Sa Majesté Nathalie Baye : rencontre avec une icône française

Elle est l’incarnation du chic à la française dans le nouveau Downton Abbey. Après des débuts chez François Truffaut, Nathalie Baye a joué pour les plus grands – Chabrol, Dolan ou Spielberg – avec ce flegme imperturbable dont elle a le secret. Et si le cinéma français tenait là sa vraie reine ? 
Nathalie Baye à Paris dans les locaux de Faux Boiseries. La comdienne porte une robe Giorgio Armani et des boucles...
Nathalie Baye, à Paris, dans les locaux de Féaux Boiseries. La comédienne porte une robe Giorgio Armani et des boucles d'oreilles Van Cleef & Arpels © Jean-François Robert, pour Vanity Fair. Stylisme par France de Jerphanion.

Soixante-dix ? Quatre-vingts ? Ou plus d’une centaine ? Nathalie Baye ne sait plus dans combien de films elle a tourné. « Vous croyez que je me suis amusée à compter ? » soupire-t-elle. Elle ne se souvient pas plus du nombre d’interviews données depuis le début de sa carrière dans les années 1970. Elle est rompue à l’exercice, peut-être même un peu lassée. Mais bon, c’est aussi ça, le métier. Elle donne toujours rendez-vous à l’Hôtel de l’Abbaye, épicentre de Saint-Germain-des-Prés, son quartier, où le gratin du cinéma français a ses habitudes. On y voit parfois Isabelle Huppert boire un café ou Sabine Azéma picorer une salade de chèvre chaud. Ce jour-là, Catherine Deneuve, vapoteuse à la main, attend un auteur en herbe qui rêve de lui écrire un rôle. Encore un. Nathalie Baye choisit une table à l’écart et me désigne le fauteuil dans lequel je dois m’asseoir. Elle est comme me l’a décrite avec poésie son ami l’acteur Nicolas Maury : « Une femme aux couleurs de l’automne. » Élégante, polie, elle plie en quatre son foulard avec minutie sans rien dire, juste en me souriant. Elle a cependant une première objection : « Mon attachée de presse m’a dit que vous aviez demandé deux heures. C’est vraiment trop. Je n’ai jamais accordé plus d’une heure. Vous verrez, je parle vite. » Alors allons-y, ne perdons pas de temps !

Se souvient-elle au moins du dernier film dont elle est à l’affiche ? Downton Abbey II : Une nouvelle ère, suite sur grand écran du feuilleton historique qui a fait le succès de la télévision britannique au début des années 2010 partout dans le monde. Avant d’accepter le rôle, Nathalie Baye n’était pas une fan de la série. Elle ne l’avait même jamais regardée, me confie-t-elle en toute franchise. « Depuis, j’ai rattrapé mon retard et j’ai trouvé ça excellent. » Comme pour se justifier, elle avoue ne pas être « une assidue de la télévision », ni des plateformes de streaming, même si elle se laisse parfois happer. « J’ai aimé le truc sur les échecs [Le Jeu de la dame, ndlr]. Et vous, vous avez une série à me conseiller ? » Ne prenons pas de risque : The Crown, qui retrace le destin d’Élisabeth II ? « Ah oui, il paraît que c’est génial. La reine est une personne incroyable. Tellement solide, si forte ! Surtout depuis la mort de son mari. » Nathalie Baye a, elle aussi, ce je-ne-sais-quoi de royal : un port altier, un flegme assumé, une sobriété rassurante. Avec son manteau beige, son pull en cachemire et ses souliers cirés, on l’imagine aisément à l’heure du thé chez la duchesse de Cornouailles. « Je ne m’y connais pas en têtes couronnées », m’interrompt-elle, alors que je commençais à la fantasmer dans les salons de Buckingham Palace. La reine Nathalie, voilà pourtant un titre qui lui sied.

« Vous considérez-vous comme une icône ? 

– Oh non ! “Icône”, c’est un terme de journaliste. Moi, je suis une actrice. Une femme. »

Nathalie Baye porte une chemise Valentino et un bracelet Cartier © Jean-François Robert, pour Vanity Fair. Stylisme par France de Jerphanion.

Sous les ors de Downton Abbey, la reine Nathalie n’était pas dépaysée. Les producteurs du film sont venus la chercher pour qu’elle interprète une amie française de lady Violet Crawley, la piquante comtesse douairière incarnée par Maggie Smith. Le tournage a duré un mois, entre Londres et Toulon, dans une propriété sublime avec vue sur mer, « véritable paradis sur terre ». Bien que chevronnée, Nathalie Baye ressentait une certaine appréhension à l’idée d’intégrer un casting qui s’est soudé comme une famille au cours des six saisons et cinquante-deux épisodes précédents. « Finalement, j’ai été très bien accueillie. Ce sont des acteurs merveilleux qui m’ont aidée à surmonter ma crainte. » 

Qui aurait pu croire que Nathalie Baye avait encore le trac ? Elle semble hermétique à toute forme d’inquiétude. Mise à part, peut-être, celle de jouer en anglais. « Cela me demande plus de travail, admet-elle. Même si je me débrouille bien. Et j’ai adoré les quelques tournages internationaux que j’ai faits. » Notamment Arrête-moi si tu peux, en 2002, dans lequel elle incarne la mère de Leonardo DiCaprio. Carole Bouquet avait été sollicitée, mais c’est elle qui a été choisie. Elle est la première actrice française à avoir figuré dans une production de Steven Spielberg. Un graal dans une carrière? « J’ai toujours été gâtée », acquiesce-t-elle avec humilité.

Pour elle, tout a débuté avec un film américain en 1972 : Brève rencontre à Paris de Robert Wise, le réalisateur multiprimé de West Side Story et La Mélodie du bonheur. « Moi, je ne savais pas qui il était, car j’étais fauchée et n’avais pas les moyens d’aller au cinéma. » À 24 ans à peine, elle est choisie pour sa ressemblance physique avec l’héroïne et tourne une scène de boîte de nuit avec Peter Fonda. Impressionnée ? « Je me souviens surtout qu’il était odieux », plaisante-t-elle. Nathalie Baye n’a jamais eu la langue dans sa poche. Cette liberté de ton – et même cette liberté de tout – elle la doit à ses parents, artistes peintres qui l’ont laissée voler d’envies en lubies. Leur fille souhaite arrêter l’école à 14 ans ? Ils ne s’y opposent pas. Elle rêve de s’installer à New York à 18 ans? Elle voyagera seule, malgré le qu’en-dira-t-on.

Les conseils de Romy Schneider

Nouvelle tentative de ma part : « Quel est votre tout premier souvenir d’enfance, Nathalie Baye ? » La question la surprend. Elle réfléchit un long moment, puis son regard s’illumine : « Je ne sais pas quel âge j’avais exactement, mais ça s’est déroulé dans une maison en Normandie qui appartenait à ma tante et dans laquelle on a habité quelque temps… » Elle me raconte l’histoire d’un oiseau blessé que ses parents et elle avaient recueilli. Ils avaient mis le frêle animal à l’abri dans un panier à salade, posé au-dessus d’une lampe dans la cuisine, pour éviter que le chat ne le mange. Puis ils étaient partis en promenade. À leur retour, le panier était tombé, le matou se léchait les babines, et la gentille fable avait fini en conte cruel. En 1988, Henry Chapier lui avait posé la même question alors qu’elle était allongée sur son « Divan », cette émission de France 3 où les célébrités s’épanchaient comme si elles étaient chez leur psy. « C’est dingue que vous m’en parliez! s’exclame Nathalie Baye. Je ne pense pas que j’ai raconté ça dans la presse depuis « Le Divan ». Chapier était un homme délicieux. Cette émission était géniale. Où avez-vous pu regarder ça? » Elle tire de son sac à main un stylo et un carnet en cuir, pour que je lui épelle le nom de Madelen, la plateforme de l’INA où l’on déniche des trésors d’archives. Des séries d’antan, comme Les Brigades du Tigre ou Belphégor, et des centaines de programmes qui datent d’une époque où le petit écran ne comptait que six chaînes. Le bon temps, en somme.

« Vous êtes nostalgique ? – Pas du tout ! Le monde change, le monde bouge, c’est normal… Même si parfois, bien sûr, c’était mieux avant. »

Nathalie Baye dans une robe Giorgio Armani et des escarpins Gianvito Rossi © Jean-François Robert, pour Vanity Fair. Stylisme par France de Jerphanion.

Nathalie Baye n’a jamais su qu’elle voulait être actrice : quand elle était adolescente, elle croyait qu’elle deviendrait ballerine. Ses parents l’avaient inscrite dans une école de danse professionnelle à Monaco, où les professeurs lui imposaient une discipline de fer. « Ça m’a structurée, solidifiée, analyse-t-elle. Après, même les plus grandes difficultés de mon existence m’ont semblé moins dures que ces leçons. » La révélation survient quelques années plus tard quand elle accompagne une amie au Cours Simon, prestigieuse formation d’art dramatique fondée en 1925, plusieurs décennies avant le Cours Florent. Les planches l’attirent : elle postule et revient pour une audition. Sous mes yeux, elle reprend des airs de jeune première, prête à réciter sa tirade d’On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset. Elle se revoit face à son partenaire, « beau comme un dieu ». « J’étais habituée à être entourée de danseurs plutôt efféminés, qui ne s’intéressaient pas vraiment aux femmes, rit-elle. Alors là, j’ai immédiatement été folle de lui. »

« Êtes-vous souvent tombée amoureuse sur scène ? 

– Je ne vais quand même pas tout vous raconter! » 

Pour ne pas paraître trop rude, elle justifie son silence soudain : « J’écris en ce moment mon autobiographie, donc il faut que je garde de l’inédit. » 

Les hommes ont jalonné la vie de Nathalie Baye. Des artistes, des acteurs, des réalisateurs, dont certains furent ses amants, comme le sulfureux Philippe Léotard, avec qui elle a connu une relation passionnée dans les années 1970. Il y eut surtout François Truffaut, sans qui rien ne serait arrivé. En 1973, le pape de la Nouvelle Vague lui donne rendez-vous dans son bureau pour une lecture de scénario. Il cherche une débutante pour interpréter sa scripte dans La Nuit américaine, mise en abyme du septième art, où lui-même joue le rôle du réalisateur. D’abord sceptique, il finit par s’exclamer : « C’est vous ma Joëlle! », puis court piquer de grosses lunettes sur le nez de sa secrétaire et revient l’en affubler. « Je me suis regardée dans un miroir : je me trouvais affreuse. Je crois qu’à ce moment-là j’étais plus consternée que contente. »

Le tournage aux studios de la Victorine, à Nice, ressemble à une joyeuse colonie de vacances, entre séances de travail et franches rigolades. Elle se remémore les incontrôlables fous rires quand elle s’emmêlait les pinceaux dans sa réplique fétiche : « Pour un film, je pourrais quitter un homme, mais je ne pourrais jamais quitter un film pour un homme. » « Je disais toujours l’inverse, alors François s’impatientait. Mais ce n’était pas ma faute, je suis dyslexique. » Je lui cite une autre phrase tirée de La Nuit américaine : « Le cinéma est-il plus important que la vie ? » Cela l’amuse : « Bien sûr que non, c’est la vie qui est plus importante que le cinéma. Au fond, même François le pensait. »

Chez elle, vie et cinéma se sont pourtant souvent confondus. Dans les années 1980, l’actrice atteint des sommets, joue pour les plus grands – Blier, Tavernier, Godard – et vit une histoire d’amour avec « l’idole des jeunes ». Johnny Hallyday et Nathalie Baye forment le couple star à la française. Ils font rêver sur papier glacé, ne peuvent pas faire un pas dans la rue sans être importunés. « C’est à ce moment-là qu’elle est entrée dans la sphère médiatique, raconte Dominique Besnehard, son ami et ex-agent. Elle a intellectualisé Johnny, lui l’a popularisée. » Quand elle accouche de leur fille, Laura Smet, en 1983, les paparazzis vont jusqu’à escalader le toit de la maternité pour décrocher la photo qu’ils vendront à prix d’or. « J’étais effrayée, j’avais peur qu’on me vole mon bébé, vous imaginez ! » Elle reste traumatisée par ce qu’elle qualifie aujourd’hui de « peopolades de merde » – prononcez « pipolades ». Et sa méfiance à l’égard des médias ne l’a jamais quittée. Ce n’est pas qu’elle n’apprécie pas les journalistes, mais elle ne leur accorde pas facilement sa confiance. « Tu es bonne, toi, mais il faut que tu te protèges », lui a un jour soufflé Romy Schneider, ses doux yeux bleus plongés dans les siens. Conseil qu’elle garde dans un coin de sa tête, même si elle n’a pas la vulnérabilité de l’actrice de La Piscine.

Au début des années 1980, Nathalie Baye rafle trois César consécutifs : meilleure actrice dans un second rôle pour Sauve qui peut (la vie) et Une étrange affaire, puis meilleure actrice pour La Balance. « Je ne me souviens plus des dates exactes car, en plus d’être dyslexique, je suis dyscalculique. » Son regard se fait rieur : « Vous vous demandez comment j’en suis arrivée là, n’est-ce pas? »

Dès lors, elle enchaîne les rôles, un jour en haillons médiévaux, au côté de Gérard Depardieu dans Le Retour de Martin Guerre ; le lendemain en trench-coat BCBG, dans Un week end sur deux, sous la caméra de son amie Nicole Garcia. Dans les années 2000, ses choix sont plus commerciaux. Elle devient l’une des vedettes les mieux payées du cinéma français et ose les grands écarts entre drames à petit budget et superproductions pas toujours bien ficelées. Rien ne l’effraie, pas même de prendre la suite de l’actrice britannique Joanna Lumley dans un remake français – plutôt raté – d’Absolutely Fabulous. Ou de parodier le téléachat dans France Boutique. Elle marche aux coups de cœur et reste fidèle aux réalisateurs qu’elle aime : Tonie Marshall ou Xavier Beauvois, qui lui a permis de remporter, en 2006, un deuxième César de la meilleure actrice pour son interprétation dans Le Petit Lieutenant. « Elle n’a jamais été carriériste, remarque Dominique Besnehard. Elle m’a d’ailleurs toujours dit : “On fait carrière avec les rôles qu’on refuse.” »

Nathalie Baye ne s’attache pas à ses personnages. Et si certains lui ont collé à la peau, elle les oublie aussitôt que les projecteurs s’éteignent. « C’est une gymnastique dont il faut prendre l’habitude », se félicite-t-elle. Cela permet de passer, en un clin d’œil, de Juste la fin du monde, le mélo théâtral de Xavier Dolan, à Alibi.com, comédie potache signée Philippe Lacheau. Ah, Dolan… Si elle ne compte pas non plus toutes les rencontres qu’elle a faites dans sa carrière, celle du prodige du cinéma québécois l’a marquée. « La première fois que je l’ai vu, j’avais l’impression qu’il était encore un petit garçon. Mais il avait déjà tout d’un grand. » Inventif, fougueux, le réalisateur de J’ai tué ma mère l’embarque dans son Laurence Anyways, histoire d’amour d’un genre nouveau qui touche au cœur la Croisette en 2012. Puis, pour Juste la fin du monde, il la métamorphose, la farde, lui pose des faux ongles, lui colle breloques et perruque. « Je lui ai dit qu’il y allait un peu fort, s’amuse-t-elle aujourd’hui. Je ne pouvais pas me regarder, je me trouvais monstrueuse. »

Les larmes de Xavier Dolan

Récemment, le souvenir de ce tournage lui est revenu comme un boomerang. Sur son compte Instagram, Nathalie Baye ne poste que des vidéos mignonnes d’animaux. Un chaton qui fait le ménage, un chien qui s’improvise disc-jockey ou encore des hippocampes qui se câlinent. Mais le 19 janvier 2022, ces drôles de bestioles ont laissé place à une photo déchirante d’elle avec Gaspard Ulliel, son partenaire de Juste la fin du monde. « Il était beau, il était doué, il était tendre, élégant, bienveillant, il était père… » écrit-elle sur le réseau social, quelques heures après avoir appris la disparition de l’acteur de 37 ans, dans un accident de ski. « J’ai été très affectée. Il était formidable et si humble », murmure-t-elle, le regard vide, encore embué. L’hommage de Xavier Dolan à Gaspard Ulliel lors de la dernière cérémonie des César, le 25 février, l’a aussi bouleversée. Effondré en quittant la scène de l’Olympia, le Québécois lui a immédiatement téléphoné. « Il m’a dit : “Je suis désolé d’avoir craqué.” Je l’ai rassuré : c’est normal de pleurer, tout ceci était encore trop frais. »

Nathalie Baye en Agnès B © Jean-François Robert, pour Vanity Fair. Stylisme par France de Jerphanion.

Son inaltérable énergie, Nathalie Baye la puise dans cette nouvelle génération dont elle aime s’entourer. Nicolas Maury ne pouvait imaginer personne d’autre qu’elle pour interpréter sa mère dans son premier film, Garçon chiffon : « Nathalie est magnifique parce qu’elle a des reflets mats dans son jeu, explique-t-il. Elle n’a pas besoin de montrer sa virtuosité, ce serait un aveu de faiblesse que de le faire. » Les talents de demain, elle les accompagne avec bienveillance, toujours prête à prodiguer des conseils. « Elle est de l’école Truffaut, alors elle passe du temps à décortiquer les textes avec le metteur en scène », continue Nicolas Maury. Elle conserve ce goût pour l’inattendu, comme en 2015, lorsqu’elle interprète son propre rôle dans la première saison de la série Dix pour cent.

À 73 ans, elle ne se pose pas la question de ne plus jouer. L’envie est toujours là, alors autant continuer. Et puis, arrêter pour faire quoi ? Voyager, voir des amis dont le rythme fou des tournages l’a éloignée, passer plus de temps avec sa fille, Laura, qu’elle adore, et son petit-fils, Léo, dont elle parle les yeux emplis de fierté. Cuisiner aussi, l’une de ses passions, pour faire plaisir à ceux qu’elle aime. « Je la vois retourner à la campagne, s’occuper de son jardin, confie Dominique Besnehard. Avec le temps, elle devient de plus en plus contemplative. »

Une chose est sûre, le jour où Nathalie Baye ne fera plus de  cinéma, elle cessera aussi de donner des interviews. « D’ailleurs, je vais vous laisser », suggère-t-elle, en nouant son foulard autour de son cou, avec autant de soin qu’elle l’avait plié. Elle se lève, me sourit poliment, salue Catherine Deneuve qui vapote à la table d’à côté.

« Vous aviez une interview? s’enquiert celle-ci. 

- Oui, ne m’en parlez pas! »

Puis la reine Nathalie s’évapore, aussi subtilement qu’elle était apparue. Je regarde ma montre  : elle m’a accordé trente  minutes supplémentaires sur l’heure promise. Un honneur comme un autre.