Le physique massif, sérieux mais aussi truculent à ses heures, têtu « comme un Breton », disait-il, il incarnait une fidélité sans faille à son syndicat, au point que ses amis plaisantaient disant qu’il était « tombé dedans quand il était petit ». Jean-René Masson, ancien secrétaire national de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), est mort dimanche 14 janvier à Concarneau (Finistère), d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 75 ans.
Il naît à Quimper, le 24 novembre 1948. Après des études supérieures de sciences économiques, il est d’abord surveillant d’externat au lycée de Pont-l’Abbé avant d’entrer, en 1971, au Centre hospitalier de Morlaix comme adjoint des cadres hospitaliers. Il adhère immédiatement à la CFDT et, en 1974, il opte pour un poste de permanent syndical à l’union départementale du Finistère.
Marié et père de trois enfants, Jean-René Masson choisit de consacrer sa vie au syndicalisme. Au sein de la Fédération nationale des services de santé et services sociaux, il gravit rapidement les échelons du syndicat : secrétaire national de 1977 à 1981 puis secrétaire général le 24 novembre 1981 (jusqu’en 1988). Militant au Parti socialiste unifié, puis au Parti socialiste, il est convaincu qu’on ne peut pas tout attendre du changement politique.
« Un syndicat, affirme-t-il, doit essayer de modifier les choses. Il faut faire admettre que, même si une loi émane d’un gouvernement de gauche, on doit continuer à discuter pied à pied de façon à supprimer les dispositions qui ne nous conviennent pas. » Rude sur ses convictions, il ne refuse pas le débat, mais il engage sans état d’âme la confrontation avec l’aile d’extrême gauche de sa fédération qui a soutenu les coordinations d’infirmières lors du mouvement social de 1988 et qui, finalement, sera exclue.
Numéro deux officieux
En 1988, au congrès de Strasbourg, Jean-René Masson entre à la commission exécutive confédérale – le gouvernement de la CFDT−, au moment où Jean Kaspar, qu’il soutient, succède à Edmond Maire à la tête de la centrale. Celui qui dit « aimer sa tranquillité » prend en charge le développement et la syndicalisation. En 1992, Jean Kaspar est confortablement réélu secrétaire général de la CFDT, lors du congrès de Paris, mais à la suite d’une « crise de management » aux contours troubles il est débarqué à la fin de la même année.
La prise de pouvoir de Nicole Notat le place dans une situation délicate, mais Jean-René Masson, un homme d’organisation, souligne un de ses amis, qui « met l’intérêt de l’organisation en avant », se range aux côtés de la nouvelle secrétaire générale. De novembre 1992 à décembre 1998, il est le coordinateur des politiques d’action revendicative, faisant figure de numéro deux sans en avoir le titre.
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