
comme le produit du travail de plusieurs années sous .la forme de
cercles concentriques réguliers.
Les feuilles sont alternes, pétiolées, cordiforrnes, orbiculaires,
brièvement acuminées, glabres, d'un vert presque foncé en dessus
et légèrement cendré en dessous.
Les fleurs unisexuelles et petites, d'un jaune Blanc, sont réunies
en grappes axillaires ou extra-axillaires. Les fleurs. males sont
nombreuses ; les femelles sont ordinairement de sept à dix. Les
premières possèdent six étamines hypogynes et parfois plus ; les
secondes présentent de trois a six carpelles.
Les fruits sont des drupes en forme de perles. Les grafnes affec-
tent la méme forme que le fruit, celle d'un croissant de lune.
L'embryon également plus ou moans courbé, a ses cotylédons min-
ces et planes, tantót rapprochés, tantOt écartés l'un de l'autre ; sa
radicule est presque toejours dirigée en haut ; it est entouré d'un
périsperme charnu, mais mince, qui disparaat quelquefois entière-
ment,
Les racines, souvent plus grosses que la tige, sont d'un jaune
gris, présentent une structure rayonnée ; elles sont douées d'une
saveur d'abord douceatre et mucilagineuse a laquelle succède une
amertume très prononcée et rappelant celle de la racine de
Strychnos nux-vomica L. L'intervalle des rayons est cribléde trous
arrondis. Cette racine comme la tige se dessèche très difficilement.
Nous avons fait suspendre en l'air une longue booture qui n'a
commencé a se dessécher qu'au bout d'un an. Nous y avons remar-
qué aussi des racines adventives longues de 2 1/1 50 et de la gros-
seur d'un brie d'herbe. Les racines adventives, ai je dit, s'enfon-
cent jusqu'à la limite de la terre végétale. Là, elles produiseat des
tubercules très recherchés pour la médecine, mais très difficiles, à
trouwer.
(A suivre) A. SADA.
-- 137 --

BOTANIQUE RECREATIVE

TOUTE L'INDE
OU

GUIDE DU BOTANISTE AUX INDES

Le lendemain, au point du jour, nous continuámes notre marche


en avant. Après avoir franchi le seuil d'El-Guirsh, traversé le lac
Timsah, dont les eaux jadis douces sont aujourd'hui amères, depuis
le eercement de l'isthme, et laissé sur notre droite la ville d'Is-
mallia, nous arrivámes, sur les 10 h., aux lacs Amers. On était alors
au Bimanche 27.
Nous avions devant nous le paquebot qui la nuit nous avait
devancés ; mais it n'était pas seul : sept autres navires le précé-
daient; nous domes aussi jeter l'ancre et nous mettre à la file en
attendant qu'il pleit à un petit navire anglais qui avait touché, de
nous livrer passage. Deux navires qui vinrent ensuite durent se
mettre derrière nous.
Dans les lacs Amers comme dans le lac Timsah, le chemin des
navires est indiqué par des bouées flottantes.
Durant les repos forcé auquel nous étions condamnés et tandis
que les commandants des vaisseaux échangeaient des visites, nous
débarquámes sur la cote égyptienne et Eimes, le long du canal, une
promenade qui ne manquait pas de pittoresque. Nous arrivámes
chez un employé du canal, du nom de Morel. L'accueil que
nous resumes de M. Morel et de sa famille fut des plus sympa-
thiques. Nous parlámes de la France qu'il n'avait pas revue depuis
24 ans et qu'il espérait revoir un jour, du canal, de l'Égypte, etc.
J'avais justement comme compagnon un homonyme de noire hóte
qui échangea avec lui une vigoureuse poignée de main. A notre
sortie une chèvre de la maison, nous prenant avec raison pour des
amis, se mit à gambaderet se fut permis vis-à-vis de nous, si nous
T. II. 5*
--138—
n'y eussions mis bon ordre, des marques d'une trop grande fami-
liarité. En ponssant un peu plus loin, nous apercumes le navire
échoué. La nuit commencait à tomber, nous ignorions d'ailleurs
le moment du départ de nota maison flottante et, comme la
perspective de rester au bord du canal ne nous souriait que
fort peu, nous rentràmes à bord en compagnie de passagers qui
rapportaient du sel rose recueilli dans une saline naturelle et dont
ils voulurent biera nous offrir une part. Its paraissaient s'être
passablement divertis aux dépens d'un passagen naïf qui ayant
pris, racontait-on, un veau pour un lion, avait voulu tirer dessus,
au grand scandale du maitre de l'animal et a la non moins
grande hilarité de ses compagnons, qui s'étaient apercus de sa
méprise.
Le lendemain matin nous pumes lever l'ancre, mais it nous fal-
lut d'abord attendre le défilé de 10 autres navires qui rentrant
en Europe avaient le pas sur nous et passèrent les premiers.
Puis ce fut le tour des navires a destination de l'Extrême-
Orient. Nous étions de ce nombre. La marche en avant fut done
reprise.
De temps à autre, nous voyions sur: lone ou l'autre rive des
groupes d'Arabes et de chameaux occupés aux terrassements,
tantót quelques enfants suivaient, le long de la rive, le navire en
criant et en demandant quelques sous qu'ils se disputaient
ensuite.
Cette partie du canal est moms sauvage. Bien que la fore y soit
pauvre, on y voit cependant des touffes d'herbe et quelques brous-
sailles.
Le percement de l'isthme a changé le régime climatérique de la
contrée et en amenant des pluies a permis a la végétation de faire
son apparition. Auprès des gares se trouvent des plantations de
Tamarix que l'on retrouve cà et là au bord du canal, et des jardins
qui donsent aux gares l'aspect d'oasis verdoyantes.
Nous avons pu remarquer qu'avec les années la végétation
augmente, car lors de noire second passage elle nous a paru plus
développée.
W--139—
Le canal d'eau douce est parallèle au canal maritime. Quant au
chemie de fer, it suit le canal jusqu'à Ismailia et se dirige tinsuite
sur Le Caire.
Chaque année de nombreux navires passent par le canal de
Suez. En l'année 1889 it n'est pas passé moins de 3425 navires,
procurant a la Compagnie du Canal plus de 68 millions de francs.
Neuf navires sur dix portent pavilion britannique. Telle est du
moins la proportion résultant de mes observations, observations
bien restreintes, it est vrai.

Suez. -- Le soir du lundi 28, sur les 6 heures, nous étions a


Suez. Nous étions a plus de quatre milles de la ville de Suez dont
nous apercevions les feux. Voulant regagner le temps perdu, nous
ne restámes a Suez que trois heures. A 9 heures, nous levions
l'ancre à nouveau, emportant avec nous des marchandises a desti-
nation de Suez mais dont le mauvais aménagement rendait le
débarquement impossible. Elles en seront quitte pour revenir de
Colombo a Suez.

La mer Rouge. — La nuit nous empéche d'apercevoir la


cote d'Afrique et la haute chaine des monts Dakka. En face, sur la
cote d'Arabie, nous verrions, s'il faisait jour, l'oasis de palmiers
connue sous le nom de fontaine de Moïse.
Depuis quelque temps déjà les pankas fonctionnent dans les
salons. On appelle ainsi des espèces d'éventails composes essentiel-
lement d'une tdile rectangulaire supportée par des barres ou rou-
leaux de bois ou de métal. Ces panbas sont fixés au plafond et
mus,gráce a un système de cordes et de poulies, par des domestiques
ou par la vapeur. Dans ce dernier cas leur mouvement est saccadé
et automatique mais régulier. Sur le Sindh, des domestiques étaient
chargés d'actionner les pankas. Ces derniers sont aux Indes d'un
usage presque general.
Le mardi 29 novembre, au lever du jour, nous sommes presque
a la hauteur du massif du Sinai parfaitement visible. Nous aperce-
vons distinctement les monts Serbal et Sainte-Catherine, l'Horeb
puls le fameux desert de Tor. Nous avons, durant la nuit, dépassé
-140--
le lieu présumé du passage des Hébreux sous la conduite de
Molise.
La mer est toujours calme ; la chaleur est forte, mais suppor-
table. Dans la soirée, nous franchissons le détroit de Djebal,
nous laissons derrière nous les Iles de ce nom et celles de
Sudwan.
Nous voici en pleine mer Rouge. La double tente du navire ne
sera pas inutile pour éviter les insolations. On apercoit encore les
sommets élevés des montagnes africaines. Nous dépassons les
rochers nommés « les Frères ».
Dans la nuit du 29 au 30 nous franchissons le tropique du
Cancer.
Mercredi 30, la chaleur augmente. Je plains les chauffeurs. La
Compagnie prend a son service successivement des Soudanais, des
Arabes et des Indiens. Nous apercevons des navires échoués, un
entre autres qui se tient debout contre un rother sur lequel it a
piqué une tête. Dans ce moment-ei on compte 14 navires échoués
dans la mer Rouge et demeurés visibles. Lamer est pleine d'écueils.
11 faut soigneusement tenir le milieu. La navigation des voiliers
y est des plus périlleuses à cause de la difficulté de courir des
borddes.
Jeudi i er décembre, nous assistons a la revue sur le pont. Tout
l'équipage est convoqué. Le commandant passe la revue, prononce
une course allocution et annonce des manoeuvres. En effet le lende-
main, vendredi 2 décembre, nous assistons aux manoeuvres en cas
d'incendie.
Dans la nuit nous passons le détroit de Bab-el-Mandeb et voyons
le feu du phare de Périm. On salt que c'est a l'indiscrétion d'un
agent francais qu'est due la prise de possession de cette Ile par
les Anglais. Le même fait s'est reproduit pour la Birmanie.

Aden. — Le samedi 3 décembre nous arrivons au matin a


Aden. Nous sommes déjà loin des frimas et des nuits d'hiver de la
France.
De jeunes enfants presque noirs, aux cheveux crépus, nous entouren 1
-- 1 4 1 ---
avec des pirogues et des petits bateaux en criant à tue-tête : A la
mer, a la mer! Its demandent par là qu'on leur jette quelque pièce
qu'ils iront chercher sous l'eau en nageant comme de véritables
poissons. Mais it leur faut des pièces blanches. Pour vingt cen-
times als piquent une tête dans la mer et se disputent la pièce
convoitée. Its passent même sous la quille du navire, au risque de
se faire dévorer par les requins abondants dans ces eaux. Leur
costume est des plus simples : un simple lime autour des reins.
Espiègles comme toes les enfants, als font des niches aux matelots,
montent sur la Lente et, quand als sont poursuivis, als se préci-
pitent dans l'eau. Avec leurs dents blanches qui tranchent si
singulièrement sur la couleur de leur peau, als ne manquent pas
d'intérêt.
Les changeurs se présentent. C'est a Aden qu'il faut changer sa
monnaie d'argent et se débarrasser de sa monnaie de cuivre. On
pourra encore changer l'or à Colombo ; mais, après, les monnaies
européennes n'auront plus cours.
Nous débarquons et nous allons demander à déjeuner à Mgr Las-
sere qui chassé d'Abyssinie est vena résider à Aden. Ii nous
recoit avec une extrême cordialité. En passant levant les postes
anglais, nous remarquons qu'ici, comme dans l'Inde, on présente
les armes aux missionnaires.
A Aden, comme dans toutesles colonies anglaises, les routes sont
biera entretenues. Nous avons jeté l'ancee a Steamer-Point, qui se
trouve, ainsi qu'Aden, situé aux pieds de pics aigus et déchirés,
composés de roches volcaniques.
En face de ces pics se dresse un massif montagneux, nommé le
Djebel-Hassan.
La péninsule d'Aden avec son isthme et sa ville fortifiée Upend
du gouverneur de Bombay qui y est représenté par un Résident
politique entouré de trois Assistants, tous officiers de l'armée dont
le Résident a le commandement. Le territoire d'Aden fait partie
de la cote sud de la province d'Yemen située "elle-même dans l'Ara-
bie Heureuse.
La superfacie totale de cette possession anglaise est de 70 milles
_ 442 —
carrés. Sa population, y compris celle de Périm, s'élève au chiffre de
36000 habitants dont 23000 hommes.
Le cratère d'Aden est bordé de précipices, et le plus haul pic ne
dépasse pas 532 mètres de hauteur.
Laves, tufs, obsidiennes, calcédoines, gypses, pierres ponces
abondent a Aden . Annuellement on expédie a Bombay plusieurs
milliers de tonnes de ces dernières.
La végétation d'Aden est la même que celle de l'Arabie Pétrée
et ne renferme que 94 espèces parmi lesquelles on peut citer
Reseda amblyoca7 pa, Cassia pubescens, Acacia eburnea. Quem l-
ques Euphorbiacées et Capparidacées apparaissent cà et lit. Le
Porcher (Thespesia populnea) y croft avec peine et toutes ses par-
ties sont affectées de panisme.
Le phare d'Aden est visible a une distance de dix milles.
Nous résumons d'après Hunter l'historique d'Aden. Ancienne
Eden des livres saints, Aden recut le christianisme vers 342, en 525
elle tomba au pouvoir des Abyssins vainqueurs des Himyarites ;
en 575 elle devint la proie des Persans; dix ans après l'hégire, les
musulmans s'en emparèrent. Gouvernée par ses imans en 932, elle
devient, en 1038, la proie du chef de Lahej. Elle passe ensuite aux
mains de divers chefs arabes. En 1500 1'iman de l'Yemen construit
l'aqueduc dont'on voit les ruines. En 1503 Aden recoit la visite
de Ludovico de Varthema ; en 1513 d'Albuquerque l'assiège en
vain avec 20 vaisseaux et 2500 marins ; en 1516 le sultan
d'Égypte n'a pas plus de succès; en 1538 Soliman le Magnifique
la prend; elle tombe alors aux mains des Turcs, pais dans celles des
Portugais en 15M ; elle devient possession égyptienne et voit cons-
truire ses fortifications. En 1609 l'Ascension, navire de la Compa-
gnie anglaise des Indes la visite ; en 1618, l'Angleterre établit une
factorerie a Moka. Aden retombe aux mains des imans du pays.
En 1708 les Francais visitent le port d'Aden. En 1735 Abdali, sul-
tan de Lahej, l'occupe ; après diverses guerres, les Anglais s'en
emparent en 4838, à la suite d'un outrage dont ils avaient réclamé
vainement la réparation.
Aden fut la première conquête du règne glorieux de la reine
-- 143 --
Victoria. Its complétèrent leur conquête en s'emparant de Périm
(1857) et par l'achat du petit Aden et de l'ile de Sirah et d'autres
terrains, fait successivement au sultan de Lahej .
En 1881, toejours d'après Hunter, on comptait a Aden 2593 Eu-
ropéens, 27000 Mulsulmans, 236 Parsis, 137 Jaïns, 2666 Indous
et 2184 autres Asiatiques.
Parsis, Jaïns, Indous s'adonnent au commerce, Landis que les So-
malis et les Arabes travaillent au port.
L'eau est rare a Aden. Ce n'est pas étonnant quand on songe
qu'il s'écoule parfois des périodes de trois et cinq années sans que
la pluie vienne rafraichir un sol dévoré par le soleil. La
réverbération du sol est effrayante et on comprend que plus
de 300 Européens, victimes d'insolations, reposent au cimetiére
d'Aden.
L'eau se vend done a Aden; elle provient des puits, de la distilla-
tion de l'eau de mer et des citernes. Celles-ci, qui peuvent contenir
jusqu'à 7 millions 718 mille gallons (1) d'eau, sont souvent à sec.
Elles ont été construites vers l'an 600, locs de la seconde invasion
des Perses. Pas de pluie en effet, pas d'eau. II ne tombe que de
1 /4 de ponce a 8 pouces 1/2 d'eau. a
La vie est fort chère, car tout vient du dehors. Le riz
vient de l'Inde; le sorgho, le millet et le maïs viennent de I'in-
térieur.
L'escale devant être de courte durée, nous regagnámes, vers
1 heure après midi, noire beau bátiment. Il était temps. Une eer-
taine anxiété régnait à bord a notre sujet. En nous rendant au
Sindh, nous passámes avec noire modeste youyou tout près de la
canonnière francaise, dont le pavilion s'abaissa par trois fois pen-
dant que les officiers nous envoyaient un sympathique salut. Ce
salut du navire de guerre a notre humble barque oh flottait le dra-
peau francais nous toucha profondément.
L'ancre est levée, mais la marée est basse ; nous allons de
l'avant, nous allons de l'arrière: peine perdue; enfin, par un mou-

(1) Le gallon vaut plus de 4 litres et demi d'eau, ce qui donne un total de
plus de 35 millions de litres.
— 144 —
vement oblique nous nous dégageons, nous voilà partis : en route
pour l'Inde. Près de 4,000 kilomètres nous séparent de Colombo.

Messe et bord. — Un passager nai f. — Minicoi. — Les


Maldives. — Le Golfe du Bengale.

L'Océan Indien. -- Dimanche 4 décembre. On improvise


a l'arrière du paquebot un autel et au moyen des pavilions des
diverses nations on installe une chapelle provisoire. Le divin
Sacrifice est célébré au milieu d'un silence imposant et de 1'im-
mensité dans laquelle nous sommes pour ainsi dire plongés.
Une messe a bord est toejours imposante. Je vois encore le
major-général et sa dame, cette dernière manie d'une bible
volumineuse, suivant tous deux avec respect, bien, que protes-
tants, l'office divin. Seuls deux ou trois passagers s'abstien-
nent ainsi qu'une famille anglaise protestante. Cette dernière
d'ailleurs parait s'étonner que l'on célèbre la messe sur le pont,
attendu, dit-elle, que la religion catholique est à peine tolérée
en France.
Le lendemain, 5 décembre au matin, nous apercevons le cap
Guardafui si redouté des navires et qui nous rappelle la catas-
trophe du Mékong, magnifique paquebot des Messageries qui, au
retour de Chine, alla par une belle nuit se perdre sur les ro-
chers (87). J'ai eu l'occasion de rencontrer des témoins du
naufrage, entre autres un missionnaire qui, échappé au sinistre dans
un léger costume, dut se revêtir à Aden d'une robe de capucin.
Hátons-nous d'ajouter que tous les passagers échappèrent au
naufrage mais non pas hélas aux insolations qui les atten-
daient lors de la traversée du pays Somali dont plusieurs furent
les victimes.
Des manoeuvres de signaux distraient quelque pee les passagers
qui commencent à trouver monotone cette existence entre le eiel et
Peau. Quelques squales luttent de temps a autre de vitesse avec
nous mais finissent par se fatiguer bientót.
Nous ne sommes cependant pas au bout. Dans la soirée, chacun
quitte ses fauteuils ou ses chaises en rotin pour examiner la longue
-- 145 --
Ile de-Socotora avec ses falaises de sable qui la font ressembler, en
partie du moins, a une Ile presque déserte. Elle est renommée
pour son aloès. La fore de vette Ile a été étudiée par M. Bal-
four.
Bient6t notre hótel flottant nous emporte loin d'elle. Ce dernier
nom convient biera a ces immenses paquebots sur lesquels ne man-
(pent ni le confortable, ni même le luxe. De nos jours on aug-
mente sans cesse leur longueur et leur uitesse. Ne vient-on pas
d'en construire de 182 mètres de long et ne se propose-t-on pas
d'aller jusqu'à 213 mètres. Mais si l'on augmente leur stabilité, on
augmente aussi notablement les frais de chauffage. Tel navire
des Messageries, le Salazie par exemple dépense journellement
2,000 francs de charbon. L'Arrand Béhic en mange le double.
La mer est toujours calme ; on converse ; on joue, qui aux
palets, qui aux échecs. Nous nous dirigeons toujours vers le sud,
mais nous ne couperons pas la ligne sans quoi nous aurions vers le
soir une cavalcade des matelots comme nous en avons eu d'ailleurs
une au passage du tropique.
Un passager a figure épanouie mais naïve s'adresse a un Fran-
pais jovial.qui s'égaie a ses dépens. Que signifie le mot épatant,
demande-t-il ? -- Bon comme du pâté, réplique ce dernier, et
notre homme enchanté de s'en aller de cóté et d'autre et de
dire a certain auquel it croit faire un compliment ; mon ami, vous
êtes épatant.
Le soir nous avons sous les yeux le spectacle de la mer de
Tait.
Le navire laisse après lui un immense sillon lumineux dans
lequel on distingue encore, a leur éclat rougeátre, les méduses
phosphorescentes, ta p dis que ses francs font à chaque instant jaillir
des milliers d'étincelles.
Les 6, 7 et 8 décembre ; toujours l'immensité. Nous passons
a quelques heures d'un écueil à peine visible que les lames recou-
vrent fréquemment.
Dans la journée du 9, Minicoï, avec ses palmiers élevés et sa per-
pétueile verdure, s'offre a nos regards. La vue se repose avec plai-
-- 146 --
sir sur cette végétation luxuriante des tropiques et chacun de
regarder attentivement cet Atoll pour y découvrir quelque habita-
tion. Nous passons à une faible distance de cette terre qui ne tarde
pas à disparaitre, tapdis que je la fouille obstinément avec de puis-
santes jumelles.
A propos de cette Ile située entre les Laquedives et les Mal-
dives on me permettra une courte digression en faveur de ces
lies.

Les Maldives. -- Les Maldives se composent de 19 atolls


ou lies de corail sans compter de nombreux hots et des rochers.
Les plus grands sont seuls habités. Mali en est la capitale.
Cette Ile a I mille (1) de long sur trois quarts de mille de large.
Peuplée de 1,500 habitants elle est la résidence du sultan des Mal-
dives.
Celui-ci, vassal du Gouverneur de Ceylan, envoie annuellement
à ce dernier une ambassade pour lui porter des cauries, du pois-
son et des Cakes (gateaux). On donne le nom de cauries aux
coquillages de 1'espèce Cypraa moneta, sorte de porcelaines jau-
nâtres. Ces coquillages servent de monnaie courante. 11 n'en faut
pas moins de 12,000 pour égaler une roupie soit I fr. 63, au
taux actuel de cette dernière.
En retour de ces présents et du secours que le Sultan porte aux
naufragés, le Gouverneur de Ceylan lui accorde la protection de
1'Angleterre.
Le premier voyageur connu qui visita les Maldives en 1340 est
Ibu-Batuta. Un Francais du nom de Pyrard demeura captif, à la
suite d'un naufrage, durant 5 années, sur l'atoll Malosmadu (1602);
depuis lors les Maldives nous sont connues en partie grace aux tra-
vaux du lieutenant Christopher, 1 834-1835.
Le sultan des Maldives porte le nom pompeux de Roi des 13 pro-
vinces et des 12,000 Iles. On compte 175 Iles ou Hots habités et
divisés au point de vue politique en 1 3 groupes. Quant au nombre
précis d'habitants, it est jusqu'à présent inconnu.

(4) Le mille vaut 1,609 mètres. L e mille marin compte 1,852 mètres.
A F G H A N I S T A N
CABOUL'

C H I N E

CARTE DE L I N D E

Grave par L Sonnet, 43/r. d e l ' E c o l e At Mé dec P a r i s . Imp. Be cqu ei


-- 147 —
Le sultan est entouré de 6 Wazirs ou ministres. Le premier est
le chef de l'armée. Au-dessus des ministres se trouve le Fandiari
ou prêtre remplissant les fonctions de juge.
Dans ces lies on cultive surtout le millet et le coton. Les Cocotiers
des Maldives atteignent une hauteur qui varie de 20 a 27 mètres .

Laquedives. -- Ceci nous amène à dire quelques mots de la


fore des Laquedives.
Ces Iles, qui sont au hombre de 14, sont, comme les précédentes,
de formation coralline et constituent des atolls renfermant une
lagune.
Neuf seulement sont habitées. Leur plus grande élévation est de
6 mètres au plus au-dessus du niveau de la mer. Les habitants de
ces ties ont embrassé l'Islamisme au commencement du xvi e siècle,
époque ou commence leur histoire. De temps à autre de violents
cyclones s'abattent sur ces Iles basses, les submergent et font des
centaines de victimes. C'est aux Laquedives que se rattache file de
Minicol que nous venons de contempler.
M. Prain, dans la liste des planles de cet Archipel, comprend
80 espèces. Sur ces 80 espèces, 17 seulement seraient, d'après ce
savant botaniste, certainement indigènes sur ce groupe d'ïles qui
n'en renferme aucune qui lui soit propre.
Le soir, nous pouvons contempler la Croix du Sud. Nous appro-
chons de Colombo ; chacun désire toucher terre le plus tót
possible.
Dans la nuit du 9 au 10, nous restons en détresse par suite
d'une avarie de machine d'ailleurs peu grave. Après avoir navigué
a la voile pendant une heure nous écoutons avec plaisir les trépi-
dations de 1'hélice qui recommencent. Il s'en faut de quelques
métres que nous coupions un navire dont la masse sombre nous
apparait juste au moment ou nous passoes a cóté de lui . Ce vais-
seau est immobile, nulle lumière a bord ; l'équipage est plongé sans
douse dans le sommeil et peut-être dans l'ivresse . Le temps est
noir, la pluie chassée par le vent tombe sur le pont en dépit des
toiles ; je reste presque seul étendu sur ma chaise. Quelques éclairs
illuminent le eiel,
— 448 —
Par cette nuit obscure, durant tout le temps que nous sommes
restés en détresse, le sifllet d'alarmes a du déchirer fair de son cri
strident et répété.
Encore une journée, la dernière avant de toucher terre. Nous
sommes au 10 décembre.
bimanche 11, au matin, nous sommes devant le phare de Co-
lombo demandant l'entrée du port. Il fait encore nuit. Le pilote
se fait attendre. Enfin le voici. Nous sommes dans le port ;
nous pouvons apercevoir le fameux brise-lames qui a conté tant
d'argent.
Je me hate de changer mes napoléons. Je trouve 12 roepies et
demie de chacun. Quelques-uns plus heureux en trouvent 13,
d'autres, au contraire moans. On débarque.
Je m'installe dans une curieuse embarcation appelée out-rigger
Creusée dans un seul tronc, ma pittoresque barque est pourvue
d'un balancier. Celui-ci flotte parallèlement à mon espèce de
pirogue et est relié à cette dernière par deux batons recourbés. Cet
appendice rend tout le système absolument insubmersible.
Colombo est une ville extrémement étendue, d'une superfacie
presque égale a celle de Paris. Je la parcours en divers sens.
La verdure tropicale frappe vivement l'imagination . Cette
première impression de la nature tropicale est excellente.
Mais au bout de quelques années que je vais passer dans l'Inde,
je serai vite blasé sur ces beautés qui excitent, avec raison d'ail-
leurs, l'admiration volre même l'enthousiasme du touriste et du
voyageur, Visite a la Cathédrale, vaste monument nouvellementbáti
en briques rouges, non encore renduit, visite a MgrBonjean, l'ar-
chevëque de Colombo, qui nous recoit avec la plus franche cordialité,
pais nous allons, par une route pittoresque qui longe la mer,
passer quelques heures dans la propriété des Frères, située délicieu-
sement aux bords de la mer dans une baie charmante ; nous y gou-
tons pour la première fois aux Cocos qu'un Indien va nous cher-
cher avec une agilité surprenante au haut des élégants Palmiers
et nous assistons pour la première fois aassi sur la terre indienne
a une cérémonie religieuse, la bénédiction du Saint-Sacrement.
— 149 -,-

Entre temps, nous avons transbordé nos menus colis sur le


Tibre, la Compagnie se chargeant des bagages enregistrés.
Dans les rues de Colombo, spécialement au Bazar, Brouille une
foule nombreuse. Nous remarquons le chignon des Singhalais.
Précédemment j'avais vu a Paris, au Jardin d'Acclimatation, de
prétendus Singhalais et des bonzes de contrebande. Ne faut-il pas
amuser les badauds par des exhibitions qui, soit dit en passant,
contrastent singulièrement avec le prétendu progrès du m e siècle,
qui, sans doute, demeurera remarquable par ses fécondes décou-
vertes, mais tristement célèbre par sa décadence morale. Les Sin-
ghalais de Paris étaient des Indiens recueillis en diverses parties
de l'Inde et affublés du nom de Singhalais, comme je l'ai su depuis.
Impossible de visiter l'intéressantMuséum de Colombo qui reste
fermé le dimanche.
La nuit arrive. Vite nous embarquons sur le Tibre après avoir
dit un dernier adieu au Sindb. Nous avons aussi en rade le Natal,
retour de Chine, qui lance des fusées en notre honneur au moment
de notre départ, a dix heures du soir.
Deux jours et demi nous suffiront pour gagner Pondichéry ; la
mer est encore assez bonne et notre navire, moins long que le pré-
cédent et surtout relativement beaucoup moins large, se comporte
assez bien : mais sela ne durera pas.
Je remarque que l'équipage est en partie indien.
Il y a double service entre Calcutta et Colombo fait par deux
paquebots : le Tibre qui nous Porte et le Tanaïs. L'un d'eux sera
supprimé a brève échéance et le Niémen ('1), meilleur marcheur,
viendra remplacer le Tibre.

Le Golfe du Bengale. — Le lendemain matin 12 dé-


cembre, le commandant, un vieux loup de mer, excellent homme
d'ailleurs, se fait, dans le costume d'Adam, arroser sur le pont en
même temps que son navire, au grand scandale de deux religieuses
qui ne sont pas au bout de leurs peines, étant données les licences
du costume indien. Le soir, magnifique toucher de soleil, le tan-
(1) Au moment oil nous imprimons ces lignes nous apprenons que le
Nién2envient de faire naufrage non loin de Trincomalee.
— 150 —
gage commence. Nous longeons toejours la cote. Au loin les mon-
tagnes de Ceylan et le fameux pic d'Adam, ainsi nommé parce que
les légendes du pays y voient le tombeau du premier homme et
l'empreinte de son pied.
La nuit, toes les passagers s'installent sur le pont sur les matelas
qu'on leur a apportés.
Mardi 13 décembre, roulis et tangage. Nous nous avancons de
plus en plus dans le golfe du Bengale. Nous sommes secoués en
conséquence et assaillis de nombreux grains. Dans la journée, nous
passons a la hauteur des villes de Battikaloa et de Kandy.
La cote fait. Nous dépassons successivementTrincomalee, Jaffna,
et le détroit de Palk qui sépare Ceylan du continent indien et que
l'on parce de perser. Décidément l'avenir est au percement des
isthmes malgré le krack' du Panama qui d'ailleurs n'est pas irré-
parable.
Les passagers moms nombreux se sont rapprochés les uns des
autres et se sont créés de nouvelles relations.
Dans la nuit du 13 au 14, nous apercevons les feux de Negapa-
tam, Karikal et Porto-Novo. Ceux de Karikal donnent lieu a
une méprise des officiers qui se croient arrivés, mais la marche en
avant est reprise sur l'ordre du commandant brusquement réveillé.
Le IA au matin la cote apparait, nous nous dirigeons droit sur
Pondichéry qui se moutre tout a coup et qui, avec les nombreux
arbres qui s'élèvent ca et là au milieu de ses maisons propres et
blanches, semble charmante et d'une grande élégance. Des bois de
Cocotiers lui font un cadre de verdure plein do fraicheur. L'Eglise
européenne, lephare et les maisons qui bordent le cours se détachent
tour a tour. De nombreux Catimarans apparaissent sur les eaux. On
donne ce nom a une ou deux poutres de bois que mantent quelques
Indiens á la peau presque noire et souvent nus. Parfois un lambeau
d'étoffe est accroché en guise de voile a une perche fixée elle-même
au centre de la poutre. C'est sur cet esquif primitif et léger, qu'ils
manceuvrent au moyen d'une sorte de pagaie, que les pêcheurs de
la cote se hasardent en mer.
Mais voici venir les chellinques : une Poule d'Indiens demi-
PONDICHÉRY. — VUE PRISE DE LA JETÉE.
-- 153 --
nus s'abat sur le pont, se disputant nos bagages. Nous nous
empressons de descendre dans une des chellingues du gouverne-
ment laissant au butler (sorte d'intendant) de la mission le soin de
se débrouiller avec nos bagages.
Les chellingues sont des barques d'une grande profondeur mais
d'une extrême légèreté, composées d'écorces et de planches cousues
entre elles au moyen de cordes provenant de la filasse de toto.
Elles sont manoeuvrées par 12 rameurs ou plus, perchés sur des
pièces de boil transversales. Ceux-ci, de couleur Presque noire, ne
portent en aN ant qu'un liege retenu par une ficelle. Une sorte de
pilote au mogen d'une longue perche gouverne l'embarcation. Et
tous de crier : hourrah papa ! hourrah maman ! hourrah sami !
dans l'espoir d'un sandocham (pourboire). On donne h la paie
elle-même le nom de sambalam.
Nous débarquons au pier ou jetée en fer qui joint a une grande
solidité une certaine élégance.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.

Informations.
Le Cissus Mexicana, si l'on en croit une article de la Revue des Sciences
naturelles appliquées, pourrait remplacer la vigne dans les parties de
l 'Europe exemptes des grands froids, la ou les vignes ordinaires ne produi-
sent pas, c'est-à-dire dans les terrains rocheux et arides.

Une maladie nouvelle causée par le développement sur le fruit de la


vanille d'un champignon nommé Calospora vanilice attaque cette plante
aux Iles Seychelles.

Au moment de mettre sous presse nous recevons le n° I de la Revue


scientifique du Limousin, dirigée avec tant de zèle et de talent par notre
collègue et ami M. CH. LE GENDRE, trésorier de l'Académie Internationale
de Géographie botanique. Nous souhaitons a nouveau a cette nouvelle et
intéressante publication tout le succès qu'elle mérite.

Chronique générale
Monstres
On exhibe en ce moment a travers le monde deux enfants, deux soeurs
Radica-Doodica dont les corps sont soudés par le sternum. Ces deux enfants
--- 1 54 —
sont originaires de l 'Orissa (Inde). Nous rappelons a ce sujet que nous
avons signalé dans le Naturaliste de 1394, page 407, l'existence dans
l'Inde de deux enfants xiphopages. Nous elisions a ce propos que 1'Inde
fournissait de temps a autre de ces monstruosités et nous en citions un
autre exemple, celui de deux frères collés dos a dos. Nous parlions aussi
d'un cas de fécondité d'autant plus incroyable qu'il ne parait pas possible.
Malheureusement l'omission d'une phrase semblait nous faire affirmer alors
ce que nous ne considérions que comme un racontar de fantaisie.
H. L.

Varia
Les D ivisions de la Flore de 1'Inde.

La Flore de l'Inde renferme quatre régions principales : 4° la région


Himalayenne ; 2° la région du Nord-Ouest ; 3° la région de l'Assam : on
peut rattacher a cette région outre le Haut-Assam, les monts Khasyas et
les forks de la base des Himalaya, la cote malabare Malacca et Ceylan qui
jouissent des mêmes conditions climatériques ; 4° la région formée par la
péninsule indienne proprement dite.
Dans le sud de 1'Inde, deux causes influent surtout sur la végétation : la
température et l'humidité. Par rapport ii ce dernier agent, qui est le plus
important, on peut diviser la Flore de la présidence de Madras en trois
régions.
Kistna , Nellore ,
Karnul, Cuddapah,
Bellary, Anantapur,
Salem , Trichino-
Région sèche -- moins de 0 m. 75 cent. par an
poly , Coïmbatore ,
Maduré, Tinnioelly
(en tout ou en
partie).
Presque toute la
cute orientale, de
Ganjam à 1'extré-
mité sud de Ma-
duré , districts de
1'intérieur, parties
Région humide — au dessus de 0 m. 75 cent. par an de quelques dis-
tricts précédents ,
Nord et Sud de
celui d'Arcot, Chin-
gleput , Tanjore ,
Versant oriental des
Nilgiris.
— 455 --
Cote occidentale
depuis la partie mé-
ridionale du Cana-
Région très humide -- de 2 m. 75 à 5 m. et plus par an ra jusqu'au Cap
Comorin environ
versant occidental
des Gha',tes.
HUNTER.
Canard ou Réali té. •

Le Landoctopus. -- M. le D r MEYNERS d'Estrey adresse a la Revue des


Sciences naturelles appliquees la communication suivante qu'elle publie
sous toutes réserves
On vient de découvrir, dans l'Amérique centrale, une nouvelle plante
carnivore. Elie est originaire du Nicaragua, ou les indigènes l'appellent le
nceud du diable. Un naturaliste, M. DUNSTAN, revenu tout récemment de
ce pays, a étudié pendant deux ans sa faune et sa flore. Dans un des
marais qui entourent le grand lac du Nicaragua, il cherchait des spécimens
botaniques et entomologiques, lorsqu'il entendit tout a coup son chien
pousser des Cris de détresse.
Courant a son secours, M . DUNSTAN trouve la pauvre bête prise dans un
filet inextricable. La plante était formée de tiges sans feullles, ressemblant
au saute pleureur dépourvu de ses feuilles, mais elle était noire, couverte
d'une gomme très collante, qui suintait des pores. Saisissant alors son
couteau, M. DUNSTAN chercha a débarrasser son chien ; mais ce ne fut
qu'a grand'peine qu'il réussit à coupier les fibres charnues de cette plante.
Lorsque le chien fut sauvé, M. DUNSTAN vit a sa grande surprise, que son
corps était couvert de sang et que la peau était enlevée par places. L'ani-
mal était complètement épuisé.
Pendant qu'il coupait les tiges, celles- ci cherchaient á s'enrouler autour
de ses mains et il fallait beaucoup de force pour s'en débarrasser. La
gomme, dont nous parlions plus haut, est d'une nuance grise foncée et
d'une odeur repoussante. Les indigènes ont peur de cette plante et racon-
tent toutes sortes d'histoires sur son compte. M. DUNSTAN n'a pu l'étudier
a cause de la difficulté de sa manipulation ; partout ou elle vous touche, il
faut l'arracher aux dépens de sa peau et même de sa chair. Autant qu'il
a pu s'en rendre compte, ses tiges sont munies d'un nombre considérable
de sucoirs qui s'ouvrent pour recevoir la nourriture. Si cette nourriture est
animale, le sang est sucé et la carcasse ensuite abandonnée. Si l'on donne
à cette plante un morceau de viande crue, cinq minutes lui suffisent pour
en extraire le sang. Sa voracité est extrême. (Cosmos.)
Ce n'est pas la première fois qu'on parle de plantes carnivores sem-
blables. Jadis on citait le fameux Palmier carnivore de Java. Parfois on
pane de plantes électriques. Tout cola rappelle un peu I'histoire du ser-
pent de mer. Tout cela peut être vrai, mais de grace, une fois pour toutes
— 156 —
que l'on fasse la lumière sur des faits qu'il ne suffit pas de rejeter a priori
mais dont it faut chercher a vérifler l'existence. Nous espérons que nos
collègues et nos lecteurs d'Amérique nous aideront a faire la lumière sur la
plante dont it vient d'être question.

Bibliographie
Les lichens, étude sur l'anatomie, la physiologie et la morphologie de
l'organisme lichénique par A. ACLOQUE (1). Ce volume édité par la maison
J. B. BAILLIÈRE fait partie de la Bibliothèque scientifique contemporaine et
renferme l'état actuel de nos connaissances sur les lichens.
L'auteur est un cryptogamiste distingué déjà connu par les nombreuses
notes qu'il a fait paraitre sur les cryptogames. Le travail qu'il présente
aujourd'hui aux botanistes qui s'occupent de ces intéressants végétaux sera
d'autant plus apprécié qu'il est accompagné de 82 figures et que par ail-
leurs son prix le met à la portée de tous. On sait qu'en général les publi-
cations qui traitent des cryptogames ne sont pas facilement accessibles
pour tous.
Après une courte préface, M. ACLOQUE expose les conditions de la vie
des lichens (ch. I), traite des algues, champignons et lichens (ch. Il),
étudie les organes et lours formes (ch. III), passe en revue l'appareil
végétatif (ch. IV), l'appareil reproducteur (ch. V), nous moutre la genèse
et l'évolution des organes (ch. VI), parle ensuite des fonctions de nutri-
tion (ch. VII), des fonctions de reproduction (ch. VIII), des types et
dérivés (ch. IX), démontre les utilités des lichens (ch. X), donne des con-
seils pour 1'étude des lichens (ch. XI7 et nous initie enfin a la connaissance
de la Taxonomie lichénologique (ch. XII) . Un index alphabétique termine
l'ouvrage.

Revues
Bulletin de l'herbier BoISSIER, n o 1. Des genres Achatocarpus, Triana et
Bosia L. et de leur place dans le système naturel (avec 2 planches).
D r HANS SCHINZ et E. AUTRAN. -- Planta Postianae fase. v. D r G. E. PosT.

Cosmos (10 décembre 1892). A propos des Orobanches. G. DE DUBOR.


(17 décembre) . La Vigne mexicaine. -- Les Aroïdées A. ACLOQUE.
(31 décembre). Variations dans l'absorption de l'azote par les plantes. M.
-- Influence de l'humidité sur la végétation. E. GAIN.
(14 janvier). Quelques Joncacées francaises dans l'Inde. H. LÈVEILLÉ. —
Mycologie mathématique. A. ACLOQUE.
Feuille des Jeunes Naturalistes (te r janvier 1893). Les ressources de
1'histoire naturelle à Montpellier en 1892, botanique (fan). L. PLANCHOIX.
Journal de Botanique. (ier décembre 1892). Quelques remarques sur le
(1) Prix : 3 fr. 50.
— 15 1 —
genre Myriotrichia. Mlle N. KARSAKOFF. - Polygonatum et Aulisconema
gen. nov. de la Chine (suite). H. HUA. - Lichens de Canisy (Manche) et
des environs (suite). Abbé HUE.
(16 décembre) . Sirobasidium, nouveau genre d'Hyménomycètes Hété-
robasidiés, de LAGERHEIM et N. PATOUILLARD. --- Polygonatum et Aulisco-
nema, gen. nov. de la Chine (fin). H. HUA. — Monographie des Orchidées
de France (suite). G. CAMUS. - Lichens de Canisy et des environs (fin).
Abbé HUE.
(ier janvier 4893). Recherches sur le développement de la graine et en
particulier du tégument séminal. LEON GUIGNARD. - La tribu des Clusiées,
résultats généraux d'une monographie morphologique , et anatomique de
ces plantes (suite). J. VESQUE.
Naturaliste (15 décembre 1892). Le Gambir. BUYSMAN. - Les Amanites
ou Oronges. P. HARIOT. - La Flore de ]'Inde dans ses rapports avec la
Fiore de France (suite). H. LÉVEILLE.
Nature (24 décembre). Solanées a cultiver. HENRI COUPIN.
(7 janvier 1893) . Les Cases de végétation a la station agronomique de
Grignon. P. DÉHÉRAIN.
Revue du .Monde catholique (i er janvier 4893). L'histoire de la botani-
que par Julius von Sachs. Histoire des plantes par H. Baillon. D r TISON.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
(4 e fascicule). Inventaire général des plantes vasculaires de la Sarthe
(suite). A. LENTIL, - Espèces végétales communes a la France et a l'Inde,
additions. H. LÉvEILLÉ. — Relevé des observations botaniques faites en
1892. A. GENTIL.
Revue générale de botanique (15 novembre 1892). Nouvelles études sur
le Lachnidium Acridiorum, Gd., champignón parasite du criquet péle-
rin. A. GIARD. - Recherches sur la Mole, maladie du champignon de
couche (suite), J. COSTANTIN et L. DUFOUR. - Sur une maladie du Platane.
LECLERC DU SABLON. - Recherches physiologiques sur les feuilles dévelop-
pées a l'ombre et au soleil. L. GÉNEAU DE LAMARLIERE. -- Recherches sur
la respiration et l'assimilation des plantes grasses (suite). E. AUBERT. —
Revue des travaux sur la classification et la géographie botanique des
plantes vasculaires de la France, publiés en 1888 et 1889 (suite). A.
MASCLEF.

que du Bourbonnais et du Centre de la France. (Jan-


Revue scientifique
vier 4893) . Biskra, souvenirs d'un naturaliste. ERN. OLIVIER.
Revue Scientifique du Limousin. (15 janvier). Les Renonculacées.
Rivista Italiana di Scienze Naturali e Bollettino del Naturalista.
(5 aout 1892). Ulteriori note sulle crittogame del cividalese (cont.) F. DEL
TORRE.
(ier septembre). Le piante e la medicina. FL. TASSI. - Sulla flora rinve-
nuta nelle fondazioni del ponte in ferro sul Tevere a Ripetta. EN. CLERICI.
— Composizione della cenere della Clematis vitalba. A. BENFENATI.
(15 septembre). Ulteriori note sulle crittogame del cividalese (fin). F. DEL

TORRE.
(P r octobre). Sui pronubi del Sauromatum guttatum. E. MATTE!.
(t er mai au t er décembre). Reproduzione animale e vegetale. DOT. ANTO-

NIO NEVIANI.

Sociétés savantes
Académie des sciences
Séance du 28 novembre 1892. — Note de M. PRUNET sur les modifica-
tions de l'absorption et de la transpiration qui surviennent dans les plantes
atteintes par la gelée. La dessiccation rapide des jeunes pousses qui est,
on le salt, une des conséquences de la gelée sur les plantes, serait due
suivant M. PRUNET, a une transformation, dans les plantes gelées, de la
fonction respiratoire en une simple évaporation. Cette transformation elle-
même proviendrait des modifications apportées par le refroidissement, dans
les propriétés des éléments anatomiques.
Note de M. PAUL VUILLEMIN sur 1'1Ecidiconium, genre nouveau d'Uré-
dinées.
Séance du 12 décembre. —• Note de M. GASTON BONNIER sur la différence
de transmissibilité des pressions a travers les plantes ligneuses, les plantes
herbacées et les plantes grasses. M. MAXIME CORNU donne une méthode de
conservation des graines provenant des régions tropicales lointaines. Elle
consiste a cultiver les graines qui ont commencé a germer et qui s'étaient
étiolées dans la terre a polypode. Cette terre est formée par les détritus
des racines de Polypodium volgare dans les Bois siliceux. On pourra
ensuite, après un certain temps, cultiver les jeunes plantes dans la terre
ordinaire.
Séance du 26 décembre. -- Note de M. ED. BUREAU sur la présence
d'une Araliacée et d'une Pontédériacée fossiles dans le calcaire grossier
parisien.

Correspondance
MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Je vous remercie de ma nomination d'Associé libre de l'Académie inter-


nationale de Géographie botanique. Je m'efforcerai de mériter cet honneur.
Veuillez recevoir, etc.
ERNEST OLIVIER.

MONSIEUR ET CHER CONFRERE,

Je regrette sincèrement de ne pas avoir pu justifier jusqu'ici ]'honneur


que vous avez bien voulu me faire en m'inscrivant au nombre des collabo-
rateurs du Monde des Plantes.
— 159 —
Si, a un moment donné, ce qui d'ailleurs est peu probable, la copie
venait a se raréfier, je tácherais de vous en fournir.
Je vous félicite particulièrement de Bonner a votre publication un
cachet de vulgarisation qui me parait s'imposer a notre époque.
Nos préférences personnelles sont sans doute pour la science pure mais
nous ne devons pas négliger la science appliquée, car la botanique est
déjà considérée beaucoup trop comme une science réservée a un petit
nombre d'élus et nos efforts doivent tendre de plus en plus a y intéresser
le public.
Veuillez agréer, etc.
EM. GADECEAU.

Offres et Demandes
Son Excellence Aristakès Effendi Azarian, de Constantinople, demande
des plantes et des graines de l'Inde et de l'Indo-Chine et désirerait avoir
un correspondant dans ce dernier pays.

Petite correspondance
M. Vergara, Madrid. -- II vient de paraïtre dans le Journal of Botany
de novembre 4892, une note de M. EDMOND G. BAKER : On a new form of
Rosa tomentosa Woods, qui pourra vous intéresser. Dans les 'comptes
rendus de la Société royale de botanique de Belgique, séance du
22 juin 4890, ou trouve aussi : La classification des roses européennes
par le Dr E. RIPART (oeuvre posthume), accompagnée d'observations par
Francois Crépin. — Mes excursions rhodologiques dans les Alpes en 4890
du même auteur ont paru a Gand err 4894.
R. V. Paris. -- On nous demande de divers cátés la liste des botanistes
des divers pays et ''indication pour chaque contrée des ouvrages de
géographie botanique. Nous espérons avec le temps répondre a ces desi-
derata. Consultez en attendant la Nouvelle Correspondance botanique en
vente a la librairie internationale, 4, rue de la Sorbonne.
R. P. Gentilhomme. Vellore. — Recu votre envoi de timbres et vos
géographies. Remerciements.

Ouvrages parvenus a la Direction de la Revue

TITRES ET NOMS D ' AUTEURS : DONATEURS :

Epilobium genus a cl. CH. CUISIN, illustratum,


auspice WILLIAM BARBEY, 1885. MM. EUG. AUTRAN.
Florae Sardoae Compendium. Catalogue raisonné
de végétaux observés dans l'ile de Sardaigne.
WILLIAM BARBEY, 4885.
— 160 —
Flore d'Auvergne. F. GUSTAVE et F. HÉRIBAUD
JOSEPH, 1888. HÉRIBAUD JR.
Supplément a la Flore d'Auvergne. F. HÉRIBAUD
JOSEPH, 4892.
Les Lichens. A. ACLOQUE. J. B. BAILLIÈRE.
Sur certains rapports entre 1'Arabie heureuse et I'an-
cienne Egypte résultant de son dernier voyage au
Yémen. D r SCHWEINFURTH. E. AUTRAN.
Instructions pour la récolte des échantillons d'herbier
de M. le Dr HANS SCHINZ a Zurich, 1892.
Sul Gargano excursione scientifica Prof. LUIGI BORDI. L. BORDI.
Sur quelques particularités éthologiques de la Truite
de mer. A. GIARD. A. GIARD.
Quelques remarques sur la Truite de mer. A. GIARD.
La Terre, les Mers et les Continents. FERNAND PRIEM.
Séries 1-12. J. B. BAILLIÉRE .
Matériaux pour 1'étude des Menthes de la Loire-Infé-
rieure. EM. GADECEAU E. GADECEAU.
Discours prononcé a ''inauguration de la statue de
PIERRE BELON, par M. l'Abbé LEMÉE Abbé LEMÉE
Musci Americw Septentrionalis, ex operibus novissimis
recensiti et methodice dispositi. (Revue Bryologique).
F. RENAULD, J. CARDOT. F. RENAULD
Spécimen des caractères de l'imprimerie Monno-
yer, 4618-1889. EDM. MONNOYER

Le Directeur -Gérant du u Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- TI pographie Edmond Monnoyer.


2e ANNE. N o 18 t er MARS 1893.

LE MONDE DES PLANTES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

La première année du MONDE DES PLANTES ne comprend


plus qu'un nombre très restreint de collections complètes. Aussi,
a dater de ce jour, le prix unique de la collection est-il porté a
15 francs,

Notre éminent Directeur le baron von Mueller, dans une lettre en


date du 7 janvier, nous informe qu'il n'est pas d'avis d'instituer
Lin' Ordre, le privilège de créer et de conférer un Ordre levant
scion lui rester au chef de l'Etat, Souverain ou Président de Répu-
blique .
Il préférerait établir une médaille qui pourrait être de plusieurs
degrés.
Nous soumettons aux membres de l'Académie les vues de notre
sympathique Directeur en leur demandant de voeloir bien nous
faire part de leur manière de voir.
M. le Baron von Mueller insistant pour la nomination d'un Vice-
Directeur de l'Académie, nous avons l'honneur de soumettre au
vote des membres de l'Académie le paragraphe suivant additionnel
a l'article II du Règlement intérieur.
Il nomme pour l assister tin Vice— Directeur qui peut être choisi
parmi tous les Académiciens.
Personnellement nous demandons la modification suivante
de l'article II du Règlement intérieur dans le sens suivant
Le Directeur de l'Académie est élu pour un an et est toujours
rééligible.
Nous soumettons au Directeur la nomination d'un nouvel Associé
libre et un projet de décret relatif à une plus grande extension de
l'Académie. H. L.
Les votes et avis des membres de l'Académie devront parvenir au
Secrétariat avant le 25 avril.
T. II, 6
—:162 —

BOTANIQUE PURE

GÉOGRAPHIE

Les Onagrariées
Le travail que nous entreprenons ici est des plus importants
puisqu'il s'agit de passer en revue, une a une, toutes les espèces
de cette famille, pour en fixer l'aire géographique. C'est done une
monographic de la famille des Onagrariées au point de vue de la
Géographie botanique.
Cette oeuvre est de plus une oeuvre collective due a la collabora-
tion de tous les Académiciens.
C'est des monographies des diverses families au point de vue
de la répartition des espèces sur la surface du globe que résultera
le traité de Géographie botanique qui en sera le résumé et le cou-
ronnement.
Ce sont également ces monographies qui permettront de dresser
des cartes de la répartition des espèces pour rendre plus sensibles
les conclusions auxquelies nous serons arrivés.
Nous nous dissimulons d'autant moins l'immense étendue de
noire tache que nous aurons à déterminer la place de certaines
espèces légitimes, et a admettre au rang des espèces ou a en
éliminer certaines formes encore douteuses et incertaines.
Voici comment nous procéderons dans ce travail gigantesque : ,
Après quelques courts apenes sur la famille elle-même et les
tribus quelle peut comporter, nous prendrons chaque genre
tour a tour et alors nous procéderons espèce par espèce.
Pour chaque espèce nous rechercherons, sans nous préoccuper
de la valeer de ceile-ci, quelle est son aire géographique d'après
les Flores, buis, en examinant soigneusement les caractères dis-
tinctifs de l'espèce, quelle est sa géographie d'après les herbiers,
puls enfin, toutes les fois que ce sera possible, d'après les herborisa-
tions.
En outre, des mémoires, annexés a ce travail fondamental, feront
connaltre la dispersion des Onagrariées dans des régions détermi-
nées du globe.
Ne pouvant avoir sous la main ni toutes les fibres, ni tous les
herbiers et encore moins tons les documents qui résultent des
diverses explorations botaniques et des herborisations, nous fai-
sons appel a tous les botanistes du monde entier et les prions de
vouloir bien nous communiques, avec preuves à l'appui, autant
que faire se pourra, tout ce qu'ils pourraient connaitre touchant
les Onagrariées.
Nous leur promettons en retour de faire mention de leur pré
nous leur adressons a l'avance nos meilleurs-cieusolabrtn,
et plus sincères remerciements. H. LÉVEILLÉ.

PHYTO GRAPHIE

Sur la délimitation spécifique et géographique


du Jussieua repens et J. diffusa
par le Bon F. de MUELLER
DOCTEUR EN MÉDECINE, DOCTEUR ES SCIENCES

Linné, en définissant Jussieua repens dans ses « Species


plantarum », p. 388, cite principalement Rheede : Hort. Mala-
bar. II, 99, t. 51 (1679). La description détaillée qui y est
donnée et qui doit être considérée comme faisant autorité, pour
Bette espèce, dit expressément des pétales : « colore albicante ac
ad unguiculos croceo », par quel caractère on peut déjà distin
J. repens, qui rest'-guerdtoaspèciquelvra
semble à cet égard au J. natans de l'Amérique centrale. — Cette
coloration est semblable a celle des pétales de Ranunculus aqua-
tilis, et paraït être aussi constante ('I). Déjà Rheede la met en oppo-

(1) Ray (1688) répète la note de Rheede sur la couleur des pétales, kurz (1877)
décrit la fleur comme blanche en Birmanie, Castillo (1890) l'indique à Tahiti
sans mention de couleur. J'ai constaté la présence d'une des deux espèces en
1876 dans la Nouvelle-Guinée ; malheureusement, le mauvais 6tat des échan-
tillons ne m'a pas permis de la déterminer. (Note survenue lors de l'impression.
— 1 64 —
sition dans sa description avec les pétales entièrerent et inva-
riablement jaunes de J. suf fruticosa. — Cependant Linné dans
sa Flora Zeilanica, p. 75, dit « petala lutea » de J. repens,
mais probablement par une faute d'écriture, puisqu'il y cite aussi
Rheede ; pourtant it dénote comme jaunes les pétales du J. erecta
sur l'autorité de Seba. Néanmoins cela a peut-être donné nais-
sance a l'idée que cette coloration est variable et en conséquence
deux plantes probablement distinctes Tune de l'autre, ont été
confondues sous le nom de J. repens, c'est-à-dire la vraie J. re-
pens à pétales blancs indiquée ci-dessus, qui a été bien décrite
par Wight dans Kooher's Bot. Miscell III, 300, t. 40, et une
autre espèce d'un port semblable, mais aux pétales toujours en-
tièrement jaunes ; de celle-ci qui est une plante australienne, j'ose
offrir une xylographie. Cette plante est la seule de ces deux, que
j'aie observée pendant un séjour de 45 années dans cette partie du
monde, oil elle est bien répandue, s'étendant au sud jusqu'à Lake-
Kind en Gippsland, — mais pas a la Tasmanie ni a la Nouvelle-
Zélande. En l'observant la première fois, en 1848, aux environs du
Lac Alexandrina, je la distinguai facilement de la véritable J. re-
pens, puisque G. Don, dans son Syst. of dichlam. plants (un
ouvrage. qui était alors à ma disposition) dit de J. repens « Flo-
wers white, yellow at the base ». En conséquence, je donnai
un nom distinctif a la plante australienne claus mes collections,
J. Australasica, sous quelle appellation elle panut dans mon
« General Report for 1853 » p. IL . I1 parait, que le Pasteur et
Professeur Hochstetter fut le premier parmi les botanistes model.--
nes, qui reconnut la différence en couleur florale de la plante
africaine et de l'alliée J. repens ; done celle-la fut décrite
en 1844, sous le nom de J. fluitans, comme une nouvelle espèce
a pétales jaunes, et sous ce nom acceptée par Harvey et Sonder
en 1862. La plante flottante de 1'Australie semble être la même
espèce. La plante afi'icaine a été identifiée par le Professeur
Oliver en 1871, comme la J. diffusa fusa de Forskael (1775), qui
dans sa description park de « Oores flavi » ; voilà pourquoi j'ai
accepté cette désignation dans mon « Key to the System of Vict.
--- 1 65 --
plants » I, 254. Notre plante est généralement plus petite que la
J. repens, et diffère aussi sous quelques autres moindres rapports.
F. Hoffmann (1889), reconnait aussi la différence entre la J. re-
pens et la J. d ffusa de l'Afrique centrale.

Jussieua di f fusa FoRSx.

La question qui est à résoudre a présent, c'est de déterminer


les limites géographiques de J. repens et de J. d^,ffusa. Ou se
rencontrent-elles ? — Quelle est la J. repens des auteurs amé-
ricains ? — Ces deux sont-elles en effet seulement des variétés
d'une seule espéce ?
— 166 --

Gráce a M. hranchet, je sais que d'après Micheli, in Flor. Brasil.


X111, part. 2, pp. 167-168, la J. repens existe au Brésil sous sa
forme typique, qu'elle y est commune dans les provinces centrales
et australes, qu'une variété minor y occupe le nord et une var.
fora le sud.
Y grandiflora

Jussieua di f/usa : I Fleur moms les pétales, 2 Pétales, 3 Etamines, 4 Pollen,


5 Fruit et calico accrescent, 6, 7, 8 Détails du fruit, 9 Une des loges,
10 Graine.

J'ai déjà appris de M. le Docteur Prain, que eet observateur


connait seulement la vraie J. repens comme indigène aux Irides.
Par la faveur do Professeur Meehan j'ai appris récemment du
Docteur Mohr, que la Jussieua flottante des Etats-Unis a toujours
les pétales complètement jaunes, comme nous le savions déjà de
Forrey et Gray (1840), qui rapportèrent la même Plante de l'Amé-
rique du Sud. Tous les phytographes de l'Amérique du Nord, jus-
— 16 7 --
cl u'1 Brewer en 1876 et S. Watson en 1890, ne connaissent que
J. repens de l'océan atlantique au pacifique. Aussi Grisebach en
1864, énumère J. repens comme l'espèce des Antilles, en affir-
mant l'identité avec la plante de 1'Asie, de 1'Afrique et de 1'Aus-
tralie, mais sans allusion a la couleur des pétales ; à son espèce
appartient sans doute J. Swartziana, admise encore par Clarke
en 1879 comme Indienne, quoique celui-ci distingue la couleur
florale de J. repens et de J. suffruticosa. De plus, les plantes des
hémisphères orientaux et occidentaux so p t unies sous le nom de
J. repens par Sprengel en 1825, par Wight et Arnott en 4834,
par Boissier en 1872, par Baker en 1877, par Clarke en 1879 ;
mais non par De Candolle en 1828, ni par D. Dietrich en 1840,
ni par Miguel en 1855.
Selon la Fen) argue de Loureiro en 1792, flos albus, basi lu
J. repens (genuina) s'étend à la Cochinchine. Smith en 1812-teus
(Nees's. Cyclop.) décrit les « petals whitish with orange coloured
claws. Roxburgh dans son ouvrage posthume publié en 1832, ne
s'exprime pas à l'égard de la couleur des pétales ; mais Hasskarl
dans sa description détaillée de J. repens, faile sur des échantil-
Ions vivants de Java, en 1848, dit aussi a petala candida basi
laete flava »; mais la plante de file Maurice à cause de ses
« petals bright-yellow » dolt appartenir à J. di f f usa. Hamilton
dans son commentaire critique de l'ouvrage de Rheede, publié
en 1823, s'en refère nécessairement à la J. repens typique. Mi—
quel en I. 855,trouva l'espèce genuine de Linné à Timor. Franchet et
Savatier font mention de J. repens en 1875 au Japon, mais seule-
ment de nom. Vidal la cite pour les Iles Philippines en 1886,
Hemsley pour la Chine en 1887. Asa Gray en 1854 retient le
même nom pour la plante Péruvienne. F. Philippi en 4 881
(après Gay 1846) pour la plante Chilienne. Ascherson en 1874
pour la plante Libyenne.
Je me permets d'offrir ces remarques surtout afin de 'diriger
l'attention sur un sujet dont l'élucidation sera intéressante pour
sous les phytographes, si l'on considère qu'il s'agit d'une ou de
plusieurs espèces de plantes connues depuis longtemps et assez
--1b8—
proéminentes, Pour arriver à une conclusion finale it faudra bien
observer les variations dans les pays différents oil ces plantes crois-
sent et ne pas perdre de vue aussi les caractères carpologiques.

Un ascomycète parasite des polytrics


J'avais récolté it y a quelque temps plusieurs individus males de
Polytri'chum formosum avec l'intention, non pas de rechercher des
anthéridies, puisque la plante ne fleurit qu'á la fin du printemps,
mais d'étudier les folioles périgonales.
Ayant déchiré un capitule avec tine aiguille, j'en mis les débris
sous un objectif assez faible, et je fus surpris d'apercevoir, a cóté
des folioles, des filaments celluleux relativement longs, et des cor-
puscules fusiformes bien plus petits, qui suivaient les mouvements
de la goutte d'eau que j'avais placée sur le porte-objet.
Les filaments me parurent d'abord être des émanations superfi-
cielles du tissu du polytric, des paraphyses, par exemple, bien que
leur texture multicellulaire et leur aspect régulièrement clavoeforme
ne fussent pas absolument d'accord avec cette hypotlièse ; quant
aux petits corps en fuseau, it me fut impossible de leur attribuer
une origine.
J'employai alors un objec-
tif plus fort, et je découvris
que les filaments étaient sim-
plement des asques polys-
pores, auxquels les loges
^ des spores et les cavités que
^
celles-ci laissaient entre elles
et les parois donnaient une
apparence parenchymateu-
se ; quant aux corpuscules
isolés, ils constituaient des
spores provenant des asques;
[m, filaments mycéliens ; ts, asque renfermant
seize spores ; sp, spo g es. ces spores ressemblaient
assez a celles des physcies, mais elles étaient incolores et un peu
étranglées au niveau de la cloison.
- 469 -
J'apercus en outre un paquetde fibres septées que favais d'abord
confondues avec les folioles, et que je cros pouvoir rapporter, en
raison de leur enchevêtrement et de leur forme particulière, au
champignon dont j'avais sous les yeux les asques et les thécaspores.
Ce champignon est évidemment un ascomycé ; mais, malgré mes
recherches, je n'ai pu le rapporter a aucune espèce décrite.
Je pense par suite qu'il n'est pas encore déterminé; mais je ne
saurais l'affirmer, l'étude des champignons microscopiques ne
m'étant pas suffisamment familière. Si troutefois ma supposition est
juste, je propose pour lui le nom d'Asconema polytrichi, qui
résume ses caractères distinctifs et indique son habitat. Il devien-
drait ainsi le type d'un genre très nettement limité par les carac-
tères suivants :
Plantes semisaprophytes, c'est-à•dire, se développant non pas
précisérnent sur des substances organiques en décomposition, mais
sur des organes marcescents et devenus inutiles, leur role physio-
logique étant accompli ; mycélium superticiel, composé de filaments
incolores, rameux, septe's; fructification représentée par des asques
régulièrement, mais insensiblement renflés en massue de la base
au sommet, et renfermant seize spores uniseptdes.
Quant a la caractéristique spécifique, jé la crois représentée
surtout par la forme des spores, qui sont biloculaires, a loges sub-
coniques, adnées par la base qui est arrondie sur les bords. Ces
spores deviennent un peu hyalines sous ''influence d'une solution
aqueuse d'iode.
A l'oeil nu, le champignon se montre sous la forme de minimes
pulvinules noiràtres, affectant de préférence la base des -folioles
périgonales. Je n'ai pu m'assurer du mode de connexion du mycé-
lium et des asques : en préparation transparente, ceux-ci se sont
toujours montrés isolés ou réunis en petits groupes libres de toute
attache. La plante étant très petite, it faudrait employer un
objectif trop fort pour qu'on puisse pratiquement l'étudier en pré-
paration opaque.
23 janvier 1393.
A. ACLOQUE.

T. H. 6*
-- F70 --

BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE

La culture et le commerce des flours dans les


Alpes-Maritimes (Suite)
11 serait trop long et it n'entrerait pas dans le cadre de ce tra-
vail de détailler toutes les opérations successives et minutieuses par
lesquelles passe la fabrication des pommades, 'luiles, extraits,
eaux, et essences : nous ne pourrions énumérer a grands traits
que les principeles.
Des géraniums on ne distille que la feuille; c'est celle de Grasse
qui est employe, biera plus estimée que celle d'Afrique.
La racine d'iris est devenue tellement rare que l'essence attei-
gnait, it n'y a pas longtemps, le prix exceptionnel de 2 800 fr.
le kilogramme, 300 fr. de plus que celle de rose. On ne s'éton-
nera pas de ce dernier chiffre quand on saura qu'il faut près de
25 000 kilogrammes de pétales de rose pour obtenir I kilogr.
d'essence. Les autres fleurs en demandent beaucoup moins; ainsi :
la fleur d'oranger (nro1i), 4 000 kilogr.; la feuille d'oranger (petit-
grain), 1100 kilogr.; le géranium (feuilles), 1000 kilogr.; la
menthe, 1300 kilogr.; la lavande (fleurs), 200 kilogr.; le roma-
rin, 200 kilogr.; le laurier-cerise, 1500 kilogr.; l'encalyptus,
200 kilogr.; le cadre (bois), a peine 40 kilogr., ainsi que les
feuilles de patchouli.
A chaque distillerie est jointe une petite scierie qui met le Bois a
distiller, au moyen d'une simple roue fortement dentée en cuivre
d'un mouvement très rapide, en sciure grossière.
Nous avons dit que ce qui sort surtout des fabriques de Grasse
et de Nice ce sons les matières premières pour toutes les indus-
tries des parfums, les essences, les parfums préparés pour certaines
eaux, les essences alcooliques, les pommades et huiles de cassier,
de fleurs d'oranger, de jasmin, de jonquille, de rose, de violette.
— 17 1 —
de tubéreuse, etc., les extrafits, les parfums pour liqueurs, pour
savons et même pour confitures, et enfin les eaux distillées de
fleurs d'oranger et de rose surtout, de géranium, de jasmin, de
kirsch et de laurier-cerise.
Les expéditions se font généralement en fats de 200 litres.
Pour les plantes aromatiques de montagnes, telles que hi lavande,
le romarin,le thym, l'aspic, etc., c'est sur les montagnes même
que la distillation s'opère. Des milliers d'alambics réduits sont
expédiés, chaque année, sur tous les sommets, depuis les collines
qui s'élèvent derrière Grasse jusqu'aux sommités italiennes. Des
distillations partielles s'opèrent ainsi sur chaque point et les alam-
bics voyagent lentement au milieu même de la matière première.
Des inspecteurs spéciaux sont chargés de surveiller et de diriger
ces travaux. Il faut ajouter que t'essence produite par les plantes
montagneuses des Alpes-Maritimes est de beaucoup supérieure
comme finesse de parfum aux essences similaires de Montpellier et
de Nimes, par exemple, et aussi plus appréciée par le commerce
de la parfumerie et de la savonnerie.
Ce que Von connait peu, en général, c'est l'importance de ces
fabriques, l'immense quantité de fleurs employées a obtenir les pro-
duits fabriqués que nous avons énumérés. Nous essaierons, plus
loin, d'en dresser la statistique. L'une de ces fabriques, qui n'est
pas sans être approchée de très près par d'autres et suivie par un
grand nombre d'une importance moindre, emploie pour ses fabri-
cations, au moment de la récolte, en mai, chaque jour de 15 a
20 000 kilogr. de fleurs d'oranger, de 10 a 15 000 kilogr. de
feuilles de roses, 2000 kilogr. de jasmin, etc. , et dans la saison,
plus de 500 000 kilogr. de menthe poivrée, 100 000 kilogr. de
menthe, 10 000 000 de kilogr. de lavande, etc., sont distillés
sur les montagnes. On ne s'étonnera pas de ces chiffres imposants,
pour une seule fabrique, en songeant que pour parfumer un buga-
dier de 600 kilogr., grande cuve oh sont entreposées les pommades
après fabrication, it faut 2 400 kilogr. de fleurs de violates, et
10 200 kilogr. de feuilles de rose. Et ces bugadiers se comptent
par vingtaines dans les vastes entrepots de ces fabriques. Celle
--172--
déjà citée renferme 25 piles, immenses cylindres destinés a rece-
voir les eaux parfumées de 1500 litres chaque. Les 42 batteuses
pour la pommade, ainsi que les autres corps de machine sont mis
en mouvement par une force de 300 chevaux, et la graisse, chaque
saison, est répartie sur 51000 chassis vitrés et 6 a 7 000 chassis
a buile pour la fabrication à froid.
Chacun de ces chassis a recu, pendant la saison de 10 à 17 kilogr.
de fleurs.
Dans une autre fabrique, les réservoirs destinés à recevoir l'eau
de fleur d'oranger peuvent contenir de 105 à HO 000 litres; une
pantie est bdtie dans le sous-sol et l'eau parfumée puisée au neoyen
d'une pompe qui l'amène dans une pile spéciale.
Enfin on peut compter que les fabriques réunies de Grasse et de
Nice parfument, annuellement, 800 000 kilogr. de graisses et
600 000 kilogr. d'huile.
Quant au prix des fleurs et plantes aromatiques servant aux par-
fumeries, ils ont ainsi varié, dans les dernières années; Ie kilo-
gramme de cassie de 7 a 17 fr.; de tubéreuses, de 2 a 4 fr.; de
roses, de 0 fr. 50 a 0 fr. 80 ; de fleurs d'oranger, de 0 fr. 30 a
0 fr. 50; le géranium de 5 a 10 fr. les 100 kilogr.; la feuille
d'oranger ‘de 3 a 6 fr. les 10C kilogr.; le thym de 8 a 11 fr. et le
romarin de 4 à 5 fr. 50.
Culture estivale pour la graine. -- Celle-ci est représentée
par une importante maison, bien connue a Paris, qui possède a
Antibes deux terrains d'ensemble 14 hectares pour la culture des
fleurs destinées à doener la graine au commerce. C'est la 089°
station de la maison. La primevère de Chine est l'espèce qui
occupe, presque a elle seule, la station. Les plants sont installés
en 66 000 pieds, sous plusieurs milliers de 'Aches et donnent
chaque année, un rendement variat de 30 a 40 kilogrammes de
graines.
Ce chiffre dit peu a l'esprit, pour une étendue aussi considé-
rable de terrain, mais si l'on sail que les graines de primevère
atteignent parfois un prix très élevé. on voit que cette seule cul-
ture a encore une assez grande importance, comme rendement.
— 173 —

Ainsi les graines des qualités les plus inférieures de primevères se


payent 2 fr. 60 le gramme, prix qui s'élève, pour les qualités
supérieures, a 22 fr., c'est a dire de 2 600 a 22 000 fr. le kilogr.
On a vendu, l'année dernière, en Angleterre, une variété géante
a raison de 12 fr. les 7 graines. Or, it y a environ 600 graines
au gramme, ce qui correspond au prix fabuleux de 1028 400 fr.
le kilogramme! II n'y a pas besoin d'ajouter que ces prix sont des
prix d'avènement et que lorsque la récolte peut se compter par
kilogrammes, les prix sont déjà devenus normaux.
Une simple énumération des produits récoltés en 1899 suffira
pour clore cette dernière division de la culture florale dans les
Alpes-Maritimes, qui ne pouvait être passée sous silence.
Anémones de Nice et variétés du pays pour la verste des
griffes Pieds 60 000
Chrysan thème des Indes Kil.. 5 de graines
Coleus a grandes feuillles ... , .... ---100 —
Canna indica ..Pieds 15 000
Cyclamen a grandes fleurs...... -- 25
Giroflées simples et doubles..... --195
Ipom ea du Mexique — 30
OEillets, variétés -- 14
Pervenche de Madagascar -- 20 —
Phlox Drummondi, var -- 10 --
Ricin sang. et blanc ...... ^ • — 70 —
Mimosa pudica — 20 --
Citons pour mémoire quelques cultures maraichères dont
250 000 pieds d'oignons pour utiliser le terrain.
On s'occupe, en ce moment, sur ces plantations, d'essais d'intro-
duction de fleurs du Tonkin et on cherche a y établir la culture
des plantes africaiues.
Il y a a Nice une autre maison anglaise qui fait la même cul-
ture, mais elle est loin d'avoir la même importance.
(A suivre). E. DESCHAMPS.
—tï4-
r
MEDECINE

Tinospora cordifolia Miers (Suite)


III. !-- De la classification
Le Tinospora cordi f ólia est une des espèces du genre du mém e
nom, de la familie des Ménispermacées. Cette famille comprend
environ 130 espèces et 75 genres présentant une structure ano-
male et groupés en quatre tribus : Chasmanthérées, Cocculées,
Pachygonées et Cissampélidées. Le genre Tinospora se rattache á
la première de ces tribus.
SIMILITUDE :
Les Ménispermacées ont des aftinités avec les Anonacées, les
Berbéridées, les Renonculacées et les Magnoliacées ; toutefois,
eiles s'en distinguent par le port, la constitution de l'albumen,
la forme des graines, le nombre considérable des carpelles, la
déhiscence des anthères et l'ovaire unique et uniloculaire.
FAMILLES : CALICE : COROLLE : CARPELLES : ALBUMEN :

Ménispermacées. Double. Double. Uniovulés


Anonacées. Simple. — Ruminé.
Berbéridées. Double. — Pluriovulés. —
Renonculacées. Simple. Simple. -- ..........

Magnoliacées. •-- Double. -- Entier.


GÉNÉALOGIE :
1° Espèce. . . . T. cordifolia.
2° Genre Tinospora.
3° Tribu Chasmanthérées.
4° Fondle Ménispermacées.
5° Sous -ordre . . Polystémones.
6° Ordre Dialypétales superovariées.
7° Classe Dicotylédones.
8° Embranchement Phanérogames.
IV. -- Géographie
Cette espèce devenue indienne, par sa multiplication dans l'Inde
oil elle a été introduite, est réellement originaire de rile de Tino.
— 475 —
De là elle s'est répandue dans les Cyclades et clans tout l'Archi-
pel; elle a gagné ensuite l'Asie Mineure d'ou elle a passé dans les
régions tropicales et tempérées de PAsie et de l'Amérique oh on
la rencontre aujourd'hui. Elle y croft surtout au bord des rivières
comme on peut le constater dans l'Inde. On la trouve encore dans
les bafflers et plus fréquemment dans les ravins ob croissent des
arbres gigantesques qui lui servent d'abri et de support. Elle
prospère biera a l'ombre des végétaux toujours Barnis de feuilles.
On la trouve aussi au Japon. En Afrique elle est plus rare. Elle
habite la Cochinchine et les forêts des Antilles. Dans les hales, au
Bengale, sur la cote de Coromandel, au Brésil et en Malaisie on
pourra recueillir souvent cette plante. Elle abonde aussi sur les
cótés de l'ile de Ceylan et sur celle du Malabar ce qui lui a valu le
nom deMenispermum inalabaricum. Longtemps on l'a crue origi-
naire de cette cote.
Cette espèce est, on le voit, commune dans les régions chaudes
et tempérées du globe, mais rare en dehors de ces latitudes.
(A suivre) A. SADA.

BOTANIQUE RÉCRÉATIVE
TOUTE L'INDE
OU

GUIDE DU BOTANISTE AUX INDUS


II

DE PONDICHÉRY AUX GHATTES


ORIENTALES. — PONDICHÉRY — VELLORE
SALEM •-- YERCAUD -- BALMADIES

La Mission. -- Les Moustiques- — Monuments de


Pondichéry. -- Mceurs et coutumes. -- Le college colonial.
Pondichéry, -- Déjà nous sommes en pays de connais-
sance. Un certain nombre de missionnaires, nos confrères, sont
venus a p otre rencontre. Ce qui nous frappe tout d'abord, c'est
-176--
l'extrême páleur de leur teint. On les dirait malades ; ce n'est que
l'anémie. Nous nous habituerons vite aux visages pales. On s'ané-
mie vite sous le ciel des tropiques. Je distribue a droite a gauche
despoignées de main. Pas d'accolades ; celles-ci scandaliseraient, pa-
rait-il, les Indiens qui nous entourent. Ceux-ci ne comprennent
rien a nos démonstrations d'affection et jugent inconvenants les
embrassements. Nous filons rapidement le long de la magnifque
jetée en fer qui nous reverra souvent et qui ne compte pas moins de
250 mètres de longueur. Arrivés sur la place, nous apercevons une
rangée de petites voitures qui nous so p t inconnues. Ce so pt des pous-
se pousse ou plus simplement des pousse. Ce ne so p t pas les
pousse-pousse tonkinois trainés par un ou deux indigènes. Les
pousse de Pondichéry sont de légers véhicules a 4 roues qui peu-
vent contenir deux personnes. Le promeneur dirige tout le système
au moyen d'une poignée mobile qui gouverne les deux roues de
levant. Une sorte de baldaquin en forme de dais, supporté par
quatre tiges en fer, et d'ou se déroulent des rideaux en arrière et
des deux cótés, vous protège contre les ardeurs du soleil. Nous
montons deux a deux dans ces voitures, non sans une certaine
répugnance de nous voir poussés par deux Indiens qui prennent
place derrière nous et tourent rapidement. Ces pousseurs vont
parfois presque aussi vite qu'un cheval. Nos préjugés européens
sur la dignité de l'homme et l'égalité sont quelque peu bouleversés
par ce spectacle. Je conseille a nos égalitaires modernes une tour-
née dans l'Inde.
Nous jetons encore un coup d'ceil sur la rade foraine de Pondi-
chéry réputée la meilleure de toute la cote et sur la barre aussi
forte que celle du Dahomey qui a nécessitéja construction de la
jetée.
Nous apercevons sur notre droite la statue de Dupleix montée
sur un socle de granit artistement sculpté. Elle tróne sur la place,
au milieu de la verdure et des monolithes de granit qui dominent
la rade. Plusieurs autres chefs-d'oeuvre de granit sont ensevelis
sous la grande place. Destinés primitivement au palais que rêvait
Dupleix, puis enterrés pour les soustraire à l'Anglais victorieux
STATUE DE DUPLEIX A PONDICHÉRY
-- 119 —
qui toutefois en emporta un bon nombre, ces monolithes attendent
un avenir meilleur.
A peine aeons-nous eu le temps de saluer Dupleix, un grand
Francais, celui-lh, que déjà, aprèsavoir dépassé rapidement laplace
principale de Ia ville, nous franchissons un des ponts du canal qui
sépare la ville en deux parties et que nous descendons dans la cour
de la mission catholique.
Le terrain de la Mission, spacieux et vaste, présente de vastes
bátiments déjà anciens et sans grand intérêt. Les missionnaires
s'empressent autour de nous. Je vois encore un vénérable vieillard.
le P. Mousset, débarqué dans l'Inde depuis plus d'un demi-siècle
et qui devait disparaitre peu de temps après mon arrivée.
Voici le P. Lap, un tamouliste distingué, petit, la face large et
paternelle, arrondi presque comme une boule et sa tabatière à la
main.
Le procureur, le P. Pêcheurqui eient de mourir au moment oil
nous tracons ces lignes, nous présente à l'archevêque de Pondi-
chéry, le vénérable et savant Mgr Laouënan, lui aussi parti pour
un monde meilleur et remplacé par Mgr Gandy, prélat dont 1'ama-
bilité égale l'humilité.
Les évêques missionnaires sont moins cérémonieux et moms
grands seigneurs que nos évêques d'Europe. Its n'en font pas moins
de bien et n'en sont pas moins aimés.
Mais abrégeons. Nous aurons le loisir d'esquisser de temps a
autre des figures de missionnaires qui ne déplairont pas aux lec-
teurs.
La soirée de notre premier jour dans l'Inde est tout entière
donnée au repos. Une visite a la cathédrale ne nous fatiguera pas
cependant. Attenant a Ia Mission, l'église qui porte ce nom pom-
peux de cathédrale est un grand monument, sans style, assez
imposant d'ailleurs avec son immense facade. Mais it y a loin de
cette grande construction à ces superbes et merveilleux chefs-
d'oeuvre gothiques qui sont les joyaux de notre Europe.
Nous remarquons que les bàtiments sont à toits plats. Pans
l'Inde, en effet, chaque maison a sa terrasre ou son argamas en
--- 180—
style du pays. Car, à Pondichéry, it y a tout un vocabulaire à part
que le dictionnaire de l'Académie n'a pas prévu. Du mot argamas
on a fait le verbe argamasser qui neut dire construire des arga-
mas ou terrasses.
Bien que nous soyons au mois de décembre et que le soleil
commence à descendre avec cette rapidité qui ne se voit que sous
les tropiques, la chaleur est encore forte. On voit bien que nous
sommes dans une immense serre chaude. Me voici done dans ce
pays encore mystérieux de l'Inde qui compte 288 159 672 habi-
tants, ou toutes les religions se coudoient, dans cette vine de Pon--
dichéry située par 41°55' de latitude.
Notre première nuit à Pondichéry ne fut pas précisement calme.
Les moustiques, nombreux à la fin de la saison des pluies, attirés
par la chair fraiche et potre sang européen doet ils sopt sans
doute friands, s'abattirent sur nous. Quelques-uns d'entre nous
tentèrent de se protéger contre eux en s'enveloppant la tête, les
mains et les pieds de bas et de mouchoirs. La chaleur les obligea
bient6t à se découvrir et à se livrer sans défense en páture aux
moustiques. Si nous dormimes peu, nous rimes beaucoup en enten
dant l'un d'entre nous qui se donnait de véritables gifles sans
réussir à toer ses invisibles adversaires.
Le meilleur est encore de laisser faire les moustiques et de
s'abandonner en victimes à leurs piqures. On s'y habitue si bien
à la longue qu'on ne les sent plus. Par la grande chaleur le mous-
tiquaire est insupportable.
Rien de plus vite fait aux Indes qu'un lit. On pent en juger par
sa composition. Sur le lit qui se compose d'un cadre en rotin ou
d'un lit de fer avec sangles entrelacées, une natte et un oreiller
assez dur. Durant la saison des pluies, on y ajoute une couverture
pour se couvrir.
Procédons maintenant à une visite de la cité. Malgré un eiel de
feu et Bien que nous n'ayons pas encore échangé nos vêtements
d'Europe contre un costume plus léger, nous allons employer une
soirée à parcourir les divers quartiers de Pondichéry et à prendre
un aperçu sommaire de ce qu'elle renferme d'intéressant.
— 181 —
Les pousse nous attendent ; près d'eux des parias, pousseurs
de profession qui nous invitent a monter. Talle, Tallou. Nous
voilà parcourant les places et les rues.
Quittant la place de la Mission, plantée d'arbres, nous franchis-
sons le canal qui sépare la ville noire de la wille blanche et dans
lequel les navires ne passent pas a pleines voiles, n'en déplaise a
run de nos géographes, attendu qu'il ne se remplit que passagère-
ment a 1'époque des pluies.
Rien de charmant comme .cette végétation perpétuelle et exubé-
rante. Voici la grande place en forme de quadrilatère que nous
avons déjà entrevue. En vette saison le gazon qui la tapisse est
verdoyant. Au milieu s'élève un monument. C'est une fontaine.
L'eau y arrive de sept milles, conduite par des tuyaux.
Devant nous le pier ou jetée et le phare. A gauche, l'hótel du
Gouverneur, la résidence du Procureur Général. Nous prenons à
droite et nous passons successivement devant l'hópital, la phar-
macie du Gouvernement, la banque d'Indo-Chine, le cercle, le
temple protestant, le collège colonial.
Nous voici dans une des rues principales. Le va-et-vient des
indigènes est continu. Quelle riche variété de costumes aux mille
couleurs. Quel magnifique effet sous ce ciel étincelant. Sous le
ciel d'Europe ce serait grotesque.
Bibliothèque, ponts et chaussées, puis le bazar avec son mou-
vement et sa foule qui s'interpelle. Très curieuses ces boutiques
des villes indiennes dont l'ensemble porte le nom de bazar. C'est
parce qu'elles sont agglomérées et qu'on y trouwe tout ce que l'on
désire que ce nom a été importé chez nous et attache au magasin
unique, toutefois, ou l'on vend les objets les plus divers.
Voici la prison, des pions de police avec leurs talapoints rouges
nous saluent. La tour de l'horloge, une fontaine près de laquelle
babillent de nombreuses femmes indigènes en attendant leur tour
de puiser de l'eau.
J'éprouve une certaine difficulté a distinguer d'abord les horn-
mes des femmes, a cause des longs cheveux que portent les pre-
miers et de certaines ressemblances du costume. Cette difficulté
— 182—
disparaitra rapidement et j'en seraf à me demander si même je l'ai
éprouvée.
Les femmes indiennes, avec leurs pagnes qui ne manquent point
d'élégance, ont une certaine grace. En voici qui portent leers
sattis ou panelles, vases en cuivre ou en poterie, qui sur le cóté,
qui sur la tête, comme nos Bretonnes.
La plupart portent une petite veste qui leur serre le haat de la
taille et leur emprisonne les seins. Elles sont enroulées dans des
tolles plus ou moms riches suivant leur rang. C'est à ces dernières
qu'on donne le nom de pagnes.
Nous remarquons rarement des femmes de haute caste. Celles-ci
sopt littéralement chargées de bijoux. Cloison du nez, oreilles, con,
bras, doigts, jambes, orteils, cheveux, tout est constellé ou reconvert
de Biamants, eerles, bagues ou bracelets en or, argent ou autre métal.
Tant qu'au costume des hommes, ii est des plus variés. La
majorité en porte un des plus légers et des moms embarrassants,
je veux dire un simple linge retenu par une ficelle ; d'autres por-
tent le langouti, pièce d'étoffe qui fait le tour des reins et passe
entre les jambes.
Les plus riches portent sur la tête une sorte de turban, nommé
talapoint, une pièce de mousseline couvre la partie inférieure de
leurs corps. Le buste souvent nu est chez quelques-uns reconvert
par une veste dont les boutons ne sont autres parfois que des louis
de vingt francs. C'est ainsi que l'or européen et surtout francais
s'écoule aux Indes ou ii est coté très cher et transformé en bijoux
à la plus grande satisfaction des Indiens.
Quelques castes, y compris les brahmes, portent en sautoir le
cordon sacré composé de sept fels.
Beaucoup de païens portent sur le front des raies verticales
ou horizontales qui représentent un trident formé par deux raies
latérales blanches et une raie mediane rouge, tantót de simples
barres, suivant qu'ils sont sectateurs de Vishnou ou de Siva.
Rien de plus curieux que les petits enfants souvent nus, parfois
portent un coeur en métal retenu par une ficelle, avec leurs petits
venires ballonnés.
COLLEGE COLONIAL A PONDICHERY
-- 185 —
De nombreux corbeaux peu farouches nous regardent passer
sans effroi. Ce sont les balayeurs publics, ils épargnent a la ville
bien des épidémies en la débarrassant de ses immondices au profit
de leur estomac.
Devant nous une grande place, un peu a gauche le Jardin d'Ac-
climatation. Nous prenons a droite. Nous voici sur les boulevards
extérieurs. Quelques Indiens assis sur leurs talons, au bord de la
route, se cherchent les poux en famille (rien d'inconvenant a avoir
de ces hótes dans 1'Inde, pas plus qu'à avoir des punaises dans les
maisons). De nombreux rats palmistes (Sciuruspalinarum), sorte
d'écureuils, grimpent aux arbres et poussent des cris stridents.
Les routes sont plantées de Porchers (Thespesia populnea.)
Dans les jardins on remarque des Moringuiers (Moringa pterygos-
perma), des Bananiers (Musa), des Casses (Cassia). Des Palmiers,
Cocotiers et Aréquiers émergent de tous cótés. Quelques Rondiers
paraissent aux portes de la ville.
Quelques pieux d' Acacia supportant des vérandahs sont devenus
des arbres et égaient les rues poudreuses de leur verdure.
Nous rencontrons une brahmine. La figure jaunie par le safran,
les ongles teints en rouge au moyen du Lawsonia alba, elle est
reconnaissable a sa toile enroulée entre les jambes.
Quelques pagodes, pais nous gagnons le Cours (on appelle
ainsi la promenade qui longe la mer). Le bureau des Messageries
Maritimes, le Sémaphore, l'Hótel de ville, la caserne des Cipayes,
l'église européenne de Notre-Dame des Anges, le palais de justice
se présentent tour a tour a nos regards. Une large route nous con-
duit ii la gare, construction lourde, basse et peu élégante.
Nous rentrons à la Mission, non sans avoir rencontrédans les rues
des pores noirs dont la chair ferme n'est pas à dédaigner.
Somme zoute, la ville de Pondichéry est une ville coquette, and
very nice, de l'avis même des Anglais.
Quelques jours plus tard, j'étais nommé professeur au Collége
colonial. Je devais y rester quatre ans. Pour mes débuts, j'attra-
pai les fièvres bilieuses.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.
-- 186 —

Informations
Nous apprenons la mort de M. TRIMEN botaniste anglais.

Chronique générale
Une nouvelle Pompéi.
On a découvert récemment, a trois kilomètres a l'est de Santiago de los
Caballeros, une des villes les plus importantes du Guatémala, une cité
entière ensevelie au pied du volcan de Agua, sur une des propriétés appar-
tenant a don Manuel J. Alvarado, et connue sous le nom de Pompeya —
singulière coïncidence ! On a trouvé, après de légères excavations, les
ruines d'une ville très ancienne, dont la tradition avait perdu le souvenir.
On a trouvé des ustensiles domestiques, des armes, des idoles de pierre et
de terre cuite, des inscriptions hiéroglyphiques, des squelettes mesurant
jusqu'à sept pieds de long. I1 est probable que cette cité a été ensevelie
dans un soulèvement plutonien (Cosmos).

Varia
Le plus vieil herbier du monde.
Le plus vieil herbier du monde est assurément celui qui existe au Musée
d'Egyptologie du Caire et qui est formé de plantes trouvées dans les tom-
beaux antiques des Égyptiens.
La fore retrouvée dans ces tombeaux s'était étonnamment conservée, de
sorte que, après un traitement a l'eau chaude, on a pa préparer les plantes
en question comme les spécimens des herbiers modernes.
Pour quelques fleurs, on a même retrouvé intactes des parties d'une
délicatesse extrême, telles que pistils, anthères, etc., protégées par une
enveloppe extérieure. Les couleurs se sont également conservées d'une
facon remarquable ; a part un léger adoucissement, les teintes sont celles
des spécimens modernes.
Il est assez difficile de préciser l'áge de ces plantes, a cause de la coutume,
assez fréquente chez les anciens Égyptiens, d'ouvrir d'anciens tombeaux au
bout de 400 a 500 ans; mais les estimations les plus modestes font remon-
ter ces plantes a 3000 ans. On peut donc dire que, depuis 3000 ans, le
climat de l'Égypte n'a pas subi de changement appréciable. (Cosmos).

Les plantes utiles d'Australie.


On compte en Australie 1613 espèces de plantes qui ont une valeur
économique ; 212 d'entre elles sont classées comme nourriture humaine ou
s'y rattachant comme ingrédients. Il y a 158 espèces d'herbes, 92 plantes
--- 18 i ---
fourragères autres que les herbes, 123 plantes médicinales, 40 plantes à
gommes, 21 à résines, 39 à kino, 47 produisant des essences ou des huiles
volatiles, 40 des huiles lourdes,14 des parfums, 35 fournissant des matières
tinctoriales, 87 des tans, 630 dont les bois servent aux constructions, 67
dont les fibres peuvent être utilisées et enfin 38 espèces employées à des
usages divers.

Bibliographie
La Terre, les mers et les continents, géographie, physique, géolo-
gie et minéralogie, par F. PRIEM, 1 vol. gr. in-8 de 708 pag. à 2 colon-
nes, illustré de 757 fig. 1.1 fr.
Après avoir fait connaitre les résultats généraux de la Géologie, M. PRIEM
s'occupe de l'état présent de notre planète et des phénomènes qui modifient
actuellement cet état. II étudie successivement la place de la terre dans
l'univers, l'atmosphère, les continents, les mers, ia répartition de la
chaleur.
Puis viennent les modifications subies par l'écorce terrestre sous l'action
de l'atmosphère, de la mer, des eaux courantes et des eaux d'infiltration,
des torrents, des glaciers et des volcans. Après les volcans, M. PRIEM passe
en revue les geysers, les salses et les sources thermales, pais it étudie les
tremblements de terre, le déluge, les déplacements des lignes de rivage,
les dislocations du sol et la formation des chaines de montagnes. Vient
ensuite l'étude des roches éruptives et sédimentaires.
Plus de 200 pages sont consacrées à l'exposé de l'utilité des minéraux et
des roches : matériaux de construction et d'ornementation, combustibles,
sel gemme, substances minérales utiles à l'agriculture et a l'industrie,
minerais et métaux, pierres précieuses, etc.
L'ouvrage se termine par l'étude des faunes et des fibres du globe, et la
distribution géographique des êtres vivants.
Ces divers chapitres sont écrits clairement ; la lecture en sera facile aux
personnes les moins familiarisées avec les études géologiques. D'ailleurs le
volume, parfaitement illustré, est bien supérieur aux ouvrages de vulgari-
sation déjà publiés en France.
Librairie J.-B. BAILLIÈRE et ills, 19, rue Hautefeuille, Paris.
On pent recevoir une livraison spécimen de 32 pages contre l'envoi de
trois timbres-poste de quinze centimes.

Revues
Sommaires.
Boletim da Sociedade Broteriana (IX. Fase, i et 2). 0 instituto botanico
da universidade de Coimbra. J. HENRIQUES. -- Contribuicóes para o escudo
da flora portugueza. A. X. PEREIRA COUTINHo. - Note sur l'Herniaria
— 188
maratima Link. J. DAVEAU. — Contributcáo para o estudo da Flora
d ' Africa. Catalogo da flora da ilha de S. Thomé. J. A. HENRIQUES.
Bulletin de la Société d'Horticulture de la Sarthe (4 e trimestre). Réper,
toire des Roses Sarthoises. A. GENTIL.
Bulletin de la Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France
(n o 4). Catalogue des plantes vasculaires de file de Noirmoutier (suite):'
A. VIAUD GRAND-MARAIS. — Liste des plantes observées a l'ile Dumet, près
Piriac (Loire-Inférieure) le 3 aalt-1880. E. GADECEAU. — Fragments de
lichénologie bretonne. CH. MÉNIER et F. CAMUS. Contribution a la fore de
Bretagne. Cu. PICQUENARD.
Bulletin de la Société philomathique de Paris (8 e s. t. IV, n° 3). Note
sur une plante nouvelle des Andes (Poortmannia speciosa gen . et sp.
nov.) DRAKE DEL CASTILLO.

Bulletin de l'herbier Boissier (n e 2). Lichenes Wilsoniani, seu Liche-


nes a cl. Rev. F. R. M. Wilson in Australia prov. Victoria lecti. D r J.
MULLER. — Mykali, Samos. FORSYTH-MAJOR et W. BARBEY. — Beitrdge zur
Kenntniss der Afrikanischen Flora (Neue Folge) I. H. SCHINZ. — Le Bat-
tarrea phalloides Pers. ERN. OLIVIER.
Bullettino della Societa Botanica Italiana (n° 8). Sopra alcune piante
rare o critiche della flora romana. E. CHIOVENDA.
(N° 9). Erborizzazioni estive ed autunnali attraverso ai monti Lessini vero-

nesi. A. GOIRAN. -- Notizie sull'erbario Amidei, giacente presso it Comizio Agra-


rio di Volterra. U. MARTEILLI. — Sopra alcune piante, raccolte pressoRipra-
fatta nel monte Pisano. G. ARCANGELI. —Contribuzionealla flora del paese dei
Somali. A. TERRACCIANO. — La sessualitá delle piantesecondo uno scrittore
del secolo XVI. G. CUBONI. — Sopra un Dittero-cecidio dell'Eryngium
amethystinum. C. MASSAL0NG0. — Deformatione parassitaria dei fiori di
Ajuga-Chamcepitys Schreb. C. MASSALONGO. — Materiali per un censi-
mento generale dei licheni italiani. A JATTA. -- Osservazioni sopra alcunni
casi teratologici di Agaricini. P. VOGLINO. — Sulla restaurazione del latino.
E. MICHELETTI. — La lingua scientifica internazionale o restauriamo it latino.
G. TUCCIMEI.
(1893, n 0 4) Intorno a due forme vegetali appartenenti alla flora
Ossolana. E. CHIOVENDA. — Sopra due forme dell'Isoetes echinospora,
Dur. R. PIROTTA. -- Erborizzazioni estive ed autunnali attraverso i monti
Lessini veronesi (contin.). A. GOIRAN. — Due casi di fioritura tardiva di
Kapsia ramosa, Dum. A. GOIRAN. — Erborizzazione all'isola dell'Elba.
P. BOLZON. — Due novi entomocecidii scoperti sulfa Diplachne serotina
Link e Cynodon Dactylon Pers. — Materiali per un censimento generale
dei licheni italiani (contin.). A. JATTA. — Sulla Larrea cuneifolia e sulle
piante bussola. G. ARCANGELI.
Bulletin mensuel de la Société linnénne de Paris (séance du 7 décem-
bre 1892). Les Aconits antidotes, H. BAILLON.. — Sur le Monachyron. Parl.
- 189 --
H. BAILLON. -- Remarques s,ur les Ancistrocladus. F. HEIM. — Observations
sur les riz, H. BAILLON. — Sur les fleurs du Seigle. H. BAILLON.
Cosmos (28 janvier). Un jardin botanique sous les tropiques. H. LÉVEILLÉ.
( 5 février ) . Endobasides et Ectobasides. A. ACLOQUE. — La vigne. Point
de départ de son expansion. VICWA—MITRA.
Feuille des Jeunes Naturalistes (Ier février). Mycocécidies de Lorraine.
Abbé J. J. KIEFFER.
Journal de Botanique (I6 janvier) . Recherches sur le développement de
la graine et en particulier du tégument séminal (suite). LÉON GUIGNARD.
(Ier février). Recherches sur les composés pectiques (suite). L. MANGIN.
La tribu des Clusiées, résultats généraux d'une monographie morphologique
et anatomique de ces plantes (suite). J. VESQUE. — Lichenes neo-caiedonici
a cl. B. Balansa in Nova Caledonia lecti, nee non alii nonnulli ab aliis ibi-
dem observati quos enumerat Dr J. MULLER.
Naturaliste (15 janvier) . Quelques plantes a alcool. P. HARIOT.

(Ier février). Les plantes utiles. L'Arum maculatum. BUYSMAN. — Les


Mnium de la flore francaise. C . HOULBERT.
Nuovo Giornale botanico Italian° (2 Gennaio). Osservazioni sulla
fioritura et sui pronubi di alcune piante. R. COBELLI. — L'Orto e il Museo
botanico di Firenze nell'anno scolastico I89I-92. T. CARUEL. — Osservazioni
intorno ad un rarissimo entomocecidio dell'Hedera helix. C. MASSALONGO.
-- Un'escursione floristica in Serrada dai 4 ai I8luglio 1892. R. COBELLi.

Extraits et Analyses.

Répertoire des Roses Sarthoises. A. GENTIL. Ce travail extrait a la


fois de l'Inventaire général des plantes de la Sarthe du même auteur et du
Bulletin de la Société d'horticulture du même département intéressera en
même temps les botanistes de l'ouest de la France et les rosiéristes.
M. GENTIL y annonce l'apparition d'un travail de M. FAUNEAU sur les roses
du jardin d'horticulture si nombreuses et si variées.
Plus de cinquante formes sont énumérées dans ce travail. Ces formes se
rattachent aux 9 espèces suivantes : R. arvensis, R. stylosa, R. canina, R.
rubiginosa, R. micrantha, R. sepium, R. tomentosa, R. carolina, R.
vimpinelli folia.
Plantas Postianae. E. POST. Dans le cinquième fascicule que ren-
ferme le O er numéro du Bulletin de l'herbier Boissier publié sous la
direction de notre sympathique collègue M. EUG. AUTRAN, M. POST énumère
les plantes recueillies dans les chaines de I'Amanus et du Kurd Dagh. La
première de ces chaines est très boisée, ce qui fait que sa flore diffère nota-
blement de celle des montagnes presque nues du Liban et de la Palestine.
De plus cette chaine jouit d'une humidité plus grande.
-- 190 —
L'auteur décrit aussi quelques espèces nouvelles appartenant a d'autre3
régions de la Syrie et de la Palestine.
Voici la liste des espèces nouvelles décrites dans ce fascicule : Carpo-
ceras Amani Post, Viola Amani Post, Tunica fili formis Post, Astra-
galus Barbeyanus Post, Sedum Amani Post, Erigeron Shepardi Post,
Anthemis fiabellata Post, Centaurea Amani Post, Hieracium Barbeyi
Post, Hieracium Autrani Post, Hieracium strigulosum Post, Campanula
Shepardi Post, Paracaryum velutinum Post, Verbascum Palmyrense
Post, Verbascum Saltense Post, Scrophularia Nusairiensis Post, Scro-
phularia Antiochia Post, Scrophularia Peyroni Post, Rhynchocoris
Boissieri Post, Nepeta Amani Post, Sideritis Nusairiensis Post, Sideri-
tis glandulifera Post.

Sociétés savantes
Académie des Sciences.
Séance du 16 janvier. -- M. EUGENE MESNARD a fait des recherches sur
la localisation des huiles grasses dans la germination des graines. Il en
résulte que les huiles grasses ne sont pas localisées dans des assises
spéciales, excepté chez les Graminees ; que les huiles ne paraissent pas
se dédoubler par saponification sous l'in fluence d'une diastase speciale ;
et que l'huile se moutre indépendante de l'amidon et du glucose, bien
qu'elle semble se super poser aux matières albuminoides dans les reserves
des graines mitres.
Séance du 30 janvier. M. BALLAND démontre que le gluten préexiste
dans le blé. MM. P. A. DANGEARD et SAPIN-TROUFFLY présentent une note ren-
fermant le résultat de leurs recherches histologiques sur les Urédinées.

Société Botanique de France


Séance du 22 juillet 1892. Les genres Ligularia, Senecillis, Crematho-
dium et leurs espèces dans l'Asie centrale et orientale. A. FRANCHET, —
Du genre Rhinanthus et du Rh. Crista-galli L. CLOS. — Note sur
1'Erigeron frigidus Boiss. GANDOGER. - Plantes nouvelles pour les dépar-
tements du Lot et de la Corrèze. E. MALINVAUD. - Note sur l'Enanthe
silaitolia M. B. confondu dans l'Ouest avec l'CE. peucedanifolia. Fou-
CAUD. - Découverte du Plantago :serventina près de Rochefort-sur-Mer.
FOUCAUD. - La fore mycologique de la Haute-Vienne d'après les publica-
tions et l'herbier d'Edouard Lamy de la Chapelle. ERN. MALINVAUD.
Séance du 11 novembre. — Le congrès de Gênes. EDM. BONNET. -- Qua-
trième note sur la Fiore d'Algérie. A. CHABERT. - Sur quelques plantes
récoltées pendant la session a Biskra. BATTANDIER. - Herborisation dans le
-- 9 91 —

massif de l'Aurès. L. TRABUT. -- Un peu de droit a l'usage des botanistes


herborisants. COPINEAU. - Sur la présence de 1'Equisetum littorale dans le
département de 1'Aube. P. IIARIOT. — Sur le Maillea Urvillei. GANDOGER.

Correspondance
Nous faisons appel a la bonne volonté de nos lecteurs pour réunir les
renseignements nécessaires a l'élaboration d'une fore lichénographique de
la France.
A ceux qui s'occupent des lichens, nous demandons de vouloir bien nous
adresser des indications de localités, et aussi des échantillons des espèces
recueillies, même de celles qui sont très communes, afin de pouvoir établir
leur distribution géographique et les rapports des types de diverses pro-
venances.
Ceux de nos abonnés qui ne sont pas familiers avec la lichénologie pour-
ront cependant nous aider puissamment, s'ils veulent bien récolter dans
leurs herborisations et nous envoyer des spécimens de zoutes les formes
qu'ils rencontreront : aucune connaissance spéciale n'est requise pour ce
travail; ii suffit de savoir ce que c'est qu'un lichen.
Nous remercions d'avance les botanistPs qui voudront bien répondre a
p otre appel ; si nos recherches donnent des résultats, nous nous proposons
de les publier dans la Revue.
A. ACLOQUE,

A Auxi-le-Château (Pas-de-Calais).

New-York, le 23 janvier 1893.


Je vous remercie bien, monsieur, pour la notification de ma nomination
comme Associé libre de l'Académie. C'est en effet un grand honneur pour
moi d'appartenir a une société si savante, et si connue dans tous les pays
du globe. J'espère que le gouvernement franrais saura reconnoitre les ser-
vices de l'Académie. Je vous présente, ainsi qu'à tous les membres de
l'Académie, mes salutations sincères.
Px. HEINSBERGER.

Offres et Demander
11 nous reste 5 sabliers. Nous offrons ces fruits gracieux de Hura crepi-
tans a 0 fr. 75 Ia pièce.
A céder 2 vide-poches en graines : 1 fr. la pièce.
-992--

Petite correspondance
Un amateur. — Nous sommes en mesure de vous procurer les curiosités
de l'Inde que vous pouvez désirer.

Ouvrages parvenus A la Direction de la Revue

TITRES ET NOMS D ' AUTEURS : DONATEURS :

Catalogue raisonné des plances vasculaires et des


mousses qui croissant spontanément dans la Haute-
Sake et parties limitrophes du Doubs. F. RENAULD. MM. F. RENAULD,
New Mosses of North America. F. RENAULD and
J. CARDOT.
Musci exotici novi vel minus cogniti a F. RENAULD
et J. CARDOT descripti. I, II et III.
Enumération des Muscinées récoltées par le
D r Delamare a l'ile Miquelon. F. RENAULD et J. CAR-
DOT.
Revision de la section Harpidium du genre
Ilypnum de la fore francaise. F. RENAULD,
Enumeration of the Kansas mosses. F. RENAULD
and J. CARDOT .
Guide du Bryologue dans la chaine des Pyrénées
et le Sud-Ouest de la France. Dr JEANBERNAT et F.
RENAULD. 2 parties.
Quelques mots sur la Flore du Puy-de•Dóme com-
parée a celle du Cantal. Frère HÉRIBAUD JOSEPH. IIÉRIBAUD JH.
Cultivo de los Rosales en Macetas. D. MARIANO
VERGARA. M. VERGARA.
La Terre, les Mers et les Continents. F. PRIEM
(séries 13-15.) J. B. BAILLIÈRE .
Répertoire des Roses Sarthoises. AMB. GENTIL. A. GENTIL.
Index perfectus ad Caroli Linnwi species plan-
tarum nempe earum primam editionem (anno 1753).
Collatore FERD. DE MUELLER 1880. Bon F. VON MUELLER.
Fecondazione occasionele della Platanthera bi fo-
lia Rich. per mezzo delvento ANT. DE BONIS. A DE BONIS.
Le piante del Polesine. A DE BONIS.

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- Typographie Edmond Monnoyer.



2e ANNÉE. No 19 1er AvxIL 1893.

LE MO\DE DES PLATES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQIIE

BOTANIQUE PURE
GÉOGRAPHIE
.........r...

La Jussieua repens du Chili


Dans une lettre récente le baron de Mueller nous apprend qu'il
dolt au professeur Philippi de Santiago, avec lequel it est en
rapport depuis plus de 30 ans, les informations suivantes touchant
la Jussieua repens chilienne, en réponse a une de ses questions.
Les pétales de la Jussieua repens du Chili sont toujours jaunes
biera que, en se fanant, ils deviennent finalement blancs. Ces chan-
gements de couleur ne sont pas rares chez les Onagrariées. Plus
loin le professeur Philippi ajoute : « Hooker et Arnott furent les
premiers a employer le nom de la plante indienne pour désigner
aussi celle du Chili. »
Nous avons eu l'occasion de parcourir les diverses espèces de
Jussieua renfermées dans l'herbier du Muséum de Paris. Nous avons
pu constater que presque tous les spécimens de Jussieua repens
qui y sont représentés ont les pétales entièrement jaunes.
De plus, un certain nombre d'échantillons de J. repens L. sont
absolument conformer a la gravure de J. diffusa qui accompagnait
la note du baron de Mueller.
Nous avons pu nous assurer aussi que Ch. Martins, en 4866,
identifiait la J. diffusa de Forskael avec la J. repens de Linné, de
méme que, en 1807, ii identifiait cette dernière espèce avec la
J. stolonifera de Richard,
Nous croyons que toutes les espèces de Jussieua sont réductibles
a un très petit nombre.
i1. Treub nous a adressé récemment trois espèces de Jussieua
T. II. 7
-494........

de Buitenzorg : J. regens L. a fleurs blanches, J. su f ruticosa


L., J. octofila D C. qu'il différencie, avec raison semble-t-i1, bien
que Hooker rattache cette dernière avec beaucoup d'autres à
J. su ff ruticosa L.

Les Onagrariées du Limousin (ij


INTRODUCTION
Les Onagrariées sont répandues dans presque toutes les contrées
du globe. A peine cette famille renferme-t-elle deux ou trois
plantes pouvant être au besoin de quelque utilité en médecine ou
dans l'alimentation. En revanche les horticulteurs y trouvent de
nombreuses ressources; citons comme exemples les Fuchsias, le
Laurier de St-Antoine ou Osier fleuri, les Onagres, etc.
En consultant noire herbier ou nous avons consigné les rensei-
gnements contenus dans les catalogues imprimés ou manuscrits
mis à notre disposition, nous relevons la présence en Limousin de
20 espèces ou variétés d'Onagrariées appartenant aux genres
Epilobium, OEnothera, lsnardia et Circaa. D'après M. Paul
Dupuis, les trois premiers genres sont seuls représentés en Belgique
par 12 espèces que nous possédons toutes dans notre région a
lexception de l'OEnoihera muricata.
Les caractères commons a nos Onagrariées limousines sont les
suivants :
Plantes herbacées a feuilles simples, alternes ou opposées.
-- Fleurs hermaphrodites, le plus souvent régulières. — Calice a
2-4 lobes (généralement 4) adhérant en partie a l'ovaire -- Corolle
(rarement nullei a pétales insérés a la gorge du calice, en nombre
égal a ses divisions et alternes avec elles. — Étamines en nombre
égal aux pétales ou en nombre double. -- Ovaire infère a une ou
quatre loges. -- Style filiforme stigmates en uombre égal a celui
des loges. — Fruit capsulaire.

(1) A la fin de chaque année, l'ensemble des travaux sur les Onagrariées
publiés dans l'année paraltra sous forme de fascicules. Toutefois, le prix de
vente de chaque fascicule sera toujours supérieur au prix de l'abonnement a
la Revue.
i95
Il y a encore beaucoup de recherches a faire pour connaitre
surement, même dans la région limitée que nous étudions, sans
parler de la question d'hybridité pour connaitre, dis-je, toutes les
stations de ces plantes. Le travail que nous présentons devra done
être complété ultérieurement ; itlais, dans l'état oh it est, it aura
tout au moins l'avantage de servir de point de départ aux bota-
nistes qui voudront nous cider a résoudre, en ce qui concerne
le Limousin, le premier problème posé par l'Académie interna-
tionale de géographie botanique.
Afin d'intéresser à ces recherches le plus grand nombre possible
de personnel, nous faisons précéder notre catalogue de tableaux
dichotomiques qui faciliteront l'étude des genres et des espèces.
Mais ici se pose une question qui nous parait devoir être immé-
diatement résolue pour le bon ordre des travaux de l'Académie
et nous allons faire ressortir son importance en prenant pour
exemple le genre Epilobium oil les difficultés de détermination sont
augmentées par l'existence de nombreux hybrides.
Chercherons-nous a déterminer Faire des variétés et des formes?
Mais pour sela nous manquerons pendant longtemps encore des
documents nécessaires et nous nous perdrons dans la syno-
nimie.
Ainsi, pour beaucoup de botanistes, l'E. Lamyi n'est qu'une
forme de l'E. tetragonum et on a du souvent confondre ses stations
avec celles de cette dernière espéce. Si maintenant nous prenons
l'E. adnatum Griseb, nous le voyons tantót considéré comme une
autre forme de E. tetragonum, tantót complètement identifié avec
l'espèce linnéenne.
Les hybrides aussi sont mal connus et d'ailleurs it est probable
que leur habitat manque de fixité.
« L'OEnothera biennis de l'Amérique Septentrionale, nous écrit
M. Malinvaud, introduit en Europe vers 1614, est seulement sub-
spontané. C'est un exemple de ces espèces boréo-américaines.
(Erigeron canadensis, Elodea canadensis etc.) qui se naturalisent
dans nos pays avec une singulière facilité. » Voilà encore une diffi-
culté que nous retrouverons fréquemment et qui nous faisait dire,
-- 496 --
dans le Règne ve'ge'tal da mois d'octobre 1892, que quand on se
trouvait en présence d'une plante nouvelle pour une région, it fallait
toujours rechercher les véritables causes ayant amené son intro-
duction et sa naturalisation.
Prenant pour terrain d'étude le monde entier, nous ne pouvons
pas raisonner comme le botaniste qui fait l'inventaire des richesses
végétales d'un arrondissement, d'un département ou d'une pro-
vince. Ce que nous devons rechercher c'est l'aire géographique des
espèces bien définies. Cela ne nous empêchera pas du reste de noter
tous les renseignements qu'on nous donnera sur les espèces sub-
spontanées, les espèces litigieuses, les formes et les variétés; ces
documents seront méme de la plus haute importance pour apprécier
plus tard les phénomènes d'évolution et d'adaptation dont les lois
ne sont pas encore clairement éuoncées.
Pour nous servir de l'expression de Kunth, agrandissons done les
fragments du ruban si nous ne voelons pas nous perdre dans les
détails. Aussi, joignant l'exemple a la théorie que nous exposons ici
sommairement, avons-nous eu le soin de faire ressortir en carac-
téres plus saillante les espèces que nous considérons comme devant
plus spécialement attirer l'attention des membres de l'Académie.
Les personnes qui utiliseront nos tableaux seront souvent arrêtées
quand eiles analyseront un épilobe. Qu'elles ne se découragent
point pour cela. Qu'elles réservent les échantillons récoltés, qu'elles
notent les différences constatées et eiles se constitueront ainsi une
collection qui leur fera saisir, a mesure qu'elle se complètera, les
affinités existant entre les espèces d'un même genre.
Nous terminerons ces considérations générales déjà bien étendues
en indiquant ci-après les divisions administratives que nous
englobons sous le titre common de Limousin et en placant en regard
de chacune de ces divisions les noms des botanistes qui nous ont
donné ou dans les ouvrages desquels nous avons puisé la plupart
de nos renseignements géographiques.
MM.
NONTRONNAIS Soulat-Ribette
CUNFOLENTAIS. Crevélier
--- 197 ---
MM.
Hte-VIENNE Lamy de la Chapelle
Malinvaud et Lecler
CREUSE de Cessac et Martin,
CORRÉZE Rupin et Gonod d'Artemare.
(A suivre) CH. LE GENDRE.

Les Onagrariées de la Sarthe


Situé au centre de la région nord-ouest de la France, le dépar-
tement de la Sarthe partage le sort de ses voisins; comme eux, it
n'est pas riche en Onagrariées. Nous ne possédons qu'une douzaine
d'espèces, dont buit appartiennent au genre Epilobium. Viennent
tinsuite les genres OEnothera, Trapa, Isnardia, Circea, repré-
sentés chacun par une seule espèce. Toutes sont bien connues; nous
n'avons pas a les décrire; it suffira d'indiquer rapidement leur
répartition dans nos limites.

Epilobium spicatum Linn. — Habite les forêts, les


bois ou les talus boisés. C'est notre plus belle espèce; mais, elle
est rare. Les localités, peu nombreuses, oil on la connait généra-
lement abondante, sont pour la plupart au nord-ouest ; en différents
endroits de la forêt de Perseigne, près de Saint-Léonard-des-Bois,
près de Sillé-le-Guillaume, à Saint-Denis-d'Orques et près de Beau-
mont. On la retrouve, vers le sud, a Saint-Jean-de-la-Motte et
dans la forêt de Bercé, a l'est, dans le bois de Coulonge entre
Rahay et Saint-Calais. Desportes (9) l'indiquait aussi près du Mans,
dans le bois de Pannetière coupe de Rouillon, oh nous ne l'avons
pas observée.
E . hirsutum Linn. — Espèce asset commune aux fords
des rivières et des ruisseaux. Introduite quelquefois dans les jardins
et pouvant s'en échapper; mais, parfaitement indigène.
E . parviflorum Schreb. (E. molle Lam.) — Commun dans

(I) Fiore du Maine, p. 85.


— 498
les lieux frais. -- On trouve aussi la forme a feuilles alternes,
E. intermedium Mér., simple variation, sans fixité.
E. palustre Linn. — Plante des marécages, qui paralt être
rare dans la Sarthe. On n'en connait encore que 5 ou 6 localités :
Saint-Mars-la-Bruyère, Saint-Mars-d'Outillé, Saint-Calais, Saint-
Léonard-des-Bois et forêt de Perseigne.
E. montanum Linn. -- Assez commun, le long des haies
sur le bord des chemins. — Çà et lá, dans les lieux frais, la forme
verticillatum, et dans les lieux secs, une forme grêle, désignée par
Desportes sous le nom de gracile; variations sans importance.
E. lanceolatum Séb. Le long des haies et aux bords des
bois; Plus commun, je crois, que le précédent.

E. tetragonum Linn. — Assez commun dans les lieux


frais. — Nous avons rencontré aux environs du Mans, près de
l'Epau, et a Saint-Léonard-des-Bois, une forme a feuilles ovales-
lancéolées, arrondies a la base, pourvue de stolons filiformes, se
rapportant a l'E. obscurum Schreb. (E. virgatuni G.G. an Fries?),
que plusieurs auteurs considèrent comme une bonne espèce et d'au-
tres comme une variété de l'E. tretagonum Linn. Elle paralt rare
dans noire département, ou peut-être elle e.st méconnue.
E. roseum Schreb. -- Plante des lieux humides, lont je ne
connais encore que deux localités : près de Neufchatel et de Saint-
Léonard-des-Bois. Diard (1) I'indique comme assez rare aux envi-
rons de Saint-Calais. Desportes ne la connaissait pas dans la
Sarthe. Nous n'avons pas d'autres renseignements a son sujet.
C'est évidemment une planre rare pour p otre contrée.
CEnothera biennis Linn. -- Cette espèce, si commune
en Anjou, sur les rives sablonneuses de la Loire, est chez nous
presque une rareté . Dans mon Inventaire des plantes de la Sarthe (2)
j'ai relevé l'indication d'une vingtaine de localités, plus ou moins
tlisséminées daus hi vallée de la Sarthe, dans celle du Loir et dans
la région sablonneuse que traverse la ligne du chemin de fer de

(1) Catalogue des plantes de Saint-Calais, p. 211.


(2) Inventaire général des plantes phanérogames de Ia Sarthe, p. 92.
199 --
Tours; aucune ne dépasse sensiblement le parallèle dit Mans (48° de
latitude nord). Ajoutons qu'en plusieurs endroits elle présente les
allures d'une plante adventice plutót que naturalisée. — Quant a
1'0.x. suaveolens Desf., c'est une plante des jardins, qui s'en
échappe quelquefois. Je l'ai rencontré dans ces conditions, pas
autrement.
Trapa natans Linn. -- Plante des eaux stagnantes,
étangs ou mares profondes, quelquefois rivières; parait être assez
rare dans notre département. Les localités qu'on connait se trouvent
toutés au sud du parallèle passant a quelques kilomètres au-dessus
du Mans, par 48° 3' de latitude nord. Ce sant : Lavaré et la Cha-
pelle-Huon, dans l'arrondissement de Saint-Calais; Chemiré-en-
Charnie, Saint-Denis-d'Orques, La Suze, Roëzé, Saint-Gervais-
en-Belin, dans celui du Mans; Saint-Jean-du-Bois, Mézeray,
Courcelles, Mareil-sur-Loir, Clermont, Sablé, Précigné, dans
celui de La Flèche. On ne l'a pas signalée dans l'arrondissement
de Mamers.
Isnardia palustris Linn. — Plante des lieux maré-
cageux, aux bords des étangs, des rivières ou des ruisseaux, assez
rare chez nous. On n'en connait guère qu'une dizaine de localités
dispersées dans tout le département et souvent assez éloignées
les ones des autres : Assé-le-Boisne, Chemiré-en-Charnie, Vibraye,
Saint-Mars-la-Bruyère, Pontlieue, Mulsanne, Coulans, La Suze,
Sainte-Colombe près de La Flèche et Ruillé-sur-Loir.
Circaea lutetiana Linn. •— Éspèce assez commune, dans
les lieux frail et ombragés. On la trouve a feuilles tout a fait
glabres ; c'est la forme glabr folia Desp., qui, je crois, ne mérite
pas d'être distinguée.
AMB. LENTIL.

tine excursion botanique k Hong-Kong


Vous me dites dans une de vos lettres que, depuis volre retour
en France, « vous ne rêvez que des fleurs de l'Orient. » Je vous
comprends. Bien que la Flore de France soit si belle, si suave, si
— 200 --
fraiche, on ne peut s'empêcher d'être émerveillé par la Fiore si
variée et si curieuse des pays d'Orient.
Voulez-vous me permettre de vous raconter une de mes prome-
nades ou excursions botaniques dans l'ile de Hong-Kong? Je sup-
pose que cela pourra vous intéresser, comme m'ont vivement
intéressé vos excursions dans les Nilgherries si bien (Writes dans
les premiers Os de votre Revue.
Nous sommes au 3 aout : bien qu'il fasse très chaud, ce n'est
pas comparable, je pense, a vos chaleurs de l'Inde et avec un
bon chapeau-liège à l'anglaise on peut se risquer dans la montagne
sans autre inconvénient qu'une bonne suée.
Je ne voos parlerai pas ici des plantes communes des routes et
chemins que l'on rencontre a chaque pas ; je ne les ai pas mar-.
quées, du reste, dans mes notes du 3 aout que je vais vous trans-
crire, et qui signalent seulement les plances nouvelles pour moi
rencontrées en cette excursion.
Cependant je ne veux pas passer outre sans vous dire un mot
d'une de vos connaissances de 1'Inde, la Verbena indica (Stachy-
tarpheta indica Vahl.) qui orne de ses longs épis de jolies fleurs
bleues zoutes les routes et sentiers de notre Ile. Ce n'est pourtant
pas une « indigène ') . Elle est arrivée ici de l'Inde avec les Anglais;
mais elle y a tellement pris pied et domicile qu'on la rencontre
partout parfaitement spontanée, et je souhaite que la prise de pos-
session des Anglais soit aussi solide que celle de la fleur.
Done, nous allons laisser de cêté la route ordinaire et suivre
avec tous ses tours et détours l'Aqueduc qui amène à la ville les
eaux du Réservoir de Pok-fu-lom. C'est du reste une promenade
fort pittoresque, avec une belle vue sur la mer, par un sentiér tracé
en corniche, pendant plus d'une lieue.
Une des premières fleurs qui attirera notre attention est l' Aster
baccharioïdes, Seetz ; pais une belle Personacée à grandes fleurs
bleues-violettes, l' Adenoma grandi f fora Bench.
Voici sur les berges de l'Aqueduc deux intéressantes Polygalées
qui m'ont donné grand plaisir à rencontrer : le Salomonia Canto-
niensis Lour., à petites fleurs roses, quelquefois blanches, et le
-- 201
Pol ygala glomerata, peu brillant avec ses fleurs verdátres, mais fort
intéressant et mémefort rare car je nel'ai trouvé qu'en eet endroit.
Plus loin, en traversant le lit pierreux d'un petit torrent de
montagne, nous trouvons en abondance l'Eriocaulon Wallichianum
Mart., avec ses capitules blancs-farineux.
Voici maintenant une intéressante cucurbitacée, Melothria indica
Lour. qui pousse ses tres grimpantes sur les buissons et les rochers.
Tout à cóté je rencontre fort heureusement une des raretés de
file de Hong-Kong, le Thysanotus chinensis Benth. C'est une
belle Liliacée apétales bleus délicatement frangés. C'est une Plante_
de tournure Australienne, dit quelque part M. Hance, et c'est en
Australie qu'elle a ses congénères. Çà et la, le long de p otre route,
nous rencontrons une autre Liliacée, Dianella ensifolia Red.,
très commune à Hong-Kong.
Mais voici un petit marécage : là, nous trouverons sans doute
quelques specialités. Ce sont j ustement plusieurs petites plantes de
famille et tournure francaises : nous aurons d'autant plus de plaisir
à les cueillir. Ce sont : Utricularia bifida Linn., à petites fleurs
jaunes ; Utricularia racerosa Wall., à petites fleurs bleues.
— Dans le même marécage, voici de beaux spécimens du Drosera
Loureiri Hook. et kn. avec ses jolies rosettes de feuilles rouge-
sombre en spathule à longs polls rouges glandulaires.
tine autre plante intéressante de ce marécage, c'est le Mitra-
sacme capillaris Wall., (Loganiacées), croissant avec les Utricu-
laria dont it a le port et la taille.
Sur les pestes sèches qui bordent l'Aqueduc se trouve en abon-
dance une jolie Myrtacée, Baeckea , frutescens Linn. Elie a le port
et le feuillage d'une Bruyère : aussi mes confrères, qui ne sont pas
spécialistes l'appellent tous la Bruyère de Hong-Kong. C'est encore
une plante de tournure Australienne et qu'il est intéressant de ren-
contrer ici. Elle a ses congénères en Australie dans le groupe des
Leptospermum de la grande famille des Myrtacées,
Én traversant un autre torrent de montagne, nous rencontrons,
toujours dans une position pittoresque au milieu de rocailles buis-
sonneuses, la plus belle des Orchidées de Hong-Kong, Arundina
T. II. 7*
-- 202 —
chinensis Blume. — Belles grandes fleurs roses a labelle veiné et
pointillé sur tige de Roseau. — De plus cette belle plante a l'avan-
tage de Bonner des fleurs sans cesser pendant quatre ou cinq mois
de l'année.
Mais nous voici arrivés au Réservoir initial de notre Aqueduc.
Dans une haie du voisinage bordaut un petit herbage, admirons
toute une floraison d' Amaryllis candida Lindi (Zephyrantes).
Il est possible que ce soit une échappée de jardins, mais else paraat
bien naturalisée.
Sur les bords du Réservoir, je trouve le Sonchus palustris
Linn. 11 n'est pas signalé dans la Flore de Hong-Kong.
Descendons maintenant au bas du Réservoir : une pente herbeuse,
une autre boisée et un marécage au bas attirent les recherches. --
Sur la pence herbeuse, j'ai presque une idée d'une prairie de
France au temps des Orchis... au temps des «Pentecótes » comme
on dit en pays Manceau. Voici sous mes yeux toute une floraison
d'Habenaria linguella Lindl., dont le port,les feuilles, l'inflores-
cence rappellent les Orchis ordinaires de nos prairies; mais ici les
fleurs sont jaunes, couleur chinoise par excellence.
Sous bois, a coté, voici deux intéressantes Papilionacées, le Des-
modium polycarpum de Cand., et le Desmodium elegans Benth.
Ce dernier est remarquable, non par ses fleurs qui sont fort petites,
mais par ses deux bractées florales, rondes et larger comme une
sapèque, avec de belles veines et une teinte rousse, le tout d'un joli
effet. Les Chinois appelleut cette plaste « Sapèques de la Vieille
Grand'Mère. »
Plus bas, dans le marécage, j'ai le pIaisir de faire connaissance
non pas seulement avec une Espèce, mais avec une Famille nou-
velle pour moi, celle des Xyridacées, en la personne du Philidrum
lanuginosum Banks. C'est certainement une des plantes qui m'ont
le plus intéressé a Hong-Kong.
A cóté, je récolte plusieurs autres plantes de marais : Herpestis
Monniera, H. B. et K., Torenia rubens, var, grandiflora Benth.
Limnophila gratissima Blume.
En sortant du bas-fond, mon attention est attirée par une grande
--- Q203 —
liane à magnifiques feuilles argentées : c'est l'Argyreia speciosá
Sweet. Elle paratt là bien spontanée, mais comme je ne Ia vols pas
signalée dans la fore de l'tle, je soupconne que 'c'est, peut-être,
une « naturalisée. »
Nous voici arrivés au terme de notre excursion, c'est-à-dire en
rotre Sanatorium ou maison destinée à recevoir les missionnaires
malades. — Au pied du mur d'entrée, cueillons en passant le Corn-
melyna Benghalensis (Linn.) : c'est sans doute une de vos con-
naissances.
Entrons, si voos voulez : ou mieux encore, descendons à la mei
prendre un bain bien mérité. — Là, 'nous trouverons toute une
Fiore spéciale; mais ce sera pour une actte fois ; aujourd'hui je
craindrais d'abuser de votre patience.
Hong-Kong, 5' f évrier 1893
EM. BODINIER
Provicaire -Apostolique du Kouy-Tchéou.

PHYTOGRAPHIE

Descriptions of New Australian plants, with


occasional other annotations
BY BARON VON MUELLER, K.C.M.G., M. et hi. D., LL.D., F.R.S.
(Continued.)
Eelleya Salmoniana.
Herbaceous, erect, except the flowers glabrous ; branches wiry
thin ; leaves thinly linear-filiform ; flowers solitary, axillary, con-
stituting leafy racemes; peduncles capillulary, as long as the
flowers or somewhat longer, unprovided with bracteoles, jointed
with the very much shorter pedicels ; segments of the calyx
subulate-linear ; corolla outside beset with very short hairlets,
inside bearing capillulary descending scattered and ciliolating
setules, the lobes bearing acute forward membranous appendages ;
style beset with spreading hairlets ; stigma-cover at the orifice
glabrous; fruit small, óvate=globulaír, by nearly jone-lialf ór about
— 204 —
one-third longer than the calyx-segments, outside imperfectly
pubescent; dissepiment rudimentary ; seeds 6 or less ripening,
pale-brownish, prominently margined and surrounded by a rather
broadish membrane.
Near the Gascoyne-River ; Lady Margareth Forrest.
Root and basal leaves unknown. Lower leaves to I 1/2 inches
long, upper gradually lessened to about half an inch length.
United peduncle and pedicel 3/4-1 114 inch long. Calyx slightly
beset with hairlets, about 1/8 inch long, except at the very • base
quite free. Corolla about half an inch long, the appendages of
all the lobes conspicuous, in the only available specimen bleached
already, but likely yellow ; undivided portion of the corolla much
shorter than the lobes. Stigma-cover bearing some few hairlets
at its base. Fruit turgid, about. 4/6 inch long or little longer.
Seeds of equal height, nearly 1/8 inch long, flat, pyriform-ovate,
when placed into tepid water emitting a copious tough whitish
mucus.
This evidently rare plant would have perhaps no claim to bear,
as now wished, the celebrated name of the Rev. Dr. George
Salmon, were it not for the rarity of the species ; but the writer
was eager, yet within the year of the three hundredth anniversary
of the Dublin-University to bestow on some new plant of the
Australian Flora also in phytographic commemoration the name
of the illustrous divine, who as President of the Royal Irish
Academy and of Trinity-College was so leadingly connected with
this memorable jubilee.
This Velleya connects that genus still more closely with
Goodenia ; indeed it would be a genuine ,congener of the latter,
if the segments of the calyx coalesced into an even only short tube.
At a mere passing glance V. Salmoniana might be taken for
Goodenia /ilformis, so great is the habitual resemblance, and this

confusion would be all the more excusable, as no other species


exist in the genus Velleya at all of such an aspect. Nevertheless
the distinctions are in various respects well marked, G. fl
having the leaves broader, the calyces adnate, the corolla outside
-205
less pubescent, but unilaterally its tube protruding, the style gla-
brous, the fruit surpassed by the calyx, the seeds smaller blackish
outside with much narrower margin.
Glossostigma trichodes.
Erect ; leaves in tufts, from linear-to elliptic-spatular ; peduncles
very long, thinly capillulary, numerously crowded together; lobes
of the calyx very unequal, much shorter than the tube; corolla-
lobes conspicuously extending beyond the calyx, unfringed ;
stamens four, their upper portion emerged ; style conspicuous ;
capsule enclosed ; seeds ellipsoid, their testule subtle clathrate-
streaked.
Near Parker's Range; Edwin Merrell.
This plant is in habit very different from the three other Glosso-
stigmas, inasmuch as the leaves and peduncles are close together in
great numbers, no creeping offshoots being observable on the spe-
cimens received. The flower stalks are generall y several inches long,
and it would appear, that the plant grew submergedly, and elon-
gated its peduncles in the striving of its flowers, to reach the sur-
face. In most other respects this Glossostigma approaches very
near to G. drunzmondi. The extreme thinness of the peduncles
renders them so laxe as hardly to be able to bear the weight of the
flower.
-- Extra-print from the Victorian Naturalist, December,1892.

TAXONOMIE

Les affinités naturelles des Coprins


En général, les mycologues placent les Coprins tout b la fin de la
famille des Agaricinés, comme des étres spéciaux, distincts, dif-
ficiles a rattacher a une autre réalisation.
Quelques observations nous suffiront pour établir combien peu
rationnelle est vette classification, qui brine les rapports les plus.
naturels des étres, et pour montrer que le genre Coprinus est beau-
coup plus rapproché des calycarpes leucospores et chromospores
200
que des genres h spores noires auprès desquels on . le- place
d'ordinaire.
Les caractères distinctifs des Coprins sont la couleur des spores
et la déliquescence des feuillets. Le premier de ces caractères est,
dans la plupart des cas, très constant ; malheureusement, son
importance n'est pas corrélative de sa constante, et it ne saurait
représenter la base d'une distinction générique.
Nous pensons que Fries, qui s'en est servi le premier, n'avait, en
l'utilisant, d'autre intention que de rendre plus facile l'étude des
hyménomycètes à feuillets, et it s'est Bien gardé d'ériger en genres
les diverses sections de l'Agaricus établies sur sa considération
Cette idée de faire deux genres distincts du Lepiota et du Psalliota,
par exemple, ou du Pleurotus et du Crepidotus, ou de l'Omphalia
et de l'Eccilia, est absolument récente, et nous sommes persuadé
que si le grand mycologue avait eu à indiquer la place de chacune
de ces sections dans la série des Agaricinés, it n'aurait pas ainsi
séparé des êtres que relient entre eux les plus étroits rapports
morphologiques et anatomiques, en dépit de la différence de colo-
ration de leers spores.
Les Coprins ne sauraient done être isolés sur cette seule consi-
deration. Reste la déliquescence, qui n'a pas même la valeur d'un
caractère physiologique, et qui est à la putréfaction des autres
formes charnues ce quest, en toutes choses, le plus au moins.
On sait que les champignons sarcodés sont divisés, scion la
nature de leur substance, en deux grandes séries : les imputres-
cibles et lesputrescibles. Les premiers, après,l'émission des spores,
se dessèchent sur place; les autres se réduisent en une bouillie plus
ou moins aqueuse, qui devient rapidement la proie des larves ou
des nématés saprophytes.
11 nous semble logique de penser que ce dernier résultat est
d'autant plus vite atteint que la texture est plus molle, plus- tendre,
plus fragile, et qu'un Coprin, qui s'est accru très vite, parfois en
l'espace d'e quelques heures, et qui par suite est compose de fibres
très pen résistantes, doit se décomposer plus promptement qu'une'
Russule, done-la chair est sèche et coriace.
-- 207 —
La déliquescence n'est done pas une fonction, mais simplement
un mode particulier de putréfaction ; elle constitue par suite une
caractéristique arbitraire.
D'ou it résulte que les Coprins ne forment pas un groupe distinct
des autres agarics. — Voyons maintenant leurs véritables affinités,
que nous ferons reposer sur leurs caractères anatomiques
généraux.
Its ont l'hyménophore libre, les feuillets également libres, un
velum universel qui les entoure de toutes parts avant leur complète
évolution, et qui persiste a la base du stipe sous la forme d'un
volva rudimentaire, souvent oblitéré, et sur le pileus sous la forme
d'écailles adhérentes ou non adhérentes.
Cette simple énumération de caractères est suffisante pour que
nous puissions avancer vette proposition qui étonnera peut-être,
quoiqu'elle soit 1'expression de la plus évidente vérité, 'a savoir que
le Coprinus est simplement un Amanita a spores noires.
Si l'on veut préciser, d'ailleurs, on pourra dire que les espèces
a velum universel discnet correspondent aux Amanites, et les espèces
á velum universel concret aux Lépiotes ; le passage d'une forme a
l'autre, ainsi établi par des types appartenant a un groupe très
naturel, fournirait un argument en faveur de l'unité de l'immense
genre Agaricus, si peu rationnellement morcelé de nos jours.
A. ACLOQUE

BOTANIQUE APPLIQUÉE
HORTICULTURE

La culture et le commerce des fleurs dans les


Alpes-Maritimes (Suite)
Pour établir, même d'une faeon approximative, la statistique
de la production des fleurs dans les Alpes-Maritimes, soit pour
la vente locale, soit pour l'exportation en fleurs coupées, soit
pour la distillerie, it est besoin de diviser le sujet. Nous exami-
— 208 ---
nerons done successivement : 1° La consommation locale , en
fleurs pour bouquets, fêtes, etc. ; 2° l'exportation par toutes les
villes du littoral ; 3° la distillerie locale ; 4° la distillerie des
montagnes.
La consommation locale est assez difficile a apprécier justement,
les bases étant presque nulles ; pour nous, cependant, qui aeons
assisté aux fêtes de Cannes et de Nice, il nous est possible de nous
représenter un chiffre approximatif correspondant a la vente cou-
rante, journalière et celle qui a pour objet l'ornementation des
chars, voitures de fêtes, bataille de fleurs, cavalcades etc. le pain
hebdomadaire de nos étrangers sur la cote fleurie tout au long de
1'hiver. Il ne nous parait pas excessif d'estimer a 460 000 kilo-
grammes la quantité de fleurs employées pour les besoins locaux
de-Cannes a Menton. Il faut tenir compte que la vente journalière,
en dehors des fêtes, est assez considérable et que la saison dure,
en-réalité six muis. En établissant pour les trois villes principales
de séjour pour les &rangers, Nice, Cannes et Menton, avec les
villes secondaires placées dans leur proximité, Monaco a Menton,
Villefranche et Beaulieu à Nice, Antibes, Le Golfe et Vallauris à
Cannes, une proportion atlant de 8 a 1, soit 8 pour Nice, 4 pour
Cannes et I pour Menton, on voit que le chiffre de 160 000 kilog.
représente une consommation mensuelle moyenne de 16 400 kilog,
pour Nice et ses annexes, 8 200 kilog. pour Cannes et 2 050 kilog.
pour Menton ; soit encore environ 546 kilog. pour Nice, 273 kil.
pour Cannes et 68 kilog. pour Menton, de consommation journa-
lière moyenne. Ces chiffres ne seront certainement pas désap-
prouvés par tons ceux qui savent combien la fleur tient de place
dans les besoins de toes les hivernants le long des ravissantes
cotes des Alpes-Maritimes.
L'exportation par toutes les villes du littoral atteint aujourd'hui
un chiffre considérable. A ce,sujet, il n'est pas inutile de rappeler
ici les évaluations par espèces de fleurs, que M. Charlès Piesse,
u n des plus ' savants collaborateurs de l'Fncyclopédie brita,nnique,
donne dans un ouvrage publié en France par M. Réveil, profes-
seur a la Faculté de médecine et édité par Baillière. Voici com-,
— 211 —

Tent le chimiste anglais établit la répartition de la statistique flo-


rale du département.

Fleurs d'or.anger. • • 1 860 000 kilog


Roses I 000 000 --
Violettes 45'7 000 —
Jasmin. , 147 000 r-
Tubéreuses ..... .. 74 000 —
Cassies 30 000 --
Jonquilles 50 000 —
Réséda 20 000 --
Soit un total produit de. 3 338 000 kilog.

Ces chiffres, qui étaient peut-être exacts, it y a quelques années,


n'ont plus, aujourd'hui, qu'une valeer comparative avant été lar--
gement dépassés, nous le montrerons bientóto Nous disions plus
Naut que la rose et l'oeillet étaient les deux fleurs principales, cel- J
les qui donnent la plus grande part à l'alimèntation industrielle, et
eétte dernière n'est même pas citée dans la liste de M. Charles
Piesse.
L'établissement d'une statistique ne pourrait avoir lieu' d'urré
facon indéniable qu'avec le concours des compagnies de transport.
Or nous devons dire qu'elle nous l'ont refusé. Nous n'avons pas
moms cherché à la tirer de nos propres observations ; mais nous. i
pouvons nous dissim'uler que, quelquessoins que l'on apporte à
une étude de ce genre, les résultats Obtenus manquent d'une

grande certitude, on le comprendra aisément.


(A suivre). E. DESCHAMPS.

MEDECINE

Tinospora cordifolia Miers (Suite)


V. -- Usages ordinairen
Le Tinospora cordifolia renferme un principe colorant jaunâtre
jusqu'ici peu connu et susceptible d'être employé pour la teinture.
--212

Les tiges broyées donnent une matière légèrement jaune; si de , plus


on les fait bouillir, on obtient alors une teinture d'un jaune foncé,
solide et durable. Le sue des fruits produit une couleur pourpre
solide. Le brou qui recouvre le fruit n'est pas moins riche en tannin
que la noix de Galle (Terminalia chebula Retz) ; it tache les doigts
comme l'indigo (indigofera tincloria.)
L'amande féculente renterme une huile jaune siccative très usi-
tée pour le vernissage.
La plante est d'un fort bel effet dans les jardins. On s'en sert
pour tapisser les murs et garnir les toneelles et les serres ou méme
pour masquer lestroncs des arbres isolés. Les Arabes mangent les
fruits du Tinospora si aigres et amers qu'ils soient. Toutefois, pour
en modifier le gout, it les font fermenter avec des raisins secs et
les saupoudrent de sucre. Its en tirent également une boisson fer-
mentée et enivrante qui pour eux remplace le vin : its en font
aussi de l'alcool.
_ Les brahmes, dans quelques-unes de leurs principales cérémonies
religieuses, emploient la plante comme breuvage après l'avoir ré-
duite en poudre et mêlée au beurre, a l'eau ou de préférence au
miel. Ce breuvage, ou an breuvage analogue, offert d'abord aux
idoles, est appelé pirassadame, ce qui signifie : ambroisie. Les
brahmes sacrificateurs le distribuent aux assistants en qualité de
don, sacré, reste du sacrifice.
Les bêtes a comes, spécialement les chèvres aiment a brouter
les tiges et feuilles du Tinospora. Tiges ou racines adventives,,
séchées puis mouillées, sop t préférables aux cordes et, en raison
de leur longueur et de leur flexibilité se prêtent merveilleusement
au róles de liens ou a la fabrication de cordages variés. On em-
ploie aussi à- la fabrication des cordes et ficelles les épidermes qui
se détachent naturellement en forme de longs filaments. La couche
superficielle des racines adventives fournit des fibres textiles. Les
racines priniordiales mêlées a d'autres espèces également amères
servent a fabriquer la bière noire anglaise dite bière de Porter.
Les habitants des montagnes et des forks pour chasser loin d'eux
les épidémies ou pour écarter les bêtes venimeuses, faconnent avec
-213
ces lianes les berceaux, lits et ustensiles à leur usage. Its emploient
comme nourriture les bourgeons, fleurs et fruits tendres de la
plante qu'ils dépouillent de leur amertume en y . mêlant du lalt,.
du beurre, du sucre candi ou mieux du miel.

(A sufure) A. SADA

BOTANIQUE RECREATIVE

TOUTE L'INDE
oU

GUIDE DU BOTANISTE AUX INDES

Le collège colonial de Pondichéry est une assez vaste construc-


tion régulière munie d'une première cour intérieure dont la m'oitié
est occupée par un jardin dans lequel on remtrque surtout des
Bauhinia, des Hibiscus et des Croton.
College du Gouvernement, cet établissement a été confié à la
Société des Missions étrangères qui y donne l'instruction secon-
daire, conforme aux programmes universitaires, aux enfants et
jeunes gees de toute classe, caste et religion.
Lors de mon arrivée dans l'Inde, le collège avait à sa tête le
P. Renevier, homme débonnaire, à physionomie majestueuse et
imposante, auquel devait succéder un nourrisson de l'Université,
le politique P. Dury. Il comptait alors, parmi ses professeurs, le
P. Carrazé, pyrénéen, missionnaire de vieille roche, et le P. Leroy,
musicien d'un grand talent.
Je passeraf rapidement sur mon séjour dans cet établissement,
sorte de quartier général d'ou je m'élancai à plusieurs reprises
dans les directions les plus diverses pour accomplir ces voyages
dans l'Inde que je me suis proposé de retracer ici.
tI4

Je dirai seulement que^, cédant à ma passion pour l'histoire


naturelle, j'aménageai dans le collège un muséum qui promettait
pour l'avenir, auquel j'avais adjoint temporairement une petite
ménagerie. Ni l'une l'autre ne furent goutées par le stafff du
collège, en général pen amateur de sciences, et toutes ces collec-
tions,- devant des craintes chimériques de choléra et autres fléaux,
durent être dispersées au moment même ou elles avaient atteint un
chiffre respectable.
D'ailleurs le Muséum de Ia viile venait d'être dissous. Pourquoi
Je l'ignore. L'imitation est contagieuse ; il est aussi toujours dan-
gereux de sortir des chemins battus.
J'avais réuni une assez belle collection de clines. L'un d'entre
eux présentait cette particularité de compter un os de plus, l'occi-
pital étant divisé en deux. Je m'étais procuré ces cránes en explo-
rant un soir, en compagnie de l'auteur de la petite Géographie
des Indes Orientales, un cimetière indien d'ou je rapportai
nombre d'ossements.

Funérailles. — Jongleurs. — A la campagne. — Les castes.


-. Le veuvage. -- L'ascension des classes. -- Noël. — Le
premier de l'an aux Indes.

Les Indiens qui sufvent le culte brahmanique n'ont pas, en


effet, le même mode de funérailles. Les uns ensevelissent
leurs morts, les autres les incinérent et pratiquent ce que l'on
nomme la crémation. C'est á ce second mode que nous nous arrê-
terons plus spécialement.
Il m'est arrivé de voir souvent des morts portés au bucher,
accompagnés de musicians et de pleureurs ou de pleureuses. II
faut aller en Orient pour bien comprendre les récits de 1'Évangile:
Le jour des morts on loue également un bon nombre de ceux qui
ont la spécialité de pleurer, aussi en rencontre-t-on beaucoup ce
jour-là dans les cimetières indiens.
J'ai encore levant les yeux un jeune homme mort du choléra
que je vis porter au bucher, assis -sur un fauteuil, escorté de- ses
-- 2I5 .......
amis et revêtu de ses plus beaux habits. En Orient, on porie sou
vent les morts a découvert.

ATTELAGE INDIEN (d'apres une image indienne en mica)

Sur le bucher, et sous l'action du feu, les gaz du cadavre se


dilatent, it en résulte des mouvements parfois désordonnés aux-
quels se livre le corps du trépassé. Les incinerateurs, convaincus
que de mauvais esprits veulent s'emparer du corps du défunt,
prennent de grandes gaules et frappent a céups redoublés stir le
malheureux cadavre jusqu ' à ce quill veuille bien demeurer tran-
q,uille.
Puisque nous sommes sur le chapitre de la mort, disons de suite
que comme les Orientaux en général les Indiens ne redoutent pas
le trépas. lis le voient avec indifférence et vont, peut-on dire, au
tombeau comme ils vont au repas. C'est là un résultat du climat
et peut-être aussi du paganisme.
Durant mon séjour au collège colonial, j'eus l'occasion d'assis-
ter plusieurs fois a des séances de prestidigitation donnée, moyen-
nant une légère rétribution d'environ deux francs chaque fois, par
des jongleurs indiens dans les cours du collège, en présence des
professeurs et des élèves. Les jongleurs indiens, qui sont aussi
charmeurs de serpents, sont d'une dextérité merveilleuse et d'un,q
— 216
habileté sans rivale. Its err remontreraient à nos meilleurs presti-
digitateurs européens. Remarquez bien qu'ils opèrent près de
vous, entourés sou vent par le cercie du spectateur et que leur état
de nudité presque complète rend plus difficiles les escamotages.
Leurs tours les plus gracieux sont le tour du manguier, dont
j'ai donné naguère dans le Cosmos une explication détaillée et le
tour du panier. Celui-ci, qui consiste à faire disparaitre une
femme, étroitement liée au préalable, dans un panier que l'on
perce de part en part ensuite de tons cótés á coups de sabre, a
été réalisé cependant par nos physiciens d'Europe.
Généralement la femme revient dans le panier, mais parfois elle
revient d'ailleurs. Comment opérent-ils alors? Je l'ignore. La
disparition dans ce cas est complète et pourtant l'opérateur est
absolument entouré par les spectateurs. Que se passe-t-il ? L'ex-
plique qui voudra ou qui pourra.
Rappelons à ce propos ce que disait naguère M. Sada dans une
note de sa Fiore médicale (1) : cc Voici un fait qui se reproduit de
temps à autre dans l'Indeet qui n'est ni de la fantaisie, ni de la légen-
de. Certains individus, ordinairement des fakirs indous..., se font
ensevelir dans des tombeaux... Its demeurent ainsi... comme de
vrais cadavres pendant... plusieurs semaines, parfois plusieurs mois
et ils se réveillentau moment'fixé. » Et l'auteur faisaitla preuve. Ces
faits justifient cette parole d'un fakir à un Européen : sur la vie et
l'union de fame et du corps nous en savons beaucoup plus long-
que tour vos savants.
Les jongleurs charment les serpents au moyen de la musique et
se garantissent contre leers morsures en se hadigeonnant le corps
du jus de plantes particulières. Le serpent dunt ils font usage est
ordinairemeut le cobra ou serpent capel autrement dit le redou-
table serpent à lunettes (Najas tripudians). C'est même de l'un
d'entre eux que j'obtins pour une modique somme un magnifique
spécimen de cette espèce que j'enfermai vivant dans un bocal et
plongeai dans l'alcool ou it ne tarda pas à mourir, .non toutefois

(1) Cf. Le Monde des Plantes, tome I, p. 79.


— 217 —
sans avoir essayé de rompre avec ses anneaux sa prison de verre.
Les charmeurs de serpents jonglent aussi avec les scorpions.
Somme toute, les jongleurs ou charmeurs de serpents sopt d'ha-
biles prestidigitateurs et forment une caste à part. Its pratiquent
beaucoup le charlatanisme. Se bornent-ils à sela?Je n'en jurerais pas.
Très curieuse la facon de traire les vaches dans l'Inde. Notre
gravure représente cette scène. Le veau doit être présent. On a
soin de le museler: N'importe. La mère s'imagine que c'est lui qui
bénéficie de son lalt et se laisse traire. A défaut du veau, on a
recours a un mannequin recouvert d'une' peau de veau. Pendant
qu'on la trait la mère lèche amoureusement son enfant imaginaire.
0 intelligence des animaux!

MODE DE TIIAIRE LES VACHES (d'aprés une image indienne en mica)

Ceci me rappelle le mode de faire trotter le boeuf dans l'Inde.


Le conducteur tord, a sa naissance, la queue de l'animal qu'il
veut exciter, ou lui allonge de temps à autre un coup de son pied
nu entre les jambes de derrière.
Nous allons, si vows y consentez, nous écarter quelques instants
de la ville pour aller passer quelques heures de villégiature au
bord du Grand Etang d'Oussoudou; 7 milles nous en séparent.
C'est peu et c'est beaucoup : peu pour moi, une simple promenade.
Mais, pour nombre de Pondichériens, c'est beaucoup.
-218--
Beaucoup d'entre eux n'ont jamais fait un tel voyage.
Pour nous transporter nous prenons une djalka, voiture a deux
roues, en forme de grande holte, munie de 4 ouvertures, une
devant, deux en côté en une en arrière, celle-ci est la porte.
Deux sièges a l'intérieur, chacun pouvant doener place à deux
personnes, celui de derrière en contre-bas de celui da devant.
Le conducteur ou vandi carren prend place sur son siège, et
en avant, nous voilà partis. Heureux si nous n'avons pas un cheval
rétif ou capricieux. Its sont fréquents parmi la gent chevaline
maigre et efflanquée du Sud de l'Inde.
Rizières, plantations de bétel se succèdent rapidement. Jatro-
pha curcas au suc brulant, Cocotiers, Aréquiers, Rondiers, Dat-
tiers, Bananiers, Figuiers des Banians, Tamariniers, Manguiers,
Papayers, Opuntia, Aloès, plantations de Canne a sucre et I'Ara-
chides, Porchers, Margousiers défilent sous nos yeux.
Quelques pagodins fixent notre attention, la douane est dépas-
sée, les collines de grès sont franchies, la route devient de plus
en plus ornbragée et pittoresque. Nous void arrivés.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.

Informations
Une nouvelle revue botanique intitulée : Erythea vient de paraitre en
Californie (Etats-Unis).

Décédés : le botaniue bryologue C.-P. SMITH, M. PASQUALE, directeur du


Jardin botanique de Naples, Dr PRANTL, directeur de l'Hedwigia, revue
cryptogamique.

Chronique générale
Les Signes de la mort
On sait que, dans certains cas, ii est très difficile de s'assurer de la
cessation de la vie. On peut alors employer les moyens suivants :
4° Bruler, au moyen de la flamme d'une bougie, le corps du défunt : it
se produira une ampoule que l'on percera. Si cette ampoule est sèche, it y a
mort; si, au contraire, elle renterme de l'humeur, it y a vie .
20 Enfoncer une épingle dans la peau de l'individu que l'on suppose être
- 21 J ""
mort. Si la personne est morte, le trou reste formé comme s'il avait été
fait dans du cuir; si elle est vivante, la peau se contracte et le trou de
1'épingle disparaat entièrement.
30 Quand le corps est doué de la rigidité cadavérique, prendre vigoureu-
sement un des bras et le faire jouer autour de l'articulation. Si le bras reste
ensuite mobile, la mort est certaine ; si la rigidité cadavérique reparait, on
se trouve en présence d'un cas de léthargie.

Varia
Le plus ancien rosier du monde
Cet arbrisseau historique, qui commence à pousser ses premières feuil-
les, végète à cóté de la cathédrale de Hildesheim (Hanovre). On assure qu'il
a été planté par l'empereur Louis le Pieux, it y a plus de dix siècles. Les
documents relatant le fait ont été anéantis dans un incendie qui détruisit
la cathédrale. Lors de la reconstruction du monument, les racines du rosier
furent replantées dans un caveau, qui existe encore, et d'ou la tige sortit
en passant par un soupirail. Auiourd'hui cette tige a plus de huif mètres
de hauteur et ses branches couvrent environ neuf mètres du mur extérieur
de la crypte de la Cathédrale (Croix).

Bibliographie
Cultivo de los Rosales en Macetas. MARIANO VERGARA. Bien que
l'édition de ce livre soit à peu près épuisée, nous croyons devoir cependant
le recommander aux rosiéristes et aux amateurs de roses. Cet ouvrage, qui
n'est qu'une traduction de l'ouvrage primitif de M. WILLIAM PAUL, intitulé
« Observations on the cultivation of Roses in Pots » est augmenté d'un
prologue du au traducteur. Dans ce prologue, M. VERGARA cite tous ceux
qui, de près ou de loin, sous un rapport ou sous un autre, s'occupent des
roses dans les différents pays. Les Observaciones sobre el cultivo de los
rosales en macetas traitent de la culture des roses en pots et renferment
la liste des variétés cultivées. Suit une conférence sur les Roses en pots
donnée par M. D. GLIMOUR à Walkley-Sheffield, en Angleterre, et traduite
par M. VERGARA. Enfin, le distingué rosiériste espagnol, sous le nom de
Antologia de la rosa, donne in-extenso 46 poésies espagnoles sur les roses,
la plupart dues à des pokes éminents.
Somme toute, cet ouvrage est un complément précieux de la Bibliografia
de la Rosa du méme auteur.
Géographie des Indes Orientales par S.-M. GENTILHOMME (1),
Bien que cet ouvrage ne soit pas précisément un ouvrage botanique, nous
n'liésitons pas a le recommander aux amateurs de &éographie orientale.

(t) Prix : 2 fr. 25. Librairie Edm. Monnoyer. Le Mans (Sarthe).


- 220 -M-
Edité á Pondichéry, c'est, à l ' heure actuelle, le seul manuel de géographie
des Indes écrit en francais. Tout y est condensé en peu de pages (294), et
chose rare pour une oeuvre didactique, la lecture de ce volume est intéres-
sante. Les paragraphes sur le climat, la faune, la fore, les minéraux,
l'agriculture, l'industrie, le commerce et l'ethnographie sont plus particu-
lièrement attachants. L'introduction donne le résumé rapide des principaux
événements historiques qui se sont succédé dans l'Inde depuis les temps
historiques jusqu'á no§ jours.

Revues
Sommaires
Bulletin mensuel de Societe lineenne de Paris (n o 434). Les laticifères
et les stomates dans les ovules de quelques Papavéracées. G. MEURISSE. —
Sur le Phanosperma globosum. H. BAILLON. -- Fargesia, nouveau genre
de Bamliusées de la Chine. A. FRANCHET. -- Des rapports des Lepidopi-
ronia et des Chloris. H. BAILLON. -- Les fleurs du Catabrosa aquatica.
H. BAILLON.

Bulletin de la Societe botanique de France (Session extraordinaire


en Algérie). La végétation sous le couvert des arbres. E. LUINIER. —
L'étude géo-botanique des terrains salants. JEAN VILBOL'CHEVITCH. —
Germination du Cocos nucifera. L. TRABUT. - Développement des
carpelles chez un Dattier male. L. TRABUT. - Sur la déhiscence des
capsules dans le genre Eucalyptus. L. TRABUT. - Herborisation dans
le Djebel Amour. L. - R. CLARY. -- Note sur un Podanthum aurasiacum
nouveau de la flore d'Algérie. BATTANDIER et TRABUT.
Cosmos (25 février). Dogmes scientifiques. L. REVERCHON.
(4 mars). La toxicité de l'if. — U p jardin botanique sous les tropiques
(3e et dernier article). H. LÉVEILLÉ.
Feuille des Jeunes Naturalistes (I er mars). Mycocécidies de Lorraine.
ABBÉ J.-J. KIEFFER. - Sur les plantes adventices. — Plantes adventices
naturalisées dans le département de Saone-et-Loire. D r X. GILLOT.
Journal de botanique (16 février). Recherches sur le développement
de la graine et en particulier du tégument séminal (suite). LEON GUIGNARD.
-- La tribu des Clusiées, résultats généraux d'une monographie morpholo-
gique et anatomique de ces plantes (suite). J. VESQUE.
(o er mars). Sur la classification des Basidiomycétes. PH. VAN TIEGHEM. —
Note additionnelle sur les sulfates et les nitrates des plantules en voie de
germination. E. BELZUNG. -- Lichenes neo-caledonici a cl. B. Balansa in No
va Caledonia lecti, nec non alii nonnulli ab aliis ibidem observati quas enu-
merat Dr J. MULLER (suite). -- A propos d'une nouvelle note sur les pelotes
marines par M. WILLIAM RUSSELL. C. SAUVAGEAU.
— 221 --
Journal of the Bombay Natural History Society (Vol. VII). The
poisonous plants of Bombay. K. R. KIRTIKAR. - Hereditary disease of
the branches and leaves of Ficus tsiela. Dr J. C. LISBOA. - Protective
resemblances. W. E. HART. - Botany of the Laccadives. D. PRAIN. -
Bombay Grasses. Dr J. C. LISBOA. -- Miscellaneous : Note on Angracum
sesquipedale. M. C. TURNER.
Naturaliste (15 révrier). La Marchailtie Protée. Dr P. GIROD. - Sur
la sexualité du caroubier. — Le jardin des plantes de Rouen. HENRI GADEAU
DE KERVILLE.
(ter mars). Sur la sexualité du caroubier. ED. HECKEL.

Nature (4 février). Lumière et Algues microscopiques. H. CoUPIN.

0 février). La locomotion des Diatomées. H. COUPIN.

Revue générale de botanique (janvier). Note sur les aiguillons du


Rosea sericea Lindl. P. DUCHARTRE. - Recherches sur la transmission
de la pression a travers les plantes vivantes. GASTON BONNIER. -- Sur les
causes de production des tubercules pileux des lames de certains Agarics.
GOUDIER. - Revue des travaux sur la description et la géographie des
Lichens publiés en 1891. ABBÉ HUE.
(Février). Recherches physiologiques sur les tubercules de la Pomme de
terre. A. PRUNET. - Nouvelle note sur les pelotes marines. WILLIAM RUSSELL.
— Recherches sur la transmission de la pression a travers les plantes
vivantes (suite). GASTON BONNIER. - Remarques sur la convergence des
formes conidiennes. J. COSTANTIN. - Revue des travaux sur les Algues
publiés de 1889 au commencement de 1892. CH. FLAHAULT.
Revue scientifique (25 février). Physiologie des plantes grasses.
E. AUBERT.
Revue scientifique du Bourbonnais et du centre de la France
(I er février) . Biskra,. souvenirs d'un naturaliste (suite). ERN. OLIVIER.

(ter mars). Orchidées nouvelles pour l'Allier. S.-E. LASSIMONNE. - Poten-


tilla fagineicola. ERN. MALINVAUD.
Revue scientifique du Limousin (15 février). Les Renonculacées (suite).
CH. LE GENDRE. - Le Battarrea phalloides. ERN. OLIVIER.

Extraits et Analyses
De la nature nutritive de la farine d'arachide. — Lors-
qu'on a retiré des arachides l'huile qui sert a de nombreux usages domes-
tiques, it reste encore dans ces fruits une farine qui possède un pouvoir
nutritif beaucoup plus considérable que celui de la farine de nos princi-
pales légumineuses. Tandis que les pois, les fèves, les lentilles ne contien-
nent que 23 a 26 a/° de principes albuminoïdes, la farine d'arachides en
contient 47 °/°. Elle renferme, en outre, 10 0/0 de matières grasses et
-- 222 —

19 0/0 de matériaux hydrocarburés. Cette farine réaliserait done un aliment


de premier ordre qui pourrait être utilisé par les diabétiques et qui scrait
très bon marché. Le D r Furbienger a insisté, dans la dernière séance de la
Société de médecine de Berlin, sur l'utilité qu'il y aurait a en vulgariser
1'emploi. (Cosmos).

Sociétés savantes
Académie des Sciences de Paris
Séance du 6 Février. — Note de MM. P.-A. DANGEARD et SAPIN-TROUFFLY
sur une pseudo-fécondation chez les urédinées.
Note de M. CH. DECAGNY sur les matières formées par le nucléole chez le
Spirogira setiformis, et sur la direction qu'il exerce sur elles au moment
de la division du noyau cellulaire.
Séance du 13 Février. -- D'une communication de M. L. FLOT, it résulte
qu'il existe, en dedans du bois primaire de la tige des phanérogames, des
formations diverses qui out toutes comme origine les mêmes initiales que
le tissu vasculaire et qui méritent d'être distinguées de la moelle propre-
ment dite. Il propose de désigner ces formations sous le nom de péricycle
interne.

Correspondance
Vellore, 28 janvier 4893,
CHER PROFESSEUR,

Je fais ici, dans l'Inde, grand usage de la banane. Chaque soir, pour
mon souper, mon cuisinier m'apporte invariablement un plat de riz cult à
l'eau que je trempe pour le manger dans une assiette . d'eau poivrée (mou-
lagoutannir). Assaisonné d'un morceau de poisson pourri (carouvádou),
le riz a l'eau poivrée me paralt très sain. Après cela, on me sert trois
bananes frites que je mange avec un morceau de pain dur. Et j'ai soupé.
Ce n'est pas Lucullus! Pour un missionnaire, it y a plus mal encore. Ne
nous plaignons done pas. « La banane est une très nourrissante saucisse ! »
Mais dites-moi done, dans votre petite correspondance, comment moudre
la banane. Votre article sur la culture de la banane (n o de janvier 4893,
p. 4 49) dit que moulue la banane se conserve aussi bien que la farine.
S. G.

Las Palmas (Canaries), 49 f évrier 4893,


La traversée est excellente jusqu'à présent. Je serai au Congo dans les
premiers jours de mars. Je suis chargé par l'État d'une mission dans le
Mayombé (près des possessions fran;aises). C'est une région couverte de
--223-_
forks; aussi j'espere faire, entre autres, d'amples récoltes de mousses
pour M. Renauld.
Le voyage n'a guère présenté d'incidents jusqu'á présent. Partis d'Anvers
le 8, a 40 heures et demie du matin, sur 1'Akassa, nous sommes arrivés a
Flessinghe a 9 heures du soir. Le lendemain matin nous avons passé
devant Douvres et les falaises anglaises, et les cotes francaises qu'on
voyait dans le lointain. La Manche a été trés mauvaise et nous a obligés á
fuir pendant deux jours vers 1'ouest.
PAUL DUPUIS,
Officier de la force publique a Boma (Congo) (I)
Sous-lieutenant au 7e de ligne (Belgique).

Offres et Demander
Nous pouvons fournir a ceux de nos abonnés qui le désireraient des
oiseaux empaillés du Sud de l'Inde et des centuries de plantes.
Pour les premiers it est nécessaire que l'on spécifie bien ce qu'on
désire.
Quant aux centuries de plantes, le prix est de 20 francs la centurie livra-
ble a domicile.
Les commandes seront ordinairement prêtes a livrer dans les trois mois
qui suivront leur réception.
Les envois seront faits contre remboursement.

Petite correspondance
M. Mariano Vergara. Madrid. Nous vous signalons dans les Mémoires
des Naturalistes de Kew (Russie), 4892, t. XII, liv. I, une étude sur les
Rosiers des environs de Kew, avec 3 planches; les espèces citées sont les
suivantes : Rosa balsamica Bess., R. canina L., R. corii folic Fr.,
R. dumetorum Thuill., R. gallica L., R. glauca Vil., R. glaucescens
Bess., R. mollis Sm., R. mollissima Fr., R. Reuteri Godet, R. 'rubiga-
nosa L., R. tomentosa Sm., R. trachyphylla Rau, R. venusta Scheutz.
Rev. Gentilhomme. Vellore (Inde). Polybiblion, 5, rue Saint-Simon
boulevard Saint-Germain, Paris.
La tige des bananiers renferme, en efi'et, des fibres propres a faire des
tissus durables et fins et nous en avons vu, mais la peau de la banane
renferme aussi des fibres textiles.
Pour moudre vos bananes, faites-les d'abord sécher. Vous pourrez
ensuite réduire en poudre la pulpe sèche soit au moyen d'un pilon, soit au

(I) Voir au no de mai le portrait de M. Paul Dupuis.


-- 224 —
moyen d'un moulin. Vous aurez ainsi la farine de banane agréable au gout,
nourrissante et digestive.
Ph. K... Paris. Nous nous sommes fait une règle absolue de ne donner
désormais dans la Revue que des gravures originales.
G. L... Amérique du Sud. Dans les pays qui ne font pas partie de
I'Union postale, on peut nous adresser le montant des abonnements soit
par les banques, soit en timbres-poste du pays.

Ouvrages parvenus A la Direction de la Revue


TITRE ET NOM D ' AUTEUR : DONATEUR :

Sale List of Publications of the Smithsonian


Institution. Janv. 1892. Smithsonian Institution,

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- Typographic Edmond Monnoyer.


2e ANNÉE. No 20 ter MA1 1893.

rn
LE MO\DE DES PLAS 1 ES
REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

ALPHONSE DE CANDOLLE
DE L ' ACADÉMIE INTERNATIONALE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE

Mort a Genève le 4 Avril 1893

Tout nous fait espérer que le supplément Le Monde des


Voyages, fera son apparition avec la nouvelle année. Ce supplé-
ment qui renfermera les Voyages et la Chronique gdnérale ne se
vends'a1 das sans Le Monde des Plantes et serait envoyé sans
augmentation de prix à tous nos abonnés.

BOTANIQUE PURE

GÉOGRAPHIE

Les Onagrariées du Limousin (Suite)


TABLES DICHOTOMIQUES
Deux étamines Circaea.
I Quatre étamines Isnardia.
Huit étamines 2.
Fleurs rouges ou rosées. -- Capsule li-
néaire Epilobium.
Fleurs jaunes. — Capsule oblongue OEnothera,
T. II. 8
-- 226 —
GENRE EPILOBIUM
Fleurs irrégulières, pétales entiers, éta-
mines penchées E. angustifoliunl.
Fleurs régulières, pétales échancrés, éta-
mines droites... 2.
Tige cylindrique 3.
Tige marquée longitudinalement de 2
ou 4 lignes saillantes opposes 9.
Feuilles sessiles 4.
Feuilles pétiolées 6.
Fleurs grandes d'un beau rose. --- Tige
velue. ---Bases des feuilles un peu dé-
currentes. E. lirsutum.
Fleurs médiocres ou petites.--Bases des
feuilles non décurrentes. 5.
Racine fibreuse. --- Feuilles dressées,
molles, pubescentes, hordées de pe-
tites dents très visibles. — Fleurs assez
petites d'un rose pale • E. parviflorum.
-- plante plus robuste, plus verte, a
feuilles étalées presque toutes alter-
nes, a fleurs roses.. , E. intermedium .
Racine a stolons filiformes. --- Feuilles
labres très entières. — Fleurs petites
roses . E . palustre.
-- variété à feuilles poilues pilosum.
-- variété a tige naive nanum .
Feuilles courtement pétiolées, arrondies
à la base 7.
Feuilles pétiolées, rétrécies à la base 8.
Racine fibreuse a stolons souterrains
jaunâtres Barnis d'écailles rappro-
chées. --Fleurs purpurines médiocres. E . silvaticum.
Racine fibreuse sans stolons charnus. —
Fleurs roses petites .. E . montanum .
-- 227 --
Feuilles ovales. — Fleurs lilas . E . collinum .
8 Feuilles lancéolées. -- Fleurs blanches,
puls rose vif... , E. lanceolatum.
Feuilles toutes longcement pétiolées. —
Fleurs blanchátres striées de rose. --
9 Tige un peu rampante et radicante
a la base E . roseum .
Feuilles sessiles ou courtement pétiolées. 10.
Feuilles sessiles et un peu décurrentes a
la base. -- Fleurs lilas foncé, mé-
diocres E. tetragonum.
Tige radicante. — Feuilles non décur-
rentes, lancéolées linéaires et souvent
un peu pétiolées. -- Des stolons feuil-
10 { lés ii la base des tiges. -- Fleurs roses, E . obscurum .
Tige souvent rougeátre, -- Feuilles non
décurrentes linéaires a pétiole très
o court. —Tige manie à la base après la
floraison de petites rosettes de feuilles
laches. -- Fleurs d'un rose clair, pe-
tites E . Lamyi .
GENRE ENOTHERA
Feuilles de la tige lancéolées, celles radi-
I tales obtuses sinuées. --Grandes
fleurs d'un beau jaune QE . biennis .
GENRE ISNARDIA
Feuilles atténuées en pétiole, opposées,
I luisantes.—Fleurs sessiles, axillaires,
petites, solitaires . • I. palustris.
GENRE MC/EA
Pédoncules sans bractées. -- Feuilles
ovales, lancéolées. -- Fruit en massue C . lutetiana.
1 Pédoncules munis de trèselites
e brae-
tées 2.
— 228 —
/ Feuilles ovalen lancéolées. — Fruit a
deux loges, obovale arrondi C. intermedia .
2 Feuilles cordiformes. — Fruit a une
loge, allongé en massue . C. alpina.

RENSEIGNEMENTS GÉOGRAPHIQUES
GENRE EPILOBIUM
* (1) Epilobium palustre Linné (Epilobe des marais). --
Nontronnais : Fossés, lieux aquatiques aux environs de Thiviers,
R. — Haute-Vienne : C. dans quelques localités, notamment a la
queue de l'étang de La Rock-e, près Nieuf ; dans une tourbière au
Riz-Chauveron (Chaboisseau) rigole d'un pré, près du village de
Mallora, communede Jabreilles (stigmate en massue); rigole pits du
village des Combes, commune de St-Léger ; pré humide près de
Frégefond ; le long d'un ruisseau près de la gare de St -Sulpice
Laurière (échantillons ayant des apparences de lignes sur les
tiges, mais á feuilles du type). -- Corrèae : marais et prés tour-
beux des hautes montagees ; Tulle, canton de Servières, C. ;
Ussel, A. C.
Epilobium palustre Linné, v. pilosum Koch. — Creuse : Pognat
près Ahun.
Epilobium palustre Linné, v. nanam Lec et Lam. -- Corrèze :
R. aux environs d'Ussel (Gonod d'Artemare).
(A suivre) CH. LE GENDRE.

Influence du terrain sur la distribution des plaates


Par F. RENAULD
Cette question est bi gin a sa place dans le Monde des Plantes qui
a trait surtout ia la Géograpllie botanique. C'est une de celles sur
lesquelles on a le plus écrit sans parvenir encore a se mettre
d'accord les uns attribuant a la nature chimique du sol, d'autres
son état mécanique d'agrégation les différences qu'on remarque
entre la fore des terrains calcaires et Celle des terrains siliceux ;

(1) Les espèces précédées dune as.térisque existent en Belgique.


— 229 —

souvent même la question a été mal posée, ce qui n'a pas peu con-
tribué a la compliquer.
La quenelle entre les deur camps opposés a subi et subit encore
des vicissitudes diverses. Le magistral ouvrage de Thurmann :
Essai de Phytostatique appliqué a la Chaine du Jura est un de
ceux qui ont entrainé ou modifié le plus de convictions. La clarté
de l'exposilion, la largeur et l'originalité des vues, en méme temps
que la précision des détails étaient, en effet, bi gin faites pour
séduire le lecteur et lui faire oublier que les conclusions pouvaient
être fausses. Ensuite une réaction s'est produite; on a réfuté peu a
peu les preuves alléguées par Thurmann et qui, par la nouvelle
interprétation qu'on leur a donnée, se sont retournées contre sa
théorie de l'influence physique prépondérante. Aujourd'hui, cette
théorie semble revenir en faveur, plus mollement cependant qu'au-
trefois, probablement par lassitude, tindis que le nombre des bota-
nistes qui n'ont pas de conviction arrêtée sur ce sujet si controversé
paralt s'être augmenté.
II est a peine besoin d'ajouter que la question est mal posée
lorsqu'on pule d'une manière générale de la prépondérance de
l'influence physique du sol sur la distribution de l'ensernble des
plantes ; les espèces indifférentes a la nature chimique du sol ou
n'ayant que de simples préférences étant en grande majorité, on ne
doit faire entrer en ligne de compte que celles qui sont caractéris-
tiques ou considérées comme telles des sols salés ou non salds,
calcaires ou siliceux ou plus exactement calcaires ou non calcaires.
Il est en outre nécessaire d'établir d'abord
I° Que l'influence chimique du sel marin n'est pas niée.
2 e Que celle de la Silice est très problématique, méme pour les
partisans de la théorie chimique.
3 0 Que les autres éléments chimiques (la chaux exceptée) peu-
vent exercer une action physiologique sur les végétaux, sans être
cause déterminante de leur dispersion.
Il faut done restreindre la question aux termes suivants :
Les espèces caractéristiques des calcaires so p t-eiles attirées sur
ce sol par la chaux ou par l'état physique des sols calcaires 9
-- 230 —
Les espèces caractéristiques des sols non calcaires habitent•elles
ces sols parcequ'ils sont dépourvus de chaux ou a cause de leur état
physique?
Cette question a été traitée complètement, en tout ce qui cone
terne les Phanérogames, dans le beau Mémoire de M. Contejean :
Ge'ographie botanique mi Influence du sol sur la végdtation qui est
écrit avec une sincérité d'autant plus grande que l'auteur, élève de
Thurmann et d'abord partisan de sa théorie, est revenu par la
force des faits a une opinion opposée. Les belles recherches du
Dr Saint Lager sur le même sujet ont aussi fourni des preuves
décisives dans le même sens.
Nous renvoyons done, pour les détails trop longs pour trouver
place ici, a l'ouvrage de M. Contejean qui, sans négliger complé-
tement les Cryptogames, s'est principalement occupé de la dis-
persion des Phanérogames, et nous nous bornerons a mettre en
relief quelques faits tirés de la distribution des mousses qui, depuis
de longues années, sont plus particulièrement l'objet de nos études,
sans oublier de signaler que ce sujet a déjà été traité d'excellente
facon par M. Boulay dans ses Etudes sur la distribution des
mousses en France.
Les mousses sont plus cosmopolites que les Phanérogames. La
ténuité de leurs spores et la facilité de leur transport par les vents
permettent a ces petits végétaux de se répandre partout ou ils trou-
vent des conditions propices a leur installation ; mais, en revanche,
ils ont des exigences très marquées pour la nature du support et
les influences climatériques; sous ce rapport l'étude de leur dis-
persion est très instructive.
Un des principaux arguments des adversaires de l'influence chi-
mique est que parmi les espèces considérées comme calcicoles ou
silicicoles dans une région, beaucoup cessent de l'étre dans d'autres
régions par suite de conditions climatériques différentes. On cite
par exemple telle espèce calcicole dans le Jura qu'on a trouvée sui'
des sols siliceux dans des climats plus chauds.
Si le fait s'est présenté d'une facon générale et non exceptionnelle
it faudrait en inférer que l'espèce en question n'est pas une calcicole
-- 231 —
exclusive mais seulement une préférente. Mais d'ailleurs les indica-
tions de ce genre ne peuvent être acceptées a priori, quel que soit le
degré de confiance que mérite l'observateur. Les termes généraux
de régions ou chalnes calcaires on siliceuses so p t trop vagues pour
qui connait la variabilité de la nature chimique du sol dans certains
terrains.
Quand it s'agit de faits d'exception contraires aux allures ordi-
naires de dispersion de telle espèce, it faudrait entrer dans les
détails les plus precis et s'assurer exactement de la présence ou de
l'absence de calcaire au point même ou les racines sont im-
plantées.
Pour doener une idée des erreurs auxquelles une observation
superficielle peut entrainer, nous citerons entre autres, l'exemple
suivant :
Dans Ies Pyrénées, aux environs de Lourdes, a la base des
grands escarpements de calcaire néocomien qui dessinent brus-
quement le rebord de Ia chine, se trouvent des collines constituées
par les argiles du gault, parfois un peu schisteuses et non ou très
pen calcarifères ; cà et là émergent quelques masses rocheuses peu
saillantes de calcaire néocomien. Or nous avons constaté en 1876
que des espèces calcifuges comme Erica vagans, Erica ciliaris,
.Pleris aquilina dont les racines étaient implantées dans l'argile non
calcarifère étaient si voisines de l'affleurement calcaire que leurs
rameaux arrivaient au contact de la roche. Il ne serait cependant
pas exact de dire qu'on se trouve là en région calcaire, malgré la
présence de ces roches très dares dont les agents atmosphériques
n'ont pas suffi a altérer la surface de facon à introduire en propor-
tion notable dans les argiles de la base le carbonate de chaux soluble
qui seulement en cet état peut exercer une action attractive ou
répulsive,
Les mélanges d'éléments chimiques divers qui peuvent se pro-
duire et se produisent souvent dans les sols désagrégés sont done
une cause de confusion qui doit rendre suspectes beaucoup de cita-
tions vagues ou non suffisamment contrólées. Quand au contraire it
s'agit d'espèces saxicoles habitant des rochers nus, de constitution
-- 23,2 --

homogène comme c'est le cas habituel, sans risques de mélanges


accidentels, les observations deviennent plus faciles et les arguments
plus probants. C'est ici surtout que la question est vivement éclairée
par l'examen de la distribution des mousses dont beaucoup d'espèces
fixent directement leurs petites racines sur la roche nue, sans l'in-
termédiaire d'un substratum terreux.
Or, si nous comparons les espèces d'un bloc de porphyre ou
d'ophite des Vosges 'a pate compacte, dysgéogène au plus hut degré
pour nous servir du terme créé par Thurmann, avec celles d'un
bloc calcaire du Jura considéré par Thurmann comme le type des
rockes dysgéogènes, inous trouwons que ces espèces, assez nom-
breuses, sont essentiellement di fférentes. Les mémes contrastes se
reproduisent exactement dans les Alpes f rancaises et les Pyrénées
pour ne faire allusion qu'á nos observations personnelles. Et pour-
tant les conditions physiques du support sont les mêmes, surtout
en ce qui concerne les calcaires des Pyrénées (notamment de l'étage
carbonifère) plus ou moins marmoréens et dans sous les cas d'une
compacité et d'une dureté excessives et aussi peu hygrométriques
que le porphyre.
Ces Wines espèces que l'on constate sur les porphyres compacts
se retrouvent snr les granites et même sur les blocs de grès qni ne
possèdent pas le même état mécanique d'agrégation. Bien plus,
panmi ces espèces, quelques-unes Idles que : Dicranella hetero
-mal,Cpyousfrgiamlpexuos,Cy
polytrichoides, Dicranodontium longirostre, Leucobr yum glaucum,
Racomitrium lanuginosum croissent égalerrrent soit sur les sables
quartzeux les plus meubles comme ceux des Landes de Gascogne,
soit sur les troncs pourris, soit sur la tourbe, sols eugéogènes par
excellence, tandis que toutes évitent obstinément les calcaires.
L'action chimique est ici biera évidente.
(A suivre)
— 233 --

TAXONOMIE

La Nomenclature des Plantes


Ces lignes s'adressent plus spécialement aux botanistes de
langue anglaise. Pour obtenir une bonne nomenclature, it est né-
cessaire qu'aucun botaniste ne change le nom d'une plante, par
caprice, ignorance ou refus de corriger une erreur. De nombreux
botanistes déclarent, qu'en vertu d'une toi internationale, le nom
d'une plante lui est acquis a jamais. Cependant on trouve des
botanistes qui changent fréquemment les noms des plantes et éta-
blissent une grande confusion dans la synonymie.
11 faut done s'en tenir à la toi de priorité. Le nom donné a une
plante par un savant doit rester en vigueur jusqu'à ce que Ia majorité
des botanistes du monde entier en adopte un autre. Prenons un
exemple. En 1810, Lamarck donnait a une plante le nom de Potamo-
geton pauciflorus. Pursh, en Amérique, lui conférait un autre nom.
Jadis, les relations entre les deux mondes étant peu fréquentes,
l'inconvénient n'était pas grand.
De nos jours, les choses ont changé. Un des moyens d'éviter la
confusion serait d'avoir une langue universelle pour la nomencla-
ture. Le peuple anlais nomme les plantes en leur attribuant des
.noms vulgaires anglais. Quelques botanistes de langue anglaise,
ignorant le latin, agissent de même. Donc nécessité d'apprendre
le latin dans la jeunesse, comme cela se pratique en Europe.
Malheureusement un certain nombre croient que la langue anglaise
est suffisante et affectent d'ignorer que depuis longtemps le latin
est la véritable langue internationale. En Amérique, toutefois, on
commence a comprendre cette vérité. 11 serait a désirer que tous
les naturalistes savants ou simples négociants adoptassent dans
leurs catalogues la langue latine comme langue usuelle interna-
tionale.
Nous donnons ici quelques unes des règles que l'Association
américaine pour l'avancement des . sciences a adoptées dans son
dernier congrès tenu l'année dernière à Rochester (état de
T. II. 8*
-- 234 —

York). Le code botanique de Paris `1867) est adopté tonics les


fois qu'il n'est pas en contradiction avec les règles suivantes :
4° La Nomenclature botanique repose sur la priorité de publi-
cation.
2° On doit remontes jusqu'à la première éclition des Species
Plantarurn de Linné en 1753.
3° Quand on transporte une espèce d'un genre 'a un autre, on
doit retenir le nom de l'espèce, à moins que ce nom ne se trouve
être celui du genre ou d'une espèce appartenant déjà à ce der-
.
nier.
4° La publication d'un nom générique annulle tous les mêmes
roms clue l'on pourrait plus Lard doener à d'autres genres on
espèces.
5° La publication d'un nom de genre consiste :1° dans la distribu-
tion d'une description imprimée du genus nouveau ; 2° dans la
publication, avec ou sans diagnose, d'une ou de plusieurs espèces
de ce gen 'cs .
6° La publication d'un nom d'espèce consiste : 4° dans la dis
species nommé ; 2° dans-tribuond'escpim-rédu
Ia publication de sa nomination binaire avec renvol à la descrip-
tion antérieurement donnée.
7° Les noms génériques similaires ne sont pas à rejeter, à
cause dune légère différence dans l'orthographe ainsi : Apios et
Apiurn, Jussieua et Jussi ea. Toutefois on doit fixer celui qui est
à retenir. Ainsi d'Epidendrum on Epidendron, Asierocarpus ou
Astrocarpus, les derniers sont à rejeter ;
8° Quand on transporte une espèce d'un genre à un autre, ii
faut citer le nom de l'auteur original en le faisant suivre du
nom de l'auteur de la nouvelle appellation.

PH. HEINSBERGER.
-- 235 --

ORGANOGÉNIE

L'inflorescence de l'Anémone (1)


Tons les botanistes s'accordent à considérer les verticilles flo-
raux comme une déviation normale, par voie de division et de
transformation, des organes foliacés. Mais, ce principe une fois
posé, it est rare qu'on cherche à en découvrir les conséquences
pour les appliquer à la morphologie, et, par suite, à la classifica-
tion. En d'autres termes, si les savants regardent en général la
fleur comme une feuille modifiée, Bien peu d'entre, eux ont consa-
cré leur temps à étudier les analogies organiques qui permettent
d'arriver à la démonstration de celte proposition.
C'est là une lacune très regrettable, mais pen aisée à combler,
en raison des nombreux obstacles qu'on est exposé à rencontrer
dans une pareille étude. Les difficultés sont à peu près les mêmes
que celles qu'on éprouve quand on ouvre pour la première fois un
traité de géométrie : les théorèmes, sur leur simple énoncé, appa-
raissent lumineusement évidents ; mais it fuut ensuite construire
pierre à pierre l'édifice, et vous savet ce qu'il en coûte de raison-
nements, d'inductions et de déductions pour arriver a la démons-
tration de la vérité. Les mêmes procédés d'étude se retrouvent
dans l'analyse des relations morphologiques des feuilles et des
fleurs : l'observation ne suffit plus ; it faut imaginer, déduire,
comparer, sans compter que chaque type, ou tout au moins
chaque genre, constitue en quelque .sorte un théorème particulier,
nécessitant une démonstration spéciale.
Les difficultés, cependant, ne doivent pas nous arrêter. La
science est une province a conquérir. Conquête pacifique, faite
seulement de sacrifices et de veilles : à force de regarder et à
force de penser, on finit par voir Clair dans les lois de la nature, en
apparence mystérieuses et complexes, en réalité merveilleusement
simples. Celle simplicité est précisément le voile qui nous cache
le centre actif du mécanisme, parce que notre esprit, qui tend à
se répandre, s'attache plutót à l'analyse qu'à la synthèse.

(1) Reproduction interelite.


-- 236 --
Cette déclaration de principes était nécessaire pour faire excuser
des lecteurs de cette Revue les téméraires propositions que je vals
essayer de démontrer. Je ne suis pas un révolutionnaire : Dieu me
garde de ce trop facile métier ! Je voudrais seulement vous faire
toucher du doigt quelques analogies que vous avez peut-éíre soup-
Connées, mais que vous avez sans doute hésité a accepter, parce
que vous ne les avez vues définies dans aucun traité de botanique.
Pour ce premier apercu, je demande son concours a une aimable
fleur des Bois, fraiche et printanière, l'Anémone sylvie, qui nous
fait volontiers le sacrifice de sa vie, parce qu'il doit profiler a la
science.
La véritable tige de l'Anémone est hypogée ; elle simule un
rhizome cylindrique, - articulé par suite de l'évolution successive
des bourgeons terminaux qui se développent cha q ue année. Cette
tige émet latéralement des feuilles longuement pétiolées, dont le
limbe est a trois nervures principales, divergentes-palmées, qui
s'entourent d'un parenchyme plus ou moins découpé. L'inflores-
cence est axillaire ; elle consiste en un pédoncule assez long, qui
supporte un verticille d'organes foliacés, lequel donne naissance à
son tour a deux verticilles alternes et superposés de pièces péta-
loïdes, au-dessus desquelles on trouve de nombreuses étamines et
de nombreux ovaires disposés en spirale, et en hombre indéfini.
Est-il possible de trouver une relation entre cette organisation
florale et la forme de la feuille ? — Seindons, pour plus de clarté,
noire raisonnement en deux parties, et démontrons d'abord que le
pédoncule est l'analogue du pétiole. Celui-ci est canaliculé a la
face interne ; le pédoncule est cylindrique ; it faut que nous trou-
vions la cause de cette différence.
Tout pétiole est un organe latéral ; it prend naissance en un
point quelconque, mais déterminé par les aptitudes spécifiques, de
la sommité close qui constitue toute la feuille a son premier déve-
loppement, et qui se déchire plus tand en pièces qui tantét s'obli-
tèrent, tantót restent adhérentes à l'axe sous la forme de stipules.
Cette sommité donne intérieurement naissance a un germe sem-
blable, qui doit continuer la direction de la tige, et, entre la base
_
237 --

de ce Berme et le point actif de la gaine ou s'insère le pétiole, à un


bourgeon qui par son développement doit produire un rameau ou
une fleur. Ce bourgeon, qui est une production adventive, doit
son origine a l'évolution d'une partie des faisceaux fibro-vascu-
laires destinés au pétiole. Celui-ci est ainsi privé, a sa face interne,
d'une portion de ses éléments ; son développemeut se fait par suite
d'une manière inégale, et it se creuse d'un sillon.
Le pédoncule, au contraire, est un organe axillaire ; it provient,
avec toutes les autres parties de la fleur, soit d'un bourgeon déve-
loppé aux dépens d'un pétiole, soit d'une sommité close qui s'or-
ganise en axe florifère au lieu de s'organiser en axe feuillé. II ne
produit rien a sa base, et, ses éléments restant tous dans sa sub-
stance, son développement se fait également en tous les points de
sa périphérie, qui s'arrondit.
Voilà la première transformation, très simple : elle va nous ser-
vir a expliquer toutes les autres. Le limbe, qui est une production
postérieure en formation à son support, auquel it est uni par une
articulation, hérite, en quelque sorte, des aptitudes de l'organe
dont it drive immédiatement. Dansla feuille, it reproduit la dis-
Position du pétiole, doet la tendance évolutive est asymétrique et
unilatérale : c'est-à-dire, qu'il s'étale en une expansion plus ou
moms plane, avant une nervure médiane dirigée d'un seal cóté, et
obligeant par suite le parenchyma a s'accroitre plus de ce cóté que
du cóté opposé. Parfois même le développement est exclusivement
limité h ce cóté ; mais ce n'est pas le cas pour l'Anémone, (lont
les lobes latéraux reviennent un peu vers le pétiole.
Le limbe qui couronne le pédoncule prend comme lui un accrois-
sement symétriqu'e..et verticillé. Il n'est pas, je crois, besoin d'in-
sister d'avantage sur ce fait physiologique pour faire comprendre
l'analogie morphologique qui retie le limbe de la feuille et l'invo-
lucre calyciforme qui termine le pédoncule proprement dit.
J'aborde done la conséquence immédiate et très importante de cette
modification dans l'évolution.
Toute sommité organique est destinée tót ou tard à s'ouvrir
sous la poussée d'une production interne qui se développe grace à
-- 238 --

la déviation d'une pantie de ses propres éléments. Or, la gaine


close qui termine d'abord le pédoncule, bien avant le développe-
ment des trois appendices foliacés, ne saurait échapper à cette loi.
La force active n'étant pas chez elle, comme dans la gaine du
pétiole, limitée a un point destiné a devenir l'origine d'une nervure
médiane, elle n'a pas a produire de bourgeon axillaire, mais seu-
lement tin bourgeon terminal qui répétera la méme organisation.
Ce bourgeon est articulé a sa base. Une fois développé, it repré-
sente en miniature l'involucre calyciforme qui lui a donné nais-
sance ; seulement, son limbe est pétaloïde, parce qu'il se rapproche
davantage de la fleur, et qu'il marque tine étape de plus dans
l'évolution. 11 devient à son tour l'origine d'un nouveau développe-
ment semblable, qui produit le second verticille pétaloïde. Ces
verticilles ne sont pas rigoureusement composés de trois pièces ; le
nombre des divisions peut varier, et varie en effet, en raison de
fa facilité avec laquelle se bifurquent les faisceaux fibro-vascu-
laires.
Parris de la feuille, nous voici done arrivés atix verticilles floraux
externes, que, dans le langage botanique usuel, on appelle un
calice. Je vals, dans cette seconde pantie de mon article, essayer
de démontrer que ce prétendu calice est tout simplement un invo-
lucre, comme les bractées stériles qui se trouvent a la base des
épis du Plantain ou des dawns du Saule.
La question peut se résumer ainsi : Les organes protégés par les
verticilles-pétaloïdes, c'est-à-dire, les étamines et les carpelles,
représentent-ils one fleur unique, ou tine fleur complexe, un
assemblage de fl eurs ? 'foute fleur simple est définie, c'est-à-dire,
qu'elle se compose d'un nombre constant d'organes, et. qu'elle se
termine normalement par un appareil femelle au-delh duquel son
axe ne saurait se prolonger. Or, cette structure n'est pas celle de
l'anémone : ses organes sont en nombre indéfini ; elle n'a pas de
terminaison régulière ; a son sommet on ne trouve pas un ovaire,
mais l'extrémité tronquée d'un axe floral, d'un réceptacle épuis4,
En d'autres termes, le couronnement de l'édifice n'est pas une pro-
duction, mais un avortement. Done, l'inflorescence de l'Anémone
239
n'est pas simple, mais multiple, et les pièces des verticilles colorés
ne so p t ni des sépales, ni des pétales, mais des bractées, ou mieux

1. Coupe longitudinale de l'axe florifère a la hauteur de l'involucre. Figure demi•schéma-


tique, montrant l'articulatinn qui relic la hampe au pédoncule propre de l'inflorescenee. — 2.
Port de 1'Anémone avant l'épanouissement du bourgeon floral. — 3. Une pièce des verticilles
pétaloïdes. – 4. Feuille, dont le limbe asymétrique est l'analogue du limbe symétriquc qui
couronne la hampe, et qui, par sa déhiscence, met le bourgeon floral en liberté.
1h, tige souterraine ; g gaine 'a l'aisselle de laquelle se développe la hampe ; P. bampe ; p, pé–
poncule ; v, pétiole des folioles de l'involucre ; bj, bourgeon floral ; l, limbe ; pt, pétiole de la
feuille.
•— 240 —

les valves d'un bourgeon qui recélait, avant son épanouissement,


un rameau florifère.
Une question facile à résoudre se greffe sur cette conclusion.
Quels sont les organes qui, dans 1'anémone, représentent les fleurs
simples, et queue est leur origine? La réponse est aisée : it faut
considérer comme une fleur male zoute étamine isolée, et comme
une fleur femelle tout carpelle isolé. Quant à leur évolution, elle
est analogue à celle des autres fleurs axillaires, c'est-à-dire qu'à
leur base est une bractée qui leur a donné naissance par division
de ses faisceaux fibro-vasculaires. Cette bractée, qui est très déve-
loppée dans toutes les plantes amentacées, est presque avortée
chez l'anémone; mais la disposition spiralée des organes sexuels
autoar du réceptacle témoigne de son existence au moles pendant
la première période du développement de l'inflorescence,
Pour nous résumer, nous dirons que 1'inflorescence de l'ané-
mone en particulier, et de toutes les Renonculacées en général, nous
parait consister en un cbaton d'une forme spéciale, male à la base,
femelle • au sommet, et dans lequel les bractées à l'aisselle des-
(pales se développent les fl eurs sont presque entièrement avortées.
Quant à l'oligine de cette inflorescence, elle est double : la base du
bourgeon floral est organisée sur le type de la fleur simple, en ce
sens que sa déhiscence étale deux ou trois verticilles de pièces
pétaloïdes; ces pièces, au lieu de doener intérieurement naissance
à des organes sexuels disposés comme elfes, produisent une
gemme dont l'axe retourne à la structure de la tige, et émet des
feuilles spiralées à l'aisselle desquelles naissent des bourgeons
d'ou sortent, non pas des rameaux, mais des fleurs.

A. ACLOQUE.
— 241 —

BOTANIQUE APPLIQUÉE

HORTICULTURE

La culture et le commerce des flours dans les


Ales-Maritimes (Suite)
En 1888, la gare de Cannes exportalt 400 000 kilog. de fleurs,
valant environ 2 millions de francs et 600 000 kilog. en 1889 d'une
valeer approximative de 3 millions. La proportion a été en aug-
mentant depuis, et en i892 la quantité exportée par la même gare
n'a certainement pas du être inférieure a 900 000 kilog. En
admettant le chiffre de 950 900 kilog. pour Nice et 200 000 kilog.
pour les villes secondaires, nous arrivons à un montant total exporté
de 2 050 000 kilog. valant environ 10 millions de francs.
La distillerie locale Arend, on l'a vu déjà, une grande partie des
fleurs produites dans le département. Ici, aussi, l'évaluation des
quantités employées manque d'une base certaine, les fabriques dissi-
mutant, en général; les chiffres exacts de leur production, ayant
toejours en vue d'augmenter aux yeux du public l'importance de
leurs maisons. Cependant si nousprenons,commequantités produites
dans le département en graisses et huiles parfumées, les chiffres de
1 000 000 de kilog. pour les premières et 500 000 kilog. pour les
secondes, et que nous admettions, en nombre rond, qu'il faille
2 000 kilog. de fleurs en moyenne pour parfumer un bugadier de
600 kilog. nous arrivons aux chiffres suivants : 3 332 000 kilog.
de fleurs pour le traitement des graisses et I 666 000 kilog. pour
celui des huiles, soit un- total consommé de 5 000 000 de kilog.
valant au moins 3 millions et demi de francs. On voit que les
chiffres de M. Ch. Piesse sont bies loin derrière nous.
Nous laissons de cáté les plantes aromatiques qui servent surtout
a l'obtention des essences et dont des millions de kilog. passent
annuellement par les alambics fixes des distilleries ou les alambics
volants des montagnes.
-- 242 --

Réunissant les chiffres obtenus nous arrivons au résultat


suivant :

Kilog. 160 000 pour les besoins locaux, consommés sur


place, valant approxima-
tivement fr. 800 000
— 2 050 000 exportés, valant fr. 10 000 000
— 5 000 000 employés par les distilleries
valant fr. 3 500 000

Kilog. '7 210 000 fr. 14 300 000

Soit 7 210 000 kilog. de fleurs produites pour les besoins indus-
triels et commerciaux, valant 14 300 000 fr.
Voilà quelle importance la culture florale a pris depuis quelques
années a peine dans ce département.
La répartition des quantités produites pourrait se faire ainsi,
d'après l'étendue cultivée dans chaque circonscription

Nice 220 ha. Kilog. 2 332 000


Cannes 100 -- -- 1 060 000
Antibes 100 — — 1 060 000
Grasse 100 — — 1 060 000
Menton et divers 100 — 1 060 000
Le Golfe 60 -- -- 638 000
680 ha. Kilog. 7 200 000

Comme justification de ces chiffres, nous trouvons dans un


récent numéro de l'Avenir d' Antibes un entrefilet dormant Ia pro-
production fl orale de 'Vallauris et du golfe Juan qui s'élève a
'700 000 kilog. En attribuant done exactement 60 hectares h vette
région et en prenant la moyenne produite a l'hectare basée sur
notre chiffre total de production, soit 10 600 kilog. pour la saison
entière, nous arrivons h un chiffre inférieur mais très approché de
notre évaluation.
(A suivre) É5111.E DESCHA}I PS.
-- 243 —

BOTANIQUE RECREATIVE
TOUTE L'INDE
OU

GUIDE DU BOTANISTE AUX INDUS


Le grand étang d'Oussoudou qui offre une superficie de trois
mules carrés est situé au delà des collines que l'Annuaire de la
colonic décore du nom pompeux de montagees rouges. Ces légères
éminences forment une espèce de ceinture autour de notre établis-
sement de Pondichéry.
Au grand étang aussi bien que sur d'autres points, eiles pré-
sentent des coupures assez profondes dans lesquelles on peut étu-
dier tout a son wise la formation du grès et poursuivre d'intéres-
santes , études géologiques.
Un jour je trouvai dans une de ces coupures un gisement d'ail-
leurs très minime de Kaolin .
Sur ces collines, cinq villas et une chapelle dominent l'étang
au-dessus duquel volent parfois des bandes de plusieurs milliers
de sarcelles que les européens en villégiature sur ses bords
poursuiveat en joignant au plaisir de la chasse, le plaisir
non moms grand d'une promenade en bateau sur une eau
parfois agitée.
Chaque année a l'époque des chaleurs l'immense étang se vide
souvent en entier pour fournir une onde bienfaisante aux rizières
altérées et désséchées par les feux du soleil.
Puisque nous avons dit tout a l'heureun mot du Bibier peut-être
ne serait-il pas déplacé de nommer ici la gent animale que l'on
rencontre dans ces lieux paisibles : Canards sauvages, $écasses,
Bécassines, Ramacógis some de coqs dédiés au dieu Ramá, Poules
d'eau, Cigognes, Ilérons, Vautours, Faucons, Milans, Milans
brahmes, Chouettes, Grands-Duts, Pigeons, Perdrix, Moineaux
et les universals corbeaux, voilà pour le monde emplumé.
244
J'allais oublier la perruche a collier (Psittacus torquatus).
Disons de suite que sur les montagees on rencontre aussi les
tailles, colombes, bulbuls et quelques rares corbeaux.
Renards, Chacals, Lièvres, Rats palmistes, Chauve-souris, Rous-
settes représentent le peuple poilu.
A joindre a tout ce monde les Caméléons, Lézards, Scor-
pions, etc. , etc. Et les serpents direz-vous? Its so p t nombreux,
très nombreux méme. Je vous demanderai permission de vous
raconter au moment (III retour une histoire de serpents. Je la
cueille dans une feuille locale, seulement comme elle s'est passée
depuis mon retour je n'en garantis pas l'authenticité; seulement
elle n'a rien d'invraisemblable dans un pays ou les serpents se ren-
contrent dans presque tous les éléments.
En attendant, après avoir gouté les joies de la chasse et dune
promenade sur l'eau regagnons la villa près de laquelle les domes-
tiques préparent notre déjeuner en passant sous l'ombre des wan-
guiers, et en jetant un regard sur ces pyramides de terre oeuvres
des redoutables cariahs plus connus sous le nom de termites ou de
fourmis blanches.
Les domestiques de l'Inde ! A peine salt-on ou ils demeu-
rent.
Its disparaissent entre les repas. D'une grande frugalité (ils vi-
vent de carouvadou sorte de poisson pourri, de riz et de fruits)
ils sont extrémement doux et patients, relativement honnêtes et
pas toujours propres. 11 en est qui passent votre café dans le lan-
gouti qui leur sert a toute autre chose, mais n'insistons pas.
Voulez-vous de bons cuisiniers. Prenez des parias. Les parias,
dit-on, naissent cuisiniers absolument comme d'autres naissent
poètes.
Nous déjeunons sous le panka. Je vous ai déjà décrit cet instru-
ment ventillateur.
. Mais ici, comme d'ailleurs dans les salies a man-
ger de Mule, c'est un boy qui active la machine dont it tire le
cordon avec régularité et nonchalance. Dans les chambres on peut
installer un panka que l'on fait mouvoir soi-même avec le pied au-
dessus du bureau ou de la table ou l'on travaille. On s'accoutume
...... 245 -

facilement a ce mouvement, j'en ai usé et je me suis bien trouvé


de cette invention. On eient du reste d'inventer an panka automa
peut-tique.Cnsrmtupanoerichudt
rester en mouvement pendant huit heures consécutives sans bruit
et sans danger d'explosion. Le chauffage se fait à l'aide d'une
lampe a pétrole. Cette invention due à M. L. Declosets n'a guère
qu'un tort, c'est de touter un peu cher. II est vrai qu'il y a
des gens, surtout dans l'Inde, qui n'estiment que ce qui coûte
Cher.
Reprenons notre djalka et partons pour le hameau perdu de
Tirouvicaré. Laissons les plantations d'Acajou a pommes (Anacar-
dium occidentale), les sables du grand étang avec leurs améthystes,
grenats, agates, sardoines, calcédoines et cornalines. Ça et là des
Tecks, des Jasmins des pagodes (Millingtonia hortensis), des
Figuiers des Pagodes, des Opuntia, des Aloès, des Tamari-
fliers.
Nous passons sur la levée du grand étang, nous le contournons,
nous voici sur les bords du canal de Souttoukény, nous traversons
le territoire anglais de Valdaour, les pions de la douane anglaise
nous laissent passer sur notre affirmation que nous allons en terre
francaise.
La route devient mauvaise, notre pauvre bête tire tap t qu'elle
peut. Quelques pagodins, des restes d'anciens forts francais frap-
pent notie vue.
Enfin après bien des cahots, le chemie défoncé nous oblige. a
mettre pied à terre. Nous croisons quelques lndiens et finissons
par arriver au bungalow francais de Souttoukény non loin du
barrage de la rivière de Gingy. Le pays abonde en serpents.
de ne sais si j'ai dit que l'on donne dans l'Inde le nom de bun-
galow a des maisons destinées aux Européens en voyage dans le
pays. Its ont seuls le droit d'y entrer et y loger durant un temps
déterminé. La garde en est confiée a un indigène de la localité ré-
tribué par le gouvernement et chargé ordinairement de vous apprê-
ter ou mëme de vous fournir a un prix déterminé d'avance la nour-
riture do p t vous avez besoin.
— 246 —
Ici le bungalow appartient au gouvernement et est destiné aux
employés qui viennent surveiller l'état du barrage et du canal plu-
t& qu'aux touristes. Aussi faut-il y porter ses provisions.
11 est entouré de sables brulants qui á l'époque des grandes
chaleurs peuvent, si vous sortez en plein midi, vous gratifier d'une
insolation dorst la conséquence sera la mort ou la folie.
Après une halte au bungalow, se diriger sur Tirouvicaré est le
meilleur mais pas le plus facile. 11 faut cheminer à pied et cela
souvent dans un sable mouvant ou même dans l'eau par des
chemins à peine frayés, tandis que le soleil darde sur vous ses
rayons enflammés.
Après bien des détours, nous atteignons des buttes de sable
en voie de former du grès et rappelant par leur aspect d'antiques
ruines.
La pagode de Tirouvicaré dont nous apercevons l'un des gopu-
rams ou tours, nous sert de guide.
Nous la visitons rapidement. C'est la même disposition en petit
que dans toutes les pagodes de l'Inde.Nous remettrons done á plus
tard de décrire ces monuments dont nous ferons passer sous vos
yeux les plus beaux types.
Je suis allé plusieurs fois à Tirouvicaré, une fois avec un brave
missionnaire le P. Durier. Face large, barbe en pointe, regard un
peu vague mais plein de bonhomie, le P. Durier qui a occupé
pendant un bon nombre d'année la chaire de rhétorique 'au collège
colonial est un intrépide.
Lars de la visite que je fis avec lui à la pagode it me souvient
qu'il mit en colère un brahme de la dite pagode par l'insistance
qu'il mit à vouloir pénétrer partout et à toucher tous les pissassous
(diables) du temple brahmanique.
Notre visite a la pagode terminée, nous allons jeter an coup
d'oeil sur les affleurements de granit qui se trouvent ia coté et sur
lesquels la pagode repose méme en partie, la jonction des deux
terrains s'opérant sous ses fondations.
Les Indiens pour exploiter le granit se servent de coins en bois
qu'ils enfoncent dans la roche et qu'ils arrosent d'eau. Le bois en
POUSSE-POUSSE DE PONDICHÉRY
— 248 -.a.
se gonflant fait éclater le granit. Its travaillent ce dernier à 1'aide
du seul viseau. Aussi que de temps it a fallu pour construire ces
temples indiens que nous aurons l'occasion de visiter, quand on
songe à leur immensité !
Du sommet d'une de ces collines de granit, d'ailleurs peu élevée,
on a une vue superbe qui n'est bornée au nord-ouest et au nord
que par les montagnes de Gingy et la pagode de Maylam.
Pour retourner à Souttoukény nous nous procurámes un véhi-
cule.
Qu'on se figure une voiture plate, une sorte de toniDereau à re-
bords très bas, trainé par deux boeufs. C'est une voiture qui sert
ordinairement au transport du granit.
Pour que nous ne tombions pas sous les roues, on avait installé
de chaque coté des perches supportant un paillasson, ce dernier
destiné a nous préserver du soleil.
Avant de quitter Tirouvicaré, nous ne voulumes pas manquer
d'explorer les collines de grès dits grès de Goudelour pour y visiter
les curieux tamariniers fossiles. C'est un intéressant spectacle que
celui de ces arbres énormes pétrifiés sur place et silicifiés tout en
conservant néanmoins les fibres et vaisseaux que l'on remarque
dans leurs descendants qui peuplent la campagne.
On voyait encore alors les espèces de cheminées par lesquelles
s'étaient échappé le gaz à l'époque déjà lointaine de la silicifica-
tion .
Enfin, monté dans notre charrette primitive, c'est après avoir
failli verser vingt fois, auquel cas nous serions tombé infaillible-
ment sous la roue, que nous regagnons notre djalka qui après
une courte halte au grand étang nous ramène à Pondichéry oh
nous croisons les nombreuses pousse que le déclin du soleil fait sor-
tir des élégantes habitations de la ville blanche.

(A suivre) H. LÉVEILLÉ.
--249-
Informations
Une nouvelle société scientifique est sur Ie point de se fonder a Pondi-
chéry, grace a ('initiative de M. A. Sada. La nouvelle société porterait le
nom de Société des Naturalistes de l'Inde Francaise.

La Société botanique de France tiendra sa session extraordinaire pour


1893, a Montpellier le 20 de ce mois. Le rendez-vous général est a l'amphi-
théátre de 1'Institut de Botanique, le samedi veille de la Pentecóte a 8 h.
du matin
La session coïncidera ainsi avec le troisième centenaire de la fondation
du jardin botanique de Montpellier et de la chaire de botanique, la pre-
mière qui ait été consacrée a 1'étude des plantes dans les universités fran-
caises.
Les botanistes herboriseront dans les lieux mèmes oil Linné herborisa
jadis et récolta pour la première fois des espèces remarquables qui s'y
trouvent toujours.

L'ABONDAUCE DES MATIÉRES NOUS OBLIGE A RENVOYER AU MOIS PROCHAIN NOTRE

CHRONIQUE GENERALE ET NOS YARIA

Bibliographie
The Species of Pedicularis of the Indian Empire and its
frontiers. DAVID PRAIN. Calcutta.
Nous nevenons sur cet important ouvrage, trop ignoré des botanistes
d'Europe, pour en doener une complète analyse. Le but que se propose
l'auteur est de décrire les espèces indiennes de Pedicularis après avoir,
par un apercu rapide du genre entier, fixé leur place naturelle. Par l'Inde
botanique it faut entendre non seulement l'Inde politique mais l'Inde entière
dans toute son extension géographique telle que l'a comprise Hooker dans
sa Flora of British India.
Première Partie.— Le chapitre premier retrace l'historique du genre depuis
Tournefort et Linné jusqu'aux derniers monographes. En 4753 Linné
décrivait 14 espèces de Pédiculaires. Depuis lors ce nombre s'est élevé it
261 et l'avenir amènera de nouvelles découvertes.
Dans le chapitre second M. Prain traite de la morphologie de ce genre
intéressant.
La plupart des Pédiculaires indiennes sont vivaces. Cette partie est des
plus intéressantes á ra'rtt des détails dans lesquels entrel'auteur; ainsi, par
exemple, it nous donne un tableau très consciencieux des variations de
longueur du tube de la corolle.
-- 250
Au moyen de deux flèches it représente ingénieusement les relations
réciproques du bec et de la lèvre de la corolle. Un troisième tableau
nous offre la relation qui existe entre la couleur de la corolle et sa struc-
ture.
Le troisième chapitre renferme les questions générales concernant les
diagnoses et la classification des espèces. Dans cette partie, riche en consi-
dérations fort justes relativement aux meilleurs caractères distinctifs des
espèces, nous trouvons un tableau qui nous donne le rapport qui existe
chez les Pédiculaires entre la phyllotaxie et la structure florale. Les espèces
à feuilles alternes présent 45 °J ° de corolles pourvues de bec; les espèces à
feuilles opposées en comptent au contraire 55 °/°.
C'est également dans ce chapitre que l'on trouve le diagramme de l'arbre
généalogique des sections quasi-naturelles du genre Pedicularis. On y
trouve aussi le tableau du système de M. Maximowicz auquel M. Prain
oppose un nouveau système. M. Prain admet trois divisions principales :
Longirostres, Aduncce, Erostres. Les Longirostres se subdivisent en
Siphonanthce et Orthorrhynchce;les Aduncce en Rhyncolophce et Bidentce,
les Erostres en Anodontc.
Le chapitre quatrième présente encore un plus grand intérêt et traite de
la distribution géographique des espèces de Pédiculaires.
M. Prain après avoir traité de l'habitat général du genre et délimité les
provinces Arctiques-Alpines d'après les espèces de Pedicularis qu'elles
renferment, distingue 8 provinces principales : Région circumpolaire,
Europe, Sibérie et Turkestan, Caucase, Japon, Chine et Thibet, Himalaya
et Yunnan, Amérique. Du tableau VI, it ressort que l'Himalaya renterme
lui seul 101 espèces soit plus du tiers des espèces. M. Prain subdivise ces
provinces, démontre la légitimité de l'annexion du Yunnan a l'Himalaya,
émet l'hypothèse de migrations successiees et donne les arguments qui
militent en faveur de cette hypothèse ; arguments tirés des faits, de la pro-
portion des espèces endémiques, de la morphologie, de la couleur, de la
phyllotaxie. Viennent ensuite, avec la distribution des divisions et des
sections, des considérations générales et particulières.
La province Himalayenne se subdivise en Himalaya proprement dit com-
prenant 64 espèces, Indo-Chine 47 et Sud de l'Inde seulement 2 espèces.
De nombreuses tables donnent la proportion pour les diverses divisions et
subdivisions.
Un tableau indique les multiples subdivisions de la province la plus
intéressante celle que M. Prain qualifie d'Himalayenne.
De nombreux diagrammes servent a expliquer les migrations succes-
sives.
II e Partie. — Le V e chapitre contient l'historique des espèces indiennes;
le Vle chapitre rend compte des affinités qui existent entre les diverses
sections du genre ; le Vll e chapitre donne la clef artificielle pour la déter-
mination des espèces indiennes.
Iiie Partie. -- Cette partie renferme les descriptions des espèces indiennes
....... 251 -^-
et est suivie d'un index. Parmi les espèces, dont l'auteur a la paternité,
nous remarquons : Pedicularis Daltoni, P. Garckeana, P. nepalensis,
P. Scullyana, P. Oliveriana, P. instar, P. Heydei, P. confertifiora,
P. chumbica, P. tenuicaulis, — P. Pantlingii, P. corymbosa, P. Col-
lettii, P. odontophora, P. albiflora, P. Gammieana, P. schizorrhyncha,
P. lyrata, P. Regeliana, P. gibbera, P. collata, P. fragilis, P. Kin-
gii. Enfin 37 Planches complètent cette superbe et savante monographie
qui fait le plus grand honneur a l'éminent botaniste qui en est l'auteur et
qui sera d'un puissant secours quand on voudra s'occuper de la répartition
des espèces du genre Pedicularis.
H. L.

Revues
Sommaires
Bulletin de l'herbier Boissier (no 3). Fungi lEthiopico-Arabici. I. G.
Schweinfurth legit. P. HENNINGS. – Sur les bractées florifères. C. DE CAN —
DOLLE. – Notice sur le Zannichellia tennis Reuter. PH. PAICHE. – Lichenes
Arabici a cl. D r Schweinfurth in Arabia Yemensi lecti. J. MULLER. – Lichenes
Amboinenses a cl. D r Cam. Pictet lecti. J. MULLER.
Cosmos (I8 mars). Au Kilima-Ndjaro. A. LE ROY. – Les noms des plan-
tes. A. ACLOQUE.
(25 mars et Oer avril). Au Kilima-Ndjaro. A. LE ROY.
Feuille des Jeunes Naturalistes (I er avril). Mycocécidies de Lorraine
(suite). Abbé J. J. KIEFFER. – Contributions á la Flore bryologique du
Nord et du Pas-de-Calais. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. – Sur les plantes
adventices. — Amsinckia angustifolia. GALLAIS.
Journal de botanique (16 mars). Recherches sur le développement de
la graine et en particulier du tégument séminal (suite). LEON GUIGNARD. —
Lichenes neo-caledonici a cl. B. BALANSA in Nova Caledonia lecti nec non
alii nonnulli ab aliis ibidem observati quos enumerat D r J. MULLER (fin). —
Monographie des Orchidées de France (suite). E. G. CAMUS.
Naturaliste (45 mars). La Yuyucha algue alimentaire. P. HARLOT. – Les
fleurs zygomorphes. H. COUPIN.
Notarisia (Vol. vii, no s 33-34). Nonnullae algae aquae dulcis Lusitanicae.
W. WEST. – Alcune altre osservazioni sulle algue. F. DEL TORRE. -- L'ori-
gine Bella Pietra litografica per azione biologica delle diatomee. LEVI – MORE-
NOS. – Sur la Cyanophilie et l'Erythrophilie des noyaux cellulaires.
E. DE WILDEMAN. – Nuevo tipo di diatomea pelagica italiana. F. CASTRA-
CANE. – Le congrès international de botanique de Gênes. E. DE WILDEMAN.
Notes de technique : Fixation des algues. — Montage d'objets micros-
copiques. — Ciment pour fermeture des préparations microscopiques
— Solution saturée de sel marin.
-- 252 -r
Revue Scientifique (25 mars) . Asclépiades. MAURICE ALBERT.
Revue scientique du Limousin (45 mars). L'huile des trois cents plantes.
A. SADA.
Bivista italiana di scienze naturali (1893, nos 4 et 2). Riproduzione
animale e vegetale (Contin). A. NEVIANI.

Extraits et Analyses
La Rouille du Blé par ERN. OLIVIER. - Dans le travail de M. Olivier,
extrait du Bulletin-Journal de la Société d'Agriculture de l'Allier, nous
trouwons d'intéressants renseignements sur cette Urédinée parasite dont
les spores passent par plusieurs phases avant d'acquérir leur forme défi-
nitive.
La Rouille du Blé ou Puccinia graminis parcourt une partie de son
cycle de végétation chez l'Epine-Vinette (Berberis vulgaris L.) chez Iaquelle
•pn peut suivre les deux premières phases de son évolution tandis que le
blé lui-même est le théátre des deux dernières phases.
Pour combattre cette maladie du blé, connue depuis la plus haute anti-
quité, it faudrait prendre des mesures radicales. Ecoutons plutót 1'auteur :
a La destruction de l'Epine-vinette pourrait produire des résultats efficaces;
mais pour cela it est de L toute nécessité que cet arbrisseau soit arraché
complètement et simultanément sur tous les points du territoire. C'est une
loi qu'il faudrait promulguer, et son exécution ne serait pas des plus
faciles. )

Sociétés savantes
Académie des Sciences de Paris
Séance du 6 mars. -- M. CIIAMBRELENT montre que, moyennant 200 mil-
lions, on pourrait reboiser et diminuer ainsi les eaux de crues qui sont un
fléau, au profit des eaux d'étiage qui sont un bienfait.
M. E. MESNARD a trouvé, en étudiant le parfum des - Orchidées, que celles-
ci ne présentent pas, dans leurs fleurs, de dispositions anatomiques spé-
ciales qui les puissent diftérencier des autres fleurs a parfums. Si l'on tiert
cornpte de la richesse plus ou moms grande des cellules en composés tan-
noIdes, on pourra comprendre les modifications que l'on remarque, dans
une même journée, soit,dans la nature, soit dans l'intensité des parfums.
L'essence se trouve localisée ordinairement dans les cellules épidermiques
de la face interne des pétales ou des sépales. On peut aussi la rencontrer
dans les cellules de la face interne chez les fleurs dont les cellules ren-
ferment beaucoup d'huile grasse et de sues végétaux.
Note de M. PRILLIEUX sur une maladie nommée Minet, sorte de pourri-
tures due ê un champignon et qui se présente chez la barbe de capucin
LE SOUS-LIEUTENANT PAUL DUPUIS

NE A St-NICOLAS-WAES LE 9.O MARS, 1869, ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE MILITAIRE BELGE

EXPLORATEUR DE L' ACADAMIE INTERNATION'ALE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE


— 255 —
(salade d'hiver résultent de l'étiolement en cave de la chicorée). L'auteur
pense que le saccharate de cuivre amènerait la destruction du champignon,
Des recherches de M. JULIEN CONSTANTIN il ressort que la mile (maladie
des champignons de couche), doit être combattue au moyen du lysol qui
serait utilement employé a détruire les foyers de móles que l'on pourrait
découvrir dans une carrière.
Note de M. CH. DEGAGNY sur la morphologie du noyau cellulaire chez les
Spyrogiras et sur les phénomènes particuliers qui en résultent chez ces
plantel.
Séance du 20 mars. —M. AIMÉ GIRARD rappelle que, grace a ses travaux,
le rendement moyen de la pomme de terre industrielle et fourragère, en
France, qui, it y a dix ans ne dépassait pas 7 500 kilogrammes a l'hectare
et atteignait rarement le maximum de 20 000, est aujourd'hui de 30 a
40 000; en moyenne, avec un maximum de 49 000.
M. L. MANGIN préconise l'emploi du rouge de ruthénium dans les recher-
ches d'histologie végétale et en démontre les avantages.

Correspondance
Boma (Congo)
Le voyage s'est Bien passé. Je vous enverrai des nouvellf;s détaillées de
mon voyage par le prochain courrier. Je pars pour le camp de Zambi.
Bien a vous,
PAUL DUPUIS.

Jardin botanique du Missouri


Cabinet du Directeur.
Saint,Louis, 18 février 189^,
CHER MONSIEUR,

Je ne puis dire si, à l'occasion de l'exposition de Chicago, cet été, un


congrès botanique sera tenu dans cette ville. Si oui, je serai heureux de
représenter l'Académie au congrès ou de la faire représenter a mon défaut
par le professeur BEAL ou M. WHEELER comme vous me le demandez dans
votre lettre du 22 octobre dernier. Excusez-moi de n'avoir pas répondu
plus tot. Je différais dans l'espoir d'être fixé plus surement sur l'existence
du congrès.
Actuellement nous étudions les petits groupes des Gayophytum et Bois-
duvalia; quand nous serons arrivés a un résultat satisfaisant, je serai
heureux de vous communique'' les résultans de nos recherches, comme
vous le réclamez dans votre lettre du 29 novembre. Les autres Onagrariées
des Etats-Unis seront étudiées dans un an ou deux pour la publication de
la Synoptical Flora du D r Gray, dont on continue a s'occuper a Harward.
D'ici la, il me paralt inutile de faire un travail de compilation au sujet de
--- 236 --
la distribution des espèces ; cependant, si voos y tenet particulièrement,
je me ferai un pluisir de vous en dresser un tableau renfermant les faits
acquis jusqu'à ce jour.
J'ai trap smis votre communication du 14 janvier au D r Vasey, le chef de
la section botanique au Département national de 1'Agriculture, puisque une
subvention du gouvernement, si elle peut être obtenue ne saurait l'ètre que
par son intermédiaire.
Cordialement vótre,
W. TRELEASE.

Offres et Demandes
Nous recevrons avec reconnaissance tous les exemplaires d'Onagrariées
que 'on voudra bien nous adresser.
Nola recevrons plus volontiers des parts de Jussieua, CEnothera et
Circcea.
Nous offrons au prix de 0,25, le paquet, des graines de Lawsonia
alba.

Petite Gorrespondance
Dr L... Bordeaux. Le prix de Ia collection complète de la O re année du
Monde des Plantes est de 15 fr. Nous consentons a la laisser a 12 fr. aux
nouveaux abonnés.
L'année incomplète (manque le n o 2), est laissée au prix de 8 fr. Mème
année (moins les nos 2 et 9), 5 francs.
M. V... Inde. Nous pouvons, moyennant 45 francs le cent, vous tirer
dans de bolmes conditions une centaine d'exemplaires de la gravure que
vous demandez.

Ouvrages parvenus à la Direction de la Revue


TITRES ET NOMS D 'AUTEUR : DONATEURS :

Second systematic census of Australian Plants


(avec notes manuscrites) F. VON MUELLER. B 011 FEIiD VON MUELLER.
Musci Americm Septentrionalis, etc. (suite),
Revue Bryologique). RENAULD et CARDOT. T. HUSNOT.
Dal Taccuino d'un viaggiatore nel paese dei
Vedda (Ceylan). Appunti suil' opera di EMILIO
DESCHAMPS. Prof. GUIDO CORA. E. DESCHAMPS.
La Rouille du Bié. ERNEST OLIVIER. E. OLIVIER.

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.


Le Mans. -- Typographic Edmond Monnoyer.
2e ANNÉE. No 21 ter JUIN 1893.

LE MONDE DES PLANTES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

Le paragraphe additionnel a l'article 2 du Règlement intérieur


soumis au vote des membres de l'Académie n'a pas été adopté.
La modification proposée au méme article n'a pas été adoptée.

DECISIONS

Par décision en date du 20 avril 1893 :


M. Casimir de Candolle est nommé associé libre de l'Académie.
Par décision en date du 25 Mars 1893 :
M. A. Acloque est nommé sur sa demande Associé libre de
l'Académie.
L'Académie accordera le titre de membre auxiliaire de l'Aca-
démie a toute personae qui paiera une cotisation annuelle de
10 francs.
Le nombre des membres auxiliaires est illimité.
Les membres auxiliaires recevront en échange de leur cotisation
Le Monde des Plantes.
Tout membre auxiliaire qui deviendra Associé libre ou membre
córrespondant, titulaire ou honoraire de l'Académie, verra sa
cotisation s'abaisser de 10 francs a 6 francs, montant du prix de
la Revue.
Les membres auxiliaires seront nommés sur leur demande par
simple décision du Directeur de l'Académie.

BARON FERD. DE MUELLER,

Directeur de l'Académie.

H. LÉVEILLÉ,
Secrétaire perpétuel.

T. H. 9
-- 258 —

Des négociations sont également entamées relativement à la


ïtilédaille dont la création ne tardera pas, et relativement aux Sub-
ventions et au Comité de patronage des explorations qui renfer-
merait dans son sein, outre les adhérents, les membres d'honneur
et le bureau de l'Académie.

La botanique vient de perdre un de ses principauxreprésentants


en la personne de noire éminent collègue M. ALPHONSE DE CAN-

DOLLE. M. Alphonse de Candolle faisait depuis plusieurs mois par-


tie de notre Academie, Bien que nous n'ayons recu que depuis peu
acte de son acceptation.
Associé étranger de l'Académie des sciences de Paris, M. AL-

PIIONSE DE CANDOLLE avast présidé le Congrès international de bo-


tanique tenu à Paris en 1867.
Il est mort le 4 avril à Genève à 87 ans. Son fils M. CASIDIIR DE

CANDOLLE nous a officiellement notifié le décès de son père.


Cette perte sera profondément ressentie de tous les bota-
nistes.
Nous nous associons d'autant plus aux regrets qu'elle inspire
que M. DE CANDOLLE a été lefondateur de la Géographie botani-
que à laquelle nous nous sommes consacrés. Cette Revue qui en
est plus spécialement l'organe porte le nom des DE CANDOLLE SUF
Sa couverture. Elie n'oublie pas en effet que ALPHONSE DE CANDOLLE

était le fils du savant AUGUSTIN DE CANDOLLE continuateur de LINNI


a
et de DE JUSSIEU.

Né h Paris en 1806, it laisse après lui un fils qui est un bota-


niste, car l'amour de la botanique est héréditaire dans cette
famille.
Il serait trop long de citer ici les innombrables travaux de l'é-
minent botaniste dont MM. DUCHARTRE ET BORNET ont déjà retracé
la carrière.
Qu'il nous soit permis de lui payer simplement ici, par ces quel-
ques lignes, un tribut d'éloges et d'admiration.
H. L.
-- 259 --

BOTANIQUE PURE
GÉ4GRAPHIE

Les Onagrariées du Limousin (Suite)


* Epilobium obscurum Schreb (Epilobe obscur). --
E. virgatum acct. an Fries. — Confolentais : Lieux humides
aux environs de Confolens. — Haute-Vienne : C. notamment près
des étangs et des pêcheries a La Chapelle, à Bussières-Galant,
sur les bords de la Briance au moulin de St-Paul, au Riz-Chau-
veron (Chaboisseau). -- Creuse : Ahun, C. ; St-Médard, Issou-
dun, Ste-Feyré, etc. -- Corrèze : dans les lieux humides de la
partie granitique a Ste-Féréole et aux environs d'Ussel.

Epilobium tetragonum Linné (Epilobe et quatre an-


gles). (E. adnatum Griseb, paralt être une variété a rattacher a
cette espèce.) — Nontronnais : Bords des eaux, A. R. -- Confo-
lentais : fossés, rigoles a Confolens ; la Seunie, commune d'Hiesse.
-- Haute-Vienne : CC. -- Creuse : C. --- Corréze : Bords des
fossés, champs humides, plus ou moins C ; A C. a St-Robert
(Brine); A. R. a Argentat (Tulle) ; A C. au Moncourrier, h Lavaus-
sange etc. (Ussel).
Epilobium Lamyi Schultz (Epilobe de Lamy), — Confolentais :
CC. --Haute-Vienne : C. dans les terrains frais, mais non aqua-
tiques; champs cultivés, allées des jardins (Limoges, Condit, Isle,
Aixe, St-Junien, etc.). -- Corrèze : Lieux humides, plus ou
moins C. ; R. aux environs d'Ussel. -- Beaucoup ;de botanistes
considèrent cette espèce comme n'étant qu'une forme d'E. tetra-
gonum.
* Epilobium roseum Schreber (Epilobe rose). -- Con-
iolentais : Fossés de la route près du moulin de La Roche a Con-
folens. -- Haute-Vienne : Bas jardins du grand séminaire a
Limoges ; sous des rocs près de la rive droite de l'Aixette a Aixe
— 260 —
-- Creuse : R R. Chambon. -- Corrèze : R R. ; Ussel, A R, val-
lée de la Diège, près Roche-Peyroux (Gonod d'Artemare).

Epilobium silvatieum Boreau (Epilobe des bois). — Haute-


Vienne : au Treuil près Limoges. -- Creuse : ruines du château
de l'Hermite près Janaillac. — Corrèze : R.

* Epilobium collinum Gmelin (Epilobe des collines). —


E. montanum ramosum De Candolle. E. montanum var. colli -
num Koch. — Confolentais : chátaigneraies et lieux secs aux envi-
rons d'Ansac, de Confolens, etc. -- Haute- Vienne : R. Limoges,
sur un murh Beaupeyrat ; au Bas-Marin, commune de Coodat;
forme naive près de Condat que Schultz rapportait au monta-
num; autre forme au même lieu a lignes de la tige presque nulles
que Schultz appelait lanceolatum; pour Boreau ces deux plantes,
que Lamy lui avait communiquées, étaient des formes du colli-
num ; Isle ; St-Léonard; Puy-Lanneau, commune de Boisseuil ;
Pierre-Bussière. — Corrèze : indiqué par Lamy, doit s'y trouver
confondu avec E. montanum.

* Epilobium montanum Linné (Epilobe des montagnes).


-- Nontronnais : Bois montueux, A C. ; Piégut, Bussière-Badil,
Nontron, Anginiac, etc. -- Confolentais : A C. Le Pignoux, Con-
folens, etc. -- Haute-Vienne : C. dans les lieux montagneux ; près
du moulin de St-Paul (ii feuilles ternées) ; La Roche-l'Abeille;
St-Léonard, dans le bois de Surzol et lieux couverts a La Chapelle;
jardin du Treuil ; St-Barbant, dans un bois ; bois du Taurion ; Le
Dorat, fossés humides ; Champagnac, bois des forges de La Rivière,
C. (4 -stigmates séparés) ; Limoges, dans un jardin au Puy-Im-
bert (Le Gendre). — Creuse : C. vane à fleurs blanches. —
Corrèze : Ste-Féréole, Beaulieu, Tulle, Treignac, Argentat, Sei'-
vières,Mercoeur ; C. a Ussel.

* Epilobium lanceolatum Seb. et M. (Epilobe lancéole).


E. sparsifolium Dmbr. -- Nontronnais : Collines des terrains
granitiques ; Piégut, Anginiac, Bussière-Badil, Champniers. --
Confolentais : Ca-et-là, Confolens, Ansac, Chabanais. -- Haute-
-- 261 --

Vienne : C C. — Creuse : C. -- Corréze : A C. dans les environs


d'Ussel (Laforge, Bonnaigne, Ratabourg, Neuvic, etc.)

(A suivre) CH. LE GENDRE

Une nouveauté pour la Finlando.


M. Ax. Arrhenius a trouvé l'année derniè r e l'Epilobium hyperi-
c folium Tausch., croissant en grande quantité avec l'Epilobium
montanurn, tout a fait spontané dans notre jardin botanique de
Helsingfors oir it n'a jamais été cultiué. Haussknecht, le monogra-
phs du genre, est convaincu que c'est tine bonne espèce bien dis-
tincte. II a été trouvé en Bohéme et dans la Smolandie (Smáland,
lat. Smolandia). dans la Gothic ou partie méridionale de la
Suède.
EDUARD HISINGER.

Statistique des plaates australiennes connues it


la fin de 1892.
Nombre total d'ordres ou families de plantes vasculaires : 156;
de genres : 'i 424 ; d'espèces 9 021.
De ces espèces, 3 660 croissent dans l'Australie Occidentale
extra-tropicale; 1969 dans l'Australie du Sud extra-tropicale;
I OM en Tasmanie; 1949 en Victoria ; 3 356 en Nouvelle-Galles
du Sud ; 3 873 dans le Queensland ; 2 037 dans l'Australie du
Nord.
Nombre d'espèces indigènes admises dans la Flora Australien-
sis, après plusieurs réductions : 7 814. Additions mentionnées dans
la présente statistique préliminaire : 1207 espèces.
Proportion relative a la distribution de ces espèces dans les di-
vers territoires coloniaux : Australie Occidentale 40, 6 0/0 ; Austra-
lie du Sud 21,8 °/°; Tasmanie 11,6 °/°; Victoria 21,6 0/0 ; Nou-
velle-Gallcs du Sud 37,2 0/0 ; Queensland 42,9 °/° ; Australie du
Nord 22,5 °/°.
_ 26 2 —
Sur le nombre total, 7 588 sont endémiques en Australie conti-
nentale et en Tasmanie ; par suite, 1433 ou 15,8 V. s'étendent
aussi à d'autres pays. De celles-ci, 166 se trouvent en Europe ;
1 05 7 en Asie ; 531 en Afrique; 323 en Amérique; 638 en Poly-.

nésie ; 350 en Nouvelle-Mande.


Espèces ajoutées depuis la publication du premier Census des
plances australiennes : 375 ; depuis le second Census : (82.
Nous ne parlons pas ici de plusieurs chang emenis dans les clas-
sifications ni de certaines réductions.
Annotations géographiques ajoutées depuis l'édition du second
Census : 555 (4).
Le nombre total des espèces vasculaires indigènes de toute
l'Australie, en conservant les formes actuelles, s'élèvera probable.-
ment a moms de 40 000 quand toutes les parties lointaines auront
été Bien explorées.
(A suivre) B°n F. DE MUELLER

Influence du terrain sur la distribution des plantas


Par F. RENAULD (Suite)

Il nous reste a examiner le cas ou les rothes elles-mêmes (ce mot


pris ici dans son acception vulgaire de « rockers ») ne sont pas chi-
miquernent horlogènes , ni suffisamrnent isolées pour être ii l'abri
de mélanges accidentels. Les quartzites, les grès quartzeux, les
schistes siliceux du terrain de transition et les calcaires sont géné•
ralement très puts. Quand les calcaires deviennent fortement
magnésifères (doloniies), ils ne produisent parfois au contact des
acides qu'une très faible effervescence et pourraient peut-être
admettre quelques espèces calcifuges peu caractéristiques. Les
macignos (grains de quartz reliés par un ciment calcaire) n'ont que
des espèces calcicoles, d'après ce que nous avons observé dans les
Alpes francaises; cependant it ne serait pas impossible que, par

(1) Récemment nous recevions communication de cinq annotations nou


H. L. -vels.
--- ^G6J —

suite de l'action longtemps prolongée des eaux de pluies, l'élément


calcaire lessivé disparaisse peu a peu et alors la roche pourrait
admettre des espèces un peu calcifuges.
Les granites sont généralement purs et leurs espèces sont
calcifuges, cependant dans certaines variétés a pAte pyroxénique
ou labradorique, et surtout dans certains porphyres 'a vacuoles cori
tenant un peu de carbonate de chaux, quelques espèces calcicoles
se rencontrent par exception.
Les roches volcaniques normalement siliceuses et habitées pas des
espèces calcifuges offrent dans plusieurs variétés, notamment dans
1'andésite et le basalte des traces notables de carbonate et de phos-
phate de chaux et admettent quelques espèces calcicoles. Sur quel-
ques points du Cantal en particulier, le Frère Iléribaud et nous
avons constaté les Leptotrichum flexicaule, Bartrarnia OEderi,
Timmia megripolitana, A mblyodon dealbatus, 111 yurella julacea.
Cette production du carbonate de chaux h la surface des rockes
silicatées, même en masses solides ou en blocs, et qui s'effectue par
la transformation des silicatesbasiques en carbonates, sous l'influence
des eaux chargées d'acide carbonique est surtout remarquable dans
les terrains volcaniques et principalement dans les parties ou le
basalte est désagrégé. Ainsi que l'ont reconnu M. Parisot au Kai-
sersthul et MM. Martial Lamotte, Contejean et Saint-Lager en
Auvergne, le sol devient alors effervescent au contact des acides et
se people de Phanérogames calcicoles qui manquent, en Auvergne,
aux roches volcaniques non désagrégées ou la végétation reste calci-
fuge. C'est exactement le contraire qui devrait se produire scion la
théorie de Thurmann.
L'introduction de l'élément calcaire et des mousses calcicoles
dans les terrains siliceux s'effectue encore et surtout par l'intermé-
diaire des eaux chargées de carbonate de chaux qu'ils recoivent.
Dans les massifs siliceux étendus et isolés comme les Vosges ou Ie
Schwarzwald, ces mélanges ne se produisent guère, mais quand ii
s'agit de montagnes a constitution géologigne complexe, on en
trouwe des exemples très fréquents. Sous ce rapport le terrain de
transition (alozoïque) des Pyrénes que nous avons pu étudier
--.- 264 .-.-
attentivement offre tin intérêt tout particulier. Les calcaires carbo-
nifères, partie supérieure du système, sont, it est vrai, réunis en
massifs assez distincts, mais les calcaires siluriens et dévoniens se
présentent en couches intercalées entre les assises de schistes sili-
ceux, roches lures et compactes que l'on peut assimiler aux por-
phyres comme état mécanique d'agrégation. Or ces handes calcaires
se montrent en affleurement dans les coupures, les escarpements,
les versants des vallées, etc. ; les eaux qui les traversent se chargent
de carbonate de chaux en dissolution et coulent ensuite sur les
parois des roches siliceuses situées au-dessous ou suintent de leurs
fissures, accompagnées de quelques mousses calcicoles comme :
Gymnostomum rupestre, Weisia verticillata, Gymnostomum cur-
virostrum, Hypnum commutatum, Hypnum falcatum, Hypnum
sulcatum, etc., et vela, d'une facon si marquée, que parfois,
notamment dans la Gorge de Luz (Pyrénées), nous ivons trouvé
ces espèces incrustées de calcaire comme dans les tufs, ta p dis que
dans le voisinage immédiat, mais en dehors du contact de l'eau
carbonatée, nous constations, sur la même roche, des espèces calci-
fuges comme ; Weisia fugax, Campylopus, polytrichoides, Ply-
chornitrium polyphyllum, etc.
Les Bryologues qui auraient l'occasion de visiter la vallée
d'Ossau, dans les Pyrénées, entre les Eaux-Chaudes et Gabas,
pourront, même sans quitter la route qui est creusée dans le granite,
apercevoir à l'embouchure du vallon de Soussouéou, tine montagne
escarpée dont la coupure presque verticale laisse voir les deux tiers
inférieurs formés d'un granite de couleur sombre et le tiers supé-
rieur d'une puissante assise de calcaire qui tranche vivement par sa
couleur blanche. Pour un botaniste vosgien ou jurassien, habitué
à l'uniformité de ses montagnes, rien de plus saississant que vette
superposition avec contact immédiat, du calcaire et du granite.
Quelques massifs granitiques assez étendus des Pyrénées recoi-
vent l'élément calcaire par les torrents qui les traversent et qui
proviennent de la haute chaine calcaire de Gavarnie au Vignemale
dont les boues glaciaires se sont répandues au loin, introduisant
avec eiles du carbonate de chaux dans les terrains siliceux. Sur les
-- 265
parois de granite qui encadrent les Gaves(torrents) de cette région,
nous trouvons quelques mousses calcicoles comme : Barbula. tor-
tuosa, Gymnostomum rupestre, Leptotrichum flexicaule, Bartramia
OEderi, Cinclidotus fontinaloides, Cylindrothecium concinnumy
Pseudo leskea catenulata, Ptychodium plicatum, mais toejours dans
le périmètre arrosé par les eaux ou par la bruine des cascades.
Sur les mars construits en pierres siliceuses, mais ou le calcaire
a été introduit avec le mortier, nous voyons apparattre des mousses
calcicoles comme : Gymnostomum calcareum, Barbula tortuosa,
Barbula inclinata, Barbula aloides, Grimmia crinita, Grimmia
orbicularis, Bryum murale, Encalypta streptocarpa, alors qu'au-
cune station de ces plantes ne se trouve dans le voisinage. Ce fait
met hors de toute contestation l'action attractive de la chaux sur
ces espèces et d'autres analogues qui se retrouvent toutes sur les
rothes calcaires.
(A suivre)
. _7..,._.

Quelques localités nouvelles de plaates tares


ou peu communes pour la Sarthe relevées dans
moa herbier
Diplotaxis muralis DC. Chateau-du-Loir, 1883.
Althcea officinalis L. Bannes près de Chateau-du-Loin,
sur les bords du Loir, 1883.
Androscemum officinale All. Ravin de Charance, près Lu-
ceau,1883.
Angelica sylvestris. L. Le Mans, bords du canal de Saint-
Georges, 1883.
Anthemis nobilis L. Le Mans, a l'Epau, 1883.
Villarsia nymphoides Vent. Chateau-du-Loir, dans le Loir,
1883.
Rhinanthus hirsutus Lamk. Le Mans, a l'Epau. 188e.
Scutellaria minor L. Château-du-Loir, bords du Loir.
Salvia sciarea L. Goulard, près de Chateau-du-Loir, talus
T. 'II 9*
-266--
sur la gauche de la route qui longe le chemin de fer en venant de la
gare, 1883.
Samolus Valerandi L. Bannes près de Château-du-Loir,
prés sur Ja rive droite du Loir, i 883.
Deux autres plantes : Lathyrus tuberosus L., et Melissa
officinalis Moench., sons également dans cet herbier. L'une est
notée comme recueillie a Aubigné, mais ne 1'ayant pas récolté moi-
même je ne pais rien aflirmer. Quant au Melissa officinalis, je
l'ai recueilli presque en face du Salvia sclarea noté plus haut.
Mais il était évidemment échappé de jardin.
Quant aux localités citées plus haut ii reste à s'assurer que de-
puis lors les plantes n'en Bont pas disparues.
H. LÉVEILLÉ.

La disposition florale dos Composées rattachée au


mode d'inflorescence de 1'Anémone (1),
I1 serait a la fois utile et intéressant d'étudier en particulier, au
point de vue de son inflorescence, chaque espèce végétale, d'y recher-
cher les traces des organes avortés ou rudimentaires, qui, déve-
loppés dans d'autres formes, leur donnent un aspect spécial, et,
en combinant l'observation pratique avec le raisonnement, de rap-
porter les types analogues à un méme mode d'évolution invariable
dans ses traits essentiele.
11 n'est pas nécessaire, pour se livrer a cette recherche, de faire
provision de principes a priori ; loin de là, l'observation faite sans
aucune idée préconcue, j'oserai mëme dire sans but déterminé, se-
ra souvent la plus fructueuse, parce qu'elle laisse l'esprit libre, in-
dépendant, et qu'elle permet d'apprécier les analogies avec plus
d'impartialité.
Faites-en l'expérience : prenez la Plante la plus triviale, exa-
minez-la sous tous les aspects, comparez ses organes, cherchez
leur raison d'être, leut' point d'insertion, leur origine, et, au fur et

(t) Reproduction interdite.


-- 26 i ---
5. mesure que votre observation se eomplètera, le processus du dé-
veloppement de toutes ces parties en apparence si distinctes se
montrera à votre imagination dans une plus lumineuse évi-
dence.
Vous ne concevrez d'abord que des hypothéses, et qui vous pa-
rastront même parfois Bien téméraires ; mais peu à peu, le cercle
de vos observations s'étendant, vous arriverez, dans une espèce ou
dans une autre, a la démonstration du fait physiologique traduite
en une réalité morphologique ou anatomique.
Cette étude, je l'ai faite pour an certain nombre de formes.
Toutefois, je ne rapporterai pas ici tons les résultats auxquels je
suis arrivé ; je veux vous laisser le plaisir de faire nous-même 1'api
plication des principes que je trois pouvoir poser, et d'ailleurs ces
principes se réduisent a quelques lois générales qu'il est suffisant
de connastre.
Pour aujourd'hui, je m'attarderai encore a 1'Anémone, dont je
ferai le type, ou mieux le point de départ, l'indication de 1'inflo-
rescence dune grande quantité de formes, qui occupent une place
considérable dans la série végétale, les Syuanthérées, auxquelles
on pourrait adjoindre les autres groupes à fleurs sessiles en capi+
tule.
J'ai montré dans mon dernier article que le système floral des
Anémones est organisé d'après deux tendances différentes. A la
base sont trois verticilles qui simulent les pièces asexuées d'une
fleur simple. Le verticille plus interne produit dans son sein un
bourgeon terminal qui retourne a la disposition spiralée et tigel-
laire de l'axe souterrain, et qui émet des bractées rudimentaires
produisant chacune a leur aisselle un bourgeon floral.
Ce bourgeon est du a la décomposition du faisceau flbro-vascui,
laire médian de la bractée. A l'aisselle de chaque bractée inféw
rieure, it s'organise en feuille simple appelée a jouer un Me
fécondateur, c'est-à-dire, en éíamine, la nervure médiane devth
naut le filet et le connectif, et les lobes latéraux les deux loges. Le
bourgeon des bractées supérieures s'organise immédiatement en
ovaire. Son enveloppe extérieure constituant la paroi ovarienne, it
—268—
est en réalité infère, bien qu'il ne porie pas d'étamines ni de pé-
tales h son sommet. 11 serait supère si son enveloppe s'était divisée
en valves, qui simuleraient un calice ou une corolle; mais en rai-
son de son mode d'évolution, it ne saurait produire aucun organe à
sa base.
L'organisation florale des Composées est-elle différente de celle
que jeviens de décrire?
On y trouve de même deux tendances superposées, et toutes
deux actives. A la base de l'axe florifère, it y a un ou plusieurs
verticilles de folioles, vertes ou subpétaloïdes, qui constituent très
évidemment les valves d'un bourgeon, et sont par suite les analo-
gues des prétendus sépales de l'Anémone ; au-dessus de ces val-
ves, l'axe redevient un rameau, qui simule un réceptacle conique
ou presque plan, sur lequel sont insérées, suivant une disposition
spiralée plus ou moins visible, des bractées tintut atrophiées, tantót
Bien développées sous la forme de paillettes, et qui, de leur aisselle,
donnent chacune naissance à un bourgeon floral.
Voilà pour la disposition générale des organes ; je crois que l'a-
nalogie est assez sensible pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en Bon-
ner une plus ample démonstration. Je me contenterai d'appeler rat-
tention sur ce point que la superposition des deux tendances qui,
réunies, concourent á la formation de l'inflorescence tout entière,
ne se fait pas, chez un grand nombre de composées, d'emblée et
sans transition comme dans 1'Anémone. -Le plus souvent les orga-
nes ne retourvent que progressivement à leur première disposition,
ce qui fait que les fleurs de la circonférence Bont . rayonnantes, rap-
pelant ainsi les valves de l'involucre.
Une transition analogue se retrouve chez certaines Renoncula-
cées, la Ficaire, par exemple. Dans cette espèce, les valves du
bourgeon externe conservent quelque chose des aptitudes de la
feuille, aptitudes qui vont se retrouver plus développées vers le
centre de l'appareil, et émettent de leur aisselle une glande inutile,
indication de l'étamine ou de l'ovaire que produira chique bractée
de la spirale interne.
Pour identifier complètement l'inflorescence des Composées et
269 —
celle de 1'Anémone, it nous reste a établir une analogie entre les
fleurs, prises isolément, des premières et de la seconde. Je laisse
de cáté les fleurs males de l'Anémone, qui ne sont qu'une déviation
du faisceau fibro-vasculaire de leur bractée-mère, et qui ont pour
analogue chez les Composées les fleurs hermaphrodites a ovaire
avorté. Il me semble prétérable de montrer les relations qui unissent
les carpelles aux fleurons hermaphrodites, parce qu'elles expli-
quent toutes les autres.
La démonstration sera brève. Nous avons vu que l'ovaire de l'a-
némone dérive immédiatement des enveloppes les plus externes du
bourgeon floral, qui constituent ses parois ; it est. par conséquent
infère, comme l'ovaire des Composées. S'il avait a produire une
corolle, it est de toute évidence qu'il la produirait vers son sommet.
Nous aurions ainsi une fleur femelle analogue à celles des Compo-
sées, et qui se transformerait en fleur hermaphrodite tout simple-
ment par la production sur la corolle d'étamines formées aux (16-
pens de ses faisceaux 'fibro-vasculaires. C'est l'organisation des
Composées, chez lesquelles la corolle et les étamines ont une com-
mune origine.
11 est done difficile de voir, entre les capitules des Composées et

le chaton de 1'Anémone d'autre différence saillante que le développe-


ment de la corolle, qui est un caractère si secondaire que dans
certaines familles, les Alsinées, les Paronychiées, it varie dans la
même espèce et souvent sur le même individu.
Il y aurait sans Boute, dans ce rapprochement rationnel de formes
qu'on est accoutumé a considérer comme très distinctes, des indi-
cations utiles pour la classification ; mais ce n'est pas moi qui me
chargerai de les faire valoir. Si les botanistes trouvent quelque
vraisemblance a ma théorie, que j'établis sur la double base de
l'observation et de l'analyse, j'en seraf satisfait ; mais je ne suis
pas assez téméraire pour essayer de doneer a mes idées une appli-
cation pratique: it faudrait toucher a trop d'usages qui ont force de
lof.
A. ACLOQUE.
— 270 —

BOTANIQUE APPLIQUÉS
HORTICULTURE

La culture et le commerce des fleurs dans les


Alpes-Maritimes (Suite)
Nous avons, maintenant, a dire un mot des moyens de transport
qui ont une influence prépondérante sur la marche de cette culture
et qui n'ont pas toujours agi pour la développer. En 1890, en effet,
une proposition de tarif spécial concernant les expéditions par
colis postaux et petits colis de 5 kilog. a destination de Paris et de
l'étranger par le P.-L.-M. tendait a avoir pour effet de refuser
l'accès des trains rapides, pour ces colis. Les conséquences, si
elle avait été adoptée, auraient été désastreuses et se seraient peet-
être traduites par la ruine totale d'un commerce qui est devenu un
des plus importants de la région. Car it ne faut pas oublier que nos
voisins de la Rivière de Gênes nous font une sérieuse concurrence
pour ces produits. Les Compagnies ont le devoir de mettre a Ia dis-
position de nos floriculteurs-exportateurs les moyens les plus rapides
de transport vers Paris et le Nord, sous peine de voir tout ce com-
merce passer a nos voisins qui, soit par le Saint-Gothard, soit par
l'intermédiaire de certaines agentes ds transport, arriveraient avant
nous sur les principaux marchés européens.
Nos fleurs n'arrivent a Vienne en même temps que celles expédiées
par les Gênois par la voie de Ponteba, que grace aux trains rapides,
et la moindre entrave dans la rapidité de leur transport aurait pour
résultat de développer, a nos Opens, cette industrie chez nos voi-
sins. Or it ne faut pas oublier qu'elle est toute faite d'éléments
nouveaux, que pour un cultivateur pouvant supporter un arrêt
inomentané dans la consommation, ii y en a cent qui seraient
entrainés a la ruine. La Société centrale d'Agriculture des Alpes-

P l'organe de son éminent président M. Risso, 1 'a fort


Maritime$,ar
bien compris et elle est toujours sur la brèche prête à défendre les
intérêts vitaux du département.
-- 2 71 --
Nous venons de voir succinctement à quels rapides résultats sont
arrivés les travaux combinés des horticulteurs. Ajoutons que les
sociétés d'Agriculture de Nice et de Cannes— Celle de Nice surtout,
constituée depuis plus de 27 ans --- ne sont pas sans y avoir large-
ment contribué en groupant, en dirigeant et en stimulant les efforts
individuels. Chaque année s'ouvrent, sous leur patronage, de
brillantes expositions ou les merveilles de l'art cultural viennent
s'aligner à cóté des prodiges de décoration naturelle. Là sont toures
les plantes cultivées en pot, les primevères de la Chine, les Cycla-
mens, les ceillets, les cinéraires, les camélias, les fraisiers, les
azalées, les rhododendrons, les clinias, les dracaenas, les crotons,
les orchidées; les paniers de fleurs coupées, en corbeilles, ou jetées
en un merveilleux désordre, en cornets, en coussins, en bouquets,
en guirlandes, en trophées, tons travaux ravissants, produits
d'un labeur incessant qui voit, là, sa récompense dans le
succès.
La fleur qui, aujourd'hui, apparaït à toutes les fêtes ainsi qu'à
toes les.deuils, est devenue comme une nécessité des grands centres
populeux, d'autant plus civilisés, a-t-on dit, qu'elle y:est mieux
accueillie et plus répandue. C'est elle qui montre sa délicieuse
beauté comme un modeste jalon' sur le chemin du progrès.
On peut done compter que cette nouvelle richesse pour le dépar-
tement des Alpes-Maritimes se maintiendra dans l'avenir ; qu'elle
ne fera, au contraire, que s'accroitre au fur et à mesure que
l'adoption des méthodes scientifiques, auxquelles on doit déjà les
résultats acquis, pénètrera de plus en plus chez le petit cultiva-
teur. On ne se Boute généralement pas de la dose de science, de
patience, d'ingéniosité, de persévérance déployée à ces cultures :
physique, chimie, mécanique, météorologie sont tour à tour appe-
lées à livrer leurs secrets à la terre. Tous les efforts des floricul-
teurs mieux éclairés et plus versés dans cette branche tendent á
des créations nouvelles ; la moindre modification, la plus légère
déviaiion du type, de l'espèce ou de la variété sert de point de dé-
part à toute une série d'études ayant pour but la fixation de la
forme nouvelle. A quels étonnants résultats ne sont déjà pas
272--
arrivés les rosiéristes du Golfe-Juan ! Et chaque année peut se
marquer par des progrès immenses dans les produits obtenus.
Quel pas gigantesque a fait l'agriculture depuis l'époque ou
l'homme utilisait les páturages jusqu'à la nótre qui ooit sortir des
mains du floriculteur ces splendides variétés de roses comme les
bijoux des doigts d'un artiste ! Que deviendrait la botanique si
vette manipulation de l'espèce s'étendait a taus les types connus
des végétaux? Oh en serions -nous, enfin, dirons-nous pour finir,
avec un aimable auteur, si la culture des céréales, des planfes
fourragères et industrielies s'était perfectionnée, depuis cinquante
ans, autant que la culture fl orale !
N ILE DESCHAMPS.

11IÉDECINE

Poisons et empoisonnement dans l'Inde


En rendant compte d'une nouvelle édition des « Apercus de
Jurisprudence médicale pour l'Inde » de MM. Gribble et Hehir, la
Bombay Gazette fait à ce sujet les réflexions suivantes
Dans un pays oil les poisons de toutes espèces sont si faciles a
se procurer, ou la population est si clairsemée sur certains points,
si dense sur d'autres, oil se rencontrent si fréquemment de vio-
lentes épidémies, ou tant de décès sont attribués aux fièvres et a
la morsure des serpents, ii est vraisemblable qu'un grand nombre
de morts sont dues au crime. Les conditions particulières qui pré -
valent dans l'Inde, non seulement par rapport aux chances qu'y
rencontrent les criminels, mais encore par rapport à l'impunité qui
résulte pour eux du défaut de connaissances médicales spéciales en
dehors des grands centres, apportent à cet ouvrage une valeur spé-
dale. Le but du livre est d'instruire les membres de la police, de
la magistrature et les avocats des principes de la jurisprudence
médicale pour la découverte des crimes. Méme quand on peut
obtenir I'évidence par la médecine, it est nécessaire que le magis-
trat et les avocats puissent comprendre sa portée et poser les
questions nécessaires pour éclaircir les points douteux.
-- 2 7 3 --

Les moyens de tuer excitent a tuer. Les poisons employés dans


l'Inde stint principalement dus à des plantes indigènes très répandues
dans le pays et peu ou point connues des praticiens européens.
Plusieurs de ces poisons ne laissent absolument aucune trace ou
tout au moins pas de traces susceptibles d'être révélées par les
réactifs usuels. L'examen chimique a été impuissant a découvrir le
poison dans des cas nombreux ou cependant it avait été certaine-
ment employé.
Dans la Présidence de Madras, onze personnes furent prises
d'engourdissement et de délire après avoir mangé des gateaux.
Cinq des victimes moururent. On ne put découvrir de poison
dans les viscères d'aucune d'elles. L'arsenic est le poison miné-
ral le plus souvent employé ; it est sans doute employé probable-.
ment parce que les symptémes de l'empoisonnement par l'arsenic
sont très analogues a ceux du choléra. Il y a des faits qui font
supposer qu'il y a avantage a l'employer en temps d'épidémie cho-
lérique, parce que la découverte du crime est rendue plus difficile
par la hete que l'on apporte a bruler les corps de ceux qui meu-
rent du choléra. La racine d'Aconit, un des poisons les plus mor -
tels, a été employée dans l'Inde depuis les temps les plus reculés.
On s'en servait jadis pour convertir les flèches en armes de préci-
sion, en empoisonnant leurs pointes, pratique encore en vigueur
aujourd'hui chez les Nagas et les Santals. On est heureux d'ap-
prendre que l'usage de l'aconit comme poison va en décroissant.
La découverte de cet agent vénéneux n'est plus en effet si diffi-
cile qu'autrefois. On se tromperait pourtant si l'on croyait que la
possibilité de la découverte du poison soit un obstacle à son emploi.
La strychnine en effet qui est si facilement reconnaissable, et
dont on a retrouvé des traces dans le corps, onze ans aprè3 la
mort, estjoujours employée. Et pourtant elle est si amère que
1 partie , dissoute dans 70000 parties d'eau est encore percep-
tible,
Le poison du Datura, planre qui croft sur les monceaux de
fumier près des villages, est l'atropine ou datuine. Il est usité
dans l'Inde depuis longtemps, soit pour empoisonner les parti-
274 —^
cullers, soit pour se débarrasser, par raison d'état, des princes
odieux au souverain. Le Datura ressemble beaucoup plus pour ses
effets aux poisons lents du moyen Age. Parmi les sympt8mes
d'empoisonnement par le Datura, l'impossibili d'avaler, accom-
pagnée parfois d'une propension'amordre, et le changement de voix
rappellent les symptômes de l'hydrophobie. Le délire suit, avec un
rire sauvage et de telles grimaces que ceux-là même, qui redoutent
le résultat de la crise, ne penvent s'empêcher de rire. L'horreur inspi-
rée par cessymptómes est si grande qu'un des j eunes princes qui s'était
révolté contre l'empereur Aurengzeb le suppliait de le faire mestre à
mort de suite et de ne pas le forcer à boire le poost, nom qu'on don nait
alors à ces infernal breuvage. L'emploi du Datura, pour favoriser
le vol, prit une grande extension quand les Thugs eurent été obli-
ges de renoneer à étrangler leurs victimes avec un foulard qui
joua un róle sinistre dans le culte de Bhowani et la mort de Des-
demond. Le Chanvre indien est d'un usage beaucoup plus général.
En Orient, on s'en sert comme d'un toxique et un poison. Suivant
la dose l'effet produit est doux et agréable, on se sent porté à des
sentiments de bienveillance envers tous les hommes, particulière-
ment envers soi-même ; ou bien it excite les passions les plus
féroces poussant le Malais à courir comme un fou (1), et le Pathan
à toer un Kafir pour aller au eiel.

(Penang Gazette and Straits Chronicle.)


H. L,

(1) On m'avait affirmé la chose lors de mon séjour dans l'Inde, mais je
n'osais la Bonner comme certaine, n'en ayant pas été témoin.
--- 275 --

BOTANIQUE RÉCRÉATIVE

TOUTE L'INDE

L'INDE MÉRIDIONALE (suite

Quelques mots sur les castes de 1'Inde sans toutefois entrer dans
les détails, car pour ce qui concerne la vie intime des Indiens nous
ne connaissons rien de mieux que l'ouvrage de l'abbé Dubois
cc Mceurs et couturnes des Indiens », travail qui ne sera jamais
dépassé.
Les Aryas, race conquérante. de l'Inde, se divisèrent après la
conquête, au temps du législateur Manou, en trois grandes classes
ou castes : les Brahmes ou prêtres, les Ksatryas ou guerriers, et
les Vaissyas ou cultivateurs et négociants. Des deux dernières
castes ii ne reste plus de descendants absolument pars. Seuls les
brahmes se sont maintenus dans une pureté de type altérée cepen-
dant avant la division en castes.
Les deux dernières castes se sont mêlées aux peuples conquis
qui prirent le nom de Soudras en embrassant la civilisation brah-
manique.
Enfin au-dessous, hors caste, rebuts de Ia société, s'agitent les
parias qui paraissent, bi ign que nombreux, accepter leur sort avec
résignation, et qui partagent avec les Européens le déshonneur ou
le privilége de se nourrir de la chair de beeuf.
Enfin sur les montagnes, et dans diverses régions de l'Inde, on
rencontre les descendants des races aborigènes qui forment l'en-
semble des populations non-aryennes.
Ces dernières peuplades pratiquent le fétichisme ou la démono-
látrie, forme la plus dégradée du culte religieux, si variée aux Indes
ou l'on trouve toutes les religions, depuis le Judaïsme, le Brah-
manisme, le Boudhisme, le Jaïnisme, le Nanékisme, l'Islamisme
et le Mazdeïsme jusqu'au Christianisme avec ses deux formes
-- 276 ---
Protestantisme aux sectes rivales et nombreuses et Catholi-
cisme.
Cette simple énumération, jointe a la division en races et castes,
montre le vague du nom d'Hindou ou Indien attribué a un habi-
tant de la péninsule du Gange.
Dans l'Inde, en effet, entre les diverses races it y a un fossé
autrement profond que celui qui existe entre les peuples de notre
vieille Europe.
Et l'histoire de serpent me direz-vous ? Vous l'avez promise
pour le retour. Et nous voici bientót rendus à destination .
Eh bien, soit, je m'exécute. Elle est d'ailleurs assez courte.
J'ai toujours remarqué que les histoires de serpents avaient le
don d'exciter dans les auditoires auxquels je me suis adressé un
certain frémissement, surtout chez les dames.
Mais cette fois-ci, rassurez-vous. Les serpents vont jouer le beau
róle dans le récit qui va suivre.
Il y avait done une fois (pour commencer comme ma grand'mère
quand elle racontait des contes) une brahmine assez riche qui
devait se rendre de son village de Alancoupam a .Sidambaram.
Elle avait loué, a cet effet une djalka. II pouvait je crois, être
alors 5 h. du soir.
Le cocher, au lieu de prendre la grande route, prit un chemin
de traverse.
Surprise, sinon effrayée, la brahmine lui demanda le motif de
sa conduite. -- C'est, répondit-il, pour abréger la route. La brah-
mine, un peu rassurée, le laissa faire à sa guise, ignorant les
projets, ou, comme disent les lndiens, les idées de derrière la tête
du cocher.
Au bout d'une demi-heure, le cocher fit faire halte a son cheval,
près d'un puits, entre deux .haies de broussailles. Il commencait à
faire nuit, car les jours ne durent guère que 12 heures près de
l'équateur et on était en février.
Le cocher s'élance alors a terre et arrache a la brahmine ses
bijoux.
La malheureuse victime éplorée, de le supplier de ne pas lui faire
-- 277 —

de mal et de lui promettre de ne pas le dénoncer. Le misérable,


sans écouter les supplications de l'infortunée, la dépouille de tous
ses vêtements et se prépare a la jeter dans un puits avec une pierre
attachée au con.
Heureusement it n'y avait point dans l'endroit de pierre assez
lourde.
Le bandit en cherche de tous cótés. Enfin ii en trouve une au
pied d'un arbre, mais, a peine l'a-t-il soulevée, que deux énormes
cobras se dressent, s'enroulent autoar du corps du nouveau Laocoon
et l'empêchent de bouger.
Soudain des pas de cheval se font entendre. Un homme
arrive, jusement un inspecteur de police qui se rendait á Sidam-
baram .

JETËE DE PONDICEÉRY

,
La brahmine lui fait le récit de ce qui s'est passé. Au bruit des
pas de l'inspecteur, les cobras glissent a terre abandonnant le cri-
minel cocher qui livré a la justice anglaise fat pendu quelques jours
plus tard.
Tel est le récit de ce véritable drame raconté d'ailleurs dans un
journal de Pondichéry, car a Pondichéry, it y a des journaux,
feuilles minuscules et sans autorité mais qui prouvent que la poli-
tique se plisse partout, politique purement personnelle ou locale,
la seule qui existe dans l'Inde francaise. Dans cette colonie tous
les habitants sont électeurs (les hommes bien entendu). On les con-
duit au vote à pea près comme on conduit les moutons aux champs,
un peu moms librement peut-être, et une vingtaine de mille horn-
mes qui ne savent pas un mot de francais votent ainsi en aveugles.
— 278 --
11 y a parfois des bras ou des tëtes cassés, car les Indiens, gens
d'ordinaire très calmes, avares de coups et prodigues d'injures,
excités par les prouesses de leurs frères d'Europe, s'en donnent
alors a coeur joie pour le plus grand plaisir de nos voisins
les Anglais, auxquels ils font ainsi passer de bons quarts d'heure.
La meilleure des politiques serait celle qui doterait Pondichéry
d'un port facile a créer et qui tirerait de l'oubli nos loges de l'Inde.
On appelle ainsi des territoires ou des lambeaux de terrains assez
étendus situés sur la cote, ou dans des villes anglaises, sur lesquels
pourrait Hotter le pavilion francais et dans lesquelles la France
pourrait exercer les attributions les plus absolues de la Souverai-
neté, c'est-á-dire lever des impóts, recevoir des marchandises sans
payer de douanes et avoir des comptoirs et des bureaux riches et
importants.
Hélas ! it m'est bien permis de dire, tout en étant respectueux des
institutions de mon pays, que, jusqu'ici, en France, sous les divers
régirnes qui se sont succédé, les neuf dixièmes de nos représentants
n'ont jamais rien connu et ne connaissent encore rien aux questions
coloniales.
Durant ces longues causeries nous avons eu le temps de prendre
quelques rafraichissements et de nous diriger vers le pier, respirerl'air
frais avant de goiter un repos bien mérité.
(A suivre). H. LËVEILLË.

Informations
L'Académie royale des sciences de Belgique donne pour la botanique la
question suivante, comme sujet du concours de 4894 : Nouvelles recher-
ches sur le mécanisme de la cicatrisation chez les végétaux. Les mémoires
devront être déposés avant le Oar aout 4894. Pour les conditions' du conA
cours s'adresser au secrétariat de l'Académie a Bruxelles.

M . Georges Vasey, botaniste au Département de l'Agriculture des Etats-


Unis et auteur d'importants travaux sur les Gramindes américaines est
mort le 4 mars dernier a Washington.
-- 2:9 --
Herbier scolaire élite par la Société botanique du Limousin. -- Cha-
que exemplaire se compose :
4° D'un carton;
2° De 45 notices générales sur papier teinté;
30 De 446 notices individuelles imprimées sur papier bulle (feuille dou-
ble), indiquant les noms, les caractères et les propriétés (agricoles, méde-
cinales, etc), de 160 plantes appartenant a 27 families;
40 De 130 espèces (200 a 250 plantes), épinglées chacune sur une feuille
simple de même format que la feuille double et encartées dans cette feuille
double avec une étiquette scientifique imprimée.
Chaque exemplaire forme un volume du poids de 6 kil. 100 grammes,
ayant 45 centimètres de longueur, 27 de largeur et 14 d'épaisseur.
Pour se procurer cet herbier, it suffat d'envoyer un mandat de 25 francs
au président de la Société (3, place des Carmes, Limoges).
.Comme le poids de l'ouvrage ne permet pas de i'expédier par colis pos-
tal, le port reste aux frais de l'acheteur.
Dans Ia lisle des 140 exemplaires déjà souscrits, liste que nous commu-
nique le distingué M. Le Gendre, nous remarquons parmi les souscrip•
teurs, vutre l'Association francaise pour l'avancement des sciences, plu-
sieurs viltes et plusieurs députés, qui ont ainsi donné a cette oeuvre un
témoignage d'estime qu'elle mérite au plus haut point.
II ne reste plus que 60 exemplaires disponibles.
Rappelons que le projet d'Ilerbier scolaire, a été, tors de ]'exposition de
Tours, en 1892, honoré d'une mention honorable.

Chronique générale
La Recherche des Coléoptères sur la cote orientale des Indes
Peu de pays offrent, je crois, au point de vue entomologique, la même
richesse que l'Inde. En existe-t-il de plus riches? -- J'en Boute. Bien que
j'aie consacré ma vie a 1'étude de la Botanique, en recueillant les espèces
végétales indiennes, it m'est arrivé souvent de rencontrei sous mes regards
des insectes aux couleurs éclatantes et variées. Je dois dire cependant que
les plus beaux que j'aie vus se rencontrent aux Himalaya, ce paradis ter-
restre de l'entomologiste aussi bien que du botaniste.
Les insectes en général et les coléoptères en particulier aiment l'humi-
dité. Aussi sur les montagees la récolte est-elle plus abundante, tout au
moms plus uniforme que dans la plaine. Sur la cote ou la chaleur est
très forte toute l'année, les coléoptères se rencontrent surtout durant la
mousson, a ]'époque des pluies. Its sortent après lesaverses. On les capture
alors en grand nombre.
Au moment même oil s'abattent sur la terre ces déluges d'eau que
sont les pluies des tropiques, it serait difficile a l'entomologiste le plus
ardent de se mettre a la recherche des coléoptères et autres insectes; mais
-- 280 ---

Ia pluie finie, entre deux ondées, ii peut se hasarder dehors et faire ample
moisson, surtout s'il a bien choisi son poste.
Durant les fortes chaleurs la récolte est presque nulle, et c'est heureux,
surtout dans certaines régions ou la réverbération produite par le sable est
souvent plus a craindre que les rayons du soleil lui-méme.
Un jour je voulais, it m'en souvient, faire contempler a un de mes col-
lègues dans le professorat, les affleurements de granite de Tirouvicaré, a
environ 44 milles a l'ouest de Pondichéry. Par suite d'un accident de voi-
ture, nous étions arrivés en retard au bungalow que le gouvernement fran-
pais possède en eet endroit et nous nous étions mis en mesure de prendre
notre déjeuner afin de nous livrer ensuite a nos recherches et de nous ren-
dre aux affleurements susdits. Aussitót notre déjeuner terminé, nous nous
disposames a partir. Il pouvait être midi. A peine eumes-nous fait cent
mètres sur le sable que nous flumes en hate regagner le bungalow protec-
teur. La chaleur était telle que nos pieds brulaient, nos visages étaient en
feu et si nous eussions continué notre route, une insolation punissait, sans
aucun doute, notre témérité.
Aux Indes, certains jours et a certaines heures, it ne faut pas jouer avec
le soleil.
Un autre agrément de la chasse aux coléoptères, qu'il ne faudrait pas
cependant exagérer outre mesure, c'est de mettre la main sur un serpent
en récoltant des insectes. _Cela arrive bien au botaniste, cela peut done aussi
arriver a l'entomologiste.
Conclusion : Etre prudent dans la recherche des insectes et la confier a
de jeunes Indiens aux époques ou l'Européen peut difficilement affronter les
chaleurs tropicales ou les pluies torrentielles. Ceux-ci pour quelques cashs'
rapporteront au collectionneur de nombreux insectes qu'il n'aura plus qu'á
préparer et a classer pour enrichir sa collection. Toutefois un long séjour
sous le ciel de l'Inde permettrait a l'entomologiste d'affronter le soleil et
lui procurerait le plaisiar inappréciable et toujours nouveau de la recherche
personnelle. (Miscellanea entomologica.)
HECTOR L1áVEILLÉ.

Varia
La Flore du Kilima-Ndjaro
Avec une pareille variété de climats, on se figure aisément combien doft
étre riche la Flore du Kilima-Ndjaro. Cette montagne est, en réalité, une
sorte d'amphithéàtre immense ou sont exposés les spécimens les plus divers
parmi les plantes que le Créateur a semées sur la terre. En bas, le lotus
et le bananier ; en haut, le pePce-neige et l'immortelle ! Vn jour, peut-être
sur une ligne continue partant de la plaine et aboutissant au sommet, on
y réunira des représentants de toutes les espèces connues, et ce sera le plus
beau jardin botanique du monde.
281—
Tout en passant, j'ai recueilli cinq ou six cents plantes, dont environ
trois cents seulement sont arrivées a la cote, les autres ayant été perdues
dans le cours du voyage, et que mon confrère et excellent ami, le
P. Ch. Sacleux, a Zanzibar, a bien voulu déterminer pour la plupart. La
liste même en a été publiée. Mais les lecteurs, si je le reproduisais ici, y
trouveraient trop de noms barbares, quoique latins.
Cependant, si étranger que l'on soit aux mystères de la botanique, nul
ne peut fouler aux pieds sans un étonnement mêlé de je ne sais quel
plaisir intime, quelle émotion, en ce centre du continent noir et sous les
feux de l'Equateur, ces berceaux de clématites (Clematis Thunbergii
Stend., Cl. grata Wall.) qui ornent le bord des chemins, ces renoncules
superbes, ces trainées de réséda sauvage (Caylusea Abyssinica Fisch. et
Mey) qui couvrent les collines du Kilima, cette humble violette elle-même
qui s'accroche aux troncs vermoulus de la grande forêt vierge, ces géra-
niums réfugiés sur les hauts plateaux, ces six espèces de balsamines déli-
cates qui forment sur les ruisseaux comme un ,double cordon de fleurs
variées, ce tout petit trèfle (Trifolium polystachium Fersey; T. Johnstoni
Oliv ; T. subrotundum Stend ; T. kilimandjaricum Taub.) perdu dans
l'herbe épaisse ou bondissent les moutons et les chèvres, ces ronces elles-
mêmes (Rebus dictyophillus Oliv.) dont les enfants, là aussi, voient avec
impatience rougir et noircir les grappes, ces bégonias aux fleurs glacées,
ces ombellifères, cette scabieuse, ces glaïeuls, ces touffes d'absinthe, ces
senecons divers, cette laitue encore (Lactuca abyssinica Fres ?), ces véro-
niques (Veronica anagallis L., V. myrsinoides Oliv.), ces plantains, ces
bruyères, ces lycopodes, ces fougères, ces lichens et ces mousses, toute
Bette flore connue et aimée, souvenir de la patrie absente, associée aux
palmiers, aux dracaenas, aux bananiers cultivés et sauvages, aux bababs
énormes, aux sterculias étonnants, aux orchidées étranges, aux asclépiadées,
qui restent là pour rappeler que, tout en revoyant I'Europe, on n'est point
sorti d'Afrique. Sur les premières pentes se trouve également une plante
charnue, originals, appartenant au genre sarcophyte. Chose également
curieuse : parce qu'on sait de l'Abyssinie, du f(;ap, du Ruwenzoree et du
Kameroun, la Flore du Kilima-Ndjaro leur est visiblement allide, et
l'on peut dire, des maintenant, que les grandes altitudes en Afrique ont
la plupart des plantes communes.
A. LE ROY.
Ancien missionnaire du Zanguebar.
(Eitrait du Cosmos).
La dernière phrase, soulignée en italique, confirme pleinement notre
manière de voir relativement aux centres de création et les lois que nous
avons formulées naguère comme résultant de la comparaison de la Flore
de France avec celle de l'Inde. Peut-être pourra-t-on formuler, prochaine-
ment, cette loi plus générale : Toutes les grandes altitudes du globe pré-
sentent des espèces régétales communes.
H. L.
--282
La destruction des plantes. -- M. Brandicourt, d'Amiens, signale,
a la Societe linnéenne du Nord, les devastations commises dans le monde
des plantes, le plus souvent, it faut le , dire, par les amateurs et les bots•
nistes. D'après ses recherches dans le seul département de la Somme, plus
de 50 espèces auraient a peu plies disparu du fait de l'inconscience des col-
Iectionneurs; cette race est sans pitié ! (Cosmos)

Bibliographie
Further Studies of Yuccas and their Pollination WILLIAM TRE-
LEASE. - Ce travail du sympatllique Directeur du Jardin botanique du Mis-
souri, est extrait du quatrième rapport annuel du Jardin botanique du
Missouri.
Dans le precedent rapport, le profeseeur RILEY await démontré que les
Pronuba étalent les agents fécondateurs des Yuccas, M. WILLIAM TRELEASE
revient a son tour sur cette question.
Si les Yuecas qui croissent a l'est des Montagnes Rocheuses sont tons
fécondés par le Pronuba yuccasella, en revanche le Y. brevifolia est fé-
condé par le P, synthetica et le Y. Whipplel par le P. maculata.
M. TRELEASE passe en revue les autres espèces de Yucca fécondés ou non
par des Pronubas et décrit la facon dont s'y prennent ces derniers pour
procurer la fécondation de ces plantes.
Il procède par espèces et donne le résultat des observations et etudes
auxquelles it s'est livré durant le printemps de 1892.
Le Yucca aloifolia L. est susceptible de se féconder lui-même. Quant
aux Y. yucatana Engelm., Y. Guatemalensis, on ne connalt rien touchant
leur mode de fécondation naturelle. De male pour le Y. Schottii Engelm
qui est la même que le Y. macrocarga du méme auteur.
Le Y. Treculeana Carr. qui reste stérile dans les pares et dont on n'a
pu observer la fécondation par un Pronuba quelconque serait suivant LIN-
IMIEIMER très fertile a l'état indigene.
Le Y. baccata Torr. très répandu devait être d'après le professeur RILEY
fécondé par un Pronuba qui restg it à découvrir. M. TRELEASE a découvert
en effet sur cette plante un Pronuba qui n'est autre que le P. yuccasella.
II pense toutefois que, dans certains cas, cette espèce peut se féconder
elle même.
La fécondation de Y. austrcclis Engelm. serait également produite par
un Pronuba.
Rien de connu touchant la fécondation des Y. valida Brandegee et Y. fi-
lifera Chab. si ce n'est que ce dernier Porte des traces de l'action d'un
Pronuba qui suivant le professeur RILEY serait une espèce intéressante et
nouvelle a découvrir.
Quant au Y. brevifolia Engelm. nous avons dit que son agent féconda-
teur était le P. synthetica dont l'action parait indispensable.
Le Y. gloriosa L. II y aurait a faire sur cette plante d'intéressantes re-
-- '283 -w

cherches, car sa floraison tardive rend improbable ]'action d'un Pronuba,


qui ne saurait se produire que dans le cas de floraison hative.
rotons que la distinction des espèces de Yucca n'est pas toejours facile
a raison des hybridations qui se produisent aisément entre les espèces.
Bien qu'on ne connaisse rien de certain au sujet du Yucca rupicola
Scheele, du Texas,auquel le professeur RILEY assignait un Pronuba spécial,
M. TRELEASE a pu constater un cas de fécondation de cette espèce, cultivéo
dans le voisinage du Y. glauca, par le Pronuba yuccasella.
Le Y. elata Engelm est aussi fécondé par le P. yuccasella. Cette plante
est aussi habitée par l'Acontia Arizonc qui semble ne jouer aucun role
dans la fécondation.
Le pollinisateur ou fécondateur du Y. glauca Fraser (Y. angustifolia
de Pursh. et des auteurs récents) est encore le P. yuccasella comme pour le
Y. filamentosa. C'est sur cette dernière espèce qu'ont été faites les obser.
vations publiées jusqu'ici.
Bien que fécondé par le Pronuba maculata, le Y. W hipplei Baker peut
très bien se féconder par lui-même. A la variété graminifolia de cette es-
pèce correspond la variété aterrima du Pronuba maculata.
Cette variété a été créée par M. TRELEASE a la suite de ses études.
Quant au mode d'action des Pronuba, le P. synthetica nous servira
d'exemple. Observons-le sur le Y. brevifolia.
La femelle du synthetica choisit une fleur convenable puis se dirige vers
la base des étamines dont elle fait le tour. Subitement elle se redresse et
monte jusqu'au sommet du pistil ; son thorax domfine le stigmate ; avec
son oviducte court mais fort elle fait une incision dans le tissu du style, un
peu au-dessous du sommet du stigmate et dépose ses ceufs dans le canal du
style; grace a l'élasticité de l'oviducte elle les pousse jusque dans l'ovaire ;
les étamines se trouvent alors au-dessous; en retirant son oviducte it arrive
souvent que la Pronuba femelle passe son corps au travers du stigmate de
sorte que, a première vue, elle semble le retirer de ]'orifice même du canal
stylaire.
L'opération dure de 2 minutes 4/2 a trois minutes. Quelquefois deux
ceufs ou même plus sont déposés avant que le stigmate soit fécondé, mais
ordinairement après le dépót de chaque ceuf le lépidoptère redescend jusqu'a
Ia base de la fleur et remonte ensuite sur le pistil jusqu'á ce que sa tête
touche le stigmate, it déroule ses tentacules placées au repos contre le
charge de pollen et les fait aller et venir dans la cavité du stigmate en se
servant de l'échancrure que présente le stigmate.
Les Pronuba opèrent en général le soir et durant la nuit.
Vingt-trois superbes planches, en photogravures, précédées de leur ex-
plication élucident le texte.
— 284 —
Revues
Sommaires
Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France
(31 mars 4893). Excursion botanique du Muséum d'histoire naturelle de
Paris aux environs de Nantes et sur les bonds de l'Océan du 5 au 11 aout
1892. ED. BUREAU. - Exploration botanique du littoral sud-ouest du Finis-
tère. CH. PICQUENARD. - Note sur une nouvelle Psalliote, Psalliota ammo-
phila découverte dans la Loire-Inférieure. CH. WINTER.
Bulletin de la Société d'Ilorticulture de la Sarthe (1891— n o 1) Les
Roses de collection. Classification d'amateur. M. FAUNEAU.
Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris (février). Nouvelle
note sur 1'Aciachne. H. BAILLON. - Sur l'épillet des Flouves.H. BAILLON. —
Sur le Leptochloa bipinnata II. BAILLON. - Observations sur les Osterda-
mia. H. BAILLON. - Sur le développement des fleurs du Nardus stricta L.
H. BAILLON. - Le nouveau genre Anisocycla. H. BAILLON. -- Fleurs anor-
males de Rhubarbe. F. HEIM.
(Mars) . Suppression des Tristéginées comme tribu. H. BAILLON. - Les
fleurs des Bouteloua. H. BAILLON. - Sur le Ryti-dosperma Steud. H.
BAILLON.

(Avril). Remarques sur un Digitaria cultivé. If. BAILLON. -- Sur les


fleurs du Blepharidachne (Lremochloe) Bigelowii. H. BAILLON. - Le
genre Bekera Fres. H. BAILLON. - Le fruit du Thuarea. A. BAILLON. —
Suppression des Tristéginées comme tribu (suite). H. BAILLON. -- Note sur
les Pennisetum. H. BAILLON. - Sur des fleurs doubles de Perce-neige,
H. BAILLON.
Bulletin de la Société botanique de France, (Session extraordinaire
4892 en Algérie — Alger, Biskra), 2e partie. Iterborisations faites par la So-
ciété durant le voyage d'Alger a Biskra. Liste des plantes récoltées aux
environs d'Alger. HÉRAIL. - Rapport sur l'exploration de l'Oued Biskra.
Excursion a la Fontaine-Chaude. Herborisation a la Montagne de sable et
aux sources d'Ain-Oumach. Rapport sur l'herborisation faite a EI-Outaya.
L. CHEVALIER. - Rapports sur les herborisations faites a El-Kantara — aux
environs de Batna, — a la forèt des Cèdres et au Djebel Tongour — a Lam-
bèse. J. ARBOST. - Rapport sur une herborisation a Aïn M'lila. TRABUT. —
Liste des espèces récoltées ou notées du 25 avril au 7 mai, entre Biskra et
Ouargla. DOUMET-ADANSON. -- Rapport sur la visite faite au jardin d'essai
du Hamma, près d'Alger. — Rapport sur la visite faite au jardin Landon
près de Biskra. GERBER. - Sur les algues d'eau douce récoltées en Algérie
pendant la session de la Société de botanique en 1892. SAUVAGEAU.
Cosmos (22 avril). Sablier et Rocouyer. H. LÉVEILLE. -- Les fruits
A. ACLOQUE.
Journal de botanique (t er avril). Contribution a Ia flore cryptogamique
de l'ile Jean Mayen. P. HARLOT. - Recherches sur les composés pectiques
(suite). L. MANGIN. —' Monographie des Orchidées de France (suite). E. G.
CAMUS.

(16 avril). Recherches sur le développement de la graine et en particulier


du tégument séminal (suite). LÉON GUIGNARD. •— Un Gerbera de la Chine
occidentale. A. FRANCHET. — Monographie des Orchidées de France (suite).
E. G. CAMUS.

Meddelanden af Societas pro fauna et flora fennica (1891 .92). Neue


beitráge zur Fleckten-Flora der Halb-Insel Kola Osw. KIHLMAN. -- Sym-
bolae ad Mycologiam Fennicam P. xxx-xxxi. A. KARSTEN. — Spridda bi-
drag till Knnedom af Finlands Hieracium-former. MAGNUS-BRENNER. — He-
paticas fran Inari-Lappmark. Osw. KIHLMAN. -- Hvilka aro de ndrmaste
samsldktingarna till Aspidium Ihelypteris (L.), Sw ? TH. SAELAN.
Naturaliste (i er avril) . Une plante curieuse. Le Welwistchia mirabilis
Hook. H. JORET. —• Principes de la classification des Mousses. CONSTANT
HOULBERT.

(15 avril). Physiologie végétale, développement des éléments de la fleur.


Dr BOUGON. — Les Gardénias de la Nouvelle-Calédonie et leur résine.
E. IIECKEL et Fr. SCHLAGDENHAUFFEN.
Nuovo Giornale botanico italiano (no 2). Risultati botanici di un viag-
gio all'Ob inferiore. S. SOMMIER. — Excursions bryologiques :sites en Suisse
et en Italie. N. C. K1NDBERG. -- Osservazioni sul polline di alcune Papavera-
cee. E. BARONI.
Bevue botanique (février). Florule de la Kabylie du Djudjura. 0. DE.
Excursion botanique au port de Saleix (Ariège). H. et A. MARCAILHOU
BEAUX. --
D'AYMERIC. -- Géographie botanique du Tarn. JULES BEL.

Revue générale de botanique (15 mars). Quelques observations sur la fé-


condation des Palmiers du genre Phoenix. CH. NAUDIN. -- Recherches stir
la transmission de la pression à travers les plantes vivantes (fin). GASTON
BONNIER. — Nouvelle méthode pour déterminer la pureté de certaines es-
sences végétales. EUG. MESNARD. Revue des travaux de paléontologie
végétale parus en France dans le cours des années 1889-1892. DE SAPORTA.
-- Revue des travaux de botanique forestière publiés de 1890 a 1892,
E. HENRY. — Revue des travaux sur les Algues publiés de 1889 au com-
mencement de 1892 (suite) . CH. FLAHAULT.
Revue scientifique du Limousin (45 avril). Catalogue des mousses,
sphaignes, hépatiques et lichens de la Corrèze. ERNEST RUPIN.

Extrafits et analyses
Congrès des Sociétés Savantes (Tent( et la Sorbonne et Paris)
Séance du 6 avril. -- M. B. RENAUT, président de la Société d'histoire na-
turelle d'Autun. Note sur l'importance du róle de certaines algues dans la
formation de quelques combustibles fossiles.
-- 286 --
Séance du 7 avril. — (Présidence de M. DUCHARTRE).
M. DANGEARD, professeur a la Faculté des sciences de Poitiers, indiquait,
au dernier Congrés, deux nouvelles maladies du pommier : it annoncait la
publication prochaine d'un ouvrage sur cette importante question. Ce tra-
vail vient de paraïtre avec figures dans le texte et dix planches.
I1 comprend dans le premier chapitre des notions sur les substances in-
secticides et fongicides; leur préparation et leur mode d'emploi sont indi-
qués.
Dans le second chapitre, l'auteur a étudié les diverses espèces de chan-
cres qui attaquen la tige et les rameaux, la pourriture du bois, etc.
Le troisième chapitre comprend l'étude des nombreuses altérations des
feuilles qui ont été distinguées par M. DANGEARD sous le nom de fumagine,
rouille, gale, marbrure, érinose, oïdium, chlorose.
Les deux chapitres qui suivent concernent les maladies qui détruisent
les racines et les fruits.
Enfin, le dernier chapitre donne sur les insecten nuisibles les notions in-
dispensables,
11 est possible ainsi de déterminer exactement les symptómes de chaque
maladie : le -meilleur traitement a employer est indiqué pour chacune
d'elles.
M. DANGEARD fait, au nom de M. SAPIN-TROUFFY, une communication sur
les sucoirs des urédinées. Ces organes, cependant si importants, étaient pas-
sés jusqu'ici presque complètement inapercus : ils sont simples ou rameux.
Ces sucoirs pénètrent dans la cellule elle-même et s'avancent jusqu'au voi-
sinage du noyau. II s'établit ainsi entre le parasite et son hóte des
relations étroites qu'on était loin de soupconner.
M. Belloc, de l'Association pyrénéenne, sur les algues d'eau douce de
I'Islande.
M. LESAGE, docteur ès sciences, préparateur a la Faculté des sciences de
Rennes, a cherché dans les plantes les poils radicaux rameux, et it en a
trouvé dans un nombre relativement grand.
Des remarques sur la variation des poils rameux dans une même plante
naturelle l'ont conduit a rechercher l'influence du milieu sur la ramifica-
tion des poils radicaux. II est arrivé a des résultats intéressants. (Cosmos)
(A suivre)

Sociétés savantes
Séance du 27 mars. — MM. BERTHELOT et ANDRÉ ont étudié les matières
constitutives du sol végétal qui sous le nom d'humus jouent un role essen-
tiel dans lanuti ition des plantes apres oxydation et hydratation activées par
les agents microbiens. Elles concourent encore a cette nutrition en retenant
l'azote, le soufre, le phosphore, les alcalis, et en servant d'aliments aux Or*
ganismes microscopiques qui fixent l'azote libre destiné a la nutrition des
végétaux supérieurs.
-287--
M. LABOULB>NE indique un moyen de préserver les plants de betteravos et

autres jeunes végétaux cultivés contre les attaques des vers gris et dei - au-
tres larves d'insectes.
Séance du 10 avril. -- La transpiration dans la greffe herbacée
-- Tous ceux qui ont groffé des plantes herbacées savent que le
greffon se fane très rapidement aprés l'opération, sous l'influence de la
transpiration; mais aucune observation scientifique du phénomène n'a été
faitejusqu'ici. Pour combler cette lacune, M. L. DANIEL a étudié la transpi-
ration, après la greffe en fente ordinaire, du haricot, type des plantes á
feuilles minces, et du chou, type des plantes a feuilles demi-grasses. Il a
déduit de ses études, au point de vue pratique les conséquences sui-
vantes :
Dans la greffe herbacée, it faut, au début, éviter les deux termes
extrêmes : la dessiccation et la pourriture. Si, comme on le fait souvent, en
opérantá l'obscurité, ou en supprilnant partiellement les feuilles, on réduit
la transpiration, en mème temps on entrave on supprime ('assimilation
clllorophyllienne; une basse température diminue la transpiration, mais
empêche la cicatrisation; la suppression complète de la transpiration
amène la pourriture, etc. Ces procédés dolvent done être employés avec
discernement; on ne saurait trailer de la mcme facon le haricot, le chou
et les plantes grasses, par exemple. (Cosmos.)

Correspondance
MONSIEUR,
J'ai la douleur de vous faire part de la grande perte que je viens
d'éprouver en la personne de mon père,
Le professeur Alphonse de CANDOLLE
Membre de l'Académie internationale de Géographie botanique
décklé a Genève Ie 4 avril 1893, dans sa quatre-vingt-septième
année.
Casimir de CANDOLLE
Genève, 19 avril 1893.
En réponse á cette lettre le secrétaire de l'Académie a transmis á M. C. nE
CANnoLLE, au nom de celle-ci, ses sentiments de sympathiques condoléances
et lui a annoncé sa nomination en qualité d'Associé libre.
M. C. DE CANDOLLE a aussitót répondu par la lettre suivante

Genève, ,24 avril 489X .

MONSIEUR,

Je vous prie de remercier, de ma part, l'Académie internationale de Géo.


graphie botanique de son message sympathique auquel je suis très sensible
et lui faire savoir que je suis très honoré de pouvoir me compter au nombre
--. 288 --
de Is Associés libres, puisqu'elle a bien voulu me conférer cette distinction
ailsi que vons m'en informez.
Veuillez, Monsieur et cher collègue, agréer l'assurance de mes sentiments
distingués.
C. DE CANDOLLE.

Offres et Demandes
On offre, en échange d'échantillons d'Onagrariées des diverses parties do
monde, des plantes de 1'Inde ou de la France.

Petite correspondance
M. MARIANO VERGARA. Madrid. Nous vou$ signalons le travail de M. M.
FAUNEAU para dans le Bulletin de la Société d'horticulture de la Sarthe
(I er trimestre) et intitulé : Les roses de collection. Classification d'ama-
teur. M. FAUNEAU avait déjà publié : Les Roses du Jardin d'horticulture
(4 eá trimestre 1886) et Le Rosier, culture d'amateur (Ier trimestre
1888.) Voir aussi au prochain numéro le sommaire du bulletin de l'herbier
Boissier.
S. T. à R... Nous ne savons quand nous pourrons entreprendre la pu-
blication d'un annuaire botanique. Il ne sera pas fait de tirage a part des
Voyages dans l'Inde.

Ouvrages parvenus a la Direction de la Revue


TITRES ET NOMS D 'AUTEUR : DONATEURS :

Further studies of Yuccas and their Pollina-


tion. WILLIAM TRELEASE. WILLIAM TRELEASE.
Caso teratologico netla Magnolia anoncefo-
lia Salisb. U. MARTELLI. UGOL. MARTELLI.
Sulla Taphrina deformans. U. MARTELLI.
Per la conservazione del Cyperus papyrus a
Siracusa. U, MARTELLI.
Osservazioni sull' Arum pictum e suoi pro-
nubi. U, MARTELLI.
Sulla Torula spongicola Dufour.U. MARTELLI. .-...1..

Un caso di dissociazione naturale nei licheni.


U. MARTELLI.
Sult' origine dei Viburni italiani. U. MARTELLI.
Le Anacardiacee italiane. U. MARTELLI.
Riproduzione agamica del Cynomorium coc-
cineum. U. MARTELLI.

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.


Le Mans. — Typographic Edmond Monnoyer.
2e ANNÉE, No 22 ter JUILLET 1893.

LE M0\DE DES PLAT TES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQUE

DECISIONS
Par décision en date du 10 juin 1893 :
I. II est créé une médaille scientifique internationale a trois
degrés.
II. Cette médaille est exclusivement réservée aux bommes de
science qui se seront distingués soit par des travaux scientifiques
remarquables soit par des institutions utiles a l'avancement des
sciences.
III. La médaille scientifique sera conférée par le Directeur de
l'Académie internationale de Géographie botanique.
Iv. La médaille portera sur une de ses faces l'effigie de Newton
avec cette inscription : Deo scientiarum Domino laas et gloria ;
sur l'autre face l'effigie de Linné sera entourée de cette autre ins-
cription : L'Académie internationale de Géographie botanique et la
Science.
V. Au premier degré, la médaille sera de vermeil ou d'or ; au
second, d'argent, au troisième, de bronze (1).
VI. Le total des médailles dans le monde entier est irrévocable-
ment fixé au nombre de 1000 ; soit : 10 pour le premier degré ;
90 pour le second degré, et 900 pour le troisième degré.
VII. Un ruban vert accompagnera la médaille, la rosette grande
ou petite indiquera les degrés supérieurs.
VIII. II appartient aux titulaires de la médaille de faire les dé-
marches nécessaires pour obtenir de porter les insignes de la dis-
tinction qui leur sera accordée dans leers pays respectifs. Un
diplóme qui leur sera délivré par le Directeur de l'Académie justi-
tiera de leur nomination.
(1) La médaille de bronze pourra être dorée ou argentée.
T. II. 10
— 290 —
Ix. Les radiations, en cas d'indignité du titulaire, seront pro-
noncées par le bureau de l'Académie.
X. Le monopole de la fabrication de la médaille appartient au
fabricant choisi par l'Académie (1).

BARON FERD. DE MUELLER,

Directeur de l'Académie.
H . LÉVEILLÉ,
Secrétaire perpétuel.

Sur la proposition de plusieurs membres de l'Académie les


modifications suivantes aux statuts et au règlement intérieur sont
demandées et mises aux voix :
A l'article VI des statuts ajouter : « ou d'honneur » après les
mots : « présidée par chacun de ses membres titulaires...
Suppression (le l'article IV du règlement intérieur.
Les votes devront parvenir au Secrétariat avant le 15 septembre.
A cette date les statuts, règlements et décisions ayant été éprouvés
par le fonctionnement d'une année seront imprimés à part et dis
-tribuésaxAcdmen.

A dater d'octobrc prochain, Le Monde des Plantes deviendra


bi -mensuel.
Les deux parties de la Revue conserveront le même titre.
La première partie qui paraitra le ter du mois renfermera la Bo-
tanique pure et appliqués et les documents. Elle comprendra un
minimum de 24 pages.
La partie documentaire sera réduite au strict nécessaire.
La deuxième pantie renfermera la Botanique r creative, les
voyages et la chronique générale. Elle comportera un minimum de
16 pages.
Les prix d'abonnement ne seront pas changés.

(1) M. Arthus Bertrand, 21, rue Hautefeuille, Paris.


-299 —

BOTANIQUE PURE

GÉOGRAPHIE

Les Onagrariées du Limousin (Suite et fin)

* Epilobium parviflorum Schreber (Epilobe a petites


fieurs). E. molle Lamarck. — Nontronnais : Bords des ruisseaux,
Nontron, Treizat, Thiviers, St-Pardoux. -- Confolentais : C C.
dans les fossés des routes. — Haute-Vienne : C C.; forme à fleurs
plus petites au Bas-Marin, dans un pré humide. — Creuse : C.
— Corréze : C. Brive, Larche, St-Seurin, etc.

Epilobium intermedium Mérat (Epilobe inter'médiaire',. —


Var. de E. parviflorum. -- Confolentais ; mélangé au parvi f lo•
rum, fleurit plus tard. — Creuse : Chátelus.

* Epilobium hirsutum Linn (Epilobe hérissé). Vulg.


Nériette amplexicaule. -- E. granclif lorum Web. -- Nontronnais :
bords des ruisseaux, A. C. ; Nontron, Treizat, Thiviers, S t- Pardoux.
. lentais : Ca C. sur les bords des ruisseaux et de la Vienne. —
Confo
-- Ilaute-Vienne : Lieux frais et humides, C. -- Corrèze : Brive,
vallée de Planchetorte, A R. ; Larche, Lissac ; Ussel, A R. Bort a
la Cascade,sur les bords de la Rhue oh il croft en touffes vigou-
reuses ayant au moins I m. 50 de haut (Gonod d'Artemare).

* Epilobium angustifolium Linné (Epilobe a , feuilles


étroites). E. spicatum Lamarck. -- Vul g . Nériette, Herbe ou
Laurier de St Antoine, Antonine, Osier fleuri. -- Haute-
Vienne : cultivé. -- Creuse : Chamberand, Les Ribières près
Jouillat, g are de Vieilleville ; St-Hilaire-la- Plaine ; le Busseau
d'Allun ; Chanon. -- Corrèze : Sur quelques points de la Haute-
Corrèze ; entre Nouards et la Marbouty; dans les vallées de Cha-
vanon et de la Dordo g ne.
-- 292 --

GENRE ENOTHERA
k CEnothera biennis Linné (Onagre bisannuelle). --
Vulg. herbe aux Arles. -- Nontronnais : naturalisé Çà et là non
loin des habitations. -- Conf ólentais : CC., bords de la Vienne,ete.
— Haute-Vienne : Bords de la Vienne, Isle, Aixe, St-Junien ;
très répandu aujourd'hui sur les talus des chemins de fer a Li-
moges, a Aixe, a Beynac, a Eymoutiers, etc. (Le Gendre). --
Creuse : naturalisé Çà et là; bords de la Creuse, le Mouchetard,
Grand-Bourg, l'Age, le Pont a la Dauge, Glénic, le Busseau
d'Ahun, le Maupuy. — Corréze : Lieux sablonneux, bords des
rivières ; bords de la Corrèze a Brive, Obasine, Larche, Beaulieu ;
bords de la Dordogne, Briverac, Chenaliers, CC. ; Cornil, Argen-
tat, Bort ; R. à Ussel.
On cultive dans beaucoup de jardins l'OEnothera suaveolens.

GENRE ISNARDIA

* Isnardia palustris Linné. (Isnarde des marais.) Dau-


tia palustris Petit. -- Nontronnais : C. dans les lieux aquatiques,
les fossés, les Plaques d'eau : Nontron, Piégut, Champniers, St-
Pardoux, Thiviers, etc. -- Confolentais : 4à et là, bords du Goire
et de l'Issoire ; Montemboeuf, ruisseau vers les Cygnes. — Haute-
Vienne : C. dans les marais ; étang de Cordelas, de Bruet à
Chalus ; bords vaseux de la Tardoire ; prés de Champagnac, etc.
— Creuse : C. Guéret, Chambon, Lussac, St -Piel, Mouchetard,
St-Sébastien, etc. — Corrèze : bords des étangs, lieux inondés.
Mares de Tujac, A. R.; Cornil, étang de Verdier, étang de Miers,
C. ; Argentat, mare du Bac, R. ; signalé aux environs d'Ussel par
le frère Georges (n'a pas été retrouvé par M. Gonod d'Artemare).

GENRE CIRCIEA

Circaea lutetiana Linné (Circóe parisienne). Vulg. Herbe


des Sorciers, herbe de St-Simon. -- Nontronnais : lieux frais,
A R. Nontron, Piégut, Thiviers, etc. — Con folentais : A C. sur
les bords du Goire et de l'Issoire ; Montemboeuf, sur les bords du
-- 293 --
Rivailloux, etc. — Haute-Vienne : lieux frais et ombragés, C. --
Creuse : C. — Corrèze : environs de Brive, vallée de Planche-
torte, Juillac, Beaulieu, Larche, Chasteaux, A C. ; Cornil, Bonnel,
Argentat, C. ; environs d'Ussel, Sarsoux, St - Victor, etc., bois des
vallées du Chavanon et de la Dordogne.

Circaea intermedia Ehrhart (Circée i ntermédiaire). --


Haute-Vienne : bords du Taurion près d'Orgnac, RR. -- Corrèze:
R. ; Ussel, bois du Chavanon, mêlé au Lutetiana (Gonod d'Arte-
mare).

Cireaea alpina Linné (Circée des Alpes). — Corrèae :


Bois humides dans la vallée de la Cère, sous Escabroux, RR.
Pour terminer cette monographie, comparons, en ce qui con-
cerne les Onagrariées, la végétation limousine avec cello de l'ile
de Noirmoutier a 1'Ouest, et celle de l'ile de Sardaigne au Sud -Est.
M. Viaud Grand-Marais ne signale dans File de Noirmoutier que
trois Epilobes (E. Iiirsutum, E. parvi f lorum et E. tetragonum) .
L'Ile de Sardaigne est mieux dotée d'après William Barbey ;
aux trois espèces mentionnées ci-dessus, il faut ajouter E. montr^-
num, E. roseum, E. 1 ourne f órtii, Circxa lutetiana.
1,'épilobe de Tournefort est la seule espèce que nous ne possé-
.
lons pas.
, CH. LE GENDRE.

Statistique des plantes Australiennes connues à


la fin de 189 2, (suite)
Les ordres de plantes Australiennes vasculaires connues jusqu'à
la,fin de 1892, disposés scion leurs affinités systématiques, avec
indication de nombre de leurs espèces.
Dilleniacew. 95 Anonaceae. 19
Ranunculaceae 17 Monimiacem. 16
CeratophyllFce. 1 Myristiceee. 1
Nympheeaceae. 6 Lauraceae. 40
Piperaceae. 12 Menispermeae . 17
Magnoliaceae. 5 Papaverace^. 1
- 294 -
Capparideae. 24 Thymelem. 76
Cruciferae. 56 Leguminosm. 1075
Violaceae. 13 Connaraceae. 2
Flacourtieae. 7 Rosacem. 17
Samydacem. 4 Saxifragem. 42
Pittosporem. 40 Drosereaceae. 46
Elatineor. 4 Nepenthacem. 2^
Hypericinm. 1 Aristolochieae. 6
Ternstroemiacem . 1 Crassulacem. 6
Guttiferm. 6 Hamamelideae. 1
Polygaleae. 33 Onagreae. 5
Tremandrem. 17 Salicariem. 20
Ochnacem. 1 Stackhousiem. 13
Rutacem, 196 Halorageae. 58
Simarubeae. 7 Callitrichinm. 2
Zygophyllem. 22 Rhizophorem. 7
Linem. 4 Combretacem . 27
Geraniacem. 8 Myrtacem. 676
Malvacem. 114 Melastomacem. 7
Sterculiaceae . 127 Rhamnacem . 91
Filiacem. 61 Viniferm. 18
Euphorbiacem. 2 28 Leeacem. 2
Urticacem. 66 Araliacem. 24
Cupuliferm. 4 Umbelliferm. 110
Casuarineor. 24 Eleagnem. 1
Celastrinm. 20 Olaclnm. 15
Meliacem . 36 Balanophoreor. 1
Sapindacem. 100 Santalaceae . 43
Malpighiacem. 2 Loranthacem. 27
Burseraceae. 4 Proteaceor. 601
Anacardiacem. 9 Cornacem 1
Frankeniacem. 7 Rubiaceae. 131
Plumbaginem. 4 Caprifoliacem. 2
Portulaceae. 33 Passilloreor. 6
Caryophyllem. 27 Cucurbitaceor. 28
Amarantacem. 100 Compositor. 5509
Salsolacem. 113 Campanulacem. 35
Ficoidem. 28 Candolleacem. 97
Polygonacew. 25 Goodeniaceor. 223
Phytolaccem. 11 Gentianem. 24
Nyctagineae. 6 Loganiaceae. 53
-- 295 —
Plantagineae. 4 Burmanniaceae. 3
Primulaceae. 6 Irideae . 24
Myrsinaceae. 14 Hydrocharideae. 9
Sapotaceae. 19 Taccaceae. t
Ebenaceae. 15 Haemodoraceae. 66
Aquifoliaceae. 2 Amaryllideae. 20
Styraceae. 3 Dioscorideee. 4
Jasmineae. 21 Roxburghiaceae. 1
Apocyneae. 48 Liliaceae. 161
A sclepiadeae. 62 Palmae. 27
Convolvulaceae. 72 Nipaceae. 1
Iiydrophylleae. 2 Pandaneae. 12
Solanaceae. 81 Aroideae. 10
Scrophularineae. 82 Typhaceae. 2
Lentibularineae. 32 Lemnace ae . 6
Podostemoneae. 1 Najadaceae. 2
Gesneriaceae. 5 Fluvial es. 36
Bignoniaceae. 7 Alismace ae . 6
Pedalinae . 3 PontederiaceaJ . 2
Acanthaceae. 32 Philhydreae. 4
Labiatae. 128 Commelineae . 20
Verbenaceae . 84 Xyridew. 9
Myoporineap . 79 Flagellariaceae . 1
Asperifoliae. 53 Junceae. 16
E ricaceae . 7 Eriocauleae. 20
Epacridem. 275 Restiaceae. 93
Coniferae. 31 Cyperaceae. 382
Cycadeae. 14 Gramineae. 349

Scitamineae. 11 Rhizospermae. 11
*Orchideae. 297 Lycopodinae . 21
Apostasiaceae. 1 Filices. 217
(A suivre) B011 F. DE MUELLER

Notes sur la flore de Coonoor


La flore de cette pantie du versant oriental des Nilgiris est très
variée. Elle doit cette variété a son ëlévation qui est de 500 a
6 500 pieds (4) au—dessus du niveau de la men. Ces notes seront
(1) En traduisant vet article de notre collègue et correspondant anglais,
nous avons conservé les mesures anglaises sans faire la réduction en mesures
f ranraises.
— 296 ..-.,
limitées aux espèces des altitudes supérieures, eest -à-dire a celles
qui croissant a Coonoor. II serait peut-être intéressant de noter
d'abord que la moyenne des pluies annuelles est d'environ 55 pou-
ces. Durant l'année 4891, cette moyenne s'est élevée considéra-
blement et a atteint dans une partie de Coonoor 98 pouces, Landis
que, a moms d'un mille de là, elle atteignait H5 pouces. De telles
pluies so p t exceptionnelles, Bien que, sur le versant occidental, la
moyenne annuelle soit de 200 pouces.
La température est douce et égale. Le climat est sub-tropical.
Dans les vallées et les vallons, certaines années, it fait légèrement
froid durant les mois de décembre et de janvier. Toutefois cela ne
s'est rencontré que durant les quinze dernières années et ceux qui
habitent le pays depuis longtemps, ont remarqué que le climat de
Coonoor s'est considérablement modifié durant cette période de
quinze années. On dolt, je crois, l'attribuer aux défrichements né-
cessités par les constructions de villas et de maisons.
Pour plus de simplicité, nous diviserons la fore de la facon sui-
vante :
1° Forks ; 2° Taillis et broussailles ; 3° Prairies et terres décou-
vertes ; 4° Terrains rocailleux ; 5° Marécages.
Les forêts ou sholahs, comme on les appelle ici, renferment de
nombreuses et belles espèces d'arbres dont plusieurs peuvent être
reconnues a plusieurs milles de distance, soit à leers fl eurs, soit a
leur feuillage. Le bois de la plupart est mauvais, ne se prête pas au
travail et ne peut être utilisé, car it est exposé a pourrir et ne peut
résister aux attaques des insectes et des fourmis blanches. Les ar-
bres atteignent de 20 a 70 pieds de hauteur.
Qu'on veuille biera remarquer que nous rangeons les arbres des
forêts sous deux catégories : nous range0ns dans la première (a) les
grands arbres et nous renfermons dans la seconde (b) les arbres de
petite taille.
-- 297 —

I — ARBRES FORESTIERS
(A) Grands Arbres

1 Cedrela Toona Roxb. Le bois est employé pour


la construction et l'ameu-
blement.
9. Ela'ocarpus Munroii Mast.
3 oblongus Gaert. Fruit comestible.
4 Gordonia obtusa Wall. Appelé « wild Tea » thé
sauvage, sur les Nilgiris.
5 Hevnea trijuga Roxb.
6 Garcinia papilla Wight. Fruit comestible employé
comme conserves.
7 Hydnocarpus alpina Wight. Les grafnes renferment une
huile qui est employee dans
les rhumastismes et les
maladies de peau.
8 llex Wightiana Wall.
9 111appia fcetida Miers. Les fleurs ont une très inau-
vaise odeur.
10 Messua ferrea Linn. Le bois esttrèsdur et durabl e
11 Michelia nilagirica Zenk. Appelé « wild Magnolia
Magnolia sauvage.
1^J Scolopia crenata Clos.
13 Sterculia guttata Roxb. Peu common à Coonoor.
14 Ternstroemia japonica Thunb.
15 Acrocarpus fraxinifolius Wight « Red Cedar » Cèdre rouge.
Rare à Coonoor.
16 Casearia esculenta Roxb.
17 Eriobotrya japonica Lind!. « Loquat » Cultivé.
48 Eugenia Arnottiana Wight.
19 — Jambolana Lam. Fruit comestible.
20 -- montana Wight.
21 Heptapleurum race- Bead.
mosum
22 Meliosma Arnottiana Wight.
23 pungens Wall.
Pygeum acuminatum Cobb.
25 Ligustrum robustum Blume . Bois très dur.
20
^ Actinodaphne angustifolia Nees.
27 Celtis tetrandra Roxb.
28 — Wightii Planch.
29 Daphniphyllum glauces- Bl.
cens
30 Ficus glomerata Roxb.
aussi 3 ou4autresespèces
31 Litsa?a zeylanica Nees
32 — wightiana Wall.
33 Macaranga Roxburghii Wt.
34 Machilus macrantha Nees.
35 Phoebe paniculata Nees.
36 Salix tetrasperma Roxb.
37 — babylonica Linn. Plante dans les jardins.
37 a Vernonia arborea Ham.


(A s2civre) CH. GRAY.
298—

Influence du terrain sur la distribution des plaates


Par F. RENAULD (Suite)

La pénétration des mousses calcifuges dans les chaïnes calcaires


est beaucoup plus restreinte; ces espèces ne se rencontrent que là
ou leur substratum les soustrait a l'action répulsive du carbonate
de chaux, par exemple, sur l'humus des troncs pourris et sur la
tourbe qui repose elle-méme, clans le Jura, sur un lit de boues
glaciaires non calcarifères.
Ailleurs, quand des lambeaux de diluvium siliceux des plateaux
foment une couche un peu épaisse, suffisamment isolante, quelques
espèces calcifuges peuvent apparaitre.
Les faits que nous venous de citer plus haut prouvent l'action
attractive de la chaux sur les mousses calcicoles ; son action répul-
sive sur les espèces dites silicicoles parait déjà probable par l'examen
de la fore des macignos ou grès calcarifères qui, malgré les grains
de quartz lout ils sont en partie constitués, ne tolèrent que des
espèces calcicoles, et ensuite par la facilité avec laquelle certaines
espèces spéciales aux rockes siliceuses s'accommodent de supports
d'une nature très différente Iels que les troncs pourris ou la tourbe,
a la settle condition qu'ils soient privés de chaux. M. Contejean,
dans son ouvrage précité, sans nier systématiquement que la silice
puisse exercer une action attractive sur les espèces dites silicicoles
a réuni de nombreuses et décisives preuves de l'action répulsive de
la chaux sur ces espèces qu'il a proposé avec raison de nommer
plutót calcifuges. Parmi ces preuves, nous citerons en particulier la
difficulté de cultiver les espèces calcifuges dans leur sol normal
additionné de calcaire, la disparition des calcifuges et l'apparition
des calcicoles dans les sables quartzeux du littoral dès qu'on entre
dans les zones ou ces sables sont mélangés en proportion suffisante
de débris de coquilles qui ne changent rien a l'état physique du sol,
mais y apportent l'élément calcaire.
Nous avons des faits analogues a citer pour les mousses. Ainsi
les argiles a Chailles de l'oxfordien de la Haute-Saone, non ou très
peu calcarifères, admettent un assez grand nombre d'espèces calci-
— 299 —

fuges : Pleuridiurn subulatum, Dicranella heterornalla, Leptotri-


chum pallidum, Leucobryum glaucum, Entosthodon ericetorum,
Pogonatum nanunm, Pogonatum aloides, Polytrichum pi jerum,
Sphagnum, etc., qui cessent dès qu'on aborde la zone contiguë des
marnes du Lias compénétrées de calcaire. L'addition du calcaire
dans les petits marécages a Sphagnum fait aussi disparaitre peu a
peu les espèces de ce genre qui sont calcifuges.
Beaucoup de plances, le plus grand hombre même, sont indiffé-
rentes a la nature chimique du sol ; celles qui sont sensibles a son
influence (la proportion parait plus forte pour les mousses que pour
les Phanérogames) le cont à des degrés tres divers selon les espèces;
de là des exclusives et de simples préférentes calcicoles ou calci-
fuges. C'est surtout au sujet de ces dernières que des faits de dis-
persion mal interprétés ou insuffisamment expliqués ont servi de
thème aux adversaires de l'influence chimique. Les exigences des
espèces non indifférentes relativement a la proportion de chaux
contenue dans le support variant selon les espèces, it pourrait
arriver que certaines roches mixtes d'une teneur très faible en
chaux admettent a la foil des espèces calcicoles qui se contentent
parfois d'une très minime quantité de chaux et des calcifuges peu
exclusives que cette mince proportion ne suftirait pas a éloigner.
Nous avons cherché h vérifier cette hypothèse en étudiant la flore
muscinale des calcaires anciens magnésifères (4) qui sont parfois
peu effervescents au contact des acides, mais sans arriver a aucun
résultat saillant, au moins dans les Pyrénées, sans Boute parce que
ces roches contenaient encore tine trop forte proportion de chaux
pour les calcifuges. Nous les avons trouvées habitées par des

(4) Dans les calcaires magnésifères le carbonate de chaux étant beaucoup


plus soluble que celui de magnésie peut parfois disparaïtre peu à peu par
l'action prolongée des pluies .et de l'humidité atmosphérique et on s'expli-
querait ainsi que la roche débarrassée de sa chaux au moins a la surface
puisse admettre quelques espèces calcifuges. Sous ce rapport l'étude de la
flore de ces calcaires anciens très souvent cristallins et magnésifères offrira
le plus grand intérêt et nous la recommandons vivement aux botanistes prin-
cipalement dans le terrain paléozoïque de l'Amérique du Nord ou it est très
développé et présente fréquemment en affleurement les assises auxquelles
nous faisons allusion.
-300--
mousses calcicoles et nous n'y avons remarqué que la forme spé-
ciale aux dolomies du Hypnum , fastigiatum, d'ailleurs calcicole,
que Milde a appelée Ilypnum dolomiticum. Le Hypnum hamulosum
nous a paru aussi, dans les Pyrénées, préférer les roches mixtes.
Cependant N ylander fait remarquer que les Lichens des calcaires
anciens sont presque les mêmes que ceux du granite, ce qui serait
très significatif.
Les mousses nous offrent encore deux exemples a citer relative-
ment a l'influence du support : ce sont les préférences presque
exclusives du Grimmia plagiopodia pour les roches volcaniques,
(peut-être l'Angstrcemia vulcanica de Bourbon et de Madagascar
pourra lui étre assimilé sous ce rapport);et en second lieu, celles
pour les roches siliceuses métallifères des Mielichhoferia nitida et
Scopelophila ligulata . Dans les gorges escarpées de Luz et de
Cauterets, dans les Pyrénées, qui sont creusées dans les schistes
siluriens, partout oil des veines métallifères (antimoine, cuivre) un
peu humides et décomposées a la surface se montrent en affleure-
ment, les deux espèces précitées les accompagnent. L'attraction
qu'exerc3nt les roches métallifères sur le Mielichhoferia nitida dans
d'autres chaines de montagnes est d'ailleurs bien connue.
Les partisans de l'influence chimique reconnaissent toute l'im-
portance de Faction si générale des propriétés physiques du sol sur
la distribution des plantes, action qui très souvent s'exerce simul-
tanément avec la première. Une foule de plantes a divers degrés
indifférentes a la nature chimique du support ne le sont pas hl'état
mécanique d'agrégation de ce support duquel dérive souvent les
modes de station ; mais quand on parle de prépondérance de l'une ou
l'autre action, ii faut se Barder de confondre les deux questions et
restreindre le débat aux espèces plus ou moins exclusives de sols
salés ou non salés, calcaires ou non calcaires.
Si, dans la distribution de chacune de ces espèces exclusives,
les deux influences agissaient toujours simultanément et dans le
méme sens, it serait difficile de reconnaitre la part qui revient a
chacune d'elles ; mais it n'en est pas toujours ainsi et les exem-
pies cités plus buut de mousses saxicoles des roches siliceuses
— 301 --

compactes qui s'accommodent facilement de supports désagrégés


et meubles, ta p dis qu'elles évitent obstinément les rockes calcaires
duces et identiques cependant aux premières comme état méca-
nique d'agrégation, démontrent Bien que c'est ici la nature chi-
mique du substratum qui est cause déterminante de la dispen--
slon
Loin de méconnaitre les progrès réalisés par l'excellente clas-
sification des sols établie par Thurmann au point de vue de leur
état physique, nous lui emprunterons au contraire ses termes qui
définissent en un mot et très exactement cet état ainsi que les
exigences correspondantes des plantes et, en les combinant avec
ceux qui sons relatifs a l'influence chimique, nous aurons un moyen
d'exprimer les relations qui existent entre la nature du sol et la
distribution des plantes. C'est ainsi que, comme nous l'avions
proposé, dès 1873, dans notre t(Apercu ph ytostatique sur la Haute-
Saone », nous distinguerons des xérophiles et des hygrophiles
calcicoles, des xérophiles et des hygrophiles calcifuges, avec les
indications plus détaillées de péliques, psammiques et pélopsam-
miques, auxquelles it faudrait ajouter celles de turficoles et humi-
coles pour les nombreuses mousses qui, depuis les tundras arcti-
ques jusqu'aux forêts tropicales, affectionnent un substratum
fornié par des détritus de végétaux.
Toutes nos observations personnelles concernant la distribution
des mousses o p t eu d'abord pour théátre les Vosges et le Jura,
ternes classiques de ce genre d'études, ensuite les massifs grani-
tiques et volcaniques de l'Auvergne et du Plateau Central, les
Alpes crétacées et tertiaires du Sad Est de la France, les Landes
de Gascogne, le bassin de la Garonne et enfin les Pyrénées dont la
constitution minéralogique est très complexe, surtout dans les
vastes espaces occupés par le Terrain de Transition. Or, nolle
part, malgré les notables différences de climat, nous n'avons, pas
plus que notre savant ami M. Boulay, constaté de faits de nature a
infirmer la théorie de l'action chimique. Tous tendent au con-
traire a la démontrer. Les mousses ont eu l'avantage de nous
offrir, par leurs nombreuses espèces saxicoles exclusives des
--302._

preuves décisives et d'une constatation facile par suite de la cons-


titution généralement très pure du substratum rocheux, quand ii
n'est pas asrosé par des eaux étrangères. Or, ce qui est vrai pour
les espèces saxicoles l'est aussi pour celles des sols désagrégés ;
seulement ici les preuves ne son t pas toejours aussi apparentes, aussi
dégagées de la possibilité d'une interprétationdifférente ; aussi la na-
turechimique du sol, les mélanges accidentels quiont pose produire
doivent-ils être contrólés sur place avec le plus grand soin et le
substratum immédiat doit souvent être essayé a l'acide. Il serait
certainement désirable que la distribution des plantes considérées
comme exclusives, soit suivie dans des régions éloignées avec ia
précision nécessitée par les complications mêmes du sujet, mais
nous pensons que le botanize qui cherche a utiliser de loin des
indications trop superficielles, surtout celles de date. ancienne, ne
pent trouver là des preuves suffisantes pour nier l'influence de la
nature chimique du sol, si Bien vérifiée déjà dans des lieux lrès
distants et des climats différents.
Monaco, 14 Mars 1 893 .

Excursions botaniques et herborisations dans


le bassin de l'Argens (Var)
Au cours de mes herborisations dans la région méditerranéenne,
— oh la fore est sans contredit une des plus belles et des plus
luxuriantes de la France, -- et plus spécialement dans le départe-
ment du \'ar, j'ai eu maintes fois l'occasion de rencontrer de riches
échantillons de plantes au point de vue des propriétés médicinales.
C'est dans le bassin inférieur de l'Argens, depuis l'embouchure de
ce fleuve jusqu'en amont de Fréjus, que j'ai particulièrement fait
des recherches toutes récentes.
Les rives de ce cours d'eau, fort pittoresques par endroits, sons
couvertes d'une plantureuse végétation, et le séjour en un lieu
semblable est véritablement enchanteur Dour celui qui fait de la
botanique un art du plus pur agrément. C'est sous le délicieux
ombrage des Tarnrarix gallica que les sens du midi nomment vul-.
-- 303 —

gairement le bois d'eau, en raison de sa densité, et au pied d'élé-


gants Fraxinus de 1'espèce excelsior ainsi que de quelques osiers
aux troncs élancés, que poussent avec frénésie, en formant cà et là
d'inextricables fouillis de verdure et de fleurs, des plantes de toutes
sortes : les unes grimpantes, les autres semi-arborescentes ou au
contraire de dimensions très minimes, toutes plus on moms remar
-quables,tdon -méritenaosu i
spéciale. Je ne parlerai, bien entendu, que de ces dernières.
Je citerai en première ligne deux onagrariées du genre Epilo-
biurn : deux plantes entièrement velues : l'une, l'Epilobiurn hirsu-
turn, ii la corolle grande, d'un rose vif, aux feuilles engainantes a
la base, aux. étamines et au pistil dressés ; l'autre, dont la corolle
contrasts par sa dimension avec celle de l'Epil. hirsutum, mais qui
se rapproche de cette dernière espèce en ce que la plante est aussi
toute velue : l'Epilobium parviflorum. Une aroïdée très commune
dans nos régions et dont les spadices blanc-jaunátre se dressent
fièrement au-dessus de larges feuilles sagittées : c'est l' arum macu-
laturn. Une solanacée à tige rampante et sarmenteuse, a feuilles
acuminées, aux fleurs d'un beau violet, en tout semblables, quant
au point de vue morphologique externe, a celle de la pomme de
serre : c'est le Solanum dulcamara, assez rare dans le départe-
ment du `Tar (la décoction des rameaux de douce-mère est consi-
dérée comme dépurative).
Puis viennent en seconde ligne différentes espèces de Lamium :
les Lamium purpureum, album, amplexicaule, galeobdolon, etc.,
l'Humulus lupulus et le Glechoma hederacea aux tipes enlacantes,
le Verbascum thapsus, aux feuilles larges et épaisses, aux fleurs pec-
torales et émollientes ; le Marrubium vulgare, si commun dans
nos régions oil on le ooit pousser en masses touffues, le sombre
Hyosciamus niger, l' Urtica urens et l'Urtica dioica, le Ruscus
aculeatus dont les baies rouge-pourpre tranchent sur le fond vert-
sombre de ses feuilles entières dont la nervure médiane est termi-
née par un dard ; l' Iris germanica, 1'Iris fatidissima, l' Iris
pseudo-acorns, ce dernier prenant une extension plus grande it
mesure que l'on avance vers l'embouchure ; l'Helleborus f cetidus et
--- 304 --
une foule d'autres Renonculacées que je passerai sous silence ; des
Galiurn très variés dont j'ai déterminé un assez grand hombre
d'espèces. Toutefois la plante qui parait dominer dans la fore du
bassin inférieur de 1'Argens, est l'Aristolochia clematifis dont les
rhizomes, quelquefois employés sans succès dans le traitement de
la goutte et des rhumatismes, infestent non seulement les bords du
fleuve et les lieux asides, mais encore les terrains cultivés et sur-
tout les champs de blé qu'ils semblent affectionner d'une facon zoute
paticulière.

(A suivre.) MARIUS CAPODURO.

Quelques observations botaniques faites au g environs


du Mans pendant les années 1889 à 1893
Ranunculus Lingua Linn. Saint-Pavace, rive gauche de la
Sarthe, au-dessus du Moulin-l'Evêque, en face les Ruches,
3 aout.
Chelidonium rrnajus Linn. Forme à fleurs semi-doubles. Envi-
rons de Coulaines.
Erysimum cheiranthoides Linn. Le Mans, à l'Angevinière,
9 novembre.
Nasturtium sylvestre R. Brown. Le Mans, dans la rue Neuve
au bout du chemin de Sinault oil je l'ai observé de 1888 à
1893.
Cerastium arvense Linn. Le Mans, au grand cimetière, 2 mai
1893.
Medicago media Pers. La Chapelle-Saint-Aubin, a rentree du
chemin conduisant de la route d'Alencon au Moulin-aux-Moines,
21 juillet.
Astragalus glycyphyllos Linn. Neuville, anciennes carrières
entre les Blinières et la Touche, 3 aout ; Yvré-l'Evêque, environs
de Parence.
Vicia Bithynica Linn. Le Mans, champ de blé au-dessus du
chemin de ronde de Saint-Georges et au-dessous de Château-
Gaillard, 8 juin 1890.
-- 305 —
Lathyrus nissolia Linn. En compagnie du Vicia, male champ
ci-dessus, asset abondant. 8 Juin 1890,
Montia , fóntama Linn. Var. minor. Marais de Pourrie, près de
l'E pau, 3 aoilt.
Dipsacus pilosus Linn. Route de Paris, a 5 kil. du Mans, oil je
n'ai trouvé qu'un exemplaire, 11 aout.
Inula Helenium Linn. Le Mans, rue du Nord, échappé de mon
jardin depuis 1886.
Kentrophyllum lanatum DC. Saint-Saturnin, páturage entre le
château des Roches et le Grand-Renaud, 27 juillet.
Barkhausia setosa DC. Saint-Saturnin, champs au-dessous des
jardins du Grand-Renaud, 27 juillet.
Vinca minor Linn. Forme à sépales colorés et 4étales profon-
dément hifides. Le Mans, talus d'un chemin au-dessus du Petit-
Vaurousé, 15 avril i 893.
Anchusa italica Retz. Neuville, rive gauche de la Sarthe, au-
dessus des Blinières, 3 aout ; ligne du tramway entre Parigné-
l'Evêque et Challes, 25 juillet.
Melampyrum cristatum Linn. Changé, bois d'Amigné, 22 mai.
Veronica agrestis Linn. L'on trouve fréquemment dans les jar-
dins des environs de Champgarreau une forme de cette plante a
fleurs blanches qui semble bien plus vigoureuse et d'un vert plus
tendre que son type.
Orobanche cerulea Vill. Saint-Saturnin environ de Maule, 9 juin.
Vallée d'Yvré-l'Evêque, 16 juin. On n'est pas toujours assuré de
trouver cette plante plusieurs années de suite dans le même
endroit.
Salvia officinalis Linn. Changé, tout un talus le long du chemin
des Venelles et a Marcon oil elle se trouve toujours près de la Cha-
pelle de l'Hópitau.
Galeopsis canescens Schultz. Le Mans, cóteau au-dessus de
Vaugautier, 15 aout.
Teucrium scordium Linn. Moncé-en-Belin, landes des Anerais,
i er septembre.
Primula grandi flora fore pleno . État dans lequel toes les or-
T. II. 11
-- 306 —
ga p es sons transforms en pétales légèrement imbriqués et plus
pleins que l'ancienne forme cultivée. Saint-Saturnin, talus en face
fine petite arche de la ligne d'Alenc.on, entre les Croix et les Gui-
naudières, 20 avril.
Arnaranthus blitum Linn. Var. diffusa, tige entièrement cou-
chée, Changé, rue du Cimetière, 31 aout.
Rumex sanguineus Linn. Le Mans, rue du Nord, échappé de
mon jardin, 9 juin 1893.
Stellera passerina Linn. Saint-Saturnin, levée de la route entre
le pont de la rivière et celui du chemin de fer, 8 sept. ; je n'en ai
trouvé qu'un exemplaire.
Narcissus pseudo-narcissus Linn. Le Mans, hies près du
Petit-Vaurousé, 20 mars.
Neottia nidus-avis Rich. Changé, bois d'Amigné, 22 mai.
Ophioglossum vulgalu-inLinn. Saint-Saturnin, prés entre an petit
lavoir et le pont du chemin de fer, i er mai.
Botrycum lunaria Sw. Challes, Otis près la gare du tramway,
25 juin 1889.
Pilularia globulifera Linn. Yvré-l'Évëque, manais des Rochers,
15 septembre. D'après les indications de M. Ed. Guéranger.

(A suivre) VICTOR AMIN.


-- 307 —
Eapériences faites à 50 centimétres de profondeur dans le sol
pendant le mois d'Avril 1893 au mogen d'un thermomètre pour établir
les degrés de la ehaleur du sol. (Pondichéry) Inde.

JARDIN JA RDIN JARDIN


DATES NELLITOPE NELLITOPE NELLITOPE
COLONIAL COLONIAL COLONIAL

1 2 9 1/2 27 29 1/2 27 29 1/2 u,J 7


2, ")9 1/2 27 291 /3 27
^ 291 /3 27
^

3 29 1/2 27 291 /2 ^^
r^ 29 1/9 27 1/2
4 28 27 1/2 29 1 /2 27 3/4 29 1/9 27 1/3
5 28 27 1/3 30 271 /2 29 1/3 97 3/4
6 281 /3 27 3/4 29 1/3 28 99 1/3 28
7 29 1/2 28 291 /3 28 1 /4 29 1/9 28 1 / 3
8 29 28 1 /4 29 1/3 28 1/4 291 /2 281/2
9 28 1/3 28 1/9 30 28 1/9 29 1/9 281 /2
10 29 283/4 2 9 1/3 28 3/4 29 1/9 28 1/9
11 28 1/2 28 1/3 30 28 3/4 29 1/2 98 3/4
12 29 28 3 /4 30 28 1/4 29 1/9 281/9
13 29 1/4 28 3/4 30 28 3/4 291/2 28 3/4
14 28 1/9 28 3/4 29 1/9 J28 29 28 1/4
15 29 281/2 29 1/9 283/4 29 1/1 28 1/2
16 29 28 1 /2 29 3/4 28 3/4 29 1/9 28 1/4
17 29 1/4 28 1/9 29 3 /4 28 3/ 4 29 1/9 281/2
18 291/3 28 1/2 30 29 293/4 28 3/4
19 29 1/4 28 1/2 29 1/2 28 3/4 29 1/4 28 1/4
20 29 28 1/2 29 28 29 1/2 28 1/2
21 29 1/2 28 1/4 29 28 3/4 '29 1/3 28 1/2
22 29 28 1/2 30 °9
d^ 2.9 3/4 29
23 29 3/4 29 1/ 2 30 29 1/2 29 1/2 29 1/9
24 29 1/4 29 1/9 29 3/4 29 3/4 29 3/4 29
^, 29 1/2 29 3/4 29 1/9 29 1/44
r^
^ 30 29 3/4
26
^ 29 29 1/2 301 /2 29 1/4 30 1/4 28 3/4
J^
^7 30 1/4 29 3/4 30 1/3 291/3 30 99 3/4
28 30 29 3/4 30 30 1/4 301/2 29 1/9
29 30 1/9 29 3/4 303/4 30 30 1/4 30
30 30 3/4 30 301 /2 3 0 1/9 30 1/9 30 1/9
1
MATIN MIDI SOIR

A. SADA
-- 308 —
ORGANOGÉNIE

La cyme (1)

Je compte revenir sur les inflorescences indéfinies avec l'épi, la


panicule, la grappe. Pour aujourd'hui, je me propose de consacrer
une brève étude au mécanisme de la cy me, mode presque unique
d'inflorescence définie, toujours très analogue a lui-même dans ses
diverses variations.
La division en cyme simple et en cyme composée est absolument
arbitraire, et ne peut avoir qu'une valeur systématique ; elle n'est
pas physiologique. En effet, tout axe a en lui -même les éléments
nécessaires pour produire un limbe ; ce limbe peut demeurer
unique, et, dans ce cas, l'axe est uniflore, ou bien produire inté-
rienrement un second limbe semblable, et, dans ce cas, de son
aisselle naitront, suivant le nombre de ses valves, un ou plusieurs
bourgeons qui répèteront son organisation.
Dans la cyme simple, les axes ne produisent terminalement qu'un
seal limbe, c'est-à-dire, par le fait, une seule fl eur. La cyme
composée est, dans ses traits essentiels, absolument conforme 'a la
cyme simple ; la seule différence qui l'en éloigne est que le terme
de ses transformations est moil's rapidement asteint.
Pour expliquer l'une et l'autre, it est nécessaire de donner un
aperçu du mode d'accroissement en longueur de la tige, ou si on
le préfère, du processus de la formation successive de ses feuilles,
car les deux questions n'en font qu'une.
Mais auparavant, et pour plus de méthode, je diviserai la cyme
en formes, selon qu'elle est terminale ou axillaire. 11 y a là une dif-
férence importante, basée, non plus sur une inégalité de dévelop-
pement, mais sur une véritable dissemblance dans les aptitudes,
c'est-à-dire, dans l'organisation. La cyme terminale couronne la
tige, qui ne se développe plus au delh. La cyme axillaire ne cou-
ronne que les rameaux, de Idle manière pie l'axe pent prendre un
accroissement indéfini, limité non plus par une formation organique,

(I) Reproduction interdite.


-309---

mais par un avortement. Ces deux formes de cymes se subdivisent


en outre, mais d'une manière moins importante, suivant que la
disposition des feuilles florales se conserve intacte ou vane de la
base au sommet de l'inflorescence. Dans le premier cas, la cyme est.
dito « non altérée », « altérée » dans le cas contraire.
Nous allons étudier la cyme terminale non altérée, réservant les
autres formes pour un prochain article.

I
Ne pouvant, sous peine de tomber dans la confusion, exposer
la structure de toutes les plantes dont l'inflorescence est une cyme
terminale, j'ai dir me homer à deux exemples choisis, je crois,
parmi les plus typiques : le Stellaria media, considéré générale-
ment, avec la plupart Iles Alsinées, comme la forme classique de
la cyme dichotome, et le Saxifraga tridactylites, dont la cyme
est le plus souvent qualifiée d'irrégulière, aloes qu'elle s'explique
d'une manière très simple et très normale.
Quoique particulière, ma théorie pourra, je l'espère, être appli-
qués h tons les cas. Je vais l'exposer comme une démonstration
géométrique.
Soit la figure 1 de notre dessin. Elle représente une sommité
presque entièrement fructifère de stellaire, formée d'une série de
bifurcations superposées comprenant chacune dans leur angle une
fleur. La base de la sommité est une paire de bractées opposées b,
qui représente très évidemment les paires de feuilles cauli-
naires.
A une époque, ces deux bractées constituaient toute la termi-
naison de la tige eiles n'étaient méme ni organisées ni distinctes,
et représentaient une ébauche unique, un rudiment homogène; ca-
ché au sein des deux feuilles immédiatement inférieures, en un
mot, un bourgeon central.
Sous la poussée du développement, ce bourgeon s'est peu à peu
différencié, et finalement it s'est ouvert en deux valves. Ces deux
valves, comme toutes les autres feuilles de la tige, ont développé
entre eiles un bourgeon semblable à celui qui avait représenté leur
— 310 --

premier état ; seulement, ce bourgeon s'est trouvé appelé à une nou-


velle fonction, et s'est organisé en bouton floral.
S'il en avait été autrement, s'il avait hérité des aptitudes de sa
gemme-mère, sa déhiscence aurait donné deux feuilles, et it
aurait simplement continué le développement de l'appareil végé-
tatif.
Les deux valves florales, les deux bractées, par division de leur
nervure médiane, produisent chacune a leur aisselle un bourgeon,
qui ne se développe qu'après la complète déhiscence du bourgeon
central, lequel s'épanouit en une fleur unique. Chacun de ces bour-
geons axillaires s'organine en un rameau florifère i', qui va répéter
la structure de la tige, c'est-à-dire, donner naissance a des dichoto-
mies composées chacune d'une fleur centrale et de deux branches
latérales.
Ainsi, it a suffa d'une transformation brusque des aptitudes pour
modifier entièrement le système de la planre. Supposez que le
bourgeon initial qui a donné naissance a l'axe t et a son limbe,
c'est-à-dire a sa fleur, ait été privé de la tendance florale. Il est
évident qu'il se serait organisé en feuilles, qui auraient été séparées
de la paire immédiaternent inférieure par un entrenoeud, et qui, de
plus, auraient donné intérieurement naissance a un nouveau bour-
geon foliacé ; et, de cette manière, la tige se serait allongée indé-
finiment. Quant aux bourgeons axillaires, its auraient été l'origine
d'axes foliifères, non de rameaux florifères.
De ce rapprochement it résulte que la véritable terminaison de
la tige est le pédoncule de la fleur centrale de la première dichoto-
mie ; les fleurs centrales des autres dichotomies terminent succes-
sivement chacun des rameaux qui les supportert, et dont les deux
premiers sont issus des bourgeons axillaires de la tige.
On remarquera combien sont disproportionnés le diamètre du
pédoncule uniflore et le diamètre des rameaux latéraux, et com-
ment ceux-ci, en se développant, rejettent celui-là vers la péri-
phérie de la tige, de telle manière qu'à une certaine époque it cesse
d'être central.
Cette différence entre les dimensions a pu conduire certains ho-
— 312 --
contredire notre manière de voir, c'est la grosseer du rameau lat&
ral r, sa direction analogue a celle de l'axe primordial, et, de plus,
ce fait que sa base Porte souvent une feuille stérile f: Le diamètre

A.Ado tut a.r


1. — Stellaire. Sommité fructifère dont un des rameaux primaires a été coupé.— 2. — Saxi-
frage. Cyme alterne presque entièrement fructifère. -- 3. — Saxifrage. Origine du pédoncule
uniflore et du rameau axillaire florifère.
G, bractée nu feuille florale ; I, pédoncule terminant la tige; r, rameau axillaire; f, feuille

stérile, c'est–à–dire, dont l'aisselle ne produit pas ordinairement de bourgeons.


311 —

tanistes à considérer la tige comme se divisant réellement ; l'obser-


vation, nous l'avons vu, contredit absolument cette manière de
voir ; les termes de bifurcation, dichotomie, généralement em-
ployés par les descripteurs, seraient une erreur s'ils étaient pris
dans un sens absolu, parce qu'ils indiquent ici un fait, un résultat,
mais non un processus.
En effet, outre que l'accroissement plus grand des rameaux laté-
raux s'explique par ce fait qu'ils ont a produire plusieurs eurs, et
non une seule comme le pédoncule qui termine organiquement la
tige, leur insertion adventive, leur róle accessoire sont démontrés
par leur développement toejours postérieur à 1'épanouissement de
la fleur centrale.
Ma théorie, qui est d'ailleurs celle de la grande majorité des
botanistes, a done raison contre l'apparence. J'arrive a un résultat
analogue dans l'exposition du mécanisme de l'inflorescence de la
Saxifrage ; mais lá, mon opinion diffère un pee de celle qu'on
admet généralement, faute, selon moi, d'un examen suffisamment
attentif, faute aussi d'établir les rapports et les analogies. J'espère
qu'après m'avoir lu nous penserez comme moi.
La forme de la cyme de la Stellaire résulte évidemment de la
disposition opposée de ses feuilles, et, par suite, de ses bractées.
Chez la Saxifrage, le bourgeon foliacé s'ouvre non plus en deux
valves, mais suivant une ligne de déhiscence opposée a la nervure
médiane, et, par suite, it est monophylle ; chaque feuille qui
en résulte alterne avec la feuille inférieure et la feuille supé-
rieure.
L'inflorescence a pour origine la transformation en fleur de cette
feuille supérieure, dont le pétiole t, devenu un pédoncule, constitue
le réel prolongement de la tige, qui est terminée par son limbe.
Ce pédoncule se trouve déjeté par suite de l'accroissement bien
plus considérable du rameau latéral provenant du bourgeon éclos
dans l'aisselle de la bractée génératrice b.
Nous avons done ainsi l'exacte reproduction de l'organisation de
la Stellaire, en tenant compte de l'absence du second rameau laté-
ral, qui résulte de 1'absencc d'une seconde bractée. Ce qui semble
-- 343 --

du rameau Upend évidemment, comme chez la Stellaire, de son


aptitude, qui nécessite un plus grand afflux de sève que dans le
pédoncule uniflore, et, par suite, une plus grande quantité de
cellules et de vaisseaux. Quant a sa direction, elle est déterminée
par le défaut d'équilibre du développement qui résulte de l'absence
de la seconde bractée. Reste la feuille stérile, qui n'est nullement
un obstacle a la théorie, attendu qu'il est permis de supposer, dans
le rameau, un retour passager a la structure de l'axe, retour qui a
pour effet d'organiser le premier limbe en feuille, et d'en faire la
valve unique d'un bourgeon florifère.
La manière de voir que je viens d'exposer suppose, et selon 'poi
c'est l'expression de la vérité, que tout rameau, c'est-à-dire, tout
axe parfait à développement symétrique, nail de l'aisselle d'une
feuille-mère. Les botanistes qui n'admettraient pas cette proposi-
tion seraient obligés, et c'est ainsi généralement qu'on procède dans
les descriptions, de considérer les pédoncules comme des produc-
tions extraaxillaires.
Comment se formeraient ces productions ? Par quel proceslus ?
Et pourquoi toejours en des points déterminés, du cóté de la tige
opposé aux feuilles, et à la hauteur de ces feuilles ? Une seule hy-
pothèse, pour la Saxifrage, pourrait aider a résoudre ces questions :
a savoir,l'avortement constant de la bractée-mère qui serait opposée
à la bractée développée, et qui produirait le pédoncule à la place
correspondant a son aisselle atrophiée.
Cette hypothèse supprimerait l'idée de l'intervention du
hasard dans la formation des gemmes, idée qui s'impose toutes les
fois qu'on se trouve en présence d'une production véritablement
extraaxillaire, par exemple, d'un rameau adventif né en un point
quelconque d'un tronc décapité et privé de tout appendice foliacé.
Elle aurait encore le mérite d'établir une sorte d'unité de plan
chez les Saxifragées, qui sons tantót a feuilles opposées, tantót à
feuilles alternes.
Mais, malgré tous ces avantages, je ne puis l'admettre, pour la
même raison qui m'a forcé à considérer, chez la Stellaire, la fleur
centrale des dichotomies comme la réelle terminaison de l'axe,
-- 314 —

c'est-à-dire, a cause de t'épanouissement complet du bourgeon


floral précédant le développement du rameau florifère, lequel est
axillaire.
On aura la preuve de cette priorité dans l'évolution en étudiant
le sommet de la plante représentée par la figure 2 ; on voit a gau-
che, parfaitement développée, la fleur qui prolonge l'axe, et à
droite, sous la forme d'un très petit bourgeon, le rameau axillaire
formé à la base de son pédoncule. Pour quiconque aura suivi ma
démonstration, cette figure, qui est l'exacte reproduction de la
nature, prouvera que la véritable terminaison de la tige est la pre-
mière fleur extraaxillaire, chacune des fleurs suivantes terminant
le rameau axillaire correspondant.
(A suivre). A. ACLOQUE.

BOTANIQUE RÉCRÉATIVE

TOUTE L'INDE
...........

L'INDE MÉRIDIONALE (suite)


Installés sur un des banes de la jetée, rendez-vous habitue' du
soir, nous contemplons la barre et les lames qui déferlent vio-
lemment. Que d'animaux vivent dans ces eaux dont la température
est égale à celle du corps ! Des squales nombreux, panmi lesquels
d'avides requins, se meuvent non loin de nous, attendant une
prole.
Tout un monde de coquilles, cónes, olives, volutes, porcelaines,
calques, tonneaux, s'agitent sous ces flocs et viennent échouer de
temps à autre sur la plage. Recueillis par les pécheurs du rivage
ils sons tinsuite revendus pour quelques casks aux amateurs. On
donne le nom de casks ou de paisses aux pièces de cuivre de 4, 2,
3 ou 6 cashs dont quelques-unes remontent au temps de Dupleix et
n'ont d'ailleurs cours qu'á Pondichéry. Douze casks constituent un
-315--

anna, la seizième partie d'une roupie. Deux annas forment ce


qu'on appelle a Pondichéry un .fanon. Le fanon est une monnaie
d'argent, huitième partie de la roupie. Deux fanons forment un
quart de roupie, représenté par tine autre monnaie d'argent. Tan-
dis que le fanon est un peu plus grand que la pièce francaise de
0 fr. 20, le quart de roupie est un peu plus grand que notre pièce
de 0 fr. 50.
Viennent ensuite la demi-roupie supérieure à notre pièce de
4 franc et la roupie qui, par suite des fluctuations du change et de
l'absence de la monnaie d'or, naut actuellement I fr. 63 a Pondi-
chéry et I fr. 55 dans Einde anglaise. La roupie est pourtant
supérieure en dimension a la pièce francaise de 2 francs.
Quelques arondes perlières s'égarent parfois jusque dans la rade
ouverte de Pondichéry.
Le poisson se vend à bas prix. L'immense tortue de mer elle-
même, dont la chair fournit un mets succulent, coke seulement le
prix incroyable de 2 francs a peine, alors que la seule carapace se
vend fort cher en France après avoir acquitté a la douane,quand elle
est intacte, des droits exorhitants.
La nuit. vient vite sous les tropiques. Aussi le pier et le cours
Chabrol deviennent-ils rapidement déserts, car voici t'heure du
diner.
Le cours Chabrol suit les quais tout le long de la mer et se
relie de chaque cóté aux boulevards extérieurs qui entourent hi
ville.

Quel coup d'oeil pittoresque offrent les bazars d'Orient ! La rue


du Bazar de Pondichéry est des plus animée. Les Indiens vont et
viennent avec leurs salvés sur l'épaule. On appelle ainsi des
espèces de foulards souvent multicolores que tout Indien qui se
respecte porte sur l'épaule, parfois autour du cou.
D'aut.res font leurs achats dans les diverses boutiques du ba-
zar.
De tout cela se dégage l'odeur caractéristique de l'Indien mêlée
— 31u —

aux odeurs qu'exhalent les diverses denrées telles que arachides,


gingembre, cardamome, piments divers, safran, etc.
On charge, on décharge. Des voitures pleines de sacs de riz en-
combrent la rue à certaines heures. Au milieu d'elles, de temps à
autre, passent des djalkas rapides, souvent remplies de natifs.
Parfois des troupeaux de bufles apparaissent et enfilent les rues
latérales.
Voitures trainées par des zébus ou boeufs a bosses, recklas
attelées d'un jeune taureau a l'allure vertigineuse se succèdent au
milieu du brouhaha qui s'élève de la Poule.
Parfois passent des femmes vêtues de blanc qui se couvrent le
visage. Ce sons des veuves. Pauvres femmes ! pauvres enfants ! Ce
dernier mot n'est que trop juste car, a 1'heure actuelle, l'Inde compte
80,000 veuves qui n'ont pas 14 ans.
Une toi nouvelle prescrit de ne manier les filles qu'à 14 ans.
Mais it faudra du temps avant que la toi soit passée dans les
maeurs.
Aujourd'hui, à de rares exceptions près, les veuves ne se brulent
plus sur le tombeau de leurs marls, mais leur sort est peut-être
Plus misérable encore.
Mariées ou fiancées (et les fian4ailles ont autant de force
que le mariage), dès leur plus tendre enfance, dès le berceau même,
a des hommes avancés en Age, elles leur so p t livrées a huit ans. Si
leur mar, meurt, it leur est interdis de convoler a de nouvelles
noces.
Habillées de Blanc, elles doivent renoncer a tolls les bijoux, ces
joies de la femme indienne, eiles doivent se voiler la face deviant
l'homme. Esclaves de leur nouvelle famille, elles servent de jouet a
toures les passions.
La polygamie existe dans l'Inde aassi Bien que la polyandrie.
On la trouve chez 1'Indou aassi bien que chez le musulman.
La femme n'est jamais libre et indépendante, soumise dès l'en-
fance a son père elle l'est ensuite a son marl, en attendant qu'elle
devienne soumise à ses fits. Le ma gi est seigneur et maitre ab
-solu.
RECKLA. —- Voilure attelée d'un taureau.
DJALKA. —- Voiture ordinaire dans le Sud de l'Inde.
— 321 —
La polygamie dans t'Inde tend a disparaitre. Toutefois ii n'y a
pas longtemps dans le Bengale, un Indien mourait laissant H3
femmes,113 veuves condamnées à un veuvage perpétuel.
Un repas par jour, ne manger que des fleurs, des ravines ou des
fruits, faire deux jeunes par mois sans pouvoir absorber même
une goutte d'eau, supporter toutes les fatigues et tous les tra-
vaux pour recevoir en échange toutes sortes de mauvais traite-
ments, voilà le sort qui les attend. Le nom de veuve lui-même est
tine insulte, une des plus cruelles que se prodiguent les femmes
entre eiles au cours de leers disputes.
De méme le nom de pariah est une insulte qui blesse au vif
l'homme qui appartient a cette classe, car les pariahs s'appellent
entre eux homines de la main gauche.
C'est la main gauche qui remplace pour l'Indien le papier avec
lequel dans les water-closets..... Je n'insiste pas.
Puisque nous sommes sur le chapitre des injures disons que
pour les me'tis ce mot même ou celui de topaz, qui veut dire
homme a chapeau so p t une mortelle injure.
Ceci nous amène a dire quelques mots de ce que l'on peut appe-
ler l'ascension des classes.
Dans les colonies, tout au moins dans l'Inde, entre les Indiens
ou indigènes et les Européens se trouvent les demi-sang ou métis
qui se qualifient pompeusement de créoles, bien que ce nom ne
convienne par définition qu'aux descendants d'Européens nés aux
colonies.
Aussi les véritables créoles, pour se distinguer ,sont-ils obligés
d'usurper a leur tour le titre d'Européens, réduisant les vrais
européens, fonctionnaires, missionnaires ou autres a se dénom-
mer : Franpais de France.
Étrange cette classe de soi-disant créoles. Elle a en général (je
pule des métis franco-indiens), tous les défauts des deux races
sans en avoir en général les qualités.
Je dis en général, car j'ai connu des exceptions. it existe d'ail-
leurs dans cette classe ce qu'on est convenu d'appeler l'aristocratie
créole on topazine. « Nous autres européens, disent-ils en se
T. II. 12
-- 322 —

rengorgeant et se frappant sur la poitrine nous ne sommes point


comme ces pauvres malheureux topaz. » La vanité se trouve par-
tout et it en est parmi eux qui sont très fiers de leur figure.
D'ailleurs, sinon chez eux, du moins chez I'Indien, sauf la cou-
leur, le type est plus beau et biera plus régulier que chez l'euro-
péen. IE faut être juste.
Les rnoeurs de la basse classe topazine seraient a peindre.
Curieuses ces jeunes topazines revétues de robes blanches ou
voyantes qui jurent de se trouver unies a leur teint qui n'en parait
que plus coloré.
Singuliers ces topa z revêtus, les jours de fête, d'un costume euro-
péen pimpant et qui viennent après cela vous mendier l'aumóne.
Et remarquez biera que ces costumes ils les empruntent ou se les
prêtent les uns aux autres.
L'un reste à la maison pendant que l'autre va sur le boulevard
faire la belle jambe. Qu'on me pardonne cette expression fami-
lière.
Telle topazine qui a passé ses six jours vêtue d'une longue che-
mise paradera le dimanche a la musique parée de vêtements aux
couleurs criardes. Tel que j'ai vu au collège, sanglé dans sa tenue
des jours de fête, je l'ai retrouvé presque nu dans les rues les
jours de congé.
D'ailleurs quoi d'étonnant ! N'y a-t-il pas te) conseiller général
qui pose aux réunions et qui le reste de l'année attend que certain
missionnaire ait fini son reps pour manger ses restes.
Comiques ces families de demi-européens que les Anglais ont
qualifiées du nom d'east-indians et d'eurasiens.
II y aurait beaucoup a dire au sujet des distinctions que nos voi-
sins établissent parmi les individus de cette classe. J'y reviendrai
peut-être.
Et au point de vue moral ? Ici Plus que jamais le silence est
d'or.
Très forts Pour emprunter, les créoles teintés, ne rendent presque
jamais. Aussi quand ils viennent quémander dix roupies, donnez
leur en deux, ils s'en iront contents et vous y gagnerez.
--323—

Si le matin, de bonne heure, vous sortez de la vitte, vous trou-


verez alignés le long des routes ou dans les champs hommel,
femmes, enfants en train de satisfaire leurs besoins au grand air
et sans nul souci des passants. Pour cette besogne its lont toujours
accroupis et ne comprennent pas qu'on opère autrement. J'ai dit
plus haut de quel mouchoir ils usaient.
Ceci m'amène a dire quelques mots sur la politesse in-
Jenne :
Tandis que l'Indien ne se gêne point pour faire devant vous ses
besoins, pour se moucher avec les doigts (car le mouchoir dans
l'Inde est inconnu des riches ; on a vu tel conseiller général indien
se moucher avec le tapis de la table des séances et cela par conve-
rsance), ou pour vous rotor a la figure, ce qui est le comhle de la
politesse, il se fera par contre un scrupule de manger en votre
présence. J'ai vu des Indiens très gênés en wagon, différer même
parfois leurs reps pour ne pas manger devant moi. Pour ma part
je n'avais pas même le scrupule.
L'lndien n'est pas gourmand ; il est au contraire d'une extrême
frugalité et vit de peu.
Un très grand nombre d'Indiens vivent avec six cash ; la valeur
d'environ I sou par jour. Riz, parfois accompagné d'eau poivrée ou
même de coujarubou (ce que les Européens appeltent à tort kari,
puisque Mari veut dire plat de viande en général), carouvadou ou
Poisson pourri et desséché, bananes, rarement oranges ou ananas
voilá les principaux éléments qui constituent, - séparés ou unis,
l'ordinaire d'un natif et de plus d'un missionnaire. L'Européen
exige davantage et it n'a pas toujours raison.
Comme boisson de l'eau, rarement du lait. Les amateurs d'alcool
ingurgitent le kallou dont I'odeur d'urine n'est pourtant guère faire
pour séduire et qui par distillation fournit l'arrack, eau-de-vie
forte mais qui n'est pas it la portée de toes:
Les cafés du pays se reconnaissent au drapeau tricolore arboré
devant les buttes ou paillottes qui le plus souvent leur servent
d'abri. Ce n'est guère glorieux pour p otre drapeau.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.
— 324 —

Informations
Par suite de la grande chaleur et de la sécheresse continues qui ont
régné en France pendant plus de trois mois, plusieurs plantes exotiques
qui ordinairement ne murissaient point leurs fruits ou les murissaient à
peine, dans nos jardins, ont vu ces mêmes fruits parvenir a maturité et
dans certains cas se sont reproduites spontanément.

M. COVILLE a succédé a M. G. VASEY comme chef de la section botanique


du département de l'agriculture, aux États-Unis.

M. GAY, instituteur a Crescia (Algérie), public en ce moment-ci, sous le


nom de Synopsis de la fore de la Métidja et montagnes qui l'entourent,
une petite flore élémentaire composée de plusieurs fascicules doet le pre-
mier déjà para sera seul imprimé,les autres seront autographiés. Prix pour
les souscripteurs : 3 fr. 50.

La Fiore de France, de Corse et d'Alsace•Lorraine de MM. RoUY et Fou-


CAUD est sous presse. Le premier fascicule sera, selon toute apparente,
livré aux souscripteurs dans le courant de septembre prochain.

Chronique générale
La morsure des vipères.
Voici contre la morsure des vipères une recette réputée merveilleuse dans
la Sologne.
Prenez une bonne poignée de Galium cruciatum, plante vulgairement
appelée croisette ou caillet jeune.
Mettez-la dans un litre de bon vin rouge, faites réduire, sur un feu vif,
de moitié ou mieux des deux tiers et sucrez, s'il s'agit d'un humain.
Vous donnez la moitié ou le tiers restant a boire au malade.
Si celui-ci vomissait le remède, it faudrait s'y reprendre, jusqu'à ce qu'il
put le conserver.
Ce dosage convient a un homme de force ordinaire ou a un chien ; it sera
modiflé suivant le sujet.
Je voudrais bien pouvoir affirmer que ce remède conserve ses propriétés
dans une bouteille hermétiquement fermée ; je le crois, mais je n'ai pas
entendu dire que l'expérience ait été faite.
A Chemery (Loin-et-Cher), ou cette plante pousse en abondance, et oil ses
propriétés bienfaisantes sont appréciées depuis longtemps, on n'en est plus
à compter les guérisons qui lui sont dues, et l'on se moque des vipères
autant qu'un Poisson d'une pomme.
C'est 15 que les incrédules devront s'adresser, s'ils veulent être éclairés ;
---325—
ils y trouveront des Thomas qui ont vu, croient et seront heureux de faire
partager leur foi dans la souveraineté du contre-poison ainsi pré-
paré (Croix).

Traitement de la diphtérie par le pétrole. — M. Flahaut public,


dans la Normandie médicale, l'histoire d'une épidémie d'angine diphté-
rique qui a sévi a la Neuville-Champ-d'Oissel, en 1891-1892, et dans le
cours de laquelle 70 personnes ont été atteintes.
Ces cas sont divisés par 1'auteur en deux séries : la première, du 15 avril
1891 au 5 mai 4892, comprend 30 cas traités par les moyens usuels, et
ayant donné 9 décès. La seconde, du 5 mai au 15 juin 1892, comprend 40
cas traités par des applications de pétrole (huile de Gabian) et n'a donné
aucun décès.
Ce traitement, qui a paru le plus efficace de tons ceux employés jusqu'é
présent, ne présente ni difficulté ni danger. Toutes les heures ou toutes les
deux heures, on fait un badigeonnage avec un pinceau trempé dans le pé-
trole brut, et légérement secoué pour que le liquide ne tombe pas dans les
voies respiratoires. Ces badigeonnages ne sont nullement douloureux, même
quand ils se font sur une muqueuse ulcérée et saignante, et ils ont pour
résultat immédiat de désagréger les fausses membranes qui se dissolvent,
en quelque sorte, dans le pétrole.
Quinze jours après l'application généralisée de ce traitement, l'épidemie
observée par M. FLAHAUT disparaissait (Cosmos).
Rappelons a ce propos que le jus de citron appliqué de dix minutes en
dix minutes jour et nuit en badigeonnages au moyen d'un pinceau on d'une
éponge présente la même efficacité. On peut aussi employer avec succès le
chlorate de potasse de la facon suivante :
On prend 15 grammes 60 de chlorate de potasse (K 0, C L O h). On les
fait dissoudre dans 45 cueillerées d'eau chaude. Après dissolution on ajoute
15 cueillerées d'eau froide, on mite et on absorbe.

Bibliographie
Etude des plantes des colonies frangaises. — Deuxième par-
tie : Plantes alexitères des colonies francaises de l'Asie et de l'Afrique.
HENRI BOCQUILLON-LIMOUSIN, 1893.
Dans cette brochure de 50 pages M. BOCQUILLON-LIMOUSIN nous donne avec
clarté et précision la suite de ses études et des recherches consciencieuses
qu'il a entreprises sur les plantes qui peuvent être employées avec succès
contre la morsure des animaux venimeux.
H est bien vrai, comme le constate le distingué spécialiste, que ce sont les
oiseaux ou les rongeurs qui ont montré a l'homme les plantes dont it de-
vait se servir. Si on parvenait a suivre les pas et démarches de la man-
gouste, on ferait a ce point de vue de précieuses découvertes.
— 326 --
M. BOCQUILLON a bien voulu tenir compte des travaux que M. Sada, di-
recteur du Jardin botanique de Pondichéry et moi avons publié sur ces
matières, nous lui exprimons ici tous nos remerciements.
Voici les plantes alexitères dont il est question dans le travail de M. Bo-
QUILLON : Aristolochia indica L., A. bracteata Retz., A. punctata Lamk.,

Azadirachta indica Juss., Calotropis gigantea Br., Tylophora asthma-


tica W.et A„ Gymnema sylvestre Br., Sarcostemma brevistigma W. et A.,
Ophiorhiza mungos L., Argemone mexicana L., Corydalis racemosa
Pers., Ophioxylon serpentinum L., Cerbera Thevetia L., Euphorbia ma-
culata Aub., Erythrina corallodendron L., Indigotifera tinctoria L.,
Z. aspalatoïdes Valli., Cassa absus L., Mimosa pudica L., Cleome pen-
taphylla L., Tinospora cordifolia Miers., Cocculus acuminata DC., Hy-
pericum sinense L., Cissus quadrangularis L., Teucrium inflatum L.,
Leucas aspera Spreng., L. angularis Benth., Ocimum minimum L., He-
liotropium indicum L. , . Strychnos colubrina L., Alangium Lamarkii
Thw., Ammania vesicatoria Roxb., tiitex trifolia L , Achyranthes aspee
rcc L., Lu f fa acutangula Roxb., Bryonia umbellata Klein., Coccinia in-
dica W. et C., Xanthoxylum fra,xineum Willd., Liriodendron tulipifera
L., Pachiria aquatica Aub., Curculigo orchioides Ga?rtn., Turnera mon-
tana V. L., Allium ampeloprasum L., Vachellid farnesiana W. et A.,
Acacia speciosa Willd.
Parmi ces plantes, les unes agissent en excitant la circulation et le sys-
tème nerveux; d'autres comme éméto-cathartiques ; celles-ci éliminent le
venin par la sueur et la salive; celles-là par les urines; enfin d'autres sont
des plantes tanniques.
A tous ceux qui s'intéressent a la botanique médicale, nous conseillons
le travail du savant M. BoCQUILLON, travail marqué au coin d'une rare com-
pétence et d'une méthodique érudition.
H. L.
Institut national médical de Mexico. — Travaux publiés par El
Estudio, organe spécial de l'Institut. Edition francaise publiée par
M. IIENRI BOCQUILLON-LIOOUSIN. Deuxième fascicule. 1893.
Cette publication a répondu à p otre attente et renferme les travaux sui-
vants dont nous devons la traduction a M. BocQUILLON-LInOUSIN l'un de nos
premiers abonnés :
Axopaque ou Axopaconi de Hernandez (Gaulteria ovata DC.) OR. FERN.
ALTAMIRANO. -- L'Aristoloclle mexicaine (Tacopatle-Aristolochia Mexi-
cana.) A. L. IIERRERA. - Le Pavot (El Chicalote --- Argemone mexicana).
F. ALTAMIRANO et A. L. IIERRERA. - Etude sur 1'Argemone mexicana chi-
calote. ANDR. ORTEGA. -- Etude sur la fore de Noche Buena (Euphorbia
pulcherrima). Tllèse inaugurale pour l'examen professionnel de pharma-
cie. G. R. ARTIGAS. -- Etude sur le Colorin. FR. RIO DE LA LOZA.
The opening of the buds of some woody plants. Ouverture des
bourgeons de quelques plantes ligneuses). A. S. HITCIICOCK, Dans cette bro-
chure de quelques pages qui renferme quatre planches, l'auteur étudie le
-- 327 -
mode d'ouverture des bourgeons chez les espèces suivantes : Asimina tri-
loba Dun.. Menispermum canadense L., Tilia Americana L., Xanthoxy-
lum Americanum Mill., Celastrus scandens L., Euonymus atropurpu-
reus Jacq., Ceanothus americanus L., Vitis eiparia Mx., Cyssus
ampelopsis Pers., Ampelopsis quinquefolia Mx., IEsculus arguta Buc-
kley, Acer dasycarpum Ehrh., Negundo aceroides Moench . , Staphy-
lea tri folic L., Rhus Toxicodendron L.. Rhus canadensis Marsh., A Mo7'-
pha fruticosa L., Cercis canadensis L., Gymnocladus canadensis Lam.,
Gleditschia triacanthos L., Prunus Americana Marsh.. Prunus Chicasa
Mx., Rubus occidentalis L., Rubus villosus Ait., Rosa Arkasnana Por-
ter, Cratcegus coccinea L., Ribes gracile Mx., Cornus asperi folia Mx. ,
Sambucus Canadensis L., Symphoricarpos vulgaeis Mx., Fraxinus viii
dis Mx., Ulmus fulva Mx., Ulmus Americana L., Celtis occidentalis L.,
Morus rubra L., Platanus occidentalis L., Juglans nigra L., Carya
amara Nutt,, Ostrya Virginica Willd., Quercus macrocarpa Mx., Q.
Muhlenbergii Engelm., Q. tinctoria Bartram, Salix amygdaloides An-
ders, S. cordata Muhl., Populus mooili fern Ait., Smilax hispida Muhl.
Ces observations sur la verneation ne peuvent manquer d'intéresser les phy-
tographes.
Plants of the Bahamas, Jamaica and Grand Cayman. A. S.
HITCHCOCK .

Trés précieuse cette liste de plantes extraite du quatrième rapport an-


nuel du Jardin botanique du Missouri. Elle est appelée à rendre de grands
services au point de vue de la géographie botanique.
Les collections qui ont servi à rédiger cette liste ont été recueillies du-
rant l'hiver de 1890-91 pour le Jardin botanique du Missouri. Les natura-
listes qui prirent part a 1'expédition visitèrent les Iles suivantes du groupe
des Bahamas : New Providence, Eleuthera, Cat, Waetling's, Crooked, For-
tune, Inagua. Excepte Watling's, toutes ces lies furent visitées durant plu-
sieurs jours.
A la Jamaïque, quatre ports furent explorés : Kingston, Port Morant, Port
Antonio et Lucea. En outre diverses excursions furent faites a Bog
Walk, Spanish Town, Blue Mountain Peak.
Enfin au retour on dépensa trois jours à explorer 1'ïle du Grand
Cayman.
Les espèces indigènes déterminées, rapportées de cette expédition s'élè-
vent au nombre de 953 : L'auteur y a ajouté des espèces déjà recueillies et
renfermées dans les herbiers de MM. ROTHROCK et LLOYD.
De cette liste it ressort que la flore des Bahamas est originaire du sud de
l'Amérique et non des Etats-Unis.
Dans sa préface l'auteur s'étend en outre longcement sur les lois de la
nomenclature botanique qui nesont pas toujours rigoureusement appliquées
ou qui le so p t dans certains cas de telle facon que d'un cóté comme de
l'autre it s'ensuit une confusion regrettable. L ' auteur insiste avec raison
en s'appuyant sur des exemples et en descendant dans tous les détails.
-328--
Les Onagrariées récoltées à la Jamaïque sont les suivantes : Jussieua an-
gustifolia Lam., J. hzrta Vahl ., J. repens L., J. su ffruticosa L., J. va-
riabilis Mey.
Les Onagrariées de cette Ile ne sont plus les mêmes que celles de Ames
(Iowa) dont Ie méme auteur nous a donné naguère la liste. On peut en ju-
ger par la simple énumération des espèces : Ludwigia polycarpa Sh. et
Pet., Epilobium lineare Muhl., E. coloratuur Muhl., E. adenocaulon
llaussk., fEnothera biennis L., E. rhombipetala Nutt., Circcea Lutetia-
na L.
Des planches représentent des espèces critiques ou nouvelles (Pavonia
Bahamensis, Eragrostis bahamensis).

Revues
Sommaires
Annales des Sciences naturelles (Botanique) t. XVI, n os 2- . -- Recher-
ches physiologiques sur les plantes grasses (fin). E. AUBERT. - Monogra-
phic des Oscillariées (Nostocacées homocystées), 1I° partie : Lyngbyées.
M. GOMONT.

Bulletin de l'herbier Boissier (avril). Les méthodes statistiques appli-


cables aux recherches de floristique. JOHN BRIQUET. -- Les Roses recueillies
en Anatolie (4890 et 18J'4 et dans l'Arménie torque (1890), par MM. PAUL
SINTENIS et J. BORNMULLER. FRANCOIS CRÉPIN. _. Ein Beitrag zur anatomis-

chen charakteristik and zur systematik der Rubiaceen von H. SOLEREDER.


Université de Genève. Laboratoire de botanigue, 2 e série, Oer fascicule :
4° Sur le polymorphisnle du Scenedesmus acutus Mey. R. CHODAT et 0.
MALINESCO. - 2° Le genre Hewittia Wight. R. CHODAT et C. ROULET. ---
30 Le tégument séminal des Polygalacées. R. CHODAT et A. RODRIGUE. --
Notice biographique sur ALPHONSE DE CANDOLLE. II. CHRIST. - Lichenes chi-
nenses Henryani a cl. D r AUG. HENRY, anno 9889 in China media lecti. J.
MULLER.

(Mai) . Contributions a la fore de la Transcaucasie. N. ALBOFF. - Ein


beitrag zur anatomischer charakteristik and zur systematik des Rubiaceen
(Fortset). H. SOLEREDER. - Notice biographique sur Louis Favrat de Lau-
sanne. R. .BUSER. - Bibliographical notes. B. DAYDON JACKSON. -- Quelques
champignons asiatiques nouveaux ou peu connus. N. PATOUILLARD. - Li-
chenes Scottiani in Sierra Leone Africa Occidentalis a cl. Scott-Elliot lecti
et missi. J. MULLER.
Bulletino della Societa Botanica Italiana (n° 2). Caratteri propri della
flora di Vallombrosa. R. F. SOLLA. - Sul Arceothobzum Oxycedri M. B.;
Acacia Robecchii sp. nov. R. PIROTTA. -- Enumerazione dei funghi delle
province di Modena e di Reggio. A. Mom. — Licheni raccolti dal prof. E.
Rodegher Dell' Italia superiore. E. BARONI. - Ochrolechia parella var.
isidioidea Mass. L. MICHELETTI. - Escursione botanica allo seoglio di
-- 329 --
Saseno. A. BALDACCI. -- Erborizzazioni estive ed autunnali attraverso
monti Lessini veronesi (contin.). A. GOIRAN. - A proposito di una singo-
lare stazione di Hieracium statica folium Vill. A. GOIRAN. - Escursioni
nel Tirolo. P. BARGAGLI. - La Posidonia Caulini e la memoria del sig. W.
Russel : Transformation des Mlles de pins sous l'influence des vaguer.
U. MARTELLI. - Materiali per un censimento generale dei licheni italiani
(contin.). A. JATTA.
Cosmos (29 avril). Recherches expérimentales sur les mouvements des
feuilles de la sensitive. F. KÉRAMON.
(20 mai). L'Étude de la botanique. A. ACLOQUE.

(10 juin). Plantes tropicales : Le Henné, le Bétel. II. LÉvEILLÉ. — Les


semences agricoles perfectionnées. C. CRÉPEAUX. - L'importation des fruits.
A. ANDRÉ.
Feuille des jeunes naturalistes (i er mai). Mycocécidies de Lorraine (fin).
Abbé J.-J. Kieffer.
(Ier juin). Tableau synoptique des Ustilaginées et des Urédinées. L. GÉNEAU
DE LAMARLIÈRE.

Journal de Botanique (i er mai). Notes sur quelques plantes rares, nou-


velles ou critiques de Tunisie. ED. BONNET. - Remarques sur les affinités
des Basidiomycètes. PAUL VUILLEMIN. -- Enumération des Hépatiques con-
nues jusqu'ici aux Antilles francaises (Guadeloupe et Martinique (fin). EM.
BESCHERELLE.

(16 mai). Note sur une Cypéracée entomophile (Dichromena ciliata


Vahl). G. DE LAGERHEIM. - Enumération des Ilépatiques connues jusqu'ici
aux Antilles francaises (Guadeloupe et Martinique (fin). EM. BESCHERELLE. —
Notes sur quelques plantes rares, nouvelles on critiques de Tunisie (suite).
ED. BONNET.

Naturaliste (I er mai). L'Épinard et ses succédanës. P. HARLOT. - Les


Gardénias de la Nouvelle-Calédonie et leur résine (suite). E. HECKEL et FR.
SCHLAGDENHAUFFEN.

(I er juin). Les Cressons. P. HARLOT.

Nature (6 mai). Culture et consommation des bananes en Amérique,


DANIEL BELLET.

Notarisia (1893, n° 4). Sur le genre Pleurococcus Menegh. et sur le


Pl. nimbatus sp. nov. Sur les Histologische Beitrage IV de Strasburger.
Sur la Revision de la Nomenclature botanique. E. DE WILDEMAN.
Revue de botanique (mai). Florule de la Kabylie du Djurdjura (suite).
0. DEBEAUX. - Géographie botanique du Tarn (suite et fin). JULES BEL.
(Juin). Florule de la Kabylie du Djurdjura (suite). 0. DEBEAUX. -- Ano-
malie ou variété du Xanthium spinosum (X. spinosum var. inerme. J.
BEL.)
— 330 --
Revue bryologique (n° 3). Sur le genre Nanomitrium (Lindberg). PH1Ll-
BERT. - Note sur les Orthotricum Sturmii et rupestre. P. CULMANN. - Liste
d'Hépatiques récoltées a Rio-Janeiro. BESCHERELLE. - Liste d'Hépatiques
récoltées au Congo. BESCHERELLE.
Revue scientifique du Bourbonnais (mai). Les Hyménomycètes des en-
virons de Moulins (suite). Abbé H. BOURDOT. - L'Onothera niuricata L.
D r F.-X. GILLOT.

(Juin). De Biskra d Ouargla. DOUMET-ADANSON.


Revue scientifique du Limousin (15 mai). Excursion sur les bords du
Taurion. CH. LE GENDRE. - L"huile des trois cents plantes (lin) . A. SADA.
Revue générale de botanique (15 avril) . Lagoa Santa (Brésil). Étude de
géographie botanique. EUG. WARMING. - Recherches sur le développement
de quelques Ombellifères. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. - Revue des travaux
de paléontologie végétale parus en France dans le cours des années 1889-
1892 (suite). DE SAPORTA.- Revue des travaux sur les Algues publiés de
1889 au commencement de 1892 (suite). CII. FLAHAULT.
Rivista italiana di scienze naturali (1 Cr mars). Criterii intorno al
fissare l'entita specifica di alcuni generi di famiglie di fanerogame e
crittogame di piante. F. DEL TORRE. - Riproduzione animale e vegetale.
ANT. NEVIANI.

Extraits et analyses
Congres des Sociétés Savantes (Tenn et la Sorbonne d Paris)
M. MAGNIN, professeur-adjoint de botanique á la Faculté des sciences de
Besancon, expose les résultats de trois années de recherches sur les lacs de
la région naturelle du Jura. Il a pu explorer dans ce laps de temps
soixante-deux lacs sur les soixante-six que le Jura possède.
Les causes de la répartition des espèces tiennent peu a l'altitude, la plu-
part des plantes se retrouvent à toutes les hauteurs ; mais surtout aux rap-
ports avec les régions voisines, surtout à la configuration du lac, à la na-
ture de ses bords et de sa beine : les plus riches sont les lacs à bords
marécageux, les lacs des tourbières, et surtout les lacs mixtes dont les
bords présentent partiellement ces diverses modifications.
Les plantes sont, le plus souvent, principalement dans les lacs à beine et
à mont, distribuées en zones concentriques tres nettes, que M. Magnin a
appelées ainsi du nom de l'espèce dominante, en allant du bord au milieu :
1° Caricaie ou fore des bords exondés; 20 Pliraguvitaie, et 3° Scirpaie
ou ceinture littorale, de plantes dressées s'avancant jusqu'à la profondeur
de 2 à 3 mètres ; 4° Nupharaie, plantes nageantes, jusqu'à 2 a 5 mètres;
5° Potamogétonaie, plantes Pottantes ou submergées, jusqu'à 5 ou 8 mètres;
Characaie, ou plantes de fond, de 8 á 13 mètres de profondeur. Ces
diverses zones constituent la (lore littorale; la fore profonde qui lui sue-
cède au-dessous de 13 mètres, n'est représentée que par des microphytes;
._.. 331 -
á la fore pélagique, enfin, se rattache la présence des plances entièrement
flottantes, comme les utricularia, ceratophyllum et accidentellement des
fragments de myrzophyllum, potamogeton, formant des masses flottantes,
vivantes, tout à fait comparables aux sargasses de l'Océan.
M. MAGNIN étudie les modifications techniques de cette disposition typi-
que, dans les lacs de tourbières, les lacs à bards accores, les Lacs-étangs et
aborde ]'examen des causes qui détermineront ces dispositions et les limi-
tes en profondeur des diverses zones.
M. MICIIOTTE, de 1'Association polytechnique, sur la culture de la ramie
de nos colonies. — La culture de la ramie est praticable dans nos colonies,
et le nombre de coupes varie suivant la température; la ligne isotherme est
done une indication du nombré de coupes, lequel s'élève d'une coupe pour
20 de température. Exposant 1e problème à résoudre, it moutre le chemin
parcouru depuis 1889 par les machines, la substitution des machines a
mouvement direct et travaillant à l'état vert aux machines décorticant a
l'état see.
Les machines actuelles donnent :
Pour un travail de 600 kilog. à l'heure avec sept hommes. un tout de
21 fr. 56 par 100 kil. de matières produites.
Pour un travail de 130 kil. à l'heure avec trois hommes, un cout de
17 fr. 53 par 100 kil. de matières produites.
Pour un travail de 600 a 1.000 kilog. a l'heure avec deux hommes, un
coot de 4 fr. 50 à 6 francs par 100 kilog. de matières produites.
En ajoutant la culture, etc., on arrive au prix de 52 fr. 66, 48 fr. 53 et
37 fr. par 100 kilog.
II conclut qu'une machine dolt travailler de 600 à 1.000 kilog. á l'heure,
ne pas touter plus de 8 a 900 fr., n'employer que deux hommes pour être
pratique, et que le problème de la décortication est résolu, cette machine
existant actuellement, le problème du dégommage étant résolu par les im-
portants travaux de MM. Frémy et Urbain, dont le procédé permet d'isoler
la fibre tries économiquement.
Le traitement de la ramie est done résolu, 1a ramie pouvant être produite
aux mêmes prix que le lin et le chanvre, textiles auxquels elle est supérieure.
M. DOUMET-ADANSON appelle l'attention sur l'utilité qu'il y aurait a tenter
la culture du drinn comme plante fourragère dans la région des sables dpi
Sahara. (Cosmos).
Spridda bidrag till kannedom af Finlands Hieracium former.
MAGNUS BRENNER ,

Ce travail intéressant sur les Hieracium de Finlande est renfermé dans


les « Meddelanden af societas pro fauna et flora fennica. Nous y voyons
que la Finlande est riche en espèces de Hieracium. On y compte 73 for-
mes de ce genre si variable et si fécond en hybrides. Toutefois nous ne
remarquons que cinq formes communes à la France et á la Finlande. Ce
sont : H. umbellatum L., H. tridentatum Fr., H. vulgatum Fr., H. cae-
sium Fr., I/. diaphanoides Lindeb., (H. medium Jord.).
— 332 —

Sociétés savantes
Académie des Sciences de Paris
Séance du 47 avril. — Note de M. PAUL JACCARD sur ]'influence de la
pression des gaz sur le développement des végétaux. Les changements de
pression dans 1'atmosphère qui entoure la plante exercent généralement une
influence considérable sur son développement. La courbe générale qui
représente les variations du développement avec la pression a ordinairement
deux maxima : le premier plus fort, dans l'air déprimé, le second dans l'air
comprimé.
Séance du 24 avril. — M. A. MAGNIER complète le compte rendu de ses
recherches sur la végétation des lacs du Jura : it examine spécialement les
conditions biologiques qui règlent la distribution de la végétation la-
custre.
Séance du O er mai. — Note de M. GUINIER sur l'émission d'un liquide
sucré par les parties vertes de l'oranger.
Des recherches de M. CH. GIRARD, sur l'emploi des feuilles d'arbres dans
l'alimentation du bétail, it ressort que ces feuilles ont une valeur alimen-
taire comparable a celle de la luzerne et constituent un fourrage de pre-
mier ordre. Les feuilles du Robinier, faux acacia, se recommandent entre
toutes celles que l'auteur a étudiées.
Etude de M. PETIT sur une nucléine végétale extraite de l'orge.
M. P. FLICHE fait connaltre un nouveau genre de conifères trouvé dans
l'Albien de ]'Argonne.
Séance du 8 mai. -- M. BERTRAND en étudiant la composition chimique
de l'essence de Niaouli (Melaleuca viridiflora Brongn. et Gr.), a trouvé que
cette essence était formée du mélange de trois corps : l'eucalyptol, un car-
bure bouillant à 475° (probablement citrène) et un terpilénol. D'ou it suit
que toute une série de corps que nous faisons dériver l'un de l'autre, dans
le laboratoire, par des réactions d'une extrème simplicité préexiste dans un
produit naturel.
M. A. CHARRIN a poursuivi l'étude de l'action du bacille pyocyanique chez
les végétaux.
Séance du 15 mai. -- Note de M. A. BACH sur les phénomènes chimiques
de ]'assimilation de 1'acide carbonique par les plantes a chlorophylle.
Note de M. AI&IÉ GIRARD sur la migration de la fécule de pomme de terre
dans les tubercules a repousses.

Société botanique de France


Séance du 11 novembre 1892. -- Sur la sexualité du Ceratonia siliqua.
ED. HECKEL.

Séance du 25 novembre. -- Nouvelles localités de plantes des environs


-- 333 --
de Paris. JEANPERT. -- Sur le mode de fécondation du Najas major Roth.
et du Ceratophyllum demersum. L. E. ROZE. -- Sur les variations de
pression du renflement moteur des sensitives a l'état normal et sous l'in-
fluence du chloroforme. GASTON BONNIER. - Étude d'un pistil bi-carpellé
de Haricot. W. RUSSEL. - Intumescences sur Ies feuilles d'oeillets malades.
ED. PRILLIEUX. - Lichens des grèves de la Moselle, entre Méréville et
Pont-Saint-Vincent, Messein et Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle). Abbé
HUE.

Séance du 9 décembre. — La défoliation des branches basses d'Épicéa .


EM. MER. - Note sur la structure et le développement du tégument sémi-
nal chez les crucifères. LEON GUIGNARD. - Questions d'orthographe et de
priorité. D. CLos. — Additions a la fore de la Provence. LUD. LEGRE. —
Note sur la pression transmise à travers les tiges. GASTON BONNIER. —
Note sur la présence dans les Vosges francaises du Vaccinium myrtillus
L. variété leucocarpum Dun. P. FLICHE. -- Fruits momifiés des cognas-
siers de l'Aveyron. PRILLIEUX.
Séance du 43 janvier 4893. — Le Roussi des feuilles de sapin. MER. —
Indication de 250 plantes trouvées dans le Gard. B. MARTIN. - Le Cycla-
men linearifolium, simple anomalie pédonculaire. D. CLos. Quelques
notes sur l'étude des Rubus en France. Abbé BOULAY. -- Note sur les A ga-
gropiles marines. RUSSELL. - Sur les transformations que subissent les
substances de réserve pendant la germination des grafnes. MESNARD. - Sur
le second bols primaire de la racine de certaines Liliacées arborescentes.
DE CORDEMOY.

Séance du 27 janvier. — Sur les caractères anatomiques du Lepidoden-


dron selaginoides. HOVELACQUE. — Note sur l'origine et la structure du
tégument séminal chez les Capparidées, Résédacées, etc., GUIGNARD.- Sup-
plément à la florule du cours supérieur de la Dourbie et à celle de Campestre
(Gard). B. MARTIN. -- Localités nouvelles de plantes observées aux environs
de Saint-halo. JEANPERT. - Sur les genres méconnus ou nouveaux de la
famille des Thyméléacées. VAN TIEGHEM.
Séance du 10 février. — De la marche a suivre dans l'étude des Rubus.
Abbé BOULAY.

Correspondance
Je vous remercie, et je vous prie de voeloir bien transmettre mes re-
merciements à M. le baron von Mueller pour la faveur qui m'est accordée,
faveur que je n'ai, jusqu'à ce jour, méritée en rien, mais dont je m'effor-
cerai de me rendre digne.
A. ACLOQUE.
Associé libre de l'Académie internationale
de Géographie botanique.
— 334 —
Manhattan, Kansas.
Nous possédons ici 2 espèces d'Epilobium, I espèce de Ludwigia,
5 Enothera, 3 Gaura, 1 Stenosiphon, et 1 Circwa . La partie occidentale
du Kansas est plus riche en Onagrariées.
A. S. HITCHCOCK.

Thiers, le 18 juin 1893.


MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Me rappelant avoir lu dans Le Monde des Plantes, un article sur les


arbres á pluie observés dans l'Amérique intertropicale, je crois intéressant
de voos signaler la présence dans nos régions d'un arbre semblable. Mon
observation a été faite d'ailleurs par un grand hombre de personnes et pro
bablement par beaucoup de botanistes.
Les tilleuls de nos promenades, depuis un mois environ, laissent tomber
sur le sol une rosée abondante, surtout après les heures chaudes de la
journée ; le Iiquide qui s'en écoule est parfois assez abondant pourhumecter
le sol et les objets placés sous les arbres : on m'a dit avoir vu un moineau
se désaltérer dans un creux empli de ce liquide.
Ayant recueilli des feuilles de tilleul, je les ai trouvées brillantes, comme
vernissées par un liquide visqueux ; ce liquide a une saveur sucrée. Ces
feuilles sont littéralement couvertes d'insectes orthoptères a tous les stades
de leur développement. Ce sont sans doute ces insectes qui produisent la
liqueur sucrée qui découle des feuilles, suivant l'explication qui en a été
donnée pour les arbres è pluie d'Amérique.
J'ai observé le même phénomène, it y a quelques jours, a Moulins (Allier);
par contre je ne l'ai vu se produire qu'avec les tilleuls ; les arbres voisins
appartenant à d'autres essences ont leur aspect habituel.
Je serais heureux d'avoir des renseignements stir l'insecte qui le pro-
duit.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mes meilleurs
sentiments.
Jos. ARBOST.
Membre de la Société botanique de France.

Offres et Demandes
Un de nos lecteurs habitant la France désirerait une place de chef de
culture ou de chef jardinier en France ou dans les colonies, soit dans un
établissement privé, soit dans un établissement public.
-- 335 --

Petite eorrespondance
R. P... a Boston. Evidemment, la suppression de la partie documentaire
nous donnerait plus de place pour les travaux originaux. Nous mettrons
peut-être aux voix cette suppression. En attendant nous pourrions exclure
des sommaires des Revues ce qui ne serait pas de nature a intéresser nos
lecteurs. Nous promettons d'étudier la question.
S. C..., Montpellier. Nous renoncons définitivement a publier un An-
nuaire botanique, qui, tel que nous le concevons, prendrait trop de place
dans notre Revue. Nous vous engageons done a vous procurer la nouvelle
édition de l'International scientists' Directory for 189-1 qui paraitra en
décembre prochain, chez S. Cassino 832 Exchange Building ; Boston,
Massachussetts. États-Unis. Prix : 12 francs.
M. ARBOST, Thiers. Les Cicadaires appartiennent a l'ordre des Hémip-

tères. I1 ne serait pas impossible que l'ordre des Orthoptères possédát


aussi des insectes faiseurs de pluie. L'extrême chaleur accompagnée de
sécheresse peut aussi amener chez les espèces végétales hautement glyco=
gènes une sécrétion que nous avons signalée sur les manguiers dans
l'Inde.

Ouvrages parvenus à la Direction de la Revue

TITRES ET NOMS D ' AUTEUR : DONATEURS :

Smithsonian Report. U. S. National Mu-


seum. 1890 SMITHSONIAN
INSTITUTION.
Descriptions of new Australian plants with
occasional other annotations. Baron VON
MUELLER. Baron VON MUELLER.
Dimorfismo florale di alcune specie di Xs-
culus. U. MARTELLI. U. MARTELLI
Sulla Chameerops humilis var. dactylocar-
pa. U. MARTELLI.
Epoca della formazione del grappolo helle
gemme della vice, U. MARTELLI.
Rivista critica Belle specie e varieta italiene
del genere Stalice. U. MARTELLI.
Ri7isla wonograflca del genere Androsace
in rapporto alle specie italiane. U. MARTELLI
Parassitismo e modo di riprodursi del Cy-
nomorium coccineum L. U. MARTELLI.
Contribuzione alla flora di Massaua. U. MAR-
TELLI.
-- 336 -
Su11' origine delle Lonicere italiane. U. MAR-
TELLI. U. MARTELLI
Il Black-Rot sulle viti presso Firenze. U. MAR-
TELLI.
Institut médical national de Mexico Sections
I et II. 2 e fascicule. HENRI BOCQUILLON-LIMOUSIN. HENRI BOCQUILLON-LIMOUSIN.
Etudes des plantes des colonies francaises.
Il e Partie. Plantes alexitères des colonies fran-
caise de l'Asie et de 1'Afrique. HENRI BOCQUIL-
LON-LIMOUSIN.
Plants of the Bahamas, Jamaica and Grand
Cayman. A. S. HITCHCOCK. Prof. A. S. HITCHCOCK.
The opening of the buds of some woody
plants. A. S. HITCHCOCK.
The woody plants of Manhattan in their win-
ter condition. A. S. HITCHCOCK.
Glandular pubescence in Aster patens. A. S.
HITCHCOCK.
A visit to the west Indies. A. S. HITCHCOCK.
Notes on some Kansas weeds. A. S. HITCHCOCK.
The Missouri Botanical garden. A. S. ['ITCH-
COCK. --
The new columbian stamps. A. S. HITCHCOCK.
Old Homes made new. J. 1). WALTERS, —
Scientific club report. M. SENN.
A catalogue of the Anthophyta and Pterido-
phyta of Ames . Jowa . A. S. HITCHCOCK.
Meddelanden af Societas pro fauna et flora
fennica. Baron En. HISINOER.
Sui Gonidi dei licheni. C. GRILLI. ?
Orchidées et Fougères rustiques. V. JAMIN.

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- Typographie Edmond Monnoyer.


e
2 ANNÉE. No 23 ter AOUT 1893.

LE MONDE DES PLANTES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQIIE

DECISIONS
Par décision en date du 6 Juin 1893 :
MM. A. S. HITCHCOCK et A. GENT1L sont nommés Associés libres
de l'Académie.
L'Académie est appelée à élire son Directeur pour l'année 1894.
Les votes doivent parvenir au Secrétariat avant le t er Novembre
pros ain .

Médaille scientifique internationale


PRIX DES MÉDAILLES AVEC BÉLIÈRE ET RUBAN
Bronze 1,65 Argent ,.... 6,40
Bronze doréouargenté 1,95 Vermeil 8,80
Or.......... 100 francs

PRIX DES RUBANS ET ROSETTES


Petit naeed......... 0,20 1 Rosette 0,35
Ruban . 0,40 1 Grande rosette...... 0,55

DIPLOME ET FRAIS DE SECRÉTAIRERIE


Diplóme 1. fr. 1 Secrétariat 1 fr.
En résumé : pour le premier degré, envoyer au Secrétariat :
4 fr. — Pour le second degré : 9 fr. -- Pour le troisième
degré : 12 fr. ou 102 francs. Sous le nom de frais de Secré-
tairerie sont compris les frais d'envoi et de correspondance.
Toutes les demandes concernent les médailles, rosettes, rubans,
diplêmes, devront être adressées au Secrétariat de l'Académie
(104, Rue de Flore, Le Mans (Sarthe). France.) qui les transmettra
au fabricant, M. ARTHUS BERTRAND.
T. II. 13
-- 338 —

Comment on pourrait obtenir une Flore de France


complète
Au moment ou va paraitre Ia nouvelle Flore de France de
MM. Rouy et Foucaud, it ne serait pas sans intérêt de rechercher
la facon dont on pourrait obtenir line Flore de France qui ne
laissát rien a désirer.
Ce moyen le voici : Pourquoi n'aurait-on pas recours aux insti-
tuteurs de chaque commune sans distinction? II faudrait, je le sais,
que 1'impulsion vint du gouvernement. Mais ce dernier n'aurait
qu'à y gagner comme nous le verrons, et ce jour-là mériterait bigin
de la science.
L'instituteur de chaque commune apprendrait a ses élèves a
récolter les plantes. Bientót chacun les lui apporterait a l'envi. II
pourrait même former un ou deux élèves intelligents a dessécher les
plantes. Cela fait, ii n'aurait plus qu'à surveiller et a expédier lui-
même ou a faire expédier par le maire les paquets de plantes sèches
au chef-lieu, .la localité de chacune étant nettement précisée.
Qui ne voit qu'on donnerait ainsi a de nombreux enfants le gout
de la botanique?
Au chef-lieu ii y aurait deux ou trois botanistes qui centralise-
raient les envois, les recevraient, les examineraient, les détermi-
neraient et iraient au besoin vérifier les localités de plantes rares
qu'on leur aurait signalées.
Enfin a Paris un on deux botanistes éminents et compétents
centraliseraient définitivement les données provenant de chaque
département, se prononceraient impartialement sur les espèces
litigieuses et iraient, s'il le fallait, contróler les localités qu'ils croi-
raient devoir examiner. Its verraient les plantes et en herbier et
sur le vi f.
Les aptitudes de chacun se révèleraient, des botanistes surgiraient
de divers cótés et on obtiendrait non pas une Flore sans défaut,
mais la Flore de France la plus parfaite possible.
Quant au temps requis pour ce travail, it faudrait de quinzc a
vingt ans de travail exclusif et opiniátre. En effet, si je m'en rap-
-- 339 --
pone au témoignttge du distingué M. Gentil, pour faire la fore
cl'un département déjet riche en nombreux documents, tel que l'est
le département de la Sarthe, it faudrait 15 années a un botaniste
qui consacrerait tout son temps a cette oeuvre qui ne serait pas
dépourvue d'intérêts.
Le même travail devrait ensuite se répéter dans le monde entier
au fur et a mesure, bien entendu, que la possibilité en serait
donnée. H. LÉVEILLÉ.

BOTANIQUE PURE

GÉ O GRAPHIE

Les Onagrariées de la Chine


Votre excellente Revue s'occupe en ce moment de recueillir des
matériaux au point de vue de .la distribution géographique des
Onagrariées. Je eense vous être agréable en vous dressant aujour-
d'hui la liste de celles que j'ai recueillies moi-même en Chine, et
de celles qui ont été signalées jusqu'à ce jour, d'après les ouvrages
qui sont a ma connaissance. (Plantx Davidianx, Franchet) —
(Index Florx sinensis, Hemsley et Forbes) -- (de Paris au Ton-
kin, Bonvalot).
Je suis persuadé que la lisle des Onagrariées est loin d'être
épuisée pour un pays si vaste que l'est cet empire, si différent de
climats et de constitution géologique. Les Planti Delavayanx
par M. Franchet, contenant la description des plantes récoltées au
Yun-nan par M. Delavay, miss. apost. (des Missions Etrangères
de Paris), sont en cours de publication. Get ouvrage ne manquera
pas d'avancer beaucoup la connaissance de la Flore de Chine, et
fournira sans Boute des données importartes au point de vue qui
vous occupe.
Je regrette vivement de n'avoir pas en ma possession les inté-
ressantes Florules publiées par M. Debeaux sur les plantes
récoltées par lui à Tien-tsin, Tche-fou et Chang-hay : it y aurait
-- 340 —

là des localités intéressantes à constatcr comme point de repère.


Mais comme it est lui -mëme un de vos correspondauts, it ne man-
(Neva pas sans doute de vows en doener connaissance d'une plume
plus autorisée que la mienne.

EPILOBIUM
I . Epilobium spicatum Lam. -- Cette belle planre se
trouve dans tout le massif des montagnes du nord de Pékin.
M. l'ahbé David la signale en la montagne aux Cent- Fleurs (Pc-
hoa-chan) (Juill. 1863). — Je l'y ai cueillie moi-même en Juillet
1888, et là, comme partout oil je l'ai trouvée, elle fait la gloire de
la montagne avec ses plantureax épis de belles fleurs roses. — Je
l'ai trouvée aussi dans un vallon près du monastère des Trappistes
et sur le sommet du Sy-lin-chan : ces localités font partie du mas-
sif des montagnes du nord de Pékin. --- Je ne l'ai pas rencontrée
dans les montagnes du Kouy-tchéou.
Signalé dans le Thibet Chinois, entre Batang et Ta -tsien -lou
(Prince H. d'Orléans). -- C'est ur g e donnée à retenir pour la géo-
graphic botanique de la plarite.

2. Epilobium palustre Linn. -- Me parait être commune


dans la majeure partie de la Chine : bord des ruisseaux, lieux
humides. — Je l'ai trouvée dans le voisinage des Trappistes
(Juin 88). — Item, à Ta-Kiao-chan, au pied du Pe-hoa-chan,
(Jail!. 88) -- Vue aussi au Kouy-tchéou (Bodinier).
Signalée à Pékin (d'après Maximowicz).
M. David (Plante Davidiane) signale l'Ep. palastre var
mandshuricum (flaussk.)à Gehol; en Mongolie, bord des ruisseaux
de montagne (Juill.1864).

3. Epilobium hirsutum Linn . -- Commune aussi en


Chine. -- Je l'ai cueillie dans les montagnes de Pékin, à Ta -Kiao-
chan, Juill. 88. -- Vue aussi au Kouy-tchéou (Bodinier).
Signalée aux environs de Pékin (David) — au Chan-tong, près
Tche-fou (Fauvel) ; --- au Houpé, à Lantao et montagnes au nord
(A. Henry) -- à Ta -tsien -lou (Thibet chinois), (Prince Henry d'Or-
-- 341
léans . et Soulié) ; -- a Moupine, in pratis alpinis, (Juill. 1869,
David) -- Ces localités suffisent pour constater son étendue par
toute la Chine.

4. Epilobium tetragonum Linn. -- Var ; Lamyi. —


Signalé par M. David a Géhol en Mongolie, dans les prés humides,
(Planti Davidianx). -- A Pékin, d'après Maximowicz, (Index
Florx sinensis).
5. Epilobium japonicum Haussk. — Signalé au Kiang -si,
près Kiou-Kiang, (Forbes); — au Hou -pé, sous-préfecture de
Pa-tong, (A. Henry) — en Corée, près du port de Chemulpo,
(Caries).

6. Epilobium roseum Schreb. — Signalé a Pékin, d'après


Maximowicz ; — au Hou -pé, sous-préfecture de Pa-tong,(A. Henry).

NOTA : Les Epilobes suivants appartiennent spécialement a la


région montagneuse du Thibet Chinois, à l'ouest de la province du
Se-tchoan. Its proviennent des collections envoyées au Museum de
Paris par M. l'abbé David (Lazariste), par le Prince Henry d'Or-
léans, et par M. l'abbé Soulié, (des Missions Etrangères de Paris),
missionnaire au Thibet.

7. Epilobium Nepalense Haussk. -- Signalé à Moupine,


in umbrosis montanis, (David, Juill. 1869).
8. Epilobium Himalayense Haussk. — Signalé a Mou-
pine, in sylvis umbrosis, (David, Juill. 1869); -- a Ta -tsien -lou
(Thibet chinois), (Henry d'Orléans et Soulié.)

9. Epilobium Sikkimense Haussk.— Signalé àTa-tsien-


lou (Thibet chinois), (Henry d'Orléans et Soulié.)

10. Epilobium la?tum Wall. — Signalé a Moupine, in


pratis alpinis, (David, Juill. 1869) -- Plante plusvoisine de Epi-
lobium roseum (Schreb.) que de l'Ep. hirsrrtum (Linn), disent les
Plantx Davidianae, torn. II.
NOTA : On a vu plus haut que le Thibet chinois possède aussi
l'Ep. spicaturn et Ep. hirsutum.
-- 342 ---

ENOTHERA
On n'a pas encore signalé d'OEnothera spontané en Chine, mais
je suis persuadé que des collecteurs plus heureux ne tarderont pas
a en découvrir.
J USSIE UA
1. Jussieua suffruticosa Linn. (J. villosa Lam.) —
Assez commune dans l'ile de Hong-Kong et dans la province de
Canton, oil je l'ai recueillie moi-même (14 Sept. 92), (21 Avril
93). — Signalée au Chan-tong (Maingay) ; -- au Fo-Kien, près
d'Amoy, (Swinhoë) ; -- dans file de Formose, à Tamsui (Oldham,
Maries) ; — au Yun-nan (Anderson) ; -- dans l'archipel des Iles
Lieou-Kiou (Wright) ; -- enfin dans la province de Canton (nom-
breux collecteurs).
En somme, elle occupe ainsi toute la région des provinces marl-
times depuis le Chan-tong jusqu'au Tonkin, sauf les plaines basses
d'alluvion de l'embouchure du Yang-tse, comme les environs de
Chang-hay.

2. Jussieua repens Linn. — Signalée dans l'ile de For-


mose (Oldham) et a Ki-long (Ford) ;— dans la province de Canton,
a Macao (Vachell), et a Whampoa (Hance). —
Ne se trouve pas dans l'ile de Hong-Kong.

LUDWIGIA
9. Ludwigia parviflora Roxb. -- Signalée dans l'ile de
Hong-Kong par Champion, qui l'indique comme rare, dans les
paturages humides. -- Je n'ai pas encore réussi à l'y rencontrer.
— Elle doit se trouver sur le continent dans Ia province de Can-
ton.

2. Ludwigia prostrata .Roxb. Signalé au Chan-tong,


pres de Tche-fou (Fauvel) -- au Hou-pé, à licking, (A. Henry.)

CIRCA
4. Circ ea lutetiana Linn. -- Assez commune dans les
montagnes du hord de Pékin (David, Juill. 1862). — Je l'ai cueil-
— 343 —
lie en Juill. 1888, au pied de la montagne des Cent-Fleurs (Pe-
hoa-chan), près du village chrétien de Ta-Kiao-chan). --- Signalée
aassi au Kian-si, près Kiou-Kiang (Shearer).

2. Girc a^ a alpina Linn . — Signalée en Mongolie (David) ;


-- dans les montagnes du nord de Pékin, a l'ombre des arbres, a
Ta-Kiao-chan (David, Juill. 1863) ;— au Yunnan, montagnes de
la Table-de-pierre (Chetcho-tse) , près Ta-ly (Delavay.)
3. Circa cordata Sieb. et Zuce. — Signalée a Pékin
(David) ; -- au Kiang-sou, a Chang-Hay (Faber) ; -- au Kiang-
si, près Kiou-Kiang (Moellendorff.)

TRAPA
1. Trapa bicornis (Linn.).— En chinois Lin-Ko (Ko signi-
fie Come).
J'ai vu cette plante cultivée pour son fruit dans toutes les pro-
vinces de Chine que j'ai parcourues. De ce qu'elle soit cultivée it
ne s'ensuit pas qu'elle ne soit parfaitement indigène. On la ren-
contre souvent du reste a l'état spontané. On peut affirmer avec
certitude qu'elle se trouve par tout 1'Empire : nombre d'ouvrages
en font mention depuis ceux des premiers PP. Jésuites.
Les variétés sont fort nombreuses ; quelques auteurs ont pensé
que le tout doit être rattaché au Trapa natans. Cependant les deux
comes du fruit chinois, au lieu de 4, sont un caractère qui se
reproduit généralement, bien qu'il y ait des exceptions.
Hong-Kong,
15 Mai 1893

EM. BODINIER.
provic. apost. du Kouy-tchéou.

Les Onagrariées de la Kabylie du Djurdjura


(Extrait de la Florule de la Kabylie du Djurdjura)

Epilobium tetragonum L ; Batt. Alg. 313 ; E. ramosis-


si mum 'Wench.— Ravinshumides chez les Aith-bou-Addou (Letx.),
-- 344 --
les Aith-Attaf (Thév.). -- Eur. bor., cent. et aust., Afr. bor. et
aust. Orient, Syrie, Arm. Cauc. Amér. bor.

E. virgatum Fries Novit. suet. 113 ; Letx. Cat. 42 ; E.


obscurum Reichb ; E. tetragonum L. var e Wahlembg, -- Plante
se séparant de l'E. tetragonum par ses feuilles moins longues et
plus larges, par ses graines plus étroites, atténuées a leur base, et
par ses stolons filiformes très allongés, pourvus d'un petit hombre
de feuilles distantes les unes des autres. Ces derniers organes
n'existent pas dans l'E. tetragonum, et ne sont représentés chez
ce dernier que par des rosettes sessiles de feuilles dressées. --
Acherchour -en-Tensaout (Letx.) — Eur. hor. cent. et aust., Cau-
case, Arménie, Russ. mér. Afr. bor.
E. Tournefortii Nichalet, Hist. nat. du Jura, 355 ; Batt.
Alg. 315 ; E. obscurum var. Tournefortii Mich. in bull. Soc.
bot. Fr. II, 729; E. virgatum var. majus Willk. et Lge Prod. ft.
lorum Letx. Cat. 52 ;
hisp. Iv, 186 ; E. tetragonum var. grandiflorum
E. tetragonum var tingitanum Ball Spic., 459. -- Tiges. plus
élevées (de 70 a 100 centim.) que dans l'espèce précédente, angu-
lenses, souvent ailées ; fleurs galement plus grandes, de 20 a 25
millim. de diamètre. -- Forêt d'Akfadou (Letx.). -- Serait assez
commun en Algérie mêlé a l'E. tetragonum d'après MM. Battan-
dier et Trabut. -- Esp. mérid., Port., Ital., Syrie (Beyrouth,
Damas), Liban, Afr. bor.
E. lanceolatum Sebast. et Mauri Fl. torn. prod., 138 ; Gr :
God. Ft. de Fr. I, 581 ; E. nitidum Host Fl. oust. (1827). --
Racine rameuse non tronquée, dépourvue de stolons ; Liges dres-
sées, de 3-8 décim., peu rameuses, arrondies; feuilles caulinaires
luisantes, oblongues ou oblongues-lancéolées, cunéiformes a la
base et ninnies sur les bords dans leur moitié supérieure de dents
saillantes, les primordiales étalées en rosette avec une teinte pur-
purine tr e s prononcée ; pétioles assez longs, de 5-8 millimètres ;
fleurs d'un rose vif, á stigmates libres ; graines obovales, arrondies
aux deux extrémités, finement tuberculeuses.— Les prairies humi-
des près d'une fontaine, sur le chemin de Fort-National a Souk-
-- 345 --
el-Tléta, et non loin d'Iguil-el-Hadj-Ali (0, D.— Join 9858 !),-
L'Algérie (Cosson in Catal. fined.).-- Ear, cent. et rne'dit. (France,
Esp., Ital. Sic. Sard., Allem., Turquie), Grèce, Eubee, Asie-min.
Cilicie, Cauc. Afr. bor.
Obs. La détermination de cette Plante, qui n'avait pas encore été
rencontrée en Algérie, m'a été confirmée par M. Durieu a ]'examen
duquel je l'avais soumise en 1863. Ce savant botaniste s'empressa
de communiquer ma découverte au D r Cosson, afin que celle-ci put
être consignée dans le Compendium projeté a cette époque, mais
très probablement aassi sans l'indication précise de sa localité.
Cette circonstance explique pourquoi FE. lanceolatum ne ligure
dans le catalogue inédit des plances observées dans les Etats bar-
baresques du D r Cosson qu'avec la seule mention « Algérie » en ce
qui concerne son habitat.

E. parviflorum Schreb. Spicil. fl. lips. 146; Batt. A lg. 158;


E. molle Lam. Diet. iII, 475; E. pubescens Roth.. Tent. f ti. aust.
I, 16i; Schousb. Obs. vég. Maroc. 185. — Bords des fontaines a
Fort-National, sur le chemin de Taourirt-AmQkran (O.D.) ; les
sources des hauls plateaux du Djurdjura, Tala-Rana (Batt.). —
Eur. bor. cent. et aust., Cilicie, Liban, Afr. bor. Can.

E. hirsutum L. : Batt. Alg. 316; Ball Spicil, 458 ; Arab.


H'achich-ès-Chaba ou Herbe de la broussaille.— Bords des petits
ruisseaux, Acherchourt-en-Tensaout, Agoulmin-Aberkan dans la
Kabylie orientale (Letx.).— Eur. bor., cent. et aust., Grèce, Canc.
Perse, Siber. Afr. bor. et aust. Abyssin7e.

Isnardia palustris L. ; Batt. Alg. 316. -- Dans une mare


près de Yakouren, chez les Aith-Idjer (Letx.).— Espèce fort rare
en Algérie, et qui n'était indiquée qu'à La Calle seulement. —
Eur. cent. et aast., Grèce, Transcauc. Perse, Afr. bor.

Circwa lutetiana L. ; Batt. Alg. 317 ; C. major Lamk. --


Région boisée, dans les lieux frais et humides, forêt d'Akfàdou,
Agoulmin-Aberkan, Djebel Afroun (Letx.)
Obs. M. Battandier signale (bc. cit.), dans la chaine du Dj urd-
346 —
jura, une variété brevipes, a pédicelles a peine plus longs que les
fruits -- Eur. bor. cent. et aast, Arm. Cauc., la var. Afr.
bor.
Le nombre des Onagrariées connues en Algérie d'après la récente
Flore de l' Algérie par MM. Battandier et Trabut est de 11 espèces
seulement. Et si, de ce chiffre on óte l'OEnothera biernis indiqué
aux Babors par Munby mais que nul botaniste n'a retrouvé depuis,
et le Jussicea repens naturalisé à Nine, on volt que la Flore de la
Kabylie renferme à peu près toutes les Onagrariées connues en
Algérie, snuf 1'Epilobium Lamyi qui n'a été trouvé que dans les
plaines de la Mitidja.
0. DEBEAUX

Statistique des plantas Australiennes connues à


la fin de 1892, (suite)
Les ordres des plantes Australiennesvasculaires connues jusqu'à
la fin de 1892, disposés salon la prédominance du nombre de leurs
espèces.
Leguminosae 1075 Umbelliferae. 110
Myrtaceae. 676 Sapindaceae. 100
Proteaceae . 601 Amarantaceae. 100
Compositie. 550 Candolleaceae. 97
Cyperace ae . 382 Dilleniaceae. 95
Gramineae. 349 Restiaceae. 93
Orchideie. 297 Rhamnacew. 91
Epacrideae. 275 Verbeniaceae. 84
Euphorbiaceae. 228 Scrophularineae. 82
Goodeniaceae. 223 Solanaceae. 81
Filices. 217 Myoporineae. 79
Rutacew. 196 Thymeleae. 76
Liliaceae . 161 Convolvulaceae. 72
Rubiacece. 131 Urticaceae. 66
Labiatae. 128 Haemodoraceae. 66
Sterculiacece. 127 Asclepiadeae. 62
Malvacece. 114 Tiliaceae. 61
Salsolacem. 113 Halorageae. 58
347 --
Cruciferae, 56 Menispernleae, 17
Loganiaceae. 53 Tremandieae. 17
Asperifoliae. 53 Rosaceae. 17
Apocyneae. 48 Monimiace ^ . 16
Droseraceae. 46 Junceae. 16
Santalaceae. 43 Ebenaceae. 15
Saxifrage. 42 Olacine ^ . 15
Lauraceae. 40 Myrsinaceae. 14
Pittosporeae. 40 Cycadeze . 14
Meliaceae. 36 Violaceae. 13
Fluviales. 36 Stackhousieae. 13
Campanulaceae, 35 Piperaceae. 12
Polygalece, 33 Pandaneae. 12
Portulaceae. 33 Phytolacceae. 11
A canthaceae. 32 Scitanlineae. 11
Lentibularineae. 32 Rhizosperma. 11
Coniferae. 31 Aroideae. 10
Ficoideae. 28 Anacardiaceae. 9
Cucurbitaceae. 28 Ilydrocharideae. 9
Caryophylleae. 27 Xyrideae. 9
Combretaceae. 27 Geraniaceae. 8
Loranthaceae. 27 Flacourtiece. 7
Palma . 27 Simarubeae. 7
Polygonaceae, 25 Frankeniacece. 7
Capparideae, 24 Melastomace ae . 7
Casuarineae. 24 Rhizophoreae. 7
Araliaceae. 24 Bignoniaceae. 7
Gentianeae. 24 Ericaceae. '7

Irideae. 24 Nymphaceae. 6
Zygophylleae. 22 Guttiferae. 6
Jasmineae. 21 Nyctagineae. 6
Lycopodineae. 21 Crassulaceae. 6
Celastrinae. 20 Passitlorae. 6
Salicarieae. 20 Primulaceae. 6
Amaryllideae. 20 Lemnaceae. 6
Commelineae. 20 Alismaceae. 6
Eriocauleae. 20 Aristolochieae. 6
Anonaceae. 19 Magnoliaceae. 5
Sapotaceee. 19 Onagreae. 5
Viniferae. 18 Gesneriaceae . 5
Ranunculaceae. 17 Samydaceae. 4
iw 348 --

Elatineae . 4 Typhaceae. 2
Lineae. 4 Najadaceae. 2
Cupuliferae. 4 Pontederiaceae. 2
Burseraceae. 4 Ceratophylleae. I
Plumbagineae. 4 Myristiceae. I
Ptantagineae. 4 Papaveraceae. 1
Dioscoridem. 4 Hypericin^. 1
Philhydreae. 4 Ternstroemiaceae. 1
Styraceae, 3 Ochnaceae. 1
Pedalinae. 3 Hamemelidew. I
Burmanniaceae. 3 Elaeagneae. I
Malpighiaceae. 2 Balanophoreac . 1
Connaraceae. 2 Córnaceae. 1
Nepenthaceae. 2 Podostemone. 1
Callitrichinae, 2 Apostasiacew. I
Leeaceae. 2 Taccaceae. I
Caprifoliaceae. 9^ Roxburghiaceae. I
Aquifoliace ae . 2 Nipaceae. 1
Hydrophylle ae . 2 Flagellariaceae. 1

Wn F. DE MUELLER
— 349 —

Notes sur la fore de Loonoor (suite)


I. (B) -- PETITS ARBRES FORESTIERS

38 Acronychia laurifolia Bl.


39 Allophyllus Cobbe Bl.
40 Euonymus crenulatus Wall.
41* Eurya japonica Thunb.
43 Microtropis microcarpa Wight
43 -- ovalifolia —
41* Pittosporum t e t r a s p e r- W. et A.
mum
4,5* Turpinia pomifera D C.
46 Brassaia capitata C. B. Clarke
47 l<lemecylon amplexicaule Roxb
48* Photinia Lindleyana W. et A.
49* — Notoniana W. et A.
50* Canthium umbellatum Wight.
5^* Ligustrum neilgherrense —
5.+* Myrsine capit ollala Wall.
53 Pavetta inaica Linn.
54* Rhododendron arboreum Sm. II y a aussi une variété
blanche-rare.
55* Symplocos spicata Roxb.
36* Vaccinium Leschenaultii Wt. Fruit comestible appelé
« Bilberry » « Airelle ».
57* Viburnum coriaceum Blume
58 -- hebanthum W. et A.
59 Clerodendron infortuna- Gaert.
turn
60 Fragraea obovata Wall. Croft sur les bords des ruis-
seaux.
61 Bischofia javanica Bl. Bois très dur.
62* Debregeasia velutina Gaud. Fibres fortes «Bastard Rhea»
sur les montagnes.
63* Glochidion neilgherrense Wt.
64* tomentosum Daiz.
65* Lasiosiphon eriocephalus Dene. On fait du papier avec les
fibres de l'écorce.
66 Litsaea ligustrina? Nees.
67 Mallotus philippinensis Muell. Donne une matière tincto-
riale.
68* Phyllanthes Emblica Linn. Cet arbre ne produit pas de
fruits à Coonoor.
69 Ricinus communis Linn. « Ricin » « Castor oil » se
trouve près des maisons.
69 a* Alstonia venenatus Br. Peu commun.
69 b Bridelia retusa Spr.

N. B. -- Les arbres marqués ainsi (*) croissent aussi dans les terrains
nus et découverts.


(A suivre) CH. GRAY.
— 350 ^w

Excursions botaniques et herborisations dans


le bassin de l'Argens (Var) (suite)
Je n'ai donné, dans le précédent article, qu'un aperçu très
général et en même temps très succinct et fort incomplet des végé-
taux que l'on rencontre communément dans la fore de cette région
du Var. Je vais maintenant passer en revue avec quelque détail et
d'une facon plus particulière les plantes cares de cette même fore
que j'étudie. Je commencerai par les orchidées.
1° Limodorum abortivum Sw. -- Orchidée sans feuilles vertes
ddveloppées ; plante d'une couleur violet foncé, a divisions du
périanthe (sépales et pétales) étalés ; bractées violacées, allongées
et terminées en pointe. Récoltée au Puget•sur-Argens, le 18 mai
1893, sur la lisière du bois de Canavers.
2° Orchis coriophora L. -- Fleurs rouge-sombre a labelle ver-
dátre, divisé, sans lames saillanter, a lobe médian entier et aigu ;
éperon égal environ a la moitié de l'ovaire ; l'odeur caractéristique
de cette orchidée est celle de punaise. Récoltée également au bois
de Canavers, le 18 mai 1893.
3° Orchis ustulata L. -- Labelle a lobe médian divisé en deux
au sommet, éperon égalant à peu près le tiers de l'ovaire ; labelle
blanchátre sur lequel on remarque le plus souvent de petites taches
brunes ; hauteur moyenne de la plante variant de 2 a 3 décimètres,
mais ne paraissant guère dépasser cette dimension. Récoltée au
Puget•sur-Argens, dans la prairie d'Aire-Belle, sur la rive gauche
du Béal-de-Fréjus, le 20 avril 1893.
4° Ophrys apifera Huds. — Fleurs sans éperon, sépales étalés,
labelle situé en bas, très divisé, velouté, d'un brun rougeátre, á
division médiane ayant 3 lobes recourbés en dessous ; sépales de
couleur rosée et munis de nervures vertes. Récolté au Puget-sur-
Argens, sentier d'Aire-Belle, le 25 mai 1893.
5° Orobanche Teucrii Schultz. — Dimension de la plante va-
riant de 1 à 3 décimètres de hauteur ; une seule bractée au-dessous
_ 33 11 —
de chaque fleur, calice divisé en deux parties ; corolle rétrécie au-
dessus de la base puis s'évasant à nouveau ; étamines insérées sur
la corolle au-dessous du tiers inférieur de celle-ci ; filets velus a la
base ; stigmate d'un violet très foncé, donnant presque sur le noir.
Cette orobanche vit en parasite sur les germandrées ; assez rare
dans cette région ; récoltée le 25 mai i 893 au Puget-sur-Argens, le
long du sentier qui conduit a la ferme d'Aire-Belle.

6° Oxalis stricta L. — Feuilles sur les tipes fleuries, tige


glabre, fleurs jaunes. Cette espèce differe de l'O. acetosella d'abord
par la couleur des fleurs, ensuite par leur mode d'inflorescence ;
solitaires chez l'0. acetosella, groupées chez l'espèce en question.
Bien qu'assez commune, j'ai signalé cette oxalidée parce que, dans
le cours de mes herborisations, et sur une étendue assez grande
de terrain, it ne m'a été donné d'en rencontrer qu'un Beul échan-
tillon de cette espèce poussant au milieu de broussailles sur l'un des
bords du chemin d'Aire-Belle, au Puget-sur-Argens, le 25 mai
1893.
7 0 Hippocrepis comosa L. — Feuilles plurifoliées, fleurs petites,
jaunes, groupées de 2 a 6 ou 8, quelque peu inclinées vers le sol ;
calice a dents presque égales ; fruit articulé, rugueux, a échan-
crures successives, affectant la forme d'un fer a cheval, ce qui a
sans doute valu la dénomination vulgaire de fer-à-cheval a l'hippo-
crepis cornosa. Récolté au Puget-sur-Argens, sentier d'Aire-Belle,
le t er juin 1893.
8° Stachys germanica L. — Labiée a fleurs d'un rose foncé ;
feuilles entières, blanches, laineuses, veloutées et très douces au
toucher. Corolle a deux lèvres bien distinctes, la lèvre inférieure
ne présentant pas de bosses. Récolté au Puget-sur-Argens, le
4 juin 1893, plaine de Carreou.
(A suivre) MARIUS CAPODURO.
-- 352 --

TÉRATOLOGIE

Tige anormale chez le Chrysanthemum leucanthemum


Dans une de mes herborisa-
tions récentes sur les confins de
la Normandie, j'ai rencontré chez
un Chrysanthemum leucanthe-
mum L., espèce d'ailleurs com-
mune dans ces parages une cu-
rieuse anomalie qui n'est peut -
être pas très rare mais qui mérite
d'être signalée.
Voici ce dont it s'agit : la tige
de la plante est entièrement aplatie
depuis la base et présente la
forme d'un ruban jusqu'au capi-
tule qui se trouwe lui -même défor-
mé, prend l'apparence d'un cha-
peau de gendarme et présente une
dépression centrale parallèle a la
direction de l'aplatissement cau-
linaire.
La plante se trouvait presque
au milieu d'un sentier non loin
d'individus présentant un port
normal. Ii serail intéressant de
rechercher la cause de cette dé-
formation accidentelle et de savoir
comment elle s'est produite.
La tige présente une largeur
d'environ 3 millimètres dans le
sens de l'aplatissement.
Nous figurons ici ce cas téra.

l
tologi q ue qui nous a paru intéressant. H. LÉVEILLÉ.
-- 353 —

ORGANOGÉNIE

Ira cyme (t)


II
Si l'on s'en tenait rigoureusement a la définition, et si l'on con-
sidérait comme une cyme toute disposition florale dans laquelle
l'axe et ses divisions sont organiquement terminées par une fleur,
la ramification étant axillaire et latérale, it faudrait rattacher à ce
mode nombre d'inflorescences qu'on considère généralement comme
construites stir un autre principe : tel, pour n'en citer qu'un exem-
ple, It pseudo-corymbe du Cornus sanguinea L,, qui, dans sa dis-
position normale, comprend quatre rameaux florifères latéraux,
portant des fleurs à quatre parties, et une fleur centrale à cinq
parties.
Ce ne sont pas toutefois ces inflorescences que je range dans la
catégorie des cymes altérées, dont je vais donner un rapide apercu.
Je désigne plutót sous ce nom les inflorescences mixtes construites
a la base sur le type de la grappe ou de l'ombelle, et terminées sur
le type de la cyme.
Soit par exemple le Fraisier (Fragaria vesca L.), dont l'inflo-
rescence est très variable, mais peut se ramener'a la forme géné-
rale représentée par la figure 1. Comme le montre ce schéma
l'inflorescence prend son origine dans une feuille bractéale encore
organisée comme les feuilles caulinaires.
L'axe qui continue la tige est évidemment le rameau opposé a la
bractée, et qui se trouve déjeté par suite de l'accroissement pré-
pondérant du rameau axillaire.
La cyme commence, pour chaque branche de la dichotomie, au-
dessus de l'apparente bifurcation. Pour la branche de droite, elle est
régulièrement dichotome, un bourgeon se formant dans 1'aisselle
de chacune des petites bractées opposées. Pour la branche de gau-
che, elle est d'abord unilatérale, ou, si on le préfère, alterve.

(1) Suite, voir page 308.


T. II. 14
-- 354 --
11 me parait rationeel de penser que la cyme dichotome du Frai-
sier, dont la foliation est essentiellement alterne, n'est pas due au
même processus d'évolution que la cyme dichotome de la Stellaire,
dont la foliation est opposée.

(1) Schema de l'inflorescence de Fragaria vesca. -- (2) Schema de l'inflorescence d'Euphorbia


Lathyris.

La dissemblance du mode de formation des feuilles dans les deux


plantes donne la raison, et en quelque sorte la mesure de la diffé-
rence qui sépare leurs inflorescences. Chez la Stellaire, les valves
du bourgeon a feuilles deviennent chacune un limbe, directement
et sans formation intermédiaire ; chez le Fraisier, ces valves don-
nent des stipules, ou plutót une stipule bilobée, a la face dorsale
de laquelle se développent le petiole et le limbe trifoliolé.
11 en résulte que le role attribué aux feuilles de la Stellaire doit
être, chez le Fraisier, rempli par les stipules ; et c'est en effet ce
qui a lieu a la base de l'inflorescence. Mais la partie supérieure de
cette inflorescence change de type, et cesse d'être alterne. Si l'on
consiOre que la feuille placée a la base de chaque dichotomie n'a
pas de limbe, et est réduite aux stipules, ne saurait-on admettre
que son limbe s'est transformé en rameaux floriferes, le faisceau
vasculaire median prolongeant l'axe sous la forme d'une fleur sim-
ple, les latéraux s'organisant soit également en fleurs simples, soit
en entrenoeud tigellaire qui répétera a son sommet le même déve-
loppement, et donnera naissance a une feuille dont les stipules
seules affecteront l'apparence foliacée ?
-- 355 --
Dans Mcehringia trinervia Clairv., la cyme est altérée en ce sens
que, dans la partie inférieure de l'inflorescence, la tige ne se ter-
mine pas par une fleur unique, mais par un axe portant des feuilles
et des fleurs. Toutefois, par une sorte de compensation, un seul
bourgeon axillaire se développe,de Celle manière quel'inflorescence
est alterne. Dans la partie supérieure,. la cyme est régulièrement
dichotome.
Ure disposition analogue se retrouve chez les Euphorbes ;
mais là elle est due non plus à un avortement partiel, mais à la
superposition de deux tendances, lune alterne, l'autre opposée, avec
un état intermédiaire nettement réalisé sous l'apparence d'une
fausse ombelle. J'ai étudié plus particulièrement, à ce point de
vue, Eupharbia Lathyris L., dont les organel tres développés se
prêtent facilement à l'observation, mais les autres espèces sont sensi-
blement construites sur le même type.
La partie supérieure de la tige donne naissance à une ou plu•
sieurs cymes dichotomes. Les feuilles bractéales qui sont l'origine
de ces cymes sont alternes, comme celles de la tige, et de plus,
leurs bases sont très écartées les unes des autres. Brusquement, au-
dessus de ces cymes alternes, les feuilles florales se réunissent au
nombre de quatre ou cinq sur des entrenoeuds tellement courts
qu'ils paraissent nuls, et simulent un involucre.
La formation de la bractée supérieure, c'est-à-dire, la plus
interne, marque la limite de l'élongation de la tige, qui se termine
généralement par une fleur rudimentaire. Cette fleur occupe le
centre du faux involucre, qui produit une ombelle d'axes florifères.
Sur ces axes, l'inflorescence affecte la forme d'une cyme très
régulière, les rameaux se terminant tous par une fleur normale-
ment fertile, formée au sein d'une paire de bractées réellement oppo-
sées, qui donnent chacune naissance à une branche florifère. La
transformation de la tendance alterne en tendance opposée se fait
d'une manière très simple, grace à une altération du mode de
déhiscence du bourgeon foliacé qui, sur la tige, s'ouvre suivant une
ligne longitudinale, opposée 'a la nervui'e médiane, et suivant deux
lignes sur les rayons de l'ombelle.
-- 356 —

S'il était démontré que les fleurs des Euphorbes ne sont pas des
fleurs simples, it faudrait voir, dans la réalisation de leur inflores-
cence, le mélange actif de trois aptitudes, ce qui donnerait a ce
groupe une complexité d'organisation très remarquable.
Un problème assez important se présente ici : it a trait au mode
d'évolution probable des bractées de l'ombelle. 11 est vraisemblable,
en raison de la brièveté de leers entrenceuds, qu'elles ne se forment
Pas comme les feuilles caulinaires, et qu'elles ne s'ouvrent pas
successivement après avoir acquis un certain développement. Selon
moi, deux hypothèses seulement sont admissibles pour résoudre
cette question, sans qu'il soit facile de décider entre les deux : ou
hien ces bractées restent longtemps emboitées l'une dans l'autre,
et elles s'étalent comme les pétalesd'une corolle qui s'épanouit ; ou
bies les bourgeons qui leur donnent naissance opèrent très rapide•
ment, et dès la première période de leur existence, leur déhiscence
successive.
Je pourrais citer d'autres exemples de cyme terminale altérée.
Mais je m'arrêterai ici, pensant avoir montré d'une manière suffi-
sante la variété des aspects que peut revêtir ce mode d'inflores-
cence, et des processus évolutifs qui lui donnent naissance.
(A suivre) A. ACLOQUE

BOTANIQUE APPLIQUÉE
MÉDECINE

Tinospora cordifolia Miers (suite)


VI . -- Propriétés et Usages médicaux
Dans la médecine indoue, le Tinospora cordifolia jouit de
remarquables propriétés. I1 les doit a son principe amer et a un
certain degré d'ácreté de son mucilage. Le principe amer réside
surtout dans les racines. L'amertume varie avec les saisons
comme cela a lieu pour un bon nombre de plantes des pays
chauds.
-- 357 --
Les médecins s'empressent de s'approvisionner de Tinospora du
4" avril au 31 juillet, époque des grandes chaleurs. C'est en effet
(l'expérience est là pour l'attester), à cette époque que les plantes
de 1'Inde possèdent leur maximum de vertu.
Cette espèce végétale alliée par l'analogie de ses propriétés
éminentes a l'Aristolochia indica ést classée (1) par le naturaliste
Bangare (cittare) en tête d'une collection de 473 plantes médici-
nales qui permettent une vie régulière et pure aux personnes qui
s'habituent à en manger quelques-unes dès leur adolescence, c'est-à-
dire dès ('age de 12 ans. Ces mêmes plantes guérissent, dit le
célèbre naturaliste dans son ouvrage de 7 000 vers, les 4 448 es-
pèces de maladies principales des hommes ; et tous les anciens
cittares, naturalistes des diverses époques de l'Inde ancienne, dont
les ouvrages précieux nous sont jusqu'ici connus, sont unanimes à
affirmer la même chose.
Ce Tinospora est regardé comme dépuratif, diurétique, anthel-
mintique, fébrifuge, alexitère, laxatif, stomachique, émétique, as-
tringent, vermifuge, stimulant, etc. Il joue dans la matière médi-
cale indienne un role plus important que l'Aristolochia indica.
Son principe amer est un antidote énergique des poisons ani-
maux.
Sa racine pulvérisée est prescrite à dose modérée contre la
morsure du serpent à lunettes lui-même. Cette dose est répétée
trois fois si la morsure est grave, a intervalles d'un quart
d'heure.
A haute dose, la racine ainsi réduite en poudre provoque des
vomissements incessants, une sueur continuelle et des coliques
dangereuses. Dans ce cas on dolt combattre ces effets par le lait de
Ficus racemora, L., que l'on donne à analer au malade. On peut
aussi donner le jus de Piper belle L.
Ces deux antidotes adoucissent les propriétés stimulantes du
Tinospora cord i olio.

(1) Les médecins naturalistes de ('Inde Glassent d'ordinaire les plantes


d'après l'analogie de leurs propriétés médicales.
-- 358 --
Cette découverte nous a demandé plusieurs années de recherches
et d'expériences.
Le principe amer de la racine de Tinospora est très recherché
dans les flèvres des montagnes.
La goudre des racines tendres et sèches de cette excellente
plante rampante est légèrement amère et un peu nauséeuse au
gout. Les médecins indiens la prescrivent dans les obstructions des
viscères, les maladies de foie et certains échauffements.
Cette plante est suriout utile dans des maladies et dans des cas
dont nous ne parlerons pas ici. Disons seulement qu'elle permet de
icacement (c'est un résultat d'expérience), la stérilité
combattre efficacement
que le cittare Bangare n'attribue qu'à l'homme.
Des vieux Tinospora, les médecinn indiens extraient du sel qu'ils
font entrer dans différentes compositions contre l'anémie, les mala-
dies débilitantes, les rhumatismes chroniques, etc.
A l'état frais on s'en serf 'a la campagne pour combattre la ré-
tention d'urine.
On le mêle à cet effet a du riz aigre adouci d'un mélange de
sucre.
On utilise en liniment, dans l'érisypèle, ses bourgeons broyés et
rêlés avec du lait de vache. Dans les morsures de bêtes venimeuses
on remplace le lait par du miel.
Sur la cote malabare on l'emploie en décoction ou en infusion
froide contre les bémorroïdes et contre le rhumatisme chronique.
Son action est alors décidément diurétique et tannique à un hut
degré.
Voici d'autres propriétés plus mystérieuses encore et absolument
inconnues jusqu'ici.
Nous avons arraché les secrets suivants a un ermite sivaïste et it
nous en a beaucoup conté sous de nombreux rapports. Nous som-
mes d'ailleurs largement récompensés par le plaisir que nous
éprouvons 'a les livrer au public.
Le tubercule très recherché et très amer du Tinospora cordi-
folra est employé pour calciner le vermilion, le soufre, le mercure,
l'arsenic jaune, l'arsenic blanc, le cuivre pur, le fer, I'aimant, l'or,
-- 359 --
1'argent et tous les autres métaux, nous a dit l'ermite. En sa pré-
sence, nous avons expérimenté sur le vermilion, le mercure, le fer
et l'aimant. Nous avons pleinement réussi .
Graces en soient renlues a Dieu le premier Naturaliste.
Les poudres obtenues par réduction grace à notre tubercule, sous
l'influence de la douce chaleur du feu, servent a guérir plusieurs
maladies graves et considérées souvent comme mortelles. Que
serait-ce si nous réduisions aassi en poudre les autres substances !
N'oublions pas qu'à l'état frais, ce prodigieux tubercule s'emploie
très avantageusement dans les maladies secrètes et comme antidote
des poisons d'origine animale.
Le choléra lui-même cède a la merveilleuse vertu du tubercule
de Tinospora. II s'enfuit a mille lieues et tremble, dit en termes
poétiques, le savant naturaliste Agastyar dans son ouvrage de dix
mille vers. Voici comment nous avons procédé en nous inspirant du
texte même de l'ouvrage du naturaliste indien.
On prend le tubercule du Tinospor.a, ou a défaut de celui-ci, les
racines primordiales, de préférence celles qui se dirigent vers le
nord. (Dans le sud de 1'Inde on prétend, qu'expérience faite, it y a
plus d'efficacité dans les racines des végétaux qui se portent vers
le nord.) On réduit en poudre, entre deux pierces, ces racines frai-
ches. Vous obtenez une espèce de poudre d'apparence métallique et
calcinée. On donne au malade une dose de I gramme au maxi-
mum et de 50 centigrammes au minimum, dans une gorgée de
tisane, de la plante entière Acalypha indica L. ou à son défaut
Leucas aspera Spreng.
Si Ie malade ne peut conserver la première dose, voos lui en
donnez une deuxième et au besoin une troisième. S'il ne peut rete-
nir ce médicament, pas d'espoir, si au contraire, it le retient, it
est sauvé. On le voit, ce remède n'est pas absolument infaillible.
Nous avons obtenu trois guérisons sur quatre. La Providence a
placé dans les plantes de nombreux secrets. Quelques-uns les dé-
couvrent, mais en retour ils ne recoivent souvent comme récom-
pense de leur travail que le dédain des esprits légers et superficiels
si nombreux de nos jours.
— 360 —

LISTE des plantes employées dans l'Inde, seules sous


diverses formes, ou en combinaisons avec d'autres
plantes, contre le choléra.

NOMS BOTANIQUES. NOMS TAMOULS.

1. Acalypha fruticosa Forsk. Sinni.


2. Leucas aspera Spreng. Tanmbay.
3. Polygala glabra Rottl. Sirianangay.
4. Indigofera tinctoria L. NIly.
5. Curcuma longa Roxb. Mandjalle.
6. Coccinia indica W. et A. Cávay.
7. Luffa acutangula Roxb. Païpirkou.
8. Vitex negundo L. Notchy.
9. Vachellia farnesiana W. et A. Vannay.
10. Azadirachta indica Juss. Vembou.
11. Melia azadirach L. Malay vembou .
12. Acalypha indica L. Mény.
13. Methonica superba Lam. Navy.
14. Er Y thrina indica Lam. Mourakou.
y
15. Moringa pterygosperma Gcertn. Mollroungay .
16. Polygala chinensis L. Moulagay.
17. -- telephioïdes Willd. Peryanangay.
18. Pongamia glabra Vent. Tattaypoungou.
19. Crataeva nurvala Lam. Málingam .
20. Trichosanthes palmata Roxb. Toumoutty.
21. Argemone mexicana L. Coudiantty.
22. Lavandula carnosa L. Carpouravally .
23. Andrographis paniculata Nees.
24. Ptychotis Ajowan D C. Aumame.
25. Trichosanthes colubrina L. Pittapoudali.
26. Begonia malabarica Lam. Malaypoullikirar.
27. Helicteres isora L. Valamboury.
28. Ferula assafoetida L. Peroungayame.
29. Santalum album L. Sandaname.
30. Phyllanthus niruri L. Kijánelly.
-- 361 --
NOMS BOTAN1QUES NOMS TAMOULS

31. Plumbago zeylanica L. Cadivêly .


32. Calotropis gigantea var. alba. Velleroukou .
33. Ocimum canum Sims. Kuntjunkaray.
34. Erigeron oblicum L. Karanday.
35. Piper nigrum L. Moulagou.
36. Toddallia aculeata Wall. CounemakoudAry .
37. Alangium Lamarkii Thw. Ajindjy.
38. Strychnos nux-vomica L. Etty.
39. Aristolochia indica L. Perounguij angou .
40. Artemisia indica Wall. Moroukojoundou .
A. SADA.

HORTICULTURE

Arundinaria Simoni Maximowiczii Hort

Section des Arundinariées


Souche se dispersant parfois a de grandes distances au moyen
de ses rhizomes traant quelquefois a 30 et 40 centimètres de pro-
fondeur.
Les chaumes d'un vert foncé del a 2 m. de hauteur, entièrement
cylindriques, très ramifiés, sont d'autant plus forts qu'ils sont plus
récents et plus éloignés de la vieille souche qui finit par dispa-
raitre. Feuilles longues de 12 a 14 cent. sur une largeur d'environ
15 mil, Les ramifications se développent de haat en bas a l'inverse
de ce qui arrive pour celles des Phyllostachyées.
Fleurs en épi grêle, long de 5 a 6 c. large de 4 mil. et épais de
2 mil. lache, sur les ramifications latérales du sommet des chau-
mes ; l'épi est garni a sa basede 2 ou 3 glumes engainantes, allon-
gées, aristées ou terminées par tine pointe foliacée formant des
sortes de bractées intermédiaires entre les feuilles et les véritables
glumes ; en outre it se développe quelquefois un épillet en épi
secondaire.
-362--
Epillets uniflores, sessiles et solitaires, sur chaque dent de l'axe
et fortement appliqués contre le rachis,

Arundinaria Simoni : In fl oreseenee et Graine

Chimes inférieures longues de I c.,sessilesentourant parleur base


l'axe et la partie inférieure de l'épillet, terminées par une aréte
-- 363 --
asset courte; la supérieure un pee plus courte, pubescente, bifide,
ciliée, concave, formant de chaque cóté deux angles obtus, rayée de
vert.
Glumelles on glumellules, deux, petites, 2 mil. environ, ciliées,
valves placées dans le sens contraire des glumes.
Etamines, 2 ou 3, pendantes chacune par un filet capillaire blanc
plus long que la glume inférieure.
Anthères, 2 par filet, soudées ensemble et ouvertes a leers
sommets, longues de 6 a 7 mil.
Style, 1, long de 2 a 3 mil., bifide, cilié.
Graines dépassant les glumes, longues de 12 mil. et largos de
3 mil., sillonnées, un peu arquées du coté opposé au sillon.
Ce Bambusa ou Arundinaria ne parait être qu'une forme ou
variété du Sirnoni Corr. sauf, l'inflorescence de ce dernier que je
n'ai pu observer. Il en diffère par ses proportions moans grandes,
dans toutes ses parties et ses feuilles panachées.
C'est en 4886 que j'ai observé au Mans pour la première fois la
fl euraison de ce bambou. Les grafnes que j'ai semées le printemps
suivant n'ont pas germé ; depuis cette époque, quoiqu'il ait fleuri
toes les ans, je n'ai pu en récolter aucune semence et en plus cette
année les sujets sont en très mauvais état et aux trois quarts morts.
Est-ce a leur fleuraison, quoiqu'elle n'ait toujours été que partielle,
qu'il faut attribuer leur mort on Bien a leur situation couverte ou
als se trouvent maintenant par suite du développement très grand
des arbres et arbustes qui les couvrent et en compagnie desquels ils
furent plantés ? Pour ma part je ne puls rien dire avant de voir
d'autres sujets fleurir en plein air ; mon Boute est d'autant plus
fondé que plusieurs auteurs affirment que ces sortes de plances,
meurent après leur fleuraison; ii est done fort possible, malgré leur
position très ombragée, que les n6tres disparaissent aussi pour le
même motif, motif qui du reste semble fondé. En effet, des Bam-
busa gracilis fleuris en 1877-78,;dans plusieurs établissements hor-
ticoles du Mans, sont morts dans l'année.
Le Mans, le i er Mai 1893
VICTOR JAM IN
— 364 —

BOTANIQUE RECREATIVE

TOUTE L'INDE

L'INDL MERIDIONALE (suite


Les moeurs et coutumes ne changent point dans 1'Inde. Seule la
religion nationale s'en va sur certains points seulement, là oh l'ins-
truction se répand. Aussi, dans certaines villes, à Trichinopoly
notamment, les vieux brahmes attristés ont-ils fondé des sociétés
pour la préservation de la jeunesse. Mais celle-ci devient incrédule
et n'étaient les considérations d'argent, de caste et d'un certain point
d'honneur elle déserterait en masse dans ces milieux le culte des
vieux dieux brahmaniques.
A Pondichéry le paganisme, bien qu'apparent, est plus languis-
sant que dans certains centres de I'Inde méridionale que nous
auroras à parcourir. Cependant it compte encore des adeptes qui
sont majorité.
On ooit toujours les processions et pratiques païennes se dérouler
dans les rues,de même qu'on aperCoit toujours au milieu des champs
etdes riziéres des paneelles peintes en blanc et renversées, perchées.
sur un báton et destinées à Mourner le mauvais ceil des pas-.
sants.
La femme est toujours une esclave et un instrument. En France
it est des gens qui voudraient nous ramener là. C'est aux Irides que
l'on comprend le mieux la réhabilitation de la femme par le chris-
tianisme. Pour les chrétiens, si certains préjugés subsistent encore,
celle-ci n'en est pas moins la compagne de son mari, compagne
qui ne prendra pas place a la !Om table et qui maagera souvent
après lui, mais compagne enfin respectée et comme épouse et comme
mère.
Quant aux vieillards, lit encore on sent toute la différence qui
existe entre le paganisme et le christianisme. Les païens se (Mbar-
rassent parfois des. vieux, heureux quandils ne les enterrent pas en
vie. Ne vous récriez pas. Un fait de cette nature s'est passé à Pon-
---365--
dichéry même durant ma présence dans cette ville.Ne craignez pas,
avec l'absence de religion on en viendra là en Europe. En France,
nous y sommes déjà.
L'Indien a le mépris de la mort ou pour être plus exact it est
indifférent envers elle. Il descend au tombeau a peu prés comme
it se met à table. On voit des malades parmi les chrétiens faire
plusieurs lieues et venir se faire avastiquer an grand étonnement
du missionnaire frappé d'un spectacle si nouveau. Avastiquer veut
dire doneer les derniers sacrements, du mot : avasté, extrême-
onction.
Ah ! c'est tout un idiome que ce langage mi-tamoul, mi-francais,
et les jeunes missionnaires sont tout d'abord interloqués quand ils
entendent les vieux de la vieille parler leur francais pondichérien
Ott des mots tets que vicérané (tournée d'administration), viroundou
(repas de fête), reviennent souvent.
Quelques missionnaires qui sur le bateau passent leurs loisirs a
étudier les rudiments de la langue sont vite au courant de bon
nombre de mots. La langue s'apprend en quelques mois avec de
l'intelligence et de l'application.
Rude écorce, un peu sauvage mais coeur d'or, le P. Morel est
un des missionnaires de Pondichéry qui s'est mis le plus vite a la
langue tamoule. En quelques mois it la manfait avec souplesse.
Philosophe et mathématicien it est a cette heure au milieu des In-
diens qu'il doit régir in virga ferrea.
Tirée au cordeau, comme potre ville francaise de La Roche-sur-
Yon, avec la monotonie en moms et le mouvement en plus, Pondi-
chéry, on le voit, ne manque pas de pittoresque avec ses rues
plantées de cocotiers.
Non loin de la ville se trouve le petit village de Moutalpet. II ne
présente rien de saillant, mais sur la route qui y conduit nous
observerons plusieurs scènes intéressantes.
Ici c'est un barbier qui, accroupi comme son client, fait la barbe
en plein air. Très adroits les barbiers indiens : ils rasent sur tout
le corps au besoin ce qui est poilu, et tous, hommes et femmes, se
remettent volontiers entre leurs mains. On dit certaines femmes
— 366 —

très habiles a manier le rasoir ou le morceau de verre cassé qui


supplée au besoin cet instrument. Its sont par contre très sobres
de savon.
Lá c'est un pauvre he chargé de linge accompagné du cajouley
ou blanchisseur qui suit par derrière. Voici des tottis qui se rennt
dans les maisons remplir chaque matin la fonction de vidangeur
dans les cabinets à vases mobiles. Très méprisés, au dernier rang
des pariahs, ils n'en font pas moins d'assez beaux bénéfices et on t
le monopole de ces sortes d'opérations, car dans l'Inde chaque
domestique ou servant a son office déterminé et souvent vous le
chasseriez plu g t que de l'obliger a prendre les fonctions d'un autre.
Aussi le résultat le plus net est d'augmenter dans les maisons le
nombre des domestiques! Il est vrai qu'ils sont si peu cou-
teux .
Au même rang social a peu près que les tottis voilà les sakilis
ou cordonniers a jamais soufflés par leur contact journalier avec la
peau du beeuf. lnfandum !
Voyez ces dessins blancs qui ornent le sol des vérandahs des
maisons. Its sont faits par les jeunes flues indiennes qui, par ma-
nière de jeu, promènent des rouleaux de bambou perforés de trous
par lesquels s'écoule une poussière blanchátre provenant du
broiement des rothes blanchátres. Ces trous diversement disposés
permettent de reproduire des dessins variés sur la terre qui ordi-
nairement constitue le parquet des vérandahs et souvent les murs
de la maison.
Cette Indienne pile du riz dans un mortier ou l'écrase sous le
rouleau ; celle ci bousine avec de la house de vache le sol de son
habitation. C'est une coutume très hygiénique.
Les maisons blanches reverbèrent violemment les rayons du
soleil.
Le calque blanc ou grisátre et le parasol protègent a grand
peine les piétons européens. D'ailleurs ils sont rares dans la jour-
née dans les rues de Pondichéry. Au milieu du jour l'Européen qui
se respecte ne sortguèrequ'en pousse ou dans un autre véhicule.
Il est difficile de s'habituer au soleil de linde. Gare les insola-
-- 367 —

tions ou tout au moins les migraines. Malheur a l'imprudent ou au


présomptueux.
J'ai connu et je connais encore cependant un missionnaire, le
P. Darras, un apOtre, surnommé avec raison l'homme de fer, qui
s'en va en plein midi, tête nue ou avec une simple barette, à travers
les rues, avec son kernel sourire. Saint homme et plein de foi, ce
missionnaire d'un autre Age et d'une intrépidité a toute épreuve.
Le soleil en a presque fait un Indien. Saint Francois-Xavier devait
être ainsi.
A cóté de cet homme remarquable je pourrais citer le P. Mardiné
courant sans se lasser après la brebis perdue, avec sa bonne figure,
le P. Millard transportant sa tense d'un village a l'autre pour prê-
cher l'Évangile.
Les enfants avec leurs petits eentres ballonnés gonflés de riz et
dans l'état de nature ne content pas grande peine à leurs parents.
Its ont appris à marcher en se roulant ea terre, puls un beau jour
ils se sont aidés des mains et enfin ils se sont tenus sur leurs
pieds. Quand leur ventre se dégonflera on le remplira à nou.
veau.
Voulez-vous de l'huile de coco ? En voici . Excellente pour les
lampes. Un seul inconvénient : elle Ole vers vient degrés de cha-
leur.
Jetons un coup d'oeil aux deux églises de Moutalpet, baties dans
le style (?) général des églises de Pondichéry et rentrons. Dans ce
pays les bêtes sont familières. Sur la table un jeune lézard vient
se promener a chaque repas et sans trop d'effroi it surveille sa
proie ou regarde les convives. Pendant ce temps dans vos chambres
les corbeaux volent les bougies que vous avez eu l'imprudence de
laisser trainer et si volre porte est ouverte certains marchands ou
autres Indiens, peut-être même un de vos domestiques, pourra bigin
vous volvr autre chose.
Cependant it est des domestiques honnêtes et fidèles.
D'ailleurs pour l'Indien tout objet cone est sacré, mais gare a
ceux qui trainent.
Des colporteurs viennent de temps a autre offrir des curiosités
-- 368 —

du pays et exploiter les novices. Méfiez-vous des prix et n'offrez


que le quart du prix qu'on vous demande. Vous obtiendrez ce que
vous désirez et neut fois sur dix vous serez encore... volé.
Je ne veux point vous garder plus longtemps a Pondichéry .
Encore quelques mots sur certaines fêtes et nous commencerons
le premier de nos voyages. Toutefois it était bon que, dès l'abord,
vous connussiez un peu le pays.
Parmi les fêtes chrétiennes qui attirent a Pondichéry un
grand concours de fidèles, on peut certainement placer en
première ligne les cérémonies de la Semaine Sainte. Le di-
manche des Rameaux une procession part solennellement de
la cathédrale. Porté sur des épaules nombreuses, Notre-
Seigneur s'avance portant sa Croix, une longue croix de bols
soutenue par l'effigie articulée qui représente le fits de Dieu. Quant
a Simon le Cyrénéen qui aide Jésus a porter sa Croix, c'est un
personnage vivant, d'ordinaire un enfant d'une famille riche,
somptueusement vêtu et qui garde l'immobilité d'une statue de
eire. La sainte Vierge et saint Jean représentés par des mannequins
également articulés viennent à un certain moment, quand la pro-
cession a presque fini le tour de la place, salver le fits de Dieu
recevoir sa bénédiction. La musique indienne précède en meant
avec une cacaphonie très goutée des Indiens le sacré au profane.
Le clergé suit en chantant. Le Jeudi-Saint on expose devant la
cathédrale les diverses stations du Chemin de Croix.
Le Vendredi-Saint, dans cette même cour de la cathédrale,
devant plusieurs milliers d'auditeurs et devant un espèce de théátre
fermé d'un voile, a lieu le sermon sur la Passion qui ne dure guère
moins de 2 heures et est prononcé en langue tamoule par un mis-
sionnaire ou plus souvent par un prêtre indigène. Vers la fin du
sermon le voile du théátre tombe et on voit le Christ mourant sur
sa Croix, on peut suivre les derniers gestes du Crucifié. L'orateur
les commence. Le corps se contracte. Il s'affaisse. La tête se
penche. C'en est fait. Les disciples viennent, procèdent a la des-
cente de Croix et emportent au son des instruments le corps de
leur Maitre, sur un lit de parade, a travers la vilie.
-- 269 —
Le Dimanche de Páques, jour de la R6surrection, une dernière
cérémonie représentera Jésus s'ëlevant dès I'aurore hors de son
tombeau.
Ces cérémonies renouvelées du moyen Age se retrouvent encore
sur divers points de l'Europe. Elles reprennent faveur en France et
it faut y applaudir de grand coeur.
Parmi les processions les plus célèbres chez les chrétiens de
Pondichéry on compte celle d'Ariancoupam a la cloture de
laquelle s'ouvre le 8 septembre la retraite annuelle des mission-
naires.
Les statues de la sainte Vierge et de plusieurs saints sont portées
d'Ariancoupam a Pondichéry par des bommes sur des chars sans
roues recouverts de clinquant, de couronnes, et de guirlandes de
fleurs artistement tresses. Des porteurs de torches et de verrines
s'avancent de chaque cóté, des feux de Bengale embrasent arbres et
maisons et des fusées s'élancent vers le ciel. L'inévitable musique
indienne ouvre la marche et parfois la longue trompette qui rappelle
celle de Jéricho, déchire Fair de son cri strident.
De temps a autre on s'arrête sous des pandals, sorte de dais arti-
ficie lsracieusement
g ornés : un enfant ou un homme s'adresse au
Saint que l'on fête, en vers ou en prose. En chantant it expose ses
demandes ta p dis qu'un ange descend du ciel du dais et vient danser
sur le saint.
Naïves ces cérémonies, mais démontrant une foi profonde qui
est souvent récompensée par des graces ou des miracles. Cela
pourra peut-être faire sourire quelques incrédules. Je les plains.
Saint Antoine et saint Roch comptent parmi les saints dont la
protection est réputée la plus efficace.
Dans les églises, a cause de l'air si essentiel qu'il faut laisser
entrer de toutes parts, on est obligé de placer les bougies dans des
verrines plus ou moms riches, du plus gracieux effet.
Il me faudrait encore parler de la Fête-Dieu, de la première
Communion ou tous les Indiens sont parés de leurs plus riches
costumes.
Femmes surchargées de bijoux et recouvertes de toiles de
T. II. 15
— 270 —
grand prix, jeunes garcons la tête recouverte d'une espèce de
tiare frappent et attirent les regards.
J'arrive à la messe de minwit. Tandis qu'au dehors la lune dans
tout son éclat permet de lire á sa lumière et qu'elle peut méme en
vous frappant de coup de lune vérifier vette parole du psalmiste
sot non wrat te indie neque tuna per noctem,l'Egliseresplenditinté-
rieurement de mille feux. Les fidèies se pressent nombreux, riche-
ment vêtus, dans la large nef et dans le reste du sanctuaire. Au
moment de 1'Élévation un long brouhaha par deux fois remplit
l'église. Les fidèles, en agitant leurs .mains, implorent à haute voix
leur Créateur. Ala ville européenne, les blancs remplissentl'église de
N.-P.-des-Anges et la messe est précédée du chant du Noël
d'Adam.
Si vous avez l'occasion de passer un premier de l'an à Pondi-
chéry, vous verrez dès le matin vos domestiques vous apporter l'un
après 1'autre un citron. C'est un vrai défilé. En retour it vous fau-
dra bourse délier et donner en échange des cash. Oh les cash I
J'entends encore une vieille mendiante, samy, sámy, Seigneur, me
criait-elle sous ma fenêtre. Et ces enfants qui vous crient du plus
profond de leur venire : cashou, cashou, des cashs, des cashs.
Doués d'une force d'inertie extraordinaire et d'une patience à
toute épreuve, les mendiants de 1'Inde ne se laissent point rebuter.
Vous les frapperez plutót que de les obliger à se retirer. Encore
s'ils étaient satisfaits de votreaumóne. Mais mendiants, coolies, pau-
vresses, etc., ne sont jamais satisfaits. En vain leur donneriez-vous
de nombreuses roupies. 11 y a naturellement des exceptions. Comme
toejours eiles confirment la règle.
Un Anglais fit un jour le pari de contenter son homme ; it en fut
pour ses 100 roupies.
A Pondichéry la vie est à bon marché ; le climat est salubre, la
colonie est réputée saine avec raison. Les moussons y sont régulières.
La vie facile qu'on y mène avec une fortune insignifiante devrait
y attirer 1'Européen.
Par contre, l'électricité de Fair énerve, la chaleur actable et le
caractère lui-même se modifie.
-- 373 --

Un dernier tour avant de nous diriger vers la gare. Les macois


vont et viennent avec leurs chellingues sur la mer. Hourrah papa,
Bourrah marnan, Hourrah Dourga (Doorga est un des noms de
Kali) la farouche et sanguinaire déesse.
La musique des cipayes joue devant la statue de Dupleix. Faute
de mieux allons l'entendre un instant. L'élite Pondichérienne
pied ou en pousse folátre ou se promène gravement autour.
Les messieurs fument publiquement leurs cigares et les dames se
réservent pour la maison. Le t.abac nest pas cher aux Indes. Ni
douanes, ni monopole. Aussi coute-t-il, bien qu'excellent, dix foil
moins qu'en France. Quant aux allumettes, le prix est dans la
même proportion. Et cependantelles viennent de Suède et ne ratent
pas comme nos allumettes francaises.
Sur la place ces sortes de baraques que vous voyez sons des
restes de théátre indien. Des acteurs indiens improvisés et de
bonne volonté y jouent des pièces indiennes d'ailleurs peu compli-
quées pour la plus grande satisfaction des natifs leurs frères.

Le Dopart. -- Documents. --- Veltore. --- Un Homme.

Expédions nos bagages a la gare et sautons dans un pousse.


Chemin faisant, une Lois installés dans notre wagon, je vees parle-
rai encore a titre de documents de ce que vous ignorez sur Pondi-
chéry.
Nous prenons noire ticket de 2 e classe et après avoir pris nos
précautions d'avance avec la douane anglaise que nous ne tarde-
rons pas á rencontrer, nous montons dans le train et bientôt celui
Nous laissons derrière nous la loerde gare de Pondi--cis'ébranle.
chéry. En avant pour l'Inconnu.
Voyez vet instrument avec lequel ces Indiens tirent l'eau du
puits ou du réservoir. C'est une picotte. On emploie vette machine
quand la différence de niveau du réservoir avec le sol contigu est
de plus de 4 mètres. Identique a l'élévateur à levier de l'Égypte, la
picotte consiste en une grosse perch horizontale qui se balance sur
un poteau f xe vertical ; un seau est suspendu à une de ses extrérpi-
-- 374 ---
tés; un homme ou deux qui marchent sur la perche forment contre-
poids de l'autre cóté, quelquefois, un bloc de pierre les remplace.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.

Informations
Une nouvelle Revue de sciences naturelles, La Revue Suisse de Zoologie,
vient de se fonder a Genève, sous la direction du Dr Bedot. Elle paraitra
par fascicules sans nombre fixe et a dates indéterminées.

Chronique générale
Les Moustiques
On sait généralement dans l'Inde que les moustiques ont horreur du
Ricin. Aussi en Egypte cultive-t-on cette plante autour des habitations pour
les en écarter. Le meilleur système dans les villes est d'avoir de jeunes
plants en pots et de les introduire pour un jour ou deux dans la maison.
On ne dolt pas les tenir trop longtemps a l'ombre car le Ricin aime le soleil.
L'action du Ricin sur les moustiques n'a pas été bier expliquée ; selon
un auteur, ils seraient tués par un poison que la plante porte à la face infé-
rieure de ses feuilles. Cependant si on place autour d'une chambr' pleine
de moustiques une douzaine de feuilles de Ricin, ces hótes peu agréables
disparaissent sans qu'aucun d'eux tombe mort et témoigne de l'action de
la plante.
Le Ricin est regardé a Bombay comme une mauvaise herbe ; cependant
son feuillage est assez ornemental. Le Ricin n'est d'ailleurs pas facile à
trouver.
Si quelque horticulteur en entreprenait la vente sur le marché et four-
nissait des feuilles sur Bemande, il augmenterait probablement son bénéfice.
Les soirées et les nuits fraiches ponssent les moustiques a pénétrer dans
les appartements par troupes, ce qui détruit les charmes de la saison.
En attendant qu'on use du Ricin, nous pouvons enseigner un autre
moyen pour tuernotre ennemi ailé. Prenez ende ces éventails japonais bon
marché, ótez le papier qui le recouvre. Un simple morceau de filet a mous-
tiquaires est ensuite collé dessus ; on obtient ainsi un instrument trés sem-
blable a une raquette de tennis. Si un moustique est frappé avec un éven-
tail ordinaire, il est emporté par le courant d'air produit par le mouvement;
mais cet éventail en moustiquaire produit un très faible courant d'air et
met hors de combat le moustique. Rien n'adoucit mieux les souffrances que
nous fait éprouver cette petite peste que de savoir que nous pouvons enfin
réussir a nous en débarrasser et qui salt si, avec de la persévérance, tant
bêtes que soient les bètes, nous ne finirons pas par leur apprendre a nous
respecter. — Times of India.
--- 375 —

Bibliographie
La Distribution géographique des végétaux dans un coin
du Languedoc (département de l'Hérault) par Cu. FLAHAULT.
Nous voudrions avoir souvent a rendre compte d'ouvrages aussi
intéressants que celui de M. FLAHAULT,Ie savant professeur de 1'Institut bota-
nique de Montpellier.
Excellente cette étude de la distribution des végétaux dans l'Hérault, étude
que l'auteur a dédiée a M. A. BARRANDON, le maitre des botanistes dè Mont-
pellier.
Dans son introduction le distingué botaniste traite des régions naturelles
et exprime le vceu que les fibres locales reposent sur des régions naturelles
et non sur des circonscriptions artificielles créées pour les besoins de la
politique. Il s'inspire aussi des considérations de A. DE CANDOLLE, l'éminent
botaniste dont la science déplore la perte.
Dans la première partie intitulée : paléontologie végétale dans ses rap-
ports avec la /lore actuelle, l'auteur remonte jusqu'à la flore pliocène, de
l'étude de cette fore et de celle de la (lore quaternaire, il tire cette conclu-
sion que les données paleonlologiques ne su fEisent pas encore pour nous
éclairer sur l'apparition, le développement et les migrations des oores
actuelles.
Dans la deuxième partie intitulée : Fiore actuelle dans' ses rapports avec
les conditions physiques actuelles M. Flahault distingue les espèces qui sem-
blent avoir peu de valeur comme documents d'une étude de géographie
botanique et en donne la liste ; ii divise le territoire botanique en quatre
zones botaniques : zone littorale, zone des plaines et des collines, zone des
basses montagnes, zone des montagnes.
Subdiviser ces zones et les étudier en détail ainsi que les diverses stations
qu'on y distingue, tel est ensuite l'objet de la plus grande partie de l'ou-
vrage. Avec un rare bonheur la méthode comparative est souvent emplo-
yee.
Les conclusions sont ensuite formulées a la fin des études spéciales de
chaque zone.
Dans la troisième partie l'auteur recherche si le climat du pays qu'il
étudie s'est modifié depuis un siècle et demi ou même depuis les temps his-
toriques et conclut par la négative. Il étudie l'action de l'homme sur la
flore, la Naturalisation d'espèces étrangères, la Destruction des espèces
indigènes qui en sont les conséquences et termine en énoncant des conclu-
sions pour Tune comme pour l'autre et en se résumant.
Puis jugeant avec raison que dans les pays les mieux connus it y a lou-
jours et faire, il donne d'excellents conseils sur l'étude des végétaux cryp-
togames, la rédaction des Flores et florules locales et les explorations a faire
ou a compléter. line carte botanique du département de l'Hérault et un
Tableau synoptique de la distribution de quelques arbres et arbustes sui-
- 376--•
vant les altitudes et la nature du sol complètent heureusement le travail
de l'éminent professeur auquel nous souhaitons des imitateurs.
De magnifiques gravures, dues a M. COMBES, illustrent cet ouvrage de
176 pages,par lequel M. FLAHAULT a bien mérité de la science et aassi, quil
nous soit permis de l'ajouter, de notre Académie qui saura le lui prouver.
H. L.

Revues
Sommaires
Bullettino della Societ y botanica italiana (n o 3). Rapporto bibliogvafico
dell' opera di A. ACLOQUE : Les Lichens. E. BARON!. -- Sopra alcune cellule
nel Carrubo. F. SOLLA. - Caratteri propri della flora di Vallombrosa (con-
tin.) F. SOLLA. - Enumerazione dei funghi nelle provincie di Modena e di
Reggio (contin.) A. Mom. — Notizie e osservazioni sui rapporti dei Licheni
calcicoli col loro sostrato. E. BARONI.- A proposito di una communicazione
di L. MICHELETTI the ha per titolo : Ochrolechia parella var. isidioidea
Mass. E. BARONI. - Materiali per un censimento generale dei Licheni ita-
liani (contin.) A. JATTA.— Sulla Galinsoga parvi flora in Italia. P. BARGAGLI.
-- Escursione nel Tirolo (contin. e fine.) P. BARGAGLI.- Seconda contribu-
zione alla flora di Pianosa. P. BOLZON. - Erborizzazione all'isola dell' Elba
(contin.) P. BOLZON. - II monte Nerone e la sua flora. D. MATTEUCCI. —
Sulle forme di Solanum nigrum L. A. GOIRAN.- Erborizzazioni estive ed
autunnali attraverso i Monti Lessini veronesi (contin.) A. GOIRAN. - Sulla
fitottosi dei fiori dell' Alloro. C. MASSALONGO. - Sulla pioggerella avvenuta
sotto alcuni alberi di Tiglio nel R. Orto botanico di Napoli. F. PASQUALE. —
Alcune esperienze sulle foglie di Nuphar. G. ARCANGELI.
Cosmos (24 Juin). Les feuilles de la vigne pour l'alimentation du bétail.
A. MUNTZ. - La vie d'une Mousse. A. ACLOQUE.
Journal de botanique (I er Juin). Monographie des Orchidées de France
(suite). G. CAMUS.- Recherches sur le développement de la graine et en
particulier du tégument séminal (suite). LÉON GUIGNARD.
Journal of the Bombay Natural History Society (vol. VII, n8 4). Notes
on the Flora of the Kachin Hills. H. COUCHMAN,- Botany of the Laccadives.
D. PRA!N.- The poisonous plants of Bombay. D r KIRTIKAR.-- Indian flowers
Dr KIRTIKAR.
Le Botaniste (8 Juin). Urédinées. P. A. DANGEARD et SAPPIN-TROUFFY. —
Recherches sur les plantules des Conifères. P. A. DANGEARD.
Missouri botanical Garden. Report 1893. List of Plants collected in
the Bahamas, Jamaica and Grand Cayman. Prof. A. S. HITCHCOCK.
--- Additional notes on Yuccas and their Pollination. WILLIAM TRELEASE.

Naturaliste (Id Juin). Quelques graines comestibles. P. HARLOT.- IIima-


laya et zone arctique. H. LÉVEILLE. -- Les plus grands végétaux du globe
D r BOUGON.
— 377 —
La Nature (17 Juin). Récolte de la canelle du Thanh-Hoa. D r MARES-

CHAL.

Revue Scientifiique du Limousin (15 Juin). Catalogue des mousses,


sphaignes, hépatiques et lichens de la Corrèze (suite). ERNEST RUPIN.- Cau-
serie botanique. Cu. LE GENDRE.

Extraits et Analyses
Les feuilles de la vigne pour 1'alimentation du bétail
(Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris)
Après la vendange, les feuilles de la vigne. restent vertes jusqu'à ce que
les premiers froids de l'arrière-saison les fassent tomber. Avant leur chute,
elles sont comestibles, et les animaux domestiques les acceptent facilement.
Une fois flétries ou tombées sur le sol, elles ne peuvent plus servir a l'ali-
mentation. En parcourant les vignobles de la France et particulièrement
celui du Midi, qui occupe plusieurs départements, on est frappé de l'énorme
quantité de matière fourra,.rère qu'on pourrait obtenir par l'emploi des
feuilles de la vigne. Dans une période de disette de fourrages, comme celle
que nous traversons actuellement, un intérêt particulier s'attache a étudier
les ressources que fournirait leur utilisation.
L'alimentation par les feuilles de vigne est en usage depuis longtemps,
mais sur une échelle trés restreinte. On volt souvent dans le Midi des trou-
peaux de moutons, conduits dans les vignobles aussitót après les vendanges,
brouter les feuilles sans pour ainsi dire en laisser aucune: mais cette
pratique est exceptionnelle, la plupart des vignerons la regardant comme
préjudiciable a la vigne. D'aprês mes observations, l'enlèvement des feuilles
après la vendange peut avoir quelques inconvénients dans les régions du
Centre et de l'Est, oil I'aoutage des bois se fait quelquefois tardivement. II
n'en est de même dans Ie Sud-Ouest que pour les pieds dont les sarments
ne sont pas entièrement lignifiés. Dans le Midi, les bols sont mars de
bonne heure ; des études suivies depuis plusieurs années sur de grands
vignobles, dont les feuilles sont consommées intégralement par les mou-
tons, me permettent d'affirmer que les vignes ainsi dépouillées se montrent
aussi vigoureuses et aussi productives que celles dans lesquelles on laisse
les feuilles tomber naturellement.
D'ailleurs si la vigne n'est pas privée de ses feuilles pour l'utilisation
comme fourrage, elle l'est par l'effet des gelées d'automne, mais avec cette
diflérence que dans le premier cas, on en tire un parti avantageux.
Les feuilles restent couvertes de composés cuivriques, dont on pourrait
craindre des effets d'intoxication. Les observations de M. DEGRULLY, de M.
VIALA, ainsi que les miennes faites sur des bceufs, la pratique de l'alimen-
tation exclusive de troupeaux de moutons a l'aide de ces feuilles permet-
tent d'affirmer qu'aucun inconvénient ne se produit.
Si j'ai pu observer souvent l'utilisation de ces feuilles pour la nourriture
du mouton, je ne les ai jamais vu appliquer a celle des animaux de trait

-- 378 --
qui existent dans toutes les exploitations viticoles, et auxquels on pourrait
les faire consommer après les avoir cueillies. Cette cueillette n'entraïne que
peu de frais de main-d'oeuvre.
En prenant successivement les sarments par la base, des deux mains et
en tirant a soi, on a dépouillé le cep en un instant,
Les feuilles peuvent être consommées a l'état vert ou fanées, ou encore
mises en tas ou ensilées. Sous ces diverses formes tous les animaux les
mangent volontiers.
Les feuilles sont riches en principes nutritifs ; elles contiennent, en
moyenne pour 100 :
Matières.
AZOTÉES GRASSES EXTRACTIVES CELLULOSE EAU
2,3 A l'état frais.. 3,8 18,5 3,0 67,0
Feuilles.
Après fanage. 11,0 5,5 51,0 8,5 15,0
Elles ont done une composition à peu près identique a celle des luiernes
de bonne qualité, qu'elles peuvent remplacer a poids égal dans la
ration.
Quant aux quantités de fourrage qu'elles peuvent donner après la ven-
dange, elles sont énormes et dignes d'attirer l'attention. J'ai déterminé cette
quantité pour quelques-uns des grands vignobles du Midi, du Sud-Ouest et
de la Champagne. Voici les résultats obtenus après la vendange pour une
surface d'un hectare :
Feuilles.
FRAICHES FANÉES
Plaines .. 5,000 a 9,500 kil. 2,000 a 3,800 kil.
Vignes du Midi, . . . ,
Coteaux.. 2,500 a 5,500 kil. 1,000 a 2,200 kil.
Plaines . , 3,200 a 4,200 kil. 1,200 a 1,680 kil.
Viltnes du Roussillon,
Coteaux.. 3,500 a 4,000 kil. 1,400 a 1,600 kil.
Vignes du Sud-Ouest (Gironde). 4,700 kil. 1,880 kil.
Vignes de la Champagne (Marne). 3,000 a 5,200 kil. 1,200 a 2,080 kil.
En exprimant ces quantités en équivalent de foin, d'après leur teneur en
matières azotées, nous trouvons que l'hectare de viltnes peut donner un
poids de feuilles représentant :
Pour le Midi : de 2,100 kilogrammes a 3,600 kilogrammes de foin de
prairie naturelle.
Pour le Sud-Ouest : 2,900 kilog. de foin de prairie naturelle.
Pour la Champagne : de 1,500 a 2,500 kilog. de foin de prairie natu-
relle.
Il est inutile d'insister sur ces chiffres, obtenus dans des vignobles placés
dans des conditions normales ; ils montrent que la vigne, après la vendange,
peut donner par ses feuilles un fourrage équivalent a une coupe de foin
d'une même surface de prairie a rendement moyen. La sécheresse, d'ail-
leurs, a bien moms d'effet sur la production des feuilles de la vigne que sur
celle de l'herbe.
II convient en outre d'envisager sous un autre point de vue l'alimentation
par ces feuilles,
-- 379 ---
Lorsque celles-ci tombent naturellement sur Ie sol, elles ,sont en grande
partie enlevées par les vents ; les principes fertilisants qu'elles renferment
se trouwent ainsi perdus, tandis que consommées sur place par les moutons,
ou á l'étable par les animaux de trait, leurs principes fertilisants restent
dans le domaine sous forme de fumier.
On ne saurait, surtout dans les circonstances actuelles, trop attirer l'at-
tention des vignerons sur le parti qu'ils peuvent tirer des feuilles de la
vigne pour l'alimentation de leurs animaux. Dans le Midi, l'enlèvement des
feuilles peut se faire après les vendanges, sans aucune inquiétude pour
l'état futur de la vigne ; dans le Sud-Ouest, dans le Centre et dans l'Est it
faut agir avec quelques précautions, en se guidant sur l'état de maturation
des sarments et récolter les feuilles plus tard. Mais laisser perdre, dans une
année ou les fourrages sont rares, un aliment aussi substantial que les
feuilles de la vigne, dont la production peut s'évaluer, pour la surface de
2,000,000 d'hectares que comprend le vignoble francais, a plus de qua-
rante millions de quintaux métriques de foin, constituerait une erreur éco-
nomique contre laquelle on ne saurait trop réagir.
A. MUNTZ.

Le Polygonum sakalinense et l'alimentation du bétail


M. Doumet-Adanson a appelé l'attention sur cette plante fourragère dans
la séance du 12 juin de l'Académie des Sciences de Paris.
Le'Polygonum sakalinense entre en végétation dès les premiers jours du
printemps. Il émet aussitót de vigoureuses tiges fistuleuses qui, en trois
semaines, atteignent de 2 a 3 mètres de hauteur et qui portent de larges
feuilles, alternes, cordiformes de même consistance que celles du Rumex
patientia.
On compte par mètre carré de terrain 30 à 40 de ces tiges principales
qui émettent è chaque naend des rameaux secondaires garnis eux-mêmes
damples feuilles a l'aisselle desquelles se montrent dans le courant de juin
des grappes de fleurs blanchátres. Le poids de chaque tige (y compris les
rameaux secondaires et les feuilles) varie de 700 á 1 100 grammes suivant
la longueur de la tige, ce qui donne pour chaque touffe occupant un mètre
de terrain un minimum de 20 a 40 kilogrammes dont les deux tiers servent
de nourriture aux animaux. La portion inférieure de la tige étant seule lais-
sée par eux.
Livrée a elle-même, la plante reste verte jusqu'aux premières gelées
d'automne ; mais si 1'on coupe les tiges dès qu'elles ont atteint 1 m. 50 a
2 mètres, elle en émet immédiatement de nouvelles qui atteignent elles-
mêmes en moins de trois semaines de 1 mètre a 1 m. 50 de hauteur. On
peut renouveler l'opération plusieurs fois durant l'été, car la plante demeure
constamment en végétation. Cette plante n'exige ni fumure, ni culture, ni
arrosage. Si chaque domaine eat possédé cette année de 0 h. 5 à 1 hec-
tare de terrain consacré à la Persicaire géante, la disette du fourrage
vert y serait passée inapercue durant la période e ffroyablement sèche
que nous eenons de traverser.
— 380 —

Sociétés savantes
Académie des Sciences de Paris
Séance du 5 juin. — Note de M. SAPPIN-TROUFFY sur la pseudo-féconda-
tion chéz les Urédinées et les phénomènes qui s'y rattachent.
Note de M. MOLLIARD sur deux cas de castration parasitaire obscrvés chez
le Knautia arvensis Coulter.
Note de M. MUNTZ sur 1'emploi des feuilles de vigne pour l'alimentation
du bétail.
Séance du 12 juin. — Note de M. DOUMET-ADANSON sur le Polygonum
sakalinense envisagé au point de vue de l'alimentation du bétail.
Note de M. Cu. DEGAGNY sur la concordance des phénomènes de la divi-
sion du noyau cellulaire chez les Lis et chez les Spirogyras et sur l'unité
de cause qui la produit.

Correspondance

Zambi, 8 avril 1895.

MON CHER MONSIEUR,

Comme je vous l'ai déjà annoncé, la première partie de mon voyage s'est
parfaitement passée. La traversée a été asset désagréable, car bien que
nous devions nous arrêter a las Palmas et a Sierra-Leone, le steamer
u Akassa D qui nous portait est resté en quarantaine : it venait de Ham-
bourg.
Le temps était très mauvais les deux premiers jours,, Nous aeons été
obligés de fuir devant les vagues. Les jours suivants, rien de particulier,
sauf quelques bandes de marsouins qui sautent autour du navire, et a partir
de l'Espagne, des argonautes qui flottent quand le ciel est beau. Le 15 fé-
vrier (je suis parti d'Anvers le 81, j'observai un magnifique arc-en-ciel
double. Le 18, a 3 h. 45, nous apercevons a notre droite, émergeant d'une
ceinture de nuages, le pic Ténériffe. Un peu plus loin, devant nous, deux
petits mamelons s'élèvent au-dessus des flots : c'est l'ile de Gran-
Canaria.
Le soleil se couche ; plusieurs passagers et moi appercevons le fameux
rayon vert, objet d'un roman de Jules Verne. C'est un phénomène facile a
comprendre, d'ailleurs : en se touchant (il faut que l'horizon soit sans
nuages), le soleil a une teinte rouge très prononcée. Quand l'ceil a regardé
fixement pendant quelques secondes, comme la disparition de l'astre est
brusque, on apercoit immédiatement la couleur complémentaire du rouge,
le vert.
11 est 7 h. 112 quand nous entrons en rade de las Palmas, en pleine
obscurité. Le lendemain, notre espoir de visiter l'ile est décu : quarantaine !
— 381 —
J'en éprouve un certain regret, car l'aspect de l'ile est charmant : au centre,
la rade, dans un affaissement de terrain au-dessus duquel, dans le lointain,
on apercoit la time blanche du pic Ténériffe. A droite, la rade est bordée
par des montagnes peu élevées ; la plus haute porte le phare, et sur ses
flancs, en lettres blanches gigantesques, une réclame : « Grand Canary
Engineering C o ». Au pied de ces montagnes, une suite de maisons blan-
ches et rouges á toit plat, et un pier s'avancant au milieu de la rade.

ai^ ^,*n, a^^iw,,i

Du cóté gauche, l'aspect est plus imposant : une première suite de hau-
teurs moyennes longent 1'Océan ; au bas, la route menant à las Palmas ; la
ville dominée par sa cathddrale, s'étage toute blanche, le long d'un versant.
Au-dessus de cette première chaine, des cimes étrangement sillonnées se
perdent dans les nuages.
La végétation m'a l'air d'être asset pauvre (il est vrai que nous sommes
en février). Sur le flanc des montagnes, des touffes d'arbustes. A l'aide de
jumelles it me semble reconnaitre le phoenix dactylifera, des citrus, le carica
papaya.
Nous quittons Gran-Canaria vers 2 h. 3/4. Le soir, un poisson volant
(Exocetus volitans), d'une longueur de 0 m. 50, s'abat sur le pont.
Le 22, nous croisons le steamer « Princesse Wilhelmine D. Le lendemain
nous doublons le Cap Vert et nous apercevons un steamer francais en
route pour l'Amérique du Sud. I1 marche perpendiculairement à notre route,
et le temps est d'un tel calme, que la fumée sortant de sa cheminée s'étend
— 382 —
parallélement a l'horizon, en mince ruban uniforme, a une distance éton-
nante.
Le 24, la mer nous présente I'apparence d'une vaste nappe d'huile : pas
un pli a sa surface. Aussi apercevons-nous les ailerons d'une foule de
requins émerger en tous sens. Nous nous amusons a leur envoyer des coups
de fusil.
A 5 heures, le samedi 25, nous arrivons en vue de Sierra-Leone, et nous
entrons dans la rade de Freetown vers six heures. La nuit qui tombe nous
empêche d'apercevoir la ville.
Le lendemain, a notre réveil, nous apercevons au pied des montagnes
la charmante cité africaine. Ses maisons, aux couleurs claires, a toits incli
nés, et la terre, d'une couleur rouge brique, contrastent agréablement avec
la verdure sombre d'une végétation tropicale. Sur les montagnes, des fo-
rks ; dans le haut, les casernes anglaises et l'habitation du gouverneur. Le
climat est très mauvais ici pour les Européens, la mortalité est excessive.
De l'autre cóté de l'embouchure du fleuve, la cote africaine, couverte
de forks, s'étend au loin en mince cordon.
Les autorités prennent ici a notre égard des mesures assez vexatoires, vu
leur inutilité compiète : on nous empêche de descendre a la rive, sous pré-
texte que nous pourrions introduire là les germes du choléra ; par contre,
tous les Sierra-Léonais sont autorisés a nous visiter a bord. C'est ce qu'ils
appellent ici une quarantaine partielle.
On nous apprend que le steamer Coanza, de la même compagnie de
navigation que le nótre, a échoué sur la cote un peu plus au sud.
Au moment du départ, la température s'élève a 38 0 a l'ombre, et 7° au
soleil. C'est la plus haute température que j'ai rencontrée pendant la tra-
versée.
Après avoir quitté Sierra-Leone, nous croisons le navire de guerre an-
glais Phabé, qui nous demande le nom du steamer. La manière de
répondre est des plus simples : chaque steamer est représenté par quatre
lettres dans un vocabulaire spécial. De plus, chaque lettre de l'alphabet est
représentée par un drapeau particulier. Pour Bonner le nom de son navire'
le capitaine fait hisser dans l'ordre convenable ses quatre drapeaux ; a cóté
des lettres correspondantes dans le vocabulaire, on trouve le nom du stea-
mer.
Le soir, nous apercevons pour la première fois la Croix-du-Sud, alors
que bien bas a I'horizon nous voyons encore l'étoile polaire ; dans un jour,
elle aura disparu pour longtemps a nos yeux.
Le mardi 28 nous cótoyons Libéria : cotes peu élevées, couvertes de
forks. Cà et là une tache blanche au pied des arbres indique l'emplacement
d'une factorerie.
Le vendredi 3 mars, pendant le diner, trois coups de sifflet de la ma-
chine se font entendre. Une lettre nous est apportée, et le major Parmin-
ter, président de table, nous en donne lecture. En voici la copie con-
forme :
-- 383 --
Station Équateur, le 4 mars 1895.

A TOUS PRESENTS ET A VENIR


SALUT

Ayant appris que le S. S. Akassa, commandé par le capitaine Morgan,


traverse mes domaines avec un grand nombre de passagers, parmi lesquels
plusieurs ne m'ont pas encore payé le tribut, ma noble suite et mon auguste
personne sommes décidés a venir a bord afin de soumettre aux Lois mari-
times les jeunes marins qui passent dans mon empire.
Tenez-vous prêts a 3 h.1/2 de l'après-midi.
Le lieu des mers,
NEPTUNE.

Après le diner nous montons sur le pont, et nous voyons dans la nuit un
point lumineux balloté par les Hots ; c'est l'embarcation de Neptune qui
s'éloigne (un vulgaire tonneau enduit intérieurement de goudron auquel
les matelots ont mis le feu).
Le lendemain, a trois heures, Monsieur, Madame, Bébé Neptune et leur
noble suite font leur apparition. La suite se compose d'un barbier armé
d'une scie, d'un médecin armé d'une seringue et d'une bofte a pilules, et
de 4 policemen. Un joueur d'orgue de Barbarie précède la troupe. Toutes
ces nobles personnes vont rendre visite au capitaine, et vident avec un
plaisir évident la bouteille de cognac que celui-ci leur offre. Elles vont
ensuite prendre place sur une estrade placée devant une voile remplie
d'eau. Le premier patient est appelé. Le docteur lui administre une énorme
pilule composée de poivre, de farine et de goudron, puis on passe entre
les mains du barbier, qui vous savonne vigoureusement le visage au gou-
dron. Après cela, culbute dans la voile, et copieux arrosage a la pompe
a incendie. Le soir, une petite fête au champagne nous fait oublier les
tourments de la journée.
Le Bimanche 5 nous passoes en vue du pic de San-Thomé. Le 7, la cou-
leur de la mer change : nous sommes dans les eaux jaunes du Congo. Le
soir, nous arrivons a Banane.
J'ai beaucoup de choses à vous écrire au sujet de l'Afrique même, depuis
mon arrivée. Vous recevrez une partie des détails que j'ai recueillis par le
prochain courrier
Bien a vous,
PAUL DUPUIS.
-- 384 --

Petite correspondence
M. MARIANO VERGARA, Madrid. Nous vous signalons dans les Mémoires
de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres d'Angers le prodrome d'une
monographie des Roses d'Indre-et-Loire, par M. Chastaingt.

Ouvrages parvenus a la Direction de la Revue


TITRES ET NOMS D 'AUTEURS : DONATEURS :

Musci Americw septentrionalis. F. RENAULD


et J. CARDOT. 4893, F. RENAULD.

La distribution géographique des végétaux


dans un coin du Languedoc (département de
l'Hérault. CH. FLAHAULT, CH. FLAHAULT.

Le Directeur -Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- Typographie Edmond Monnoyer.


2e ANNÉE. No 24 ter SEPTEMBRE 1893.

LE MO\DE DES PLANTES


REVUE MENSUELLE DE BOTANIQIIE

Médaille scientifique internationale


PROMOTIONS
Par décision, en date du 15 aout 1893, sont promus dans la
Médaille scientifique internationale,

Au premier degré (médaille de vermeil ou d'or) :


MM . PASTEUR . DUCHARTRE.

HOOKER .

Au second degré (médaille d'argent) :


MM. TREUB. HAUSSKNECHT.

KING. NYLANDER.

FRANCHET. PRAIN.

CRÉPIN .

Au troisième degré (médaille de bronze) :

MM . BUREAU . VAN TIEGHEM .


ROUY. GENTIL.

DRUDE . BONNIER .

GUIGNARD . FLAHAULT .

BORNET . VIAUD—GRAND•MARAIS.
CHATIN . DE CANDOLLE .
RENAULD. DKBEAUX.
FAYE. JR. HÉRIBAUD.

Baron FERD. VON MUELLER,


Directeur.

T. II. 16
— 386 —

Académie internationale de Géographie botanique

Par décision en date du 6 juillet 1893.


Le nombre des Associés libres de l' Académie internationale de
géographie botanique est fixé a soixante, nonobstant la décision du
46 septembre 1892.

Par décision en date du 15 juillet 1893, sont nommés Associés


libres de 1'Académie internationale de géographie botanique :
MM. AITCHISON. KAMIENSKI .

ASCHERSON. LANGE.

IS. BALFOUR . MACOUN .

G. BECK. MAC OWAN.

BETTANY. PHILIPPI.

DAWSON . RADDE.

BEDDOME. RIDLEY.

GEBEL . SOLMS-LAUBACH.

GREENE. SCHWEINFURTH .

GOODALE. TRIMEN.

HELDREICH . WATT.

SIR HOOKER. WILLKOMM .

Baron FERD. VON MUELLER,


Directeur.

A propos de l'article VIII de la décision du 10 juin 1893 établis•


sant la médaille scientifique et sur la demande qui nous en a été
faite, nous nous sommes adressé a la Chancellerie de la Légion
d'honneur pour savoir si par hasard les médaillés i francais seraient
autorisés it porter extérieurennent leur décoration.
Voici la réponse qui nous a été faite aussitót. Bien qu'elle soit
négative, la Me'daille scientifique internationale n'en demeure pat
moins un honneur pour celui qui l'obtient, ne lui en confère pas
moins un titre supérieur même a celui que donnent certaines
palmes ou médailles qu'il est permis de porter ostensiblement.
-- 387 --
GRANDE CHANCELLERIE Paris, le 7 juillet 1893.

DE LA

LÉGION D'HONNEUR

ter Bureau

Ordres Etrangers

MONSIEUR.

Je m'empresse de vous informer, en réponse a votre lettre, que


les décorations conférées par des souverains sont seules reconnues
en France, et que les !Wallies ou autres marques distinctiees
décernées par des sociétés académiques, humanitaires ou de sauve-
tages, ne peuvent être portées que dans les lieux de réunion de
ces sociétés seulement.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Pour Le Grand Chancelier
Le Secrétaire Général
Général J. ROUSSEAU.

BOTAN1QU 'È PURE


GÉOGRAPHIE

Comment j'ai trouvé le Polemonium oaeruleum Linn,


dans les montagnes de Pékin
La réponse que vous me donnez au sujet du Polemonium coeru-
leum, que je croyais avoir trouvé jadis dans notre département, me
satisfait pleinement. J'aurai vu cette belle plante cultivée dans un
pare, probablement le pare de Sablé : de là le souvenir qui m'était
resté. Je me rends a l'autorité de M. Gentil déclarant que cette
plante n'appartient pas a la fore du Maine.
Mais je vous dois réparation pour la peine que je vous ai causée
par ma remarque intempestive. Pour ce faire, si vous le voulez
-- 388 --
bien, je vous raconterai comment j'ai trouvé le Polemonium
coéruleum dans les montagnes de Pékin.
En 1888 je me trouvais a Pékin, envoyé par ma Mission pour
des affaires de persécution en noire province du Kouy-Tchéou.
J'eus 1'occasion d'aller faire une retraite chez les P. P. Trappistes,
dont le monastère se trouve à trois journées de cette capitale dans
un pays très montagneux. J'y arrivai au moil de mal. Ma retraite
achevée, je vis la montagne si richement fleurie, si remplie de
fleurs nouvelles pour moi, que je ne pus résister au désir de
demander á passer quelques semaines au monastère pour herboriser
tout a l'entour, ce qui me fut accordé avec une charité dont je
serai toujours reconnaissant.
Mais, a part les fonds de vallées comme l'endroit oil se trou-
vent les Trappistes, la montagne est fort déserte et inhabitée, si
ce n'est par des bêtes peu civilisées; on me racontait des histoires
de loups, d'ours, de panthères, très peu rassurantes ; aussi, après
quelques courses tout seul par monts et par vaux, je ne laissai
pas d'éprouver bientót un certain malaise au milieu de ces soli-
tudes.
J'allai trouver le R. P. Prieur et lui exposai franchement mon
cas, lui demandant s'il ne pourrait pas permettre a quelque mem-
bre de sa communauté de m'accompagner 'dans mes courses. Je
vis tout de suite la figure du bon Prieur, qui aurait certainement
voulu éviter de me faire de la peine, prendre un air gêné et con-
traint; it allait essayer de me faire comprendre le plus doucement
du monde qu'il lui était impossible d'accéder a ma demande,
lorsque je lui dis :
-- « Ne vous méprenez pas, mon Père, sur l'objet de ma
regale : je sais parfaitement que la règle, qui vous oblige au tra-
vail et au silence, ne vous permet pas de me céder un de vos reli-
gieux pour m'accompagner. Cependant je persiste à vous demander
un membre de votre communauté. »
-- « Mais, alors, je ne comprends plus! »
Indiquant alors du doigt la porte d'entrée
-- « Voyez, mon Père, ces deux braves chiens a la chaine
-- 389 —
gardant votre porte . : si vous n'y voyez pas d'inconvénient, ce sont
eux que je vous Bemande pour m'accompagner. »
La figure du bon Prieur se détendit de suite : inutile de dire que
ma pétition fut accordée a l'instant ; et les moins heureux ne furent
pas les deux captifs qu'auparavant on ne láchait que la nuit et qui
ne demandaient pas mieux que de courir la montagne le jour.
C'étaient deux chiens de race chinoise, mais grands, forts, ardents :
on me racontait même que, peu de temps avant mon arrivée, ils
avaient étranglé un loup qui s'était un beau soir avisé de passer
trop près du monastère.
Nous étions arrivés au 14 juin.: je projetai pour ce jour là une
expédition d'une journée tout entière pour explorer le Col
Saint-Michel, ainsi nommé par les PP. Trappistes qui ont dédié le
sommet voisin a saint Michel et y ont érigé une grande Croix de
bois. On passe par ce col en versant de Pékin, et j'avais vu là en
passant des plantes en herbe qu'il me tardait de voir en fleurs. Je
partis done de grand matin avec mes deux compagnons a quatre
pattes, plus un troisième appartenant a la résidence voisine d'une
station chrétienne.
Arrivé au col Saint-Michel, prenant une vue d'ensemble des
gorges de montagne qui m'environnaient, je fis le plan de quitter
la route de Pékin (par route, ici, entendez sentier sinueux de
montagne ou l'on peut passer « un de front »), pour traverser une
pente boisée et gagner une ravine de l'autre ceité.
Je me rappelle, entre parenthèse, qu'à la lisière de ce Bois
j'eus le plaisir de trouver a l'état sauvage la Pivoine, si commune
dans nos jardins (Pcronia chinensis Poit ou Paonia albiflora
Pall); et je constate en passant que les pétales de cette belle fleur
a l'état spontané, du moins ici, sont de couleur pourpre et non
blanche.
Nous entrons dans le bois, non un bois de grands arbres (il n'y
en a quasi plus dans ces montagnes, les Chinois ont tout coupé),
mais un taillis fourré composé en grande partie de grands Cou-
driers (Corylus heterophylla Fisch .), d'A belia biflora Turcz., etc.,
qui abondent dans ces parages. J'étais là depuis cinq minutes a
— 390 --
frayer mon chemin péniblement au milieu des branchages et
broussailles, quand l'un de mes chiens, le plus petit, revient à moi
la queue basse et Fair tout penaud. J'eus'l'idée tout de suite qu'il
aurait bies pu faire quelque mauvaise rencontre. J'appelle mes deux
autres chiens (ceux des Trappistes) ; rien ne vient ni ne répond.
It pousse le troisième; it refuse d'avancer en grognant. Décidé-
ment it y a quelque chose; je fais le plan de suite de sortir du
fourré le plusjvite possible. Pour cela je quitte la ligne transversale
et descends par la pente la plus raide : j'avais vu du Col Saint-
Michel que le fourré n'était pas large de ce cóté là. J'arrive en effet
au bord du bois dans un terrain en friche, et je m'asseois à l'ombre
sur le talus, attendant yarrivée de mes deux autres chiens que
j'appelle a plusieurs reprises.
Peu aprés en effet j'entends remoer les branches du taillis dans
la ligne exacte que j'avais suivie moi-même, et je vois apparaitre
un de mes chiens. J'avais a peine eu le temps de lui Bonner une
caresse que le même remue-ménage de branches se reproduit dans
la même direction. C'est mon autre chien, pensai-je. Le bruit
cependant de branchages froissés me semblait beaucoup plus fort
que la première fois, et quand je me retouraai pour regarder, quelle
fut ma surprise de voir arriver sur moi au lieu de mon chien un
gros ours noir a poil luisant et long museau, avec une mine pas
rass%rante du tout. (ij
Hong-Kong,
15 Mai 1893

(A suivre) EM. BODINIER.


provic, apost. du Kouy-tchéou.

(1) M. l'abbé David dit : (Missions Catholiques torn. 21, p. 264). — « Le


second ours de Chine, Ursus piscator Puch., qui est très mal connu jusqu'ici
ressemble a notre Ursus arctos L. — Il est propre aux parties septentrionales
de l'Empire, et surtout a la Mandchourie. »
— 391 --

Quelques observations botaniques faites aux environs


du Mans pendant les années 1889 à 1893 (suite)
1. — Erysimum cheirantoides L. — Le Mans, en decà
de la Duboisière, a gauche de la nouvelle route d'Arnage, sur des
détritus de champs, et champ de terre noire en culture, à droite,
presque en face la maison aux horloges. Assez abondant, 5 juillet
1893.

2.— Diplotaxis muralis DC. -- Ligne de Paris, entre les


rails, du.passage a niveau de l'Épau à celui de Foucauges et pro-
bablement en decà et au delà de ces deux points. On le trouve
également sur les bords du nouveau quaff d'embarquement et de la
route de Paris, 45 juillet 1893.

3. — Senebiera pinnatifida DC . — Saint-Pavin, che-


min longeant le chemin de fer et au delà, 21 juin 4893. C'est la
première fois que je rencontre cette plante de ce c8té de la vilie.

4. — Althea hirsuta L. -- La Chapelle Saint-Aubin, au-


dessus d'une carrière, à gauche de la route d'Alencon, derrière
l'auberge des Ormeaux ou de Coup-de-Trique, 24 juin 1893.

5. — Geranium pyrenaicum L. -- Le Mans, a l'entrée


d'un pré, a droite de la route de Rouillon, avant l'octroi et a un
kilomètre plus loin dans un chemin, au coin de la propriété de la
Fatale. Assez abondant, 1889 a 1893.

6. — Hypericum calycinum L. -- Originaire de la Tur-


quie orientale ; plante subspontanée ou plante pour tenir les
ternes du talus de la ligre de Paris en face le château de Noyers ;
elle forme là un magnifique tapis vert, garni d'étoiles d'or pen-
dant sa floraison, 2 juillet 1893.

7. — Balsamina parviflora DC. — Le Mans, sur diffé-


rents points des décombres de l'aricien hópital. Cette plante n'est
là que subspontanée ; je ne signale cette localité que provisoire-
ment et a titre de renseignement puisqu'elle est destine a dispa-
raitre d'un moment a 1'autre. 16 juillet 1893.
— 392
8. Melilotus alba Lam. -- Le Mans, environs de la
poudrière civile, juin 1889 ; rue du Pont-de-Fonte, terrain a bátir,
juin 1891 ; chemin de Halage, au pied des bátiments de la manu-
facture des tabacs, juillet 1893 ; Saint-Pavace, a droite du chemin,
près des barrières du Moulin-1'Év6que, 18 juillet 1893.
9. -- Trifolium scabrum L. -- Camp d'Auvour, sur la
route de Saint-Calais, au point oil traverse la petite route de
Parigné-l'Évêque à Saint-Mars-la-Bruyère, 25 juin 1889.
10. — Rubus discolor Weihe flore pleno alto Hort. —
Rouillon, au champ du Carrefour, dans une haie, oil dip a été
probablement plantée, 22 juin 1893.
11. Senecio viscosus L. -- Lavardin, Le Chenay, 27 juin
1893.
12. -- Sonchus arvensis L . -- Le Mans, champ au bas
des taillis de 1'Eventail, 13 juin ; Yvré-l'Évêque, verger près de
Ville-Massard, 2 juin ; La Chapelle-Saint•Aubin, champ entre le
chemin de fer et Coup-de-Trique ; Saint-Saturnin, champ au-des-
sous du presbytère, 28 juillet 4893. Je considère cette plante
comme commune.
13. -- Barkausia setosa DC. -- Saint-Saturnin, petite
route de Neuville, premier chemin et premier champ a gauche, a
l'entrée d'une petite carrière de sable, après le passage a niveau de
Collière, 2 juillet 1893.
14. -- Villarsia nymphoides Vent. « Le Mans, au-
dessous de la passerelle Saint-Jean » . Cette plante qui n'a paru
là qu'une saison en 1891, n'a pas reparu depuis par suite des
écourues qui ont laissé trop longtemps l'emplacement a sec,
peut-être aussi a cause des eaux noires du chanvre qui leur ont
succédé.
15. -- CynogIossum officinale L. -- Le Mans, route
de Saint-Pavace, à droite, entre le quartier d'Enfer et Passe-
Raveaux, une demi-douzaine d'individus environ, 24 juillet 1892
et 15 juin 1893.
-- 393 ---
16. -- Lycium vulgare Dun. — Le Mans, route de Bon-
likable, au-dessus des Maillets ; route de Degré, au-dessous du
restaurant des Cheminots, juin 1893.
17. — Lycium ovatum Dun. — Le Mans; assez répandu
dans les haies et sur les bonds des rues et des trottoirs, boulevard
de la Petite-Vitesse et dans sous les quartiers de l'Abattoir et du
Gué-de-Maulny oil it me semble être assez naturalisé pour être
admis dans la fore de la Sarthe.
18. — Melissa officinalis L. — Le Mans, a Saint-Pavin,
impasse, au bout des rues de Beaugé, 20 aout 1889 et 15 juillet
1893 ; fossé a gauche de la route d'Alencon, a la montagne,
ter juillet 4893. Je ne considère pas cette plante comme rare.

19. -- Nepeta cataria L. -- Le Mans, boulevard de


1'Huisne, en face des jardins de l'Asile,15 juillet 1893 et a gau-
che de la route de Saint-Aubin a 3 kilomètres du Mans, 21 juillet
1893.
20. — Marrubium vulgare L. — Le Mans, au Petit-
Liard, au coin d'un chemin qui remonte à la route d'Alencon,
20 juillet 1893.
21. -- Euphorbia Lathyris I?. --- Saint-Saturnin, route
de Neuville premier champ a gauche du chemin qui conduit aux
Etrichés, dans les endroits oh on a arraché des arbres et des
vieilles souches. J'en ai compté 500 exemplaires. Je me suis arrété
a ce hombre, le trouvant suffisant pour constituer une bonne loca-
lité assez éloignée des jardins pour qu'on ne puisse pas dire
qu'elle s'en est échappée. Pengage done les botanistes qui ne con-
naissent pas cette plante à l'état spontané, a bien vouloir faire le
tour de ce champ. Its s'en reviendront ensuite chargés d'échan-
tillons et parfaitement convaincus qu'elle fait bien partie de notre
fore des environs du Mans, 28 juillet 1893.

22. — AInus incana Wind. — Yvré-l'Evêque, à Noyers,


a droite et a gauche de la levée du canal qui amène l'eau à l'usine
de Foucauges, 22 juin 1893. Plante nouvelle pour la Sarthe.
T. II. 16*
-- 394 —
23. -- Poa bulbosa L . var. vivipara. -- Le Mans, mur
à gauche, a l'entrée de la rue du Pavillon (Pontlieue), 6 mai 4890.
24. -- Marchantia polymorpha L. -- Le Mans, entre
les pavés de la rue de Tascher,14 juillet 1890.
25. -- Botrytis tenella. — Le Mans, jardins sur la route
de Rouillon, ob j'ai trouvé des vers blancs momifiés par ce cham-
pignon, avant qu'il ne fut fait des tentatives de culture dans nos
environs, dans le but de détruire les vers blancs dont ce crypto-
game est le parasite. On peut done, de fait, le considérer comme
faisant partie de la fore cryptogamique de la Sarthe.
VICTOR JAMIN.

J'ai remarqué le Campanula glomerata L. dans la tranchée du chemie de


fer entre Noyen et Avoise, sur la gauche.
H. L.

Une forme remarquable de Lycoperde


On me communique un spécimen de Lycoperde assez remar-
quable parses dimensions.
Eetindividu a été trouvé dans une páture a Villers-1'H6pital
(Pas-de-Calais). Sa forme est celle d'un sphéroïde légèrement
bosselé et un peu aplati horizontalement. Sa circonférence, dans le
sens transversal, mesure 70 centimètres, et 63 dans le sens verti-
cal. Il a donc un diamètre moyen de 21 centim. Ii pèse 4700
grammes, ce qui lui suppose une densité relativement faible, eu
égard a son volume. Il est entièrement d'un gris uniforme et légè-
rement fauve ; son odeur est a peu près celle du Boletus edulis. II
parait encore assez éloigné de sa maturité, ce qui permet de sup-
poser qu'il n'a pas atteint son complet développement. La paroi
péridienne parait assez épaisse ; elle est très résistante, et ne se
laisse pas déprimer comme it arrive lorsque la basiglèbe com-
mence a se transformer en masse pulvérulente.
II ne m'a pas été possible d'en établir une coupe; d'un autre
cóté, l'absence de basidiospores ne permet pas de le déterminer
-- 395 --
d'une manière précise. Toutefois, j'incline a le rapporter au
Bovista gigantea Batsch, la seule espèce de Lycoperde a péridium
lisse qui atteigne ces dimensions.
M. Cooke donne cette espèce comme comestible.
A. ACLOQUE.
30 juillet 1893.

PHYSIOLOGIE

La Miellée
I
Les grandes chaleurs de cette année ont attiré l'attention sur le
phénomène désigné sous le nom de Miellée.
Depuis bien longtemps it est connu, et de nombreux observa-
teurs l'oni, étudié sans en avoir jamais bien expliqué la cause.
Les circonstances atmosphériques du printemps et de l'été 1893
l'ayant rendu beaucoup plus commun, un plus grand nombre
d'observations ont été faites, et presque toures les revues scientifi-
ques en ont parlé.
Ici même, dans le Monde des Plantes, numéro du ter juillet, un
correspondant attirait l'attention sur ce sujet ; mais, ajoutait-il :
je n'ai vu ce phénomène se produire qu'avec les tilleuls ; les
tt arbres voisins appartenant a d'autres essences ont leur aspect
u habituel. »
Pour nous, plus heureux ou plus curieux, sans quitter le jardin
du presbytère de Foulletourte (Sarthe), nous ra yons observé sur
les feuilles du tilleul, du charme, du lilas, du cytise, du pistachier
et mëme du Daphne Laureola Linné.
Qu'est-ce donc que la Miellée ?
C'est, nous répond un dictionnaire (i, une matière sucrée plus
ou moms liquide, mucilagineuse, se rapprochant par sa nature de
la manne, et qu'on trouve en été sous la forme de gouttes sur les
feuilles, les fleurs, les tiges, les bourgeons de certaines plantes.

(1) Privat•Deschanel et Focillon.


— 396 --
Un autre dictionnaire, celui de Bouillet, nous dit que c'est une
matière visqueuse et sucrée, plus ou moins liquide, et qui se trouve,
soit en gouttes, soit en petites plaques, sur toutes les parties d'un
grand nombre de végétaux , principalement sur la surface des
feuilles.
Dans la séance de 1'Académie des Sciences du 10 juillet dernier,
M. Dehérain, analysant un travail de M. Maquenne, du Muséum,
nous apprend que celui -ci, ayant étudié la composition chimique
de la Miellée, a constaté qu'elle était constituée par un mélange de
deux matières sucrées, la glucose et la mélézitose, sucre découvert
par M. Berthelot, dans le Mélèze. Ayant opéré sur 100 kilog. de
feuilles, it a pu isoler 100 grammes de cette matière, très analogue
a la manse de Perse et du Turkestan.
Tous les observateurs sont d'accord sur l'existence de la miellée
et aussi sur sa nature ; mais lorsqu'il s'agit d'en rechercher et d'en
expliquer la cause, les opinions varient.
Les uns, et M. Maquenne est du nombre, l'attribuent à la
piqure de pucerons qui s'attachent aux feuilles et sécrètent cette
matière sucrée et visqueuse.
D'autres prétendent que c'est une sécrétion produite par une
trop grande abondance de sève dont est cause une chaleur exces-
sive.
Cette sécrétion serait une exsudation du Cambium.
I1 en est enfin qui se bornent à dire tout simplement : eest une
maladie dont nous ignorons la cause, mais qui finit par nuire aux
plantes lorsque la sécrétion est trop abondante.
Pour nous qui, depuis plusieurs années , avons observé la
miellée, nous sommes porté a croire que cette sécrétion sucrée des
feuilles a une double cause : la chaleur et la sécheresse. Plus le
printemps et le commencement de l'été sont chauds et secs, plus
la miellée est abondante.
L'année 1893 restera remarquable sous ce rapport. Jamais
peut-être un aussi grand nombre d'arbres ou d'arbustes différents
n'avaient présenté ce phénomène. Mais depuis les ondées bienfai-
sautes qui ont arrosé nos contrées, it n'y a plus de miellée.
-- 397 --

Maintenant les pucerons sont-ils pour quelque chose dans l'appa-


rition du phénomène ? Nous n'oserions pas affirmer le contraire.
Leurs piqures doivent peut-être jusqu'à un certain point rendre la
sécrétion plus abondante. Mais nous croyons plutót que c'est la
matière sucréeet visqueuse produite par les feuilles qui attire les
pucerons. Bs viennent là s'installer comme a un festin de notes,
heureux de trouver une table somptueusement servie. Au lieu d'être
la cause de la miellée, leur présence en est l'effet.
Ce qui nous confirme dans cette opinion, c'est que dans beau-
coup d'observations faites a la loupe, nous n'avons pu, même sur
des feuilles fortement sucrées, trouver aucun puceron.

II
Quoique le Monde des Plantes soit une revue sérieuse, nous
terminerons par une anecdote. Il en est de la science comme de la
poésie : ii faut la rendre aimable. Horace nous l'a dit dans son Art
poétique :
Omne tulit punctum, qui mistuit utile dulci,
Lectorem delectando, pariterque monendo.

C'était aux jours des plus grandes chaleurs, et les beaux tilleuls
de la promenade des Jacobins, au Mans, ne se privaient pas de
sécréter une abondante miellée qui tombait sans pitié sur les cha-
peaux et les robes des élégantes de noire ville.
A chaque promenade, nouveaux dégáts, nouvelles taches sur les
plus brillantes toilettes. Impossible d'y tenir plus longtemps ; ii
faut punir les mauvais garnements qui commettent ces forfaits.
Des plaintes sont faites a la police ; mais, hélas ! la police ne
découvre rien, et la miellée continue d'inonder ses victimes. Enfin
tout s'explique, et les tilleuls so p t reconnus les' seuls coupables.
Inutile d'ajouter qu'ils n'ont pas été conduits au poste.
Ceci nous rappelle une bonne fermière du canton de Sillé, non
dénuée d'instruction, qui sans cesse vantait son tilleul. Voyez,
disait-elle, comme it est biera meilleur que celui de mes voisins :
c'est du tilleul sucré ! Et elle faisait voir les feuilles couvertes d'une
épaisse couche de miellée.
-393
--
Nous aeons essayé, mais en vain. , de lui expliquer et de lui faire
comprendre Ia cause de ce sucre. Elie est encore persuadée que son
tilleul est un tilleul exceptionnel.
A. LEMÉE.

BOTANIQUE RECREATIVE

TOUTE L'INDE

L'INDE MÉRIDIONALE
Quand la source ou le réservoir se trouve à'une profondeur plus
considérable, a 30 mètres par exemple, on se sert d'un seau en peau
attaché a une corde et mu par deux bceufs qui vont et viennent sur
un plan incliné.
Si la différence de niveau est au contraire peu sensible une corde
fait mouvoir un seau, un homme on deux veillent au va-et-vient de
celui-ci, tandis qu'un troisième verse dans le champ ou dans le canal
d'irrigation son contenu.
On voyage beaucoup dans l'Inde. Cela tient a deux causes. La
première, c'est que, comme jadis Bias, nombre d'Indiens portent
toes leurs biens avec eux. La seconde c'est l'extrême bon marché
des voyages, qui, bien que moitié moms couteux qu'en Europe, n'en
rapportent pas moms aux compagnies de beaux bénéfices.
Voici Villenour, l'unique station francaise de cette section de
ligne qui pourtant appartient à la France. Commune d'environ
35000 habitants.,
Villenour est célèbre par son pèlerinage chrétien de N.D. de
Lourdes et par sa pagode autour de laquelle eivent d'assez nom-
breuses families de bralimes.
Nous approchons de la douane anglaise de Kandamangalam.
Pendant qu'on inspecte ?ninutieusement et parfois d'une facon
assez vexatoire les divers colis des voyageurs, je vais, si vous le
--- 399 —
voulez bien, compléter vos notions sur Pondichéry et vous Bonner
certains renseignements indispensables sur 1'Inde anglaise que nous
allons visiter.
Ii fait chaud : cependant les espèces d'auvents qui courent le long
du wagon ne permettent pas au soleil de parvenir jusqu'à nous.
Des bouffées d'air chaud nous frappent le visage.
La température qui atteint ici d'octobre a janvier un minimum
de 18 a 19°, s'y élève jusqu'à 40° durant les fortes chaleurs.
A Calcutta elle atteint même 42°. J'ai vu durant la saison fraiche
les Indiens faire du feu à Pondichéry sur les places et dans les rues
pour se chauffer les mains. Tout est relatif. La dernière ant-16e que
j'ai passé dans 1'Inde j'avais froid durant cette même saison. Les
vieux missionnaires grelottent presque a cette époque. Le vénérable
P. Godet, curé de la paroisse européenne de Pondichéry, un vrai
« gentlemen » se calfeutre soigneusement a cette époque. L'anémie

résultat obligé de l'acclimatation, explique ce curieux phénomène.


Par contre j'ai vu en Europe Mgr Laouënan, le regretté ethno-
graphe, se couvrir instinctivement la tête avec un mouchoir pour se
protéger du soleil qu'il avait appris it redouter dans 1'Inde.

A cóté de la gare de Pondichéry vous avez pu remarquer le Jardin


colonial ou d'acclimatation que complète le jardin du Roi oti Parc
colonial situé sur la route d'Ariancoupam. Je vous y mènerai pent-
être un jour pour l'examiner en détail.
Disons seulement que dans ces jardins on rencontre des Corossoliers,
des Jambosiers, des Jaquiers, des Teks, des Pamplemoussiers, des
Goyaviers, des Baobabs, des Sabliers, des Ananas, des Multipliants,
des Flamboyants qui pendent leur feuillage durant la saison chaude
juste au moment ou l'on en aurait besoin, des Tatittriniers, et it
cóté d'eux des planles à mácher le verre ou le sable, des herbes
pour composer des gelées rafraichissantes, des végétaux dont les
sues réduisent en poudre des métaux ou renferment des sels pré-
cieux, etc., etc.
Le Directeur actuel des jardins coloniaux est un Indien, habile
horticulteur mais entièrement ignorant de la botanique.
400
11 a reédité le catalogue des plances du Jardin, dressé jadis par
M. Le Peltier et do p t les nombreuses inexactitudes et erreurs
témoignent , sinon de l'ignorance de son auteur, du moins de l'état
rudimentaire dans lequel se trouve l'imprimerie a Pondichéry.
Peut-être écrirai-je un jour quelques pages sur la puissance des
mangues et des bouquets offerts a point a certains fonctionnaires
sensibles et gourmets pour créer un Directeur de jardin aux colonies.
Vous êtes bien méchant, me dira-t-on. Méchant, non. Juste, oui.
L'injustice m'a toujours révolté quand elle se produit au détri-
ment de la science et de droits acquis et je m'estime heureux quand
dans une Revue comme celle-ci, je puis clouer au pilori les tenants
de l'injustice et du favoritisme.
Disons d'ailleurs que Pondichéry est d'une facon générale la
vilie des cancans et des intrigues. Certains fonctionnaires haut
placés y ont importé le jeu qui ruine, comme d'autres y ontmeng
joyeuse vie et cultivé le vice qui déshonore.
Gigantesque serre chaude, Pondichéry donne au choléra asiatique
une hospitalité souvent généreuse. Reconnaissons toutefois qu'on
s'y émeut peu de la présence de cette hóte dangereux.
Au point de vue historique je ne saurais mieux faire, pour être
bref, que d'emprunter a la Géographie des lndes-Orientates du
P. Gentihomme les lignes suivantes
Pondichéry n'était qu'une simple bourgade quand, en 4674, le
commandant Francois Martin l'acheta de Shere Khan Lodi, gou-
verneur des possessions des rois de Bijapour dans le Tanjore et le
Carnatic. En 1693, les Hollandais bloquèrent la nouvelle vitte.
Martin n'avait que cinquante hommes et les assiégeants au nombre
de 4500 trainaient après eux cinquante pièces d'artillerie. Ponili-
chéry dut capituler après un siège de douze jours. Rendue a la
France en vertu du Traité de Riswick (1697), elle devint sous le
gouvernement de Dupleix (1742-1754) la capitale d'un vaste pays.
Elle était alors enceinte de murailles et flanquée de sept bastions.
1.4 magnifique palais du gouverneur s'élevait dans la citadelle,
en face de la mer, sur le bord de laquelle se trouvait rangée une
batterie de cent canons.
— 401 --
En 1748, Dupleix, a la tête d'un millier de soldats francais et de
deux mille cipayes, défendit vaillamment la jeune cité du Carnatic,
pendant un siège de deux mois, contre les 8000 hommes de
troupes de Boscawen. Alarmée des éclatants succès de la France,
l'Angleterre résolut de faire échouer les projets grandioses de
Dupleix. tile exigea son rappel. Le grand Franpais qui était alors
l'arbitre de l'Inde fut indignement révoqué et Godeheu, nommé a
sa place, fut chargé par la Cour de de Louis XV de conclure un traité
avec Saunders, gouverneur de Madras (1754).
En 1761, sir Eyre Coote investit de nouveau Pondichéry. Il se
contenta d'abord d'un simple blocus mais en vint bientót a un
siège régulier.
Lally-Tollendal qui protégeait Ia place, ayant été forcé de se
rendre, les Anglais rasèrent avec barbarie les fortifications de la
malheureuse cité, ses églises, ses maisons, et surtout le palais du
gouvernement, dont les plus belles colonnes furent transportées
a Madras.
A la paix de 1763, la France recouvra ses établissements dans
l'Inde. En juillet 1778, sir Hector Munroo vint a la tête de
10500 Anglais investir de nouveau Pondichéry, qui n'avait plus
pour se défendre que de mauvais bastions. Après avoir résisté pen-
dant trois mois avec 700 soldats européens et 600 cipayes, le
gouverneur fut obligé decapituler et Pondichéry retomba aux mains
des mortels ennemis de sa prospérité qui firent sauter tous les
bastions et quelques beaux édifices.
Le Traité de Versailles (1783) rétablit les Francais dans leurs
établissements des Irides; mais ils furent de nouveau contraints de
les évacuer en 1793. Pondichéry, redevenue francaise par la paix
d'Amiens (1802), passa pour la quatrième fois sous la domination
britannique en 1803. Les Anglais la rendirent définitivement a la
France en 1815.
Les formalités de la douane sont enfin remplies. Le train s'ébranle
a nouveau.
Savez-vous quel est le chiffre total de la population de l'Inde ?
288 159 672 habitants. L'augmentation dans l'espace de dix ans
- 402
de 1881 a 1891 a été de 33 555 '784. Quelle différence avec
1Europe ! Quelle différence surtout avec la France décadente !
221 356 187 relèvent directement de l'Angleterre.
Au point de vue religieux on compte 207 654 407 brahamanistes,
57 365 204 musulmans, 2 284 191 chrétiens, lont 1 315 263 catho-
liques, 1 416 109 jaïns, 1907 836 sikhs, 710 í 057 boudhistes,
89 887 parsis. 17 480 juifs, 9 302 083 adorateurs d'animaux ou
fétichistes, 289 sans religion .
Il faudra du temps avant que l'enseignement libéralement
répandu par l'Angleterre agisse sur ces masses que gouvernent six
cents fonctionnaires environ.
Avant de quitter Pondichéry j'ai pu recevoir mon courrier. La
malle d'Europe arrive généralement le mercredi vers 5 heures.
Un coup de canon l'annonce.
Les lettrés mettent de deux à trois semaines à effectuer la traversée
suivant qu'elles prennent la malle anglaise ou la malle francaise.
Les principeles nouvelles d'Europe viennent par le télégraphe et
sont connues rapidement. Un exemple. L'élection du fameux Bou-
langer fut connue a Pondichéry avant que nombre de Francais
même Parisiens l'eussent eux-mêmes appris. La raison en est la
différence d'heure qui a Pondichéry est de 5 heures 9 m. 50 secondes
en avance sur Paris.
Aussi la réciproque est encore plus curieuse. Quand on expédie
une dépêche en France, elle arrive avant d'être partie. C'est l'idéal
et le nee plus ultra de la vitesse.
Tant qu'au service des postes disons de suite que dans I'Inde ii
est fort bien fait. Chemins de fer, voitures, courriers rapides tout
concourt a l'assurer.
On a l'habitude dans l'Inde anglaise de mettre sur ses lettres la
mention stamped « affranchi » et de rayer les timbres pour empê-
cher que ceux-ci soient retirés dans les bureaux de poste par quel-
que employé trop zélé pour ses petits profits. Ces raies, je crois
l'avoir déjà dit, causent parfois un grand émoi aux collectionneurs
novices.
Nousvenons de passer la station de Valavanur. Nous arrivons bien-
-- 403 --

tót a Villupuramjonction de l'embranchement de la ligne de Pondi-


chéry avec la grande ligne du South Indian Railway qui va de
Madras jusqu'à Tuticorin. C'est sur une ligne toute nouvelle que
nous allons nous engager pour gagner Vellore et les montagnes.
Cette ligne abrègera noire route de beaucoup. Jadis it fallait tourher
par le nord ou par le sud et passer suivant l'occasion ou par Ching-
lepet et Arkonam ou par Trichinopoly et Erode. Nous aurons
d'ailleurs dans les voyages suivants occasion de le faire.
Mambalappatou, Mougayiour, Tiroukoilour se succèdent. Cette
dernière localité située sur les bords du Ponnéar du Sud, n'est pas
sans importance. De grandes fêtes se célèbrent annuellement en
avril et en décembre dans le temple de ce village. Ce temple est
dedié a Tirouvikrama Gopalamourthy.
Voici Tandarai puis Tirouvannamalai avec son vaste temple fré-
quenté par une foule de Olefins pour lesquels on a biti dans la
Ole même une quarantaine de Chattrams ou abris. Les solennités
qu'on y célèbre y attirent jusqu'à 50 000 personnes.
Elles ont lieu en novembre-décembre. Elles rappellent la récon-
ciliation de Parvati avec Siva son maxi. Celle-ci avait un soir sous
les bosquets du Kaïlasa placé ses mains sur les yeux de son époux
après s'être approchée de lui sans bruit. Elle fit pénitence de cette
faute sous le nom de Gautama a I'endroit ou s'élève actuellement la
pagode. Le dieu pour 1'assurer de son pardon lui apparut en forme
de flamme brillante au sommet du pic qui domirae la vine moderne
et qui atteint 800 mètres de hauteur,
Je lis sur mon indicateur que les bambous y sont un des prin-
cipaux objets d'exportation.
Très pratiques et très peu couteux ces indicateurs. Celui que
j'ai sous les yeux compte les heures de 0 a 24.
Agaram Sibbandi, Polour, Kalanibour, Kannamangalam,
Kaniyambadi, enfin Vellore.
Vellore est tine villeindigènedon.t la population s'élève au chiffre
respectable de 45,000 habitants. C'est une vine très commercante.
Les flancs des montagnes voisines de la vine sont dénudés et
_-404--
renvoient sur la ville une chaleur lont déjà elle est par ailleurs
abondamment pourvue.
Appelée aussi Raya-Ellore, la ville que nous avons sous les
yeux est située sur la rive droite du Palar.

LE R. P. BAULEZ.

Mais ne eerdons point de temps, j'ai à vous présenter le


R. P. Baulez, un homme, dans toute la force du terme. La première
fois que je l'entrevis ce fut en 1888 un soir, je passai en sa com-
pagnie en 1891 des jours inoubliables.
Le P. Baulez est aujourd'hui un homme de cinquante ans. Né à
Marseille en 1842 et parti pour l'inde en 1866, ii a toute la viva-
cité du méridional jointe aux conceptions vigoureuses des gens du
Nord. C'est avant tout un homme énergique et de grand talent.
Original comme sous les hommes de valour c'est l'homme Ie plus
-405^--
aimable pour qui a vécu dans son intimité. Toutefois it ne fait pas
bon le déranger quand it fait sa sieste.
Brave P. Baulez voos me pardonnez également, n'est-il pas
vrai, éloges et critiques.
Penseur et littérateur à la foil, le P. Baulez a publié deux char-
mants volumes ; Vingt ans dans l'Inde et Historiettes et Petits
Riens dans lesquels on reconnalt les plus brillantes qualités de
style. Le P. Baulez personnifie en sa personne le génie européen
opposé au génie indien si tant est que ce dernier existe, car 1'Indien
n'a jamais riep inventé, ni en littérature ni en sciences.
Nombreuses so p t les autres oeuvres de ce missionnaire supérieur :
francais, anglais, tamoul it manie ces 'agues avec une souplesse
et une élégance extraordinaire.

CONSEIL DES MINISTRES (scène hunoristique)

C'est aussi un artiste. Ii a obtenu dans la photographie en se


reproduisant lui-même dans plusieurs poses sur un mëme cliché les
effets les plus surprenants. Nous lui devons d'ailleurs les gravures
qui servent à illustrer ce que nous avons à dire de Vellore,
— 406 —
Elle est de lui cette scène humoristique qu'il a plaisamot
dénommée : Conseil des ministres.'
C'est en sa compagnie et en celle du P. Gentilllomme son com-
pagnon d'apostolat que nous allons parcourir cette ville de Vellore
dont nous aurons à examiner successivement le fort, la pagode et
les quartiers excentriques.
(A suivre). H. LÉVEILLÉ.

Informations
Il existe auprès du Mans, non loin des Landes, sur la petite route qui va
de la route d'Isaac á Sargé et près de la route qui conduit de celle-ci a
Parente un cas singulier de lutte pour l'existence entre deux arbres, et ni
l'un ni l'autre se semble vouloir céder. Il s'agit d'un chêne et d'un poirier.
Le poirier ne semble pas creux a l'intérieur bien qu'il renferme les racines
du chêne dont la tête émerge du tronc du poirier sur lequel it semble
greffé. Le chêne peut avoir, au moms, une trentaine d'années (V. JAMIN.)

L'Erysimum cheiranthoides L. a été retrouvé le 27 juin dernier par


M. VICTOR JAMIN, dans la localité ou it l'avait précédemment indiquée, c'est-
á-dire au Mans, à gauche de la nouvelle route d'Arnage, près de la Duboi-
sière. La plante était en fleurs bien que la date de fleuraison normale soit
en aout et septembre et qu'il 1'ait lui-méme recueillie jadis en novembre.
Cette fleuraison hátive est un résultat de la chaleur sèche qui nous a si
longtemps éprouvé. Nombre d'espèces ont §ubi une avance de 30 à 50 jours.

A Écommoy (Sarthe), ii existe dans une maison qui fait le coin de la


route du Mans une Glycine monstre ( Wistaria chinensis) dont les bran-
ches poussent horizontalement.

Cas de tératologie : c'est un Quercus pedunculata dont les bourgeons


ont été, par suite de la piqure probable d'un insecte, transformés en fans•
ses cupules écailleuses.

En novembre, le Muséum de Paris fêtera le centenaire de sa fondation.

La Société francaise de botanique a tenu sa session au mois d'aout der-


nier à Saint-Martin-Lantosque (Alpes-Maritimes.)

Le congrès officiel des Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne, le


mardi de Páques, 27 mars 1894.
— 407 —
L'Association francaise pour l'avancement des Sciences a tenu son congrès
annuel a Besancon du 3 au 40 aout.

Le Dr Jacquemet a Crémieu (Isère) a formé, sous le nom de Société du


Sud -Est pour l'échange des plantes, une Société destinée a remplacer la
Société dauphinoise.

M. de SAINT- QUENTIN a découvert sur les rives marécageuses des rivières


de I'Uruguay une nouvelle Solanée dont les tubercules comestibles rappel-
lent ceux de la pomme de terre.
On s'occupe d'introduire en France cette nouvelle plante.

Chronique générale
Serpents grimpeurs.
On s'occupe en ce moment dans certaines Revues des serpents grimpeurs
dont it existe actuellement un exemplaire a la Ménagerie du Muséum de
Paris. L'existence de ces serpents était jadis niée par certains soi-disant
savants qui ne veulent jamais admettre que ce qu'ils voient se passer sous
leurs yeux dans le pauvre petit coin de terre ou se trouve confinée leur
prétentieuse person ne.
II leur suffirait de parcourir cependant les contrées tropicales de l'Orient
pour se rendre compte par expérience qu'il existe des serpents grimpeurs
qui mantent le long des murs lisses ou non et parviennent ainsi aux étages
supérieurs. Assez considérable est le nombre de reptiles qui penvent
ainsi grimper soit sur les murs, soit sur les arbres.
La discussion a laquelle nous faisons allusion prouve une fois de plus
que les conclusions générales sont interdites a ceux qui n'ont pas beaucoup
voyagé, a moins que Dieu ne leur ait départi cet instinct merveilleux qui
s'appelle le génie.

Varia
Livres de bois.
Une des salles du Musée de Cassel, en Allemagne, contient une biblio-
thèque de 500 volumes construits chacun avec un bois diflérent. Le dos
de chaque volume est fait de l'écorce d'un arbre dont le bois en pleine
maturité forme les deux plats de la couverture.
Ces volumes n'ont pas de pages, ce sont des boites contenant la fleur, la
graine et le feuillage de l'arbre qui a servi a faire l'enveloppe (Croix).

Géant.
On adécouvert a Mount-Disappointement,en Australie, un Eucalyptus dont
la hauteur est de 455 mètres et le diamètre de 44 mètres. II est malheureuse-
— 408 —
ment question de l'abattre. On sait que les Eucalyptus et les Sequoia attei-
gnent parfois 140 mètres. La croissance des Eucalyptus étant très rapide
it en résulte que Page de ces géants ne répond pas a leers dimensions.

Bibliographie
Musci Americas Septentrionalis par F. RENAULD et J. CARDOT. (1)
Ce catalogue des Mousses de l'Amérique du Nord, publié par les deux dis-
tingués bryologues, est extrait de la Revue Bryologique. II renferme 1350
espèces accompagnées de leur distribution géographique. Les espèces qui
se retrouvent en Europe et en Sibérie ont été soigneusement signalées.
Les auteurs ont admis Presque toutes les espèces du Manual of the
Mosses of North America de LESQUEREUX et JAMES, parus en 1884 sans se
prononcer toutefois sur leur valeur spécifique. Ce Manuel comprenant 890
espèces on peut juger de l'importance des additions que renferme le nou-
veau catalogue qui, soit au point de vue des échanges, soit a tout autre
point de vue, sera très utile aux bryologues.
Sur les 1379 espèces qui composent actuellement la flore muscinale de
l'Amérique du Nord, lisons-nous dans le Résumé placé a la fin du catalogue,
678 paraissent endémiques ; 299 autres espèces sont connues a Ia fois en
Europe et en Sibérie, 352 en Europe seulement et 12 en Sibérie seulement.
De plus, 91 espèces se retrouvent aux Antilles, au Mexique ou dans l'Amé-
rique du Sud. Enfin 76 espèces américaines ont été jusqu'à présent consta-
tées au Japon.
Missouri botanical Garden. Fourth Annual Report. 1893.
Nous avons déjà rendu compte dans les deux nos de Juin et de Juillet des
travaux parus dans cette intéressante publication. Bornons-nous a dire
qu'elle est toujours a la hauteur de sa réputation et que le volume de cette
année avec ses 25 planches ou gravures est digne de ses devanciers.

Revues
Sommaires
Boletim.da Sociedade Broteriana (1892, IX, 3). Contribuicáo para o
estudo da Fora d'Africa. Catalogo da flora da ilha de S. Thomé (suite).
J. A. HENRIQUES. -- Note sur quelques espèces de Scrofulaires. J. DAVEAU.
Compostas da Africa Portugueza. Dr 0. HOFFMANN. - Flora lusitanica
exsiccata.
Bulletin de l'herbier Boissier (Juin). Anemone Alpina L. et A. sul.
phurea Koch. Expériences sur leur culture. F. PRÉVOST-RITTER. - Ein
beitrag zur anatomischen charakteristik and zur systematik der Rubiaceen
(Fort, Ende) . H. SOLEREDER. -- Neue Arten der Gattung Delphinium.

(I) En vente chez M. J. Cardot, a Stenay (Meuse) Prix: 4 fr.


-- 409 --
E. Huth. Appendice : 2e Bulletin de la Société pour l'étude de la flore
francaise.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe
(juillet). La Noix de Coco et ses propriétés. H. LÉVEILLÉ. — Observations
botaniques faites dans la Sarthe. ABBÉ LEMÉE. -- Inventaire général des
plantes vasculaires de la Sarthe. 2 e Partie. A. GENTIL.
Bulletin de la Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France
(30 juin). Les Amaryllidées et les Liliacées naturalisées dans le Finistère.
CH. PICQUENARD. - Une station extra-littorale de l'Asplenium marinum.
F. CAMUS. - Champignons des environs de Cherbourg. J. GUILLEMOT.

Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris (mai et juin) . Notes


organogéniques et organographiques sur les Carex. H. BAILLON. Note sur
l'inflorescence des Primula. F. HEIM. - Sur la signification des soies de
certaines Cypéracées. H. BAILLON. - Sur le Rheum Bailloni (note complé-
mentaire). F. HEIM.
Bullettino della Societa botanica italiana (no 4). Caso di poliembrion-
nia nel Carrubo. F. SOLLA. - Caratteri propri della flora di Vallombrosa
(contin.) F. SOLLA. - Un nuovo ibrido del genere Viola L : Viola Rossii
(Viola pinnata X uliginosa). E. CHIOVENDA. - Sui cistoliti delle foglie del
genere Coccinia. C. AVETTA. - Sullo sviluppo del Cladosporium herbarum.
R. PIROTTA. - Bongardia Rauwol fli A Meyer. G. ARCANGELI. - Piante
rare italiane (Rubus incanescens Bert. e Centaurea Diomedea Gasp.) G.
ARCANGELI. - Mycetes sibirici. P. A. SACCARDO. - Materiali per un censi-
mento generale dei Licheni italiani (contin.) A. JATTA. - L'Anchusa biceps
Vest. nel Veronese. Galinsoga parviflora. A. GOIRAN. - Sulla struttura
delle glandole fiorali di Pachira alba Parl. E. BARON!. - Erborizzazione
all'isola dell'Elba (contin.) P. BOLZON. - Il monte Nerone e la sua flora
(contin.) D. MATTEUCCI. - Sulla pioggerella awenuta sotto alcuni alberi di
Tiglio nel Regio Orto botanic() di Napoli. F. PASQUALE. - Erborizzazioni
estive ed autunnali attraverso i Monti Lessini Veronesi (contin.) A. GOIRAN.
--- Le piante del Polesine. A. DE BONIS.

Cosmos (i er juillet). Création des variétés améliorées dans les plantes


agricoles. CRÉPEAUX. - Les Algues. VICTOR BUNARD. - La multiplicité des
parties homologues dans ses rapports avec la gradation des végétaux,
A. CHATIN.
(8 juillet). L'utilisation des mares de vendange. H. MUNTZ. - Sur la
méthode botanique conlre le phylloxera. E. MAUMENÉ.
(15 juillet). La Miellée B. GAILLARDIN. - Création des variétés.
C. CRÉPEAUX.

Feuille des jeunes Naturalistes (i er juillet). Tableau synoptique des


Ustilaginées et des Urédinées (suite). L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. -- Régions
botaniques du Hollneck. A. D.
Journal de Botanique (16 juin). Alphonse de Candolle. CH. FLAHAULT.
-410 -
-- Nature des sphéro-cristaux des Euphorbes cactiformes T. BELZUNG. --
Notes sur quelques plantes rares, nouvelles ou critiques de Tunisie (suite).
ED. BONNET. - Une forme radicicole de 1'Urocystis Anemones Pers.
N. PATOUILLARD.
Naturaltste (i er juillet). L'Hellébore d'hiver. D r BOUGON.

(15 juillet). Les plantes de la Bible. M. BUYSMANN.

Notarisia (n° 2). Di alcuni fenomeni biologici delle diatomee e special-


mente della loro blastogenesi. D r PERO. -- Alphonse de Candolle.
E. DE WILDEMAN. - Riposta ad una nota critica del S. G. B. de Toni.
D. LEVI- MORENOS.
Revue de botanique (juillet). Florule de la Kabylie du Djurdjura (suite).
0. DEBEAUX. -Anomalie ou variété du Xanthium spinosum J. BEL. Les
Champignons de la France. FEUILLEAUBOIS.
Revue générale de botanique (15 mai). Alphonse de Candolle.
G. BONNIER. -- Lagoa Santa (Brésil) étude de géographie botanique (fin).
EuG. WARMING. -- Recherches sur Ie développement de quelques Ombelli-
fères (suite). L. GÉNEAU DE LAMARLIÉRE. - Revue des travaux de paléonto-
logie végétale parus en France dans le cours des années 4889 . 1892 (suite).
DE SAPORTA. -- Revue des travaux sur les Algues publiés de 4889 au com-
mencement de 1892 (suite). CH. FLAHAULT.
Revue scienti fique du Limousin (15 juillet). La consoude rugueuse et
la vesce velue. CH. LE GENDRE. -- Plantes de serres. H. LÉVEILLÉ. -- Les
Onagrariée' s du Limousin. CH. LE GENDRE.
Rivista ilaliana di Scienze naturali (t er mai). Riproduzione animale e
vegetale. Dr A. NEVIANI.

Extraits et Analyses
Onothera ou cEnothera, Les Anes et le Vin, par M. le D r St Lager.
On écrira Onothera ou GJnothera scion qu'on fait dériver la première
moitié de ce nom du grec oivos ( y in) ou de óvoS (áne). Notre érudit confrère
de Lyon, rejetant l'étymologie généralement admise est d'avis qu'on doit
adopter Onothera et developpe ex professo, dans une savante discussion,
les motifs de sa manière de voir. (Bulletin de la Société botanique de
France). ERN. M .
Contribuirao para o estudo da flora d'Africa par Dr J. A . .
HENRIQUES. Datalogo da Flora da Ilha de S. Thomé OnagrariaceT.
-- JUSSIXA ACUMINATA Ser., Oliver II, 489. Regias inferior (A. Moller). Area
geogr. -- Africa oriental e occidental America tropical. (Boletim da Socie-
dade Broteriana).
— 444 —

Sociétés savantes
Académie des Sciences de Paris
Séance du 49 juin. -- Note de M. PAUL \' UILLEMIN sur la fécondation des
Puccinindes.
Séance du 3 juillet. — Note de M. CH. TANRET sur les Hydrates de Car-
bone du topinambour.
Note de M. BOUCHARDAT sur l'essence d'aspic fournie par le Lavandula
spica.
Note de MM. CONSTANTIN et MATRUCHOT avec un nouveau procédé de cul-
ture du champignon de couche en partant de la spore.
Note de M. A. DANGEARD sur la structure histologique des levures et leur
développement.

Correspondance
Melbourne, 12 juin 1895
Comme votre excellent « Le Monde des Plantes est éminemment con-
sacré a la Phytogéographie, cher professeur Léveillé, j'appellerai volon-
tiers, dans ses pages, l'attention à cette chose probable, a savoir que l'Also-
phila (Hemitelia) Capensis indiquée comme se rencontrant dans trois par-
ties différentes du monde, dolt être restreinte au sud de 1'Afrique. D. s'en-
suit que l'espèce du Brésil et celle des lies de la Sonde, que l'on a réunie a
l'espèce génuine A. Capensis, représentent chacune une espèce voisine. En
effet, bien que les (rondes et les fruits paraissent très semblables, les tiges
peuvent être considérées comme très différentes. Peut-être pourrait-on mieux
s'en assurer si des exemplaires étaient envoyés de 1'Amérique du Sud et de
Java pour établir une comparaison avec celles de 1'A . Capensis.
Les fougères arborescentes sont ordinairement endémiques dans des
régions bien déterminées et it serait singulier que, dans le cas qui nous
occupe, it y eut exception. Il y a trois ans on annonca la découverte de
l'Alsophila Capensis dans le Queesland septentrional, mais je démontrai
de suite que la plante australienne était mon A. Rebecca.
Avec mon meifleur souvenir, bien vótre,
FERD. VON MUELLER.

Offres et Demander
Le baron VON MUELLER prie MM. TREUB et DE LAGERHEIM de lui procurer des
exemplaires de la plante regardée comme étant l'Alsophila Capensis et
signalée au Brésil et dans les lies de la Sonde.
En présence de l'abondance des matières nous prions nos abonnés et
lecteurs de nous faire connaitre ce qu'ils pensent que l'on puisse supprimer
sans grave inconvénient dans la partie documentaire de la Revue.
-- 412 —

Petite correspondence
M. J. Arbost Thiers. La sécrétion des tilleuls que vous nous fsignalez a
été remarquée en nombre d'endroits. Ce phénomène porte le nom de
miellée et est du même ordre que la sécrétion des manguiers de l'Inde. II
est du a la grande chaleur ; aussi, cette année-ci, s'est-il manifesté avec
plus d'intensité. Voir Particle de M. LEMÉE.
D'expériences de M. B. GAILLARDIN it semble résulter que la sécrétion de
la matière sucrée serait due a une transpiration des feuilles et non a l'action
des insectes faiseurs de pluie.

Ouvrages parvenus à la Direction de la Revue

TITRES ET NOMS D' AUTEURS : DONATEURS :

The late Alphonse de Candolle. Baron VON



MUELLER. Baron F. VON MUELLER.
Rapports sur les herborisations faites par la
Société botanique de France les 24 et 25 avril à
El-Kantara; le 25 aux environs de Batna le 26
à la fork des Cèdres et au Djebel Tougour ; le
27 à Lambèse par M. J. ARBOST. J. ARBOST.

TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE DES MATII1RES

GÉNÉRALITÉS
Pages
Alphonse de Candolle 258
Ce qui constitue un botaniste. H. Léveillé
Comment onisourrait ottenir une fore de France complète. H. Léveillé. 338
Un Ordre sciptifique. H. Léveillé 57

BOTANIQUE PURE
Afhnités naturelles des Coprins (les). A. Acloque. 205
Ascomycète parasite des Polytrics (un). A. Acloque.. 168
Battarrea Pers (le genre). Ernest Olivier 101
Champignon nouveau pour la France (un). Ernest Olivier 73
Conséquences de la répartition des espèces (quelques). H. Léveillé
Contributions à la Flore de l'Inde francaise. H. Léveillé 1?, 47, 60
Cyme (la). A. Acloque 308, 353
Délimitation spécifique et géographique des Jussieua regens et Jussieua
diffusa (sur la). Baron F. de Mueller 163
Descriptions of new Australian plants. Baron F. de Mueller 203
-- 413 --
Pages
Disposition florale des compos6es rattachée au mode d'inflorescence de
l'anémone. A. Acloque ... 266
Excursion botanique a Hong-Kong (une). Em. Bodinier 199
Excursion botanique en Chine. Em. Bodinier 387
Excursions botaniques et herborisations dans le bassin de 1'Argens
(Var). Mar. Capoduro 302, 350
Expériences thermo-botaniques faites h Pondichéry. A. Sada......... 307
Fiore d'Auvergne (quelques mots sur la). Fr. Héribaud Jh 37, 66, 91
Fiore de Coonoor (note sur la). Ch. Gray 295, 345
Flore des Nilgiris. H. Léveillé H, 72
Forme remarquable de Lycoperde (une). A. Acloque 394
Gingembre chinois (note sur le). Em. Bodinier 15
Inflorescence de l'anémone (1'). A. Acloque 235
Influence du terrain sur la distribution des plantes. F. Renauld...228, 262, 298
Jussieua repens du Chili (la) . Philippi. ' ... 193
Localités nouvelles de plantes rares pour la Sarthe. H. Léveillé...... 265
Miellée (la). Lemée.. . 395
Nomenclature des plantes (la). Ph. Heinsberger 233
Nouveauté pour la Finlande (une). Baron Édouard Hisinger 261
Observations botaniques faites aux environs du Mans de 1889 a 1893.
V. Jamin 304, 391
Onagrariées (les). H. Léveillé 162
Onagrariées beiges (les). Paul Dupuis 44
Onagrariées de la Chine (les). Em. Bodinier 339
Onagrariées de la Kabylie du Djurdjura (les). 0. Debeaux 343
Onagrariées de la Sarthe (les). Amb. Gentil .. 197
Onagrariées du Limousin (les). Ch. Le Gendre... 194, 2?5, 6259, 291
Osmunda regalis en Vendée (1'). Viaud-Grand-Marais 46
Statistique des plantes australiennes connues à la fin de 1892. Baron
F. de Mueller 261, 293, 346
Tige anormale chez le Chrysanthemum leucanthemum. H. Léveillé.... 352
BOTANIQUE APPLIQUÉE

Arundinaria Simoni Maximowiczii. V. Jamin . ...... . 36i
Culture (la) et le commerce des fleurs dans les Alpes-Maritimes. Em.
Deschamps 2, 25, 58,132,170, 207, 247, 270
Huile des trois cents plantes. A. Sada .(Supplément.)
Melia Azadirach. A. Sada 7, 32
Palmiers (les). H. Léveillé 9, 29, 60
Plantes curieuses, utiles et médicinales de l'Inde (les) . H. Léveillé.... 5, 31
Poisons et empoisonnements dans l'Inde. 272
Tinospora cordi folia Miers. A. Sada 10e, 135, 174, 211, 356
BOTANIQUE RECREATIVE
Usages pratiques des plantes de 1'Inde. H. Léveillé 16, 49
Voyages dans l'Inde. H. Léveillé...75,105, 137, 175, 213, 243, 275, 314, 364,398
ACADEMIE INTERNATIONALE DE GEOGRAPHIE BOTANIQUE
Aperçu des prix de la médaille scientifique 337
Création de 4 médaille scientifique internationale 289
— 414 --
Pages
Création des Associés libres 23
Discours-programme du premier Directeur. 83
Elections . 54
État de 1'Académie 89
Lettre du second Directeur. 129
Modifications aux Statuts et a la Revue 290
Mort d'Alphonse de Candolle 225, 257, 287
Premières promotions a la médaille scientifique 385

VARIÉTÉS
Arbre merveilleux (un) 17
Arbre monstre (na) 79
Arbre Nim (l'). 118
Canard ou réalité 155
Causerie botanique 76
Colonies d'Algues sur les Caliges de la Truite de mer 120
Congrès de 1'Association américaine pour l'avancement des sciences. 125
Contre l'insomnie 18
Correspondance d'Afrique 380
Cuivre dans les fruits et les végétaux (le).. 50
Culture de la banane 119
Deux corbeaux blanes 116
Destruction des plantes (la). . 282
Divisions de la Fiore de l'Inde (les) 154
Établissements botaniques en Malaisie 79
Feuilles de vigne pour l'alimentation du bétail (les) 377
Flore des Iles des Cocos (Ia) 50
Fiore du kilima-Ndjaro (la) 280
Formules pour obtenir un métal imitant l'argent 18
Géant 407
Le plus ancien rosier du monde 219
Le plus vieil herbier du monde . 186
Livres de bois ... 407
Migration des espèces 118
Monstres 153
Morsure des vipères (la). 324
Moustiques (les) 374
Nouveau laboratoire pour l'étude de l'histoire naturelle (un) 116
Nouveau mode d'éclairage des objets sous le microscope 79
Nouvel an 93
Nouvelle Pompél (une) 186
Nouvelle variété de la canne a sucre (une) 120
Plantes utiles d'Australie (les). 186
Polygonum Sakalinense et l'alimentation du bétail (1e). 379
Population de l'Inde (la) 18
Premières vignes plantées dans le Morbihan 119
Propriétés toxiques de l'If (les) 118
Puits artésien a Chandernagor 117
Recherche des Coléoptères sur la cote orientale des Indes (la). , . , .... 279
-- 415 _
Pages

Réponse (une) 93

Serpents grimpeurs 407

Signes de la mort (les) 218
Traitement de la diphtérie par le parole 325
Transpiration des plantes tropicales (de la) 117

TABLE ALPHABTIQUE DES NOMS D'AUTEURS

Acloque A. Gentil Amb, Le Roy A.


Arbost Jos. Gentilhomme Stan. Léveillé H.
Baulez M. Giard A. Mueller (Baron Ferd. de).
Beal J. Gray Ch. Olivier Em.
Bodinier Em. Heinsberger Ph. Philippi.
Candolle (Cas. de). Héribaud Jh. Renauld F.
Capoduro Mar. Hitchcock A.-S. Sada A.
Debeaux 0. Hisinger (Baron Ed.) Trelease W.
Deschamps Em. Hunter. Viaud-Grand-Marais.
Dupuis P. Jamin Victor. Wheeler C.F.-
Gadeceau Em. Le Gendre Ch.

TABLE DES CARTES, PLANGRES ET 1RAYURIES

Borassus flabelliformis polycéphale . 10


Areca catechu polycéphale 30
Lodoiceg. Sechellarum. 60
Jubtea spectabilis (hors texte) 62
Phoenix dactylifera (hors texte) 64
Battarrea phallol'des (hors texte) 73
Le professeur Léveillé (hors texte)...— 85
Baron Ferdinand von Mueller (hors texte) 89
Canal de Suez. Gare d'El-Ferdane 113
Carte de l'Inde (hors texte) 146
Pondichéry. Vue prise de la jetée 151
Jussieua diffusa 465,166
Ascomycète parasite des Polytrics (filaments, asques, spores) 168
Statue de Dupleix a Pondichéry . 182
Carte de la limite de la culture florale dans les Alpes-Maritimes..... 209
Attelage indien p , .. 215
Mode de traire les vaches aux Indes. . 217
Inflorescence de l'Anémone 239
Pousse-pousse de Pondichéry 247
Le sous-lieutenant Paul Dupuis 253
Jetée de Pondichéry 277
Cymes de Stellaire et de Saxifrage 312
- 446 -
Pages
Reckla (voiture indienne). 317
Djalka (voiture indienne) 319
Tige anormale de Chrysanthemum leucanthemum . . 352
Schéma de l'inflorescence de Fragaria vesca 354
Schéma de l'inflorescence d'Euphorbia Lathyris 354
Arundinaria Simoni 362
La Picotte 371
Las Palmas .. 381
Couronne de Neptune 383
Le R. P. Baulez 404
Conseil des ministres (scène humoristique) 405

Errata
Page 3, ligne 3, au lieu de : golfe Mau, lisez : golfe Juan.
Page 26, ligne 32, au lieu de : 558000, lisez : 543000.
Page 132, ligne 8, au lieu de : Vallaurie, lisez : Vallauris.
Page 133, ligne 29, au lieu de : c'est encore, lisez : ce so p t encore.
Page 166, dans la 16gende de la gravure au n o 5 après ; fruit et calice ac-
crescent. ajoutez : avec pedicelle et bracteoles; lisez : 6-7 Portions du fruit
8 Graine, 9 Coupe longitudinale d'une graine, 10 Embryon.
Page 171, ligne 15, au lieu de : montagneuses, lisez : aromatiques.
Page 209, dans la carte, au lieu de : Toucette, lisez : Tourette.
Page 211, ligne 16, au lieu de : industrielle, lisez : Commerciale.
Page 242, ligne 21, au lieu de : le Golfe, lisez : le Golfe Juan.
Page 343, ligne 2, au lieu de : sigralée, lisez : signalée.
Page 368, à la pagination suivante, au lieu de : 269, 270, lisez : 369, 370.
Page 371, au bas de la gravure, lisez comme legende : La Picotte .
Page 381, au bas de la gravure, lisez comme legende : Las Palmas.

Le Directeur-Gérant du « Monde des Plantes », H. LÉVEILLÉ.

Le Mans. -- Typographic Edmond Monnoyer.


Supplément au numéro d'avril du Monde des plantes.

(Extrait de la Revue scientifique du Limousin).

L'HUILE DES TROIS CENTS PLANTES

L'huile dont nous allo y s donner la fabrication et dans la fabri-


cation de laquelle entreat trois cents plantes, dont on trouvera
plus loin la liste, est réputée dans 1'Inde excellente centre un
grand hombre de maladies.
Elle est connue a Pondichéry sous le nom des cent plantes,
parce que géuéralement on se borne a ce nombre d'esseuces, eu
egard aux frais qu'entraine la fabrication de cette huile qui
amène parfois des guérisons que l'on pourrait presque qualifier
de merveilleuses. M. Sada, pour fabriquer cette huile, n'a pas du
employer moins d'uri an et débourser moins de 300 francs.
Nous lui laissons la parole pour nous exposer le procédé qu'il
a suivi dans la composition de ,Thuile précieuse qu'il nous pré
H. LÉVEILLÉ. -sentaujord'hi.

Procédé a suivre.
Au moyen d'un alambic en fer, on distille séparement chacune
des deux cent trente plantes entières, ainsi que les écorces, les
racines, tubercules, bulbes, les grainer et les bois, après les avoir
fait bien sécher a l'ombre, de facou gulls ne contieunent plus
d'humidité. On ne doit jamais se servir d'un alambic en cuivre
ou en airain, car l'huile s'altèrerait et 1'oxyde de cuivre qu'elle
contiendrait empoisonnerait le malade.
Quand je pule des plaates entières, je vein dire de les em-
ployer entièrement si ce sont des plantes herbacées ou des arbris-
seaux ; si ce sont au contraire des arbres on arbustes, it-faut
4
....... 2 _
prendre seulement un peu de tout, c'est-à-dire de la racine, de
l'écorce, du bois, des feuilles, des fleurs et des fruits. On dolt
extraire l'huile, non pas de chaque partie, mais de l'ensemble des
parties de chaque arbre ou arbuste.
L'extraction faire, it faut mettre ensemble dans un vase non
en cuivre, les 45 kilogrammes d'huile eitraite.
Espèces Iluile extraite Total de
de chaque plante chaque groupe
Plantes entières 230 x 25 grammes 5 kil. 750
Ecorces...... , . 15 x 100 » 1 )) 500
Racines, etc 48 x 100 » 1 » 800
Graines....... 17 x 200 » 3 » 400
Graines de Croton tiglium em-
ployées après purification (voir
après procédé).... , 1 X 400 » » » 100
Bois.. 3 x 150 » » » 450
TOTAL ..... .. . 13 kil.

Huile extraite du Lawsonia alba et du Thespesia


populnea chaque : 1 kil. ; soit : 2 kil.
TOTAL général 15 kil.

Répartition de l'huile extraite de ces deux dernières plaates


Fruits mors, et secs sur le pied 200 grammes
Fleurs X00 »
Racines 200 »
Ecorces 200 »
Bois 200 a

TOTAL 4 kil.
Mettre ensuite dans le Tame vase en fer avec l'ensemble de
l'huile les 15 autres kilos de jus, de lait, ainsi répartis :
Nombre d'espèces leilog. Total
Jus des feuilles.. 2 1 kil. 2 kil.
Jus des fruits 5 » a 500 gr. 2 » 500
Laits des plantes. 4 5 » » 300 4 » 500
Laits des animaux. 3 » » 600 4 » 800

Urines des animaux ... 3 » » 400 1 » 200


Jus des matières des ani-
maux 3 1 » a 3 » »
TOTAL général... 45 kil.

Prendre ensuite un autre grand vase en fer, de facon que l'en-


semble de ces 30 kilos de liquide occupe la moitié du vase ; mettre
le vase rempli à moitié sur un feu de bois de Thespesia populnea
ou de bois d'Azadirachta indica; faire tourner tout le liquide dans
—a-
le vase avec un baton en fer dont 1'extrémité soit plate et forme
ainsi une petite pelle. 11 ne faut jamais cesser de tourner le liquide
dès qu' it est sur le feu, surtout quand l'huile commence a se
séparer de l'ensemble et jusqu'à ce que l'on puisse constater qu'il
n'y a plu, d'humidité daus l'huile. L'hnile morste à la surface et
le résidu occupe le fond di g vase. C est fiui. Retirez le vase du
feu ; passez l'huile Maus um autre vase en fer; mêlez de suite à
l'huile bouillante ou tout au moins chaude, 100 grammes áe
fleurs de Crocus sativus, 100 grammes de Calculus cysticus et 100
grammes de Moschus moschi ferns réduits en poudre (ces matières pro-
vienneut d'auimaux), agitez immédiatement Thuile chaude avec le
baton de fer de facou que la poudre se combine avec l'huile. Vous
obtiendrez la même quantité d'huile que vous avez versée dans le
vase et mélaugée jadis au jus. Vous la recueillez daus des flacons
bieros bouchés, puis, pour la refroidir, vous la placez et la laissez
quarante jours dans un amas de Nelli (riz non décortiqué).

Propriétés et usages.
Cette huile est laxative. Ise traitemeut a suivre quand on l'em-
ploie est des plus simples. Il faut s'abstenir de manger des fruits
de tamarin, des poissons de mer, des boissons fortes, et mener,
duraut ce temps, une vie chaste. Ce régime doit être observé
durant une période de six mois après la guérison
Pour dormer plus d'efficacité a l'huile, on peut mêler à chaque
dose, suivant les di jférents cas qui se présenterit dans les maladies,
uni centigramme d'arseuic et de sels. I1 est bies enteudu que ces
differeutes espèces d'arsenics et de sels subissent une préparation
préalable qui co ^:siste a les réduire par l'influence, du feu et la
vertu des plantes de 1' Inde.
Nous comptons publier un travail à ce sujet et divulguer ce
secret des propriétés de certaines plantes qui réduisent en poudre
les arsenics et les sels.
Avec l'huile que vous venez de fabriquer de foutes pièces, you-
lez-vous guérir tin malade, par exemple un lépreux ? Donnez-en
un peu a ce malheureux tous les matins, pendant quarante jours,
a raison de 10 grammes à chaque fois, en combinaison avec
10 grammes de miel et 40 grammes de lait de femme de couleur
blanche, jaune ou jaunátre (en effet, dans l'Inde le lait varie de
vertu selon la couleur de la femme ; de même pour le lait des
vaches). Au bout de quarante jours le malade sera guéri.
On peut se servir également de cette huile aussi Bien que de
son résidu comme antidote contre le venin des bêtes nuisibles.
--4--
Si nous voulions décrire les propriétés de cette huile, it nous
faudrait des volumes considérables. Nous comptons faire des
trois cents plaates tnédicivales de cette huile la base de notre
travail in ti tulé : Fiore médicale (1).
Disons seulement, en terminant, qu'aucune maladie de l'Inde,
a l'exception des cas épidémiques, ne saurait resister à cette huile
vraiment prodigieuse doet nul n'avait jusqu'à ce jour donné la
formule. A. SADA.

Ier APPENDICE

Purification des graines de Croton tiglium

Préparez un vase avec de la bousse de bufflonne mêlée de sable :


piquez sur ce mélange les graines et placez le vase au soleil. Le
troisiéme jour de la germination enlevez seuletnent les coty-
lédons, faites-les bouillir trois fois au laic de vache et employez
ensuite ces cotylédons à l'extraction de l'huile avec un peu du
péricarpe de Terminalia telerica.

TIC APPENDICE

Lisle des plances pour l'huile.

I, -- PLANTES ENTIÈRES

1 Erythroxylon areolatum L. 18 Indigofera paucifolia Del,


2 Lawsonia alba Lam. 19 Porrgamia glabra Vent.
3 Menispermum cordifolium Willd. 20 Gardenia lucida Roxb.
4 Sarcostemma brevistigma W. et A. 21 Mengea tenuifolia DC.
5 Benincasa cerifera Say. 22 Ocimum canum Sims.
6 Canavalia obtusifolia D C. 23 Ocimum ascendens Willd.
7 Trichodesma indieum R. Br. 21 Rungia repens Nees.
8 Cochlospermum gossypium D C. 25 Sphoeranthus hirsutus Will.
9 Ruellia patula L. 26 Cyanotis cristata Sault,.
10 Ammania vesicatoria Roxb. 27 Sida retusa L.
11 Aloe socotrina L. 28 Sesbania Tgyptiaca Pers.
12 Guilandina bonduc L. 29 Cassia florida Vahl.
13 natura nilhummatu Dun. 30 Abrus precatorius L., var. melanos-
14 Ph ^ llanthus niruri L, permus.
y
46 Anisochilus carnosum Wall. 31 Abrus precatorius L., var. leucos-
16 Mallotus philippinensis Muller. permus.
17 Lepidogathis cristata Willd. 32 Hibiscus cannabinus L.

(1) La publication de la Fiore médicale demandera de nombreuses années.


L'ou y rage terminé, le prix en sera porté a 200 francs.
---- 5 ,—
33 Andrographis eehioides Nees. 79 Clerodendron inerme R. Br.
34 Andrographis paniculata Nees. 80 Cupania canescens Pers.
35 Eclipta erecta (alba) L. 81 Ocimum basilicum L
36 Acacia sundra D C. 82 Solanum trilobatum L.
37 Terminalia chebula Betz. 83 Mimosa rubicaulis L.
3 g Phyllanthus distichus (cica disticha) L 84 Mollugo spergu la L.
39 Cannabis sativa L. 85 Luffa amara Roxb.
40 Solanum xanthocarpum Scham. 86 Terminalia catappa L.
41 Clerodendron inerme R. Br. 87 Cassia tora L.
42 Gymnema sylvestre R. Br. 88 Piper Congum Will.
43 Tragia involucrata Mull. 89 Asparagus sarmentosus L.
44 Acalypha betulina Forsk. 90 Morinda citrifolia L.
45 Polygala glabra Rottl. 9 Vitex negundo L.
46 Oligolepis amaranlhoides R. W. 92 Rhinacanthus communisNees.
47 Indigofera aspalathoides Vahl. 93 Achyranthes aspera L.
48 Gossypium purpurascens Lam. 91 Vernonia cinerea Less.
49 Indigofera enneaphylla L. 95 Tylophora asthmatica W. et A.
50 Passiflora hibiscifolia Lam. 96 Cordia Perrottettii DC.
51 Amaranthus campestris Willd. 97 Spermacoce articularis L.
52 Heliotropium coromandeliana Lesch. 98 Euphorbia indica Lam.
53 Euphorbia peltataou myrophilla Roxb99 Abutilon tomentosum W. et A,
et Math. 400 Cissus pedata Lam
54 Euphorbia pilulifera L. 1 01 Gynaudropsis pentaphylla D C.
55 Ziziphus oenoplia ou napoea Mill. L. 102 Polanisia icosandra W. et A.
56 Portulaca (obcordatum) meridianaJus.103 Elytraria crenata Wahl.
57 Cassia alata L. 104 Audrographis paniculata Nees.
58 Buta gravelens L. 105 Gratiola monieri.
59 Bauhinia purpurea L. 1 06 W edelia calendulacea Less.
60 Cassia fistula L. 107 Oxalis corniculata L.
61 Agati grandiflora, var. coccinea DC. 108 Mucuna prurita Hook.
6'2 P y rethrum indicum Cast. 409 Cissus quadrangularis L.
63 Glinus dictamnoides L. 140 Lippia nodiflora Rich.
64 Memecilon tincto:ium Koen. 111 Aristolochia indica L.
65 Pavonia zeylanica Cav. 112 Premna integrifolia Roxb.
66 Stach y tarpheta indica Vahl. 113 Stereospermum suaveolens ll C.
67 lxora rosea Wall. 114 Martynia diandra Lindl.
68 Kigelia pinnata D C. 415 Butea frondosa Roxb.
69 Cyperus stoloniferus L. 116 Althernanthera sessilis R. Br,
70 Anisomeles ovata R. Br. 1 17 Cassia Sophera L.
71 Ocimum violaceum Perr. 118 Ridleia corchorifolia D C.
72 Polanisia icosandra D C. 119 Thespesia populnea Lam.
73 Sterculia villosa Roxb. 120 Trichosanthes colubrina Lam.
74 Diospyros melanoxylon Roxb. 121 Trichosanthes cucumeriná L.
75 Inga Saman Wild. 122 Mollugo nudicaulis L.
76 Leucas aspera Spreng. 423 imperata Koenigii Cyrill.
7" Smithia sensitiva Ait. 124 Strigta asiatica L.
78 Clerodendron phlomoides L. 125 EErua javanica Juss.
—6—
126 Momordica dioica Roxb. 173 Crotalaria albiflora L.
127 Morus alba L. 174 lVlol inda macrophylla Des.
128 Memecylon amplexicaule Roxb. 175 Boehmeria irrusta.
129 Premna tomentosa Will. 176 Dicrostachys cinerea W. et A.
130 Pavonia odorata Will. 177 Dodon ae a burmanniana DC.
131 b'tirabilis jalapa L. 178 Ag1 e marmelos Corr., var. maero-
132 Monetia bailrrioides L. carpa.
133 Luffa amara Roxb. 179 Gomphrena globosa L.
134 Cucumis colocynthis Roxb. 480 Gomphrena globosa L., var. alba.
135 Calophyllum inophyllum L. 181 Agle marmelos Corr.
436 Melia Azedarach L. 182 Helicteres isora L.
137 Cardiospermum halicacabum L. 183 Uissampelos pareira L.
438 Tephrosia spinosa Pers. 184 Alangium decapetalum Lam
139 Acalypha indica L. 185 Bryonia laciniosa L.
440 Mukia scabrella Arn. 186 Albizzia stipulata Boiv.
141 Diospyros embl yopteris Pers. 187 Guatteria longifolia Will.
142 Clypea burmanni Miers. 188 1lirabilis jalapa L.
143 Solanum incertum Dun. 189 lndigofera tinctoria L.
.144 Toddalia floribunda (aculeata) Wal 1. 190 Anaarantus tristis L.
145 Mimusops elengi L. 191 Ficus racemosa L.
146 Sida retusa L. 192 Alpinia Galanga L.
147 Bauhinia acuminata L. 193 Cassia auriculata L.
148 Sanseviera roxburghiana Sch. 194 Adhatoda betunica Ness.
4 49 Pisonia aculeata L. 195 Aristolochia bracteata Retz.
150 Parkia biglandulosa W. et A 196 Bauhinia parviflora Vahl.
151 Bombax malabaricum DC. 197 Couroupita guianensis Ainsl.
452 Ilex aquifolium L. 198 Elephantopus scaber L.
153 Convolvulus tridentatus L. 199 Capparis horrida L.
154 Piper nigrum L. 200 Pedalium murex L.
155 Curcuma longa Roxb. 201 Pistia stratiotes Will.
156 Hydrocotyle asiatica L. 202 Dianthus caryophyllus L.
457 Slevogtia orientalis D C. 203 Ptereospermum suberifolium L.
158 Evolvulus alisinoides L. 204 Oxvstelma
^
esculentum R. Br.
159 Acacia inisia Willd. 205 Phaseolus psoraloides W. et A.
160 Trianthema monogyna L. 203 Daemia extensa R. Br.
161 Cadaba indica Lam. 207 Pterocarpus tilarsupium Roxb.
464 Erythrina suberosa Roxb. 208 Zizyphus jujaba Lam.
163 Clitoria ternatea, var. albiflora. 209 Fimbristvlis
U virens L.
464 Ptumbago zeylanica L. 210 Acalypha betulina Forsk.
465 Plumbago rosea L. 211 Acacia speciosa Wild.
166 Poinciana Gielliesii Hook. 212 Pandanus odoratissimus L.
167 Stereospermum chelnoides D C. 213 Cnpania canescens Pers.
168 Vachellia farnesiana W. et A. 214 Ac;hmandra epigoea Arn.
169 Cassia Roxburghii DC. 215 Boerhavia diffusa L.
170 Crotalaria verrucosa L. 216 Boerhavia repanda Willd.
471 Azadirachta indica Juss. `^17 Methonica superba Lain.
172 Ixora coccinea L . 218 Curculigo orchioides G ^ rtn.
--7—
249 Chionanthus zeylanicus L. 225 Smilax tomentosa L.
220 Citrus Aurantium L. 226 Emblica officinalis Gaertr,.
221 Cordia subcordata Lam 227 Ferula Assafaetida L. (1).
222 Anethum faeniculnm L. 228 Adansonia digitata L.
223 Lavandula carnosa L. 229 Eupatorium Ayapana Vent.
224 Smilax collina L. 230 Mentha piperita L.

ÉCORCES.

234 Nerium alba. 239 Wrightia tinctoria R. Br.


232 Sizygium jambolanum DC. 340 Acacia leucophlaea Willd.
233 Mimusops balata Gwrtn. 241 Odina Wodier Roxb.
234 Ailanthus excelsa Roxb. 242 Ziziphus rotundifolia Lam.
235 Ailanthus malabarica DC. 243 Nerium rosea plena
236 Cratceva nurvala Ham. 244 Chickrassia tabularis Juss.
237 Terminalia coriacea W. et A. 245 Laurus cassia L.
238 Ptereospermum acerifolium Will.

III. - RACINES, TUBERCULES, BULBES, ETC.

246 Gmelina arborea Roxb. 256 Caladium sagittmfolium à feuilles


247 Curcuma Zerumbet Roxb. noires Vent.
248 Zingiber officinale Roxb. 257 Ricinus inermis Jacq.
249 Hediotis umbe fata Lam. 258 Acorus calamus L.
250 Nephelium longanum Hook. 259 Amorphophallus Rivierii Blume.
251 Smilax china L. 260 Cyperus joncifolius L.
252 Achmandra rostrata Arn. Physali flexuosa L.
261 Physalis
253 Gmelina parviflora Roxb. Adansonia digitata L.
254 Allium Ampeloprasum L. bis. Melia Azadirach L.
255 Polygonum barbatum Will.
IV. - GRAINES.

262 Sterculia fcetida L. 271 Argemone mexicana L.


263 Nigella saliva L. bis. Calophyllum inophyllum L.
254 Psoralea corylifolia L. bis. Azadirachta indica Juss.
265 Semecarpus Ar,acardium L. 272 Jatropha montana Will.
;466 Cuminum cyminum L. 273 Ricinus communis Lam.
267 Pongamia glabra Vent. 274 Cardamomum amomum L.
268 Croton tiglium L. (employées après 275 Terminalia belerica Roxb.
les avoir bien purifiées). 276 Hyoscyamus niger L.
269 Ptychotis ajowan D C. bis. Thespesia populnea Lam.
270 Cassia glauca Lam.
V. - BOIS.

277 Santalum album L. (extraire l'huile) 278 Swietenia febrifuga Roxb. (extraire
bis. Erythroxylon areolatum L. -- l'huile).

(1) A défaut de la plante, on pourrait employer l'Assafoetida qui se vend au bazar.


w• 8—

VI. -- FLEURS.

47 Crocus sativus L.

V1I. -- FEUILLES.

280 Momordica charantia L. 281 Momordica muricata eilid.

VIII. - FRUITS.

382 Strychnos potatorum L. (jus). 285 Citrus medica L. (jus).


283 Crecentia cujete PL (jus). ter. Thespesia populnea (jus).
284 Sapindus emarginatus Vahl. (jus).

IX. -- LAIT DE PLANTES.

286 Crotalaria juncea L. 294 Protium caudatum W. et A.


287 Ficus bengalensis L. 295 Euphorbia neriifolia Ham.
288 Ficus racemosa L. 196 Cacalia Kleinii L.
989 Ficus religiosa L. 297 Cocos nucifera L.
290 Calotropis gigantea R. Br., var. a: ba. 298 Carica papaya L.
291 Jatropha glauca L. 299 Adenoropium forskali Pohl.
292 Jatropha curcas L. 300 Ricinus viridis Willis.
293 Euphorbia tortilis Rottl.

X. - JUS EXTRAIT DES MATIÈRES TROUVÉES DANS LES POCHES


DIGESTIVES DES ANINIAUX.

Chèvre. Vache. Anesse.

XI. - LAIT DES ANIMAUX.

Chèvre. Vache. Anesse.

XII. - URINE DES ANIMAUX.

Chèvre. Vache. Anesse.

X1II. - MATIÉRES ANIMALES.

Moschus moschiferus (Muse).


Concrétions bilieuses trouvées dans les reins des vaches ou des boeufs
(Calculus cysticus).
A. CADA.

Limoees. Imp. Ve H. Ducourtieux, rue des Arènes.

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