Beaucourt | Histoire Un casque Adrian de la Première Guerre mondiale protégerait mieux que les casques modernes américains

Selon une étude scientifique américaine, le casque Adrian, conçu et fabriqué par l’entreprise beaucourtoise Japy, et qui a équipé l’armée française de 1915 à la Seconde Guerre mondiale, protégerait mieux des ondes de choc que ses homologues allemand et britannique de l’époque, mais aussi qu’un casque équipant encore actuellement l’armée américaine.
L'Est Républicain - 22 févr. 2020 à 17:00 | mis à jour le 23 févr. 2020 à 10:32 - Temps de lecture :
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Le casque Adrian : l’original de 1915, à gauche, et celui des années 1940, à droite.
Le casque Adrian : l’original de 1915, à gauche, et celui des années 1940, à droite.

À l’apogée de l’industrie à Beaucourt et dans ses environs, on entendait souvent qu’il était plus facile «  de dresser la liste de ce que Japy ne fabriquant pas plutôt que celle des produits fabriqués dans les usines locales ». Et parmi tous ces objets manufacturés, il en est un qui refait parler de lui actuellement, le célèbre casque Adrian  qui a équipé les Poilus  à partir de 1915.

Plusieurs médias, en effet, font état d’une très sérieuse étude américaine menée par des chercheurs de l’Université Duke, à Durham (Caroline du Nord). Un casque sert à protéger le combattant contre les éclats d’obus mais aussi à le mettre à l’abri des ondes de choc créées par les explosions. Ces ondes de choc peuvent en effet provoquer des hémorragies ou des commotions cérébrales. Et de cette étude, il ressort que le mythique casque Adrian, conçu et fabriqué par l’industrie beaucourtoise, fait beaucoup mieux que deux autres casques de l’époque mais aussi qu’un casque équipant actuellement l’armée américaine.

Risque d’hémorragie cérébrale de 5 % avec le casque moderne et de seulement 1 % avec l’Adrian français

Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont placé quatre modèles de casques sur la tête d’un mannequin équipé de capteurs de pression : le casque Adrian, le «  Brodie » britannique et le «  Stahlhelm » allemand, apparus lors de la Première Guerre mondiale, et un casque actuel de l’armée américaine. Puis, ils l’ont placé sous un tube à choc (qui reproduit et concentre les ondes de détonation), mis sous pression avec de l’hélium jusqu’à ce qu’une paroi de la membrane éclate, libérant ainsi le gaz dans une onde de choc.

Résultat : le risque d’hémorragie cérébrale est de 50 % sans casque, de moins de 10 % avec les casques Brodie et Stahlhelm, de 5 % avec le casque encore en vigueur au sein de l’US Army et de seulement 1 % avec l’Adrian français.

Pourtant le casque Adrian était fabriqué dans les mêmes matériaux que les casques Stahlhelm et Brodie, et était même plus fin. La différence, souligne l’étude, pourrait venir du cimier des casques Adrian, destiné à l’origine à protéger des éclats d’obus venant du dessus, et qui aurait pour effet d’atténuer l’onde de choc sur le dessus du crâne. Voilà qui pourrait inspirer le design des casques modernes.

Fabriqué par Japy à 6 millions d’exemplaires, dont 3,5 millions dans les usines de Fesches-le-Châtel (les autres l’étant dans différentes unités du groupe), ce casque a été en service dans l’armée française jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. On peut en voir deux exemplaires exposés au musée Japy, l’un original de 1915 et l’autre datant des années 1940.